Je me tenais sous un rayon de lune, qui avait réussi à se faufiler à travers le plafond percé, tenant dans ma main une statuette d’une vingtaine de centimètre qui représentait une tortue faites en or jaune et blanc.
Cela m’avait prit plus d’une semaine mais j’avais enfin trouvé dans une vieille maison en ruine, ce qu’il me fallait. La fétichiste des tortues m’avait encore envoyé cambriolée une famille mais il se trouvait que la guerre ne les avait pas épargnés. J’étais venue pour m’assurer que ceux-ci n’avaient rien oublié, après tout la maison était dans un état de délabrement avancé, ainsi je ne m’attendais pas à avoir vu juste.
Alors que j’avais trouvé ce que je désirais, je fus incapable de faire un pas de plus et restait sous la lumière naturelle du ciel. Mes yeux noisette ne lâchaient pas la silhouette qui se tenait devant la porte de l’établissement qui ressemblait presque à une étable. Certainement que celui-ci m’avait vu entrer dans ces lieux et avait attendu que je revienne vers la sortie, pour essayé de me prendre à revers. Un curieux sentiment de déjà vu me saisi immédiatement les entrailles alors que je n’avais aucun mal à reconnaître l’individu. Je ne connaissais pas son nom et ne savais toujours pas sa fonction. Cependant, je ne pouvais pas me tromper, il fallait dire que ses oreilles pointues étaient reconnaissables même dans cette semi-obscurité.
Empêchant mes doigts de trembler et calmant ma respiration à l’instar de mes battements de cœur, je glissai la tortue grandeur nature dans mon sac. Je savais que ce geste allait certainement être prit pour de la provocation mais je ne pouvais rester ainsi sous l’astre de nuit, tel une statue. Je ne cherchai même pas à paraître assurée ni même maître de la situation. Cela faisait longtemps que j’étais vide ou presque. Il n’y avait que peu de sentiment qui arrivait à me tirer une expression à présent ou me faire ressentir quelques choses. Alors les premières minutes passées, ce malaise liée à cette impression de déjà vu, qui était parfaitement réel, disparu à son tour.
-« Encore toi ? » Demandais-je dans un soupir alors que ma voix n’était qu’un murmure, il n’y avait pas de trace d’agressivité ni même de tentative d’humour. Elle était juste sans vie.
Ça avait eu beau se passer il y avait de cela à peu près un an, je n'avais rien oublié. En effet, le Lutin Bleu avait une très bonne mémoire ! De ce fait lorsque, au détour d'une de mes rondes quotidiennes après mon entraînement, je revis cette jeune femme aux prunelles brunes entrer dans une maison presque détruite par la guerre mon sang se mit instinctivement à bouillir. La petite voleuse à la tenue légère était de retour après une année au Pays de l'Eau ! Pour faire quoi ? Sûrement un autre vol, pensai-je. Dans tout les cas, ça n'allait pas se passer ainsi. En effet, cette fois-ci je comptais bien la capturer et la délivrer aux autorités locales. Pour ce faire, j'élaborai une stratégie bien précise. Car oui, je n'allai pas agir comme la dernière fois en lui fonçant dessus tête baissée. J'avais retenu la leçon. Oui, j'allai agir différemment.
Cette fois-ci j'allai tout simplement attendre patiemment qu'elle commette ce pour quoi elle était revenu ici, c'est à dire son vol. Une fois que la jeune femme maîtresse de l'affinité du tissu aura récupérer le ou les objets qu'elle convoitait, je l'intercepterai à sa sortie et la prendrai la main dans le sac. En outre, cette fois-ci je ne comptais pas être aimable ou quoi que ça soit avec elle. A bas la galanterie du Noble Lutin ! Dès qu'elle sort, je l'intercepte, je l'empêche d'agir et je l'emmène faire un tour au poste le plus proche d'ici. Voilà ce que je me disais à ce moment précis et croyez-moi, j'allai tout faire pour que cela se passe ainsi. Elle pouvait bien utiliser ses techniques étranges de manipulations des tissus si ça lui chantait, je m'étais entraîner longuement depuis le temps. A ce titre, j'étais certainement bien plus fort qu'auparavant. De là à être plus doué qu'elle dans les arts du combat je ne savais pas néanmoins j'espérai avoir mes chances et quand bien même celles-ci étaient infime, je ferai tout pour l'empêcher de fuir d'ici avec son butin comme elle l'eut fait lors de notre dernière rencontre.
