Ces derniers temps, Hayato était absorbé par la création de sa nouvelle marionnette. Il avait eu pas mal de problème avec les pièces en bois commandées depuis Kawa no Kuni, mais à présent, il avait terminé l’assemblage des différents membres. Maintenant, il fallait s’attaquer à la partie la plus importante mais aussi la plus délicate : l’armement. Il avait plusieurs idées en tête et pour une fois, il comptait bien s’éloigner des armes conventionnelles pour quelques innovations, mais s’il dessinait les plans et imaginait leur apparence, ce n’était pas lui qui les créait. Il prévoyait donc d’aller faire un tour chez un forgeron. Ce dernier devrait assembler les pièces métalliques de sa nouvelle marionnette, mais Hayato comptait également en profiter pour renflouer ses caisses de senbons et de shuriken. Il n’en possédait plus beaucoup et il était grand temps de remplir son stock ! Tout cela tombait merveille, car un nouveau forgeron venait de s’implanter à Suna, pas très loin d’ici.

Il emporta donc les plans des différentes pièces dont il avait besoin et prit la route de la forge. Il n’eut d’ailleurs pas de difficulté à trouver l’édifice, ce dernier surplombait la plupart des bâtiments aux alentours avec son immense cheminée. Lorsqu’il arriva devant l’enseigne, il frappa machinalement à la porte, avant de se rappeler qu’il ne devait pas s’attendre à ce qu’on vienne l’ouvrir. Après tout, il était un client et devait entrer dans la forge pour y passer sa commande. Alors il ouvrit la porte tandis qu’une petite clochette signala son entrée aux dirigeants. Fort heureusement, il ne semblait pas y avoir de client, probablement que les autres habitants n’étaient pas prêt à se pointer ici dès les premières lueurs du matin. Pour Hayato c’était simple, il n’avait pas dormi la veille. Les grandes cernes sous ses yeux pouvaient en témoigner.

Le jeune homme demeura ainsi seul dans la pièce pendant un petit moment. Il n’y avait personne, ni dans la salle, ni derrière le comptoir… Il ne s’était pourtant pas trompé d’endroit. Alors il parcoura la pièce en appelant quelqu’un mais personne ne répondait. Il remarqua soudain une porte à côté d’une étagère où étaient entreposés différentes armes de jet. On pouvait y lire : « Forge, accès interdit ». L’inscription était claire, mais comme il n’y avait personne et que le Chunin souhaitait en finir le plus vite possible, il décida d’ouvrir la porte, qui à son grand étonnement n’était pas verrouillée et jeta rapidement un coup d’œil dans la pièce.

-Y a quelqu’un ? Je suis un client et je cherche Hataki le forgeron !

Sa commande était particulière et il espérait que ce forgeron soit compétent. Vu l’originalité des pièces qu’il allait demander, Hayato s’était douté qu’il faudrait y mettre le prix. Du coup, pour l’occasion il avait mobilisé tout l’argent dont il disposait. Dans une bourse accrochée à sa ceinture se trouvait tous les Ryo qu’il avait amassé au fil des missions de ces derniers mois.

« Haylen, je fais ça pour toi. Je vais te ramener à la maison et on mangera… » Kujara s’arrêta de parler pour réfléchir deux secondes, et ces deux secondes lui permirent de trouver le premier aliment à lui passé par la tête. « … On mangera des pépitos ensemble. » Nouvelle pause, puis… « AHHHHHHHH ! Qu’est-ce que tu fais ?! Dégages ! »

Et voilà Kujara à lutter pour sa survie dans un nuage de poussière, contre un chat tigré noir et gris ne lui appartenant même pas. Voilà tout ce que l’on demandait à un Genin de bon matin : attraper des chats pour des gens incapable de les garder. Super, génial, j’adore. Bon arrêtons de nous prendre la tête, après tout, le jeune homme venait de choper l’animal, non sans recevoir quelques griffures au passage.

