Me voilà bien dans une position à la fois délicate, plaisante, et avouons-le, bien chiante. Depuis la chute des rebelles de l’empire, je fus propulsé dans les sommets de la hiérarchie de la Citadelle, suite à l’accord que nous avions fait avec Samui Ryûga : Je lui offrais le fort de la Flèche, et il me nommait bras-droit. C’était un poste que beaucoup pensent qui n’est qu’avec des avantages, offrant un certains contrôle sur l’ensemble de la Citadelle du moment que cela n’outrepassait pas la volonté du Kage. En revanche, cela amenait aussi son trop gros lot de problèmes à régler.

Tout ce que le Père Ryûga ne se chargeait pas, autrement dit les plaintes mineurs où alors les conflits qui risquaient d’entacher son image, c’était à moi de me les coltiner. Joie Joie et putain de bonheur. Mais bon, je savais à quoi m’y attendre quand j’avais accepté, mais j’avais en tête quelque chose de bien plus important. Beaucoup de choses me déplaisaient à Iwa, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’était pas lié à des problèmes personnels. J’étais d’accord avec la politique de la méritocratie de l’extrême, car si jamais on commençait à aider les nécessiteux et les branleurs, on allait ramollir les gens en leur faisant croire qu’ils ont tous ce qu’ils veulent sans efforts. Des branleurs, je vous dis.

Concernant le cas des Bakushô, j’étais assez mitigé. Certes, il s’agissait de mes frères, sœurs, cousins ou autre connerie du genre que vous les appelez, mais c’était également pour ces raisons que je ne pouvais pas vraiment me porter garant pour eux. Le clan avait une grande force qui était également leur plus gros défaut : leur fierté. C’était ce qui faisait qu’ils repoussaient leur limite à chaque bataille pour apporter la victoire, mais c’était également source d’un orgueil qui les mettait en volonté de toujours gagner plus… Et ça, croyez-moi, c’est plus qu’il n’en faut pour causer des accidents de tous côtés. Mais comme je voulais éviter malgré tout leur éviter de se foutre dans la merde tous seuls, j’avais choisi d’accepter une double étiquette pour autre chose…

Et en parlant de ça, j’entendis la porte de cette pièce chiante qui allait me servir de bureau se faire frapper, signe que les personnes que j’attendais été arrivées. Soupirant une nouvelle fois alors que j’alimentais mon corps une nouvelle fois de cette précieuse nicotine dont j’étais accroc avant de leur indiquer d’entrer. Un vieil homme blond à l’apparence d’un sage mais à l’aura d’un fou, accompagné d’un brun hargneux au regard d’or et de braise. De belles phrases pour pas dire un taré et un rageux. Mais bon, les autres m’ont bien qualifié de ces deux sobriquets auparavant… Fermant brièvement les volets comme dans ces putains de romans que Meiko essaye de me fourrer au nez, je retournai mon attention aux invités.

« - Hoheinheim Van et Jisetsu Hiyori. Heureux de voir que vous ayez pu venir, ça aurait été très chiant de devoir vous tirer par la peau du cul pour vous voir. »

Leur montrant d’un bref mouvement de tête la direction des chaises ici et là du bureau, je pris appui sur le bureau afin de me tenir près du cendrier et vider les mégots consommés. Il était inutile de tourner autour du pot avec des hommes de leur trempe, surtout que je détestais ça moi-même. Donc autant y aller franco pour savoir avec quoi j’ai à bosser.

« - Comme vous le savez, ou du moins avez deviné, le Tsuchikage m’a nommé son bras-droit pour me charger de plusieurs affaires dont il n’a pas le temps de prendre attention. Autrement dit les trucs qui pourraient le faire chier, je me les coltine. C’est pourquoi quand il a voulu faire quelques changements au niveau de l’organisation d’Iwa, il m’a demandé de faire la gestion de tout ce qui concernait les unités sur place. C’est là que vous deux vous intervenez. »

Tirant une nouvelle latte de la clope, ma main libre chercha sur le bureau deux dossiers, dont il était facile de deviner leur contenu au vu de la situation pour quelqu’un qui avait plus de deux neurones. Si ces derniers ne comprenaient pas… J’aurais bien été dans la merde.

