La forêt de Hi no Kuni avait bien changé. Les dernières fois où j’avais pu y mettre les pieds dataient d’avant la construction des Villages, avant que je ne rencontre Nyuuwa. Il y avait une humidité cassante dans l’air. L’automne harassait depuis plusieurs semaines le continent. Les feuilles commençaient à avoir cet aspect sec, presque fragile, même si le vert continuait à dominer. Je resserrais mon manteau autour de moi en jetant un regard en coin vers ma compagne. Je pris une grande inspiration en continuant à avancer vers ce que j’estimais comme la bonne direction, mais un peu approximative puisque je n’avais jamais vu le Village Caché de la Feuille. Je savais que pour beaucoup de Shinobis, son emplacement était un secret de polichinelle et les nombreux témoignages qu’on m’en avait faits le confirmaient. Non pas à cause de leur nombre, mais à cause des fortifications qui entouraient ce Village Caché. Aucune base militaire se voulant être discrète ne pouvait pas se permettre de telles infrastructures. Le vent froid, malgré le soleil timide du matin, me fouetta le visage, m’obligeant à remonter un peu plus mon foulard sur mon visage pour le protéger du vent. Ma capuche me protégeait peu, mais suffisamment pour rendre le voyage plutôt agréable. S’il est vrai que dans les plaines de Kawa le vent souffle fort, sous le couvert des arbres, il est bien moins désagréable.

Nous nous contentions d’avancer dans les sentiers bien dessinés au sol à force de passage. Il valait mieux faire preuve de bonne foi et montrer que nous ne nous cachions pas de la surveillance des soldats. J’ignorais comment mon élève, mon amie, se sentait par rapport à notre décision. Il fallait avouer que, si notre statut de Nukenin et de mercenaire n’était pas toujours apprécié, j’avais l’impression que la présence des Village Caché avait encore plus stigmatisé les nôtres aux yeux des gens ordinaires, sauf dans les rares bourgades capables de s’offrir encore la présence de Shinobis fidèles. La naissance de Suna avait encore plus semé le doute au sujet de notre survie. Beaucoup de Nukenins à la recherche d’une certaine reconnaissance et d’un foyer avaient préférés se joindre à ce nouvel édifice. Il était temps de suivre leur exemple, mais je craignais que la présence de nombreux membres ou d’anciens nukenins ne présentent un risque. Il fallait avouer que je ne m’étais pas fait que des amis parmi nos pairs et, de surcroit, les restants des armées d’anciens ennemis de Kawa pouvaient avoir entendu parler de moi. Certaines de mes actes n’avaient pas été… appréciées et je ne désirais pas que Suna, sous l’influence de certains de ses membres venant d’ailleurs, ne m’ai dans sa ligne de mire. C’était la raison de notre désir de nous joindre à Konoha. Un désir de protection qui devrait se payer, mais, étrangement, ça ne me faisait ni chaud ni froid.

Les feuilles craquaient un peu sous nos pas. La porte Ouest devait se trouver bientôt sous nos yeux. Je ne savais pas comment réagirait Nyuuwa. C’était probablement une des premières fois où nous nous risquions à des ennuis. La fuite vers l’Est serait possible, mais il serait aisé de sortir vers Kusa pour nous cacher dans les montagnes d’Iwa… À condition de pouvoir fuir les troupes de Konohajins.

- « Tu sais… Konoha est un des plus grands Villages Cachés. Ils sont plus… accommodants avec leurs frontières, mais il faut leur prouver notre… Désir de calme. Si nous parvenions à faire miroiter un peu d’utilité de nos personnes… Tu verras, reste calme, répond aux questions minimalement, ne parle pas d’évènements précis, mais soit honnête dans tes explications. »

En parlant, je lui souris. Je ralentis un peu le pas pour être plus près d’elle et passa un bras autour de ses épaules pour la serrer brièvement contre moi. J’ignore qui des deux j’essayais de rassurer, j’ignorais ce qui se passerait une fois à Konoha. Je ne craignais pas vraiment pour sa vie à elle, pas beaucoup pour la mienne, non, ce qui me dérangeait c’était ce qu’elle découvrirait quand elle verrait qu’il y avait d’autres… personnes que nous deux. Pourtant, Konoha restait la solution la plus simple pour le moment. Il existait certainement d’autres possibilités, mais je devais bien avouer les groupes autres avaient des objectifs, des visions à imposer, et je ne tenais pas à participer à ce genre de conflits pour le moment. J’en avais vu d’autres, les règnes disparaissent souvent, s’oublient, se perdent. Combien de Général avait instauré une nouvelle discipline à Kawa avant d’être éliminé par une foule d’opposants et que le travail s’effondre sur lui-même. Non… Konoha avait un avantage manifeste, celui d’être grand, facilement accessible de partout sur le continent, mais, évidemment, d’être un endroit où Nyuuwa n’aurait pas à abandonner totalement sa liberté pour un Kage.

