Face à l'avenir [Tsubomi]

Avec tout ça, j’avais presque oublié un truc. Enfin, deux même. Et ces deux trucs avaient même des prénoms, dis donc : Yell et Ryokai. J’avais lu les différents rapports de leurs missions respectives à Nami et à Ame : de beaux succès, de quoi être fiers d’avoir entraîné ces deux jeunes pousses, même si j’avais eu tendance à un peu les délaisser récemment. Je les voyais toujours, je les conseillais toujours, mais les sessions d’entraînement s’étaient retrouvées nettement amoindris. Puis, chacun avait vaqué à ses occupations : Ryokai était en ménage, Yell était même maman.

Je leur avais demandé à tous les deux de me rejoindre dans mon bureau, aujourd’hui, lieu qu’ils connaissaient bien pour y passer de temps en temps. En tant qu’élèves de l’Hokage, ils avaient certains passe-droits, dont celui de se balader dans le palais à leur guise et de pouvoir entrer dans mon bureau comme ça leur chantait. Fort heureusement, en deux shinobis bien élevés, ils étaient assez peu enclins à le faire très souvent ; mieux encore, ils prévenaient quand ils allaient arriver ! Je vous le dis, de vrais anges.

Bref. Ils avaient bien évolué. L’un et l’autre avaient échoué à l’examen Jônin, et les compte-rendu indiquaient que ça s’était joué à très peu de chose, pour l’un comme pour l’autre. Les deux opérations remettaient les choses en perspective, mais il ne fallait pas s’emballer trop vite. Il me restait des choses à leur apprendre, et des choses à savoir. Notamment en ce qui concernait leurs volontés de passer instructeurs : si Yell balbutiait avec l’académie, et si Ryokai avait su gérer une équipe lors des opérations récentes, aucun des deux n’avait été inscrit sur les listes de senseï. Oh bien sûr, ne pas le devenir n’était pas gage de stagnation, mais leurs avis m’intéressaient sur la question.

Ils arrivèrent pile à l’heure. Assise au fond de mon fauteuil, en train de lire un rapport envoyé par une équipe à la frontière de Kawa, je les accueillis avec un grand sourire.

- Ravie de vous voir. Asseyez-vous, je vous en prie.

Deux autres chaises les attendaient devant le bureau, et ils prirent rapidement place. L’occasion pour moi de voir que Ryokai était parfaitement remis de ses pérégrinations récentes et que Yell avait retrouvé sa taille fine et svelte d’avant son parasitage – et pour une fois, j’y étais pour rien, puisque c’est un Hayashi qui a décidé de planté sa graine.

- Vous avez l’air en forme.

La nuit tombait timidement au dehors, donnant à la lumière du jour une teinte gris-bleutée apaisante. Je remis mes cheveux en place.

- Premièrement, je me rends compte que je ne l’ai pas fait avant, mais je tenais à vous féliciter personnellement, tous les deux, pour vos réussites à Nami et à Ame. C’est plutôt gratifiant de voir que ses élèves ont fait un aussi bon travail.

Si je me doutais qu’ils avaient surtout réussi grâce à leur abnégation et à leur talent naturel, j’osais espérer que les différents entraînements et autres sources d’éducation avaient pu avoir un rôle, aussi minime soit-il, dans leurs réussites.

- Deuxièmement, pardonnez-moi pour ce relatif abandon récemment, j’ai été pas mal occupée et je n’ai pas pu dégager assez de temps pour vous…

Et je me sentais un peu honteuse de cet abandon. Déjà parce qu’une senseï digne de ce nom ne devrait pas avoir à délaisser ses étudiants, mais aussi parce que je m’asseyais depuis un petit moment sur un bonus d’influence conséquent.

- Troisièmement, j’aimerais vous poser deux questions, à tous les deux… Souhaitez-vous, ou souhaiteriez-vous, un jour, être en charge d’une équipe de jeunes shinobis ? Et surtout : pourquoi ?
Et deuxième question : comment voyez-vous l’évolution de votre carrière ?

Il n’y avait évidemment aucune attente : à vrai dire, les justifications m’intéressaient plus que la raison en elle-même. J’avais fait en sorte qu’ils soient honnêtes avec moi, et ils savaient qu’ils ne seraient pas jugés sur ce qu’ils diraient… Me recalant au fond de mon fauteuil, j’attendis leurs réponses, impatiente de connaître les projets de chacun et surtout, leur évolution face au village. Car je prévoyais, pour l’un comme pour l’autre, des choses bien différentes.

Mes journées s'organisaient de manière bien différente maintenant que Asahi était né mais, fidèle à moi même, je n'étais pas restée inactive longtemps. Bien que je savourais chaque instant que je pouvais passer avec lui ou en famille, je m'étais vite remise à l’entraînement : peut être au grand damne de Kihran qui aurait préféré que je me ménage encore un peu après les derniers événements.