J'eus à attendre quelques temps avant de la voir enfin sortir néanmoins vous ne vous doutez pas de la satisfaction que j'eus lorsque je vis la surprise se dessiner sur son visage pale. A mon grand désespoir, cette expression ne dura guère plus de quelques secondes. En effet, elle laissa bientôt place à ce qui semblait être de l'indifférence. Ainsi, la voleuse à la besace se contenta de déclarer non sans un certain détachement « Encore toi »...La garce ! Elle aussi ne m'avait donc pas oubliée après tout ce temps et c'était donc tout ce que je lui faisais ? Je voulais qu'elle ait peur, qu'elle tremble en me revoyant après tout ce temps ! Qu'elle se sente piégée en quelques sorte. Pas qu'elle le prenne avec autant de légèreté. C'est donc dans l'optique de provoquer une quelconque réaction chez elle que je sortis mon sabre puis le pointai au niveau de sa gorge.
« Oui, encore moi. Et malheureusement je n'ai rien oublié de ce qui s'est passé il y a un an. Sur ce, tu vas me suivre bien gentiment et nous allons aller au poste. Je te déconseille d'utiliser tes techniques bizarres, ça ne prendra pas deux fois avec moi. »
J'étais fier de moi sur ce coup. Avec le discours que je lui avais tenu et mon sabre au niveau de sa gorge, la jeune femme allait forcément être intimidée... Du moins c'était ce que j'espérai.
On pouvait dire que ce type avait la rancune facile. Ses mots étaient aussi parlant que ses gestes à ce propos. Je ne m’attendais pas à le croiser de nouveau et pensait même que ce ne serai jamais le cas. Après tout, le pays de l’eau était vaste et même si j’étais dans le même village, le quartier était à l’opposé de l’autre. Je pouvais même dire que j’avais complètement oublié celui-ci et si je me souvenais de lui à cause de son physique peu commun.
L’épée en avant, il ne tarda pas à me rejoindre et dirigea celle-ci vers ma gorge. Je ne fis aucun mouvement défensif et mon corps ne se tendit pas alors qu’il approchait la lame. Je ne tressailli pas et ne battit même pas un cil alors que le métal touchait ma peau. Je pensais sentir une goutte de sang s’échappé de la légère égratignure qu’il venait de me faire.
Je doutais qu’il soit ravi de mon manque de réaction mais je n’avais pas peur de la mort, je tenais à rencontrer la faucheuse. Cependant, après une promesse faîtes à un homme, qui avait cru bon de me sauver la vie, il y a quelques semaines. Je ne pouvais que l’attendre sans la provoquer. Sinon, j’aurai déjà empoigné l’épée et aurait enfoncé celle-ci de ma gorge afin de faire le travail que l’homme à l’oreille pointue refusait de faire.
Gardant un soupir sur le bord de mes lèvres, je devais quand même lui répondre et un simple hochement de tête n’était pas envisageable, si je ne voulais pas me retrouver avec une longue ligne le long de gorge. Pas que je faisais attention à ma peau et à l’esthétique, après tout, ce genre de chose n’avait pas d’importance. Rien n’en avait. Cependant même si je ressentais des désirs de mort, je n’en aimais pas encore la douleur. Surtout que celle-ci me faisait sentir vivante pendant quelques secondes et je voulais être morte.
-« Tue moi ou livre moi, fais ce que tu veux » Déclarais-je de cette voix sans vie qui n’était pas plus haute qu’un murmure. Ce ton de voix qui m’accompagnait depuis que ce géant m’avait empêché de sauter du haut de la cascade de Hi no Kuni.
Dommage. Elle n'avait pas peur. Au contraire, elle insista pour que je la tue ou, dans le pire des cas, pour que je la livre aux autorités du village. En temps normal, je l'aurai bien ramener jusqu'au poste de police le plus proche mais là, je ne pouvais pas. Je n'attaque ni ne livre les personnes qui ne souhaitent pas se battre. Si encore elle s'était débattue comme la dernière fois je n'aurai eu aucun scrupule à la voir croupir en prison toutefois là ce n'était pas le cas. Allez savoir pourquoi elle avait perdue cette envie de me résister. Bien que je ne l'eus rencontré qu'une fois, je pouvais affirmer sans grande difficulté que la jeune femme n'était plus que l'ombre d'elle même. A ce titre, ma trop grande fierté m'empêchait d'agir et de faire ce pour quoi j'avais attendu si longtemps. Je ne savais pas ce qui avait pu se passer entre notre dernière rencontre et maintenant cependant une chose était sûre. Elle n'était plus la même.
