Ça devait bien faire trois jours que je marchais ? Environ. C'est fou comment la notion du temps se perd quand on marche au milieu de tout ces arbres qui se ressemblent... Le pire c'est les oiseaux. Je sais ça paraît con comme ça, mais après une journée ils devenaient agressant. Pas que j'ai quelque chose contre eux personnellement (en fait j'aime bien me réveiller sous les chants mélodieux et les pépiement joyeux de ces petits volatiles) sauf que il y a des limites à ne pas dépasser tout de même ! Dame Nature aurait pu leur faire manger autre chose que des vers non ? Peut-être. Mais pour l'instant ce sont les miens qu'ils picorent. Mes petits bébés qui se font dévorer par un amas de plumes. Ils n'osent même plus sortir, parce qu'il a toujours une corneille ou un merle affamé qui les épient aux travers des branchages ou des buissons. De quoi devenir paranoïaque... Une chance que j'ai le contrôle sinon ils me submergeraient. Et entre toi et moi, on ne veut pas ça. Donc je marchais sous les assauts incessants de bec et de griffes pour s'arracher le moindre lombric de sur mon corps lorsque la route de terre commença à s’éclaircir et à devenir un peu plus rocailleuse. Et là, au tournant, derrière une énorme roche se dressait Konoha.

Mettons nous d'accord directement sur quelque chose. Je n'ai pas été impressionné souvent dans ma vie. J'avais l'esprit plus terre à terre que les autres jeunes. Notamment à cause de la Yamai Naki. Bref je ne suis pas facilement impressionnable. Mais ce qui se dressait devant moi était, comment dire... Sublime. Voilà, c'est le seul mot qui me vient. Les portes en bois qui se dressent à l'entrée du village sont faites d'un type de chêne unique à la région, épais et brun-rouge, tirant vers le bourgogne. Ces deux portes sont gravés de signes ornementaux ainsi que de relief particulièrement saisissant. Alors que je m'approche deux statues de renards blancs commencent à s'offrir à ma vue. Ceux-ci reposent sur des dalles d'argent où le mot lys est incrusté. D'une hauteur d'environ deux mètres, ils trônent comme deux gardiens de la porte. Je franchis donc la distance que me sépare d'une guérite en pierre grise. De cette 'douane' sortent deux shinobis de Konoha. Déjà ça sent les emmerdes. J'entends l'écho de leur voix qui se rapproche et le ton de la conversation m'informe que les deux messieurs ne sont pas de bonne humeur. Ici une autre mise au point s'impose : les Aburame ne sont pas connus pour leur loquacité élevée. Ils partent d'or et déjà du mauvais pied pour soutenir une conversation avec deux gardes peu enclin aux petits nouveaux il semblerait. Autre détail : je ne suis pas moi-même un grand fan de la jasette.

Donc j'arrive à leur rencontre. Ils m'abordent. Pas très poliment d'ailleurs. Hey qu'est-ce tu fais ici ? C'est quoi ton nom ? En gros c'est ce qu'ils me répètent depuis une bonne dizaine de minutes. Puis ils m'ont demandé d'enlevé mon masque. J'ai fais non de la tête. Désoler mec mais tu veux pas que je l'enlève ce masque. C'est à ce moment que le plus jeune des deux tend la main et l'approche de mon visage, dans l'intention plus qu'évidente de m'enlever ma protection faciale. J'ai donc pris les choses en mains. Pensais-tu vraiment que j'allais les laiser faire ? Haha très drôle. Donc je soulève mes bras, lentement, afin de ne montrer aucun signe d'agressivité. Bien sûr c'est deux ninjas-qui-veulent-sauver-le-monde le voit comme tel. Alors ils sortent leurs armes. Armes qu'ils abaissent assez rapidement quand je leur dévoile les punaises qui sont cousus sur le revers intérieur de ma veste. En fait je ne contrôle pas des punaises. Pas dans notre branche. Mais ça ils ne sont pas obligés de le savoir ! Je m'apprête à partir lorsqu'un deux me retient par le bras et se retourne vers le deuxième : Va chercher Setsu Aburame, qu'il dit. Mais qui c'est lui ?

Setsu aidait son père à nourrir les gros vers à soie de l'atelier, lorsqu'un Chuunin débarqua. De taille moyenne, de longs cheveux noués en queue de cheval et une belle balafre sur la joue gauche, l'homme d'une trentaine d'année ne semblait pas particulièrement apprécier l'ambiance des ateliers de confection du clan des tisserands. Un peu comme tout le monde quoi.

-Setsu Aburame est-il là ?

Demanda t-il sans même prendre le temps de se présenter. Le garçon s'était retourné. Parce qu'il n'était pas en service, il ne portait ni son masque, ni la plupart des attributs vestimentaires propre à son clan. Il leva la main.

-On a besoin de toi aux portes, enfin, si Sekkai-Senpai n'a plus besoin de toi.

Sekkai, Jônin du village ébouriffa les cheveux de son fils, celui que l'on conviait.

-Vas-y, je terminerai tout ça moi même.

Et ce fut sans un mot que Setsu empoigna son manteau à capuche, ramassa la paire de lunettes noires qu'il portait lorsqu'il n'avait pas à porter son masque, et qu'il emboita le pas au Chuunin, jusqu'aux portes du village. On le briefa en route sur la raison qui requérait sa présence.

-On a un individu étranger qui vient d'arriver. Masque, manteau, et sur sa veste, y'a des punaises cousues. On sait pas d'où il sort, et comme tu t'en doutes, on s'est dit que peut être qu'en tant qu'Aburame, tu saurais d'où il vient. C'est pas pour vous blâmer mais on sait pas grand chose de ton clan Setsu-kun.

