Rang B

Citation :

Un groupe de nukenin a été aperçu non loin de nos frontières. Vous devez vous y rendre, évaluer leur force; et soit demander du renfort, soit les mettre en déroute. Bonne chance.

Non loin de nos frontières, plus exactement entre Kawa no Kuni et Hi no Kuni. Le groupe avait été vu à plusieurs reprises, hors des frontières, mais trop près au goût de Konoha. Il y avait déjà quelques théories à faire, mais je préférais me taire. La raison pourquoi c’était Kaya et Onpu qui le faisait, c’était tout simplement à cause de leur capacité de détection, du moins je l’espérais. Il fallait tout de même avouer que Kaya faisait dans le plus brutal. Avec moi, elle avait bien appris. Diviser pour mieux régner, semer le chaos pour frapper juste. Ma présence sur les lieux s’expliquait par ma connaissance du Pays. Les Nukenins y étaient relativement nombreux, la présence de la grande ville du Pays y était pour beaucoup.

Nombre de criminel, dans cette foison urbaine, y voyaient une source d’argent. Ajoutez à cela une armée qui, sans être une de Shinobi, avait fait ses preuves et s’était dissoute à la fin des conflits, vous vous retrouviez avec des anciens soldats ayant une formation des techniques militaires de base capable de s’engager au plus offrant. Il suffisait de les laisser quelques années en paix, comme on l’avait fait avec moi, pour voir apparaitre des Nukenins pures souches. Des gens, sans appartenir à aucune puissance Shinobi, avaient fini par développer certaines techniques qui y ressemblaient, comme je l’avais fait. Kaya en était un produit, j’en étais un produit, On’s aussi.

Rapidement, j’avais fait mon sac, troquant mes habits propres pour mes vieilles guenilles, pas encore usées, et mon manteau long et polyvalent. Je me sentais comme la veille de mon départ, nouveau Nukenin. J’ignorais comment les autres réagiraient. La présence de Nukenin, potentiellement assez puissant pour représenter une menace, était une source d’inquiétude non négligeable. Leurs contrats ou les raisons de leur présence l’était aussi. Nous pouvions avoir affaire à d’important trafiquant à de simples troupes de mercenaires venus examiner les frontières pour vendre ces informations. En apercevant la Plante Verte et Onpu aux portes du village, je les saluais d’un hochement de tête.

- « Je ne sais pas pour vous, mais Kawa est un terrain connu. À quelques kilomètres des frontières, se trouve un territoire très étendue, originalement appelé « la Ville »… C’est une grosse métropole. Des théories, des plans, une manière de procéder, je vous écoute. »

En parlant, je fouillais une poche avec acharnement jusqu’à parvenir à coincer ma pipe entre mon index et mon majeur. La faisant glisser hors de la poche, je la mis au coin de ma bouche et les observait à tour de rôle, avant de réaliser que la situation pouvait être tendu. Je pris une grande inspiration avant de me tourner vers On. Après un long silence, je me contentais de hocher lentement la tête.

- « La Plante y est allé un peu trop fort, la dernière fois, dans ton magasin. Je te fais toutes mes excuses. J’approuve la leçon, mais je préfère un peu d’humiliation à la violence physique. Ça reste plus à l’esprit… Je voulais te présenter personnellement des excuses. »

Je restais silencieux, en attendant sa réponse, pour m’assurer que je m’étais bien fait comprendre. Je savais que Kaya était dangereuse, souvent incapable de prendre conscience de la portée de ses actes, même si jusqu’à maintenant ça lui avait bien servi. Cependant, cet incident me faisait redouter le pire à propos de la femme au caractère végétal. Je me doutais qu’elle était sur une pente descendante, dangereusement glissante, et cette attaque me l’avait bien prouvée.

