Spoiler:

Je fus grandement soulagée lorsque je sentis une tension importante au bout de la corde : Mon coéquipier avait compris que quelque chose n'allait pas et me ramenait vers lui le plus vite possible. Je me laissai prendre la main pour la mettre sur une espèce de plaque qui suçait carrément notre chakra. Non mais c'est quoi ce délire? Nous sommes en train de nous faire bouffer par des créatures sous-marine et voilà qu'on doit en plus se faire aspirer noter énergie spirituelle? Ça sentait mauvais tout cela et je tentai de me dégager de là, sans succès. Mon bras ne répondait plus, et j'avais beau me tortiller et tirer le plus fort possible, ma main refusait de s'enlever de là. En sentant à nouveau le serpent se frotter contre moi, ce fût assez pour me faire perdre les pédales et commencer à paniquer sérieusement. Depuis l'attaque de Papy avec ses tentacules, j'avais développé une phobie assez élevée de pas mal toutes les choses longues qui pouvaient s'avérer dangereuses, serpents compris. La chose qui m'avait arraché un bout de cuisse n'allait pas tarder a récidiver si on ne se tirait pas d'ici au plus vite.

Le mur s'ouvrit enfin sous nous, nous aspirant tous les trois pour nous faire tomber un peu plus bas.

« Hé merde ! » que je criai, réalisant qu'un serpent nous avait suivi dans notre chute !

Je tentai de me relever pour partir à la course, mais je finis par me rendre compte qu'avec ma jambe dans cet état, je ne pourrais pas courir bien loin. La créature sous-marine, elle, était bien prête à nous prendre comme repas et n'abandonnerait pas notre petite chair tendre aussi facilement.

« Arggh crève bestiole ! »

Je composai quelques mudras pour faire apparaitre plusieurs dizaines de senbons de glace qui, synchronisés aux attaques de mes coéquipiers, seraient suffisant -du moins, nous l'espérions - à en finir avec ce monstre sorti tout droit de l'enfer..

Et alors que la chose gisait sans vie à nos coté, je pris enfin conscience que pour la première fois, nous pouvions y voir quelque chose. D'une simple pression chakratique, la bulle qui était restée autour de ma tête creva, me laissant respirer l'air de cette nouvelle galerie. Des petites lumières bleues était allumées un peu partout, et quoi que rayonnant très faiblement, elles nous permettaient de discerner un peu mieux l'environnement qui nous entourait. Avec ce qui venait de se passer, je n'avais pas du tout envie de continuer l'exploration de cet endroit. Malheureusement, nous ne pouvions pas revenir sur nos pas, et je n'avais pas non plus envie d'attendre de crever ici. Il nous fallait avancer, même si cela signifiait notre mort.

En attendant, nous pouvions au moins faire une pause. J'avais une blessure qui méritait qu'on lui donne de l'attention si je ne voulais pas mourir au bout de mon sang, et Yuno semblait lui aussi avoir fait les frais niveau morsures de son coté. De plus, j'avais dépensé énormément de chakra seulement pour la porte, alors combattre ce monstre en plus d'avoir fait des bulles de respiration pour tout le monde m'avait tiré beaucoup de jus. Alors que Kaito y alla de ses compétences médicales, j'en profitai pour sortir quelques ration de mon sac, que je passai aux autres. Les noix et les fruits séchés avaient quand même gardé leur fraicheur, mais le riz vinaigré lui avait beaucoup souffert. Je pouvais malgré tout le compresser pour en fair sortir l'eau et le manger façon Onigiri mais sans rien dedans. C'était pas mal fade, mais mieux que rien.

Pendant cette pause, j'y allai de quelques observations.

« Allez, manque plus qu'on se fasse bombarder par de l'argile explosive et le compte sera bon. » 

Sous le regard dubitatif de mes coéquipiers, je m'expliquai.

