J’étais vêtu le plus étrangement possible pour ceux qui me connaissaient moindrement. J’avais abandonné le classique de mes habits, un style n’appartement pas trop à un Konohajin, ni un soldat. Pas aujourd’hui. Je portais l’uniforme de Konoha. Les bottes de cuir, les pantalons à l’intérieur, des poches sur les côtés, des armes sur ma cuisse, un chandail vert foncé, moins que ma veste habituelle, avec la veste servant surtout à fournir des poches supplémentaires et offrant une protection. Après tout, ce n’était qu’une espèce d’armure matelassée. L’avantage est qu’elles coûtaient peu chères et ne faisaient pas de bruit. Kaya s’entraînait quand je m’approchais d’elle.

- « Il y a toujours de l’entraînement, il y a toujours une occasion de s’affûter ou de prendre du repos pour revenir d’attaque, non ? »

Je lui offris un large sourire en penchant la tête de côté. On aurait pu presque croire un chiot si les cicatrices n’avaient pas été là pour donner cette étrange impression de rigidité à mon expression. Lentement, je fis le tour de la jeune femme. Elle connaissait ses armes, je l’avais vu les utiliser. À cette pensée, ma scrutation, qui aurait pu passer pour un regard lubrique sur mon élève, était toute à ces armes. Elles ne m’intéressaient pas particulièrement, mais je devais admettre que sa technique était bonne. Ce qui lui manquait, c’était la capacité de la placer, de l’utiliser correctement, de la transposer à autre chose que des suites de coups. Je sortis de ma pensée, relevant les yeux vers son visage, comme surpris, sortant un peu de mes pensées, en apparences.

- « Je crois que je m’y suis mal pris avec toi. Je te reproche de te concentrer sur la guerre, alors que la guerre devrait servir le reste. J’ai été comme toi et un jour, je me suis rendu compte que j’étais inutile, usé et que j’avais perdu mon temps… »

Je savais que Kaya en rirait. C’était ça les jeunes. Elle n’avait pas tord, je pouvais me tromper. Je me mis à rire. Elle ne voulait pas entrer dans mon jeu, c’est ce qu’elle m’avait dit à notre première rencontre. Elle y était déjà, probablement plus que tous les autres. Je me demandais si elle l’ignorait ou si elle en était consciente. On n’échappe pas à ce jeu, c’est presque impossible. Tout ce qui vit est dans ce jeu tordu. Je pris une inspiration, conscient que mes insipides paroles ne la toucheraient pas. Combien de soldats avaient ris de ce genre du discours, pour espérer ensuite la retraite, l’enseignement ou, finalement, se résigner à continuer, parce qu’après tout quel autre choix avaient-ils ? Le silence s’installa, durant de trop longues secondes. Je pris une inspiration avant de soupirer profondément.

- « Je m’y suis mal pris avec toi, petite Plante. Je te demande de sortir de ton petit monde fermé pour utiliser ce que tu y as appris pour autre chose, mais je ne suis pas entré dans ce petit enclos, probablement rassurant. Alors, j’y entre. Je dois me remettre à jour en Taïjutsu. Tu vas me servir de cobaye, si tu veux bien, et je te servirai de cobaye en retour. Ça te va ? »

Je m’attendais à une attaque brutale, c’était exactement son genre. Ça ou faire semblant de se soumettre pour ensuite essayer de me frapper vicieusement. Une technique que j’approuvais, je devais l’admettre. Je considérais qu’il y avait un accord tacite, mais Kaya était instable, Onpu me l’avait bien montré. J’écartais les bras devant les quelques secondes de silence, avant de les laisser retomber, pour lui signifier que j’attendais une réponse.

Elle échangea quelques mots moqueurs avant d’attaquer. Elle commença par sauter pour me donner un solide coup de pied dans la poitrine. J’aurais pu tout simplement lui saisir la jambe, m’attendant à ce genre de violence « surprise », mais je me contentais de plier le haut du corps vers l’arrière, de ce mouvement typique de ma personne, mais parfois involontaire. Je me contentais ensuite de me déplacer sur la gauche pendant qu’elle pivotait pour tenter de m’assumer un solide coup de pied au visage. Cette esquive était beaucoup trop large, trop de mouvement superflu.