Onpu était clairement une personne simple. Pas au sens de l’esprit simpliste, mais contrairement aux débuts d’Iji, il n’avait pas tendance à chercher des idées un peu trop farfelues sans rien pour s’appuyer. Il fallait dire que l’ordre de mission était relativement plus simple que celle faite avec Iji. On’ semblait aussi un peu méfiant, il ne semblait pas juger nos paroles comme rassurantes vu le petit regard de Kaya à moi. Je devais bien admettre qu’il n’avait pas tort. L’expérience avait déjà fait son chemin. Je hochais la tête satisfait. Par contre, la Plante commençait à faire des caprices de petites princesse. Pendant un instant, je pensais à bien la remettre à sa place, question de lui faire comprendre, mais je me rappelais que j’avais opté pour une autre méthode. Je souris et haussais les épaules en me mettant en marche devant elle.

- « Passe devant, la Plante, on pourra bien regarder la seule chose que tu as à offrir. Au faite, c’est normal que tes jambes soient raides ? »

J’échangeais un regard avec Onpu. C’était un détail, mais j’étais devenu un véritable spécialiste du corps humain. Les mouvements un peu large pour éviter que tel ou tel muscle de la cuisse ne force trop, c’était typique des entraînements. Probablement un peu trop d’acide dans les muscles, le muscle devient irrité. Il fallait aussi dire que je la gardais à l’œil et je savais qu’elle s’entraînait durement, presque maladivement et inutilement à mes yeux. J’espérais qu’elle comprendrait que ça ne lui suffirait pas avant de se faire bastonner. Je la regarder traverser la rivière à pied, curieux de voir si ses petites douleurs rendraient la traversée plus difficile. Je désignais mon oreille, puis Onpu, et lui fit signe de passer devant avant de lui emboîter le pas. Profitant de la tension de surface, j’avançais sur l’eau jusqu’à la rive.

- « Il va falloir tendre un piège aux intrus. Les amener où il faut pour les examiner. Ensuite, on déterminera s’il faut attaquer ou chercher ailleurs. Puisque Kaya veut dormir, elle fera l’appât. Elle n’aura qu’à avoir l’air démunie en rangeant les kamas. »

Je me tournais vers Onpu. C’était à lui que revenais la surveillance de la zone à ce moment. Pour le moment, il fallait trouver un endroit. Les Nukenins prêt de Konoha pouvaient effectivement venir d’un autre Village, ce qui était fort probable. Les tensions avec Suna étaient fortes, mais j’ignorais si c’était dans leurs habitudes. Nous marchions depuis plusieurs heures, à la recherche d’un endroit offrant une fuite facile à des adversaires de Konoha, une cachette pour leur permettre de fuir, une zone rocailleuse facile à défendre temporairement en cas de poursuivants, etc. Ce genre de détails que je connaissais sur le territoire de Kawa. Il y en avait en tout une dizaine d’endroit, tout au long de la frontière, mais dépasser Kawa, vu la taille des pays, pouvait être difficile pour une troupe de Nukenins en surveillance. Ce n’était pas impossible. Nous verrions bien.

Onpu était concentré, la pluie tombait. Je fronçais les sourcils. La pluie n’était pas rare à Kawa no Kuni, mais elle n’était pas aussi soudaine. Les vastes plaines, la ville, les régions montagneuses rendaient le déplacement des nuages subits plutôt rare. Le peu de présence de vent hors des plaines y participaient pour beaucoup. Je le savais, ça avait été souvent un problème lors de l’utilisation de mes poisons. Je tendis les mains pour recueillir la pluie, avant de les laisser retomber à la question de notre invité. Je haussais un sourcil.

- « Un trou à Nukenins ? N’importe quel endroit peu surveillé fait, de la ville au village… Les grottes ne sont pas nécessaires. »

Effectivement, j’avais été un peu agacé. À croire que j’avais vécu dans un trou toute ma vie. Je pris une inspiration avant de lever la main dans la même direction qu’Onpu et pointer plus loin. Je fis bouger ma main de gauche à droite pour désigner une ligne un peu plus large que la position.

