Chez moi depuis déjà un petit moment, je m’appliquais à broyer dans un mortier les ingrédients nécessaires au cataplasme dont j’aurais besoin dans les prochains jours. Je n’étais à présent plus officiellement chargée de m’occuper de la naissance des nouveau-nés de notre clan, l’Hopital étant devenu un substitut beaucoup plus fiable et mieux équipé, mais j’avais encore pour rôle de faire incuber la pondeuse kikai dans le corps de ce petit être qui deviendrait shinobi de notre clan et à présent de notre village. Je n’étais pas seule détentrice de ce savoir et n’aurais pas provoqué la disparition de mon clan au cas où il m’arrivait quelque chose, mais de plus hautes instances m’avaient désigné pour la préparation des potions et cataplasme dont nous aurions besoin pendant le rituel. Onguents, lotions, poisons, mortiers, alambics, un peu de tout traînait dans ma petite serre aménagée, cette dernière ressemblait plus à une échoppe d’herboriste qu’à un véritable laboratoire ou un quelconque bureau de travail ou plan d’étude.

Au moment de la construction du village et de mon installation avec le reste de mon clan dans ce quartier, j’avais opté pour une architecture qui me rappelait celle de mon ancienne demeure où j’habitais il y a longtemps maintenant avec mes parents. Bon nombre d’Aburame avaient repris le même style de bâtiments, tout comme les autres clans du village avaient dû garder leur propre architecture. Mais j’avais ajouté à cela une petite serre identique à celle que de ma mère où elle s’était épuisé toute sa vie à s’occuper des remèdes du clan et de la fabrication de poisons pour mon père ou d’autres personnes. Je savais que l’Hopital était muni d’un plus grand panel d’instruments, mais j’avais ici tout ce dont j’avais pour le moment besoin. Une véritable alchimiste artisanale comme on en trouvait plus pensais-je souvent avec ironie. Nulle vantardise en moi, je savais que bon nombre de collègues à l’Hopital travaillait plus efficacement, mais c’était ce noir sous les ongles, cette odeur de salpêtre, qui me faisait aimer ce que je faisais. Un moyen pour moi de perdurer l’art de ma famille tel qu’il avait toujours été. Un art, un souvenir, une tradition passée qu’il fallait sauvegarder malgré tout.

Faisant attention à ne pas me brûler, je versais avec précaution le contenu d’un ballon qui chauffait dans un coin depuis un moment dans un bassin creusé en bois sur l’une des surfaces de mon fouillis. Reposant le ballon sur mon support, j’éteignis le feu qui crépitait encore. Je n’en aurais plus besoin tout de suite. Allant à l’une des fenêtres, je poussais le carreau, avant de retourner vaquer à mes occupations pendant que mes frelons rentraient, comme attirés par le liquide que je venais de laisser reposer. Ils avaient compris le message et déjà se plaçaient tout autour, trempant leur dard dans le liquide, le niveau de ce dernier descendant lentement. M’arrêtant dans ce que je faisais, je jetais un regard autour de moi, m’autorisant un léger sourire avant de voir celui-ci disparaître. Autant je pouvais me vanter que le reste de ma maison était particulièrement propre et net, autant cet endroit-ci, mon refuge, reflétait ma passion qu’on m’avait forcé à développer depuis toute jeune. Reconnaissant le bruit caractéristique de mon parquet qui grinçait je haussais un sourcil surprise. Quiconque cela pouvait être il pourrait me trouver rapidement, je n’étais pas comme cachée. Jetant un regard alentour comme jaugeant la présentabilité des lieux, je ne pus que reconnaître que j’appréciais l’allure des plantes vivaces qui avaient commencées à grimper le long de l’extérieur de ma serre, et la luminosité que diffusaient les carreaux dans ce petit espace. Refermant la fenêtre, je commençais à regrouper la verrerie et le matériel utilisés ici et là, les déposant dans mon évier prévu à cet effet, tout en refermant les différents tiroirs à ingrédients en fonction de la rareté de ceux-ci.

Peu habituée à recevoir de la visite, sauf pour les cas d’urgence, je me rinçais les mains, les essuyant ensuite rapidement. Onpu, Iji, Maïka, ou bien un membre de mon clan venu prendre connaissance de l’avancée des préparatifs ?

Le Clan Aburame avait été présent longtemps à Konoha. Ils avaient leurs propres rituels, parfois assez étranges, pour ne pas dire horribles, aux yeux des plus naïfs. Tout dépendait des Clans, mais il ne fallait pas se voiler la face : le pouvoir se fait au prix de certains sacrifices, disons, un sacrifice de « normalité moral ». Pour moi, les notions de bien et mal étaient bien loin, je pensais plutôt en terme de compréhension de la réalité. Il était un peu à part, surtout après la dissolution du Conseil. Il avait fait peu de vague et, rapidement, ses membres s’étaient refermés sur eux, pour se concentrer sur ce qu’ils savaient faire, au lieu, comme d’autres des Clans nobles, se plaindre. Aujourd’hui, je devais rencontrer un des membres de ce Clan, une femme qui avait toute mon attention à travers On’. Son influence me semblait extrêmement réduite pour le moment, elle semblait se contenter de la RACINE.

En approchant de la serre, je ne pus m’empêcher de faire quelques comparaisons avec celle des Hayashi. Elle était certainement moins grande, la verdure qui y poussait semblait bien moins époustouflante, mais le bourdonnement des insectes était impressionnant. Je voyais quelques regroupements de ces créatures, des nids de guêpes un peu plus loin. En approchant, je jetais un regard vers la serre. J’approchais de l’espèce de portique en bois qui devait servir de cabanon pour divers outils. Une planche grinça quand je m’approchais, je restais sur le seuil à observer à distance les objets, osant même me pencher vers l’avant pour jeter un regard vers la serre. En l’absence de tout accueil et au son du lavabo, je me décidais enfin à approcher.

- « Miko Aburame ? »

Je parlais à la femme devant moi. Elle était terne et un peu crasseuse, il y avait une incertitude presque enfantine alors que je passais rapidement ma langue sur mes lèvres. Je levais les yeux sur la serre et les divers objets, allant jusqu’à fait quelques pas pour tourner à moitié sur moi-même, un léger balancement du haut du corps se produisant sous l’effet de la rotation. Je souris en coin en regardant les installations. Je pointais vaguement en direction du ballon qui chauffait sous un feu, dont les cendres éteintes laissaient encore échappé l’odeur caractéristique des incendies.

- « Je n’irais pas jusqu’à vous dire que c’est un mauvais endroit, les insectes ne sont pas ma spécialité et c’est assez impressionnant, mais pour ce qui est des équipements, je vous dirais qu’un brûleur au gaz relâcherait moins de particules et que la chaleur serait plus facile à contrôler. »

Je baissais les yeux vers elle, cette fois, souriant. J’étais agréablement surpris de trouver une telle installation. Je m’attendais à quelques choses de moins… de plus naturel. Il y avait des installations facilement remplaçables ; les instruments de laboratoire étaient manquant par moment, la verrerie était peu diversifiée, mais il y avait quelque chose de pragmatique ici. J’avais travaillé dans de beaux laboratoires, dans des maisons abandonnées et sales, des grottes et j’en passe. Tant que l’endroit était fonctionnel, le reste ne m’intéressait pas.

