Le grand père et l'astre [ Pv Kenji ]

Cela faisait cinq jours que le dénommé Raikon s’était introduit dans mon bureau par la force et avait réussi à le détruire presque entièrement, depuis j’avais emménagé dans une autre aile du palais en attendant la reconstruction de mon ancien local. Je devais aujourd’hui rencontré Raiu no Kenji, celui qu’on surnomme météora. Il occupe la prestigieuse fonction de chef de l’unité spéciale, le Kakumeigun. Concernant cet homme j’avais un gros doute. Je me demandais s’il était comme mon prédécesseur Kurogane Akio, un traître ou pas. Après tout que penser d’une personne qui était certainement très proche du Shodaime et qui n’a rien remarqué de suspect dans ses agissements, au mieux c’est un crétin, au pire, un traître. De par son dossier je pouvais affirmer sans l’ombre d’un doute qu’il ne faisait pas partie de la première catégorie, c’est de là que naquit mon sentiment de doute. Quoi qu’il arrive cela ne changerait rien, j’allais le rencontrer et faire comme si de rien était. J’étais un homme qui gardait ses amis près de lui et ses ennemis encore plus près.

Assis confortablement dans le siège en cuir de mon nouveau bureau je rêvassais un tantinet. Les visions que j’avais eues au moment de toucher le parchemin de l’edo tensei me revinrent en mémoire. Soudain un bruit issu de la porte perturba ce moment de réflexion, un homme entra dans la pièce, un homme de taille moyenne mais d’un gabarit plutôt imposant. Le trait le plus marquant restait cependant ses cheveux blonds et ses yeux bleu. Raiu no Kenji, sans aucun doute. Je fixais cet homme tout en lui indiquant de la main qu’il pouvait s’asseoir, après tout, malgré mes soupçons à son égard, j’étais un homme civilisé. Puis après une quinte de toux voulue pour renforcer mon image de vieille personne, je pris la parole d’une voix rauque.

« Kenji-kun, si je t’ai convoqué ici c’est car je souhaiterais connaître ton opinion sur plusieurs choses et si tu me le permets je vais commencer de suite, nous sommes tous deux des hommes pressés et je m’en voudrais de te faire perdre ton temps. »

J’inspirais un instant afin d’analyser la réaction du capitaine des forces spéciales de Suna avant de lancer.

« Tout d’abord j’aimerais savoir ce que tu penses de la mort de Kurogane Akio, Shodaime Kazekage de Suna, mais aussi, selon les faits, traître au village. Ensuite dans un tout autre registre, j’aimerais savoir ce que tu penses de la résurrection. Est-ce que tu crois que l’âme d’une personne s’efface lorsqu’elle meurt ? »

Cette question était à la fois pour tester ses réactions mais surtout pour connaître son point de vue sur la question. Etant un nécromancien et possesseur de la technique de réincarnation dans un monde impur aussi appelée Edo tensei, je me demandais toujours comment mes interlocuteurs concevaient la mort. Après tout elle était parmi nous à chaque instant de notre vie et à vrai dire elle était même certainement bien plus proche de moi que de ce brave Kenji, mais son avis m’intéressais c’est d’ailleurs pour cette raison que je rajoutais.

« Je sais que cette question peut te paraître complètement inutile, mais ne t’en fais pas, mes paroles ont toujours une explication, même si mes interlocuteurs ne perçoivent souvent pas la portée de celles-ci !»

Log 80 : Fulminating

Kenji balaya d'un bras le contenu posé sur la table de son bureau, serrant les dents. Le chuunin qui était venu porter son message prit congé nerveusement, ne souhaitant pas affronter plus longtemps la colère du chef US, qui venait pourtant de revenir de Konoha après s'être remis de sa blessure de tournoi. Cela pour apprendre qu'on avait mené en son absence une mission pour tuer le Kazekage lui-même ! Un jônin jusque là sans histoire du nom de Araakoa Aare avait découvert de prétendues preuves que Akio était en réalité un homme de Makka, et s'était mis en l'idée de se faire justice lui-même pour ensuite saisir le pouvoir. Si ce n'était pas un coup d'état, rien n'aurait pu y ressembler davantage. Dès son retour au village, il avait perçu que quelque chose ne tournait pas rond. La populace, qui habituellement était toujours heureuse de présence, fuyait sa compagnie. Les rues se désertaient à son passage, littéralement. Puis cette assemblée.

Et le pire ? Ce type était désormais confortablement assis dans le bureau du Kazekage et s'était assuré la loyauté des shinobis de Suna avec cette histoire de complot. Le plus étrange était de considérer que Akio puisse avoir été un traître. Le chef US n'avait jamais rien remarqué chez l'homme, mais en même temps, Kenji avait passé la quasi totalité de son temps hors du village et du pays dans les dernières semaines. Si Akio s'était mis à pactiser avec Makka, il n'aurait eu l'occasion de s'en rendre compte jusqu'à aujourd'hui. Le costaud Blond s'assied sur le coin de son bureau pour réfléchir à ce qu'il allait faire. Sa première idée fut de quitter le village, prendre tout les hommes de confiance qu'il avait et évincer cet opportuniste à la longue barbe. Mais chose était d'admettre que Suna était sa raison de vivre, pas son Kage. S'il ne pardonnerait jamais Aara d'avoir agi sans son autorisation, lui, supposément pourtant le chef des forces armées de Suna, il devait pourtant continuer à servir le village qu'il avait aidé à construire. Ce fut dans cet état d'esprit qu'il sortit de son bureau pour se rendre à celui du Kazekage qu'on appelait maintenant Nidaime.

Les personnes sur son passage, civils ou shinobis, s'esquivèrent pour le laisser passer. Personne n'avait envie de même effleurer celui qui, selon les rumeurs, pouvait tuer d'un seul toucher. Kenji n'avait rien à foutre des rumeurs mais cela avait quelque chose d'utile . Une Kunoichi lui mis la main sur l'épaule au gré d'un couloir et le Blond se retourna vivement pour la saisir à la gorge. Entre deux souffle, la femme lui indiqua que Raikon avait détruit le bureau du Kazekage et que celui-ci était dans une autre aile. Le chef US la laissa tomber et murmura des excuses avant de reprendre son chemin. Raikon... Voilà un homme si puissant qu'il ne savait plus quoi faire de lui-même. Et pourtant, c'était un bon gars. Kenji ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir réagi comme lui à l'instant. Sauf que le Raiu était plus expérimenté dans les voies de la communication. Il le prouverait. La porte du nouveau bureau s'ouvrit d'une poussée et il entra dans la pièce.

Araakoa était toujours le vieillard qu'il avait vu à l'assemblée publique. Quel âge pouvait-il avoir ? Impossible d'être certain. Mais Tsura gronda dans sa tête, lui avisant que la bête n'aimait pas ce qu'elle voyait.