- « Tu es prévisible, Kaya. Tu t’attendais à un coup foireux de ma part alors qu’il n’y en a pas eu. Il faut éviter d’être à tout prix surprenante. »

Elle se contenta d’un peu plus d’orgueil. Elle me tendait littéralement une de ses armes. Je me contentais de secouer la tête. Elle se mettait en position, parfait. Je me mis en position et m’approcha de l’arme planté dans le tronc d’arbre. Mais pourquoi la prendre ? Je pouvais essayer de l’attaquer avec l’arme, mais je risquais autant une attaque sournoise qu’elle. Je m’approchais de l’arme, mais avant de la saisir, je me contentais de fermer le poing droit, tendu pour prendre l’objet, et de reculer le coude pour charger mon coup. Mais c’est mon coude gauche, replié qui continua vers son visage. Sans prendre la peine de vérifier si je l’avais touché, je fis un bond vers l’avant, avec une petite roulade, pour me relever en pivotant et lui faire face.

- « Tu as bien raison, je ne connais rien au Kenjutsu. Alors pourquoi l’utiliser ? »

Je me contentais ensuite de reprendre une vieille position datant de l’époque où les soldats n’étaient pas tous des Shinobis, même très peu. Une technique de combat que personne n’utilisait et que j’avais dû adapter au nouveau genre des guerres. Je relevais le bras, comme si je tenais une arme, le coude légèrement replié, la main à hauteur du coup. L’autre main tendue vers l’avant, juste sous le bras au coude plié. Je replaçais un peu ma position pour l’adapter à un duel sans Ninjutsu, un simple recul du coude de la main tendu, pour mettre ma garde un peu plus de côté que face à moi. De vieux réflexes, d’entraînement, presque jamais utilisé e situation réelle, un retour aux souches. Je ris doucement, satisfait et surpris de ces anciens réminiscences.

Elle parlait, je ne pus m’empêcher de ricaner. Elle qui ne voulait pas entrer dans mon jeu, ni me faire entrer dans son « jardin secret », une connotation un peu trop subjective selon moi. La voilà qui parlait, elle parlait comme jamais. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si elle s’en rendait bien compte. Cette fois, je tenais la bonne approche avec elle. Quand elle me lança ces deux armes, je me contentais de les éviter avec un pas de côté pour les laisser se planter dans le sol. Je secouais la tête.

- « Je sais que tu es ambidextre, mais ta gauche est ta préférée. Probablement parce que la plupart des styles de combats sont principalement droitier. Je sais aussi que tu t’entraînes sur ton jeu de jambe, probablement à cause de ta petite taille. Tu préfères utiliser l’impact que la frappe. L’utilisation des jambes, c’est le jeu de pieds. Tu comptes sur l’épuisement de tes adversaires. »

Je pris une grande inspiration en repoussant les armes du pied, un peu plus loin, juste au cas où elle déciderait de briser la règle et recourir à du Taïjutsu. Cependant, elle avait raison : je devrais utiliser des armes. Pas un sabre, mais une dague. Ce qu’elle ignorait, c’est que lors de ma formation militaire à Kawa, on m’avait appris les bases. Elle parlait comme si je n’avais aucun réflexe de Taïjutsu, mais j’en avais. Peu, ils demandaient un peu d’exercice. Je poussais un soupir en réfléchissant rapidement. Les appuis étaient importants. J’en avais.

Je chargeais, en ligne droite, directement vers elle. Elle avait beaucoup plus de porté que moi avec ses armes. Elle utiliserait sa gauche, mais sa droite n’était pas à négliger. Je ne pouvais pas compter sur un manque d’habileté de la droite, je devais me dégager de celle-ci. À quelques pas d’elle, je reculais le bras, comme pour la frapper, mais je me contentais de faire un grand cercle en me glissant sur le côté, à l’extérieur de son corps. Une fois mon bras placé, je poussais du coude juste après le sien, pour l’obliger à refermer sa gauche sur son corps et nuire à sa droite. Elle pouvait tenter une contre attaque, mais à cette istance j'étais à l'intérieur de sa zone d'attaque avec ses armes. D’un pivot sur mes jambes, la main droite fermée comme un serre, légèrement inclinée vers l’intérieur. La tranche de la main risquait de frapper au cou ou la mâchoire, le pouce la tempe et le reste des doigts l’œil. La paume elle pourrait étourdir l’adversaire en changeant soudainement la pression d’air sur son oreille. Une attaque qui ne cause pas de dégât, mais risque de déstabiliser un adversaire qui reste trop proche.

