En mode Relax [Pv Ryuga]

Perplexe...

Tu avais été convoquée, d'une manière un peu hasardeuse par l'ombre d'Iwa elle même. Le message avait été bref, sans plus d'explication que cela, hormis le fait qu'il t'ordonnait de le rejoindre au plus vite. Bien entendu, tu t'étais exécutée tel le bon petit soldat que tu étais. Répondre à ton devoir était une priorité absolue, qui passait devant n'importe quel autre chose de ta vie... ou presque.

Ton masque cachant comme toujours ton visage, cette fois-ci ce n'était pas au bureau du très haut vers lequel tu te dirigeais. Tu n'avais que très rarement mit les pieds au Palais, hormis pour les ordres qui demandaient ton écoute direct, il n'était pas un endroit pour les gens comme toi, avec si peu d’intérêt. Néanmoins, cela ne t'empêchait pas de connaitre les lieux, ayant un certain sens de l'orientation s'alliant parfaitement bien avec ta discrétion naturelle.

On t'avait redirigé vers les appartements du Samui, à défaut de son bureau. Tu n'en savais pas les raisons mais tu n'avais de toute manière pas à les connaitre. Le Palais était immense, il n'était pas surprenant qu'il puisse accueillir autant de vie en son sein, de part sa grandeur et son architecture.

Te présentant sur demande du Samui, tu entras dans une sorte de vestibule. Cette pièce faisait barrage entre le palais et l'intimité du Samui. Malgré cela, elle n'était pas dépourvue d'un certain luxe. Bien que tu n'étais que très peu attirée par le luxe ou le confort, cela ne t'empêchais pas d'apprécier la chose... Bien que ton contentement comme toujours était de bien trop courte durée.

Droite... Tu attendais que ton dirigeant t'ordonne le droit de le rejoindre. Tu pouvais patienter une éternité s'il le fallait... Ton esprit voguait dans des réflexions hasardeuses, tu n'aimais pas tenter de prévoir l'avenir mais cette fois-ci, tu te voulais au maximum pour jouer ton rôle. Tu ne connaissais pas les raisons de ta présence ici, mais tu tentais de t'imaginer quelques scénarios, bien souvent très loin de la réalité.

« Tu ne veux pas rester ? »

Il lui avait lancé cette question par pure taquinerie, bien sûr. Bien évidemment que non, elle ne voulait pas rester. Elle était venue chercher dans sa couche la même chose que lui désirait tant lorsque ses yeux se posaient sur les formes désirables d'une femme. Lui comme elle avaient eu ce qu'ils voulaient, une fois encore, et il était désormais temps pour eux de se séparer. Pour mieux se retrouver un autre jour, à une autre heure. Ryûga était nonchalamment allongé au fond du lit rond aux draps somptueux, une volée de tissu pour simple apparat, et observait non sans plaisir la Jisetsu qui se rhabillait un peu plus loin, de l'autre côté du voile qui entourait la literie. Le spectacle était délectable pour lui, même s'il n'en laissait rien paraître sur son visage froid et à ce moment inexpressif. Elle lui offrait ces dernières bribes visuelles avant de partir, et c'était amplement suffisant. Sans la perte, le gain n'avait après tout plus beaucoup de sens.

« J'te tiendrai au courant pour la constitution des groupes. On s'revoit dans les grottes. »

C'était ainsi qu'elle appelait les QG secrets et sécurisés qui s'étendaient autours, au dessus et dans les entrailles de la Citadelle. Une façon aussi brute et directe que possible de nommer un réseau aussi complexe et gorgé de ressources. Ryûga faillit marquer un sourire en coin, mais s'abstint consciemment de le faire. Il adorait ça chez elle, c'était un fait. Une alliance subtile de franc-parler, d'efficacité et de vulgarité savamment dosée qui lui rendait sa compagnie encore plus agréable qu'elle ne l'était déjà. D'une certaine façon, elle était sa soupape, même si en apparence elle ne faisait rien de plus ou de moins que n'importe quelle autre femme avec qui il lui arrivait d'avoir des relations intimes.

