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Il y a des jours, ou des soirées, qu’importe votre activité, qu’importe votre état et qu’importe vos objectifs, le passé vous rattrape au galop et écrase d’un simple coup de sabot toutes ces choses énumérées à l’instant pour s’imposer. Il y a dix ans, si l’on m’avait dit qu’un passé pouvait vous « coller » à la peau, je n’aurais guère cru. Il y a dix ans, je n’aurais jamais imaginé que j’aurais fait tout ce que j’avais fait dans le dit « passé ». J’avais emprunté un très mauvais sentier et j’en essuyais encore et toujours les frais, alors que mes compagnons de malheur avaient trouvé bon de succomber à la première menace.

« Peut-être que je devrais arrêter de me battre, et accepter la sentence » me dis-je lorsque le Passé venait à moi, et s’accrocher fermement, sans avoir l’intention de me relâcher jusqu’à ce que j’accomplisse un de ses ordres ou volontés.

« Alors, mon ami, que faisais-tu donc dans les parages du pays de l’Eau ? De souvenir, tu étais originaire du Pays du Vent » m’interrogeais-je, repensant inlassablement à une discussion que j’avais eue avec un local il y a quelques jours. En effet, pour une raison x et y, nous avons fini par discuter de toutes les choses insolites qui avaient pu arriver dans ce Pays-ci cette année. Il a souligné la mort étrange d’un habitant : le corps était introuvable mais tout son logis avait été recouvert d’une quantité incroyable de sang. Lorsque je me suis renseigné sur le dit nom, j’ai découvert que c’était un de mes compagnons de fortune dans les expériences que nous avions mené par le passé sur les origines du chakra, et dont j’ai retrouvé un morceau du corps – notamment la tête et les bras – dans un colis, à Nami no Kuni, il y a quelques mois.

Maintenant, je savais où il était mort.
Par contre, je ne savais toujours pas pourquoi « ici » et pas « ailleurs », notamment dans son pays natal qu’il aimait et adorait temps. Je me souviens encore de ses longues litanies sur les beautés du désert, de ses danseuses du ventre, du quartier des Saibogu …
Il fallait que je comprenne. Que je sache.

Par contre, je dois admettre que malgré mes nombreuses pérégrinations dans la région, je ne connais pas totalement tous les lieux. Ajoutons à cela que j’étais arrivé dans une région où je n’avais guère pratiqué en tant que médecin. Par conséquent, j’étais davantage un étranger qu’un médecin. Malheureusement, je n’avais guère le temps de m’installer temporairement, soigner les locaux, gagner leurs confiances pour enfin obtenir ce dont j’avais besoin, soit l’emplacement de la maison où avait lieu l’étrange disparition sanglante – si l’on pouvait le dire ainsi.

Je regarde ma bourse de ryo, la soupèse … Je devrais avoir « assez » pour « commanditer » une mission rang D, qui est donc d’avoir un petit guide humain. Par contre, je n’étais pas dans le village caché – et si possible, c’est une zone que j’aime éviter dans tous les pays que je visite en raison de la rigueur et des règles militaires des plus dictatoriales-, ce qui m’obligeais à m’interroger : puis-je commanditer hors du village ? Certains pays, je peux. D’autres non.

« Il y a toujours au moins une personne attirée par le gain » me dis-je, regardant autour de moi. Je vois assez vite un adolescent à la fleur de l’âge.

- Hey mon petit gars ! Peux-tu aider un voyageur à retrouver la maison d’un vieil ami ? Considères cela comme une simple mission rang D, qui sera évidemment rémunérer ! De quoi offrir un joli petit cadeau à ton amoureuse, ou amoureux, conclus-je avec un clin d’œil complice.

Ahhhh l’adolescence … L’aube d’une vie amoureuse des plus palpitantes. Avant cet âge, je considère cette période comme un préliminaire ou une préparation aux plats de résistances. Comprenez-vous ce dont je parle ? Ou alors considérez-vous mon langage d’un autre âge, ou d’une autre époque ?