* La créature trouve ton nouveau maitre laid...Et ayant une irascible odeur de mort pourtant. *

Kenji prit place dans un des fauteuils en gardant un visage neutre mais tout de même fermé. Il l'écouta à peine faire de plates excuses , n'étant pas sensible à des salutations de ce genre. Des deux, Aare était bien le seul assez pressé pour tuer un Kage et prendre sa place sans consulter son chef. Le blond le laissa dire ce qu'il avait à dire en restant le plus calme possible même après ce qu'il considérait des questions plutôt inutiles. D'abord, son avis sur son ascension au pouvoir. Puis quelque chose de plus métaphysique, sur la mort plus particulièrement. Voilà un sujet qu'il avait souvent à traiter ces jours-ci. Mais depuis l'avènement de Tsura dans sa tête à Konoha, peu de doutes subsistaient sur son opinion quant à cet élément de l'existence. Les derniers propos du Kazekage confortèrent Kenji dans l'idée qu'il se faisait de Aare, un opportuniste. Le Chef US serra ses bras épais sur son corps pour éviter de lui sauter à la gorge par...accident.

" Tout d'abord, ce sera Kenji-san et non Kun, Aare-chama. Gardez votre familiarité pour les genins. J'ai actuellement moi-même plusieurs questions en tête pour répondre à votre sondage de popularité. D'abord, pour qui vous prenez-vous pour agir contre le Kazekage d'un village dont je suis le dernier fondateur encore en vie, sans m'aviser de vos projets ? Les jônins ayant survécu à votre combat contre Akio ont été démis de leur fonction jusqu'à ce que j'en décide autrement. Et croyez mon premier conseil en tant que votre conseiller personnel, n'allez pas croire que vous battrez mon autorité avec ce joli chapeau de Kage. La moitié de la population ne croit même pas à l'idée que Akio, un Kage populaire altruiste, ait pu être un traître."

Les jointures du Blond était si serrées qu'on en voyait les os.

" Et ne feignez pas de ne pas comprendre ma colère. Ayant été mis au courant que Akio était un traître, je l'aurais tué moi-même. Makka a tué tout les êtres qui étaient chers à mon coeur, et accessoirement, tout les leaders que ce village a connu dans sa courte existence. Cela fait froid dans le dos, mais pas davantage que l'impression qu'un homme jusqu'ici inconnu peut saisir la direction et la destinée de Suna sans que son chef millitaire n'ait son mot à dire. Je me sens trahi par ma propre patrie. Désormais Akio est mort et c'est vous qui allez mener Suna. Traître ou pas, il fut mon ami et un homme qui savait respecter ses hommes et ses conseillers.

Kenji s'interrompit pour prendre une grande respiration, idée de se calmer.

" M'auriez-vous davantage respecté, Aare-chama, vous sauriez que le shinobi tue et accepte la mort comme un aléa de sa voie, celle de l'ombre. Mais connaîtriez-vous qui je suis et ce que j'ai fait, vous sauriez que je ne cherche pas à comprendre à la mort ; je l'inflige, sans remords. Vous me parlez de nécromancie comme si je n'étais qu'un genin qui n'a encore jamais franchi les portes de son village. Relever les morts est un don qui a été donné aux hommes , mais les faire revivre ? Il n'y a qu'un seul moyen. Un moyen sombre , le même que celui qui a engendré Makka. Souhaitiez-vous m'élever l'esprit , vieillard ? Il se trouve que j'ai moi-même quelques secrets.

Parler de Tsura et de Makka à cet homme n'était pas une bonne idée, mais Kenji voulait que Aare abandonne son air de mystérieux sage si celui-ci souhaitait s'attirer le soutien du Chef US. Il pourrait garder ses propos détournés pour les autres. Personne n'allait mystifier Kenji en son propre village.

Selon mes rapports Kenji-kun n’était pas quelqu’un d’impulsif et pourtant il montrait le contraire en ce moment, comme quoi la théorie marquée sur les papiers… N’est pas toujours très fiable. Pendant qu’il se lançait dans un long monologue, je prenais le temps de l’écouter, mais je gardais un visage neutre, sérieux, comme pour faire croire que j’étais sensible aux paroles du chef de mes armées. Sa haine était légitime comme l’était celle de Raikon et je devais bien admettre que reprendre le poste vacant avait été plus dur que prévu. Cependant je me devais de reprendre point par point l’argumentation de mon interlocuteur et la démanteler, il n’y avait d’autres façons de procédé et cela me répugnais un peu d’agir de la sorte cependant il semblerait qu’avec un loustique dans son genre, je n’ai que peu d’alternatives. Je prenais donc la parole tout en souriant cette fois, autant commencer par un peu d’humour !

« Vieillard ? C’est triste de la part d’une personne qui vient de me reprocher ma politesse. Enfin bon tu sauras pour l’avenir que je disais cela plus de manière amicale que dégradante. Bref commençons par le commencement, je ne sais pas où vous avez au l’info selon laquelle j’ai participé à l’offensive contre le Shodaime, mais elle est exacte. J’ai été mandaté par le conseil du village pour être à la tête d’une équipe afin de l’interroger et de le tuer si nécessaire. Nous sommes donc arrivé sur les lieux et avons rencontré Kurogane Akio qui pour accueil s’est contenté de tuer toute l’équipe hormis moi-même. Vous aurez donc beaucoup de peine à ôter leurs fonctions à des morts, quoique dans ce monde plein de mystères il y aurait une solution pour le faire. »

Je soufflais un instant. Mon combat contre le Kurogane avait été plutôt court et je n’avais réussi à l’emporter sans trop de dommage que car cette homme était déjà éprouvé de son combat à Konoha. Mais bon j’avais beau dire cela à l’homme qui me faisais face, cela n’alimenterait que la haine qu’il me vouait, je le voyais dans ses yeux. Une loyauté profonde mais pas à moi, au village. Non, ma personne le répugnait, et pourtant il ignorait tout de moi, peu importe l’angle sous lequel on se positionne. Je reprenais donc la parole afin de continuer à débattre vu que c’était le jeu d’aujourd’hui.

« Je comprends parfaitement votre opinion, je choisis simplement la voie qui me semble juste. Mais vous sous estimez grandement Makka si vous ne la pensez pas capable de former un espion de la trempe d’Akio-san, à mon avis elle en possède même des dizaines, à vrai dire, jusqu’à votre entrée dans ce bureau, je vous soupçonnais même vous, malgré votre passif, pour être un espion à sa solde. Visiblement c’est une erreur de ma part, je le reconnais. Vous vous sentez trahi ? La raison est simple, vous éprouviez certainement plus de confiance dans le Shodaime que dans les décisions du conseil, c’est de là qu’est née votre sensation actuelle, ni plus, ni moins. Je n’ai jamais nié le fait qu’Akio était un grand homme et je me demande encore maintenant s’il n’agissait pas sous la force d’un sceau ou d’un genjutsu quelconque. Je tirerais cela au clair tôt ou tard. En revanche l’orbe, elle, était bien réelle. »

Encore une pause, il y en avait des choses à dire sur le sujet et la problématique de ma succession allait être longue avant d’être légitime. Mais pour à ce propos j’avais encore quelque chose à dire, quelque chose que même Raiu no Kenji l’homme qui était en face de moi ne pouvait pas nier.