(Soyez indulgent, j'essaie de me remettre dans le contexte et de reprendre la main. :S xD]

Je marche tranquillement derrière mon compagnon. Mes yeux se fixent sur la terre découverte par le passage de trop nombreux pieds qui ont foulé ce chemin. Nous devons être sur la bonne route si tant d’autres avant nous ont emprunté ce même parcours. Mon regard se lève un peu. Je le vois qui remonte son foulard. Le vent agite les feuilles dans les arbres qui produisent un bruissement presque inquiétant. Ce n’est pas le vent de la ville qui souffle en bourrasque, dérangeant les gens, mais tout de même silencieux, simplement de passage. Ce n’est pas le vent des montagnes qui vient se fracasser contre nos petites maisons de bois pour nous rappeler que la nature est là, qui guette. Non, c’est le vent de la forêt, un vent maintenant chez lui qui se fait entendre. Il dérange mes cheveux qui volent en tous sens. Ils sont attachés, mais des mèches viennent s’écraser parfois contre mon visage. Je ne les déplace pas. Ils sont à leur place, mes cheveux. Ils sont une partie de moi. Je me contente de remonter mon foulard également, pour protéger ma peau des frissons, du vent froid, mordant. C’est tout ce que je peux faire, pour le moment.

Nous voyageons depuis un long moment ensemble, et je sais que je fais confiance à mon guide. Après tout, il est resté aussi étrange et distant qu’au début de notre étrange relation. Il ne m’a pas touché. Jamais. Pas comme les autres, en tout cas. Pourtant, je doute. Je doute de lui, de notre décision. Certes, nous sommes en proie aux préjugés des autres. Nous sommes stigmatisés, mal vu. Je peux le comprendre. Et rejoindre un village nous apportera sans doute une certaine protection… Mais il faut d’abord trouver ce village, et les indications sont si peu nombreuses. Que de rumeurs sont parvenues à nos oreilles. Mon compagnie y croit. C’est pour ça que c’est lui qui marche le premier, pour que je le suive. Je ne m’y opposerai pas. Si ce n’était que de moi, je refuserais tout simplement de nous guider dans cette aventure qui ne se terminera de je-ne-sais-quelle-manière. Vrai, rejoindre un village nous protégera. Mais de quoi? Et à quel prix? J’ai appris à me réapproprier mon propre corps, mais serai-je vraiment utile pour d’autres ou devrai-je reprendre ma vie d’avant? La même routine, pour survivre, toujours, pour que mon corps serve, à nouveau…

Je promène mon regard sur le décor qui nous entoure, nous enferme. Partout autour de nous se trouvent des arbres qui nous protègent du regard des autres. Mais qui nous cachent ces mêmes autres, également. Je ne peux m’empêcher d’être nerveuse devant l’inconnu… S’ils se terrent et nous observent, ils doivent remarquer que nous ne cherchons pas à nous dissimuler. Nous ne cherchons pas à être discrets. Les branches craquent sous nos pas, les feuilles bruissent. Et nous avançons à découvert sur le chemin, calmement. Suguato ralentit soudain. Sa voix me parvient, poussée par le vent. Il me sourit, comme pour raviver ma confiance en lui. J’hoche simplement la tête, j’ai compris les instructions. Je les suivrai. Il a toujours été de bons conseils jusqu’à présent. Je peux continuer de croire en lui. Et je sais que, si jamais le village n’est pas conciliant, que nos talents ne peuvent être reconnus, qu’il a préparé notre fuite, qu’il existe une porte de sortie par laquelle nous pourront partir, toujours libre, même si poursuivis, probablement. Il ralentit encore un peu le pas, si bien qu’il se retrouve à ma hauteur. Son bras se tend, m’entoure et me presse contre son corps. Naturellement, ma main vient enserrer la sienne pour la presser. Je sais que ce geste n’est pas uniquement pour me rassurer. Il ne se permet pas de me toucher. Je ne cherche pas à le toucher. Mais parfois, quand il se le permet, quand il s’y risque, j’y réponds de la même manière que lui : de manière inattendue, de manière prompte. Le contact n’a duré que quelques secondes, une minute tout au plus. Nous marchons maintenant côte à côte. Et je ne peux empêcher la question de fuser de mes lèvres, pour savoir, pour me préparer.