Ma main gauche se posa sur son épaule, mon genou se leva. Je la frappais en haut de la cuisse, juste avant les fesse, avant d’allonge ma jambe pour que mon pied atterrisse juste sous le genoux. Soit elle roulerait, soit elle se retrouvait à genoux. Mon bras droit, qui avait frappé en serre, se glissa le long de son bras pour que mon pouce relevé vienne toucher délicatement sa trachée. Je m’arrêtais ensuite, hochant la tête.

- « Je ne te dirais pas que le Kenjutsu est mauvais, mais pour moi ce serait du gaspille. Je connais toutes les angles de rotations des articulations, tous les muscles, toutes la positions des veines et des organes vitaux. »

Pour moi, l’entraînement était terminé. Je gardais néanmoins les jambes un peu pliée, près à réagir, même si mes mains restaient le long de mon corps. J’avais appris tout ce que je voulais pour le moment. Je me doutais que Kaya ignorerait tout ce qui s’était passé, mais pas moi. Je levais la main en la pointant du doigt, le secouant un peu pour la désigner.

- « Mais si tu me prête ton bras, je pourrais essayer quelques trucs. En échange, tu pourras pratiquer quelques mouvements avec moi. En situation moins « réelle »… »

[Bon, le truc de Taïjutsu, je fais comme si je te touchais, mais tu peux décider de trouver une parade ou d’esquiver. Je vois que c’est un peu juste de faire seulement des descriptions, sans techniques. Pour la pratique de mouvements, on peut le faire InRP ou considérer qu’on le fait sans l’écrire, parce que ça va être surtout un délire où on expliquera nos genre de mouvements et de combats.]

Kaya, au moment où je levais le genou pour la forcer à plier la jambe, se contenta de le lever et bloquer le coup. J’aurais pu opter pour une frappe dans les reins, tenter de la projeté sur le côté, mais je décidais de rompre le combat. Il allait falloir prendre un peu plus de vitesse. Je me contentais de rompre l’assaut. Je restais à la regarder. En guise de réponse, elle leva les bras, puis chargea. Je hochais la tête en la laissant faire, conscient que ce n’était plus du combat, mais de l’entraînement de mouvements. Lorsqu’elle lança les deux kamas dans les airs, je me contentais de les regarder du coin de l’œil, décidé à ne pas me laisser déconcentrer par la diversion.

En quelques pas sautés, elle se retrouva dans mon dos. Elle fit un pivot et me frappa dans le dos. Je pris le choc en l’amortissant d’un pas vers l’avant. Elle sauta rapidement, se retrouvant devant moi. Elle se retourna pour me frapper avec un coup de pied, que j’évitais en reculant d’un pas, puis elle chargea et me frappa dans le sens non tranchant des lames. Je hochais la tête, puis donnait mon avis.

- « Mauvais idée… Si on évite ton coup de pied et fait un pas, on se retrouve sous tes lames, on peut facilement les dévier et t’empêcher de les récupérer. Ensuite, si le coup de pied n’est pas réussi, on peut facilement se mettre à l’intérieur de ta portée avec tes armes. Les kamas ont une bonne allonge, mais des manches relativement sans danger. Ce serait mieux de lancer un seul kama et de garder dans une main une arme plus courte. Et à la réception, je te signales que tu tournes le dos à ton adversaire. »

J’attendis quelques secondes. J’avais bien vu son regard, orgueilleux, jeune. Elle avait certainement une meilleure endurance, ses jambes étaient puissantes et lui assuraient un excellent déplacement. Vu sa petite taille, c’était un choix judicieux. Ça lui assurait un plan de secours contre un adversaire qui n’utilisait pas la portée de ses membres pour attaquer, mais elle s’appuyait sur ses kamas, ce qui la rendait relativement fragile en cas de perte. Pendant sa suite de « taillades », on aurait pu se glisser sous sa portée et tenter une attaque au corps à corps puissante. Si j’avais repris ses propres mots, c’était volontaire. Elle avait un style de combat aérien, mais, à mes yeux, demandant beaucoup d’énergie et offrant beaucoup d’ouverture.

