Kawa no Kuni, Est du village, Forêt.

C'était une nouvelle étape de ce long voyage que je m'efforçais d'exécuter dans le but de retrouver cette chose que j'avais perdue. Je ne pouvais pas savoir de quoi il s'agissait, puisque je n'avais pas connaître l'origine de cette chose, mais une chose était sûre : Mon inconscient, lui, savait de quoi il s'agissait. Je ne pouvais pas partir d'un pays sans en avoir explorer chaque recoin, sans avoir pu trouver le moindre indice pouvant me mener à mon but. Jusqu'ici, rien n'avait pu m'aider. Peut-être qu'un jour, je trouverais quelque chose d'utile, quelque chose qui me ferait réellement avancer. Seulement, pour le moment, je n'avais envie de rien d'autre que d'une simple pause. J'étais allongée dans l'herbe, je fermais les yeux et je ne pensais à rien. Tout ce que je voulais, c'était me reposer. Attendre, espérer. Je ne sais pas en faite.

J'arrivais à sentir la fraîcheur du vent se poser sur mon corps et poursuivre son chemin comme si de rien n'était, comme si la route empruntée n'avait aucune importance tant qu'il arrivait au but qu'il s'était fixé, c'est à dire aucun. Des tours infinis autour de l'immensité du monde jusqu'au moment où il deviendra tellement faible qu'il mourra en un dernier soupir, et s'écroulera ne laissant rien de ce qu'il était auparavant. Voilà la seule chose qui me faisait me sentir bien à cet instant.

J'inspirais un bon coup. Parfois, cela faisait plus de bien de se retrouver seule et au calme que de voyager encore et encore à la recherche de quelque chose qui semble impossible à trouver. J'étais dans une forêt, peu éclairée mais assez tranquille. Plusieurs animaux sauvages se promenaient partout autour de moi, mais ils n'étaient apparemment pas assez courageux pour s'approcher de moi. Tous avaient plus peur de moi que moi je les craignais. C'en était presque amusant, pourtant c'était mieux pour eux. En tant que ninja, qui sait tout ce que je pouvais faire si jamais l'un d'eux venait tenter de me faire du mal.

Pourtant, je sentis quelque chose s'approchait de moi. Un petit animal qui parcourait les quelques centimètres qui nous séparaient l'un de l'autre de manière très sereine. Il ne semblait pas du tout menaçant, et je ne semblais pas non plus être une menace à ses yeux. Je sentis un minuscule museau se rapprocher de ma main. Dans un premier temps, je gardais mes yeux fermés. Ce n'était pas le genre de chose qui m'effrayait alors je laissais faire en attendant que ce mystérieux animal s'en aille de lui-même. Quelques minutes passèrent lorsque l'animal recula. J'eus l'instinct d'ouvrir les yeux à ce moment précis et la surprise fut immédiate. Non seulement le furet qui s'était approché de moi était toujours là, mais en plus, deux autres furets se trouvaient derrière le premier, attendant patiemment un signal secret du premier de la bande. Je me mis assise pour les voir correctement, mais ils reculèrent brusquement.

« N'ayez pas peur, je ne vous ferais aucun mal. »

Un silence se fit, comme si la nature entière s'était arrêtée de vivre pendant ce court instant. Ils me regardèrent, tous en même temps, et je me sentais comme épiée, jugée pour une faute que je n'avais pas commise. Je penchais la tête, tendis la main en signe de respect et attendis que quelque chose se produise. Le dernier des furets, le plus petit, s'approcha pour renifler ma main. Il semblait confiant et, sans demander l'approbation des autres, s'installa dans ma main. Je levais la main et l'approcha de mon visage pour le voir de plus près. Il me regardait de ses yeux minuscules, comme si j'avais quelque chose à lui apporter. Cependant, je n'arrivais pas à comprendre. Que pourrais-je faire pour lui ? Il me toucha le bout du nez, et c'est là que je compris. J'eus comme un flash qui me traversa l'esprit. Je voyais une femme, une blonde apparemment. Je n'arrivais pas à voir son visage en détails, seulement ses yeux jaunes comme ceux d'un serpent, et c'en était effrayant. Je sentais que je rapprochais de mon but mais je n'eus pas le temps de continuer mon chemin. Les trois furets partirent brusquement, sentant peut être une menace aux alentours. Je me coucha à nouveau dans l'herbe fraîche, et j'attendis patiemment que le sommeil me vienne. J'avais besoin de réfléchir et de penser à tout ce qui venait de se passer.


Plusieurs jours passèrent et tous les après-midis je retournais à l'endroit où je les avais vu pour la première fois. Ils m'intriguaient, ces petits animaux. Je voulais en savoir plus, j'avais besoin d'en savoir plus. Eux pourraient m'aider à retrouver cette fille que j'avais aperçue dans cette vision. J'avais besoin de les revoir. Je restais des mois dans ce pays, sans savoir pourquoi, car chaque fois que j'avais l'impression de me rapprocher du but, je ne reculais que davantage.

Au dernier moment, lorsque je pensais que tout était perdu et que je revenais à zéro, le premier des furets que j'avais vu refis son apparition. Il s'approcha de moi sans hésitation cette fois, et s'installa sur moi. Il me regarda un instant, et moi, de mon côté, j'espérais avoir une nouvelle vision qui m'en dirait plus sur mon objectif premier.