« Qu’est-ce qui nous attend? »

Je ne sais pas si j’aurai une réponse alors que mes yeux continuent de regarder l’horizon. Je crains tout autant que j’espère y découvrir les forteresses érigées pour protéger le village caché de la feuille, Konoha, notre objectif depuis notre décision prise.

Jour de garde, ce qui dit journée de merde. À priori, je devais faire la garde pendant la journée avec deux autres personnes mais bon je ne les connaissais pas. Je perdais mon temps avec ces conneries, j'hésitais même à envoyer un message à nos très chère organisateur que je ne pouvais pas bouger du lit. Mais non, mon père m'avait sortit de mon lit pour que je puisse aller travailler, ça allait être amusant cet journée. Une cigarette au bec, je m'aventurais dans les rues d'un pas assez lent, autant perdre son temps dans la route, j'aurais moins d'heure à faire. La température froide, les nuages grisâtres trônait sur le ciel de Konoha. Avec ce temps de merde, je devais bosser ... fallait vraiment que je prenne du grade parce que là j'en avais un peu marre des boulots à la con. Je me présentais au poste de grade, fumant ma cigarette, j'attendais que le temps passe. Inventant des techniques dans ma tête ou des tactiques, l'odeur de cigarette froide autour, j'en avais vu passer des inconnus, des marchands ou autre. Ils venaient à Konoha pour marchander ou donner des missions, ce genre de truc. Et bien, j'aurais voulu participer à autre chose en ce moment-même, j'aurais pu m’entraîner avec mon père ou encore passer mon temps à lire des bouquins. Plus intéressant que glander dans ce poste. Inspirant dans mon cône en papier, une fumée de grisâtre sortait de mes narines. Les deux con étaient parti pour une pause déjeuner au bon moment. Un ninja apparut devant moi, m'avertissant de deux personnes bizarre qui avançaient vers Konoha. Du boulot pour moi.

Marchant vers leur direction, la cigarette au bec, j'allais devoir y aller tout seul. Les deux autres con étaient partit pour se remplir la pense, qu'il y aille, moi j'allais devoir rencontrer deux inconnus. Deux silhouettes se dessinaient devant moi, je m'arrêtais, attendant qu'ils viennent à moi. Fumant paisiblement, un homme et une femme se présentaient devant moi. Aucun bandeau en vue, il n'y avait qu'une hypothèse: C'était des déserteurs. Laissant tomber ma cigarette à mes pieds, je l'écrasais tranquillement tout en regardant les deux inconnus. L'homme dont de nombreuses cicatrices ornaient son visage, ces lèvres fines, il avait vraiment apparence d'un scientifique un peu cinglé. La femme, elle ressemblait à une humaine, des cheveux bruns, de belles formes, pourquoi cet femme se baladait avec cet homme déformé. Sans doute pour sa grande puissance où cela pouvait être son sensei. Leur adressant un léger sourire, il ne fallait pas montrer de l’agressivité. Il s'était deux et moi seul. Il fallait que je sache pourquoi il était venu ici.

Bonjour inconnus, je me nomme Yamanaka Sho, je vous souhaite la bienvenue mais avant de rentrer dans le village de la feuille, j'ai une question précise à vous demander, qu'est ce que vous voulez faire à Konoha ? Quelles sont vos raisons ? vos intérêt ? Depuis cet récente guerre, nous ne voulons pas que des inconnus se baladent dans notre village, vous pouvez comprendre.

Savoir leur raison d'être venu dans le village de la feuille, s'il n'y avait aucun danger, je pouvais leur donner accès à ce pays.

Si vos raisons sont correct, je vous donnerais l’accès au village !

Sortant une cigarette de mon manteau, je la positionnais au coin de mes lèvres. L'allumant, j'attendais paisiblement leur réponse.