Sa main droite zébrée de rouge, il tint fermement le chat indiscipliné par la peau du cou et retourna au centre de mission de Suna. Il se refit une mine neutre, presque avenante, en arrivant là-bas et restitua la bête à sa propriétaire si malavisée de le reprendre. Remarque, ce genre d’imbécilités faisait une rentrée régulière d’argent dans les caisses, ce n’était pas un mal dans le fond. Kujara secoua la tête, faisant danser ses cours cheveux bruns, avant de faire valider sa mission puis de rentrer. Il n’y avait rien d’autre aujourd’hui, et c’était déjà pas mal le concernant, puisqu’il avait été appelé en pleine nuit pour faire cette mission stupide, le privant de ce fait de repos. Pas que son entrainement ne lui permette pas de ne pas rester éveillé une journée sans dormir, mais c’était pour le principe.

Et puis il fallait voir les choses en face : le village ne croulait pas sous les demandes de mission ces derniers temps. La faute en voulait à sa jeunesse, tout le monde ne faisait pas encore pleinement confiance à ce nouveau village caché.

Les bras le long du corps, portant sur lui son plastron de combat à ses propres couleurs, il rentra par la boutique. Il voulait vérifier le tranchant de ses Kunais avant de prendre du repos, l’histoire de les garder toujours en bon état pour ses futures missions. C’est ainsi que par le plus grand des hasards (ou parce qu’il devait en être ainsi), Kujara tomba nez à nez avec le dos d’un client, se tenant dans l’entrebâillement de la porte donnant sur la forge. Et bien ? Que faisait donc son grand-père ?

Il fallait donc qu’il s’improvise de nouveau vendeur pour la boutique. Bah, c’était déjà plus facile que de jouer les chasseurs de chat, honnêtement. Laissant se refermer derrière lui la porte dont la clochette avait sans doute déjà alerté le Shinobi, Kujara prit la parole.

« Kujira-sama doit sans doute être sorti faire une course, je suis son petit-fils. » Il marcha jusqu’à passer derrière le comptoir et invita du regard le client à laisser se refermer la porte qu’il avait ouverte pour venir discuter devant lui. « Vous désirez ? »

Une voix émana soudain dans le dos d’Hayato. Quelqu’un venait d’apparaître derrière le comptoir. L’attente n’avait pas été longue et il allait enfin pouvoir passer commande. Le Chunin se demandait si le jeune homme en face de lui était le forgeron qu’il était venu voir. Il avait l’air jeune mais cela ne voulait rien dire, dans ce monde les apparences étaient bien souvent trompeuses. Hayato s’empressa donc de claquer la porte, affichant un air désolé et s’approcha des étagères arborant un air pensif. Sa commande plus spécialisée risquait de prendre plus de temps, il fallait donc commencer avec quelque chose de plus classique…

-Désolé pour ça, il n’y avait personne alors j’ai juste jeté un coup d’œil… lança-t-il, grand sourire aux lèvres. Je vais commencer par vous prendre une cinquantaine de senbon ainsi qu’une dizaine de kunai…

La personne derrière le comptoir semblait avoir le même âge que lui. Pourtant, malgré cette apparente jeunesse, Hayato l’avait vouvoyé. Ce n’était pas dans ses habitudes, son enfance passée dans le désert l’avait inhibé à toute forme de politesse. Il avait eu beaucoup de mal à intégrer la notion de grade lors de son arrivée. Mais avec le temps et les expériences, il s’y était habitué. Il avait par exemple appris qu’il valait mieux attendre l’autorisation d’une personne avant de la tutoyer. Son regard s’attarda soudain sur l’insigne du village qu’arborait le jeune homme du comptoir, symbole qui signifiait donc qu’il était lui aussi un shinobi. Mais aucun signe particulier n’indiquait son grade.

-Oh, je vois que tu es ninja toi aussi ! Tu es dans le village depuis longtemps ?

Chassez le naturel et il reviendra au galop… Sans même s’en rendre compte, il venait de tutoyer son interlocuteur. Il avait posé la question tout naturellement, car après tout il était à Suna pour découvrir des gens. C’était pour cela qu’il ne manquait jamais une occasion de faire de nouvelles connaissances. Mais revenons à la raison de sa présence ici. En observant la forge quelques secondes plus tôt, Hayato avait pu voir qu’il n’y avait aucun forgeron en fonction. Le Sunajin qui se dressait devant lui ne devait probablement être qu’un vendeur. Même si ce n’était pas le cas, cela ne coûtait rien de lui demander d’avantage d’information. Pour la troisième fois en moins d’une minute, le marionnettiste allait à nouveau parler. Cela l’étonna lui-même, il était devenu beaucoup plus sociable depuis le début de sa nouvelle vie de sédentaire.