« Le truc avec la lumière, les choses qui flottent sur l'eau sans la toucher, notre chakra qui se fait aspirer, on a droit à un bel étalage de la puissance kumojin. Si ça se trouve, le tunnel est bourré de fils invisibles, on en touche un et c'est un bombardement d'argile explosive qui nous tombe sur la gueule. Ça, ou un courant Raiton. Quoi qui puisse se trouver en arrière de ça, ceux qui ont mis ces pièges en place ne voulaient vraiment pas qu'on le trouve. »

Avant de partir en guerre contre Kumo, nous avions tous été brieffés sur les grands clan du pays afin d'en apprendre plus sur leurs pouvoirs. Dentô, Kadoria, Seki, Monjara, Hakushi, Bakushô pour ne nommer que ceux là. Notre mission nous avait emmené à nous frotter contre la gamme des pouvoirs du pays, et je redoutais ce que nous allions croiser lors de la suite.

Spoiler:

Visiblement, la trappe du jeunot avait fait l’affaire, même s’il est indéniable qu’il aurait été appréciable d’être prévenu du siphon de Chakra que c’était. Enfin, probablement que réfléchir sur plus d’une chose à la fois était trop lui demander, et que m’importe après tout – nous nous en étions sortis, non sans d’importante lésion à mon corps une fois de plus. Ah, quelle sensation exquise que celle du sang qui coule, de la vie qui s’échappe, de la beauté profonde et monstrueuse de la chose humaine. La Samui blessée jubilait-elle tant que moi de voir sa vie en péril ? De la sentir défiler devant ses frêles yeux ? De penser que la fin pouvait être à n’importe quel moment ? A bouche fermée, ma langue passe de façon machinale sur les dents alors que mon bras sain enrobe l’épaule touchée. Il manquerait si peu pour…

A l’entente du cri de la Samui, je dirige mon regard brusquement vers le Serpent nous ayant suivi dans la chute. Visiblement, je ne suis pas le seul à aimer l’odeur et le goût fragile du sang humain, de la souffrance et de la désolation. Esquissant un semblant de grimace à la douleur qui m’atteint pour ne paraître guère trop masochiste, j’inspire profondément et rejoins l’assaut de la Glaciale. Passant entre ses multiples projectiles avec tact et concentrant ma force dans mon pied, j’enfonce avec violence ce dernier dans le crâne de la bête pour la faire céder à nos assauts. Je n’ai guère besoin d’un élément perturbateur alors qu’il est temps de reprendre mes doux mensonges, n’est-ce pas ?

Suivant le mouvement du groupe je m’installais pour la pause imposée, mes yeux s’adaptant tranquillement à la faible lueur bleutée. Il était aberrant à quel point elle était capable d’agresser mon or après tout ce temps dans les ténèbres. Le médecin s’afférant pour servir à quelque chose de plus utile que nous priver de notre Chakra, il commença les soins par la Samui – bien évidemment n’est-ce pas ? Et alors que je voulais continuer la discussion, la blonde connasse prouva pas une simple observation qu’elle était bien plus intelligente qu’elle ne paraissait l’être, m’arrachant même un léger « Oh » surpris et la bouche ouverte.

« Faire le lien entre tous ces mécanismes et les puissances claniques de Kumo… Je dois avouer être impressionner par le tranchant de votre esprit. Il resterait donc… Monjara, Bakusho et Hakushi – selon la période à laquelle cette grotte a été bâtie. Le plus étonnant, selon moi, c’est l’absence d’alternative que nous avons durant notre périple. Ils ne voulaient certainement pas qu’on trouve ce qu’il y a au bout de cette crypte. Mais probablement que cela concernait n’importe quel visiteur courageux. Au moins, nous pouvons prendre ces signes comme gage de l’importance de ce qui se cache ici. Du moins… Je l’espère. »

Soupirant calmement, je faisais semblant de me refermer un peu sur moi-même, mon regard se vidant quelque peu avant de relever calmement la tête lorsque le médecin commença à s’occuper de moi. C’était le moment rêvé pour rajouter une couche de ciment afin de faire consolider les doutes que j’instaurais en eux.

« Comment pensez-vous que les nôtres s’en sortent ? Je veux dire… Ce n’est certainement pas le moment d’en parler mais nos amis, nos équipes… Ils sont tous là-bas à combattre alors que l’on avance dans cette grotte de merde, sans même avoir l’assurance d’un retour une fois que nous arriverons au bout. Depuis combien de temps sommes-nous là ? Des heures ? Des minutes ? Je n’arrive même pas à avoir la notion du temps, j’ai seulement celle du Chakra qui commence à sévèrement me manquer… »

Légère pause pour faire couler mes paroles avec tact, soupire, demi-sourire, visage relevé, regard fixé sur l’un puis sur l’autre. Mentir est quelque chose de tellement simple quand on paraît sincère et fragile que c’en est ridicule.