J'avais donc repris mes classes à l'Académie en tant que professeur mais aussi en tant qu'intervenante de l'ANBU pour repérer les prodiges et former les autres pour qu'ils en deviennent. Je n'étais pas encore repartie sur le terrain, jugeant que je devais d'abord me remettre en condition et m'exerçant donc d'arrache-pied tous les jours pour rattraper ces mois sans entraînement intensif.

J'étais d'ailleurs justement en train de frapper un mannequin avec ardeurs sur les terrains lorsqu'on m'appris que Mizuki-sama voulait me voir. Bien que curieuse du motif, c'était surtout de la joie que trahissait mon sourire. C'était toujours un plaisir et même un honneur de passer un peu de temps avec elle, qui était si occupée avec ses responsabilités. Surtout que je l'avais sans doute déçue en n'étant pas promue Jonin et peut-être même pour ne pas faire d'elle la future marraine d'une petite fille, mais c'était bien sur cette première déception que je comptais me rattraper – ce n'était pas comme si la seconde pouvait l'être... a moins de retenter notre chance -.

En sueur, haletante, je stoppai mes efforts et rentrai à la maison au quartier Hayashi pour prendre une douche et me changer.
Chiasa et Kumi s'occupaient à merveille d'Asahi et même tata Rioko était à fond dans son rôle. Attendrie par mon petit ange, je traînassai un peu plus que ce que je m'étais autorisée mais arrivai quand même à l'heure au Palais. Ryokai aussi était présent. Il s'agissait donc d'une réunion de team : comme au bon vieux temps !

« Bonjour, Ryokai ! »

Lâchai-je à mon coéquipier avec un sourire chaleureux avant de m'engouffrer comme lui dans le bureau de Mizuki après avoir frappé à la porte.
Enfoncée dans son fauteuil, celle-ci nous demanda de nous asseoir alors que j'avais déjà incliné le buste dans un « Mizuki-sensei » pour la saluer.

Prenant place, j'écoutais avec attention ce qu'elle avait à nous dire, commençant par nous féliciter pour nos réussites à nos missions sur Nami pour ma part et à Ame pour Ryokai. Les compliments faisaient toujours plaisir et lorsque je me rappelai de l'enfer qu'avait été cette peste à diagnostiquer, traité et mettre en déroute les responsables de la maladie, le tout alors que je me rapprochai plus de la baleine que de l'être humain, cela faisait définitivement plaisir à entendre. Pourtant... il me restait une part d’insatisfaction sur cette mission... Si Kihran avait désapprouvé ma venue, j'avais au contraire des remords de ne pas voir pu en faire plus...
Je n'avais pas pu empêcher la mort de certains patients, pas plus que celle de toute ces personnes du corps médical qui se trouvaient dans la pièce avec nous et les suspects... Tsss rien que d'y penser je serrai mon poing posé sur ma cuisse : je ne méritais pas ces félicitations.
Je ne laissais cependant rien paraître, continuant d'écouter Mizuki qui poursuivait son discours jusqu'à ce qu'elle aborde ses interrogations sur notre absence d'équipe shinobi et les raisons à cela.
Observant Ryokai, je me permettais de commencer.

« Avant de répondre à vos questions, Mizuki-sensei, permettez moi de rectifier vos félicitations concernant la « réussite » à ma mission à Nami... »

Je baissai un instant le regard avant de le reporter sur elle, luisant d'une pointe de culpabilité.

« Je... J'aurais dû pouvoir faire plus et sauver ces innocents. Mon état ne me le permettait peut-être pas mais cela n'est pas une excuse, car même sans cela, je ne suis pas certaine que les choses auraient finie différemment... Le remède a été élaboré, et c'est ce qui compte, mais ces personnes qui travaillaient dessus n'ont pas demandé à mourir. En tant que shinobi, mon devoir était autant de les assister avec Kihran dans les recherches, que de veiller à leur sécurité. »

Les choses étaient dites. Même si cela ne changeait rien aux événements, cela était important pour moi de le souligner et de ne pas recevoir un compliment sur le « aussi bon travail » que j'avais fait : les familles des victimes ne pensaient sans doute pas la même chose, et à raison.

« Concernant le peu de temps que vous avez à nous consacrez, je pense que Ryokai et moi sommes d'accord pour vous dire que vous n'avez pas à vous en faire. Nous ne vous en voulons pas et nous comprenons. »

J'observai le Hyûga comme pour obtenir son approbation sur le fait qu'il partageait mon sentiment là dessus avant de reprendre.