Nous marchions depuis quelques minutes quand je pus apercevoir au loin une silhouette qui venait dans notre direction. Je jetais un regard vers Nyuuwa avant de hocher simplement la tête, un simple signal d’accord. Je m’arrêtais quelques secondes avec un léger balancement vers l’arrière comme si j’avais été surpris, un mouvement involontaire depuis l’accident du laboratoire. Je remarquais rapidement, même à cette distance le bandeau de l’homme de Konoha. Glissant mes doigts sur mon cou pour tirer le foulard et dévoiler un peu mon visage, je m’approchais de lui alors qu’il jetait au sol un objet auparavant à sa bouche. Il l’écrasa mollement, avec une habitude dans le mouvement, qui ne trompait personne. Le vent était un peu retombé à l’approche de Konoha et grâce à la forêt, le vent était moins dérangeant. Je ne jetais pas un regard vers ma compagne, elle savait et pouvait bien faire ce qu’elle souhaitait. En approchant, je procédais à un rapide examen de l’homme. À quelques mètres de lui, dans le chemin, je m’arrêtais, observant quelques secondes de silence avant qu’il ne parle.

L’homme, beaucoup trop grand et maigre, son corps pas encore sorti de l’adolescence ou n’ayant pas bénéficié des hormones nécessaires, me semblait étrangement jeune. Je savais pourtant que les Villages Cachés recrutaient de plus en plus tôt, mais je ne me faisais jamais à cette étrange vision malgré les années. En parlant, je penchais un peu la tête de côté, soudain fasciné par sa bouche. Sans avoir les dents jaunies, ses gencives étaient légèrement plus rouges. Soit il avait une mauvaise hygiène ou, plus probablement, il fumait de façon régulière. Après les quelques mots, confirmant mes doutes, il ralluma une autre cigarette. Je me contentais de lui adresser un sourire avec un regard en coin vers Nyuuwa. Sans rien dire, je fis quelques pas sur ma gauche pour m’écarter du chemin et m’asseoir. J’étais habitué à marcher de longues heures, mais le soulagement n’en restait pas moins présent. Je lui adressais un bref sourire maladroit, comme un enfant trop jeune, en écartant un peu ma cape manteau et pour faire glisser de quelques centimètres ma pipe. Dès que son regard s’arrêterait dessus, je me permettrais de la sortir complètement avec une bourse de tabac du Pays du Thé. En l’observant, j’examinais ses yeux, cherchant à savoir si sa maigreur physique était un point faible qu’il devait pallier par une certaine vivacité d’esprit ou d’observation, du moins.

- « Fumer est une mauvaise habitude. »

Je fis reculer un peu ma tête en gardant les yeux vers lui avec un bref rire étouffé. Ensuite, je me contentais d’attendre sa réaction quelques secondes. Protégeant le tabac de la brise, posé à côté de moi, près de ma cuisse, je commençais mon lent travail pour me préparer à fumer. Je laissais le silence faire son œuvre, donnant le temps au jeune homme de nous examiner et à Nyuuwa de bien se « positionner » et chercher son attitude face à la situation. En bourrant la pipe avec une certaine tendresse, allant jusqu’à caresser le col du fourneau pour éviter la moindre perte et la nettoyer, je levais les yeux vers lui en souriant comme à mon habitude, un peu bêtement, mais terriblement maladroit, à cause de mes cicatrices qui rendaient difficiles certaines expressions. En la glissant à ma bouche, sans l’allumer, pour goûter l’arôme du tabac, je me permis de poursuivre.

- « Je vais répondre dans le même ordre sauf si tu espérais que je change l’ordre, mais je crois que je vais me tromper, parce que beaucoup de tes questions se ressemblent tellement… Du moins, entre elles, parce que j’imagine que toutes les questions que tu poses ne se ressemblent pas tout le temps, non ? Nous voulons entrer à Konoha pour demander une faveur à votre Kage ou un administrateur qui gère les questions ordinaires. Nous voulons essayer d’y rester… C’est bien ça Nyuuwa ? »

Je me tournais vers la concernée, espérant une réponse de sa part. À la manière presque caractéristique d’un bovin, je mâchouillais l’extrémité de ma pipe éteinte. J’attendais une simple confirmation de sa part, mais aussi que notre interlocuteur la remarque et prenne le temps de bien l’examiner. À son âge, avec sa maigreur, ce devait bien être son activité préférée, à moins qu’il n’est abandonné ce genre de frivolités pour se consacrer à des choses plus « importantes »… Enfin, nous verrions bien. Examiner la matière.