« Bien. A plus tard. »

Immobile au fond du lit, Ryûga fixa le vide un moment, pensif. Il pouvait sembler vulnérable, en cet instant, physiquement parlant : nu comme un ver sous le drapé, n'importe quel autre homme d'action ne se serait pas senti très à son avantage. Cependant, la fenêtre de vulnérabilité que le Samui ressentait en cet instant se situait profondément ancrée dans son esprit. Là où résidait encore cette part de lui qui pouvait douter, qui demeurait sensible au regard des autres et qui ne cessait de se remettre en question pour un rien. Cette fenêtre ne restait pas entrouverte très longtemps, quelques minutes tout au plus, mais cela lui suffisait parfois pour se sentir mal à l'aise. Pendant un temps. La jeune Jisetsu quant à elle était déjà partie et se dirigeait vers la sortie, vers le vestibule. Et alors qu'elle ajustait une dernière fois ses gants, elle stoppa net pour éviter de rentrer brutalement dans la personne qui attendait là.

« Oh, s'cusez. « Tsuchikage-samaaa », vous avez de la visite ! lança-t-elle en faisant porter sa voix vers l'arrière. Désolé il sera p'têtre pas prêt tout d'suite. Vous êtes qui ? J'peux peut-être transmettre un message si c'est pour ça qu'vous êtes là. En fait... j'vois pas pourquoi vous porteriez un masque sinon. »

Patiente...

Le temps se faisait long et pourtant, tu ne t'agitais pas plus que cela... Bien entendu, tu en vins à te demander, s'il ne t'avait pas oublié. Si dans l'élan de l'action, il t'avait convoqué tout en te balayant aussi tôt de son esprit. C'était possible... Et pourtant, tu n'avais pas le droit de pénétrer davantage dans son intimité. Il te fallait attendre, une des rares qualités que tu possédais...

Finalement, perdue l'espace de quelques instants dans tes pensées, tu ne vis pas tout de suite la jeune femme émerger de la porte. Évitant un choc frontal un peu trop violent, tu la fixais d'un air perplexe. Tu ne la connaissais pas mais tu pouvais certifier qu'elle n'était pas le Tsuchikage que tu recherchais.

Plissant les yeux derrière ton masque, tu écoutais ce qu'elle te disait. Une compagne du Tsuchikage ? Cela ne t'aurait pas surprise... Il n'était pas vraiment connu pour son coté prude. Enfin... Tu n'avais pas à juger sa vie et encore moins le coté privé de celle-ci. Tu te contentais alors d'écouter la jeune femme avant de lui répondre bien que tu détestais toujours parler...

- Je suis là sous ordre du Tsuchikage...

Tu marquais une pause, la jeune femme semblait avoir un soucis avec ton masque. Soupirant intérieurement, tu étais las d'expliquer tes choix de vie à des inconnues... Et pourtant, tu étais souvent bien obligé sous peine de déclencher des réactions plus que bizarre chez eux.

- Mais, s'il est occupé et que je suis venu au plus mauvais moment, je repasserais plus tard. Excusez moi du dérangement.

Finalement, ce n'était peut être pas le meilleur moment pour le rencontrer. Peut être avais-tu mal compris l'ordre de convocation... Dans tout les cas, tu espérais que le chef d'Iwa ne t'en tiennes pas rigueur.

Asuka inclina la tête sur le côté, comme pour regarder si le masque de son interlocutrice ne présentait pas une faille quelconque à travers laquelle elle aurait pu l'apercevoir, au moins en partie. Elle était d'un naturel curieux, et aimait bien tout savoir. Un trait de caractère qu'elle tenait de façon quasi-héréditaire de son clan, les Jisetsu, mais qu'elle arrivait encore à contenir lorsqu'il le fallait. Lorsque Ryûga, par exemple, jugeait plus prudent de ne pas lui transmettre absolument toutes les informations, ce qui avait le don de l'énerver. Mais, en un sens, elle le comprenait. C'était un homme qui était au delà de la prudence. Dans sa tête, tout n'était que calculs et risques sous-pesés un milliard de fois à l'avance. Il était à la tête d'une armée hétéroclite, aux passifs nombreux et souvent encore douloureux, et ce n'était pas parce que l'Empire avait disparu que toute menace sur le Pays de la Terre avait fait de même. Il faisait ce qu'il fallait, un point c'est tout, et si cela devait la contrarier par moment alors ainsi soit-il.

« Oh, c'est lui qui vous a demandé ? Non non bah restez hein, moi j'm'en allais de toute façon. »

Asuka détailla un petit instant l'attitude de la jeune femme, à en juger par son timbre de voix, qui se cachait derrière ce masque. La Kosobayui avait délibérément éludé le sujet de ce dernier : était-il la source d'une gêne quelconque ? Était-elle le genre de soldat aussi discipliné, à ne jamais rien dire ou faire qui puisse ne serait-ce que vaguement sortir du cadre ? La Jisetsu aux cheveux roses sentait qu'il y avait un peu plus que cela, mais décida que ce n'était pas son affaire. Pour le moment du moins.