« Mais vu que vous remettez en doute la légitimité de ma succession, je tiens à vous rappeler que lorsque Kamei-dono a succédé à Manzo-sama, il était inconnu au bataillon lui aussi, effectivement vous pouvez encore rétorquer que son prédécesseur lui faisait confiance, mais personnellement, j’ai la confiance du conseil, ce qui me suffit amplement. »

Encore une fois j’arrêtais de parler afin de réfléchir pendant une petite minute, devrais-je jouer cette carte maintenant, c’était la question qui me taraudais l’esprit, elle s’avérait forcément utile dans la discussion mais elle peut aussi provoquer la colère de mon interlocuteur et cela me ferais drôlement chier de casser encore une fois mon bureau, ce n’est pas comme si j’aimais déménager tous les deux jours. Cependant peut être que cela lui ouvrirait les yeux sur la personne qu’il avait en face de lui.

« Effectivement la nécromancie permet de relever les morts, mais ce dont je vous parle, est l’apogée de ce pouvoir. Celui qui permet de faire bien plus que de contrôler des cadavres comme de vulgaires pantins. Je vais vous donner le nom de cette technique légendaire. Réincarnation dans un monde impur aussi connu sous le nom d’edo tensei. Mais bref, nous dérivons, je vais cesser de parler de culture nécromancienne avec vous ce n’est pas le sujet. Pour en revenir à Akio, je l’ai affronté, et il était déterminé à me tuer, il n’avait plus rien à voir avec la personne que vous connaissiez, certes vous ne me croirez pas sur parole, je le sais très bien. Mais que vous le voulez ou non, à partir d’aujourd’hui nous allons devoir travailler ensemble, à ce propos d’ailleurs, j’aimerais un compte rendu des activités du kakumeigun, je tiens personnellement à comprendre du mieux possible le rôle de cette unité spéciale sous vos ordres »

Une nouvelle pause s’imposait, cela faisait beaucoup de chose à englober pour mon interlocuteur et je pense qu’il était bon pour moi de le laisser répondre. Après tout j’avais en face de moi un homme intelligent, malgré tout s’il ne comprenait toujours pas, j’allais devoir le mettre face à la réalité.

Log 83 : Understanding

Après son propre monologue, Kenji s'était mis en lui-même de regagner le calme qui le caractérisait pourtant habituellement. Mais la seule pensée de l'affront qu'on lui avait fait suffisait pour lui faire hérisser le poil. Ce vieil homme n'avait pas l'air de comprendre à qui il avait à faire. Ce village, c'était le Kakumeigun qui l'avait fondé. Karas, Kusanagi, Manzô et lui. Personne d'autre ne pouvait prétendre à ce titre. Et en ce sens, Aare était à côté de la traque, pensant qu'il pouvait se réfugier dans les plis de l'organisation qu'il avait lui-même participer à élaborer et mettre en oeuvre. Non, ce type ne savait pas dans quoi il s'embarquait. Mais Kenji le laissa parler, prenant soin de bien comprendre la portée de ses paroles.

D'abord, il sembla que Kenji soit au courant de son intervention contre le Shôdaime, ce qui lui arracha un sourire. Dans sa folie des grandeurs, Aare avait manifestement, encore une fois, oublié à qui il parlait. Si cela aurait d'avant Konoha , Kenji aurait sans doute hésité à traiter d'égal à égal avec un Kage, mais depuis, aucun doute ne perçait dans son esprit désormais unifié et non confronté à Tsura. Il décida de ne pas interrompre le vieil homme, souhaitant à loisir connaître si celui-ci utiliserait ce genre de béquille pour toute son argumentation. Cela dit, il fut un peu bougé d'apprendre que les autres junins étaient morts. Il avait dit ça pour tester ses connaissances sur le village et le déstabiliser, à l'origine. C'était très dommage, certains d'entre eux avaient été de bons amis. Et encore plus enrageant parce que ce type les avaient amenés à la mort d'une façon ou d'une autre. Aaare parla ensuite de la confiance qu'avait Kenji en l'ex-Kazekage, et le blond ne put lui donner que raison. Mais la différence était que Akio avait eu son poste dans une situation fort différente, au lendemain de la mort du Triumvirat en entier. Aare utilisait l'appui du conseil pour se tenir debout mais ça n'allait pas durer. Il parla de possibles raisons qui aurait pu pousser Akio à agir en traître. Visiblement, l'homme barbu avait l'impression que Kenji avait beaucoup de lien avec le nécromancien déchu et souhaitait d'une certaine façon atténuer le remord possible d'avoir servi un traitre. Il termina sa propre tirade en parlant de l'Edo Tensei, dont Kenji ne savait à peu près rien et en lui demandant des informations sur son unité spéciale. Sachant que cette dernière demande visait à mettre en argne, Kenji choisit plutôt de souffler par le nez de dépit. Quand le silence s'installa, Kenji le combla.

" Je n'ai pas été dégradant à votre égard. Vous êtes vieux. Dire que vous êtes un vieillard n'a rien d'insultant, sauf si la vérité vous blesse. Et je n'ai rien à faire de votre amicalité. Mon respect se gagne, il n'est automatiquement donné. Et inutile de dire que pour l'instant, vous êtes dans le rouge.

Le Chef US s'appuya contre le dossier de son siège plus confortablement.

" Puisque nous en sommes à mettre les choses au clair, je serai magnanime en vous présentant derechef un argument qui ne pourra pas avoir cours avec moi, s'il a pu passer avec les autres de ce village, soit la présence du conseil pour justifier vos actes. Soyons très clairs, vieil homme : j'ai conçu l'idée même du conseil et j'ai participé à en élire ses membres. Accessoirement, je suis le chef du conseil de justice puisque j'étais officiellement l'héritier de Akio si celui-ci mourrait. Oui, votre arrivée n'était pas exactement prévue, quoique je me réjouisse. Je ne souhaiterai jamais le titre de Kage. Autrement dit, le conseil a rendu vos actions légitimes mais non pas justifiées. Et aucun conseil ne vous protégera d'un fondateur.

Il fallait que Aare comprenne que dans ce bureau, c'était Kenji qui avait le pouvoir au final, et pas lui, surtout en ce moment.

" J'ignorais pour la mort des jonins, cela est vrai. Ce qui n'aide en rien du tout votre cause au fait. Ces hommes et femmes avaient des familles, des amis. Tous ne sont pas aussi renseignées que moi. À la population, vous pourrez certes dire qu'ils sont morts en héros, mais encore une fois cela ne vous sauvera pas de moi. Que s'est-il passé pour que les choses tournent aussi mal ? Quel genre de Kage serez-vous si vous n'arrivez pas à protéger vos hommes ? Akio était fort, mais il était blessé. Que puis-je faire sinon douter de votre sincérité par rapport aux évènements et surtout, douter de votre compétence en général."