« Combien sont morts ? Combien ont été obligé de tuer ? Je l’ai déjà dit… Ce conflit n’est que l’adage des jeux de puissance entre Kumo et l’Empire. Combien même sommes-nous une part de ce dernier… Etait-ce vraiment nécessaire de nous infliger la participation à une guère alors que l’on peine toujours à nous reconstruire et consolider notre position ? Combien des leurs seraient venu aider si c’était Kiri qui était sous le joug de l’ennemi ? Combien des leurs auraient accepter de se sacrifier pour nous… Les décisions erronées conduisent à la mort des troupes – et même s’il s’agit de la seule opportunité que Kiri a de récupérer ce qui se cache dans cette crypte… Ne pensez-vous pas que c’est quelque part admettre que cette guerre est perdue d’avance pour nous ? Si nous pensions sortir vainqueur, nous aurions eu le temps et les effectifs nécessaires pour faire en mieux ce que nous faisons là. Nous… Nous avons été isolés pour fuir au désastre. Nous avons été isolés pour ne pas pouvoir s’opposer à cette guerre. Suis-je le seul à avoir cette impression ? Suis-je le seul de nous trois qui, sur le champ de bataille, aurait trouvé le courage de dire que ces affrontements n’avaient rien de bon pour nous ? »

Les yeux tristes, j’alternais mon regard entre l’un et l’autre, les provoquants presque avec ce dernier à me contredire. Tout ce chagrin et ce doute ne ferait que les rendre plus souple pour le moment où il me sera nécessaire de leur rentrer dedans, et que ce soit à la guerre, au lit ou dans mon assiette… Je préfère la viande bien tendre et cuite à point.

HRP:

Spoiler:

Alors que nous cassions la croute tranquillement, la grosse bébête morte juste à coté de nous, Yuno recommença encore une fois. Je l'écoutai sans dire un seul mot. Mais j'avais seulement envie d'exploser, de lui foutre mon poing à la gueule à cet enfoiré et à ses idéations de merde. J'étais à Kiri parce qu'on avait bien voulu que j'y soit envoyée, mais je faisais toujours partie de l'Empire, et mon clan aimait bien me le rappeler à chaque fois que je mettais les pieds à Yuki. J'étais entièrement soumise à eux, et même si mon village natal n'avait pas voulu participer a cette guerre, j'aurais quand même été obligée de me rendre à Kumo pour défendre ma patrie d'adoption. Que le Mizukage s'engage n'avait que facilité les choses pour moi, Samui n'habitant plus l'Empire. Alors qu'il se taise ce connard, cette guerre n'était peut-être pas la sienne, mais elle était mienne malgré moi. J'aurais pu lui répondre, mais je n'avais pas envie de discuter ni débattre avec lui. Je ne voulais qu'il se la ferme, mais c'était sans fin. Ses mots résonnaient dans mon crâne, martelant ma pauvre conscience. Et je ne fis rien d'autre que me prendre la tête et de la coincer entre mes genoux, puis de boucher mes oreilles. Ceux que j'aime sont sûrement en train de se faire tuer là-haut. Yu, ma seule amie. Et Sora, que j'aimais bien au fond même si je me plaisais à le détester. Et tous les gens que j'avais appris à connaître dans les derniers mois. Que devenait ma Sempai? Et mon Sensei? Ils étaient très forts, mais l'autre camp aussi contenait son lot de shinobis très puissants. Comment s'en sortaient-ils? Et moi qui était coincée au fond d'une stupide crypte à me faire bouffer par des serpents de mer alors que j'aurais pu être là-haut pour protéger et soutenir mes collègues dans le besoin.

Ce fût Kaito qui s'emballa en premier, contestant chacune des affirmations du Jisetsu. J'avais peur aussi, terriblement peur. Nous étions isolés au beau milieu de nulle part, sans aucun moyen de communiquer avec les nôtres. J'en avait assez de les écouter tous les deux.