- « J’avais à vous parler au sujet d’une visite à Kiri. Je venais aussi avoir votre avis sur ce qui se passait autour de nous, enfin, de Konoha. Mais si vous préférez terminer, je peux attendre et observer. »

En disant cela, je pointais vaguement une chaise situé un peu plus loin, avec un pot contenant une fleur impressionnante. L’humidité du lieu, mélangé au dégel du printemps, à la chaleur de la serre à cause du soleil, faisait déjà perler quelques gouttes. Certaines personnes auraient pu être inconfortables, mais, pas moi, je savais que j’avais chaud, mais cette sensation me semblait très lointaine.

Reposant le torchon, je replaçais une mèche de cheveu dernière mon oreille droite, observant du coin de l’œil l’étranger qui apparaissait dans l’encadrement de la porte. Nos regards se croisant, je le vis s’adresser à moi de sa voix étrangement suave comme à son habitude. Encore et toujours des manières. Je ne pouvais réellement me dire que je m’y étais habitué depuis le temps, je n’avais jusqu’à maintenant que peu eu l’occasion de le croiser à tous les coins de rue, mais il restait une figure connue du village.

« Messire Hokage. »

M’adressant à lui calmement, j’attendais qu’il développe, me doutant qu’il n’était pas venu pour échanger des banalities en ma compagnie. Je me souvenais lui avoir dit vouloir lui parler un de ces jours mais je pensais que j’aurais celle prenant l’initiative. Le bonhomme était venu chez moi me trouver à un moment auquel je ne m’y attendais pas. Il avait certes du toupet pour s’inviter de la sorte, et encore plus pour me faire remarquer mon manque d’installations décentes. Je ne choisissais pas la manière dont il gérait ses petites affaires lugubres dans son bureau, j’aurais attendu à ce qu’il fasse de même, cependant la gêne ne lui avait semblé le déranger, son faciès perpétuellement moqueur et inquiet reflétant chacun de ses faits et gestes. De profil alors qu’il me parlait, je me dirigeais lentement vers mes frelons qui avaient fini d’absorber le contenu du liquide. Tendant la main au-dessus du liquide, mes insectes pénétrèrent dans mon ample manche sans fond, ne laissant aucun indice quant à leur localisation à quiconque avait le genre d’observer ce genre de scène pourtant courante chez les Aburame.

« Ainsi donc vos projets pour Kiri ont avancé ? Contente de l’apprendre, j’aurais pensé que je me verrais convoquée au lieu de vous voir arpenter ce que je pensais être une propriété privée. »

Nullement réellement énervée, je me dirigeais vers l’endroit d’où il était entré, l’invitant poliment à me suivre.

«Mais venez donc je vais vous en faire faire le tour, vous ne refuserez certainement pas un thé maison? J’ai eu ouïe dire que vous créiez votre propre alcool, à chacun sa spécialité. »

Moqueuse sans pour autant le montrer, je savais qu’il ne pouvait décemment pas refuser, quoi qu’avec lui tout était probablement possible. Insistant avec un plaisir malin bien sur le mot maison, je lui laissais miroiter la possibilité d’un probable empoisonnement. Le laissant quelques instants dans le salon où je l’avais invité à asseoir, je m’éclipsais quelques instants dans une cuisine mitoyenne, faisant chauffer de l’eau avant de revenir et de lui tenir compagnie dans cette pièce sombre et fraîche malgré le peu d’aérations auxquelles elle était exposée, les volets donnant sur le jardin fermés, laissant passer quelques rayons lumineux sur lesquels se reflétaient les particules de poussière. Non pas que ma demeure était une porcherie, le ménage et la poussière y étaient faits, mais pas nécessairement aussi souvent que je l’aurais voulu. J’y habitais seule, rendant l’endroit désert, froid et hostile. Une résidence parfaitement adaptée à ma façon non aussi ostentatoire que l’homme qui se tenait en face de moi.

« Que voulez-vous que je vous dise à propos de Konoha que vous ne sâchiez déjà ? Quoi qu’il peut paraître surprenant que vous ne soyez plus sous escorte. Vous fiez-vous donc tant à moi, ou vos hommes vous attendent-ils à l’extérieur ? … Au vu d’évènements pas si lointains, j’aurais cru que vous auriez continué à vous méfier des membres des clans que vous avez renversés du Conseil. Il est difficile de croire que seules les familles Hyô et Hyuuga en auraient après vous. A n'en pas douter bon nombre de Konohajins sont toujours échauffés de votre discours d’investiture… Si je puis appeler ce dernier de la sorte. »

J’entendrais la théière crier si l’eau était prête. Assise avec interlocuteur, je me doutais qui comprendrait de quoi je voulais parler. Après tout il s’était s’agit de ses propres hommes, tous deux appartenant à l’unité revendiquée comme officielle de Konoha : l’ANBU. Je savais que certains membres de mon clan en faisaient également parti, tout comme de nombreux autres membres de clan. Que l’Hokage n’ait pas pris de mesures drastiques quant à tous ceux-là uniquement à cause de seulement deux des clans majeurs du village était tout à son honneur, cependant recommencer à sortir sans escorte n’était peut-être pas encore recommandable…

Je fixais la femme une nouvelle fois, sérieux quelques secondes. Je me contentais alors de laisser mes yeux examiner un peu plus les alentours. Une moue et un hochement de tête approbateur suivit presque immédiatement. Je la regardais de nouveau avant de frotter mon front sur bout des doigts. Je souris en coin en laissant retomber ma main le long de mon corps. Il est vrai que mon costume faisait un peu étrange dans ce lieu qui se rapprochait plus d’activités manuelles que d’un laboratoire. Pourtant, je savais reconnaître une partie de son utilité. Quand elle me fis signe de la suivre, je me contentais de suivre ses traces comme le ferait un enfant.

- « En fait, j’ai demandé à vous voir, on m’a appris que vous étiez occupez. Alors… Je sais que les remèdes ou préparation de ce genre demande de l’attention. Alors, je ne voulais pas trop vous éloigner de vos installations. »

Je m’assis sur le bout du divant. Je regardais une nouvelle fois les alentours alors qu’elle allait à la cuisine. Il fallait avouer que c’était bien moins bordélique que chez moi. J’y passais si peu de temps, chez moi, que je me demandais si je ne devrais pas faire installer un lit et une chambre de bain plus fonctionnel dans le bureau. Je pourrais presque y vivre sans problème de cette manière. De toutes manières, ma demeure était celle des fantômes et chaque fois que j’y passais quelques heures, c’était pour dormir, me laver et me lancer frénétiquement dans des formules. Jusqu’à ce qu’une espèce d’épuisement excité me force à retourner au Palais. À ses remarques, je levais mon index.