Kenji souffla par le nez d'un coup sec, signe qu'il réfléchissait.

" N'essayez pas de vous mettre dans le même panier que Akio ou Kamei. Chacun de ses hommes avait la confiance d'un ou plusieurs fondateurs. Votre place, vous la devez à des pions qui ont gobé sans réfléchir votre histoire et croient que vous êtes un héros. Et si vous l'étiez ? Vous avez l'air de penser que je m'en fais pour Akio. Il n'a jamais été que mon chef, mon Kage. Je suis heureux qu'il soit mort s'il était vraiment un traître, et je ne chercherai pas à atténuer sa culpabilité. Il était un traitre, vous avez bien agi ? Bravo. Mais ne vous attendez pas à ce que j'oublie l'affront d'avoir été exclu de décisions auxquel j'ai parfaitement droit de par mon rang et mon statut. Voyez-vous, vieillard, je n'ai pas eu à faire un coup d'état pour avoir mon poste. Je l'ai gagné , que ce soit en posant les pierres de l'édifice que vous occupez si chaleureusement ou en tuant ceux qui souhaitaient détruire le rêve du Kakumeigun.

Le chef US posa ses mains sur le bureau. Le jeu auquel jouait le Kage avec son histoire de nécromancie se jouait très bien à deux. aussi bien que sa tentative d'obtenir des informations.

" Intéressante histoire , votre Edo Tensei. Mais si je vous disais que certains hommes ressuscitent de façon entièrement naturelle depuis la nuit des temps, qu'auriez-vous à en pensez, Aare-chama ? Il est vrai que désormais je n'ai plus le choix de travailler avec vous. Vous êtes mon chef et je devrai m'assurer de votre sécurité. Mais n'oubliez jamais que je sers Suna avant votre personne. Et en tant que tel, j'ai tout aussi le droit de douter de votre intégrité que comme vous en avez douté de Akio. Autrement dit, pourquoi vous ferais-je confiance, vous un inconnu de Suna jusqu'à aujourd'hui ? Peut-être que le partisan, c'est vous, et qu'en donnant les secrets du Kakumeigun, j'ouvrirais les portes du village à Makka pour qu'elle puisse finir le travail commencé à l'incendie de cendre.

Kenji se réappuya dans son siège avec un semblant de sourire.

" Sachez pourtant qu'en vertu des mêmes lois que vous utilisez comme bouclier pour justifier vos actes, le Kakumeigun ne rend compte qu'à ma personne et j'ai l'autorité nécessaire pour agir sans votre approbation ni celle du conseil. Les membres du Kakumeigun sont sous vos ordres, et je suivrai vos ordre sans hésiter, cela est vrai. Mais nos secrets restent à mon entière discrétion. Si vous connaissez bien les lois de notre village, vous savez que le poste de Kage est extrêmement récent et encore peu clair dans la hiérarchie du village. À l'inverse, mon rôle et mon rang sont extrêmement bien détaillés. Ce qui fait qu'à la fin de la journée, vous n'avez qu'une forme de contrôle sur moi. Cela a été décidé ainsi pour éviter qu'à l'image du conseil qui vous a laissé carte blanche, on ne laisse pas les dirigeants faire tout ce qu'ils souhaitent."

Comprenait-il désormais contre qui il joutait verbalement ?

A mon monologue succéda un autre monologue, de la manière dont ça avait été lancé, il semblerait que ma marge de manœuvre était mince, il l’avait dit lui-même, il était l’un des pères fondateurs de Suna et par conséquents, sa parole était au moins égale à la mienne, à vrai dire il s’agissait de lui et non de Raikon la personne la plus dangereuse au sein de ce village. Raikon n’était qu’un amas de force brute avec peu de personnes dans son ombre. Ce Kenji pouvait compter sur le soutien du Kakumeigun. Personnellement à l’heure actuelle, il n’y avait que l’appui du conseil qui sauvegardait ma place et ma ruse certainement dans une moindre mesure, mais j’en avais assez. Encaisser sans rendre n’était habituellement pas dans ma philosophie. Je devais donc revenir à la charge de manière concrète et instantanée.

« Je ne suis peut-être pas un des chefs fondateur de ce village, mais je suis un de ses habitants depuis la création de ce dernier et le fait que nous ne nous soyons jamais rencontré ne justifie pas un tel dédain de votre part, Kenji-san. Et quand bien même je m’adresse à l’un des pères fondateurs de Suna, je suis le Nidaime Kazekage de ce village que cela vous plaise ou non, et je compte bien défendre ce dernier comme l’ont fait mes prédécesseurs et si un jour, je deviens une menace pour le village, quelqu’un se chargera de m’éliminer comme je l’ai fait pour le Shodaime. »

Première petite pause, j’avais l’impression qu’il s’agissait presque d’un jeu entre lui et moi, chacun balançait argument sur argument afin de contredire les précédentes paroles sans pour autant amener quelque chose de nouveau, et pourtant sous peu, j’allais créer la surprise. Je parlerais donc de la réincarnation en dernier, afin de marquer le coup si je puis dire. Je continuais donc dans l’argumentation.

« Vous ne semblez pas comprendre une chose Kenji-san, je déplore la mort de mes hommes autant que vous, ces personnes étaient sous mon commandement et si ils sont morts c’est aussi car je n’ai pas su les protéger efficacement et car j’ai sous-estimé la puissance du Shodaime. De plus, je ne m’attendais certainement pas à ce qu’il nous attaque à vue. Vous doutez de mes compétences ? Soit. En revanche je trouve que le fait de converser tantôt avec vous tantôt avec Raikon plutôt que de dialoguer par les armes, tout cela afin de préserver le village d’une guerre relève déjà d’une prouesse qui peut m’être imputé à moi comme à vous, j’en suis bien conscient. Ah et sachez encore une chose. Le conseil m’avait clairement annoncé que je serais le Nidaime Kazekage avant même que je ramène la tête du Shodaime, donc ce n’est pas par mon acte ‘’héroique’’ que je me suis illustré à leurs yeux.»

Une seconde pause, cela devenait lassant cette joute verbale alors que l’on aurait simplement pu régler cela de manière très simple, mais peut-être qu’au fond cela était nécessaire afin de rebondir sur des bases saines pour la suite. Je serais pour le moment incapable de le dire, mais me fâcher avec mes hommes dès notre première rencontre n’était bon ni pour eux ni pour moi. Heureusement quelque chose me dit ‘’ qu’il ‘’ serait bientôt là. Avec son aide je parviendrai certainement à un dénouement plus confortable. Bref il était temps de dévoiler ma carte maîtresse. Non je n’allais pas ramener le premier Kazekage, beaucoup trop risqué pour le moment, en revanche j’allais lui laisser la supposition que je suis en mesure de le faire, ce qui était à mon avis, bien plus utile maintenant.