« Pour le reste... à vrai dire je commence justement à sérieusement y songer. Les jeunes pousses dont je m'occupe à l'Académie sont une chose mais j'aimerais aussi me mettre au service des jeunes promus à qui ils restent encore beaucoup de choses à apprendre. Cela me permettra de m'impliquer encore un peu plus pour le village et surtout de transmettre ce que j'ai acquis pour mieux les former. »

La deuxième question était plus difficile. Comment je voyais mon évolution de carrière... Hum...

« Je n'ai personnellement pas d'objectifs précis à atteindre. Je suis satisfaite des responsabilités qui me sont accordées. »

J'appuyais mon regard sur cette phrase, sous entendant mon rôle et mon appartenance au sein de l'ANBU notamment.

« J'aimerais continuer à m'investir pour l'éducation des prochains ou jeunes shinobis car il faut que les générations futures soient en mesure de faire face aux dangers du monde, qui est en perpétuelle évolution. Ce que je souhaite c'est d'être utile au village et à ma nation, alors si je peux assurer et défendre plusieurs projets pour y contribuer, je le ferais. Je ne crains ni les responsabilités ni le travail acharné. »

Par le passé, le jeune homme n’avait pas spécialement brillé parmi les siens. Chacune de ses décisions prises en connaissance de cause l’avais conduit sur un chemin bien différent de celui d’un membre de la branche principale. Depuis sa toute jeune enfance, celui-ci avait toujours été d’une ouverture d’esprit remarquable et respectable. Ryokai voyait le monde différemment contrairement au reste de la haute noblesse du clan de l’œil blanc. Une qualité qui n’avait jamais été reconnue par ses pairs, c’était même le contraire, ses idéaux étaient assez mal vus. Sa décision de devenir shinobi du village avait été un soulagement pour certain et une insulte pour d’autre. Ne portant pas le sceau comme les membres de la Bunke, à chacune de ses sorties, le secret concernant le Byakugan risquait d’être dévoilé à d’autre si celui-ci venait à mourir sur le champ de bataille. Au fils du temps, le noble avait fini par couper tout contacte jusqu’à quitter le domaine du clan.

Lors d’un examen organiser par les hauts dirigeants du village dans l’intention de devenir Jonin. Un examen qu’il finit par échouer, mais celui-ci lui avait permis de comprendre certaine chose. En devenant Ninja du village de la feuille, il avait des responsabilités envers celui-ci. Une chose qu’il s’avait depuis longtemps bien entendu, mais sans prendre conscience jusqu’où cela pouvait s’appliquer. Cela lui avait d’ailleurs causez quelque soucis. Mais, il avait également des responsabilités envers sa famille et son clan, chose qu’il avait fuie depuis bien longtemps.

En revenant vers le clan, il essaya de se faire aussi discret que possible, juste le temps que ses précédentes altercations soient oubliées du grand public. Ce n’était pas toujours facile pour lui, mais avec de la patience et du tempérament, il y arriva sans trop sans trop de problèmes. Ryokai revenait d’une réunion clanique lorsqu’il reçut un message venant du palais de l’Hokage. Mizuki lui demandait de venir. Cela n’avait rien avoir avec une mission a priori et il n’avait rien fait de grave pour la contrarier depuis son voyage improvisé au pays des vagues. Curieux de connaitre la raison de cette demande, celui-ci s’empressa de se préparer avant de prendre la direction du palais.

À peine arriver devant la porte qu’il aperçut un visage familier au loin. Yell semblait avoir également reçu cette invitation, à moins que cela ne soit qu’une coïncidence.

- Bonjour, Yell. Tu viens pour Mizuki-sensei toi aussi ?

C’était donc une réunion d’équipes. Après avoir frappé à la porte et passé cette dernière, celui-ci s’avança vers le bureau, prenant place sur l’une des chaises. Le Hyûga écouta attentivement son discours sans prononcer le moindre mot. Cela n’avait effectivement rien avoir avec les réprimandassions de la dernière fois. Elle voulait les féliciter pour la réussite de leurs dernières missions. Choses pas réellement nécessaires, mais très appréciables. Elle s’excusa également pour son absence en tant que sensei, il est vrai que depuis sa promotion de Hokage, celle-ci avait beaucoup moins de temps à leur consacrer. Elle avait aussi des questions sur leurs projets d’avenir en tant que Shinobi. Ryokai tourna alors son regard vers on équipière, la laissant s’exprimer la première. Les choses semblent avoir été aussi chaotiques pour elle que pour lui pendant l’opération au pays des vagues. Celui-ci n’aimait définitivement pas cette région, elle en était presque maudite à ses yeux.

- Oui, je partage l’avis de Yell.

Lui en vouloir pour cela serait un peu immature tout de même. Surtout qu’ils étaient plus de jeunes genin ayant besoin d’un modèle pour poursuivre la voie du shinobi dans le bon sens. Ayant fini de répondre, c’était à lui de prendre la parole.