- « Il y a là bas une région qui alterne une plaine rocailleuse, avec des monceaux de roche sortant du sol, un peu comme des dents, et qui possède quelques boisés de tout au plus une centaine de mètres carrés. C’est un endroit parfaite pour surveiller les alentours, se cacher ou fuir discrètement. »

Je les laissais prendre de l’avance. Se parler, échanger quelques mots. Kaya semblait étrangement ouverte et obéissante. Je plissais les yeux, conscient que quelque chose clochait. Je pris une inspiration. Jamais elle n’avait témoigné une attitude aussi féminine à un homme, du moins, pas devant moi. C’était trop inhabituel. Onpu semblait comprendre tout ce qui se passait. Je souris en coin en comprenant ce que ces deux jeunes avaient en commun. Quand il se rapprocha de moi, je mis mon index devant mes lèvres et hocha la tête. Je pris le mot et laissa Onpu déblatérer son texte, avant de prendre la parole.

- « La pluie est mauvaise et tenace. On déteste savoir que les autres sentent notre odeur de chien mouillé, alors je propose de mettre un campement un peu plus loin. Je vais rester derrière vous pour fermer la marche. »

Je fis ensuite un clin d’œil à Onpu. Je les laissais faire en restant sur mes gardes. D’ici quelques heures, la pluie relativement froide pourrait faire se lever de la brume. J’avais deux choix, créer une brume assez épaisse pour que les gouttes de pluie perçoivent mal mon corps, me clone et profiter de l’effet de surprise. Sinon, il fallait créer une situation de conflit, imaginaire et fausse, pour justifier une lever de protection bloquant la pluie. Il fallait ensuite profiter de cette levée pour faire croire notre mort. Je pourrais toujours demander à Kaya de faire mine de se faire attaquer, de diriger le clone vers moi, lever ma protection, créer un clone à mon tour, nous battre quelques secondes, avant d’en faire disparaître un et de laisser mon clone au sol. Ensuite, le véritable Suguato ou Kaya pourrait s’éloigner en se faisant passer pour l’attaquant survivant. La deuxième solution, complexe, pouvait faire le travail avec plus d'efficacité. Je fis quelques pas rapidement vers Onpu, puis pointait Kaya, moi ensuite, et mes oreilles, avant de le laisser la rejoindre.

J’étais assis, au loin, mâchonnant ma pipe éteinte. Allumé, j’aurais été repérable à des centaines de mètres à la ronde avec la braise. Sans parler des autres méthodes de détection. La pluie avait cessée pendant la nuit, mais j’étais trempé. Je réfléchissais au comportement de Kaya, mais aussi à On’. C’était un jeune homme surprenant, un peu trop enfantin, mais curieux, avec une soif d’apprendre. Je regardais Kaya se réveiller, puis se jeter sur le jeune mélomane. Je poussais un petit soupir. Elle était définitivement instable. On’ réagit au quart de tour, commençant un délire étrange. Ils se battaient maintenant… Ils se battaient ?! On’ allait la frapper avec un instrument de musique ?! Je me redressais vivement, devant serrer les dents sur ma pipe pour ne pas la faire tomber. Jamais il n’aurait fait ça, peut-être même avec une menace de mort. Je l’imaginais bien serrer un instrument comme un enfant au lieu de le briser pour vivre. Là, il allait le briser pour la frapper.