- « De un, je vous demandais votre avis sur ce qui se trame autour. De deux, les Clans ne sont pas le problème. Je différencie les Clans des Conseillers. Je respecte le travail des Clans, pas le Conseil. De trois, je ne suis pas invincible, mais l’attaque des deux ANBU a surtout fonctionner parce qu’aucun des Konohajins ne pouvaient agir tant qu’il y avait des otages civiles dans le Palais. »

J’énumérais les différents points, levant un doigt de plus à chaque fois, avant de lui faire un sourire large. Je me redressais un peu pour déposer à moitié mon dos sur le dossier. Je la fixais, durant quelques secondes, sourire en coin, pour bien lui faire comprendre que j’étais confiant. Je savais aussi que comparer au Hyûga et à d’autres Clans dit « plus nobles », les Aburame avaient rapidement su faire valoir leurs talents avec les insectes, comme les Hayashi avec les plantes. Après ce silence, ma langue passa rapidement sur mes lèvre, alors que je penchais a tête légèrement de côté.

- « Que les Konohajins s’échauffent. Mon « investiture » n’en était pas une et ils avaient bien raison. Je n’ai pas l’intention de voir Konoha devenir un larbin pour le Désert. Qu’ils s’échauffent les Konohajins, Suna n’en aura que plus de difficulté à maintenir sa poigne sur un Konoha brûlant. Maintenant, ton avis sur Kiri et le reste, si ça ne te dérange pas ? »

À ce moment, le sifflement de la bouilloire brisa le silence. Je me contentais de sourire. Dès que le thé fut apporté et les « ajouts », comme le sucre et le lait, furent mis dedans, je me contentais de tendre la main vers sa tasse et de l’approcher près de moi, lui tendant la mienne encore sans aucun ajout. Après tout, c’est moi qui avais enseigné à Iji et il l’avait certainement parlé de moi. Vu sa légère agressivité, valait mieux ne pas se ridiculiser.

Ses petits sourires hypocrites n’en étaient pas encore à me porter sur les nerfs, cependant il s’amusait à agir comme un gamin mal élevé, prenant plus que ses aises sur mon sofa, et énumérer différents points comme il s’agissait d’évidences que j’étais loin de pouvoir saisir. Comme s’il aspirait à me provoquer, à se faire réprimander, taper sur les doigts. Etait-ce cela l’Hokage que nous avions au village ? Il s’amusait d’un jeu auquel lui seul semblait participer, faussement naïf ou amusé. Peut-être l'était réellement amusé, en ce cas il était bien triste que cet homme se laisse aller à tant de pirouettes pour exprimer ses idées. Comptait-il représenter le village et protéger ce dernier avec des cabrioles malgré les responsabilités qu’imposait son poste ? Sûrement ninja émérite, son style me restait tout de même au travers de la gorge. J’avais cru comprendre qu’Onpu et Iji avaient été ses élèves à tour de rôle, et je devais m’avouer heureuse qu’ils ne présentaient aucun symptôme qui auraient pu les apparenter au plaisantin.

« Laissez-moi donc un moment Messire Hokage. »

Faussement respectueuse, je me levais calmement, esquivant malgré moi la question qu’il m’avait été posé. Peut-être pensait-il détenir là une victoire. Arrivant dans la cuisine, j’éteignis le feu, ramenant thé, tasses, lait et sucre. Prenant bien soin de prendre mon temps et ne pas me précipiter je ramenais le tout que je déposais sur la petite table du salon, retournant les deux petites tasses devant lui avant de verser du thé à tour de rôle dans chacune d’entre elle, ce dernier me regardant faire lentement alors que je parlais, répondant à ses interventions précédentes.

« Nul point d’énumérer fièrement vos arguments de la sorte, nous sommes entre adultes.»

Lui à l’opposé de la table, je reposai la théière avant de brandir délicatement mon index comme il l’avait fait précédemment, reprenant ses arguments les uns après les autres et la structure de son argumentation.

« De un, ce qui se passe autour de nous ne concernerait-il réellement que ce qui se trouve à l’extérieur de nos murs pour vous ? Ceci pourrait expliquer pourquoi la malheureuse tentative venait de vos propres rangs. »

Reposant ce dernier alors que je parlais, je me munis du pot au lait, versant une pointe de liquide dans la tasse. Il n’y en aurait pas besoin de d’avantage, un mince filet avait toujours suffit. Reposant le récipient, je levais à présent deux doigts, exposant le deuxième point que je voulais partager avec lui.

« De deux, ce n’est point ce que vous avez laissé entendre sans pour autant jamais vous expliquer. Clans et Conseillers sont assimilables en ce que chaque conseiller représentait les intérêts de son clan et donc ce dernier même. »

Versant pendant ce temps deux petites cuillérées de sucre dont je faisais bien attention à la quantité, la dose comme étant pesée par la balance qu’était ma main, je reposais le tout avant d’adresser mon trois à l’encontre du Hokage capricieux.

« De trois, ce ne sont pas les otages qui ont fait que leur stratagème les aura rapproché si près de leur but, mais leur influence et l’effet de surprise, et ne pensez pas que seul vous aurez une chance d’éviter une colère de ceux qui se voient comme les fondateurs de Konoha, eux qui étaient là quand vous erriez encore dans les herbes folles de Kawa no Kuni.»

Remuant légèrement la tasse, je la tendis à mon invité qui se pencha non pour répondre à mon geste mais pour prendre la tasse restante à laquelle je n’avais pas encore touché. Etait-il méfiant ? Oui ce devait être cela, il avait dû comprendre mon message précédent, peu subtil d’ailleurs, et avait préféré ne pas courir le risque, gardant la tasse pour moi, je l’observais, me contentant de souffler légèrement sur le dessus pour refroidir le contenu.

« Sinon, très ingénieuse idée Hokage-sama, quoi de mieux que diviser ses hommes et attendre une mutinerie d’une poignée d’entre eux non seulement contre le pays du sable mais également contre les leurs. Vous m’en voyez cependant ravie de vous savoir prompt à vous rebeller contre l’occupant, quant à Kiri il me semblait qu’écouter à travers les portes vous avait permis de vous faire une idée de mon avis sur la question. Ce serait plutôt à vous de m’expliquer vos vues sur le fameux village de la Brume Sanglante, ce pour quoi vous êtes venus au final …»

Buvant mon thé comme je l’aimais avec une pointe de lait et légèrement sucré, je n’avais pas besoin de regarder l’Hokage pour savoir qu’il avait au final trop baissé sa garde malgré ce qu’il semblait dire, s’étant contenté de se focaliser sur le contenu des tasses et non ce qui les entourait. Il y avait peu de chances pour qu’il ait entraperçu ma guêpe, qui était remontée sur mon ordre le long de mon poignet, alors que je retournais la tasse que j’avais délaissée jusqu’à présent et qu’il s’était destiné dans sa méfiance, sans se douter que mon insecte s’était lové dans la partie creusé du petite récipient attendant le moment opportun pour piquer ces maigres petits doigts malingres qui furetaient sur ma vaisselle. Une mise en application directe de mon troisième point

Je la regardais se lever, puis je la laissais préparer son thé. Je regardais ma tasse quelques secondes, visiblement en pleine réflexion. Je secouais la tête avant de rire un peu. Je levais les yeux vers elle une seconde de plus. Je mis une main sur mon genou et je pianotais un peu sur ce dernier. Quand elle revînt, je sortis de mes pensées, quittant le reflet de la tasse. Son ombre venait de masquer les quelques lumières dans le liquide, je fis une moue.