- Est-ce que je souhaite être en charge d’une équipe ? Si je me souviens bien, vous me l’aviez reproché la dernière fois que nous nous sommes vus ici et à vrai dire, les missions de Nami et Âme m’ont permis de comprendre les responsabilités que cela impliquait. J’y ai déjà pensé oui bien sûr, j’ai même participé à quelque cours récemment pour me faire une idée sur la question. C’était… Très enrichissant, cela m’a rappelé mes débuts à l’académie. Suis-je intéressé ? Oui. Cela m’a au moins permis de comprendre l’importance qu’avait d’apprendre à la jeune génération les dangers qu’ils devront affronter à l’avenir. Si mes enseignements et mes conseils peuvent leur éviter de répéter mes erreurs, cela ne peut qu’être bénéfique pour le village.

C’était aussi un bon exercice pour lui, certain sont des meneurs d’hommes nés, d’autre le devienne en faisant les efforts nécessaires pour y parvenir.

- En ce qui concerne mon évolution de carrière. Eh bien, ce n’est pas parce que j’ai échoué à l’examen que je n’ai pas l’intention de retenter ma chance la prochaine fois. Mais je vise également autre chose ou plutôt un poste me permettant une certaine liberté sans devoir en répondre devant les miens. Le Hyûga quitta alors sa position confortable pour s’approcher doucement vers l’une des fenêtres du bureau. – Depuis que j’ai rejoint votre équipe, vous avez toujours essayé de me faire sortir des règles instruites par mon éducation. Chose que j’avais déjà fait auparavant cela dit, mais sans avoir vraiment conscience des conséquences. Aujourd’hui, j’en paye les frais. Ce que j’essaye de vous dire, c’est que j’ai l’intention de poser ma candidature dans les forces spéciales. En ai-je les capacités ? Ça sera à vous d’en juger, mais l’anonymat du poste me permettra de faire mon travail sans devoir en répondre à chaque mission devant mon clan. Attention, ne voyez pas cette décision comme une preuve de lâcheté ! J’ai toujours assumé mes actes, mais au vu des projets que j’ai pour l’avenir. J’aimerais me faire discret parmi les miens pendant un moment.

Fermant un instant les yeux, celui-ci reprit tranquillement sa place en attendant la réponse de L’Aburame.

Les réponses qu’ils m’apportèrent furent fortes enrichissantes : à vrai dire, Yell et Ryokai avaient tous deux acquis une maturité assez exemplaire pour, à leur tour, prendre en charge une équipe de genins. L’un comme l’autre, je les savais aptes à diriger, je les savais aptes à former, bien que l’un comme l’autre devront prendre garde aux faiblesses qui pourraient les desservir dans leur aventure. Néanmoins, je pars du principe que si j’ai réussi à former deux élèves aussi compétents, c’est que n’importe qui pouvait le faire. Je ne m’étais jamais considérée au-dessus du lot, surtout en ce qui concernait la formation.

- Ravie de vous l’entendre dire. Je suis persuadée que vous serez de très bons senseïs.

Les registres de l’Académie s’occuperont de leur fournir une équipe lorsqu’ils en feront la demande officielle – savoir qu’il le ferait me suffisait amplement. Venait ensuite ma seconde demande, sur leur avenir. Ce que je n’avais pas dit, c’est que j’avais une idée derrière la tête en leur demandant ça.

- Je vois… Si je vous demande ça, c’est pour une raison précise. Vous n’êtes pas sans savoir que Konoha a donc effectué des opérations d’envergure à Nami et à Ame. Les analyses postérieures ont permis de comprendre que l’actuelle répartition des forces n’est pas adéquate : nous sommes trop loin de la réalité des pays des vagues et de la pluie. D’où la création de deux villages cachés dans ces deux pays : Umigakure et Amashigakure.

Le village caché par la mer était en voie d’être achevé ; l’autre commencerait bientôt. L’un comme l’autre serait de nouvelles forces, et si l’on pouvait y voir la volonté de Hi d’être plus présent sur ses annexes, si l’on pouvait y voir la volonté de contrôler mieux ces pays, il n’en était pas vraiment le cas. Le but était bel et bien une protection plus efficace de ces territoires et, par la même, une meilleure exploitation des ressources des deux pays concernés.

- L’un comme l’autre, même s’ils ressembleront fortement à Konoha, auront des prérogatives particulières. Umi sera axé sur la recherche et la formation ; Amashi sur la tactique et le militaire. Ce seront des succursales à Konoha qui bénéficieront d’équipement à la pointe de leurs expertises. Si je vous en parle aujourd’hui, c’est que je compte vous proposer, à tous deux, de rejoindre un de ces deux villages. Yell, si tu l’acceptes, tu travailleras en étroite collaboration avec Yôgan Yusei qui a été nommé Shodaime Namikage : tu es douce, patiente, intelligente et pédagogue, ce qui est parfait et pour le village, et pour la formation, et même pour Yusei avec qui tu te complèteras. Quant à toi, Ryokai, si tu l’acceptes, tu travailleras en collaboration avec le Shodaime Amekage qui est encore à définir, bien que la liste soit très restreinte. Je te sais patient, fin tacticien, performant et doué. Qui plus est, Ame et Amashi seront éloignés de Konoha – assez en tout cas pour que tu ne sois pas préoccupé par tes histoires de famille.

