Nii-san n'est pas d'humeur à jouer. Je n'ai d'autre choix que de m'en charger. Cette petite histoire d'agent infiltré m'amuse. Ce sont des traîtres. Et sait-on ce que l'on fait aux traîtres ? Et bien on les extermines. J'espère qu'il y aura de quoi faire avec eux. La délégation Kumojin est déjà arrivée. Nous sommes en salle de pause. Je suis assise, accroupie sur une chaise à les fixer. Il y a un petit gars aux cheveux blancs et aux airs louches. Le reroll d'Ikumo est là aussi. Une petite blonde. J'étire un sourire. Les loyalistes risquent de passer un sale quart d'heure. En attendant je m’alanguis dans cette pièce. Prendre des initiatives ce n'est pas mon truc, pas dans ce genre de cas tout du moins. La pièce est petite, éclairée par un unique néon au plafond qui diffuse une lueur pâle aussi stériles que les murs autours de nous. L'unique fenêtre offre une vue splendide sur la chaîne d'assemblage, d'où l'on peut entendre nous parvenir le sont étouffés des soudures et des perceuses. En dehors de cela il règne dans la pièce une silence assez malaisant et inconfortable. Il faut avouer que le cadre ne fait pas rêver. Mes yeux s’attardent sur mon gobelet remplit de café bon marché tout droit sorti d'une distributeur une minute plus tôt. Je m'en saisi et bois une première gorgée. Pas si mauvais tout compte fait !

« Dites-les gars ! Zavez par quoi est-ce que l'on va commencer ? Le temps se fait long là... »

Nouvelle gorgée. Tout compte fait je le trouve assez fade. Il manque de sucre. C'est généralement la solution à tous les problèmes gustatifs. Même certains humains ont meilleur goût avec un peu de sucre. Malheureusement je doute avoir l'autorisation de croquer à pleine dent dans ses loyalistes. Les cas de consciences et les préceptes sociétaux ne sont pas vraiment ma tasse de thé. Je ne me soucis que rarement des conséquences de mes actes. Tout ce qui m'importe c'est m'amuser. J'ai pourtant conscience que je risque pas mal de remontrance de la part de Nissan si je me laisse aller à mes jeux favoris. Aussi, qu'elle idée avons nous eux de rejoindre cette organisation, et par extension la civilisation à laquelle elle est rattachée. Cela nous impose des règles. Des règles de convenance. Comme celle qui disent qu'il ne faut pas manger son prochain, et je déteste cela.

« J'vous annonce tout de suite la couleur. La phase d'enquête ce n'est pas pour-moi. Par contre si vous me ramener l'un de ces types, j'pourrais en faire mon affaire. » Je me fends d'un petite sourire espiègle. « J'vous promet qu'à partir de là on pourra bien s'amuser. »

Troisième gorgée de café. Cette fois-ci c'est un peu mieux que la seconde, pas autant que la première, mais suffisamment pour redonner espoir dans ce distributeur. Lâchant un léger soupir de satisfaction, je passe une main dans mon cuir chevelue, descendant jusqu'à mon front pour t gratter nerveusement les cicatrices en forme de croix. Plus de quatre siècle après ma naissance et c'est machin continuent encore de me démanger. Heureusement depuis le monde, lui, a bien changé. Je peux librement afficher ma couleur de peau, ainsi que les marques qui me barrent le haut du crâne sans craindre de représailles. Il faut dire que ce nouveau monde est assez curieux. De nouvelles espèces ont vu jour entre temps. Des Shinobi, des démons. Disons que s'ils existaient à l'époque ce n'était qu'en petit nombre. Aujourd’hui ils pullulent à chaque coin de rue. Par exemple, je suis certaine que les deux gugusses qui m’accompagnent possèdent leurs lots de bizarreries.

« Bon... bon... »

D'un bond agile je saute de ma chaise pour me retrouver debout face à mes chers petits protagonistes, maintenant mon gobelet à moitié bu en équilibre sur la pointe de mon index levé. La fameuse touillette quant à elle est coincée entre mes lèvres.

« On y va les enfants ? »

A ces mots j’ouvre la porte afin de pénétrer dans le hangar d'une démarche nonchalante. La journée commence doucement, mais je compte bien la terminer de façon assez épique. Après tout, Nissan ma toue de même autorisé un petit pourcentage de perte...

Encore une mission en équipe ? Ils veulent vraiment ma mort. Je sais bien que tout shinobi se doit de comprendre l’intérêt du travail d'équipe et de la coopération, mais ce n'était vraiment pas mon fort. Non pas que j'ai du mal à interagir avec les gens, j'apprécie la bonne compagnie et suis plutôt facile à vivre, seulement, c'est justement parce que j'ai la chance de travailler seule habituellement.

M'enfin, se lamenter ne me servira plus à rien à ce stade, et je me voyais mal aller me plaindre auprès de Manzo. Il va falloir prendre sur moi et faire au mieux pour la réussite de la mission. Si je suis irréprochable, je pourrais facilement obtenir gain de cause auprès de mon Kage pour de longues missions en solo !

Je suis accompagnée d'un genin que je n'ai jusqu'ici pas eu la chance de rencontrer, durant le voyage, je me montre chaleureuse et avenante afin de le mettre à l'aise, tout comme notre 3ème coéquipière lorsque vient l'heure de notre rencontre, du moins, en premier temps. Ne rien laisser paraître c'est une seconde nature chez moi, cela ne signifie pas pour autant que j'aborde un froid visage de pierre à chaque fois que je rencontre quelqu'un, mon truc c'est plus de remplacer une expression faciale par une autre. Heureusement, tout n'est pas tout noir et tout blanc, il m'arrive de penser ce que je dis, souvent même !

J'arrive donc avec le prénommé Mouken dans une pièce des plus standardisée au cœur d'une chaîne de fabrication. La fille nous attend, une boisson à la main. Je m'assois en face d'elle et ne laisse pas le silence s'installer longtemps.

« Hayame Kiera, et voici Washi Mouken, il est sous ma responsabilité, mais nuls doutes qu'il saura nous impressionner ! »

J'écoute son speech, et je comprend vite que j'ai affaire à une tête dure. Moi, les têtes dures, je les mate ! Je n'ai aucun plaisir à prononcer les paroles qui vont suivre, mais cela est nécessaire et traduit néanmoins un réel agacement dans mon ton.

« Et bien si la phase d'enquête ne te convient pas cela pose problème, outre le fait de me questionner sur l'utilité de ta présence ici, permet moi de te demander si tu comptes nous accompagner ? Si tu préfères t'en passer pas de soucis, seulement, ne compte pas sur moi pour te ramener ton gibier » dis-je avec un délicieux sourire

« Si toutefois tu décides de te joindre à nous, bienvenue ! Étant une grande habituée de ce genre de missions, permet moi de proposer une approche et de prendre la tête des opérations, évidemment, propose ce que tu as à proposer, nous avons tous notre mot à dire ici. Je préconiserais donc une approche d'infiltration par l’usurpation d'identité. Les loyalistes forment certainement un cercle très fermé. A mon avis, ils sont menés par la poignée d'ennemis très puissants que nous n'avons pas réussi à abattre lors de la conquête. On élimine trois loyalistes de leur rang, diplomates, de préférence et on prend leur apparence. Qu'est ce que vous en pensez ? »

Replaçant une mèche rebelle derrière mon oreille, je pose mes coudes sur la table et appuie mon menton sur mes poings en attente d'une réponse.