« Bon... Moi c'est Asuka. Ravie d'vous avoir vue... »

Sur quoi, elle dépassa Yu sur le côté en la frôlant à peine et sortit des appartements du Tsuchikage. Ce dernier, qui avait bien sûr entendu l'appel de son « amie » quelques instants auparavant, s'était empressé de passer un kimono d'intérieur, souple et léger. Une poignée de secondes après le départ d'Asuka, il se présenta dans le vestibule.

« Yu, merci d'être venue. Par ici je vous prie. » dit-il en guidant la jeune femme vers le petit salon de sa main ouverte.

Ryûga lui emboîta le pas, puis la dépassa sur le côté pour aller s'installer dans une chaise qui était visiblement très confortable. D'un geste de la main, il invita ensuite la Kosobayui à l'imiter en utilisant la chaise, identique, quelques mètres devant lui.

« Je n'irai pas par quatre chemins, j'ai une mission à vous confier. Vous connaissez sans doute déjà, au moins de nom, le moine de Maskine Samaël qui séjourne entre nos murs. Je veux que vous me rapportiez ses moindres faits et gestes, sans éveiller le moindre soupçon. Cet homme a fait du bien autours de lui, et nous a été d'une grande aide. Toutefois, ses aspirations sont dangereuses. N'entrez sous aucun prétexte en contact avec lui.

Vous avez vos ordres. Mais avez-vous des questions ? »

Silencieuse...

Tu regardais ton interlocutrice tandis qu'elle aussi te jugeait de son regard perçant... Tu n'aimais pas ça, être observée de la sorte, comme un vulgaire morceau de viande. C'était bien pour cela que tu prenais un grand plaisir à t'extirper des regards des gens. A n'exister pour personne... Mais cette fois-ci, aucune échappatoire, tu n'étais pas dans un territoire que tu pouvais apprivoiser. Il fallait te laisser contempler par eux...

Finalement, la fille aux cheveux rosées et au parlé plutôt franc quitta le vestibule bien rapidement. Tu ne l'aimais pas... Tu avais un étrange ressentiment vers elle, une émotion que tu n'aurais su décrire dans l'instant. Tout tes instincts tapis eux aussi dans l'ombre t'ordonnaient de ne pas te fier à elle, quand bien même tu n'avais échangé que quelques mots... L'avenir aurait tantôt décidé de si tu avais raison de te méfier de la sorte ou pas...

Invitée à entrer, tandis que le véritable maître de ces lieux t'accueillit en tenue... plutôt légère... Tu pris position sur une chaise après que l'on t'ai donné la permission. Tu ne savais pas la raison de ta venue ici, mais quelque chose d'important se tramait. Il n'y aurait pas eu autant de mise en scène pour si peu, ta mission aurait été transmise sur un parchemin comme à l'habitude.

Voulait-il exploiter tes talents pour disparaître ?

Cette question fut rapidement suivie de sa réponse. Il voulait que tu espionnes l'adepte de Maskine qui avait pénétré les remparts du village caché. Un homme qui avait été si généreux avec la vie que celle-ci commençait à se méfier de lui... Un homme contre nature par définition... Tu n'aimais pas ces gens, qui se berçaient toujours plus dans la lumière...

Ils brillaient de milles feux... Mais un éclat aussi dense cachait bien souvent une ombre qui l'était encore plus... Un voile d'hypocrisie que eux même ne semblaient pas pouvoir percer. Toi, tu avais l'avantage de n'être qu'ombre... Rien d'autre, pas de face cachée... La vie te voyait telle que tu étais et rien d'autre...

- A vos ordres Tsuchikage-sama.

Tu baissais la tête comme signe de soumission. S'il t'avait demandé personnellement, c'était qu'il avait plusieurs choses en tête. Estimait-il réellement ton talent ? Ou n'étais-tu pas assez importante pour que ta perte cause un véritable dommage dans ses rangs... Tu n'en savais rien et tu ne voulais pas le savoir.

Tu n'en avais pas besoin.

- Si vous me le permettez, j'aimerais débuter mon devoir Monsieur.

Te levant de cette chose, tu t’apprêtais à disparaître aussi tôt qu'il t'en aurait donné l'ordre. Des questions... Tu n'en avais aucune. L'objectif était clair et simple... Pas besoin de plus.

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