Je marquai une pause, me remettant au fond de mon fauteuil.

- Qu’en dites-vous ?

Nous avions exposé nos raisons pour que Mizuki-sensei en prenne note tout en sachant qu'elle n'était pas une personne jugeant les choix de chacun. J'appréciais d'ailleurs cette qualité chez elle : savoir que l'on pouvait être soi même avec nos idéaux sans qu'elle ne cherche à contrecarrer nos dires. Elle pouvait nous conseiller, cela arrivait, mais jamais elle ne nous forçait la main.

Savoir qu'elle nous pensait apte à être de bons sensei fut plaisant à entendre. J'enseignais déjà aux jeunes pousses de l'Académie dans un niveau rehaussé pour les dernières années que je soumettais à un programme plus difficile lié à l'ANBU mais j'imaginais facilement que gérer une classe de presque shinobis et de genins fraîchement promus en nombre réduit n'était pas forcément la même chose. J'avais beau essayer de faire un suivi au cas par cas pour mes élèves de l'Académie que cela ne pouvait pas être optimisé par leur grand nombre contrairement à une équipe de trois dont je serais encore plus responsable puisque eux iraient sur le terrain.

Mizuki-sensei nous exposa ensuite la vraie raison de sa demande, nous parlant des villages shinobis créer à Nami et Ame dans le but d'avoir des forces militaires sur place afin d'être au plus près de la réalité du terrain et être a même de répondre aux besoins du territoire ainsi que de la population.
Umi serait axée sur la recherche et la formation alors que Amashi se concentrerait sur la tactique et le militaire. Deux grandes instances reliées à Konoha et plus largement à Hi donc.

La suite me laissa surprise. Mizuki ne s'adressait plus à nous en tant que sensei mais bien en tant que Hokage, nous proposant, si nous l'acceptions, d'être affectés chacun à l'un de ses villages. Ryokai à celui de Ame et moi à celui de Nami...
Nami no kuni... encore...
Je m'étais promise d'en faire plus pour eux, de me racheter pour les innocents dont je n'avais pas pu ou su empêcher la mort malgré ma présence sur place et voilà que l'on m'en offrait la chance...

Les questions fourmillaient dans mon esprit et la première d'entre elle était bien entendu : et Kihran ? Il me semblait qu'il était intéressé pour également rejoindre Nami, notamment pour les infrastructures concernant la recherche et même si je m'étais déjà imaginée le rejoindre si toutefois cela était possible, Mizuki m'en donnait l'opportunité. Non pas simplement pour le suivre d'ailleurs mais bel et bien pour assister le Shodaime Namikage qui n'était autre que Yôgan Yusei, mon examinateur à l'examen Jonin...
J'avais échoué à mon examen et je ne savais pas vraiment si c'était son épreuve qui m'avait porté préjudice ou non. Etais-je vraiment digne de l'assister ? Mizuki semblait en tout cas le croire et j'étais convaincue que je pourrais le faire : je n'aurais plus qu'a en convaincre le Yôgan.

« Ce serait un honneur. »

Lui répondis-je dans un ton qui témoignait de mon engouement.
C'était une nouvelle responsabilité qu'elle m'offrait et qui prouvait la confiance qu'elle me portait. Je me sentais véritablement fière et reconnaissante à la fois. Rejoindre Nami ne signifiait pas quitter Konoha, au contraire, la Volonté du Feu s'étendait.

« Nami est entourée par la mer. Je suis certaine que je pourrais être utile dans le déploiement de la sécurité sur place en plus d'assister le Shodaime Namikage. »

L'eau y était présente en abondance. Je voyais déjà les Namijins maîtrisant le suiton et moi même faire s'agiter la mer avec fracas pour repousser nos ennemis et aussi...

« Je dois également vous parler de quelque chose, Mizuki-sensei... »

Seul Kihran était au courant pour l'heure et j'étais encore un peu perdue par cette nouveauté que je ne maîtrisais pas encore.

« Ou plutôt vous le montrer... »

Je créais une petite sphère aqueuse dans le creux de mes mains, prenant soin de lever celle qui était la plus éloignée de Ryokai. Concentrant une nouvelle fois mon chakra, l'eau changea de forme, se cristallisant dans un crépitement caractéristique pour devenir une boule de glace.
Le regard rivé sur la réaction de ma sensei, je tentais d'expliquer le phénomène.