-Alors, ... Tout à l’heure, en regardant dans la forge (et encore désolé pour ça) je n’y ai vu personne… Il parait pourtant qu’un nouveau forgeron s’est installé ici. J’ai, comment dire… Une commande assez particulière à passer. Où est-ce que je pourrais le trouver ?

Le client obtempéra à son regard sérieux et vint donc vers le comptoir de la boutique pour y passer la ridicule commande d’une cinquantaine de Senbon et d’une dizaine de Kunai. Silencieux, Kujara se contenta de préparer ça, puisqu’il s’agissait là d’armes basiques produites en grand nombre par son grand-père en masse de manière régulière pour les besoins permanents des Ninjas de Suna. Se baissant derrière le comptoir, il attrapa une première boîte de bois sans finition aucune et ouvrit un placard pour en sortir les aiguilles de métal. La boîte fût dans un premier temps remplie à sa moitié, et celle-ci revint trôner sur le comptoir tandis que le jeune homme sortait à présent un linge de lin sans grâce aucune qu’il étira devant lui.

De l’autre côté, le client, un Ninja donc, sembla tout d’un coup remarquer l’emblème de Suna sur sa ceinture, signe qu’il était lui aussi un Shinobi du sable. Le silence devenant surement pesant, il demanda au garçon à l’armure de cuir blanche depuis quand il était dans le village. En voilà un qui est curieux, pensa-t-il tandis qu’il ouvrait un long tiroir contenant toutes sortes de Kunai.

« Moi et ma famille, nous sommes arrivés il y a quelques mois déjà, mais je n’ai réussi mon examen de Genin que récemment. Peut-être avez-vous déjà croisé ma tante, Kujira Kurasshu, elle doit être du même âge que vous… Enfin, d’apparence en tout cas. »

Papotant comme si de rien n’était -car causer avec la clientèle faisait partie du métier de vendeur-, Kujara prit l’un après l’autre dix Kunai basiques qu’il installa dans le linge vert kaki. Puis, au fur et à mesure, il le replia jusqu’à obtenir un ensemble de la largeur et la longueur exacte de la boîte de stockage des Senbon qu’il avait déjà préparé. De ce fait le tout fût parfaitement ergonomique, facile à transporter et discret surtout.

« Nous faisons une remise sur les Senbon à partir de la centaine, aussi ils seront à cinq Ryôs pièce, soit deux-cent cinquante Ryôs. Pour les Kunai nous les faisons à dix Ryôs pièce, soit cent Ryôs. La remise commence aussi pour eux à partir de la centaine. Ça vous fera en tout trois-cent cinquante Ryôs cher client. » Dit-il avec neutralité et sans grande conviction.

Une si maigre commande, dite à la va vite, était louche maintenant qu’il l’annonçait à voix haute. Ce Ninja ne devait surement pas être venu ici pour rien -parce qu’une commande comme ça, ce n’était rien-. Et il avait vu juste, perspicace qu’il était ! Apparemment le client tenait à parler avec le forgeron lui-même, sans doute pour une commande plus spéciale. Et quelque chose disait à Kujara qu’il s’agissait encore d’une commande pour un marionnettiste. Ils étaient si faciles à reconnaître dans leur façon de demander, voulant toujours garder leurs inventions secrètes comme pour éviter qu’elles soient copiées. Beaucoup d’entre eux étaient réellement plus paranoïaques que la moyenne !

« Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, il doit être sorti faire une course. Cela lui prend généralement une à deux heures. » Jouant la carte de la confidence, Kujara regarda à droite, à gauche, et se pencha en avant pour parler plus bas au Ninja. « C’est pour une marionnette ? »

D’une voix posée et amicale, le vendeur avait engagé la conversation avec Hayato. Soit il était vraiment sympa, soit il ne s’agissait que d’une combine pour attirer les clients. En tout cas, ça marchait bien ! D’après ses dires, la famille du forgeron était déjà installée dans le village depuis un long moment et à l’annonce de la nouvelle, Hayato se sentit un peu gêné d’avoir posé une telle question. Qui était-il pour pouvoir prétendre connaître tous les shinobis du village ? Evidemment, même si Suna n’était qu’un village relativement jeune par rapport aux autres, sa population dépassait déjà de loin celle d’autres villages mineurs…
Mais en tous cas, à part pour le forgeron qu’il était justement venu voir aujourd’hui, le nom de Kujara lui était inconnu.