« Que recherches-tu ? »
« Je recherche quelqu'un, enfin je crois... »
« Et comment peux-tu être sûre que nous pourrons t'apporter des réponses ? »
« J'ai eu une vision en touchant l'un des vôtres. J'ai vu une femme, mais je ne sais pas qui elle est. »
« Et pourquoi cela aurait-il un rapport avec toi ? »
« Je le sais, c'est tout. »

Voilà la discussion que nous eûmes en premier lieu. Après, plus rien ne se fit entendre. Le furet resta là, sur moi, mais il ne fit rien d'autre. C'était comme s'il cherchait à en connaître davantage sur moi. Je ne pouvais savoir ce qu'il arrivait à percevoir, mais je l'aimais bien. Il arrivait à me rassurer, à me donner de l'espoir. C'était une étrange sensation qui me donnait envie d'en savoir encore plus, qui me donnait envie de l'emmener avec moi car je sentais que j'en avais besoin.

Plusieurs jours passèrent encore. Je passais mes journées dans cette forêt, peu importe le temps, pour être en compagnie du furet que je venais de rencontrer. J'avais l'impression d'être plus proche de cet animal que certains êtres humains que je rencontrais pendant mes longs voyages. Je n'avais plus aucune vision, seule la première qui hantait mes rêves et mes cauchemars. Pourtant, je continuais de venir, dans l'espoir de voir à nouveau quelque chose, certes, mais aussi parce que ce petit être poilu devenait petit à petit l'un de mes meilleurs amis. J'arrivais à passer du bon temps malgré tout ce qui traversait mon esprit, et c'était ça le plus important. Je n'oubliais pas mes objectifs, mais je les orientais à ma manière. Un jour, Izuna (ainsi s'était-il nommé), revint me voir avec deux autres de ses compagnons. Ils s'installèrent à leur habitude et me posèrent une seule et unique question.

« Penses-tu réellement que cela serait bon pour toi de nous emmener avec toi ? »
« Je ne peux pas le savoir, mais je pense que nous formerions tous une bonne équipe. »
« Nous le pensons aussi. »
« Mais en quoi cela serait-il bon pour vous ? Les contrats sont fait pour être profitables aux deux partis. »
« Nous ne parlons pas réellement d'un contrat puisque nous avons choisi de t'accompagner pour te rendre service en tant qu'amis. »

Sur ces paroles, les trois compagnons se mirent à courir dans une direction inhabituelle. Je décidais donc de les suivre, tentant de courir à la même vitesse que bien que cela était très difficile voire complètement impossible. Au bout d'un certain temps, nous arrivions dans un endroit quelque peu merveilleux, là où le sol n'avait probablement jamais ou très peu été foulé par le pied de l'homme.

Il y avait une cascade et quelques rochers sur lesquels se trouvaient des centaines et des centaines d'animaux. Voilà où il passait leur journée quand ils n'étaient pas avec moi. Peut-être n'avaient-ils pas envie d'être dérangé. Aucun ne semblait surpris de me voir ici. Ils devaient tous être au courant, leurs amis les avaient donc prévenu. Je fus quelque peu hésitante en entrant dans ce magnifique endroit. Vont-ils m'attaquer, me rejeter ? Vont-ils m'accueillir comme l'ont fait les autres ?

J'avançais, poussée par mes petits compagnons, regardant autour de moi, enchantée par ce merveilleux paysage. D'un seul coup, une énergie invisible m'arrêta net. Tous les furets se placèrent autour de moi. Le plus grand de tous, Izuna, prit la parole :

« Serais-tu prête à t'engager auprès de nous, comme nous sommes prêts à nous engager auprès de toi ? »
« Je le serais. Jamais je ne pourrais me permettre de profiter de l'aide et de la compagnie de quelqu'un sans lui offrir ce dont il a envie et besoin en retour. »
« Si tu le souhaites, nous serons à tes côtés pour t'aider et te soutenir. Nous serons là en tant que compagnon d'armes, mais aussi en tant qu'amis. »

Sur ces mots, il fit apparaître un parchemin à mes pieds. Je me baissais pour le regarder, et c'est là que je compris ce que je devais faire. Je cherchais un kunai dans mon sac à dos et me replaça face a Izuna. Je me piquais le droit, et quelques gouttes de sang tombèrent au sol. Je plaçais ensuite mon doigt sur le parchemin et commençait à écrire mon nom. Ainsi, je me liais à eux pour une période indéfinie, peut être toute ma vie.

Pendant mon escale à Kawa no Kuni, j'avais découvert plus de choses que tout ce que j'ai pu voir dans tous les autres pays. Maintenant, je pouvais aller autre part, assez confiante dans ma quête. En attendant, mes nouveaux petits compagnons seraient là à chaque instant, je pourrais faire appel à eux chaque fois que j'en aurais besoin. Lors de mon départ du village dans lequel je me trouvais, j'invoquais l'un des petits furets que j'avais remarqué quand j'étais dans leur antre. Il semblait timide, ne parlait pas. Il était peut-être trop jeune. Il s'installa autour de mon cou, puis je commença mon long voyage vers Ame no Kuni.

« Viens mon petit, on va apprendre à se connaître davantage. »

Kohana n'avait que des paroles douces envers ses amis. Elle avait réussi à retrouver confiance en elle et en ses capacités, et tout cela grâce à eux. C'est d'ailleurs pour cette raison que le furet qui l'accompagnait devint celui qui restait toujours auprès d'elle. Il ne combattait pas, il était un ami très précieux pour Kohana. Ce petit être qui lui avait rendu l'espoir, elle le nomma Nozomi.