- « N’agissons pas adulte… Nous sommes des enfants qui jouons à ce que nous croyons des adultes. Il ne faut pas être si sérieux ! »

Je la regardais faire et prendre ses arguments une par une. Je me contentais de hocher la tête lentement, souriant parfois. Elle avait des doigts fins, délicats, mais on voyait quelques traces du travail sur ses mains. Je pris une inspiration, tendant la main vers la tasse avant de m’arrêter. Je m’adossais de nouveau en la regardant. Je pris un air un peu plus sérieux, mais que mes cicatrices donnaient quand même un étrange air hilare. Je passais rapidement mes langues sur mes lèvres avant de me pencher un peu vers l’avant en secouant un peu mon index pour la désigner vaguement.

- « Vous savez… Je n’aime pas contrôler. Le contrôle, sur un système, c’est la stérilité, l’inadaptation et la mort. L’extérieur est quasiment impossible à contrôler. L’intérieur l’a déjà été assez longtemps. J’ai fait ce choix, ça inclut certains risques, mais tant que je serai efficace, je pourrais espérer m’en sortir. »

Je la fixais, quelques secondes, sérieux, avant de tendre la main vers la tasse. À mi-chemin, je me mis à rire, conscient que mon sérieux n’avait rien à voir là. Je me contentais de m’adosser une nouvelle fois. Le thé est encore chaud et il fallait attendre que ça refroidisse. Je la regardais une nouvelle fois, me mettant sourire lentement. J’aimais bien cette femme, elle était pingre et ne s’intéressait pas aux titres.

- « Au sujet des Clans et de l’assimilabilité avec le Conseil. C’est une erreur. Les Clans étaient là, car ils représentaient Konoha. Quand ce Conseil a été dissous, Konoha représentait les Clans. C’est une insulte aux Clans. Les Clans sont là pour leur talent. Leur droit vient de là, pas du Conseil. Ils méritent les honneurs, ce Conseil n’avait pas à en profiter à leur place, j’ose croire que les Shinobi le savent. »

À sa remarque sur la division des gens, je pris une inspiration en secouant la tête. Un pli de passion avait barré mon front. Je me contentais alors de porter la main à mon front et de frotter le poing. Je restais silencieux, quelques secondes, peut-être un peu gêné. Devant le ridicule de cette scène, je me contentais d’échapper un rire.

- « Je ne divise pas les hommes de Konoha. Je les force à s’assembler. Les Konohajins n’ont pas à se borner à suivre un homme qui porte le titre d’Hokage. Ils n’ont pas à s’assembler sous un titre, ils doivent s’assembler pour eux-mêmes. Moi, je me contente d’être en avant de la vague, je m’assure que Konoha représente ça, rien de plus. Ce que je veux, moi, n‘a aucune importance. Et c’est ce que je veux. Votre avis sur Konoha est intéressante, Miko. Tu es une forte tête et c’est exactement ça que je veux. Des gens qui pensent par eux-mêmes. Ils font des erreurs, nous en faisons tous, mais ils font quelque chose par eux-mêmes. C’est pour cela que je te demandais ton opinion sur ce qui se passe à l’extérieur comme l’intérieur. »

Je tendis la main vers la tasse. Je m’arrêtais proche de cette dernière et mis ma main au-dessus du breuvage pour essayer de vérifier sa chaleur. La vapeur colla un peu, j’aurais dû souffler dessus, mais je ne l’avais pas fait. Il allait me falloir attendre un peu avant de me joindre à Miko.

Rigolant légèrement, je reposais ma tasse dont j’avais déjà bu le quart du contenu, cet homme avait le chic pour discourir et argumenter sans en avoir l’air. Peut-être était-ce cette vilainerie de l’esprit dont avait besoin Konoha depuis si longtemps. Le voyant ne pas prendre sa tasse, j’haussais un sourcil. Eh bien il s’affichait confiant mais ne l’était pas tant que ça au final. Ses airs naïfs et bons enfants étaient de parfaits outils, dommage qu’en temps de solennité comme à l’évènement des remparts ils avaient conservé son attitude puérile et moqueuse. Quel chef d’état qu’une perpétuelle blague humaine ? Difficile à croire qu’un homme comme lui ait gravi aussi rapidement les échelons. Il devait savoir qu’il était chanceux que ce Conseil qu’il critiquait tant n’existe plus à présent, nul d’outre qu’en plus de ne pas accéder aux pleins pouvoirs comme il avait réussi à se les approprier aujourd’hui, il aurait sûrement redescendu socialement parlant. Son passé voilà au sein du village avait vu le jour récemment : il était à la tête de l’ANBU à l’époque du Troisième, en espérant qu’il n’en répète pas les erreurs … Qui sait à quel village sinon donnerait-il sa reddition. Kiri, Kumo ? J’en savais trop peu sur cet homme pour spéculer malgré qu’il soit pourtant le Kage du village. Tout ce que je savais c’était qu’Onpu avait confiance en lui et que cette confiance était réciproque. Onpu semblait accorder sa confiance trop rapidement.

« Eh bien, ne buvez-vous pas ? Je pourrais m’en sentir vexée. »

Moqueuse et ironique à souhait, je renforçais l’idée que mon infusion pouvait contenir certaines choses qui lui auraient été désagréables, ou tout du moins à son système digestif, bien qu’il n’en était rien pour autant. J’aimais le savoir alerte et non intérieurement non aussi confiant et à son aise qu’il s’affichait impunément alors qu’il était pourtant chez moi. Reprenant une gorgée, je reposai ma tasse, prenant la parole.

« Soit, Hokage je vous remercie pour vos belles paroles, et pour votre dévouement au village, dévouement qui jusqu’à maintenant m’avait été caché derrière les artifices de votre simplicité bon enfant. Peut-être devriez-vous vous exprimer avec autant de conviction plus souvent. Cependant il est bien regrettable que vous vous soyez borné à ne voir dans le Conseil qu’un groupe de vils profiteurs avares encaissant les bénéfices. Vous n’êtes sans doute pas sans savoir que le pouvoir de Konoha résidait avant entre les mains des différents chefs malgré la figure apparente du Kage à la tête du village. Ne vous êtes donc jamais dit que les profits ne leur revenaient pas uniquement à eux mais que leur clan profitait des retombées sociales et économiques dont leur poste les faisait bénéficier ? Ce n’est pas tant une question d’honneur qui agite encore certains membres des Clans si vous voulez mon avis, mais une question d’intérêts et d’influence perdus à cause de votre succession. »

Non réellement touchée par ses beaux discours sur les Clans et ce que j’avais cru devoir interpréter comme des compliments sur mon mauvais caractère, il marquait tout de même quelques points dans mon estime, mon affection pour lui ne volant initialement pas très haut. Ses espérances n’étaient pas aussi naïves et rabâchées et on s’éloignait du profil de chien de Suna que certaines personnes parmi les plus rancunières susurraient encore.