« Je ne sais pas pourquoi ni comment... Je pense que mon chakra a dû se modifier suite au mélange avec celui d'Asahi, me permettant d'utiliser mon élément sous sa forme solide, pour peut être mieux le protéger... Je n'en ai pas la moindre idée... »

Ryokai n’avait pas encore vraiment pris sa décision. Il n’était pas contre l’idée, d’un jour prendre des jeunes élèves à sa charge pour leur enseigner la voie du shinobis et ainsi partager la volonté du feu qui est propre au village de la feuille. La question qui subsiste encore en lui, était de savoir si celui-ci était prêt pour tenter cette expérience. L’autre souci, c’est que cela demande un temps assez considérable, Mizuki elle-même avait des difficultés à en trouver depuis qu’elle avait obtenu le poste le plus important du village. Le jeune homme n’avait pas autant de responsabilité, mais ses intentions de prendre la direction du clan de l’œil blanc passaient avant le reste. Du moins quand il s’agit de prendre des jeunes pousses sous sa direction. Sa vocation de ninja reste avant tout une priorité absolus, comme elle n’avait pas manqué de le lui rappeler dans le passé. Suivant les prochains événements, le noble prendra sa décision finale en ayant toute les cartes en main.

Elle avait reçu toutes les réponses à ses questions, mais celles-ci devaient forcément cacher quelque chose d’autre derrière. Un Hokage avait plus urgent à faire que de connaitre les projets d’avenir de ses élèves, même si cela ne change nullement les intérêts qu’elle peut y prêter. Le Hyûga avait vu juste, il y avait bien une raison précise derrière. Il avait déjà eu vent des futurs projets concernant l’établissement d’un village dans le pays des vagues et celui de la pluie. Une perspective des plus réjouissante, car celle-ci avait pour intention de rétablir les forces de manières équitables sur l’ensemble des territoires conquis par les Konohajins. Nami avait eu suffisamment de soucis par le passé et Âme avait également eu son lot de problème, un peu de stabilisation n’était donc pas de refus.

La suite l’avait laissé sans voix. C’était une proposition très intéressante qu’elle venait de leur faire, l’une des plus importants pour la carrière du noble. Au début, celui-ci avait été plutôt retissant. La simple idée d’avoir un poste de manière permanente dans le pays des vagues lui donna des frissons. Non, tout sauf ça ! Heureusement pour lui, ce village avait été proposé à sa partenaire, alors que lui, son affectation se déroulait dans l’autre. Il fut assez soulagé de l’entendre, mais cela reste une décision à prendre avec réflexion. Cette proposition lui permettait au moins de rester à l’écart des problèmes du clan, mais n’était-ce pas la solution de facilité ? Il avait déjà fui ses responsabilités, il ne voulait pas refaire cette erreur.

- C’est avec joie que j’accepte votre proposition, Mizuki-sensei.

Il ne pouvait pas décemment refuser cette opportunité de carrière non plus, même si celle-ci m’était en péril ses projets pour le clan. De toute façon, les villages n’étaient pas encore mis en place, il avait encore le temps pour mettre son plan à exécution.

- Je serais honoré d’apporter mon aide au Shodaime Amekage qui aura été choisi. Vous seriez déjà nous dire quand nous recevrons cette affectation ?

Yell avait également quelque chose à dire, une démonstration d’une chose qui avait changé en elle depuis l’accouchement de son enfant avec Kihran. Elle prit soin de le faire de l’autre côté, évitant ainsi d’atteindre le Hyûga si sa tentative devait mal finir. Une création de glace ? Étrange, les Gogyou ne maîtrisent pourtant qu’une affinité à cause de leur condition. En tout cas, sa création était bien réelle et donc c’est que c’était une possibilité et puis la glace ne reste que de l’eau ayant atteint une très basse température.

- Je sais que je prêche deux convaincus, mais sachez également que mes travaux ferroviaires avancent à grands pas, et que l’un comme l’autre serez désormais qu’à quelques heures de train de Konoha. Vous recevrez vos affectations dans quelques jours.

Je me tournai cependant vers Ryokai. Certains détails de son affectation restaient à définir.

- Si la transition se fera sans aucun souci pour Yell, puisque la seule chose la retenant réellement est Kihran, et Kihran va travailler à Umi également, ce n’est pas ton cas. Ton plus gros problème, c’est ton clan. Si tu souhaites en effet y être moins attaché, j’ai connaissance de tes projets pour la prise de pouvoir. Une tâche ardue, mais noble au demeurant. En être aussi loin ne sera pas chose aisée : je doute que tous les Hyûga accepteront que leur néo-chef soit aussi absent. Comment comptes-tu gérer les deux tableaux ?