Je me mis immédiatement à observer les alentours. Je me doutais qu’ils attaqueraient, mais pas de cette manière. Soudainement, une silhouette attira mon attention. C’était un homme mince qui admirait le spectacle des deux Genins manquant de s’entretuer. Il n’aurait pas attqué seul, on parlait d’un groupe de Nukenins. J’avais le choix : rester ici ou attaquer le type. En une seconde, ma décision fut prise. Je me baissais et commençais à descendre la colline. L’homme était trop occupé par les deux Genins. J’avançais courbé, l’herbe s’écrasant sous mes pas. Je mesurais les mètres mentalement me séparant de lui, redoutant l’attaque d’un deuxième adversaire. Au lieu d’approcher, je m’arrêtais. Je sortis une dague et fit quelques pas à la course. L’homme réagit immédiatement, arrêtant d’admirer son œuvre. Cependant, il n’attaqua pas. Il se contenta de reculer d’un bond. Soudainement, les herbes sur sa gauche dessinèrent l’avancée d’une créature. Avant que je ne touche le sol, elle se lança dans la trajectoire de mon atterrissage.

Le grognement d’un porc m’indiqua que la créature venait. J’eus juste le temps de faire basculer mon corps vers l’arrière alors qu’au-dessus de moi, un drôle de créature velue, mais humaine, traversait mon ancienne trajectoire. Quand mon dos toucha le sol durement, le souffle me manqua, alors que j’essayais de rire. Rapidement, en me roulant sur le côté, je me relevais. L’homme qui regardait les deux Genins était presque sur moi, je me contentais de lancer mon kunaï de ma main gauche, qu’il évita facilement avec un pas de côté. Sans reculer mon poing pour préparer un coup, je levais la main. Les étincelles jaillirent sur le visage de l’homme, une technique simple développé des années avant, l’obligeant à détourner les yeux. Je pris alors son poignet de ma main gauche, pivotant un peu sur moi pour appuyer à la jonction de son bras et de son épaule de ma main droite. Pour éviter de voir son bras brisé, par réflexe, il tomba à genoux. Ma main droite, tenant toujours la dague, glissa sur son épaule, mon coude appuyant sur sa nuque quelques secondes. En ramenant vivement la dague contre son coup, je lui traversais la trachée.

- « C’est bon, les deux jeunots ?! »

L’utilisateur de Genjutsu mort, il restait le problème de l’autre. Et de potables renforts, parce que 2 ce n’était pas un groupe de Nukenins pour moi. À ce moment, un choc derrière les jambes me fit me renverser sur le dos. Je sentis la musculature dure, alors que je roulais sur le dos de l’animal, arrachant quelques poils en m’agrippant. En relevant la tête, je vis un sanglier, énorme, renifler. Espérons que le duo de batailleurs se magnait le cul. Cette pensée me fit rire fortement, assez pour que l’homme-sanglier se sente insulté.

Je ne savais pas trop ce que les deux jeunes faisaient, mais ils ne se magnaient pas assez. Je ne pouvais pas trop les voir de où j’étais, le petit escarpement rocheux m’empêchant de voir le campement de ma hauteur. Je voyais la flamme du feu de camps. Au moins, je ne les entendais plus crier, alors soit un était mort, soit j’avais abattu le manipulateur à temps. L’animal chargea encore une fois dans ma direction, mais avec l’effet de surprise disparue, ce fût beaucoup plus facile. Je fis quelques mûdras, le sanglier me chargeait. Je fis un bond en arrière pour gagner quelques secondes. Le corps de son allié se jeta, tout bonnement, en agrippant le cou de l’animal. La course fut déviée de quelques centimètres, juste assez pour que je puisse éviter la charge.

Le cadavre ne tarda pas à lâcher prise et rouler au sol. L’animal allait me charger, jusqu’à ce que la lame d’On’ se plante dans le dos de l’animal. Il hésita une seconde avant de charger dans ma direction, visiblement furieux contre moi. Sa course s’arrêta net alors que On’ manqua de trébucher vers l’avant sous l’effet de l’impact. L’animal trébucha, la chaîne autour de la patte. Je m’apprêtais à bondir, quand je vis l’animal se contorsionner douloureusement au sol. C’était typique des chocs électriques. L’animal chargea pathétiquement, cette fois, Onpu le termina d’une nouvelle série de convulsion. Je dus m’approcher du jeune homme, ce qui sembla l’arrêter dans son élan.