« Vous m’avez demandé de m’exprimer sur la situation de Konoha, je vous donnerai donc mon point de vue mais sachez qu’il est également partagé au sein de mon clan pour ce que cela vaut même si je ne puis me dire la représentante de mon clan. Le Conseil, même si sa disparition a créé des dissensions au sein du village devenait obsolète. Konoha a certes été initialement créé par les grands clans du village auxquels nous pouvons revendiquer l’appartenance, cependant au fil de ces quelques maigres années la population de shinobis s’est vue diversifiée et enrichie de nouveau clans minimes également participant chacun avec leur moyen à la croissance du village. Il était temps qu’ils aient part au chapitre eux aussi. Trop longtemps nous nous sommes contentés de tenter de vivre en autarcie sans nous préoccuper de ce qu’il se déroulait autour de nous. Suna, Kumo, Kiri, Makka… Chacun à leur manière ont permis au village de se réveiller avant que le Conseil ne rendorme le village dans une transe léthargique. Ne vous méprenez pas, je ne porte absolument aucune haine à l’encontre du Conseil, au contraire, il était pour nous Aburame la voie d’impassibilité et de silence auxquelles nous aspirons, mais il n’empêche qu’il est malheureusement nécessaire pour nous d’être réalistes : continuer à nous entériner de la sorte ne nous mènera nulle part, un village ninja ne peut fonctionner de la sorte et vivre de ses propres petits conflits. Les autres Clans se remettront de l’offense commise tout comme nous nous sommes déjà remis, mais il n’est pas dit que le village survivra à une autre tentative des villages extérieurs de ‘‘réveiller l’arbre endormi’’. Voilà ce que j’attends de vous Hokage, ce poids enlevé, continuez à agir… Ce n’est pas une supplication de ma part, mais un conseil. Peut-être pensez-vous que le Conseil était la seule épine que vous auriez pu avoir dans le pied lors de votre montée à la tête du village, mais comme vous l’avez si bien fait remarqué, il en existe d’autres toutes aussi pointues : la déception et la colère de vos shinobis.»

Lui reconnaissant un peu de mérite, je savais que ce processus de fin de l’inactivité de notre village avait déjà été entamé par cet homme depuis qu’il avait laissé carte blanche à Onpu pour créer sa propre unité spéciale, avait entamé des pourparlers avec le clan Sabakyo jusqu’alors retenu prisonnier, et prévoyait de rencontrer Kiri d’après ses dires et sûrement les autres Kages. Konoha avait besoin de se revendiquer tel qu’il était et ne plus se faire traîner vers le bas. Et c’est pour cela que depuis quelques temps j’avais choisi d’agir.

Elle semblait plonger dans ses pensées durant quelques secondes. Elle porta la tasse à ses lèvres après ce laps de temps. Elle prit une gorgée, puis, commença lentement à parler, semblant avoir synthétisé ce qu’elle cherchait à dire. Au compliment sur mon dévouement, je me contentais de retenir un petit rire en haussant faiblement mes épaules. Elle avait un bon portrait de la situation sur ce qui concernait le Conseil. À partir de ce moment, je me contentais de pencher la tête un peu de côté en l’écoutant. J’avais craint d’avoir devant moi une idiote qui n’avait rien de l’intelligence, qui se contentait d’appliquer ce qu’elle savait aux abeilles et aux autres bestioles. Au contraire, j’avais devant moi une femme qui, après avoir développé une méthode, la transposait ailleurs. Il y avait cet amour du détail qu’on ne retrouvait pas partout, des nuances.

Quand elle eut terminé, je jetais un regard vers ma tasse, souriant en coin. Ce genre de breuvage ne me laisse aucun intérêt et semble sans utilité à mes yeux. Je succombais à la tentation, portant ma main au breuvage. Je n’éprouvais même pas le goût subtil de ce breuvage.

-« Je suis un enfant, croyez-moi. C’est un jeu, il n’y a rien de bien sérieux, de réel. Rien ne justifiera nos actes sauf le manque d’esprit des gens qui les observeront. Ce « vide », c’est une liberté. Notre volonté n’est qu’un artifice, sauf qu’il n’y a rien à cacher : il n’y a que l’artifice. Je dois aussi être, honnête, je déteste le thé, je n’en bois jamais »

Je m’étais un peu penché sur le bout de mon siège en lui parlant. Je gardais un sourire en coin presque permanent, riant même un peu à la fin de ce petit discours. J’écartais les mains, puis je les joignis dans un petit claquement. Je pointais vaguement mon index dans sa direction en le secouant un peu, reprenant une position plus confortable contre le dossier.

- « Comme je vous l’ai dit, je différencie Clan et Conseil. Après la dissolution du Conseil, beaucoup de ses partisans se sont contenté de retrousser leurs manches. Ils se sont demandés comment trouver de nouvelles « avantages ». Les partisans, ce que j’appelle le Conseil, c’est ceux qui en font une affaire de dignité et d’honneur pour quelque chose qu’il juge mériter à propos d’une chose qui n’est plus d’actualité. »

Je jetais un regard vers la tasse de thé, passant rapidement ma langue sur mes lèvres. Il y avait un silence, la discussion s’épuisait. Je fermais mon poing et le frottais contre mon front en penchant un peu la tête. Je fis une légère moue, en prenant une inspiration, qui se transforma rapidement en expiration. Un léger « smack », alors que j’ouvrais la bouche se fit entendre, puis je parlais.

- « Pour ce qui est de Suna… Ce sera lié à Makka. Nous l’avons, les Villages, laissez faire trop longtemps. Je ne considère pas les Villages Cachés comme un groupe différent des autres Pays… Sur le fond. Makka n’est pas un seulement un danger pour les Villages Cachés, après, elle s’en prendra au reste du monde. Si je ne pensais pas la menace qu’elle représente importante, je trouverais intéressant d’observer le processus et les gens qui y réagissent. Je sais, la curiosité est un vilain défaut. »

Je la regardais un instant, plissant même les yeux pour observer des détails sur son visage. La vérité, c’est que Makka devrait être une source de honte pour Konoha. Les assauts contre Konoha en avait fait la risée aux yeux de beaucoup de personnes. Suna, du moins Kenji en faisait partie. Kiri, certainement, il avait fait de leur statut de Village Caché de la Brume Sanglante un concept de pureté de race. Pour certains Konohajins, le nom de Makka était celui du responsable deux assauts cruelle qui s’étaient soldés par une absence de réaction de notre part. J’espérais voir un peu de honte, de regret, surtout chez une femme qui attachait de l’importance à son Clan « de Konoha ».

- « Suna et Konoha ne suffiront pas, il va falloir aller chercher des forces ailleurs. Les Masques Blancs semblent aussi s’opposer aux actions des Villages, vu la protection contre les Conquête dans les Pays neutre, même la nôtre. J’ignore s’ils ont conscience que Makka ne s’arrêtera pas à nous. Je doute si en cas d’accord pour contre cette ennemi nous pourrons faire confiance à Kiri et Kumo aussi près de chez eux. Les Masques Blancs tenteront de viser ce qui reste, surtout Suna et Konoha qui seront au cœur du combat. Notre principal atout, c’est les Aburame et les Sabakyô : vous nous permettez un contrôle du terrain, même dans le territoire connu de Kiri. Il faut en profiter. Les Masques Blancs vont se dévoiler… Konoha doit pouvoir y survivre et je veux voir ce qu’il en sera après. Je suis un homme curieux. »

À ma dernière phrase, je souris. Je fixais la tasse une seconde fois. Pourquoi tant de crainte ? Je tendis brusquement la main vers le thé avant d’ingurgiter le breuvage, On me savait ici, on me soignerait, je pourrais certainement agir par moi-même. Pourquoi priver ma curiosité à cause de craintes stupides ?