« Si vous me dîtes que des personnes sont capable de se réincarner, je vous croirais certainement. En revanche si vous m’affirmez qu’une personne est capable de rendre son corps à une âme sans altérer sa perception et ses sentiments, je vous demanderais des preuves de ce que vous avancez. Et je m’apprête moi-même à vous apporter une preuve… Imprégnez votre rétine de ce qui va suivre. Edo… Tensei ! »

Je joignais maintenant les mains et un cercueil apparu comme venu d’une autre dimension au centre de la pièce, le couvercle de ce dernier céda en un instant et l’on pouvait voir à l’intérieur une personne possédant un corps d’homme et un masque de citrouille sur le visage. L’humanoïde se mit à bouger de lui-même et commença ses premiers pas dans le monde des vivants, cela faisait une quinzaine d’année qu’il était décédé, cela devait lui faire drôle de revenir.

« Où suis-je… »
« De retour en enfer, mon vieil ami. Kenji-san, je vous présente Hijo des frères Jack. »
« Aare… je ne t’ai pas vu depuis...bah ma mort, pourquoi m’as-tu fais revenir ? »
« Car j’ai besoin que dans l’avenir tu me prêtes ta force, mon ami. Je vais te rendre silencieux un moment, la suite ne te concerne pas, ne m’en veux pas… »

En un instant, le revenant ne devint qu’une marionnette pour son propriétaire, il venait de perdre la seule chose qui le rendait humain, ça avait quelque chose de dégoûtant mais pour l’heure, il s’agissait plus de quelque chose qui devrait faire réagir Kenji, lui qui a vu ses proches se faire assassiner. Comment allait-il réagir face à ce genre de don, telle était la question.

« La barrière de la vie et de la mort est quelque chose d’éphémère, un simple échantillon d’ADN suffit à un nécromancien maîtrisant cette technique pour faire revenir quelqu’un...Père,mère,femme ou enfant ! Il s’agit d’une arme…Et la mienne ne sert que Suna ! »

Spoiler:

Log 86 : Why u no

Kenji écouta Aare faire sa bravade sur son nouveau statut de Kage tout en réfléchissant à la suite des évènements. Dans l'état actuel, il lui semblait impensable de simplement se la fermer comme les autres et avoir une confiance aveugle en ce type. Zanshi avait manifesté ce désir lors de l'assemblée publique et Kenji l'avait réprimandé tout autant. Était-il trop résistant au changement, ou bien se fiait-il simplement à son intuition ? Non ! Ce Aare s'était lui-même mis dans la merde en ignorant la hiérarchie. Kenji avait tout les droits de savoir ce qui se passait dans Suna et on l'avait ignoré. Donner satisfaction à Aare était insoutenable pour l'instant. Pour Kenji devait tout de même faire son devoir envers son nouveau chef. Protéger sa vie, le conseiller dans ses décisions, agir en son nom. Mais par chance, le Kakumeigun n'avait rien de semblables aux US des autres villages. Le Kaku restait son équipe. Pour l'instant, s'accrocher à ça. Et avancer.

Aare parla de sa propre tristesse par rapport à la mort des Jônins et Kenji se sentit soudain très las, lui lançant un regard noir. Qu'aurait-il pu dire, qu'il s'en fichait ? Ça ne rendait pas son discours plus crédible de poser les choses ainsi. Mais Kenji ne pouvait pas non plus le blâmer totalement. N'avait-il pas lui même failli à son devoir et laissé tout ceux qu'il aimait mourir sans pouvoir rien y faire ? Certes. Pourquoi Aare n'aurait-il pas cette excuse, lui aussi ? Kenji n'avait pas de réponse à cela. Il parla de son propre mérite d'être resté calme jusqu'ici, mais c'était là un autre argument vide. C'était le devoir d'un Kage d'être immuable, pas le sien. Pas maintenant. Il en avait assez de ce genre de prétentions. Aare pouvait être aussi calme qu'un cadavre, en quoi cela prouverait quoique ce soit ?

" Tant mieux, vous n'êtes pas un héros. N'allez même pas prétendre.

À ce moment là, Aare recommença à parler de nécromancie et Kenji soupira pour exprimer son ennui profond. Pourquoi revenait-il sans cesse là-dessus ? Kenji n'était pas nécromancien, même s'il possédait un secret qui aurait rendu vert de jalousie bien des médecins de l'occulte. La vraie question était, pourquoi Aare croyait-il important de parler de résurrection et du reste ? Mais lorsque celui-ci lui demanda de regarder et qu'un immense flux de chakra se fit sentir dans le corps du Kazekage, Kenji se leva brusquement , son fauteuil se renversant derrière lui, par méfiance mais aussi par surprise d'une injection si rapide de chakra. Il contempla sous ses yeux le cercueil qui apparut de je-ne-sais-où, s'ouvrir pour éjecter un homme portant une citrouille sur la tête. Kenji crut d'abord à une illusion, mais l'analyse des zones de gravité lui assura très rapidement qu'un homme se tenait bel et bien devant lui. Son coeur se mit à battre très vite tout à coup. Aare avait-il vraiment redonné la vie à ce type ? Pouvait-il donc en faire de même pour n'importe qui d'autre ? Donc, Kusanagi...Mais le blond secoua la tête. Non, pas comme ça. Le shinobi regarda la tête de citrouille devenir pantin, et se força au calme en reprenant sa place, relevant le fauteuil. Un tourbillon d'émotion le secouait à l'intérieur, mais ce n'était pas le temps d'y laisser libre court.

" C'est donc vrai, la mort est ainsi une étape pouvant être renversée... J'avoue être mystifié de voir qu'après avoir été un donneur de mort pendant la presque totalité de ma vie, il serait donc possible de contrer mon acte. Tout ça est troublant, sans aucun doute...Mais ne prouve en aucun cas votre loyauté. Seul les actes et le temps pourront le prouver. Vous ne saurez rien du Kakumeigun avant que je n'aille confiance en vous. Et pour ce faire, je dois d'abord mener ma propre enquête sur les circonstances de la possible trahison d'Akio, mais également en découvrir davantage à votre sujet. J'ai des oreilles partout dans Suna."

Le chef US se leva et posa les mains sur le bureau, toisant le Kage de son imposant gabarit. Ce n'était pas pour le faire peur mais bien pour l'assurer de son propre sérieux.

" Vous pouvez être certain que vous ne quitterez pas Suna vivant si je découvre quoi que ce soit sur vous. En attendant, les membres du Kakumeigun sont les suivants : Ukeîru Genzö et Habashi Zanshi. Je le dis parce que vous ne les trouverez pas dans les listes. Ne soyez pas non plus surpris de les voir porter un bandeau au sigle du Kakumeigun et non de Suna. Eux non plus ne diront rien, mais sont à votre service, tout comme moi et le reste des shinobis de ce village.

Kenji essaya d'être le plus à l'aise possible dans des propos qu'il avait jadis échangé avec Akio. Cela témoignait d'un effort de sa part pour intégrer le nouveau Kazekage dans le village.