Nous marchons encore quelques minutes à peine, dans le silence. Le vent s’est effacé, le bruit a presque cessé. Il ne cesse jamais totalement dans la forêt. Et moi, j’attends une réponse qui, je le sais, ne viendra pas. Il n’y a qu’à voir mon compagnon qui continue d’avancer. Et au loin, je ne vois pas les silhouettes des remparts, mais la silhouette d’une personne. Elle vient à notre rencontre. Mon compagnon se retourne vers moi, hoche la tête simplement. Je ne sais pas exactement où il veut en venir. Il a sans doute davantage l’habitude que moi de ce genre de rencontre. Aussi restai-je en arrière. Le nouvel arrivant jette un mégot par terre, mollement. Le geste de l’habitude. Il est plutôt grand, maigrelet. Son front est ceint d’un bandeau, celui du village, apparemment. Suguato baisse un peu son foulard pour découvrir son visage. Je reste en retrait. Dois-je faire de même? Notre but n’est pas de nous cacher, de nous dissimuler pour entrer dans le village. Au contraire, ils ne nous laisseront même pas franchir les remparts si nous ne jouons pas franc jeu. Je prends quelques minutes à observer mon compagnon qui s’est retiré du chemin pour s’asseoir, préparant sa pipe. C’est un rituel qu’il fait quelque fois. Il y prend plaisir, même si je ne sais pas exactement celui qu’il en retire à remplir le fourneau, à le gratter soigneusement, presque amoureusement. Pour lui, il ne s’agit pas seulement de préparer sa pipe, d’en aspirer le tabac, de souffler la fumée en savourant l’instant. Il y a plus. Je sais qu’il y a plus. Il joue, il s’amuse, il pose ses conditions, en prenant son temps ainsi. Et moi, toujours debout, toujours en retrait, je ne sais pas trop quoi faire. L’homme s’est présenté. Il a même posé quelques questions. Plusieurs. Mon esprit essaie d’analyser les mots, d’en saisir le sens. Mon front se plisse sous l’effort. Est-ce moi ou toutes ces questions reviennent au même? Et si l’envie nous prenait de mentir? Ou si nous étions des voleurs venus piller, comment pourrait-il savoir que nous disons la vérité? Ou que nous ne la disons pas? La franchise a beau être une valeur prisée, en général, elle n’en reste tout de même qu’une valeur. Il est beau de croire en la race humaine, mais il est également naïf de trop y croire.

Un sourire discret apparaît sur mes lèvres alors que Suguato répond à notre… comment peut-on l’appeler? C’est de lui que dépendrait notre entrée dans le village de Konoha? Bien sûr que non. Certes, c’est lui le premier qui nous ouvrira les portes, mais ce n’est certainement pas lui qui décidera si oui ou non nous pouvons y rester. Il n’empêche que Suguato est peut-être un peu trop direct, un peu trop amusé pour notre interlocuteur. Il prend un risque… Suguato n'a pas encore allumé sa pire. Il ne fait même pas un geste pour l'allumer. Il se contente de goûter l'amer tabac qui se repose dans le fourneau. Tout d’un coup, il se retourne vers moi pour chercher mon approbation, mon soutien, mon support. Je pourrais me contenter d’acquiescer, ce qui serait assez simple et ne m’engagerait à rien de plus. Pourtant, Suguato attend quelque chose de moi. C’est sans doute ce qui m’énerve le plus. Je parviens à peine à deviner, même après plusieurs années, ce qu’il veut dire. Certes, je comprends les mots, les phrases, le sens, mais je ne réussis pas à deviner ce qu’il y a sous ses mots. J’ai toujours l’impression qu’il attend plus de moi, que je devrais en faire plus, que je devrais… Je n’arrive même pas à cerner mes propres pensées à ce propos. Bien droite, j’essaie de ne pas retrouver mes anciennes habitudes. Je n’ai plus à vendre mon corps. Pourtant, ce pourrait être si facile de le faire, de le convaincre par mes charmes que nos intentions sont bonnes. Oh! Elles sont bonnes, mais mon corps ne devrait pas être un argument logique dans ce genre de débat.