« - Des résultats plutôt satisfaisants malgré des lacunes que je peux que souligner, et surtout, un background qui a le don de me faire voir rouge… Mais forcé de reconnaître que vous semblez être disposé pour les postes auxquels vous serez assignés. »

Reposant les documents sur le bureau et écrasant enfin la clope qui n’était plus consommable, je recroisais les bras face à eux, les observant toujours derrière ma paire de lunettes teintées. Ils allaient devoir me montrer que je n’avais pas tort de leur faire perdre leur temps.

« - Le Tsuchikage veut vous affecter chacun respectivement au Puits de Savoir, pour Van, et à Avalanche, pour Hiyori. Des questions ? »

Simple, clair, efficace, mais surtout déstabilisant. Idéal pour juger de leurs réactions et réflexions.

Convoqué au Palais du Tsuchikage, le Balafré se fraye un chemin sans trop presser le pas. A vrai dire, tout lui déplaît sur cette journée ! Il y a un monde dingue dans les rues, il a encore des cernes sous les yeux après avoir regardé le match de la veille, et il est appelé par le sommet du plafond pour une obscure raison ! Autant dire qu’il traine les pieds par pur manque de motivation ! Devoir se rendre au QG est rarement une bonne nouvelle … . Il peut s’agir d’une mission de très haut niveau ; d’un rapport d’activité ou encore une remontée de bretelles. Si Hiyori n’est pas tire-au-flanc, il n’est pas non plus volontaire lorsqu’il s’agit de passer la savonnette. Encore moins pour la ramasser !

Lorsqu’il arrive aux premiers bureaux, on l’oriente rapidement. Il ne se rend pas au bureau principal du Tsuchikage ; mais à celui de son second ! Première nouvelle, il y a donc un second … . Non, ce serait mentir que de dire qu’il ne le sait pas. Mais il ne le connaît pas vraiment, pour être honnête. Certainement quelqu’un de proche du Samui, qui partage ses convictions et sa façon de faire les choses. Bref, pas un copain, assurément ! Ce serait donc plutôt dans l’optique d’un remontage de bretelles … . Super.

Enfin une bonne nouvelle ! En passant dans un couloir, il tombe nez à nez sur une connaissance ! Malgré les rides supplémentaires, cette carrure au carré et cette coupe militaire à l’ancienne derrière cette paire de lunettes rondes, il les reconnaîtrait entre mille ! Affichant un sourire de soulagement, il est maintenant heureux de retrouver un camarade de combat. Un homme qui, lui aussi, a étrangement échappé à la purge orchestrée par le pouvoir. Le Jisetsu s’apprête à le saluer de façon traditionnelle ; mais il remarque qu’ils sont seuls, face à cette porte. Aussi, dans cet instant d’intimité, il place une main sur le cœur.

» Senkyoshi …

Sur ce, il est temps de se présenter face à l’inquisiteur du Nouvel Ordre. En franchissant la porte, les deux hommes font face à un condensé de froideur, de paperasse et de fumée de clope. Dans une vie antérieure, Hiyori a certainement déjà connu ça ! Mais dans le moment présent, il est d’abord question de savoir si les deux coéquipiers sont en terrain hostile ou non. Celui qui les accueille, derrière sa blonditude et ses lunettes de rockeur, respire la confiance et la détermination. Ce n’est clairement pas un pantin mis là pour le décor. La question est de savoir ce qu’il souhaite vraiment, et ce qu’il compte faire de sa position.
En peu de temps, la situation s’éclaircit. Malgré un ton clairement condescendant, et une opposition viscérale envers ces anciens impériaux, le personnage leur annonce une promotion ! Un nouveau poste dans la chaine alimentaire. Pour le coup, il y a de quoi être surpris. Ce genre de gratification ne vient pas sans une bonne tranche de calcul. Il serait difficile de croire que la Nouvelle Autorité tienne à avoir des loups dans sa bergerie toute neuve, même si c’est ce que l’adage recommande. En vérité, des questions, il y en a plusieurs ! Mais toute cette histoire mérite d’être prise par étape. En se rapprochant de la chaise qui lui est proposée, le Jisetsu s’en empare rapidement, la retourne et s’assoit à califourchon. Il ne compte pas faire des ronds de jambes au second d’un homme qu’il voit encore partiellement comme un traitre à sa fratrie.