« Désolé mais finalement je ne ferai ni l'un ni l'autre. Se résigner si vite... T'es vraiment pas drôle. »
Je voulais en quelques sorte « jouer » avec elle mais cela ne prenait pas, elle n'était absolument pas intimidée. A m'écouter, on aurait vraiment dit un gamin d'une dizaine d'années tout au plus. Un gamin à qui on venait de confisquer son jouet préféré pour être exact. Cela pouvait paraître idiot mais c'était exactement ce que la jeune femme aux yeux noisettes venait de faire. Elle l'avait fait de manière inconsciente certes, mais elle l'avait fait. Effectivement, le fait qu'elle ne se débatte pas m'ôtait toute envie de punir les crimes qu'elle avait pu commettre auparavant et qu'elle continuait de commettre à ce jour. Par ailleurs, son expression m'était familière. En effet, cette dernière faisait étrangement écho à ma propre situation. Ou plutôt devrai-je dire la situation dans laquelle je me trouvais il y avait de cela quelques années lorsque je m'étais retrouvé seul et que tout mes camarades m'avaient fuit comme la peste. Je n'avais aucune idée de ce qui avait pu la mettre dans cet état mais en profiter n'était pas mon genre. C'est pourquoi je retirai mon sabre de sa gorge. Une goutte de sang perlait alors le long de son cou pâle. Une fois le sabre rangé dans mon étui, je replaçai celui-ci sur mon dos. Je ne comptai pas combattre aujourd’hui alors autant le ranger en lieu sûr pensai-je.
« En fait, moi c'est Shinichi. Je ne sais pas ce qui t'es arrivée depuis la dernière fois mais tu peux y aller si tu le souhaites. Je ne t'empêcherai pas de quitter la ville cette fois-ci. Ah et tu peux garder ton butin si ça te chante, je n'en ai plus rien à faire. Heureusement pour toi, le lutin bleu n'attaque pas ceux qui ne peuvent, ou plutôt ne veulent pas se défendre. »
Ceci dit, je me contentais d'attendre. Allait-elle simplement partir en me remerciant ou bien comptait-elle entamer une conversation ?... Je n'en savais trop rien et je ne préférais pas vraiment m'avancer à ce sujet là.
La surprise embrasa mes prunelles mais celle-ci disparu aussi vite qu’elle était apparue. Les émotions ne restaient accrochées à mon cœur que quelques secondes avant de mourir. Le jeune homme venait de faire un pas en arrière et rengaina son épée, la pointe de la lame libera la course de la goutte de sang qui s’écoula le long de mon cou. Ce qui m’avait saisit plus que son geste, ce fut les paroles qui suivirent. Après tout, ne devait-il pas me capturer, me ramener morte ou vif afin d’avancer sa carrière par exemple ? N’est-ce pas une occasion rêvée ? Parce que même si le dirigeant de ce village n’aurait pas fait attention que la statue soit dans une maison délabré ou non. Le mot voleuse et maison, quelque soit l’état de celle-ci, aurait suffit. Il n’avait pas besoin de plus, que mon vrai recèle est lieu maintenant ou il y a un an. Après tout, d’après ce qu’il avait dit, il attendait cette occasion depuis une année. Or, il me laissait partir cette fois-ci, ne doutant même pas, que j’aurai pu prendre une fausse attitude.
J’aurai pu m’enfuir et j’étais bien décidée à le faire. Cependant, à peine avais-je fais un pas que mon corps s’écroula. Ma vue ne se troubla pas mais je ne comprenais pourquoi mes jambes s’étaient écroulé ainsi. Je réfléchis rapidement à ce qui avait pu me faire défaut. Depuis combien de temps je n’avais pas mangé ? Je me rappelais un déjeuner, je pouvais ne pas faire d’anémie. Tant qu’un humain mange, bois, dors, il vit et c’était exactement l’existence que je menais. Il y avait quelques missions qui venaient s’ajouté à cela, parce que j’avais besoin de l’argent pour tout ca et ainsi que subvenir à SES besoins.
-« Pourquoi ? » Les mots s’échappèrent de mes lèvres sans que je ne le veuille et étrangement ma voix n’était pas éteinte. Ce n’était qu’un murmure mais je pouvais y entendre un désespoir dans lequel j’étais plongé depuis longtemps et qui ne cessait de s’amplifier.