- Si je dois avoir le même âge que votre tante, celle-ci doit être très jeune alors ! répondit-il, sourire aux lèvres.

Ou alors, Hayato ne faisait pas son âge, les deux étaient possibles. En une année, notre jeune marionnettiste avait changé. D’abord, il avait grandi, même s’il demeurait de taille standard. Sa voix avait un peu changée aussi, elle restait assez aigüe pour un jeune adulte, mais à présent elle s’exprimait avec plus d’assurance.
Hayato aimait cette discussion, pas d’enjeu, pas de stress, juste un client et un vendeur, en pleine négociation, tôt dans la matinée. D’ailleurs, alors qu’il venait de terminer l’emballage de la première commande, le jeune Kujara lui proposa une ristourne très intéressante. Cependant, elle nécessitait une commande de cinquante senbons supplémentaires. Hayato en avait bien besoin, cela lui reviendrait moins cher que de revenir plus tard pour acheter une autre fournée de cinquante. L’argent n’était pas un problème non plus. Non, il était juste un peu embêté de demander à nouveau une cinquantaine de projectiles, alors que ce brave venait de tout emballer.

- Vos prix sont vraiment raisonnables, mais cette réduction tombe à point nommé ! Je vais juste prendre cinquante senbons supplémentaires alors.

Une fois cela fait, Hayato ramena la discussion sur le grand-père forgeron, censé se trouver derrière la porte. Son petit-fils indiqua qu’il ne serait pas de retour avant une ou deux heures. Puis, au grand étonnement du Chuunin, il devina que ce dernier était venu passé commande pour une marionnette. Il avait vu juste, sûrement à cause de cet air mystérieux que prenaient les marionnettistes lorsqu’ils venaient commander. A l’instar des illusionnistes, les marionnettistes doivent toujours garder les secrets de leurs techniques. C’est un moyen efficace de se protéger.

- Dans le mille ! Ou presque, … Bon, comme il n’y a pas grand monde ici, j’imagine que je peux en dire un peu plus. Actuellement, je travaille à l’élaboration d’une nouvelle marionnette. J’ai déjà conçu ses plans ainsi que la plupart de ses pièces en bois. Mais ce modèle sera… différent des autres. Notamment à cause d’une pièce importante qui doit rendre cette marionnette plus solide. révèla-t-il d’un air sérieux, qui tranchait radicalement avec l’attitude détendue qu’il affichait depuis le début de l’entretien.

Dans son élan, il aurait bien voulu lui expliquer le rôle spécifique de sa prochaine création, ou la fonction concrète de ce qu’il était venu demander, mais il se tut car à l’instant, une personne venait d’entrer dans l’établissement.

« Effectivement ma tante est relativement jeune, mais à voir votre sourire vous devez être plus jeune encore qu’elle. »

Répondant du tac-o-tac, Kujara dû bientôt rouvrir la poche de la course qu’il venait de préparer pour son client, dans le but d’en modifier la composition. Il aurait dû se douter que celui-ci changerait d’avis, tout comme la plupart des nouveaux clients qui arrivaient ici pour la première fois à la forge. L’attraction des réductions sur les prix de gros faisaient toujours la différence entre les quidams et les Shinobis à fort potentiel armé. Et si en plus il s’agissait d’armer une marionnette, il était d’autant plus normal d’avoir besoin d’un petit armement conséquent comme des Senbon.

Le jeune homme retira donc la poche des Kunai, augmenta la contenance de la boîte de cinquante Senbon supplémentaires et déposa les Kunai sur celle-ci, avant d’entourer le tout d’un linge comme celui des Kunai, puis de mettre ça dans un sac en toile. Cette nouvelle commande prête, Kujara annonça la couleur.