» Des questions, oui j’en ai … . Même s’il ne s’agit que de rumeurs, je vais essayer de mieux comprendre la situation. Vous me confiez à moi … l’Avalanche … . Si je ne me trompe pas, la charge de traquer les ennemis d’Iwa … notamment d’anciens impériaux … .

Les faits sont posés de sorte que la tension s’installe. Le Balafré n’a pas encore refusé le poste, mais il tient à voir dans les yeux de son interlocuteur s’il a bien conscience de celui à qui il parle, et s’il tient toujours à lui confier cette tâche. Quelques secondes suffisent pour dissiper les doutes ; et pour partir sur d’autres questions, plus importantes. Tendant les bras, jouant légèrement avec les pieds de la chaise, l’ancien dévot de l’Empire tente d’en savoir plus.

» L’idée n’est pas de refuser ! Mais de savoir à quel point on me prend au sérieux. Quelle autorité me sera confiée pour ce poste ? Et de combien d’hommes vais-je disposer pour mener ma mission à bien ? Je préfèrerai m’assurer qu’il ne s’agit pas d’une mission pour m’ostraciser du Village ou pour faire de moi la lie de la communauté de la Roche … .

Une juste demande, il me semble ! Accomplir cette mission seul serait du plus haut ridicule ! Et se voir confié la même autorité que le premier Chûnin venu serait pire qu’insultant. Courir après d’anciens camarades n’a rien de motivant pour le vétéran des guerres impériales ; mais c’est un homme fier et d’honneur, qui sait tenir ses engagements. L’Empereur-Dieu est mort. Son engagement va désormais à la Roche.

» Et avons-nous déjà des listes de déserteurs et d’ennemis sur laquelle il faudrait apporter la priorité pour qu’un responsable soit nommé aussi rapidement ?

C'est le pas lourd et d'un bruit dénaturalisé par la ferraille que le Lumineux entre dans le Palais du Tsuchikage. Déplacer sa vieille carcasse est devenu bien difficile avec l'âge. Une pensée envers le Kamui défunt qui lui s'était battu jusqu'à la mort avec un corps tout aussi accablé par ses jeunes années...
Cela faisait bien longtemps que Van n'avait pas été convié à ce genre de petite réunion. Il se rappelait bien encore de la dernière aux côtés de l'Empereur et ses despotes. Yanosa Oterashi, Jisetsu Asuka... D'anciens noms très célèbres qui désormais avaient été avalés par la guerre.

Hoheinheim n'était plus ce genre d'homme à présent. Lui avait choisi de poursuivre sa quête du côté des vainqueurs. Peu lui importait d'avoir à choisir entre un Samui ou un autre. Tous étaient profondément fiers et n'hésitaient pas à aller jusqu'au bout de leurs convictions. Une caractéristique qui avait depuis longtemps déjà su séduire notre passionné de science.

Cela faisait quatre ans maintenant que l'Empire avait chuté. Autant d'années depuis que Van avait rejoint le côté de la roche. Sa dernière opération en date du nom de Tabula Rasa avait été un franc succès et manifestait là bien la preuve de sa pleine collaboration. Chasser les anciens impériaux n'avait rien d'immorale à ses yeux. Tout ce qui comptait pour lui était la satisfaction de poursuivre ses recherches et d'atteindre ses propres objectifs.

Au détour d'un croisement du Palais, Hoheinheim tomba finalement nez à nez sur Jisetsu Hyori. Il s'agissait également d'un ancien impérial tout comme lui. Les deux hommes avaient plusieurs fois déjà eut l'occasion de se rencontrer par le passé. Etrangement davantage depuis qu'ils avaient tout deux rejoints Iwa.