L’écoutant tergiverser je l’écoutais d’une toute autre oreille qu’au début de notre conversation. Il avait su malgré moi me prendre à son jeu, et c’était intéressée, plus sur ce qu’il avait à dire sur Suna, Makka et la guerre à venir que sur ses goûts en matière de boisson, que je m’étais pendue à ses lèvres sans pour autant le montrer exagérément. Je comprenais aisément comment il avait pu accéder au poste qui était le sien. On disait les beaux parleurs bons politiciens, j’en avais un exemple sous mes yeux… Cependant à la différence de bien d’autres il cachait ses talents d’orateurs, instillant une plus grande profondeur à ses propos. Energumène.

« Cinq minutes. C’est le temps que mettra le poison à se propager dans votre organisme. Langue pâteuse, tremblements, insensibilité progressive en commençant par les extrémités …Mort. »

Posant mes coudes sur mes genoux, je joignais mes mains à hauteur de mon visage comme si j’étais pensive. M’étant exprimée d’une voix calme et confiante, je me doutais que j’aurais certainement fait paniqué plus d’un ninja lambda. Cependant j’avais eu vent des petites affaires qui constituaient le passe-temps de l’Hokage. En la matière il n’était pas novice. A quoi bon cela rimait-il alors ? Je devais m’avouer que la tentation avait été trop grande après l’avoir vu tourné autour de sa tasse pendant si longtemps et finalement se jeter dessus comme résigner à tenter sa chance. Je ne pouvais lui reprocher le fait d’être poli et il n’avait sûrement pas bu le liquide inconsciemment après tant d’hésitation.

« Non … Ne vous en faites pas, il s’agissait bel et bien de thé. Si j’avais véritablement voulu vous mettre à ma merci, j’aurais sans doute utilisé une autre méthode… »

J’espérais qu’il ne vomirait tout de même pour s’assurer de ne pas être sur le point de mourir. Ouvrant la paume de ma main devant moi à la hauteur de mon visage, je laissais la guêpe jusqu’alors terrée sous la tasse de mon hôte venir s’y poser. La regardant une demi-seconde, je refermais à demi ma poigne, ma main m’aidant à nouveau à boire une gorgée de thé en assistant l’autre. Nul besoin d’avantage de laisser les choses sous-couvert, j’avais sûrement réussi à lui laisser l’impression que je voulais lui faire garder en tête.

« Pour revenir à ce dont nous parlions, j’avoue que vous m’intriguez Hokage. Je ne peux que concorder avec vous sur l’intégrité des deux autres villages cachés –et même de Suna par ailleurs-, mais malgré que ce que vous dites est vrai sur mon clan et probablement sur celui des Sabakyos, je ne vois pas où vous voulez en venir. Hyuugas, Yamanakas et Inuzukas seraient tout autant à même de repérer une possible tentative d’embuscade de la part de Kiri et Kumo si véritablement vous souhaitiez nous engager tous dans une telle bataille, et les Akimichi constitueraient sans doute une force de frappe plus important que la nôtre … A moins que… »

Me figeant, je réfléchissais un petit moment avant de soumettre à mon interlocuteur le reste de mon hypothèse et de mon interrogation.

« A moins que vous ne sous-entendiez que Konoha même pourrait être la cible de probables escarmouches ennemies… Masques Blancs, Kumo, Kiri… Plusieurs forces qui pourraient vouloir profiter de l’affaiblissement du village. Mais en quoi interviendraient Aburames et Sabakyos ? … Peut-être auriez-vous dû vous entretenir avec les anciens de mon clan. Comme vous devez d’ores et déjà le savoir, je ne détiens aucune autorité sur mes pairs… Peut-être quelques-uns cela dit…Cependant je pourrais intercéder en votre faveur… Si vous m’expliquez pleinement le fond de votre pensée. »

Attendant la suite de ses propos, je réfléchissais au lien que cet homme avait fait entre Aburames et Sabakyos. Un control de terrain ? J’avais entendu parler de ce clan nouvellement intégré au village et pendant longtemps composé de nids à virus. En espérant que le Quatrième n’ait pas introduit en notre sein une menace que nous aurions bien du mal à combattre.

Quand elle me répondit, posant précautionneusement ses coudes sur la table, j’eus un élan, très bref, de crainte. Mes yeux s’agrandir une brève seconde, puis je penchais la tête de côté, me penchant vers elle. Les yeux plissé, je me demandais ce que je devais en penser. Ce n’est pas comme si je risquais grand-chose, mais je me demandais si elle avait été joueuse jusqu’à ce point. Je savais que je pourrais facilement m’en remettre. Je savais qu’elle savait que mon empoisonnement n’avait rien de sérieux. Rapidement, elle parla, je me contentais de sourire largement en me redressant, un léger mouvement de recul provoqué par ce mouvement. Je me mis à rire doucement. Mon visage portant une expression hilare exagéré. Quand elle parla un peu plus, je me perdis, durant une brève seconde, me promettant d’être attentif aux symptômes. Dire la vérité en espérant que les gens la prennent pour un n’était pas une technique de mauvaise qualité. Je revins à ces paroles, rapidement, avant de lever ma paume vers elle et de la secouer mollement.

- « Si tout se passe comme dans mes prédictions, nous ne serons pas que Suna et Konoha. Il y a des chances que Kumo et même Kiri y participe. L’assaut sera précis et aura une cible directe. Il y aura une bonne part des troupes encore à Konoha lors de ce conflit. Étant donné que nous serons directement ou presque dans le territoire de Kiri, je doute qu’il soit judicieux pour eux d’envoyer une bonne partie de leurs troupes à Konoha en sachant que Kumo, Suna et Konoha, presque chez eux, peuvent répliquer vivement et tenter de porter un coup dur, voire pire… »

En parlant, je mettais mon doigt sur la table, plaçant la tasse de thé pour représenter Kiri, faisant des cercle pour représenter Kumo un peu au Nord et mon poing pour représenter Hai no Kuni, du même coup, Konoha et Suna en plein conflit. Je me contentais ensuite de sourire en coin, espérant que l’Aburame comprenait que les chances qu’on s’en prenne directement à Konoha étaient faibles. Si Hai no Kuni vomissait ses flammes ailleurs, son île serait affaiblit, facilitant notre assaut, si Kiri tentait de nous prendre à revers, nous pourrions facilement nous venger sur eux, probablement avec Kumo et Suna sur place. Je me contentais alors d’arrêter de faire des cercle pour désigner Kumo, ouvrant ma main et la couchant sur la table entre la tasse de thé et mon poing fermé, paume vers le haut.