« Le prix du Senbon passe à quatre Ryô à partir de la centaine, ce qui vous fait donc quatre cent Ryô plus cent Ryô de Kunai, soit cinq cent Ryô en tout monsieur. »

Ceci étant dit, et comme il avait effectivement vu juste, cet homme était bien un marionnettiste. Et il désirait apparemment passer commande au forgeron lui-même pour une pièce spéciale de son « arme » dont il ne voulait tout simplement pas dévoiler les détails à un simple garçon de course, tout Ninja qu’il soit. Il ne put en tout cas pas résister à un sourire un peu déplacé, face au discours de son interlocuteur. « Différent des autres. », combien de fois avait-il entendu cette déclaration auparavant ? Tous ces Ninjas se prenaient pour des artistes et leurs armes, des œuvres d’arts. Mais combien d’entre eux osaient reconnaître qu’en fin de compte, ils n’étaient que des armes au service de leur village, et leurs créations de simples machines à tuer ? Aucun à sa connaissance.

Il est clair que l’on ne verra jamais Kujara se vanter d’être un Ninja, au contraire de sa grand-mère faisant une fierté de leur situation. Tout ceci n’est dans le fond, pas bien « beau » au regard d’un quelconque idéal humain. Mais le monde, ou plutôt la réalité, n’est pas « belle », alors tout ceci n’est qu’un reflet de plus dans le miroir de cet univers… Kujara s’apprêta à demander à son client de lui laisser le plan qu’il transmettra à son grand-père, lorsque la porte du magasin s’ouvrit. Et zut, un client ! Il n’avait même as eu le temps de se reposer ni de se changer avec tout ça. Son grand-père aurait pu mettre un écrito.

« Que diriez-vous de repasser d’ici deux heures ? » Demanda-t-il à l’adresse du marionnettiste. « Le forgeron sera rentré et je lui transmettrais votre désire de le rencontrer, aussi se libérera-t-il à ce moment là pour vous voir en privé. Si c’est d’accord, je vous dis à tout à l’heure monsieur… ? » Questionna-t-il, attendant de connaître le nom de son client.

-Hayato. Juste... Hayato... répondit-il en détournant le regard, un court instant

Un souvenir venait de lui revenir en mémoire. Tout le monde l’appelait Hayato, parce qu’il s’était toujours présenté comme tel. Il était arrivé à un stade où il ne connaissait plus son véritable nom de famille. Mais cela n’avait aucune importance. Il n’avait jamais cru en l’existence de la famille… Lui qui avait du faire face aux dangers du désert sans parents pour le protéger, aidé d’un frère et d’une sœur adoptifs, avait une sorte de rancœur lorsque l’on évoquait la famille. D’ailleurs, lorsque le vendeur avait parlé de sa tante, Hayato avait serré le poing. Il n’en voulait pas spécialement à quelqu’un, mais était énervé contre lui-même, contre tout le monde ou peut-être contre le désert… Sans importance ! Tout ça était fini, maintenant il avait Suna, sa nouvelle famille qui lui avait permis de rencontrer de nombreux ninjas, comme le Kujira qui se tenait devant lui par exemple…

- Donc, … Kujira, c’est ça ? Je ne sais pas si je pourrai passer plus tard, j’ai été assigné à une mission. Pourriez-vous remettre ceci en mains propres au forgeron lorsqu’il sera de retour ? J’essayerais alors de revenir dans la soirée ou demain matin pour discuter directement avec lui. En attendant, j’aimerais qu’il y jette un coup d’œil, histoire de voir si c’est réalisable ou pas.

A ces mots, Hayato enleva le grand sac en toile qu’il portait sur le dos et y prit un grand rouleau. Il ne prit pas la peine de déplier le plan, car il prenait beaucoup de place. Dessus y figuraient la marionnette dessinée dans son entièreté, sous différents angles, ainsi que ses membres détaillés un par un. Enfin, il y avait le schéma des armes particulières qu’il voulait y incorporer. Ce qui prenait le plus de place était le système de prison, qui en plus de devoir être inviolable, devait pouvoir servir de protection. Notre Chuunin le savait, il prenait un risque en laissant ça ici, une personne malintentionnée pourrait tenter de soudoyer le jeune pour obtenir le plan. Du coup il hésitait…

- Non, ce n’est pas le genre de la maison, j’imagine… se dit-il à haute voix

- Hum ! Bon, c’est pour aujourd’hui ou pour demain, les gamins ? se plaignit soudain l’autre client

Pressé et désagréable en plus. Mais Hayato se garda d’émettre toute remarque déplacée. Se donner en spectacle et provoquer, c’était bien son genre, mais il fallait que ce soit dans un but bien précis. De plus, l’homme maintenant face à lui était tellement grand que le jeune homme du presque se tordre le cou pour pouvoir le contempler de bas en haut. Son air agacé, la cicatrice sur son visage, les tatouages sur son bras, sa barbe et sa carrure, autant de moyens de dissuasion qui devaient sûrement faire effet habituellement. Cependant comme notre marionnettiste n’avait de cesse de le démontrer, les apparences peuvent être trompeuses. Il emprunta donc le chemin de la sortie, sans prêter oreille au sarcasme de l’homme.