- « Tu n’as pas encore les appuis pour la moyenne et longue portée. Tu devrais développer ton Ninjutsu, ton Genjutsu, peut-être même le Kuchiyose pour te permettre de déborder les adversaires et garder l’espace nécessaire pour faire tes mouvements. »

Et ça, je savais que je ne me trompais pas. Je savais aussi que la maîtrise de ces aspects de l’Art Shinobi était difficile si on n’appartenait pas à un Village Caché. Elle avait le temps de s’affiner, moi aussi. Ensuite, je me contentais de rester silencieux, avant de hausser les épaules, lui signalant que j’attendais ce qu’elle voulait me dire.

Elle continuait. Elle maîtrisait bien les mouvements, mais elle n’écoutait rien. Son style de combat était parfait, selon elle. Elle ne voulait pas entendre qu’il avait des faiblesses, comme tous les styles de combat, inadapté dans certaines situation, parfait dans d’autres. Je me contentais de tordre mes lèvres, donnant une étrange grimace à mon visage, l’air sceptique, mais sans rien ajouter de plus. Elle sortit ensuite un papier blanc, puis se contenta de faire des essaie dessus. Je connaissais bien le papier, ça avait été un de mes premiers passe-temps. Il était extrêmement sensible au chakra, il y réagissait vivement et de manière différente. La première fois, il se chiffonna. Les particules se contentèrent de s’agiter ce qui amena un rétrécissement de la surface. C’était le signe d’un chakra Futon. La deuxième fois, comme si de la cendre était tombé dessus, de petite tâche calciné noircir le papier. Signe que c’était du chakra Katon.

Je me contentais de hocher la tête en essayant de voir où elle voulait en venir. Ça n’avait rien d’extraordinaire. Je me contentais de le retourner entre mes mains avant de le glisser négligemment dans une de mes poches. À sa question, je lui fis signe de s’asseoir sur un des bancs confortables. Je l’imitais en prenant place, le banc se contentant d’être deux racines sortant du sol. J’y coinçais mes fesses en laissant à Kaya le temps de chercher une position du même genre.

- « Tu comprends que le feu n’est pas vivant ? Tu comprends que le feu n’a pas les circuits électriques nécessaires au fonctionnement d’un cerveau ? Je veux juste être sûr. Ces élémentales sont supposés être des créatures uniquement formé de feu, d’eau, de terre ou d’air normalement. Ce sont des « créatures » supposés représenter leur élément, en colère d’être ici. »

J’affichais clairement mon scepticisme. Je ne niais pas que certaines choses peuvent sembler magiques, invérifiables, mais d’expérience, après des années d’études, surtout avec l’utilisation grandissante du chakra, on découvrait que cette énergie expliquait de nombreux phénomènes. Pour beaucoup, ce n’était qu’une nouvelle manière de faire la guerre, mais le chakra expliquait beaucoup de mystères de la nature. C’était encore une aspect dans les recherches très peu exploré et les découvertes ne se faisaient qu’à travers d’autres essaies pour maîtriser des techniques de combats.

- « C’est effectivement une légende de Kawa no Kuni. Ça dépend des régions. Elle a subi des modifications. Tout ce que j’en sais, c’est que ce serait une concentration d’un élément en colère, apparaissant parfois ici et là où la terre, enfin, la nature, est meurtrit. »

En parlant, je me contentais de faire des moulinets de ma main. J’aurais dû apporter ma pipe, mais je ne l’avais pas fait par crainte de la briser. La vérité, c’est que ce que je racontais me semblait sans intérêt. Les fantômes, les monstres, les créatures légendaires qui ne trouvaient pas d’explication autre que « c’est un mystère » me semblait digne des enfants, de ceux qui voulaient plus du monde. Parfois, je m’amusais à leur trouver des explications, des théories farfelues, mais jamais je ne leur accordais une aura de surnaturel.