- « Ici, c’est la mer… Le territoire de Kiri. Ils devront s’assurer que nous puissions fuir en cas de problèmes sur Hai no Kuni, mais vous comprenez que je me méfis d’un assaut à notre encontre directement après le combat contre Makka. Kumo est aussi un risque, même si vu leur passif j’en doute. Ils connaissent leur territoire et sont mieux équipés pour la mer. Dans tous les cas, cette solution servira. Par contre, les Aburame et les Sabakyô, même loin de la terre, devraient être capable d’offrir une zone… tampon en cas de problème, vu vos capacité à affecter une zone. »

Je laissais glisser mes mains lentement, après toutes ces simagrées presque enfantines, pour m’adosser de nouveau sur mon dossier. Je fermais mon poing et le frottait sur mon front en souriant en coin. Ce plan semblait si parfait, mais il y a toujours des imprévus. C’est ce qui fait la beauté de la chose.

- « Je vous le demande à vous parce que vous pouvez présenter le problème au Conseil. Vous êtes une Shinobi, mais vous comprenez toutes les subtilités de la différence entre les Clans et le Conseil. Je ne tiens pas à voir exposer ces mots à tout un Clan dont, comme vous l’avez dit, certains veulent retrouver leur confort. Je vais vous demander de le présenter comme développer une technique ou une stratégie pour votre Clan, avec les Sabakyô, pour la guerre, sans plus. C’est largement suffisant pour que les vôtres puis-je décider ou pas de se retirer du projet. »

Je souris en coin, regardant une dernière fois son visage avant de plonger mon regard vers Kiri, enfin, la tasse de thé. Il y avait aussi l’importance de sortir Suna de là. Je ne savais pas encore s’il valait mieux les abandonner là et profiter de leur faiblesse ou se contenter de les protéger ou tout simplement partir en les laissant s’organiser. Suna n’avait pas été tendre avec nous, mes parts de notre accord avaient été respectés. Pourtant, ils étaient encore des alliés de choix, malgré ce qu’eux-mêmes pouvait croire. Je relevais mon visage vers Miko, souriant un peu plus, l’écoutant.

L’écoutant attentivement alors qu’il me décrivait sommairement le monde shinobi tel qu’il était maintenant à l’aide de mon service à thé, mon regard s’attarda sur Kiri puis Kumo … Enfin leur représentations sommaires. Les quatre villages contre Hai no Kuni ? Il était vrai que trois n’avaient pas suffis… Etait-ce là l’œuvre du Kazekage lui-même dans son désir de lutte contre Makka ? Il avait enrôlé de force Konoha dans son désir idéaliste, que comptait-il faire avec les autres villages ? Les soumettre également, en utilisant la force et la puissance militaire de Konoha ? Une autre guerre en vue ? Deux autres guerres plutôt… Il serait plutôt cocasse que le Kage du désert ait recours à la diplomatie là où il avait voulu soumettre le village de la feuille. Il était de notoriété commune que le Sandaime et ce Kenji ne s’étaient pas revus lorsque ce dernier était devenu chef de son village juste avant la guerre, de quoi pouvoir clairement dire que Suna avait à l’époque des désirs d’expansion derrière leurs belles paroles.

Hochant la tête, je l’écoutais attentivement sur le rôle qu’il escomptait que mon clan tiendrait. Les Aburame, mais également les Sabakyo. Oui. Il était vrai qu’à la différence des deux villages côtiers, nos troupes seraient vulnérables sur l’eau, et notamment sur le chemin du retour, qu’il soit couvert de gloire, ou synonyme de fuite. Le nôtre mais également Suna qui devait avoir encore moins de connaissances maritimes que nos troupes. Un avantage sur le village caché du Sable ? Prenant précautionneusement la théière, je remplissais délicatement à nouveau Kiri à ras bord, ne m’autorisant pas à ajouter quoique ce soit d’autre. J’avais jusqu’à maintenant été une hôte bien malpolie. Mais c’était sans compter les manières rustres de mon invité arrivé à l’improviste.

« C’est ce qu’on appelle communément se jeter dans la gueule du loup n’est-ce pas ? Kumo. Kiri. Suna et Konoha. Il est difficilement envisageable de penser que tout ce petit monde en ressortira indemne du conflit dans lequel vous et le Kazekage souhaitez nous jeter. Et je ne parle pas seulement des pertes que la Dame des Cendres et ses partisans nous infligeront. »

Réfléchissant, pensive, je continuais, ne pouvant qu’admettre que les propos de l’Hokage étaient censés même si ses actions étaient des plus extravagantes.

« Même si vous soutenez le fait que le village risquerait peu d’être attaqué vous comptez tout de même laisser une partie de nos effectifs au village … A croire que votre ancienne appartenance à Kawa vous a rappelé que les grands villages n’étaient pas les seuls à s’être militarisés. Vous êtes quelqu’un … d’intéressant Hokage. Et j’apprécie cela, et votre désir de protéger le village et ses shinobis. Je parlerai de votre plan d’action aux membres de mon clan de sorte qu’ils puissent partager la même vision que moi sur la chose … et sur vous. Nul doute qu’ils en seront intéressés. Je ne puis rien vous promettre quant aux anciens clans qui composaient le reste du Conseil cependant, les choses se feront d’elles-mêmes je suppose.»

Marquant une pause, je le regardais fixement avant de soulever un point qu’il n’avait jusqu’ici que peu aborder. Considérant la représentation cartographique qu’était devenue ma table, une seule partie n’avait jusqu’à maintenant que peu été abordée.

« Et Suna ? »

Simple question. Nous venions de discuter du joug de Suna et visiblement cet home souhaitait également s’en délester, sans compter qu’une bonne partie de nos troupes seraient éventuellement encore stationnées au village… Peu importe de quoi il en retournerait, j’étais prête à me battre pour mon village, et ce sur n’importe quel champ de bataille à condition que le jeu en vaille la chandelle.

Je l’écoutais parler, elle venait de comprendre où je voulais en venir. Les moqueries et l’agacement du début avaient laissé place à la curiosité et l’intérêt. Dans mon cas, c’était plutôt l’envie d’entendre les commentaires. Elle était la première personne avec qui je discutais aussi ouvertement de mon plan. Sans la présence de Iji et On’ en tant que supérieur, je ne m’y serais jamais risqué. J’avais toujours des doutes à ce sujet, mais il vient un moment où il faut tenter l’expérience pour valider une hypothèse. J’ignorais les compliments, c’était une habitude que j’avais pris dès que j’avais eu des gens sous ma direction. On ne sait jamais si l’ambition est loin. Je préférais tout simplement ignorer ce genre de mots plutôt que de me faire une mauvaise opinion. Je me contentais de rire, souriant largement.

- « L’attaque des autres Villages n’est pas une certitude, mais la présence des Masques Blancs est dérangeante. Il vaut mieux s’en protéger. Tant qu’à se jeter dans la gueule du loup… C’est parfois l’option la plus sûre, puisque les tactiques habituelles ont échoué. »

Il était clair, pour beaucoup, même si j’ignorais l’avis de Miko à ce sujet, que la prudence excessive de Konoha avait été sa force, mais, au fil des années, son point faible. Il valait mieux rectifier le tir immédiatement avant que l’irréparable n’arrive. La guerre avec Suna en avait été la preuve, une victoire de nos ennemis sans reddition aurait pu amener des conséquences bien pire. Maintenant, je me retrouvais avec une défaite sans grande conséquences et beaucoup d’avantages. Peut-être plus que la victoire. L’ironie de la situation était à mourir de rire.