Le laissant répondre, je me tournai ensuite vers Yell, qui avait visiblement elle aussi des annonces à me faire. Elle allait se marier et était maman, y avait-il encore autre chose dans son bonheur infini qu’elle aimait exhiber à qui voulait le voir ? (ok j’abuse peut-être un tout petit peu) Tournant mon regard vers elle, je l’observai faire sa démonstration de sa sphère aqueuse… Ouais, t’es une Gogyou d’eau donc jusque-là tout va bien… qui se transforma en glace. La glace ? La glace !? Glace comme dans hiver, esquimau, igloo et pingouin ? (oui je suis très cinématographique en ce moment).

- Je ne sais pas pourquoi ni comment... Je pense que mon chakra a dû se modifier suite au mélange avec celui d'Asahi, me permettant d'utiliser mon élément sous sa forme solide, pour peut être mieux le protéger... Je n'en ai pas la moindre idée...
- Fascinant… Tu sais faire autre chose que des sphères ? Je veux dire : tu es Gogyou. Tu peux toi-même te transformer en glace ?

Ainsi donc, Asahi aurait un chakra d’affinité Fûton. Première nouvelle. Autre nouvelle : une Gogyou est désormais capable d’utiliser des affinités combinées. Levant le bras, je laissai échapper quelques insectes qui vinrent dévorer la sphère de glace, l’occasion pour moi d’étudier d’un peu plus près ce phénomène dans l’avenir.

- Si tu n’as pas encore essayé, vas-y. Ryokai, active tes byakugan, et tu me dis si le flux chakratique de Yell est perturbé lors de sa transformation. Je m’occuperais de la stabilisation et des soins nécessaires.

Me levant, je dégageai quelques dossiers importants pour lui laisser champ libre à la pratique. Si elle réussisait à maîtriser lme Hyôton… Alors elle serait l’un des Gogyou les plus puissants que le Yuukan ait porté. Elle était peut-être même en voie de surclasser Gogyou Makka…

Mizuki-sensei semblait intriguée, et à raison. J'ignorais l'origine de ce changement mais cela ne pouvait être dû qu'à la présence d'Asahi qui s'était développé en baignant dans mon chakra.

Les insectes de l'Aburame vinrent grignoter la sphère et mon chakra, n'en laissant plus aucune trace. J'étais sceptique quant à la manœuvre mais je supposais que c'était pour analyser la nature du phénomène et chercher à le comprendre. Sa question en revanche me laissa perplexe :

« Eh bien... J'ai l'impression de me retrouver bien des années en arrière quand je ne n'arrivais pas à contrôler mon élément. Ça m'est déjà arrivé de blesser par inadvertance et je n'ai pas envie de récidiver... »

C'était récent et encore particulièrement instable. Cependant, ma sensei prit les devants en me proposant son assistance si l'expérience venait à déraper pendant que Ryokai, utiliserait ses pupilles pour observer la fluctuation de mon chakra pendant la manœuvre. Je voulais moi même en avoir le cœur net de toute-façon si bien que j'acquiesçai tout en poursuivant mon explication :

« Je n'ai pas l'impression de faire appel à un combinaison d'éléments... C'est sans doute lié mais il n'y a toujours que mon suiton, rien d'autre. J'ai plus l'impression d'être capable de modifier l'eau sous une autre forme : solide en l’occurrence. »

C'était en tout cas comme ça que je le ressentais. J'étais désormais capable de modeler mon élément aqueux, partie intégrante de moi même en tant qu'élémentaire, au point d'en changer la forme.

Soupirant profondément avant de tendre mon bras vers l'avant, je me décidai à le dématérialiser. Cet essai était bien plus pesant pour moi qu'il n'y paraissait car comme je venais de le dire, cela me renvoyait à mes débuts, à mes pertes de contrôles, les accidents, la haine des villageois envers mes parents, nos déménagements successifs... Toute la partie sombre de mon existence en somme.

Hésitante un instant, je concentrai finalement mon chakra, cherchant à changer l'eau de mon bras en glace. Presque instantanément, un crépitement se fit entendre de nouveau tandis que l'eau se cristallisait comme précédemment. Mon bras pesait désormais bien plus lourd et ma main libre venait constater le froid qui s'en dégageait.

Mon regard se releva sur ma sensei, peu assuré, n'étant pas vraiment certaine de comment je l'avais fait ni même si j'allais réussir à le maintenir comme ça, même si je ne forçais pas pour y arriver. Finalement, je me levai et me dématérialisai complètement, conservant mon bras en glace avant d'en faire de même pour le reste de mon corps : le procédé se réalisa de la même manière.