- « Ne t’inquète pas, il faut évaluer le groupe… »

En disant cela, j’eus un sourire carnassier, étrangement naturel comparativement à mes autres expressions. Je hochais la tête, d’un air entendu avec Onpu, espérant qu’il comprendrait que Ça impliquait des tortures. Je me tournais vers Kaya pour la chercher des yeux. Tout reposait sur la Plante Verte maintenant. Il fallait qu’elle puisse assurer notre fuite. Je m’approchais du porc, sortant une étuis de cuir de ma veste. Je l’ouvris, examina un peu le contenu, plusieurs longues aiguilles. J’en sortis une, l’examinant en plissant les yeux malgré la nuit, avant de me pencher sur l’homme. Je vidais le contenu de l’instrument médical dans sa cuisse, vers l’intérieur, dans sa veine cave. La circulation ferait le reste. Ce n’était pas un poison puissant, mais avec le choc qu’Onpu venait de lui administrer, l’effet du somnifère devrait nuire à un réveil impromptu.

- « Maintenant, la Plante, c’est toi l’éclaireur. Il faut partir avec le corps le plus vite possible. »

D’un geste le cadavre de l’allié se leva, encore « vivant » malgré la roulade au sol et s’approcha du corps. Je fis signe à On’ de me tendre sa chaîne. J’attachais les chevilles de l’homme animal, alors que le cadavre de son allié se mettait en marche, prêt à le traîner sur le sol, sans aucune considération pour le vivant. Une partie de la chaîne tenue par le cadavre, l’autre cheville tiré par moi. À deux, nous pouvions avancé relativement vite. Peut-être assez pour nous cacher. Je me tournais vers Kaya pour m’assurer qu’elle était prête à tenir son nouveau rôle, puis, avec un simple regard en coin, je vérifiais que le deuxième utilisateur du Son soit debout.

- « Tu te souviens de ma description du terrain ? Alors trouve nous une cachette pour la nuit, rapidement, on verra ensuite pour s’installer pour ma besogne. »

Immédiatement, je la suivis, au moindre mouvement, traînant le corps inanimés de l’inconscient, la mort à mes côtés, comme toujours, Kaya devant pour éclairer, On’ près de nous pour fermer la marche. Une cachette, vite, ensuite, un autre genre d’épreuve pour les deux Onkyôton. Kaya, peut-être me surprendrait-elle avec une réaction plus humaine que ce à quoi je m’attendais ? Et On’ ? Sa colère envolée, peut-être éprouverait-il des remords ? Nous le serions bien assez tôt.

[Moi, je propose de faire un tour où nous nous cachons, ensuite… On torture. Je peux le faire, Kaya et On’ pourriez vous amuser à faire réagir le Nukenin dans vos posts et votre propre réaction. On finirait là-dessus.]

Je détachais le corps de l’homme. Tout au long du voyage, sa tête avait rebondit sur le sol derrière nous. Il saignait un peu du cuir chevelu, des entailles mineures, mais qui saignaient beaucoup. Je détachais le cadavre avant de le faire partir. Le clone mort tituba mollement vers la sortie du campement pour s’éloigner avec plus de rapidité. Il s’éloignerait de quelques centaines de mètres avant de retomber inerte au sol, quelque part dans la plaine. Parmi ces Nukenin, avait-il des amis ? Peut-être, je l’ignorais. Il finirait là, pourrissant à la chaleur, sa charogne dévoré, à moins qu’on ne le trouve avant, son ultime participation à la guerre, en tant qu’emprunte. Quand Kaya alluma le feu, je laissais quelques minutes à On’ pour se réchauffer, question de lui laisser reprendre des forces, se rassurer et éviter la maladie. Quand ce dernier s’approcha de moi, qui regardais fixement notre prisonnier, je me contentais de me tourner vers Kaya, soudainement sérieux.