- « Il y a eu beaucoup de guerre… Ça peut avoir un lien avec le chakra. Je veux dire, c’est une forme d’énergie universelle, donc probablement, les éléments peuvent en contenir. En quoi ça donne une volonté ? J’en doute, sincèrement, mais je suis bien placé pour te dire que le chakra reste dans les morts, une partie, c’est très mécanique. Peut-être les actes ou la psychologie des individus restent sous une forme de chakra, ce qui permet une utilisation. Ça expliquerait ces élémentales, souvent très destructeurs, des restes de chakra des morts durant la guerre qui les formeraient. Sinon, il y a des gens très « intimes » avec les cinq affinité partout hors des Villages. »

Je le regardais, me demandant si mes explications le satisfaisaient. J’en doutais. Elle voulait que je lui dise ou les trouver ? Si je le savais, je serais le premier à les examiner, juste pour comprendre le fonctionnement du chakra sur des objets inanimés. Enfin, je posais la main sur mon genou, pianotant, un peu agacé par ma propre curiosité enfantine à ce propos. J’attendais la suite.

Mes paroles laissèrent quelques secondes de flottement dans la conversation, un silence. Loin de ceux que j’avais rencontré, loin d’une réflexion, d’un jugement, non, c’était simplement une brève discontinuité. Je vis de délicats changements s’opérer sur le visage de mon élève. Sans pouvoir en identifier toutes les raisons, j’aurais presque pu parler de rêverie. Soudainement, les traits de la Plante retrouvèrent cet air impassible, mais étrangement dur, très incongru chez une jeune femme de son âge. Les paroles qui suivirent me frappèrent, pas à cause de leur sévérité, pas à cause de leur importance, mais bien de leur puérilité.

- « Tu as quelque chose en commun avec ces choses ? Détrompe-toi, ces choses. Si elles existent, sont un purs produits de leur créateur, rien de plus. »

Son âge me frappait. Ce n’était qu’une adolescente avec une haute opinion d’elle-même. Soudainement, je me demandais ce que je pouvais lui trouver. Elle était instable, mais rien à voir avec la créativité, c’était juste un absolu manque de contrôle et de mise en proportion de ses propres sentiments. Je pinçais mes lèvres, retenant une envie de lui annoncer qu’elle n’aurait plus d’équipe. Je pris néanmoins une inspiration profonde et longue, me promettant de réfléchir à la question et de ne pas trop me laisser influencer par mes envies du moment. La seconde phrase me semblait nauséabonde, sans fondement, provoquant un nouvel élan de mépris. Je me contentais de poser mes mains sur l’arbre pour me relever. Peut-être avait-elle raison, peut-être mettrait-elle la main sur sa chimère, mais elle se remplissait d’illusions si elle y voyait une victoire ou un triomphe. Ça n’aurait rien de sacré et de divin. Ce ne serait qu’un autre dieu banal comme il en avait passé des centaines dans l’histoire, que ce soit sous le nom de Roi, de Kage, de Daimyo, de Seigneur de Guerre ou de Maître.

- « Le Destin n’a rien à y voir. Tu es une adolescente en rébellion qui croit combattre un univers, une adversité illusoire. Tu es comme chacun des petits et des grands, une particule dans la néant, dans un le chaos. Contente-toi de comprendre et d’utiliser ce que tu apprends… Ce sera déjà beaucoup. »

Je la regardais de haut. Elle serait sans aucun doute provoquée, plus convaincu que jamais par mes paroles. Je le savais. Avec un peu de chance, je me trompais et elle avait raison, je n’étais pas la science infuse. À cette pensée, mes envies de la renvoyer comme une mal propre, brisant les demandes de ses parents pour qu’un Senseï veille sur elles s’envolèrent. Ça n’avait eu aucune incidence sur mes choix en tant que Senseï, ça n’en aurait pas maintenant. Je ne me servirais pas de cette promesse qui ne me concernerait pas comme une excuse. Je n’avais pas plié devant cette demande, je ne m’en servirais certainement pas comme excuse maintenant. Je jetais un regard vers elle, avant de partir, subitement et sans attendre, mettant un maximum de distance entre elle et moi. Il était temps de retourner à mes travaux.

[Terminé pour moi.]