On m’avait conduit à dans les sections appropriés du Sen’Sen, pour me soigner. Marcher jusque-là était douloureux, mais une fois le choc initial de la brûlure passée, c’était gérable. Je devais avouer que ma vision s’était troublé une ou deux fois, mais j’essayais de rester concentrer et de ne rien laisser paraître. On m’avait rapidement mis un baume, qui avait atténué la douleur presque immédiatement. Mes affaires gisaient au coin de la petite salle, dont les murs étaient formés de panneaux pour l’occasion. Des bandages recouvraient mon torse, quelques-uns sur mes bras. C’était surtout pour faciliter la guérison et éviter le frottement avec mes vêtements.

On m’avait ensuite désigné l’Hôpital. J’avançais, avec un simple manteau sur mes épaules, ouvert, mais torse nu, transportant mes affaires. Je devais libérer la petite pièce au cas où un vrai blessé se présenterait pendant l’Examen. En attendant, la chambre de l’hôpital m’offrait un endroit pour dormir et attendre, le temps que les cloques arrêtes de se former et qu’on les nettoie. Je me promis de le faire moi-même, quand on cogna à ma porte et entra sans attendre. Je fus étonné de voir mon adversaire souriant. J’avais l’impression de voir de la moquerie dans ce sourire. Un élan de colère, face à l’injustice de la situation, me pris à la gorge. Je pris une inspiration pour me calmer et me contrôler. J’avais la désagréable impression qu’il venait me narguer, mais le silence gêné me laissait croire que je me trompais peut-être. Je le regardais, assis sur mon lis, le torse nu et bandé.

- « Bonjour, Kioshi Yamada, c’est ça ? Tu es doué, tu as été meilleur que moi dans ce combat. Ce n’est que quelques cloques, ce sera douloureux, mais rien de dramatique je pense. J’ai vu des blessés bien pire que ça. »

Je fis un effort pour sourire. Soit il se moquait, soit il essayait d’être poli ou sincère. S’il venait se moquer, j’espérais lui passer l’envie en lui concédant la victoire. C’était égocentrique de ma part, mais je ne voulais pas qu’on me rappelle qu’au long de ce combat, je n’avais rien pu contrôler, rien ne s’était passé comme prévu. J’allais me lever, en me faisant glisser en bas du lit pour me retrouver debout, mais la pression des bandages me sembla douloureuse. J’abandonnais ma tentative en lui désignant du doigt la chaise dans le coin. Il fallait être poli et le laisser s’assoir, il était chez eux dans son Village et, malgré mes intentions de leur prouver quelque chose, des intentions qui se sont avérées décevantes, il fallait reconnaître que Suna était l’hôte. J’attendis qu’il s’asseye ou le refuse assez longtemps pour que je comprenne que ce n’était pas dans ses intentions, avant de reprendre la parole.

- « Dit-moi… Ce doit être bien de pouvoir tout voir comme ça. Je veux dire… Avec la chaleur probablement, à moins que je me trompe et que tu ne sois pas Yamada et que c’était le son ? »

Il y avait un petit ton ironique sur la fin. Non pas que je trouvais injuste qu’il m’est eu à cause de ça, un peu, mais ça ne se justifiait pas, mais plutôt parce que les brûlures témoignaient que mes hypothèses étaient vrai. Je l’avais compris dès les clones, j’avais fait les clones pour ça. Malheureusement, il fallait admettre que la brume, même en le sachant, me mettait en difficulté. N’empêche, ce combat m’était profitable, j’avais compris comment déjouer ce genre d’adversaire à l’avenir.

Il s’installa. J’avais remarqué qu’il boitait un peu, mais je n’en tenais pas compte. On peut aussi bien boiter en se tordant une cheville. Je me doutais bien que le combat avait à y voir, mais beaucoup de choses arrivent en combat. Je le laissais parler. Sa curiosité chassa rapidement ma mauvaise humeur, mais j’avais conscience que ces questions n’avaient rien de ludique. Il cherchait uniquement à s’informer. J’éprouvais une vague de déception, mais je me contentais de hocher la tête, signe que j’avais compris l’échange. Je pris une nouvelle inspiration, me redressant un peu malgré les bandages qui faisaient pression, question de bomber le torse, plutôt par réflexe que consciemment.

- « C’est normal, je ne viens pas de Konoha. Ma communauté n’est pas très grande et il y a peu de Shinobis dans mon Pays. J’ai seulement beaucoup voyagé et, détrompes-toi, je ne suis pas très doué en Doton. C’est surtout que je m’y connais en combat rapproché. »

Je restais silencieux. J’aurais pu en dire plus, mais le fait de savoir que nous étions en pleine lutte pour l’information m’avait refroidi. Il avait largement de quoi savoir que je venais d’un territoire neutre et comprendre que mon nom était inconnu, car il ne formait pas ce que les Grandes Nations appelaient un Clan. Quand il parla de sa blessure, je laissais mes yeux glisser vers sa jambe. Je ne pensais pas l’avoir touché aussi sévèrement. Ma bouche s’entrouvrit, pour lui adresser un mot d’excuse, mais je la refermais. Ce n’était pas nécessaire, nous participions à un Examen et chacun d’entre nous avait agi en connaissance de cause. Ce n’était pas non plus un accident.