Parfois, le Lutin aime bien quitter le confort du bercail pour faire une petite excursion à travers l’archipel pour quelques jours tout au plus. Ces promenades n’ont aucun but spécifique si ce n’est que de prendre l’air et il n’y a aucune destination finale si ce n’est que de rentrer de nouveau sain et sauf au village caché du Brouillard. C’est le goût de l’aventure du jeune homme, un besoin qu’il doit combler. Après tout, il a passé une multitude d’années sur la route suite à l’anéantissement de Kiri il y a fort longtemps. Vagabond ou non, l’on saisit rapidement cette sensation de liberté, cette nécessité de s’écarter du troupeau pour mettre en place ses idées et philosopher sur le sens de la vie… Ou bien uniquement pour fuir un peu plus longtemps ses obligations. Dans ce cas-ci, voilà la raison principale qui poussa le Kirijin à s’enfuir pour quelques jours. Un mauvais Shinobi qui donne le mauvais exemple aux jeunes ? Mais non, voyons ! Si personne ne le voit rater son devoir, comment est-ce que quelqu’un peut-il lui reprocher quoi que ce soit ?

Son périple improvisé le mena jusqu’à l’île Chizuchou, au sud-ouest de la terre principale du pays. Chizuchou est en réalité une petite île où les montagnes partagent la plupart de sa superficie. Il n’y a que deux ou trois villages là-bas, donc la population est mince. Elle ne possède aucun attrait concret si ce n’est que son relief montagneux. Les touristes ainsi que les promeneurs peuvent y trouver leur bonheur, mais ce n’est que ça. C’est d’un ennui mortel.

Ceci dit, c’est exactement ce dont cherche Natsu : un peu de tranquillité en ces temps hostiles. C’est la cacophonie dans le village. Avec les différents préparatifs en cours pour la guerre opposant l’Empire et la Foudre, impossible de dormir dix heures par nuit sans que l’on se fasse déranger. Car l’elfe a bel et bien besoin d’un long cycle de sommeil pour fonctionner normalement au cours de sa journée. C’est un fait. Il est donc primordial de trouver un coin où se reposer la tête et rejoindre les bras de Morphée afin de récupérer ce repos perdu. Voilà un concept où des élèves aux études universitaires pourront parfaitement s’identifier à cette situation !

Toutefois, il semble que sa mission soit retardée. Alors qu’il se dirigeait vers l’auberge de ce petit village portuaire pour y dormir le reste de l’après-midi jusqu’au lendemain matin, un grand brun l’accosta. En temps normal, le Chûnin l’aurait repoussé, mais les propos qu’il utilisa attisèrent son intérêt un tantinet. Et, suite à ces tirades, Natsu ne cacha guère son dégoût alors qu’il jaugea de la tête au pied sans gêne cet individu. Il rétorqua aussitôt durement.

Qu’est-ce que tu veux que j’achète quoi avec une somme gagnée par une mission de ce niveau ? Un kebab ? Si tu recherches l’aide d’un Shinobi, commandite plutôt une mission autorisée par les instances de Kiri.

Sans blague, il y a désormais longtemps que le garçon aux oreilles acuminées a accompli une mission de ce rang et il garde l’amer souvenir d’avoir de la difficulté à payer son loyer avec ces pertes de temps – et encore, on ne prend pas en compte l’épicerie. Et ce mec s'attend à ce qu'il utilise cet argent pour acheter un cadeau à une quelconque âme sœur ? Il est connu que les Lutins sont trop radin pour leur propre bien. Le refus catégorique donné, expira du nez tel un taureau et examina plus en profondeur l’inconnu en face. À le regarder, c’est tout ce qu’il peut faire, effectivement. Commanditer une mission de rang D. Il n’ira pas loin avec si peu de richesses. Le Kirijin soupira, passant une main dans sa crinière de jais mal peignée.

Écoute, l’étranger. Garde ton argent, dis-moi ce dont tu as besoin et je vais voir ce que je peux faire. Mais fais vite, j’ai une tâche importante à faire.

