Il avait cherché longtemps ce qu'il lui paraissait le mieux pour aller dans ce qu'il convoitait tant : protéger Kaze et son peuple. Il avait observé et étudié, lu et questionné tant de personne sur les différences de pouvoirs qu'il en était venu à une conclusion toute simple : si tu veux sauver des gens, il faudra savoir les soigner. Et c'est donc tout naturellement qu'Amano passa son temps à la bibliothèque pour emprunter des livres tout en continuant ce qui lui tenait à cœur à côté.
Il aurait besoin de temps, mais il lui fallait comprendre les bases de la médecine shinobi tout seul sans quoi il ne parviendrait à rien. Les termes, le corps humain, il se creusa la tête le soir alors que d'autres dormaient paisiblement. Le fils du désert avait besoin d'être plus puissant et plus rapidement que ça s'il voulait pouvoir mener à bien sa quête personnelle.

Soupirant à mainte reprise, griffonnant des notes incompréhensibles sur un papier à ses côtés, son cendrier se remplissait à une vitesse fulgurante, tant et si bien qu'Akira osa enfin venir lui parler ce soir là.

- Amano, tu devrais te trouver quelqu'un pour t'expliquer, te montrer, te pousser dans la bonne direction si tu veux t'engager sur cette voie.
- Ha oui et qui ? Toi peut-être ?!

L'agacement et la fatigue l'avait rendu irritable à un point qu'aucun des deux hommes présents ne connaissaient. Baissant les yeux sur le sol, Amano se redressa de sa chaise et posa une main sur l'épaule du brun.

- Excuse-moi, je ferais mieux d'aller dormir.
- Je... peux te trouver la personne qu'il te faut.
- Merci.

C'était mince mais suffisant pour faire bondir de joie le cœur du chasseur-médecin. Il ne pourrait pas lui apprendre, le Kawaguchi le refuserait et pour la seule raison qu'il voulait être fort devant lui, il le savait bien.

Partant dans la chambre, le blond passa une nuit reposante en s'endormant à peine allongé sur le lit. Ce fut Akira le lendemain qui vint le réveiller à midi. Il ne pensait pas le voir encore en train de dormir, mais depuis toutes ses nuits blanches, c'était probablement normal.

De son côté le brun avait été à l'hôpital pour se renseigner et avait fait savoir que Kawaguchi Amano avait besoin de l'aide de Yamada Kioshi. Pourquoi lui, pourquoi cet homme plus qu'un autre, parce qu'il connaissait ses compétences et les reconnaissait. Il avait aussi fait passer le mot à Suna, laissant le sable emplir ses chaussures à mesure que la matinée s'égrainait. Arrivé midi il rentra chez le fils du sable et le réveilla donc.
C'est avec un peu de mal qu'Amano sortit de son sommeil et se frotta les yeux en demandant l'heure encore à moitié endormit. A l'entente du moment de la journée, il bondit hors du lit et passa sous la douche pour s'habiller, prendre un café et alors qu'il allait pour sortir, Akira l'arrêta.

- Tu devrais aller attendre à l'hôpital, et puis, tenter de pratiquer là bas sous le regard d'expert te sera toujours plus profitable que de rester chez toi.
- Pourquoi... attendre alors ?
- J'ai fait jouer mes connaissances disons... il ne reste plus que la demande arrive aux bonnes oreilles.
- Tu...
- Vas-y et ne t'en fais pas.

Levant un sourcil dans le doute, le Kawaguchi hocha les épaules et prit la direction de l'hôpital. Akira avait envoyé un pigeon exprès trouver Kioshi où qu'il soit pour lui demander la faveur d'enseigner la médecine à Amano en lui précisant qu'il le lui revaudrait éternellement. Oui mais voilà, Amano ne le connaissait pas, et l'inverse était probablement vrai, quoi qu'un Kawaguchi se reconnaît facilement à sa crinière blonde et puis on ne le laisserait pas sans surveillance. Maintenant, il fallait que le professeur arrive.

En poussant la porte il eu une hésitation. Frôlant le métal qui lui permettrait d'entrer dans cet univers qu'il ne connaissait que peu, Amano serra son poing de sa seconde main puis fit un nouveau pas. Cette fois il ne pourrait plus reculer et devrait aller jusqu'au bout de ce qu'il avait décider.
Entre le fait de vouloir devenir chef de clan, non pas par la lubie seule de son maître mais cette volonté indéfectible enfoui tout au fond de lui de tous les protéger, et le fait de vouloir maintenant être capable de les soigner, il se trouvait étrange. Lui qui cherchait à s'éloigner de tous, en faisant ça, il s'en rapprocherait de trop. Mais il devrait se montrer imperturbable et accepter la mort lorsqu'elle viendrait étreindre ses nouveaux amis.
Souffre mais relève toi.