Van ~ " Hyori Jisetsu ! Quelle surprise de vous retrouver ici ! Il semblerait que les hautes sphères attendent de nous quelque chose... J'ai entendu dire que vous combattiez les ex impériaux non loin de ma position pendant l'opération Tabula Rasa. "

Parcourant tout deux le restant de chemin jusqu'au bureau du Second du Tsuchikage, Van laisse entrer en premier son cadet avant de découvrir par lui même l'air empli de tabac. Le regard vagabond, le Lumineux prend le temps de parcourir l'aménagement du bureau dans lequel s'est établi Kazuya. Écoutant tout de même avec quelle façon familière ce dernier s'adresse à eux, Hoheinheim remarque au même instant que les rumeurs à son égard ne sont pas usurpées.

Van ~ " Explosif m'avait-on dit... En effet j'imagine bien là une véritable bombe à retardement ! "

La remarque était à destination d'Hyori quand bien même peu discrète. Par la suite Kazuya leur exposa la raison de leurs présences à tous les deux. A partir d'aujourd'hui les anciens impériaux allaient se retrouver à la tête d'unités spéciales. Tandis que Hyori se chargerait de la traque des ex impériaux, Hoheinheim de son côté sera chargé de développer les avancées technologiques du village. Toute cette mise en scène ne manqua pas de faire tiquer le Jisetsu qui s'empressa de questionner le bras droit du Kage.

Van ~ " Allons allons Hyori ! Ne craignez pas quelques responsabilités supplémentaires ! Nous placer à la tête des ces unités garanti au Tsuchikage et ses camarades de garder un œil constant sur nous. Voyez cela comme un premier pas vers une nouvelle collaboration à la hauteur de vos compétences. Nous avons tout deux décider de rejoindre Iwa de notre propre chef ? En tant qu'anciens impériaux, il me semble tout indiqué qu'il nous revienne à nous de prouver notre bonne foi. N'êtes-vous pas d'accord ? "

Remontant ses lunettes Hoheinheim redirigea son attention vers le jeune Kazuya.

Van ~ " Tout ces titres sont glorifiants je ne le nie pas... Mais tout comme mon camarade je m'interroge sur la nature de ce qu'il nous sera confié. Quelle influence exercerons nous sur le village et de quelles autorisations disposerons nous ? "

Alors que j’observais les deux ex-impériaux pour juger de leurs réactions quant à ces annonces, je me demandais comment mon jeune moi aurait réagi à tout ça. Et je me dis que j’aurais sans doute fini par me prendre une rafale d’explosifs au visage sans sommation, chose que je suis encore aujourd’hui tenté de me foutre à moi-même pour partir aussi loin de mes principes de base. Avant, j’étais comme les Bakûsho les plus passionné, si ce n’était plus enragé. Je ne souhaitais que la liberté pure et dur de faire ce que je voulais, et de me charger moi-même des emmerdeurs. La véritable anarchie en quelque sorte.

Et me voilà pourtant aujourd’hui à être le centre des messes basses et des coulisses d’Iwa, faisant en sorte d’organiser tout pour garder un semblant d’ordre public. Je me dégoutais de savoir que je reproduisais, d’un certains point de vue, les méthodes qu’utilisait l’empire afin de nous asservir. Mais quand on a un semblant de réflexion, il faut comprendre qu’au-delà du contrôle absolu et mégalomaniaque qu’avait l’empereur, il fait également la capacité de voir ce qui pouvait causer un problème et agir en prévention. Ce que je cherchais à faire aujourd’hui, en retirant l’aspect « domination mondiale pour satisfaire mon égo » de l’équation.

Les deux impérialistes semblaient donc assez sceptiques de par ces nominations sorties de nulle part. Il fallait dire que le background des deux ne jouait pas forcément en leur faveur, surtout quand on connaissait mon ressenti en général envers les ex-impérialistes. Pour moi, ça a été source d’un scandale que d’apprendre que des membres de cet empire qu’on a lutté pour faire tomber puissent devenir nos alliés. Mais Ryuga lui-même était un ancien membre après tout, et son but était d’unifier le peuple de la Terre, ni plus ni moins. Et aussi dégouté que j’étais de l’admettre, ces deux là partageaient ma nationalité après tout.