Il n’y a jamais eu de plus gros mensonge que celui-ci dans toute l’existence de l’humanité. Mais pourquoi donc cet élan de générosité. Sans raison particulière, à vrai dire. Cette île est toute petite. Comme dit auparavant, sa population est si petite que la plupart des couples sont probablement consanguins de près ou de loin. Tout ça pour dire que la maison de ce vieil ami, comme le prétend cet homme, ne doit pas être très loin. Et puis, en échange d’une bonne action, peut-être que le karma se montrera favorable envers lui. Le Lutin espère uniquement ne pas avoir mis le pied dans une histoire douteuse. Il ne peut secouer cette fameuse impression qui vous dit « attention, ça sent la merde ».

Acceptant gracieusement la générosité de notre héros, son interlocuteur déclina l’identité de l’individu qu’il recherche : Sawuri Yunato. Autre que la prononciation sonnant fausse à ses oreilles et la légère impression féminine que dégage ce nom, il ne dit absolument rien au jeune homme. Peut-être s’agit-il d’un Shinobi reconnu, d’un célèbre artiste ou d’un parfait bon à rien, le résultat reste le même : pour le Lutin, ce quidam est inconnu au bataillon. Croisant les bras, Natsu garda le silence, faisant comprendre à l’homme face à lui qu’il lui en faut plus s’il souhaite recevoir ne serait-ce qu’un minimum d’aide afin de localiser le logement de cet ancien ami.

Ce récit prit une toute autre tournure alors qu’il renchérit sur les détails. Un natif de Kaze no Kuni ayant élu domicile au sein de l’archipel de la contrée de l’eau. Un beau jour, il eut été victime d’un homicide à son insu. La cible en question a disparu, laissant derrière elle une salle recouverte de ce précieux fluide carmin. Eh bien, voilà tout un massacre. Finalement, cette rencontre pique la curiosité de Natsu. Malgré qu’il soit Chûnin, cette histoire n’est jamais parvenue jusqu’à ses tympans. Puis, s’il saisit bien le témoignage du brun, un corps n’a pas été retrouvé alors que la peinture du salon a été refaite au grand complet. Le bonhomme est-il en vie et caché, de peur que son agresseur le retrouve et achève son boulot ? Improbable. Plutôt bizarre comme histoire, le garçon aux oreilles acuminées ne cacha guère son étonnement à l’aide d’un sourcil arqué.

Comme le signala l’homme, la pièce a certainement été investiguée et nettoyée par les autorités locales. Si les rumeurs ont déjà atteintes ses oreilles, alors il ne reste plus grand-chose à examiner au logement de la proie. Ignorant sa remarque sur la phobie du sang que possèdent certains mortels, le Kirijin réfléchit un instant. Qu’a donc fait ce Yunato pour mériter un tel sort ? Une affaire ayant tournée au vinaigre ? Un règlement de compte ? Un assassinat commandité ou encore une simple exécution commise par un lunatique ? Les possibilités sont bien trop nombreuses pour toutes les citées. S’il le souhaite, le Lutin pourrait se diriger vers le poste des autorités le plus proche afin d’en apprendre davantage sur ce dossier, mais la flemmardise le tient en place.

Du tout, rétorqua-t-il en haussant les épaules. Tu n’as pas demandé aux locaux ? Ils doivent bien savoir quelque chose à ce sujet.

Une histoire pareille ne peut passer inaperçu au sein d’une île peu peuplée telle que Chizouchou. Seulement, s’il était au point de payer un ninja pour retrouver la trace de cet individu, alors l’on peut déduire que l’étranger a déjà fait le tour des habitants et qu’il n’a point obtenu ce qu’il recherchait. De nouveau, le brun soupira. Son intuition n’avait pas tort : ça sent la merde à coup sûr. Néanmoins, ayant désormais un pied dedans, il est maintenant déterminé à en apprendre plus. Tant qu’à se salir, autant le faire pour de bon.

Si tu es à court d’option, alors j’ai ceci à proposer : en espérant que tu possèdes quelque chose lui ayant appartenu, je peux retracer son odeur jusqu’à son ancienne habitation.