Debout dans l'entrée, il se dirigea vers l'accueil où il expliqua sa situation. Après un rire de la charmante demoiselle, trop étonné de voir un Kawaguchi venir demander de l'aide, elle appela ses collègues. L'un d'eux l'emmena à sa suite pour observer. Hors de question qu'un novice touche quoi que se soit, et il n'avait pas que ça à faire. Après tout, le type d'hier leur avait dit de le faire patienter jusqu'à ce que Yamada Kioshi arrive, quelque soit le nombre d'heure ou de jour.

Sagement, Amano observait les gestes, les regards, écoutait les mots puis regardait l’afflux de chakra. Bêtement, il leva une de ses mains et observa sa paume pendant quelques secondes. Comment pourrait-il faire une chose pareille ? Etait-ce avec les flammes, le vent ou sable qu'on pouvait soigner une personne ?
Serrant sa main sans la quitter des yeux, une ombre dans son dos arriva. Il ne du pas mettre longtemps à le trouver. En se tournant pour faire face à celui qui l'interpella, le blond se trouva bête. Alors c'était lui la «relation » d'Akira ? Il avait un regard qu'on ne pouvait sans doute jamais oublier, un de ceux qui transperce l'âme et savent déceler le moindre mensonge.

- Pourquoi la... médecine ?

Il resta un temps coincé sur cette question. Il ne s'ouvrait pas facilement, même Akira ignorait probablement l'ultime but de cette vocation mais, il fallait trouver quelque chose, sans quoi quel intérêt aurait cet homme à se déplacer pour enseigner à un parfait inconnu les arts de la médecine ? C'est incertain et en baissant les yeux sur le sol tout en se tenant le bras gauche au niveau du coude, qu'il tenta une réponse compréhensible.

- J'aimerais être capable de protéger les habitants de Kaze... j'aimerais pouvoir soigner leurs maux...

Fronçant légèrement les sourcils comme contrarié par ce qu'il venait de lui dire, il serra davantage sa main sur son coude avant de relever les yeux vers cet homme dont il ne savait rien finalement. Un tremblement léger de la mâchoire, Amano parvint tout de même à ouvrir un peu son cœur. Sa voix était incertaine et peut-être même un peu basse. Qui pouvait se vanter de savoir ce que cachait le cœur du blond ?

- Je voudrais... pouvoir effacer la souffrance de ceux que j'aime... ça ne sera que physiquement... mais c'est un bon début... et... les éloigner le plus possible de la mort... Ce sera une manière à moi de leur dire qu'ils sont importants...

Secouant sa tête tout en relâchant son bras, ses yeux se braquèrent dans ceux de son vis-à-vis et sa voix repris toute l'assurance qu'elle pouvait avoir en temps normal.

- C'est hors de question que j'échoue. Je veux pouvoir faire quelque chose. Quand bien même je dois passer des jours et des jours pour ne progresser que d'un millimètre... je vous en prie... enseignez-moi...

Humblement, il fit une révérence et attendit la moindre réaction de cet homme pour se redresser.

Dès lors qu'il lui ordonna de se redresser, Amano le fit et observa son professeur avec curiosité. Il ne connaissait rien de cet homme, et on ne lui avait rien dit non plus. Ce fut alors de précieuses secondes qui s'écoulèrent lorsqu'il lui expliqua, commençant un monologue. Buvant les paroles, un léger sourire s'afficha alors sur le visage du blond.
Tentant de ne rien manquer et tout inscrire dans un coin de sa tête, sur l'exemple il fit un hochement positif de tête. La pause ne dura que le temps d'un soupir et déjà il enchaînait sur ce à quoi devra faire face Amano dans l'avenir. Prendre le risque d'échouer, prendre le risque de souffrir d'une mort inutile et de perdre une personne chère quoi qu'on fasse.
Etait-il prêt à en payer le prix ? Lentement ses lèvres se délièrent et sur la fin du discours, il enchaîna bien vite.

- Je ne m'attendais pas à ce que soit simple en m'engageant à apprendre cet art particulier. Si la chose était si simple, il y aurait bien plus de shinobi médecins que de combattants. Je suis là pour prendre ce que vous voulez bien me donner, à lire, à étudier, à tester. Ceci étant... en quoi est-ce le plus important que votre dernière élève était une Ketsueki ? Cette guerre vieille de plusieurs dizaines n'est plus mon soucis... et je l'espère, elle ne sera bientôt plus d'actualité.