- « Tu as été bon, franchement, ça a été très utile. La prochaine fois, je saurai quoi faire face à un adversaire de ton genre. Ne me demande pas quoi, je ne te le dirai pas. »

Je souris en coin cette fois. Il n’y avait rien de plus à ajouter et il venait à la pêche. Alors aussi bien le laisser parler et répondre à ses questions, en essayant de ne pas trop lui donner d’informations, d’en laisser en prendre et d’essayer de voir ce que je pourrais savoir. En vérité, je voulais surtout éviter de devenir une personne d’intérêt pour Suna, avec les rumeurs sur ce qu’ils faisaient des gens des Pays Neutre, je ne désirais pas me retrouver coincé dans ce Pays.

[Court aussi, je suis désolé.]

Il y eu un silence étrange. Visiblement, le membre du Clan qui maîtrisait la chaleur compris le froid, l’abime qui nous séparait. Il ne pouvait pas espérer me parler de lui sans risquer de m’en révéler sur Suna, je ne pouvais pas trop parler de moi à cause de la réputation de Suna. N’importe où ailleurs, j’aurais parlé, mais pas ici, pas à Suna. Si un mot de travers, une seule phrase, franchissait mes lèvres par erreur… Qui sait ce que ferait Suna ? Qui sait ce que ferait Suna à ce qu’ils appellent les Gogyou ? Il changea de sujet, complètement, et je me rendis compte comment j’avais mal agis. Il voulait peut-être être un ami, comme il le disait, je devrais lui accorder ma confiance, mais, en même temps, je craignais de tout perdre. Il fallait ce qu’il fallait.

En l’écoutant dire qu’il avait peu voyagé et, surtout, jamais vu la pluie, une expression d’étonnement se peignit sur mon visage. L’idée de ne pas savoir ce qu’est la pluie me sembla si étrange que je parvenais difficilement à me l’imaginer. Le Désert… Oui, je le savais qu’il mouillait peu. Mais l’entendre dire venait de me faire rendre compte de cet aspect… Jamais de pluie. L’idée était absurde, mais je devais avouer que c’était vrai. Sa question, les détails, ses explications… Il était gêné de son ignorance. C’était quelque chose qui attisa presque mon affection, comme un aveu d’une forme de « supériorité », du moins d’avantage, envers un Nukenin. L’avantage de voyager.

- « Ce qui ressemble peut-être le plus au Désert, c’est Yuki no Kuni, l’Étendue Glacée. La température y est rude et, à perte de vu, c’est une couleur unique. Ici, la chaleur empêche de voir au loin, si ce n’est les dunes dans certaines régions. Là, c’est les reflets de la neige qui font un voile invisible. Sur ses berges, il y a des morceaux de glaces si gros qu’on pourrait y placer des maisons. C’est bruyant, on entend le vent, la neige partout. La glace se dépose sur chaque morceau loin de la chaleur du corps. »

Il pouvait se faire un portrait de ce Pays. Bien sûr, je ne pouvais pas me vanter de les connaître tous. Certains voyageurs avaient erré bien plus longtemps que moi, certains connaissaient la plupart des Pays comme leurs poches. Cependant, je pouvais lui faire un portrait général. En pensant à l’étendue enneigée, je pensais à la mer.

- « Certaines personnes disent que la mer est un désert d’eau. J’y ai peu voyagé, mais sur les côtes, ça n’a rien à y voir. La ligne d’horizon est si régulière et la brume parfois si épaisse, qu’il n’y pas d’erreur possible. Le vent y est continu, il transporte une odeur de sel. Il y a dans l’air une humidité presque pluvieuse qui rafraichit et la matin qui de transi dans les os. »

Pourtant, en parlant, je le faisais avec enthousiasme. Ce que je décrivais pouvait sembler dur, voir effrayant, mais dans les âpretés de ces paysages, je ne parlais pas de dangers, je parler de ce qui les transformais. Comme Suna était fière de la dureté de son territoire, mais il y avait dans ses détails sur ces territoires une sauvagerie, une certaine pureté, propre à chaque région ou presque.

- « Mais le Pays qui t’impressionnerait plus ce serait Taki no Kuni, le Pays des Cascades. C’est petit et les nombreuses vallées donnent l’impression qu’il suffit de quelques pas pour sortir, alors qu’on ne fait que tomber dans une nouvelle vallée. Presque dans chacun d’elle, venant des petites montagnes qui l’entourent, il y a une cascade qui plonge au fond. Certaines vallées ont tellement une cascade puissante, qu’elles sont presque remplie de brumes. Le jour, on y voit peut de l’extérieur. Mais au matin et à l’aube, durant quelques minutes, quand le soleil est à une certaine angle, les vallées brumeuses semblent scintiller, les gouttelettes de pluie vu de l’extérieur font comme des joyaux minuscules dans l’air. »

J’aurais pu en parler pendant des heures. J’aurais pu lui parler des grandes plaines de Kawa no Kuni, qui s’étendaient en infinie, avec leur rocailles qui sortent. J’aurais pu parler des arbres de Konoha, visiblement de si loin qu’on se demande si ce n’est pas un tour des yeux, des hautes bâtisses d’Ame no Kuni, des grottes de Tetsu ou de montagnes de Tsuchi.