- Désolé d’avoir traîné ! annonça-t-il d’un ton enjoué, alors qu’il arrivait à hauteur de l’autre client.
Peut-être à plus tard si on se recroise…euh… Kujira.

Il eut un petit blocage car il se rendit compte qu’il ne connaissait pas le prénom du vendeur. Durant l’entretient, il l l’avait uniquement appelé par son nom de famille, qu’il avait déduit en entendant celui de sa tante. Bah, de toute façon, ils se reverraient peut-être tout à l’heure, ou alors sur le terrain dans une prochaine mission ! Pour l’instant, seul le Destin était au courant… Avant de quitter les lieux, Hayato posa sa main sur le mur à côté de la porte. Bien évidement, cet acte en apparence anodin cachait autre chose. En effet, lorsque le grand type s’avança au comptoir d’un pas décidé pour passer sa commande, il sentit une sorte de résistance dans son dos, comme s’il avait été attaché. Il lutta pendant quelques secondes, puis perdit l’équilibre et fut tiré vers l’arrière. Le marionnettiste lâcha un petit rire un tantinet sarcastique. Vengeance accomplie ! Il avait accroché au mur le fil de chakra qu’il avait attaché à l’épaule de l’homme lorsqu’il était passé à côté de lui. Mais lorsqu’il vit le faciès de sa victime, il s’empressa d’empoigner la porte et de quitter les lieux, saluant une dernière fois le sympathique Genin qui lui avait vendu les projectiles.

Spoiler:

Un petit sourire en coin, Kujara inclina de nouveau la tête en direction du client, nommé Hayato. Un marionnettiste sympathique en somme, et pas aussi hautain que certains capable de le rabrouer pour sa jeunesse. Mais celle-ci n’enlevait rien à sa maturité en tant que vendeur ! S’il n’avait pas été Ninja, il aurait surement travaillé ainsi. Mais le destin en avait décidé autrement.

Hayato donc, lui annonça qu’il ne pourrait peut-être pas passer plus tard car il avait une mission à accomplir dans la mâtiné. Qu’à cela ne tienne ! Il laissait le plan ici et comptait sur lui pour le transmettre à son grand-père dès son retour pour que celui-ci réfléchisse à ce dernier et à la réalisation de ce que désirait le Shinobi de Suna. Recevant dans les mains ce bien plus que précieux pour lui, le Genin disparut derrière le comptoir en se baissant. Il y eut un cliquetis, puis un autre, un déclic, un objet que l’on range, puis le tout fût verrouillé.

« Voilà ! Le parchemin est dans un coffre à présent, où il ne risque rien. Kujira-sama se fera son avis sur ces plans dès son retour, j’y veillerais personnellement Hayato-san. »

Ce à quoi Hayato lui répondit par un sourire, après s’être demandé sans doute s’il faisait bien de laisser ses plans ici. Mais ce n’était pas le genre d’un forgeron de Suna de trahir la confiance d’un client. On avait dans cette demeure une haute opinion de l’estime et de la confiance. Inutile donc qu’il se fasse du souci. L’autre client s’impatientant, Hayato le salua avant de s’avancer vers la sortie… Se passa alors une chose amusante : le second client voulu marcher jusqu’au comptoir mais fût retenu par un lien invisible. Oh, c’est bas ça. Kujara secoua la tête et passa devant le comptoir.

« Vous allez bien monsieur ? »
« Oui, oui, ce n’est rien. »

Kujara l’aida à se relever en jetant un dernier regard à son premier client de la journée, non sans y dévoiler un sourire amusé, comme un ainé face aux plaisanteries d’un cadet… Comme quoi la maturité, ce n’était pas qu’une affaire d’âge, sans doute.