La question me frappa avec une certaine douleur, comme si elle se répercuta dans mon cœur. Peut-être étais-ce justement ca, le problème. Pourquoi ? Combien de fois faudrait-il encore que je sois sauvée, qu’on m’enlève le seul moyen de pouvoir rejoindre l’homme que j’aimais.
Je sentais mes doigts trembler sur le sol et pencha la tête un peu plus afin que les mèches de mes cheveux cache mon visage. Subitement, mes doigts se contractèrent et se dépliait comme dans un spasme. Pourtant une fois de plus, mes yeux étaient secs et je doutais qu’un jour des larmes en couleraient.
-« Pourquoi ? N’êtes pas vous sensé répandre la mort ? N’est-ce pas la seule chose que vous êtes capable de faire ? Tuer et vous en prendre au être sans défense et démuni ? » Demandais-je de nouveau sans le vouloir, les mots déferlaient sans que je ne le souhaite vraiment, dépassant ma pensée.
Révélant à ce parfait inconnu, la hargne que j’avais eu jadis et que j’avais encore maintenant, alors que devrais être morte, vis-à-vis des ninjas. Eux, qui m’avaient arraché ce que j’avais de plus précieux et qui continuait à me torturer en refusant de m’accorder le même sort.
Y'a un soucis là...Un gros soucis même pensai-je dubitatif. A peine avait-elle essayer de mettre un pied devant l'autre que ceux-ci lâchèrent prise. Est-ce une ruse ou bien ? ...Non parce que si c'est une blague, c'était pas drôle ! Elle s'était écroulée sans même que je ne bouge le petit doigt. En bref, elle était tombée toute seule. A croire qu'elle ne savait plus marcher, ou plutôt qu'elle ne pouvait plus marcher. L'adolescente se contenta alors de lâcher un simple « pourquoi »...A cela je n'avais qu'une envie, celle de répondre « parce que » cependant je préférais éviter toute blague de mauvais goût. Son état semblait être plutôt critique il était donc hors de question de rire à ses dépens. D'autant plus qu'elle entra dans une sorte de folie passagère, me demandant pourquoi j'agissais ainsi. Soit disant que j'étais censé rependre la mort, attaquer les faibles ou une connerie dans le genre...Enfin bref, une fois qu'elle eut terminée de m'accuser à tort et à travers, je lui répondis très sobrement de la manière suivante.
« Ça y est ? Tu t'es défoulée ? Tu te sent mieux maintenant ou bien est-ce que t'en as encore beaucoup des conneries dans le genre à déblatérer ? Non parce que si tu en as encore, vas-y hein fais toi plaisir... Lâches-toi. En attendant, je vais t'aider si tu le veux bien. »
« Si tu le veux bien »...La bonne blague. En réalité même si elle ne le voulait pas, j'allai l'aider. Car oui, je suis un noble lutin, moi et à ce titre j'aide les jeunes demoiselles en détresses... Regardant la jeune femme au sol, je m'avançai puis la portait tel un sac de pomme de terre. Pas très élégant le noble lutin mais c'est que, malgré les apparences, elle était lourde la brunette ! Bon, plus sérieusement, elle avait quoi en fait ? Non parce que moi, jusqu'à preuve du contraire, je ne suis pas toubib. Par conséquent quand je vois que quelqu'un n'est pas capable de marcher, j'en déduis qu'il a les jambes cassés. Hors pour avoir les jambes cassés il faut au moins avoir fait une chute ou je ne sais trop quoi d'un tant soit peu nocif pour la santé. Malheureusement – ou heureusement selon le point de vue –, elle n'avait rien fait de transcendant puisque cinq secondes auparavant elle marchait parfaitement. Peut-être était-elle tout simplement malade ? Ainsi, la maladie l'avait rendue faible au point de ne plus être capable de maîtriser ses propres mouvements. Auquel cas, la seule chose que je pouvais faire était l'envoyer voir un médecin digne de ce nom. Si néanmoins son mal avait une autre origine, peut-être pouvais-je l'aider. Du moins pour cela encore fallait-il que je sache d'où venait son problème. Peut-être que, elle, le savait ? Après tout c'était son corps, pas le mien !