« Arrêtez ! » que je criai, les mains sur les oreilles. Je n'en pouvais plus de les voir se chicaner. Nous étions seuls au monde, et seule notre cohésion nous permettrait de s'en sortir. Le stress nous mettait tous très à mal et les tensions commençaient à apparaître.

Kaito s'était déjà relevé, ce qui sonnait implicitement la fin de la pause. Je ne pouvais pas le laisser partir tout seul comme ça, surtout qu'il était fâché. C'était un plan pour qu'il tombe dans un piège dans son énervement, ce qui n'avantagerait aucun de nous. Je lançai un regard noir au Jisetsu avant de me lever à mon tour. Grâce aux soins prodigués par le médecin, ma jambe était dans un meilleur état, mais je souffrais toujours un peu. Je ne doute pas que je resterais avec une grosse cicatrice sur ma jambe là où il me manquait carrément un morceau de chair.

« Attends, Kaito ! » dis-je pour tenter de le ralentir. De toute façon, si Yuno tirait le moindrement sur la corde, il ne pourrait pas aller très très loin.

Cette voix qui criait à l'aide ça sonnait la piège à plein nez. J'avais déjà entendu parler de créatures qui imitaient le son d'une voix humaine en difficulté pour mieux vous attirer et vous croquer, et Kaito avec son trop grand sens de l'humanité serait une cible beaucoup trop facile. Non, il fallait procéder avec caution. Avec tout ce qui venait de se produire, nous n'étions pas en état de nous battre à nouveau. La pause avait été salutaire, mais elle ne nous avait pas rendus notre santé et notre chakra complètement. Si nos prédictions s'avéraient vraies, la suite était tout aussi dangereuse que ce que nous avions déjà croisé et nos vies étaient toujours en danger. En cas d'attaque puissante d'un mécanisme quelconque, nous n'aurions tous que très peu de chakra pour nous protéger. J'en aurais peut-être assez pour invoquer un demi-dôme de glace, mais c'était tout.

Nous nous approchions lentement, juste assez pour découvrir ce qui était derrière ces appels. Quelqu'un était là-bas, enchainée. Comment était-ce possible? Yuno ne nous avait pas dit plus tôt ne pas avoir trouvé quelconque signe que quelqu'un était passé de manière récente? Puis l'absence de traces, même animales ne mentait pas, personne ne devait être passé ici depuis un bon moment. Depuis combien de temps cette personne était coincée ici, si c'était véritablement un humain et non pas un Genjutsu, ou quelconque quelque chose qui voulait qu'on approche?

« Un humain ne peut survivre que quelques jours sans eau, restez à l'affut... » dis-je tout simplement pour évoquer le fait qu'il s'agissait peut-être d'un piège.

Des sceaux étaient apposés partout autour. Voilà un art auquel je n'y connaissais rien, et dont j'évitais de m'approcher. Je n'avais pas du tout envie de me retrouver coincée dans un Fuinjutsu sans aucun moyen de m'en sortir..

Spoiler:

Voilà que ce petit idiot de médecin s’amusait une fois de plus à monter sur des grands chevaux qui ne sont en rien les siens. N’a-t-on jamais appris à la merde profonde de ce village de fermer sa gueule ? Si je me retiens de soupirer, me lever et lui assener quelques nouvelles cicatrices qui pourraient lui permettre d’au moins prétendre être un homme, plutôt qu’une vulgaire femmelette trop occupée par ses propres idéaux stupides pour faire quoi que ce soit d’utile dans le monde… C’est uniquement que j’ai un intérêt très particulier à l’avoir entre mes mains. Et alors que je m’apprêtais à lui répondre, c’est le cri de la Samui qui termina notre échange. Comme quoi, intelligente ou non, elle demeurait une gêne conséquente dont il serait juste de faire quelque chose.