- « Éteins le feu, il ne faut pas être repéré. Tu vas rester près de nous en cas de besoin et monter la garde. »

Je sortis de ma poche un petit parchemin. Je le déroulais et le déposais au sol. La pleine lune, sans la pluie, rendait facile l’observation. Je fis quelques mûdra et posa la main sur un des rayons plus allongés du cercle. Une légère fumée s’échappa et une serviette de cuir, replié en trois, d’environ un mètre carré, apparu. Je la dépliais lentement, dévoilant des outils chirurgicaux, certains très inquiétants. Des pinces incurvées ou pointues, des tiges pointues, des forceps métalliques, des aiguilles, une espèce de poche rempli de liquide, de longs tuyaux transparents, des scalpels, etc. Je pointais le haut à droite en haut de la serviette, puis je fis les rangées de gauche à droite. Il n’avait pas le temps d’apprendre tous les noms.

- « Ça commence à 1 et ça se termine à 33. Tu me donnes l’instrument que je te demande. Maintenant, tu vas l’attacher pendant que je me prépare. »

Je me penchais et pris la poche. L’homme était encore inconscience et c’était suffisant. Des yeux, je cherchais un endroit en hauteur. Une branche ferait l’affaire. Je perçais le haut de la poche, la partie ne contenant pas d’espace pour le liquide. Je vissais précautionneusement l’aiguille au bout du tube, attendis, quelques secondes, que l’air en sorte. Ensuite, avant que l’homme ne s’éveille, après les liens de On’, je plantais délicatement l’aiguille juste sous le pouce, le long de la veine. Comme ça, il serait difficile de la décrocher. Je pris mon étui avec les quelques aiguilles, choisi une autre seringue. La glissa dans l’endroit prévu à cet effet de la poche et poussa le liquide. Ce médicament provoquait l’éveil, empêchait de dormir sans anesthésiant. L’écoulement constant devrait permettre d’allonger l’effet. Je me penchais devant l’homme en attendant son réveil. En ouvrant les yeux, il tenta de bouger, avec fureur, avant que les douleurs musculaires d’On’ le rappel à l’ordre.

- « Les cellules nerveuses sont de longs filaments. Ce sont parmi les plus grandes cellules existantes. Chacune a pour but d’offrir une connaissance au monde à travers le corps et de transmettre les signaux de réaction. Il y a assez de veines et de vaisseaux sanguin pour faire plusieurs fois le tour du monde, dans chaque personne, 18 mètres d’intestins retenu par aucun muscle ou filaments et une personne perd conscience par manque d’oxygénation ou par distorsion des signaux électriques du cerveau. »

Je ne souriais pas. C’était très professoral. Je ne devais pas jubiler, ni en donner l’impression. Je n’en avais pas envie en fait. La torture n’était pas un acte révulsant, horrible, à mes yeux, elle était cruelle. Certains le faisaient certainement par plaisir sadique, dans mon cas, contrairement à ce qu’aurait pu penser les deux Konohajins, il n’y en avait pas. C’était l’indifférence. Si l’homme pensait que je risquais de le tuer même avec les informations, c’était fini. S’il pensait que j’avais pitié, il voudrait m’attendrir. Je me relevais et attira l’attention du prisonnier sur la poche de soluté. Ce n’était que de la solution saline et un médicament pour le garder éveillé, mais pas besoin de le préciser. Je tapotais de l’index la poche.