« Bon. Est-ce que tu sais au moins comment tu t'es fait ça ? Ah et accessoirement, je t'ai donné mon prénom, la politesse voudrait que tu en fasses de même. »
Politesse ? Vu comment je la transportais, j'étais assez mal placé pour parler de politesse et de bonnes manières mais soit. D'ailleurs en parlant de transporter, vers où devais-je la mener ? Vers l'hôpital ou bien ailleurs ? Je n'en savais trop rien pour l'instant. J'attendais sa réponse avant de me décider.
Je gardais la tête vers le bas, contemplant le sol tandis que je sentais mon corps se redire de plus en plus. Ainsi, j’entendis le pas de l’homme se rapprocher et eut confirmation, quand j’aperçus le bout de ses chaussures. Celui-ci me fit une petite remarque, d’un ton un peu sec, même si les mots n’étaient pas vraiment rudes. Il me proposa même son aide mais alors que j’allais la refuser, celui-ci n’attendit pas mon approbation. Pour la seconde fois, la surprise l’alluma dans mes yeux, alors que le jeune homme me saisissait et me jetait en travers de son épaule. J’aurai pu commencer à me débattre et lancer des ‘’NOOOOON’’ retentissant, prendre une couleur rouge carmin, tellement j’avais honte. Il n’en fut rien. Après tout, ce n’était pas habituel de réprimander une demoiselle puis de la porter comme un sac à patate. J’admirais tout de même pendant quelques secondes sa force, parce que j’avais conscience que mes membres se redisaient et je devais ainsi peser bien plus lourd que mes cinquante cinq kilos ou plutôt je faisais belle et bien ceux-ci.
Shinichi, vu que c’était ainsi son nom, me transporta vers l’extérieur et malgré le poids que je devais faire, il se mouvait plutôt facilement. Je ne savais pas si celui-ci n’aimait pas les silences de la nuit, qu’il reprit la parole ou était-il vraiment inquiet pour mon état. Peut-être étais-ce simplement de la curiosité. Une douleur à la poitrine fugace, ce n’était pas seulement du à la position inconfortable ni même la continuité de mon soucis de santé. Non, c’était différent, une ébauche de sentiment, je ne savais pas vraiment dire quoi mais c’était là. C’était reparti aussi rapidement que c’était revenu, comme toutes les émotions qui naissaient en moi, cependant, je me questionnai quand même pendant quelques secondes sur l’origine de celui-ci. Avant d’être tirer de ma pensée par la seconde remarque de l’individu aux oreilles pointues.
Gardant un soupir sur le bout de mes lèvres, je fis une légère pression contre le corps de l’adolescent pour que celui-ci s’arrête, alors qu’il y avait un banc un peu plus loin.
-« Dépose-moi là » Demandais-je dans un mouvement de tête, même si je n’étais pas certaine que celui-ci puisse me voir dans mon étrange position.
Il arriva en quelques pas devant le meuble en pierre et m’y jeta plus qu’il ne me déposa. Je retiens une grimace de douleur alors que j’essayais de garder mon équilibre. Lui par contre restait debout, me supplantant de toute sa hauteur et son regard était insistant. Je devais lui donner une explication et si je n’en avais pas, au moins mon nom. Je gardai un soupir au bord de mes lèvres et empêchant une grimace de me monter au visage alors que je sentais que mon cou aussi se raidissait.
-« Crise tétanique. Prends le sac en papier dans mon sac et met le contre ma bouche. » Ordonnais-je d’une voix un peu plus hachée alors que la douleur commençait à s’insérer de plus en plus dans chacun de mes membres. Comme si quelqu’un s’amusait à me transpercer avec des millions d’aiguilles. C’était une douleur insupportable qui n’allait pas tarder à me faire suffoquer mais je n’étouffais pas vraiment. Une souffrance à en mourir mais jamais accompagné de celle-ci.
L’homme s’exécuta rapidement et mis à part le mouvement de contraction et de décontraction du sac, il n’y avait pas de bruit. Cela avait pour effet d’améliorer et amplifier ma respiration afin de calmer mon corps aussi bien que mon cœur, mon esprit. Quand je fus capable de tenir le sac, je l’écartai de ma bouche et le rangea.
-« Merci » Dis-je en tentant de lui faire un sourire mais celui-ci ne devait pas être très réussi parce qu’il n’y avait que mes lèvres qui se relevait et qu’il n’y avait aucune lumière dans mes yeux.