Tout en stabilisant mon chakra, je fis quelques pas dans la pièce, mon eau entièrement solidifiée en glace.
C'était... impressionnant. Même pour moi... La sensation était aussi étrange...
Je perdais en fluidité de mouvement et cela ne devait pas être due qu'au fait que je ne maîtrisais pas encore cette particularité mais bien parce qu'il s'agissait d'un élément solide et non plus liquide comme j'en avais l'habitude. C'était comme être recouvert d'une épaisse carapace pour la première fois : j'allais sans doute finir par m'y habituer mais pour l'heure, c'était bizarre. Et malgré tout, j'arrivais à bouger mes articulations et même à me mouvoir normalement.
Après quelques instants comme ça, je retrouvai ma forme originelle et répondis à ma sensei :

« Il faut croire que oui... »

Cette situation était en effet, beaucoup plus complexe pour le jeune noble que son équipière, même si celle-ci reste tout même loin d’être insurmontable. Ses prochaines responsabilités lui demanderont une attention particulière, or, si celui-ci se retrouve affecté loin du village de la feuille, il aura quelque difficulté à tenir tous ses engagements. Devait-il en abandonner une pour pleinement se focaliser sur l’autre ? Non, pas nécessairement, les deux ne sont pas incompatibles, mais avec un planning aussi encombré, il n’aura que très peu de temps libre pour ses occupations plus personnelles à l’avenir. Enfin, faut bien quelqu’un pour le faire de toute façon et puis c’était un projet prévu depuis longtemps, avant même que celui-ci ne devienne Shinobi, il se voyait mal tout abandonner pour une opportunité de carrière. Dans le pire des cas, le Hyûga fera un choix, aussi difficile, soit-il, joignant ses mains devant son visage, il donna une réponse vague.

- Vous avez peut-être raison. Avec mes responsabilités de Shinobi, je ne suis peut-être pas le meilleur candidat au monde. Cependant, en l’état actuel, je reste un bien meilleur choix qu’un simple dirigeant qui reste tranquillement assis sur son fauteuil à boire du thé et à parler de politique avec les autres membres du conseil. Une grande partie des nobles se noient dans leurs luxures depuis trop longtemps, je ne serais peut-être pas aussi présent que je devrais l’être, mais au moins je ferais évoluer les choses. Tout n’est qu’une question de temps. Comment je compte gérer la situation ? Difficile de vous donner une réponse précise étant donné que tout cela est en cours pour l’instant. Cependant, si j’y arrive, peux être que certains accepteront de me suivre à Ame.

Ryokai ne serait pas le premier chef de clan à prendre des responsabilités en dehors de ces murs. L’Aburame avait cité Kihran dans son discours. Lui-même était le chef du clan Hayashi et celui-ci prenait pourtant un nouveau poste dans le pays de vague. Ce n’était donc pas impossible, mais cela ne risque pas d’être une partie de plaisir. Sur cette bonne parenthèse clanique, Yell fit ensuite une démonstration de ses nouvelles capacités.

Sans attendre, le Hyûga activa ses pupilles blanches comme venait de lui demander Mizuki. Avec sa capacité à voir le chakra sous toutes ses formes et les compétences médicales de L’Hokage, il ne serait pas difficile de garder les prochaines tentatives de la Gogyou sous contrôle. Avec les rumeurs concernant les dégâts qu’ils pouvaient faire alors qu’ils étaient dans l’incapacité de maîtriser leur pouvoir. Il n'y avait aucun mal à prendre certaine précaution n’est-ce pas ? Même si le jeune homme n’était pas le genre de personne à écouter les ragots. Ses Byakugan fixèrent son système circulatoire de chakra en veillant à ce que celui-ci ne soit pas hors de contrôle. Le reste était entre les mains de Yell et de Mizuki.

- Très bien, je vous ferai signe si je vois quelque chose qui cloche.

Mais, finalement Yell réussi à utiliser son nouveau pouvoir sans que cela ne dégénère. Peut-être que la rumeur concernant les Gogyou était exagérer où alors Yell à maîtriser son nouvel élément plus facilement que le premier ayant bien plus d’expérience qu’à ses débuts. En tout cas, c’était très enrichissant d’observer cette transformation sous la vision de l’œil blanc. Aucun détail n’avait échappé à sa vigilance. La manière dont sont chakra, c’était matérialisé en glace alors qu’il était normalement impossible pour un Gogyou d’utiliser une autre affinité que celle qu’il possède de base. Et ce n’était pas un cas isolé, car elle pouvait le faire avec son corps tout entier. À la fin de sa démonstration, elle reprit sa forme normale, tout, c’était déroulé sans encombre. Il ferma un instant les yeux, désactivant ses pupilles.

- De ce que j’ai pu voir pour l’instant, tu sembles assez bien maîtriser ton nouveau pouvoir. Certes, ce n’était qu’une petite démonstration, mais c’est encourageant pour la suite. En dehors de ton corps, es-tu capable d’utiliser l’élément Hyôton avec ton Ninjutsu ? Tu sais, un peu comme les Samui du Shukai.

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