« - Je ne sais pas quelle solution j’aurais préféré : que vous n’en posiez aucune pour que je puisse m’en sortir en glandant un peu, ou alors que vous posez vos questions plus ou moins utiles qui montre au moins que vous êtes intéressés. »

Écrasant le mégot déjà bien consommé, je me redressai, main dans une poche et l’autre pointant d’abord le brun qui semblait être le plus agressif des deux quant à cette promotion qu’il semblait voir plus comme une laisse qu’on lui mettait au cou pour pas qu’il ne foute la merde, et bien que l’idée m’était plus qu’envieuse, c’était pour d’autres raisons que je l’avais nommé.

« - Si cela ne tenait vraiment qu’à mes envies et à la volonté de devoir vous garder sous surveillance, la taule aurait été beaucoup plus rapide et simple. Comme je l’ai dit, vous avez été choisi pour des résultats qui correspondaient à vos emplois respectifs, alors arrêtez un peu de penser à la paranoïa et portez vos couilles. »

Un ton aussi agressif qu’était celui du Jisetsu, mais à la différence que je n’avais pas peur d’utiliser des mots encore plus directs. Croisant les bruns en gardant mon regard sur lui, je continuai donc en répondant bien à ses questions.

« - Avalanche est certes une opération de traqueurs, mais elle n’a pas pour but unique que de ramener ou d’éliminer les menaces potentielles de la Roche. A ces deux missions s’ajoutent également « l’observation ». Le but est surtout de retrouver ces dites menaces, et le choix est laissé aux agents de décider que faire, que ce soit de neutraliser la cible, ou alors de les laisser agir comme elles le voulaient en se contentant d’observer dans l’ombre. Bien sûr, le chef de l’unité a la parole supérieure par rapport aux membres lambda, mais ces décisions ne devront en aucun cas mettre en péril la sécurité du village, ni aller à l’encontre du Tsuchikage. Les moyens mis à disposition vous seront transmis ultérieurement, mais sachez que vous pouvez recruter qui vous souhaitez pour compléter l’équipe, tant que c’est pas des foutues baltringues pour qui vous voulez faire un passe-droit. Quant à la liste… »

Fis-je alors que je lançai un carnet dans les mains du Jisetsu qui n’était connu que des Jônin et membres d’Avalanche normalement. De quoi bien compléter son introduction.

« - Je suppose que vous avez déjà entendu parler du « Bingo Book » Terroristes, assassins, Nukenin ou ancien Impérialistes, tout y est de ce que nous savons. Il sera à remplir avec les informations que vous accumulerez au fur et à mesure du temps, qui devraient pouvoir être transmises à tous les autres instantanément si votre collègue se démerde bien. »

La chose terminée, ma tête se tourna légèrement en direction du plus âgé de cette pièce, montrant bien que même si mon regard était caché par mes lunettes, mon attention été portée vers lui.

« - Quant à vous, Van, vous aurez une charge qui demandera moins de compétences sur le terrain et plus de cervelle, chose à laquelle je pense vous êtes déjà plus habitué me semble. Le Puit de savoir a pour but de développer de nouvelles sciences pour le bien du village d’Iwa, que ce soit d’un point de vue général que pour un objectif plus concentré militairement. Le but premier est d’assurer la prospérité d’Iwa face à toute menace de l’extérieur, et rien d’autre. Autrement dit : pas de constructions d’armes de guerre. »

C’était le point d’honneur que j’avais imposé à Ryûga s’il me voulait sous ses ordres. Iwa était une Citadelle qui se voulait indépendante et imposante par rapport aux autres puissantes forces du monde. Le but était donc de se présenter comme une force à respecter, et non à craindre. Si notre but était vraiment l’expansion de l’influence de la Roche, nous ne vaudrions pas mieux que ces chiens qu’était l’empire. Mes mots étant ici prononcés avec force, je repris.