Alors que je la transportai je ne sais trop où, la petite voleuse me demanda, via une tape puis des paroles, de la déposer sur le banc qui se trouvait quelques mètres de nous. Je m'exécutai sans discuter. Peut-être venait-elle de recouvrer l'usage de ses jambes ? J'espérai que oui. Après tout, c'était moi qui me massacrais la santé à la porter ,hein ! Trêve de plaisanteries, je posai la jeune femme à terre de la manière la plus délicate possible – il ne fallait tout de même pas oublier que j'étais un futur Kirijin par conséquent, la délicatesse et moi, ça faisait deux – une fois ceci fait, cette dernière me demanda de prendre son sac et d'en sortir un sachet en papier. D'après elle, si je le mettais contre sa bouche, ça pourrait l'aider à combattre sa crise de tétanie.
Me demander pas ce que c'est, je n'en avais aucune idée. Dans tout les cas, j'exécutai de nouveau les ordres de la jeune femme aux yeux noisettes. Je pris son sac, l'ouvrit et regardai ce qui se trouvait à l'intérieur...C'était vraiment gênant de fouiller le sac d'une femme d'autant qu'à l'intérieur de celui-ci se trouvait le fameux objet qu'elle était venue chercher...Une tortue ? Elle était certes faite de matériaux précieux mais tout de même, ça restait une vulgaire tortue...Enfin bref, je n'étais pas là pour faire la petite fouine. Ou plutôt je n'étais plus là pour faire la fouine mais pour l'aider. Je m'emparai donc du petit sac en papier puis le posai contre la bouche de la jeune femme. Au bout de quelques minutes de respiration dans le sac, la brunette, d'un geste de main, retira le sac de sa bouche, me remercia puis le rangea dans sa besace. Suite à cela, elle me délivra son identité. Ou du moins une partie de celle-ci. Elle s'appelait donc Ruika.
« Ruika ? C'est jolie...Tout comme la tortue en or blanc que tu as dans ton sac... »
Je m'arrêtai tout en lui souriant, m'assit à ses cotés puis repris.
« T'en fais pas, je rigole. J'ai pas changé d'avis, je ne te livrerai pas à la police ni quoi que ce soit du genre mais dis-moi, j'aimerai savoir une chose. Tout à l'heure quand je t'ai menacé, pourquoi ne t'es-tu pas débattus ? En utilisant tes fils étranges tu aurais peut-être pu t'en sortir, non ? Et quand bien même tu n'aurais pas réussie au moins tu aurais essayée... »
Un léger silence s'installa...Peut-être aurais-je dû la fermer. Parler de ça aussi vite allait certainement la mettre mal à l'aise et ce n'était absolument pas ce que je souhaitais. Elle s'était plus ou moins ouverte à moi en me donnant son prénom, il aurait été dommage de la brusquer si vite. Je rectifiai donc instantanément le tir en vrillant maladroitement sur un sujet tout autre que celui abordé précédemment.
« Enfin...Cela ne me regarde pas, je suppose. Tu penses pouvoir marcher maintenant ? »
J’hochais doucement la tête, alors que je prenais appuis sur mes mains afin de me redresser, je tentai un pas puis l’autre pour lui confirmer. Habituellement, un sourire serait monté à mes lèvres, alors que j’écartais les bras, me retournant vers lui. Afin de lui prouver que tout allait pour le mieux, si les gestes étaient bien là, le rictus non. Celui-ci était absent depuis longtemps à présent, j’avais un soupir au bord des lèvres mais celui-ci ne les franchit pas.
-« Ma raison de vivre s’est éteinte. » Déclarais-je tout simplement, celui-ci n’avait pas besoin de savoir plus.
Après tout, même si je lui expliquais, accepterait-il dans ce cas de mettre fin à mes jours ? Vu ses précédents propos, il ne changerait pas d’avis. Il aurait suffit que je l’attaque maintenant et il aurait riposté avec hargne. Cependant, je n’avais pas cette énergie, ma crise avait épuisé mon corps. Même si je n’en montrais rien, chaque geste, chaque respiration était douloureuse. Cela ne se dissiperait après une dizaine de minute.
-« Peut-être que nous nous recroiserons. Sans offense, j’espère que cela ne sera le cas. Mon but n’est pas d’avoir une longue existence après tout. »
Je me penchai pour reprendre mon sac et le visa autour de mon cou, je lui fis un petit mouvement de la main et parti le plus rapidement possible vers le port. Au cas où, celui-ci changerait d’avis.
HRP : Désolée de cette réponse très courte et sans interêt mais comme tu me l'as demandé, j'ai cloturé.