« Comme le dit mon ami, nous ne voulons qu’entrer à Konoha pour essayer d’y rester. Trouver un refuge, une maison, en quelque sorte. »

Un refuge après la guerre. Une maison après l’errance. C’était normal de rechercher la protection du plus fort. Il n’y avait rien à ajouter. Il n’avait pas à connaître ce que nous avions fait avant d’arriver ici. Par ailleurs, Suguato avait été clair. Il fallait se contenter de l’essentiel, ne pas trop s’étendre sur notre passé, mais plutôt dessiner l’avenir, ce que nous pouvions apporter. Je ne le savais pas encore. Et pourtant… Je remarquai alors que nous ne nous étions pas vraiment présentés. Certes, l’homme pouvait avoir une vague idée de nos caractères, bien que je ne me sois plutôt effacée, mais il ne connaissait pas encore nos noms. Était-il nécessaire de les lui dire?

« Kireru Nyuuwa. Et mon compagnon, c’est Shiaijin Suguato. »

J’hochai la tête vers Yamanaka Sho, comme une salutation tardive. Je ne me retournai pas vers Suguato. Chercher son approbation était inutile.

Une journée de plus, encore en vie... Cela faisait quelques jours que Nikkou avait retrouvé sa place dans le village, après tout ce qui s'était passé entre temps. Il portait encore les cicatrices de son séjour dans les cellules d'une des bases de Makka à Hai no kuni. Mais le village avait besoin de lui, et il ne pouvait pas le faire attendre. Depuis son retour il n'avait malheureusement pas pu toucher un mot à sa coéquipière, Nami. Cependant il savait que cela allait se faire certainement très prochainement.
Le Konohajin avait alors décidé de s'occuper des affaires externes du village par peur de représaille de l'ennemi. Non pas qu'ils avaient trouvé d'où il venait mais il valait toujours mieux ne prendre aucun risque. Dans tous les cas, cela aurait été de sa responsabilité alors autant faire les choses jusqu'au bout. Un chunin arriva alors dans le bureau où le jeune homme s'était installé pour régler diverses paperasses.

_ Nikkou-sama, nous avons des visiteurs. Apparemment ce serait des ninja errants qui voudraient rejoindre le village... Yamanaka Sho est allé s'en charger mais on m'a donné ordre de vous avertir.

Le jônin leva un sourcil et croisa les bras dans son fauteuil. Des ninja errants... Ou bien un piège alors. De toute façon, il n'avait clairement pas d'autres solutions que d'aller s'en charger lui même. Konoha n'avait pas besoin de se faire des ennemis supplémentaires, bien au contraire.

_ Très bien. Je pars m'en occuper.

Le chunin le salua poliment.

_ Oui Nikkou-sama.

Se levant de son fauteuil, les mains dans les poches, le konohajin se dirigea vers la sortie pour se rendre jusqu'au Grand Rempart.
Cela ne prit pas très longtemps et en arrivant, il retrouva le Yamanaka, ainsi que les deux individus, un homme et une femme. Jetant un œil à Sho, il lui fit signe de se retirer, ce que le jeune homme fit immédiatement. Les deux individus paraissaient un peu étrange, mais Nikkou en fit abstraction.

_ Bonjour, Je suis Masao Nikkou, membre du Genkai. J'ai entendu dire que vous voulez nous rejoindre n'est ce pas ?

Le jeune homme leur laissa le temps de répondre, que ce soit par un signe de tête ou par les mots.

_ Très bien. Seulement, je ne suis pas apte à accéder à votre demande. Cependant... Notre Hokage pourra certainement faire quelque chose pour vous. Je vais vous conduire au Palais.

Regardant deux shinobi, des chunins, ils leur firent signe de se ramener.

_ Vous deux, venez avec moi, nous allons escorter nos invités jusqu'au Palais.
_ A vos ordres Nikkou-sama.
_ Avant toute chose, ce n'est pas contre vous, mais aucune menace ne sera toléré. Veuillez me suivre.

Passant devant, il attendit que les deux shinobis errants se mettent en route ou bien émettent une objection. En tout cas, le jeune homme était bien sérieux. Avec tous les problèmes que le village avait eu au cours du temps, Il n'était pas question de laisser encore une fois des étrangers le menacer. Là dessus il serait sans appel.