« - Vous disposerez ainsi de l’accés aux facultés construites par les Jisetsu dans la citadelle, et aurez pour but d’exploiter à la fois les talents particuliers des Shinobis d’Iwa pour l’amélioration de notre protection, mais aussi pour que cela soit utile par tous les shinobis lambda. Quant à jusqu’où vous pourrez aller dans vos recherches… Du moment que vous ne vous en prenez pas aux membres d’Iwa ou que vous êtes mis à jour au public, vous avez carte blanche. »

Mes mots bien qu’ambigus étaient que trop claires dans ce que pourrait faire Van dans ses études : les codes moraux n’avaient pas de réels raison d’exister dans un contexte ou la guerre était omniprésente. Nous Shinobis agissons dans l’ombre, et par conséquent, avons l’autorisation d’utiliser des méthodes peu scrupuleuses. Le proverbe disait après tout que rien n’était interdit, sauf de se faire prendre…

Bien qu’ayant pris ses aises dans cette pièce avec une chaise à sa disposition et un regard soupçonneux, Hiyori prête une attention toute particulière à la réponse de son supérieur. Pour le coup, il sait que ce dernier ne l’apprécie pas – et il ne se garde d’ailleurs pas de le rappeler de vive voix. Mais ca n’a pas grande importance, car le seul à prendre de véritables décisions reste le Samui traître à sa famille. Dans ce sens, si le choix qu’il a fait est assumé, il n’y a aucune raison de se préoccuper des intérêts et attentes des autres sous-fifres sous ses ordres.

Le Jisetsu connaît vaguement ce Bakushô qui a arraché le rôle de second dans la fondation d’Iwa. Il était déjà fermement opposé à l’Empire, comme le reste de son Clan. Il a longtemps été une figure de proue, portant haut l’étendard des manieurs d’explosifs, avant de se voir confier cette fonction si particulière, et qui ne colle pas vraiment à ses talents. Et le tout avec un ancien impérial, sa position doit donc être intenable, quelque part !!

Apportant des informations supplémentaires, le Bras Droit fait le tour sans vraiment entrer dans les détails. Il rappelle les bases, redéfinis les règles, sans oublier de souligner qu’il est prêt à leur sauter à la gorge s’il y a un problème. Message reçu, prêt à passer à la suite ! D’autant que la dernière information est certainement la plus précieuse et de la plus grande valeur : la maîtrise des informations ! En un instant, Hiyori se voit offrir ses ambitions les plus grandes, et de façon légale ! Dès à présent, ses nouvelles fonctions lui permettront de réaliser ses rêves : voyager, se créer un réseau, attendre de plus grands objectifs !
Sans oublier sa mission bien sûr … . A cette seule pensée, il se laisse balancer d’avant en arrière légèrement, n’étant pas assez bête pour perdre l’équilibre et tomber.

La partie concernant le Puits de Savoir ne le concerne pas plus que ça. Dans les faits, il connaît bien le Scientifique Fou, mais sait que son domaine d’expertise et le sien n’ont absolument rien à voir. Peu de chances que leurs activités ne les mènent sur des fronts communs avant un bon moment ! D’autres liens suffiront pour assurer l’amitié et la collaboration de ces deux hommes.
Le speech explicatif étant achevé, reste encore un ou deux points à aborder. Certes les cibles prioritaires sont dans le Bingo Book, aucune surprise sur ce point. Mais ce n’est certainement pas le seul point de chute pour l’Avalanche. D’autant que toute cible qu’il puisse y avoir, certaines sont probablement d’une plus grande urgence. Ne devant répondre que devant le Kage, certains accords administratifs de base se doivent également d’être pris.

» Si l’Ombre souhaite que l’Avalanche mette la priorité sur un cas particulier, il devra nous le faire savoir. Sans quoi, je suppose que nous nous intéresserons avant tout à la sécurité des environs du Village et à la surveillance de la frontière dans un premier temps. Le Village est encore trop fragile pour tenter quoi que ce soit à l’extérieur … .