Le garçon ne répondit pas. Il n'avait pas l'habitude dé répondre lorsque ça n'était pas nécessaire, et il estimait que la remarque du Chuunin, bien que compréhensible, n'appelait pas de répondre. Au mieux, son mutisme le conforterait dans l'idée que le clan Aburame était une famille mystérieuse. Pourtant, le Genin ne pouvait s'empêcher de se poser une question. Pourquoi n'avaient-ils pas eux même procédé au protocole d'identification, avant de l'appeler, comme si la présence d'un autre Aburame allait résoudre toutes leur difficulté. Bref, maintenant qu'il était là, il faudrait bien faire avec.

Lorsqu'on arriva aux portes du village, l'individu en question se tenait toujours là, les bras en l'air, scruté par les Chuunin de garde comme s'il s'était agi d'une bête curieuse. Setsu aussi, le fixait. Effectivement, il ressemblait en tout point à l'un de son clan, et pourtant, il ne l'avait jamais vu.. Et puis... quelque chose d'étrange émanait de lui. Une anomalie, une perturbation que le Genin ne parvenait pas à identifier clairement. Il avait tous les aspects d'un membre de son clan, et ne semblait pas beaucoup plus bavard que son père, ou le jeune Kaidô, mais il était... différent. Setsu avait déjà rencontré des familles du clan Aburame qui avaient préféré continuer leur vie hors du village de Konoha, ne voulant pas être impliqué dans les conflits Ninja, mais leurs ressortissants venaient rarement de leur plein gré aux portes du village, et Setsu n'avait pas connaissance de celui-ci.

-Bon, fit finalement le genin. Quel est le vrai problème ? J'imagine que vous ne m'avez pas fait venir pour accueillir un éventuel membre de mon clan ? A t-il formulé des requêtes auxquelles je serais susceptible de pouvoir accéder ?

Jamais deux sans trois. Le vieil adage était manifestement valable pour les Aburame comme pour les autres, car Kaidô venait de faire son apparition avec la discrétion qui le caractérisait.

-Un... transfuge, je dirais, Kaidô-kun. Répondit Setsu à ce dernier, en regardant Yamai du coin de l'oeil. Je te présente Yamai. Il est arrivé ce matin à Konoha, et, pour ce qu'il a bien voulu me dire, il fait également partie de notre clan. Je ne pensais pas qu'il existait encore des ramifications du clan que nous ne conaissions pas, mais force est de constater que nous avons encore des "cousins" à découvrir. En attendant, puisqu'il n'a nulle part où aller pour l'instant, je comptais aller voir mon père, afin qu'il réunisse les supérieurs du clans et qu'ils trouvent à Yamai une place où s'installer.

C'était à peu près tout ce que Setsu était en mesure de dire à Kaidô consternant Yamai. Le temps des vraies présentation aurait sans doute lieu plus tard, mais pour le moment, ce qui importait était de trouver un endroit où installer le nouveau venu. Soudain, une voix retentit derrière le trio.

-Oooh, un nouveau membre... et... avec des capacités plutôt inhabituelles à ce que je vois.

Aburame Sekai, le père de Setsu venait de faire son entrée. Grand, svelte, des lunettes noires en forme d’élytres sur le nez, des punaises se promenaient le long de son long manteau noir. Bien qu'il ne fasse pas partie de la générations d'enfant du clan ayant reçu une pondeuse kikkai comme cadeau de naissance, le père de Setsu, en tant que Jônin avait fini par adopter les punaises tout comme d'autres "anciens". Elles l'aidaient au quotidien, en échange de leur dose de chakra et d'un nid douillet. L'homme scrutait Yamai.

-Nous sommes ravis de t'accueillir parmi nous, Yamai. Je suis content que tu aies rencontré Setsu et Kaidô. Nous te trouveront rapidement un endroit où dormir. En attendant, je te laisse entre les mains des garçons, j'ai encore à faire à l'atelier.

Et aussi vite qu'il était apparu, ce grand échalas de Sekai disparût, laissant son fils, Kaidô et Yamai seuls une fois de plus. Setsu, qui s'était retourné revint au nouveau venu. Son père n'avait pas dit grand chose d'intéressant, mais avait tout de même mentionné des "capacités inhabituelles", ce qui confirmait la première impression du Genin de Konoha. Yamai n'était pas comme lui. Ni comme Kaidô d'ailleurs. Le contact avec les êtres qui vivaient dans son corps était plus difficile, comme brouillé. Comme si ils ne parlaient pas la même langue que les punaises qu'une grande partie du clan de Konoha hébergeait dans son corps. Et si ces créatures ne parlaient pas le même langage, c'était certainement qu'elles n'étaient pas de la même espèce. Setsu avait déjà rencontré des manipulateurs d'insectes autres que les Aburame. Les Kamizuru notamment, lors d'une mission au pays de la Terre avec Kaidô. Mais contrairement à Yamai, les Kamizuru n'avaient jamais développé d'aptitude pour héberger leurs abeilles, bien trop volumineuses, à l'intérieur de leur propre corps. Alors que diable pouvait donc dissimuler l'organisme du garçon ? Il y avait peut être un moyen de le savoir...

-Kaidô-kun. Devrions nous procéder à un test pour évaluer les capacités de Yamai ? Le Hokage pourrait en avoir besoin rapidement pour lui donner ses prochaines affectations.

Une excuse plausible, mais une excuse quand même. Setsu ne comprenait pas ce que renfermait Yamai, et un test opérationnel était un bon moyen de le savoir.