Nyuuwa fit beaucoup mieux que ce à quoi je m’attendais. Ce qui ne me surprenait plus depuis longtemps, mais me ravissait toujours autant, comme un enfant qui découvre de nouvelles fonctions à un de ses vieux jouets. Elle se contenta de nous présenter, ce qui ne me dérangeait pas outre mesure, mais je trouvais la démarche un peu trop empressé. Cependant, elle venait d’endosser le rôle de la porte-parole, mais aussi de celle qui était gentille. Dans le fameux rôle du bon policier et du mauvais, elle avait le bon rôle, sauf que cette fois, c’était le rôle du bon et du mauvais prisonnier. Je me tournais vers le jeune Shinobi, un sourcil levé, à la recherche de quelques signes de satisfaction, quand je remarquais que la situation venait tout juste de changer. Un autre homme, cette fois accompagné, portant quelques cicatrices fraîches, provoqua en moi un intérêt bien plus grand. Il n’avait rien d’extraordinaire, mais je ne pouvais qu’admirer les balafres, encore rosées et récentes, les légers cernes sous ses yeux et les quelques tâches d’encre sur ses doigts. Si un bureaucrate avait pu devenir un guerrier, c’était exactement à cela qu’il ressemblait, mais c’était impossible. Il n’y a que les guerriers qui peuvent devenir des bureaucrates, l’inverse est quasiment impossible. Il fit immédiatement signe à notre précédent interlocuteur de partir, ce dernier obéit avec toute la discipline d’un militaire.

Je regardais un peu ma compagne, conscient que nous devrions tout reprendre à zéro, mais aussi conscient que cet homme ne voulait pas perdre de temps. De toute façon, je n’avais plus trop d’informations à récupérer, je venais d’en récolter beaucoup plus. Je levais les yeux vers lui une dernière fois avant de me lever et de remettre le bout de ma pipe dans ma bouche. Je jetais un regard vers Nyuuwa pour m’assurer qu’elle restait un peu en retrait pendant que nous parlions, surtout pour protéger nos propres arrières, mais aussi nous assurer une fuite. Elle connaissait depuis longtemps toutes ces stratégies, toutes les théories à ce sujet, mais elle avait encore trop peu d’expériences du terrain. Konoha lui permettrait de prendre de l’expérience sans risquer de se faire poignarder à chaque instant ou égorger. Mais ça, je préférais ne pas trop lui en parler. Elle aurait pu se renfrogner comme une enfant. Prenant conscience que je restais silencieux, en suivant l’homme qui avait pris le contrôle des opérations, je me permets des banalités pour tâter le terrain.

- « J’ai bien fait de ne pas l’allumer… »

Je relevais un peu ma pipe pour lui signifier de quoi je parlais avant de la glisser dans ma poche. Ses remarques vinrent valider ce que je pensais de l’homme devant nous. Soit il venait d’être mis au placard, soit il venait de prendre du grade ou une transition du genre. Pourtant, le ton neutre avec lequel il exprima SA menace sur nos menaces, encore totalement inexistantes, me laissa dubitatif. Je ne pus m’empêcher de hausser mon sourcil. Il était effectivement sec, sans aucun goût pour les bonnes manières. Probablement un homme direct ou très détaché, je ne pus néanmoins m’empêcher de sourire bêtement à ces quelques mots. Je m’arrêtais aussi sec et joignis mollement mes poignets dans sa direction. Le plus sérieusement du monde, avec un soupir paresseux, je restais là.

- « Alors si ce n’est pas contre nous et que vous prenez de l’avance sur des menaces, je ne vous en voudrais pas de prendre de l’avance sur tout le reste. De toute façon, je ne suis jamais menaçant… Vos ennemis non plus, on dirait, sinon, vous auriez certainement pu y échapper. »

En parlant, je passe ma main sur mon visage pour désigner quelques cicatrices. Nul sourire ne vient bêtement se dessiner sur mon visage, cela pourrait être une moquerie. Une moquerie justifierait sa colère ou son mépris, non, je veux seulement être clair, mais je ne voudrais pas le faire sans en profiter, sans pouvoir admirer un peu ce qui se passe chez cet homme. De toute façon, je n’ai adressé mot à Nyuuwa, ça lui évitera tous ennuis. Elle en viendra probablement à gérer notre situation si la discussion tourne mal, mais j’en doute, dans le pragmatisme de cet homme, il y a l’ignorance des convenances, il y a la curiosité ou simplement les faits. Je ne doute pas que notre arrivée à Konoha sera d’autant intéressante, notre résidence aussi, si cet homme suit le dossier.