C’est un simple fait, qui n’en perd pas sa véracité. Malgré la chute de l’Empire, les trois villages Ninjas n’ont jamais conclu d’accord d’alliance, voire même de coopération. Ce ne furent que trois termites rongeant le bois impérial chacune de leur côté, résultant en la destruction de l’une des plus grandes structures territoriales qui soit. Mais dans les faits, être en rivalité avec de potentiels concurrents n’était que justice en cette nouvelle heure. Sécuriser les lieux au maximum serait donc une première mission. Le faire seul serait compliqué : il faudra donc identifier les premières recrues à cet effet !

Cependant, c’est une autre ambition ; un autre projet qui anime pour l’heure le Balafré. Et dans lequel il se retrouve pleinement dans son nouveau rôle !

» Mais au-delà de la mission de la sécurité, celle de la quête de l’information me semble être la plus importante. Aussi, je compte partir aussi tôt que possible vers les bordures extérieures afin de monter un réseau d’informations qui bénéficiera aux intérêts de la Roche et au plus grand nombre. S’il n’y a aucune objection à ce projet, je partirais la semaine prochaine pour Taki.

Hoheinheim demeura bien silencieux le temps pour Kazuya de leur expliquer plus précisément, en quoi allait consister leur rôle en tant que chef au sein de leur unité spéciale. Il commença tout d'abord par Avalanche et cita les deux objectifs principaux de cette escouade dédiée à la traque des menaces. A cela s'ajoutait également la mise en place et l'entretien d'un certain réseau d'information à travers le Pays de la roche. Le Jisetsu aurait donc en plus de la chasse aux déserteurs, le devoir et l'obligation de se faire de nombreux contacts au cour de ses excursions. Une très bonne chose du point de vue du Lumineux qui de son côté aurait à passer la plupart de son temps au sein même du complexe des Jisetsu.

Pour ce qu'il en était de ses cibles, le Bakushô lança simplement un exemplaire du bingo book du village entre les mains de Hiyori. Curieux, Van aurait apprécié en détenir également une copie. Mais sans doute parviendra-t-il à en obtenir une plus tard en jouant de ses nouvelles attributions.

Cette fois le regard du bras droit du Tsuchikage se reporta vers le quinquagénaire. Il expliqua avoir davantage besoin de ses capacités d'intellects et de sa présence à la direction du pôle de recherche. Van était pleinement satisfait d'apprendre qu'il n'aurait pas à se mêler aux conflits mineurs du village. Il aurait également carte blanche pour mener à bien ses recherches tant que leurs bons déroulements ne viendraient pas nuire aux habitants d'Iwa.

Au final une seule condition vint légèrement tinter de gris la nouvelle. Van ne devrait en aucun cas se lancer dans l'élaboration d'une arme de guerre. Une fatalité regrettable selon lui qui un jour où l'autre leur jouera des tours...
Pour l'heure en tout cas, toutes ces explications suffirent à convaincre le Lumineux d'accepter bien sagement ses nouvelles responsabilités. En guise de réponse ce dernier se releva de son siège et salua courtoisement le bras droit de l'Ombre, le visage d'une implacable passivité.

Van ~ " Dans ce cas... Je pense avoir obtenu toutes les réponses à mes questions. " Déclara le Lumineux l'air visiblement prêt à partir. " Le complexe veillera à se tenir à la pointe des nouvelles technologies et à fournir au village toute la sécurité nécessaire. A présent et puisque nos présences semblent vous incommoder, je vais me retirer et préparer mon arrivée au Puits. "

Puis alors qu'il se retourna pour faire face à la porte. Son regard croisa celui du balafré auquel il accorda ses derniers mots.

Van ~ " Hiyori San ! N'hésitez pas à venir me voir lorsque vous partirez pour le Pays des Cascades. J'ai gardé contacts avec quelques connaissances locales qui sauront certainement vous être utiles... " Une invitation à ce que les deux hommes se rencontrent afin d'en discuter plus sereinement que devant Kazuya. " Sur ce messieurs ! Je vous souhaite une agréable journée ! "

Hoheinheim était en train de sortir de la pièce et s'apprêtait à ouvrir la porte...