- « C’est un médicament qui force la conscience. Je pourrais te torturer juste avec cette poche, mais certains moyens nous en empêchent. Alors… Numéro 8. »

Je tendis la main vers On’. Le numéro 8 était une longue tige de métal, non pointue. Je fouillais dans mon sac et sortis des vêtements de rechanges. J’en tirais une longue bande en les déchirant au kunaï, avant de me pencher pour les tremper dans un ruisseau. L’homme me regardait avec interrogation. Je roulais ensuite le torchon autour du bout de la tige, l’autre main gardant une partie de la bande de tissu. En guise d’explications, je déposais l’outil improvisé à côté de l’homme. Je fis signe à On’ de me tendre un instrument en lâchant « numéro 3 ». Je me penchais devant l’homme et pris le scalpel. Je le posais contre son ventre charnu. Il me regardait avec défi. Sans aucune provocation de sa peur, avant qu’elles ne commencent, je plantais légèrement le bout de la lame en angle pour me glisser sous sa peau. Ensuite, je la ressortis et fis des zigzague en frôlant son ventre, sans le blesser.

- « Tu savais que la parois gastrique est très fragile ? L’acide quelle contient à une force étonnante, bien au-delà de ce qu’on pourrait croire. La paroi y résiste à cause de la composition précise de l’acide et de cette paroi, mais pas le tissu. Tu savais qu’après à peine quelques heures, tu tissu en contact avec la paroi de l’estomac y adhère. Il suffit de tirer pour arracher une très fine couche. C’est douloureux, mais le pire, c’est que pendant des heures, tes acides vont ronger la partie de l’estomac découvert. Pas mortel, mais douloureux à vie, sans nourriture. »

Je me saisis brusquement de sa main et l’écrasa au sol. Avec mon genou dessus, je la maintenais en place. Si l’homme avait crié de surprise, maintenant, il serrait les dents. Je me retournais vers lui, puis je fermais les yeux une seconde. De ma main, je tâtonnais à la recherche du pouce que je mis à plat le sol. Je le regardais, fixement, comme un animal sauvage qui regarde curieusement une vache, animal facile, mais inconnu. Je secouais lentement la tête, puis je me tournais vers sa main et, avec le scalpel, glissant sous son ongle. Le saignement fut lent avant de commencer, mais abandon. L’homme se crispa les mains, mais je l’écrasais trop. D’une torsion, je fis décoller son ongle, le cassant près de sa naissance. Je me tournais ensuite vers lui, alors qu’il soufflait, des larmes se mêlant à son visage. J’essuyais mon doigt tâché de son propre sang sur son front.

- « Je vais te casser le bras. Ça évitera que tu bouges. Chaque soubresaut va déclencher une nouvelle douleur quand je t’arracherai les autres ongles. Je me demande ce que tes « alliés » feront d’un manchot ? Maintenant que tu comprends ce que je peux faire, je t’explique ce que tu peux faire pour arrêter. Tu me parles des autres, ensuite, je te libèrerai. Tu te dis que je mens ? »

En parlant, je lui saisis le bras, presque tendrement. Devant sa résistance, j’insistais. Après quelques minutes de tendre insistance et d’arrêt, il comprit que je pouvais parfaitement le faire, que ça ne donnait rien de résister. Il venait d’oublier tout le reste. Il pleurait, le menton sur son corps. Je levais le bras et attacha un mince fil de fer, que j’avais demandé à Onpu, à son poignet. Assez pour donner l’impression que sa peau serait tranchée. Ensuite, je fis passer le fils à une branche, fis passer son bras vers l’arrière et tira sur le fil. Le bras se retrouva dans une clef de bras douloureuse, ferme, qui pouvait lui taillader durement les poignets, mais ne pas le tuer. Je mis mon pied sur le bas de sa tête, le talon planté sur sa nuque. La simple pression était douloureuse.