" Pendant que vous chassiez le Shôdaime, j'ai mené à terme une rencontre diplomatique avec le Raikage. Celui-ci a réitéré son support envers Suna et nous approvisionnera en nourritures, eau et bois pendant la reconstruction du village. À présent, je conseille une mission vers Konoha qui semble s'être ouverte à des liens avec nous. Le tournoi s'étant bien déroulé, l'Hokage verrait d'un bon oeil une délégation de notre part."

Kenji fit une pause pour laisser au Kage assimiler l'information, puis enchaîna avec les dernières informations qui lui semble utile de préciser.

" Le Kakumeigun a pu pendant l'incendie de cendre, confirmer ses craintes sur la vraie nature de Makka. Sans vous révéler la vérité, il est maintenant fort probable qu'elle soit presque immortelle...Vous qui semblez être si savant sur la nécromancie, que pensez-vous de l'immortalité ? "

L’ambiance restait électrique malgré l’apparition d’un de mes anciens amis de retour du royaume des morts. Dans le cas présent il m’avait plus permis de calmer un peu la tension entre moi et mon chef US que de m’assister dans une bataille à proprement parlé. Quoique un homme avisé trouvera que du débat que l’on venait d’avoir découlerait bien plus de choses que d’une simple bataille avec nos poings et il aurait raison de le penser. La première réaction de Kenji fut étrange, il voyait cet œuvre comme une rédemption de ses péchés. C’était un angle plutôt intéressant, je gardais cependant tout commentaire pour moi, le fait qu’il se montre moins agressif était déjà une victoire en soit. En revanche les derniers mots de ses paroles sonnaient comme une mise en garde signifiant « Ne fais pas n’importe quoi ». Je ne sais pas exactement pour qui il me prenait mais je n’étais pas du genre à chambouler tout un système mit en place par mes prédécesseurs, du moins pour le moment et quand bien même, toutes les nouveautés seraient dans ce que je juge essentiel pour le village du sable. Il s’exprima ensuite sur le kakumeigun en me donnant le nom de ses membres et en affirmant qu’ils étaient tous les deux comme lui, silencieux et sérieux dans leur loyauté. Malheureusement s’il y avait une chose dont je me permettais de douter, c’était de la loyauté des hommes. Pour beaucoup l’allégeance se résumait au côté qui allonge le plus gros pactole, tout en y associant un confort de vie. Cependant, je ne tenterais pas de les retourner contre leur chef, ce serait beaucoup trop hasardeux et compliqué à réaliser. Après cela, il m’annonça aussi avoir eu une entrevue diplomatique avec le Raïkage et me demanda une question plutôt intéressante sur ma vision de l’immortalité. Il était temps pour moi de répondre à la majeure partie de ses propos et de relancer le débat en apportant mes propres pensées et informations, on appelait ça communément un dialogue.

« Il n’y a plus rien à trouver de majeur sur moi, l’information la plus importante, je viens de vous la dévoiler, cependant vous pouvez mener votre petite enquête. Je vous prie cependant dans votre entreprise de garder tout ce qui ne concerne pas Suna pour vous, nous avons tous de secrets de famille qui nous sont personnels. Pour les membres du Kakumeigun, je n’ai aucune objection au fait qu’il porte un bandeau à l’effigie de votre organisation, tant que leur action ont le même but que les miennes, à savoir, protéger Suna. »

Je prenais un instant de pause pour respirer, j’avais en plus la gorge un peu sèche, je devais dire que cela faisait plusieurs minutes où je n’avais eu de cesse de dialoguer avec mon chef des armées et que je n’avais plus l’habitude de devoir me justifier comme cela. Etre Kazekage était plus contraignant que d’être chef d’escouade sur certains points. Je reprenais la parole.

« C’est une bonne chose que Kadoria Uriô nous soutienne même si je dois avouer ne pas aimer être redevable envers les gens. J’ai toujours fais en sorte de me passer au maximum de l’aide de mes congénères, même s’il s’agit d’une tâche plutôt difficile dans le contexte actuel. Lorsque le village sera reconstruit entièrement je programmerai la construction de plusieurs serres à l’arrière du village qui permettront de nourrir une bonne partie de la population de Suna, le but à long terme est que nous soyons capable de nous suffire à nous –même au niveau des ressources en cas de crise. Pour en revenir au Raïkage j’aimerai avoir votre point de vue sur lui, vous qui venez de le rencontrer. »

Je reprenais mon souffle un instant laissant à Kenji le soin de répondre sur mes derniers propos avant de reprendre sur un tout autre sujet.

« Rencontrer le Hokage dans les prochaines semaines va être un de mes impératifs, il y a de grandes chances que vous soyez présent à mes côtés d’ailleurs. Je ne porte pas spécialement Konoha dans mon cœur, mais avec le poste qui est le mien, il n’y a pas de place pour les appréciations personnelles malheureusement. Enfin pour répondre à votre précédente question, son immortalité est certainement due à une technique et il faut garder en tête que tout jutsu à ses failles, le sien ne fait pas exception à la règle. Maintenant pour ce que j’en pense. Disons que l’immortalité à toujours été quelque chose d’attirant pour les hommes et encore plus pour quelqu’un dont le corps vieillit comme moi. Cependant il faut garder en tête qu’immortalité ne signifie pas invulnérabilité et un nécromant est capable de faire pourrir le corps par un simple toucher. Lorsque je serais face à cette Makka dans l’avenir, je pourrais apporter ma réponse. »

Log 89 : Voices in the Dark

Le vieillard semblait ne pas trop à tenir à ce que Kenji s'informe plus convenablement sur sa personne, ce qui était un peu suspicieux en soi. Mais qui aurait librement accepter de sortir ses squelettes du placard ? Aucune importance, le Chef du Kakumeigun allait personnellement se pencher sur l'affaire, et avant peu saurait si on pouvait faire confiance à cet homme. Aare disait avoir fait parti du village depuis sa création, mais Kenji ne l'avait jamais remarqué, et pourtant un vieil homme barbu comme lui ne passait pas inaperçu. De toute évidence, le Kazekage avait un passé sombre, et c'était glissé dans l'ombre jusqu'à voir une opportunité. C'était un opportuniste, même à son âge avancé. Pour en avoir tué quelques uns pendant la grande guerre, Kenji avait rapidement remarqué que ces hommes dépassaient en puissance brute la plupart des shinobis. Leur faiblesse résidait dans leur fragile physique. Il n'y avait pas meilleure comparaison qu'entre lui et Aare : Kenji était au sommet de sa forme, bien plus large et costaud que la moyenne, pas trop grand pour ne pas faire une cible trop aisée. Aaree semblait chétif, lent. Ce n'était par prétention, simplement la réalité qu'on pouvait percevoir. Kenji n'avait jamais été un vantard, mais n'avait jamais brillé par son tact non plus. Mal à l'aise avec les enfants, toujours trop charmeur avec les dames, agressif avec les autres. Ces derniers temps, la mélancolie avait quelque peu vaincu sa rancœur , mais le blond n'oubliait pas son devoir. N'était-il pas le seul pilier de ce village encore debout ? Il laissa le vieil homme respirer. Le pauvre semblait avoir de la difficulté à parler sans se fatiguer. Étais-ce vraiment l'image qu'on voulait d'un Kage ? Il lui en revint en mémoire tout ces gens qui lui demandaient pourquoi lui n'avait jamais pris sa place pourtant acquise.