Spoiler:

Les mouvements que je mettais en place étaient extrêmement risqués, j’en étais le premier à être conscient. Mettre deux anciens impériaux au sommet de la chaîne d’Iwa était à la fois quelque chose qui m’insupportai personnellement, mais également qui allait poser problème dans un avenir proche à la population locale. Je pouvais deviner que certains comme moi pouvaient trouver cela écœurant que de placer sa confiance à des représentants de cet organe maléfique que nous avons détruit au prix de milliers de vies… Mais je savais aussi que tous n’avaient pas ma capacité de recul pour voir au-delà de cette simple haine pour trouver ce qu’on pourrait en tirer.

Les deux semblaient être intéressés par leurs nouvelles fonctions, chacun posant les questions qui leurs serviraient pour remplir leurs tâches respectives, sans doute avec des perspectives de projet dans l’avenir. Quant à savoir de quoi il s’agissait, c’était encore une inconnue que j’essayai de résoudre. Je sais que j’avais très souvent tendance à jouer avec le feu et les risques, et ici je risquais gros. Mais pour les bénéfices que pouvait en tirer Iwa avec ces deux aux commandes de postes importants, et surtout, là où je pourrais directement surveiller leur activité… C’était beaucoup trop important pour que je ne saute pas sur l’occasion.

« - Faites donc. Si vous jugez que nous avons des lacunes aux frontières, établissez des plans pour améliorer la situation. Ok pour le départ à Taki, j’attends un rapport complet de vos activités ainsi que de celle de tous ceux qui comptent vous suivre. »

Les deux étaient enfin informés de ce qui les concernait en tant que chef des unités qui leurs étaient affectées, et s’apprêtaient tous les deux à partir, sans doute pour que chacun puisse se mettre à la tâche. Cependant, il y avait un dernier point que je me devais de leur informer, qui allait servir d’un rappel de l’avertissement que je leur avais lancé auparavant. Au moment où le vieux blond attrapa la poignée de porte, un kunai frappa le bois de cette dernière, au niveau de la tête du scientifique. Je pense que vous devinez qui en est son lanceur. Alors que je remettais ma main dans ma poche, j’observais les deux avec le même calme que j’avais montré durant cette réunion.

« - Une dernière chose importante pour vous de savoir. En l’attente de quelqu’un de capable d’assumer ce rôle, je me suis également attribué la direction de la milice d’Iwa, en charge de s’occuper des affaires internes à la Citadelle : les Sentinelles. Leurs travail est de s’assurer de la protection des citoyens de la cité des problèmes internes, qu’il s’agisse de simples bagarres de rues, de révoltes des bas quartiers… Ou de trahison. »

Le dernier mot était dit avec un ton si particulier qu’il était inutile que je précise pourquoi les deux devaient se sentir concernés par cette dernière nouvelle. Redressant mes lunettes, je fis le tour pour m’assoir sur mon bureau afin de conclure l’entretien.

« - Tout ce qui se passe dans cette cité, tout ce qui risquera de causer la perte d’Iwa, je serais mis au courant sur le champ… Et prendrait les mesures qui s’imposent sans une once d’hésitation. Vous êtes ainsi prévenus messieurs. »

Sur cette dernière phrase, je laissais ainsi les deux anciens impériaux prendre la sortie pour me laisser seul dans cette pièce vide, remplie de seulement des dossiers à faire. Je soupirai en me demandant bien comment j’avais fait pour passer d’un des plus dangereux Bakushô de l’histoire du clan, à un simple gratte papier qui ne fait que jouer aux échecs… Mais encore une fois, j’étais beaucoup trop attaché à la victoire pour me coucher avant d’avoir fait Mât. La question était de savoir quelles sont les pions à ma portée… Et ceux que je ne voyais pas. Il fallait que je me prépare pour la suite.

Car très vite, les conséquences de mes actes allaient faire toner les canons de la révolte.