Serrant brièvement ses poings, il enchaîna.

- J'ai déjà commencé à lire quelques ouvrages de médecine sur le corps humain... j'avoue avoir fait plusieurs nuits blanches, et je n'ai probablement pas eu les meilleurs références dans les mains, mais je ne suis pas venu sans bagages.

Il avait étrangement reprit de l'assurance. Il ne s'agissait plus de parler de ses motivations profondes, mais bien d'un enseignement strict et rigoureux. Un enseignement où il s'écorcherait plus d'une fois et où il chuterait un nombre incalculable de fois, il en était conscient et il savait que cette fois ses chutes seraient morales et non physique et qu'il sera plus dur de se redresser. Pourtant, encore et toujours il comptait bien ne pas abandonner. C'était à lui de faire les sacrifices, à personne d'autre.

Faisant quelques pas pour ne pas rester statique et surtout ne pas gêner la progression dans l'hôpital, Amano se posta contre le mur tout juste à côté d'eux.

- Quoi qu'il en soit, comptez-vous rester à Suna ? Où puis-je éventuellement vous trouver si vous n'y restez pas et surtout... consentez-vous à m'accorder un peu de votre temps ?

Il ne savait pas la teneur réelle de la faveur qu'avait formulé Akira auprès de Kioshi, ni même si ce dernier n'était pas simplement de passage et en avait profiter pour voir si ce Kawaguchi était digne d'intérêt ou non.
Finalement en croisant les bras sur son torse, Amano laissa ses yeux vagabonder sur les différentes personnes qui travaillaient ici. Il était à la fois admiratif et soucieux. Saurait-il gérer un état d'urgence ? Saurait-il mettre de côté ses sentiments pour pallier au plus urgent quitte à voir et laisser souffrir ceux à qui il tenait plus encore que son pays ? Il laissa s'échapper un souffle comme pour évacuer toutes ses questions.

Plantant son regard dans le sien lorsqu'il prononça le prénom de leur Seigneur, Amano tiqua sur quelque chose, soit ils se connaissaient suffisamment pour qu'il la nomme ainsi si simplement, soit ce personnage en face de lui n'avait rien à faire des convenances, soit la pire de toute, il la haïssait. Il aurait voulu le retenir, lui dire d'autres mots, lui prouver que lui ferait avancer son clan dans ce sens d'une manière ou d'une autre. Rompre avec les douleurs du passé n'était jamais chose aisé, il en savait quelque chose.
Il avait faillit perdre sa sœur, sa jumelle, celle là même qui faisait de sa vie un enfer tous les jours. Amano voulait être celui qui donnera l'élan à son clan d'avancer vers un futur de paix au sein du pays.

L'observant, encore un instant, il mit la main sur son cœur et s'inclina le temps d'une seconde. Oui, il ferait tout pour, il lirait les ouvrages qu'il lui a recommandé et peut-être demandera-t-il de l'aide à Akira pour les bases... peut-être.

- Merci, je reviendrais au plus vite vers vous en ce cas.

Il n'avait pas reparlé de la guerre clanique, il n'avait pas évoqué même le fait de vouloir prendre la place de son homologue au sein de son clan. Le chef et lui avait à peu près le même âge, était-ce si insensé que de trouver qu'il n'allait pas dans la bonne direction avec leur clan quand bien même il était performant ?
Serrant son poing, il sortit de l'hôpital et passa à la bibliothèque pour y rester. Il avait des élèves, oui, mais pour le moment, il fallait qu'il fasse un point et il ne devait pas les couver plus que de raison.

Chaque soir, plusieurs heures, sans oublier de dormir, il étudier avec sérieux, apprenait, demandait même quelques explications à son compagnon lorsqu'il n'était pas certain de cerner le lieu, la fonction. Plusieurs fois il eu envie de lancer les livres par la fenêtre. Il y avait encore tellement de chose qu'il ne connaissait pas, tellement de chose que les autres livre emprunté ne lui avait pas montré, décrit, expliqué.

Lorsqu'il se sentira prêt, il le retrouvera.
Yamada Kioshi, attend le.

En attendant, il avait encore droit à des sourires par dessus son épaule, des thés ou des cafés selon le moment et un cendrier toujours vide alors qu'il le remplissait à une allure impressionnante même s'il ne prenait qu'une ou deux bouffées sur la cigarette allumée.
Amano se sentait avancer sur la bonne voie et il ne craignait plus d'échouer, du moins pour l'instant. Bien que compliqué, la théorie le rassurait.