Je nous ai présenté, ne sachant pas si Suguato y tenait tant. Pourtant, il aurait fallu le faire tôt ou tard, et pour être honnête, il vaut mieux tôt que tard. Après tout, nous cherchons une faveur, un refuge, que seuls eux peuvent nous donner. Il vaut mieux se plier à leurs règles, quoi que je ne comprenne pas pourquoi l’homme qui est venu se présenter à nous soit venu seul, faire face à deux étrangers probablement armés. Enfin, un autre homme vient tout juste de rejoindre notre groupe, lui-même accompagné de deux autres personnages. En voilà un qui est un peu plus logique. Il se présente aussitôt sous le nom de Masao Nikkou, un membre du Genkai. Je n’ose poser de questions, sachant que Suguato pourra m’expliquer tous les rouages de ce genre d’organisation une fois que nous serons seuls. Pour le moment, j’avoue avoir un peu de mal à le situer. Cependant, je peux deviner qu’il est déjà plus haut gradé que le dernier. Le premier ne nous avait demandé que gentiment nos intentions, un peu malhabilement, alors que le deuxième attend confirmation de notre requête avant de nous proposer de nous mener à l’hokage, celui qui décidera de notre sort. Je me contente de hocher la tête. Après tout, il est inutile de répéter encore et encore qu’on veut simplement devenir membre du village. Et comme je ne sais pas exactement ce que je peux apporter à Konoha ou quels sont les plans exacts de mon mentor, je n’ose trop m’avancer sur ce terrain. Enfin, la demande est simple et notre nouvel interlocuteur semble comprendre plus rapidement.

Suguato, toujours assis, range sa pipe dans sa poche avant de se lever de son rocher pour se joindre à nous. Les deux autres hommes, silencieux, nous escorteront, et Masao Nikkou, sans plus d’hésitation, nous menace à demi-mots. Aucune menace ne sera tolérée. C’est étrange. Nous pouvions représenter une menace alors que seul un homme s’opposait à nous. Maintenant que nous sommes encerclés, je ne crois pas que nous représentions un danger. C’est sans doute parce que je sais que nous sommes gentils, bien intentionnés, et que nous ne recherchons qu’une place en ce bas monde. Alors, je me contente de me mordiller la lèvre pour ne pas lui faire remarquer que je trouve insultante sa remarque, autant pour nous que pour eux. Ils se sous-estiment? Bref, je hausse les épaules, mais reste sur place. Suguato, contrairement à moi, n’hésite pas à placer quelques mots. Un sourire flotte sur ses lèvres, que je juge personnellement provoquant, mais que d’autres trouveront simplement naïf. Il lève ses deux mains, ses poignets se rejoignant. Il s’offre en tant que prisonnier. Je reste dubitative devant son attitude. Je ne place pas un mot, sachant que Suguato se débrouillera très bien tout seul. Par ailleurs, s’il se met dans la merde, c’est bien son problème… Quoi que ça pourrait devenir le mien également. Je souris, me rapproche de mon compagnon de voyage qui semble avoir terminé son petit numéro.

« Et si on y allait maintenant? Il y a plusieurs jours que nous sommes sur les routes, et nous avons bien hâte de rejoindre le village maintenant que nous en sommes si près. »

Je ne m’excuse pas pour mon mentor, ce qui ne servirait à rien. Et par ailleurs, je viens de nous présenter non pas comme des voleurs de grand chemin ou des tueurs sanguinaires, mais bien comme deux voyageurs. Qui sait si nous avons mangé à notre faim? Ou si nous ne sommes pas exténués? Certes, nous ne transposons pas cette image. Nous nous sommes très bien débrouillés, mais j’ai hâte d’en finir avec ce cirque, de savoir ce qui nous attends. Alors, j’invite d’un geste de la main mon compagnon à prendre les devants, derrière Masao Nikkou.

« Nous vous suivons, messieurs. »

Je sais très bien que les deux autres fermeront probablement la marche derrière nous, pour mieux nous surveiller, et que le premier restera aux aguets. Je lui souris, simplement, espérant ainsi le rassurer sur nos intentions. Et nous prenons officiellement le pas vers mon nouveau village. Notre nouveau village. S’ils veulent bien de nous.