" S'il n'y a rien à déterrer , alors vous n'avez rien à craindre. Et quelque soit vos secrets datant d'avant Suna, ils n'auront aucune importance si elles ne menacent pas la sûreté de Suna et de sa population. Chaque homme, femme et enfant sunajin vaut davantage que vos vieux secrets de famille, Kage. "

Il réfléchit ensuite aux propos du vieil homme sur son voyage diplomatique à Kumo. Kenji ne pouvait qu'être d'accord avec Aare sur la méprise de l'aide extérieure. Mais même lui avait dû avouer qu'ils en avaient cruellement besoin pour la reconstruction. Suna ne souffrait pas l'hiver, mais le désert était une bien pire saison en plusieurs points. L'agriculture était difficile dans les quartiers éloignés des machines Saibogus, un luxe que ne pouvait pas s'offrir tout les habitants de Suna. Le commerce était bon, très bon même, mais Suna était passée d'auto-suffisante à la famine presque totale en l'espace d'une nuit. Le commerce amenait de la nourriture, mais ce n'était pas suffisant pour constituer des nouvelles réserves. Kenji s'était noté d'aller voir le conseil pour ouvrir des fonds destinés à la reconstruction. Les plus riches auraient des prêts, les pauvres, des dons. La population de Suna ne devait pas souffrir encore plus le prix de cette attaque. Suna n'était pas riche, mais la cagnotte rassemblée par le Kakumeigun originel suffirait. Kenji y veillerait personnellement.

" J'approuve. Croyez bien que je ne souhaite pas l'aide de Kumo davantage. C'était une demande d'Akio, et en fin de compte, une bonne décision. Le Raikage est un homme solide. ( Et son cousin, ce qu'il omit de préciser ) . Il a une grande intelligence, mais son atout le plus certain reste son calme. Rien ne semble pouvoir le secouer. Je n'ai pas été impressionné par son niveau de puissance. Un peu en carton, le type.

Kenji ne préférait pas parler de Uriô trop longtemps. Rencontrer son cousin avait été une étrange chose en soi, dont il n'avait pas encore tiré toutes ses conclusions. Le Raiu n'était pas du genre à faire des suppositions , ou à parler pour rien dire. Il préféra s'attarder sur les commentaires de Aare sur l'immortalité, qui lui arrachèrent un sourire. Le Kazekage avait toujours cette mauvaise habitude de parler comme s'il s'adressait à des genins. Cela était un peu énervant, car Kenji se demandait comment avoir une conversation sérieuse avec cet homme. Il ne demandait pas une discussion d'égal à égal - Aare était bel et bien son Kage et son chef à présent - mais bien l'échange qui pouvait être profitable entre un chef de guerre et son supérieur.

" J'approuve votre raisonnement. Suna se fiche de vos pensées personnelles. Après avoir perdu face au chef US de Konoha, une certaine dose de tempérance m'est également demandée pour agir en fonction de mon devoir, en ce qui concerne Konoha.

Ce n'était pas exactement vrai. Sa défaite, à la fin, lui avait beaucoup plus apporté qu'on aurait pu le croire. Derrière une mèche de cheveux blonds le couvrant en totalité, une pupille d'un vert peu commun en était l'éclatante preuve. Mais Kenji n'allait certainement dévoilé ça au Kazekage. Si ses soupçons se réalisaient, lui et le vieillard auraient à combattre côte-à-côte bien rapidement, que ce soit contre Makka...Ou un autre village...

" Si j'avais l'impression que son immortalité était le fait d'une technique, je ne vous en parlerais pas, pas au stade de confiance qui règne entre nous. Le cas de Makka dépasse le cadre d'un simple mélange de chakra. Elle est le fruit d'une distorsion du cycle de la mort, un engrenage bloqué par une haine sans bornes... Mais tout cela , nous aurons l'occasion d'en reparler, quand j'aurai vérifié ce que je dois vérifier à propos de vous. Disons pour le moment que détruire le corps de Makka ne causerait pas sa mort."

Le Raiu s'appuya dans son siège en posant sa main sous son menton, réfléchissant à la suite. Après un moment, il tenta une sortie.

" Nous ne pourrons pas intenter d'actions militaires avant un bon moment. Nos hommes sont trop occupés à vaquer à la reconstruction. Mais le Kakumeigun dispose d'un réseau de contact qui continuerons à nous approvisionner en termes d'informations. Nous ne recevons presque aucune demande au bureau des missions, c'est le calme plat. Certains avancent que le feu aura fait rouiller le sabre de Suna. Les avis sont mitigés par rapport au Tournoi, beaucoup soutiennent que Konoha a gagné, au vu de ma défaite contre le shinobi d'élite Masao Nikkou et celle d'Akio contre trois simples genins... Il nous faudrait une démonstration de force pour regagner le coeur de nos habitants. Qu'auriez-vous en tête ?

J’avais la vague impression que ma joute verbale avec Raiu no Kenji était sur le point de recommencer. Je n’étais pas mécontent de lui, après tout avoir un homme de sa trempe dans son camp était un luxe qu’aucun autre village ne pouvait se payer. Je le regardais m’annoncer que mes secrets, il n’en avait carrément rien à foutre tant qu’il ne gênait pas Suna. S’il savait l’ampleur de ceux-ci je pense qu’il ne dirait peut être pas ça mais balancer des phrases sans rien savoir est la base même de l’être humain. Je ne répondais pas à cela, surtout car je sentais que je n’avais pas besoin d’apporter de réponses. Il trouvera ce qu’il trouvera, je ne cachais rien au village, hormis le fait que j’avais ressuscité le premier Kazekage, mais pour qu’il puisse le prouver, de longues recherches allaient être nécessaires. Après cela et pour la première fois de notre échange, le chef du Kakumeigun semblait en accord avec mes propos, c’était quelque chose de rare peut être devrais-je le noter sur le calendrier ? Apparemment Kadoria Uriô semblait être un bon politicien mais un ninja de faible envergure ? Bizarre, je réagissais à cela.

« Etre un mauvais combattant ne signifie pas être un mauvais meneur d’homme, vous le savez tout aussi bien que moi, le négliger à l’avenir serait une erreur fatale. »

Après tout du peu que j’en avais entendu parler, c’était un peu l’homme vers qui tout le monde se tourne lorsque le besoin s’en fait sentir, on peut donc en conclure qu’il s’agit de quelqu’un très ouvert au dialogue. Tenterait-il d’arrêter une invasion par les paroles ? C’était la question que je me posais à cet instant. Se pourrait-il qu’il existe un chef de village qui souhaite plus que tout maintenir le statu quo ? Je gardais cela dans un coin de mon esprit pour écouter la suite du discours de Kenji. Il confirmait le fait que Suna s’en fiche de mes griefs à l’égard de la feuille, c’était vexant, du moins pour quelqu’un encore affecté par les paroles de ses semblables, ce qui n’était plus mon cas. Puis il renchérit sur le cas Makka en spécifiant qu’elle était plus invulnérable qu’immortelle, à cela je ne pouvais dire qu’une simple chose.