Il lui suffit d’invoquer l’une de ses fameuses salamandres, qu’elle mène le duo jusqu’au lieu désiré et ils pourront ensuite… Faire quoi, au juste ? L’étranger compte-t-il payer ses respects puis quitter ou souhaite-t-il enquêter sur cette affaire de son propre chef ? Dans tous les cas, Natsu ne le lâchera pas d’une semelle. Le voilà emballé et en mode fouineur, prêt à foutre son nez partout.

- Disons que les Locaux ne me connaissent pas, et par conséquent, ils ne me trouvent pas vraiment à leur goût. Ce n’est guère étonnant : un étranger qui vient se renseigner sur une histoire macabre, il y a de quoi s’interroger sur ses origines ou ses mobiles.

Je ne pouvais définitivement pas leur en vouloir. Effectivement, quel homme saint d’esprit souhaiterait s’impliquer de près ou de loin à cette affaire des plus étranges et des plus glauques qui avait sûrement donné naissance à bien des histoires de fantômes, d’esprits, de goules et autres choses adorables et spirituelles.

- Je n’ai eu vent de cette histoire que par hasard, en discutant avec quelqu’un qui ne connaissait que l’histoire, répondis-je en haussant les épaules en signe d’impuissance.

Soudainement, le petit Futé me fait une étrange demande : si j’avais quelque chose ayant appartenu à cet ami, il pourrait retrouver la trace par l’odeur. J’écarquille les yeux, après avec fait les gros yeux, tant l’annonce m’étonne, me surprend et me prend de court. Etait-ce qu’une telle aptitude pouvait exister ? Etait-ce encore un talent donné par le chakra ?

- Est-ce que c’est le Chakra qui a aiguisé à ce point ton odorat ? demandais-je en commençant par fouiller mon sac, à la recherche d’un objet ayant appartenu à l’ami. Cependant, la demande était plutôt ardue : je ne vouais pas un culte à ladite personne et par conséquent, je ne me promenais pas avec des gris-gris qu’il aurait pu toucher de son vivant ! Oh, j’ai potentiellement quelque chose. Une carte du ciel, ou des étoiles, si l’on veut. Il était passionné sur ce domaine et il avait passé une partie de ses soirées à comprendre la logique des étoiles, dis-je en sortant la dite « carte ».

Par contre, elle était très usagée. Il faut dire que les étoiles étaient les meilleures amies de l’homme quand celui-ci se perdait bêtement dans la nature, sans une boussole et sans âme qui vive dans les environs. De surcroît, aussi incroyable que cela puisse paraître, j’ai connu une ruine dont l’entrée ne s’était ouvert qu’à l’alignement spécifique d’une suite d’étoile – en somme, à une certaine précise de l’année que l’on ne pouvait pas prévoir qu’avec le ciel du soir.

- Par contre, je l’ai pas mal utilisé. Il y aura donc de mon odeur aussi, est-ce que c’est gênant ?

Si je n’avais pas un semblant de maîtrise de mon corps, je serais en train de sautiller, impatient de voir comment le garçon allait suivre la trace « olfactive » de mon défunt ami au travers d’une vieille carte touchée il y a des mois de cela ! Mes yeux brillaient d’intérêt et prêts à étudier chaque détail – allant de la forme du nez aux mouvements des narines –.

- Oh … rassures-moi, tu n’auras pas à détruire la carte hein ? demandais-je soudainement, un tantinet craintif à l’idée que j’allais perdre cette précieuse carte qui m’avait sauvé la vie à plusieurs reprises, et qui était la clé à bien des mystères. Si il faut que tu la détruises, laisses moi juste la répliquer au préalable. Disons que … si on ne retrouve pas l’ami, je ne risque pas d’avoir un duplicata avant longtemps.

« Ou devrais-je dire, jamais » conclus-je intérieurement. Aussi curieux sois-je sur les dernières recherches restantes – hypothétiquement - de cet ami, je ne me voyais pas sacrifier ce que j’avais en main « clairement » pour une « illusion ».