Il m’écoutait et je parlais. J’étais fier de le voir boire mes paroles, j’avais la fierté de celui qui a une vie belle et épanouissante. Ce n’était pas un désir de lui jeter à la figure, non, en lui parlant j’en prenais conscience et j’en éprouvais de la fierté. L’âpreté des voyages, la relative pauvreté, l’absence de maison, tout cela me semblait une vaste blague qu’on raconte aux enfants pour les garder chez eux. Pourtant, elle était réelle, mais elle en valait le coup. J’en oubliais où j’étais, j’ignorais s’il me manipulait, l’idée me vînt à peine. J’oubliais Suna, les Villages Cachés, non, je parlais de merveilles qui les éclipsaient. Quand il me posait ses questions, il avait le même flot de parole, enfantin. J’en oubliais les brûlures.

- « Non, quand il fait assez froid, elle prend du temps avant de geler, même sur la peau. Parfois, ta propre sueur, l’humidité sur ton corps, forme une mince couche de givre. Parfois, c’est si froid que ça brule ou pique comme une lame. Et, non, la glace n’est pas transparente, parfois, elle est si épaisse que même la lumière ne la franchit pas. »

Son regard pétillait, il me posait des questions, mais il devait en oublier autant, sinon plus. Moi aussi, en lui répondant, j’oubliais tous les détails dont j’aurais pu lui parler. En parlant, j’oubliais l’inconfort des brûlures et je descendis du lit pour lui parler, me tenir debout. Je me mis à faire des pas à droite, puis à gauche, répondant à ses questions, parfois en me retournant vers lui.

- « Tous les hommes devraient avoir peur de la mer. Ce n’est pas sa profondeur qui est effrayante, ni ses mystère, au contraire, c’est ce qui fait sa beauté. Le peu de temps que j’y ai été, tu te sens seul, mais libre. Tu peux aller où tu le souhaites, sans jamais savoir quand tu verras une limite. C’est cela qui est effrayant, cette liberté, cette possibilité de n’avoir aucune limite et de faire ce que l’on souhaite… Tu te trompes, le Pays des Cascades ce n’est pas ça, c’est plutôt un voile qui blanchit, réduit la vision, mais, semble, luire. Et les arc-en-ciel, il y en a beaucoup, mais elles ne sont pas rares où il y a la pluie. »

Je m’arrêtais de parler, le souffle un peu court. La douleur à la poitrine se faisait sentir. Rien de dangereux, mais assez pour me surprendre. Je pris quelques grandes inspirations en me rapprochant du lit, m’éloignant de lui pour éviter tout geste de soutien. J’étais essoufflé d’avoir parlé, il fallait dire que les bandages étaient si serrés que mon torse se gonflait difficilement. C’était un peu humiliant. Je me retournais vers lui, hésitant une seconde. Les mots franchirent mes lèvres presque avant que je ne puisse vraiment voir toutes les aspects de la question. Je parlais à voix basse.

- « Je ne sais pas si je peux te dire cela… Mais si tu veux, je ne sais pas comment, sans abandonner Suna, tu pourrais venir avec moi. Présente cela honnêtement, une chance d’apprendre sur moi et sur le monde, peut-être sur des Nukenins. Je veux seulement que tu me fasses un serment : rien de ce que tu apprendras sur moi pendant ce voyage ne devra être rapporté. J’ai… Une mission, rien de bien important pour toi ou les Villages, mais pour moi… Oui. Elle durera probablement plusieurs mois… Demande à Suna si tu veux, vient avec moi. Tu verras tout cela, tu apprendras et tu pourras revenir ici ensuite. Tu n’auras qu’à me rejoindre aux Portes du Village dans 3 jours... Si tu es là, je considérerai que c’est oui. »

Je le fixais un instant. Ce que je venais de lui proposer était difficile à accepter pour un Village Caché. Ce n’était pas de la désertion, il reviendrait, mais ce voyage durerait longtemps. Je savais que, au fond, peut-être, je lui en demandais beaucoup. Je fis quelques pas vers mes affaires et les ramassa précipitamment. Je les fourrais, malgré le bruit, dans mon sac, avant de sortir de la chambre. Les brûlures me faisaient mal, mais j’avais connu pire.

[Je considère ce RP terminé. Si tu dis oui, je te dis que IRL, ce ne sera pas du hors temps. Ce sera énormément de RP ensemble et sur les routes. En gros, on sera un duo le temps que tu juges que ton perso doit revenir à Suna. Tu pourras faire des missions en hors-temps à Suna, mais le reste du temps, on fera du RP en territoire neutre. Savoir si ça passe pour une désertion, à t’organiser avec Suna. ]