« Si nous ne pouvons tuer cette femme, nous la scellerons pour l’éternité. J’étudie en ce moment un fuinjutsu permettant de sceller une personne dans son propre corps. Je vais essayer de le développer à l’avenir. Reste à savoir si je vais y arriver ou non. »

J’attendais maintenant la suite de son discours car je sentais qu’il avait encore des choses à me dire. Et celle-ci ne tarda pas, il m’annonça que les personnes extérieures au village pense que notre force de frappe est émoussée et que nous devrions vite trouver un moyen de réagir. Je comprenais son point de vue et à vrai dire je le partageais. Je n’avais pas été au tournoi de Konoha mais toujours est-il que je devais rattraper nos défaites là-bas, les erreurs du Shodaime si je puis dire. C’est pour cette raison qu’afin de répondre à Kenji je m’exclamai.

« Je compte profiter de notre entente avec Konoha suite au tournoi afin de parler d’une organisation qui vient d’émerger aux yeux du monde, le An’tei et qui apparemment souhaite combattre les quatre villages. Je compte débusquer l’un de ces Nukenins et le tuer. Une face connue de préférence. Ce sera la première étape. La seconde sera de nous suffire à nous-même à tous les niveaux et si cela doit passer par la conquête d’un pays ou même d’un village ninja voisin, nous le ferons. Sachez le Kenji, je suis loin d’être un homme qui par conviction choisi de respecter le code de l’honneur pour ses ennemis. Si je dois agir en traître pour éviter le maximum de pertes dans nos rangs, je le ferais sans hésiter. »

Log 93 : Leading Warrior

Le Raiu étouffa un petit rire en entendant les remontrances de Aare par rapport à son commentaire sur les qualités et défauts du Raikage actuel. Comme quoi, passer un certain âge, on tombait dans une sorte de mode où l’on peut faire la leçon à n’importe qui et être convaincu de sa sagesse. Même si c’était comique, Kenji n’aimait pas ça. L’ancien Kazekage avait tout de suite considéré le blond avec sérieux et c’est ainsi qu’ils avaient pu tenir le village debout jusqu’à aujourd’hui. Maintenant, ce barbu ne semblait pas du tout le voir à sa juste valeur. Non pas que Kenji ait quoique ce soit à faire des sentiments du nouveau Kage, seulement la confiance ne pouvait pas se bâtir sur des fondations bancales. Si Aare ne le voyait pas à son vrai niveau, le type serait porté à cacher davantage de ses projets ou même, l’ignorer. Kenji n’aimait pas ça.

« Malgré que je ne sois pas encore aussi vieux que vous – Dieu merci ! -, j’ai passé l’âge de me faire faire la leçon. Tenez votre langue, vieillard. »

Le Raiu ne voulait pas trop étendre le sujet sur Uriô, alors qu’il n’était pas encore certain de ses propres impressions sur lui. C’était un homme droit et fier, ambitieux mais également mortellement patient. L’eau pouvait bien se déchainer, les éléments se bouleverser et le tonnerre gronder, on avait aisément cette impression qu’à la fin, le chef du clan Kadoria serait toujours debout, au sommet de sa montagne, riant par-dessus les orages…Aare lui parla de sceller Makka éternellement, et Kenji se frotta le menton en se demandant si ça pouvait marcher. Peut-être, mais un simple sceau ne suffirait pas. Pour sceller un furyou, il fallait posséder son inhibiteur ou son catalyseur. Makka utilisait sans aucun doute son catalyseur pour aliéner ses troupes, reste donc le deuxième fameux objet. Mais sa nature était totalement inconnue, les recherches menées jusqu’ici s’étant soldée sur des échecs. Kenji interrogeait souvent Tsura mais celui-ci ne gardait aucun souvenir d’un objet quelconque, hormis pour l’arme de la femme. Après un moment, il hocha lentement la tête.

« Une idée à considérer, Kage. Mais si j’étais vous, je chercherais à sceller dans un objet , et non un corps. Je ne saurais le justifier maintenant , mais bientôt, j’aurai les réponses. »

Enfin, Aare parla des effets pervers du tournoi et de ses projets futurs, qui évoquait une presque certaine guerre à un moment ou un autre. Ainsi l’homme n’était pas amateur de paix. Voilà enfin une accalmie avec Kiri qui stagnait étrangement, Konoha qui restait immobile comme un arbre à son habitude, et Kumo dont les foudres étaient retenus par l’alliance entre Suna et elle. Une alliance fragile malgré sa rencontre avec le raikage. Fragile parce que désormais, un semeur de chaos tenait le siège de dirigeant…

« Nous ne sommes pas samouraï mais bien shinobis. Qui plus est, l’héritage du Kakumeigun , qui a fondé ce village sur un amalgame de codes et de principes. Kusanagi prônait l’honneur total et la préservation de l’innocence. Manzô était davantage attiré par la violence, en autant que celle-ci fasse avancer la cause et n’implique pas les civils. Karas suivait l’un ou l’autre, il était très malléable et versatile. Et moi ? Moi j’ai fait ce qu’il fallait pour amasser la fortune qui nous permettra de reconstruire ce village. Les fondations de ce village sont plus rouges que les symboles qui ornent la tenue de l’Hokage. Si Konoha a la volonté de feu, nous avons la force du vent, pouvant surgir de n’importe quelle direction morale, tant qu’elle nous mène à notre destination…Ceci dit , je recommande la prudence. Les ours les plus dangereux sont ceux que l’on réveille, et nous sommes entourés de nations endormies. Éliminons cet An’tei, et Makka. Ensuite, nous n’aurons qu’à tendre la main pour cueillir la feuille, et la ligne à l’eau pour prendre Kiri. »

Le Raiu se tut et recroisa les bras, puis se leva au bout d’un moment.

« Je pense que nous avons fait le tour des sujets importants, et j’ai fort à faire pour empêcher le chaos de régner dans ce village. Mon instinct me dicte de ne pas vous faire confiance, Kazekage, et d’une étrange façon, mes instincts relèvent davantage de la bête que de l’homme, ainsi ce n’est pas votre allure dont je me méfie mais bien votre personne entière. Je vais découvrir tout ce qu’il faudra sur votre compte, et priez que ce ne soit que de la cosanguinité…Et je pense que nous sommes clairs là-dessus, ne prenez aucune décision militaire de haute importance sans d’abord m’en discuter. Je crois que vous n’aurez aucun mal à trouver chez ma personne le conseiller idéal, dans ce monde où l’on chante davantage la vertu que les réels exploits…Avec votre approbation, je souhaite maintenant disposer.

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