- « Je pourrais décrocher ta tête de l’atlas, ta tête serait décroché, mais tu serais vivant avec un peu d’attention. Tu ne pourrais jamais parler. Où je veux en venir ? Si je suis prêt à te paralyser, faire souffrir ta panse, te briser les membres, te rendre comme mort, sans le faire véritablement, tu ne penses pas que je veux éviter de devoir mettre mes menaces à exécution, que j'ai des scrupules à tuer, mais pas à faire souffrir ? »

L’homme bredouilla quelques mots. Je relâchais la pression sur lui et le bras, avant de faire le tour. Je le regardais de haut, il semblait paniquer, pleurant et pleurnichant. C’était le moment où il se faisait son scénario. C’était le moment que je détestais le plus. Un bourreau cruel le tuerais ou mettrais plus de pression. J’attendis qu’il se calme, relevant la tête vers moi, avec des yeux sans hargne, juste la supplication. Je laissais s’échapper un court soupir avant de reprendre ma position, tirant le fil, mon pied sur sa nuque. L’homme eu des protestations, il avait peur, mais comprenait qu’il avait le contrôle de la situation, alors que moi son corps. Enfin, je l’espérais.

J’avais un peu menti. Le corps de réagirait peut-être pas ainsi, mais l’homme avait une limite. On parle toujours de la volonté trop forte, du corps outil de l’esprit, mais il n’y a pas de séparation. Les hommes meurent et s’éteignent, en même temps que leur corps. Onpu et le prisonnier étaient chacun une digue. Le flot céda chez le prisonnier. Après que son bras se soit déboîté de son épaule, la pression d’être inutile aux siens, probablement par crainte des représailles, mais aussi la conséquence de la torture achevèrent de le faire céder. Il aurait pu se taire et mourir, mais l’homme parlait. Il parlait, car il voulait vivre. Il pensait à lui. Onpu écouta, puis s’éloigna, se brisant lui aussi. Il vomirait peut-être. Je décidais de ne pas pousser le bouchon trop loin, attendant d’en avoir terminé avec le prisonnier. L’abnégation de ce que nous voulons, la réalité est indépendante.

Je relâchais complètement la pression alors qu’On’ séloignait. L’homme s’écroula au sol dans un gémissement, secouant la tête et pleurant. Je fis le tour de sa silhouette prostré au sol. Son aspect vulgaire, sauvage, avait été écrasé, détruite, on aurait dit un enfant. Du mépris ? Aucunement. J’avais du respect. Il voulait vivre. Je décrochais avec une certaine douceur, sans dire un mot, l’aiguille de son bras, après avoir injecté un stimulant. L’homme se réveillerait peut-être des vapes. Il était secoué de sanglots. Je sortis de mon équipement des bandages, replaçait le bras en le faisant hurler. Onpu devait blêmir en imaginant ce que je lui faisais. Je l’attachais, solidement, en écharpe, bandant ensuite ses mains. Les ongles arrachés saignaient toujours étonnamment.

- « Le marché était de parler pour vivre. Tu as parlé… Reste ici, reprends des forces, part après nous. »

En parlant, je sortis quelques provisions et les déposais à côté de lui. Une gourde d’eau fut abandonnée. Il ne semblait pas encore réaliser. Après quelques minutes, les poignets libres, il jeta un regard vers moi. Un mélange de haine, d’incrédulité aussi, mais d’espoir. Je m’arrêtais, mettant fin à l’échange de regards pour sceller à nouveau mon équipement. Je me contentais de hocher la tête avant de retourner vers mon équipe. Immédiatement, je jetais un regard vers Onpu. Je m’approchais de lui, avec un sourire excessivement large à cause des cicatrices.

- « Vous êtes maintenant responsables par association d’un acte de torture, les enfants. Je vous conseille de ne pas passer prêt de lui… »

Je jetais un regard vers Onpu. C’était lui le plus probable à craquer, surtout qu’il ne voudrait pas tout savoir. Une mise au point, comme celle que j’avais faite en formant l’équipe, s’imposait. Kaya, elle, avait déjà vu la guerre et était bien consciente des risques. J’espérais seulement qu’elle profite de ce léger… épisode, pour prendre conscience que sa voie n’était pas celle de la gloire et de la force, mais certainement d’une usure sans non. Nous verrions bien, en attendant, la mission est terminée.