- « En plus, il parait que ce Sabakyô est quelqu’un d’efficace. Il va falloir vérifier. Disons que le temps où tu es à la charge du projet, ça permettra de se faire une bonne idée de l’homme. Et les Sabakyô qui participeront pourront se faire une bonne idée de Konoha… Tu devras aussi diriger la petite troupe temporaire, soit ici, soit dans les Cendres. »

J’eus un sourire en coin, sournois. Le Clan des Aburame était là depuis longtemps, celui des Sabakyô non. Pourtant, l’habitude de faire pulluler des insectes dans leur propre corps ne faisait pas une unanimité parfaite. Certains trouvaient cela dégoûtant, voir, limite, monstrueux. Pourtant, on avait appris à reconnaître leurs qualités. J’espérais que la même chose se passe avec les Sabakyô. Je regardais une fois de plus la tasse, avant de fouiller dans mes poches. Je sortis une pipe. Je glissais un peu de tabac dans le fourneau, caressant du pouce, avec amour, pour éviter de ne perdre une seule feuille hachée. Je glissais à ma bouche le bec, sans l’allumer, profitant uniquement des arôme et du goût, moitié sucré, moitié épicé.

- « Suna est une question qui préoccupe on dirait. Ce n’est pas étonnant. Sache, que je considère l’immobilité comme la stérilité. Réduire le nombre de Vilalges, c’est se rapprocher de la stérilité. Après Makka, Suna nous accordera peut-être notre liberté… Ou elle n’aura pas le choix. Je pense que malgré les apparences, ce sera la deuxième option. En attendant, même si ce sont des alliés non voulus et des ennemis, ils ont tenus parole et été utile. Nous ferons donnant-donnant : nous respecterons notre parole, c’est-à-dire, la fin de Makka. Après… Nous prendrons ce que Kenji nous a promis s’il ne le donne pas. »

Je fis un sourire en coin. J’espérais que l’Aburame comprenne que ma tactique ne visait pas uniquement la protection contre une trahison, mais aussi la possibilité de mettre Suna dans une situation où il n’aurait pas le choix de respecter leur parole, sinon, nous ne les aiderions plus. Mon visage devait avoir l’air enfantin, alors que je tirais sur la pipe pour sentir les arômes.

Les Masques Blancs … Encore et toujours eux. Depuis qu’Onpu avait été kidnappé puis rendu et que sa fiabilité avait été prouvée, la Racine s’était affairée à découvrir l’identité de ces drôles de personnages. Une visite d’un shinobi aux portes du village, Maïka envoyée dans le nord où Kumo avait vraisemblablement rencontré de puissants shinobis, et Iji au pays nouvellement conquis par Kiri pour faire de même. Tout cela avaient fourni quelques pistes à la petite unité constituée jusqu’à présent. La guerre contre Makka, surtout si elle concernait l’ensemble du monde shinobi, allait retarder notre avancée, mais il était clair que cette menace allait être décuplée une fois toutes les troupes ou la plupart sortie du bastion de Konoha. Il fallait contrer la menace Makka, mais quand était-il de ces mystérieux Masques Blancs. L’Hokage préconisait l’utilisation d’une stratégie qui n’en était pas une. Un fou. Un idiot. Mais le fonctionnement de son cerveau et l’enchaînement de ses pensées devait être suffisamment brouillon pour qu’il puisse réussir à surprendre de potentiels adversaires. En espérant qu’il reviendrait vivant de l’île de la Cendre, il n’était pas dit que feu le Conseil -qui tenterait certainement quelque chose- serait une amélioration du Yondaime actuel.

Gardant le silence alors que le chimiste continuait à parler tout en bourrant sa pipe. Un Sabakyo particulier ? Haussant un sourcil, je regardais l’horloge, l’heure qu’il était à présent. On ne tarderait pas à venir voir l’avancée de la confection de la drogue qu’on m’avait commandé. Je n’avais pas honte d’être vue avec l’Hokage, mais la confiance qu’on avait placé sur moi risquerait d’être déstabilisée légèrement si l’on me voyait comploter avec le Yondaime, ayant ouvertement affiché le désintérêt que nous étions prendre vis-à-vis de la politique du village. Plus posés et réfléchis même si nous étions intellectuellement comme la normale, il était en trop pouvoir au moins de conseiller les plus agités des membres de clans, et cela pouvait s’avérer un avantage et une main mise utile… Il allait être intéressant de travailler avec ces nids à virus de Sabakyo. Nouvellement arrivés je ne savais rien d’eux, si ce n’est qu’Onpu avait donné sa vie pour la leur, dette qu’ils avaient payé en intégrant le village à la demande de l’Hokage. Leur chef était une jeune femme ravissante, fragile et gracieuse, il était dur de croire qu’un impair de sa part et elle contaminerait la population Konohajin. A l’Hopital on s’agitait, au moins ce Suguato n’avait-il pas fait totalement rentré le loup dans la bergerie sans s’être protégé au préalable. Pour l’heure il était dangereux de leur faire confiance … Surtout si beaucoup d’entre eux allaient devoir se transformer en atouts comme ce qu’espérait le Yondaime. Suna. Emancipation. Ceci me fit sourire.

«Un sujet qui préoccupe? Encore heureux comme vous le dites si bien Hokage. Il serait bien triste que nous tombions dans la routine et nous habituions à une présence étrangère au sein du village. J’espère pouvoir vous croire en ce qui concerne notre … ‘‘liberté’’ … Ce Kenji n’est pas digne de confiance si vous voulez mon avis, mais il serait bien sot de votre part de le considérer déjà comme un ami je suppose … Vous pourrez compter sur mon soutien si ce sunajin se défile … Tout comme sur celui d’une très grande majorité de Konohajins sâchez-le, dussions-nous revenir d’une guerre contre l’assimilatrice et ses partisans. »

Petite pause, je me levais, ramassant calmement à présent les tasses sur le plateau et la théière presque vide. Mon invité surprise commençait à prendre ses marques sur mon canapé et je n’appréciais que peu ses manières familières. Il allait devoir être temps pour lui de partir. Je n’en étais pas encore au point de le chasser mais il était inutile de s’éterniser d’avantage, ce fumeur de pipe avait sûrement d’autres occupations pour l’heure.

« Je vous remercie de votre confiance même si je réalise que celle-ci vient directement de votre lien avec Onpu, je vous tiendrai au courant par rapport à la décision des chefs de mon clan, quoiqu’il en soit je rencontrerai votre Sabakyo, il pourrait en effet être intéressant de mettre enfin leurs talents à contribution… La situation semble risquée tout de même de par leur réputation mais nous aviserons … Quoiqu’il en soit Hokage, prenez ceci comme un congé, et la prochaine fois n’hésitez pas à prévenir par avance de votre visite même si la conversation en aura été … intéressante.»