Ce n’est qu’un maigre sourire, loin de la splendeur que je serai capable de développer en temps normal, qui lui répond de ma part. Le principe premier d’une intégration correcte est de savoir quand s’arrêter dans son toxique venin, et tout laissait croire que c’était l’heure d’une pause nouvelle dans mes paroles, le temps que les précédentes fassent leur effet et s’infiltrent jusqu’au plus profond de leurs cœurs trop sensibles, trop faibles pour être ceux de shinobis. Sur ce cruel échange qui fut bien trop court à mon goût, nous nous relevions afin d’explorer l’endroit dans lequel nous nous trouvions, avant qu’une voix semblant bien trop humaine n’appelle à l’aide. Avions-nous réveillé quelque chose ? Ou était-ce un piège de plus ?

Trop occupé à réfléchir à quoi faire, je manquais de remarquer le stupide et surtout candide médecin se précipiter, avant qu’une de fois plus la blonde à généreux poitrine comme cerveau ne me sorte de ma brève réflexion. Arrachant un léger sourire en coin, j’attrapais la partie de corde me reliant au Yamamamoto – visiblement, cette idée ne faisait que prouver son excellent tout au long de notre stupide périple – et d’un geste sec, je tirais dessus avec suffisamment de force pour amener son corps de feuille fragile jusqu’à moi, avant de l’arrêter d’un geste de la main – le plaquant de tout son corps contre le mien avec mon bras droit dans un esprit faussement protecteur mais qui avait à me donner plus de charme à ses yeux qu’autre chose.

Le relâchant après un instant qui aurait pu sembler un poil trop long à n’importe qui n’étant pas un Genin stupide, terrifié et déjà partiellement manipulé par des paroles auxquelles je donnais plus d’importance que d’attachement, je le forçais à me regarder un bref instant.

« C’est à se précipiter comme ça que vous prenez des risques, et non seulement pour vous mais pour notre équipe entière. Qu’importe que vous vouliez continuer et ne pas abandonner – rendus ici, il serait stupide de ma part d’abandonner également, même si cela ne change en rien la critique de la politique utilisée que je formule. Mais s’il vous plaît, ne mettez pas notre vie en péril pour vos élans d’héroïsme. »

Sur ces quelques paroles, douces et veloutées comme celles d’un sympathique ainé à plus jeune, comme un échange d’expérience, j’adressais un regard compris à la Samui avant de hocher la tête. Visiblement, nous avions tous les deux pensés pareil – preuve supplémentaire de son intellect dépassant celui du médecin, alors qu’elle était la blonde du groupe jusqu’à preuve du contraire. Une teinture peut-être ?

Calmement, nous arrivions jusqu’à la salle avant de la contempler brièvement. Evidemment, du Fuinjutsu. Alors que je n’avais presque plus de Chakra et que les deux autres brêles étaient incapables de faire quoi que ce soit contre cette spécialité – mais quel clan de Kumo possédait donc un lien avec… Kadoria si l’on en suit la logique. Mais n’avaient-ils pas déjà ? Secouant calmement la tête pour laisser la réflexion à plus tard, j’orientais l’or de mes pupilles sur les haillons dans lesquels était habillée la figure, usant de mes dons claniques afin d’en lire le passé autant qu’il m’était possible. Un piège nouvellement activé n’en aurait guère, ou alors quelque chose de futile et artificiel. A l’instar d’une illusion. Comprenant avec un peu de recul que mes compagnons devaient certainement me regarder étrangement devant mon silence après les paroles de la Samui, je soupirais calmement.

« J’explore à la recherche d’un quelconque passé qui puisse nous guider sur la nature de ce que nous avons devant nous. »

Puis je m’avançais d’un pas calme – je ne craignais pas la souffrance, je ne craignais pas la douleur : c’est ma paix intérieure et le calme de ces pulsions de mort que j’y trouvais. Et physiquement, je demeurais plus solide que les deux autres moucherons pris ensemble, alors pourquoi m’abstenir de quoi que ce soit ? Autant prendre les devants.

« Qui êtes-vous ? Pourquoi… Pourquoi devrions-nous vous aider ? »

HRP:

Alors que Yuno ramenait Kaito vers lui, je hochai positivement de la tête suite aux propos qu'il avait émis. J'étais entièrement d'accord avec lui : après tout ce que nous venions de traverser, il était absolument stupide de se précipiter ainsi dans ce qui pourrait s'avérer un piège. Car non seulement c'était sa propre vie qui était en jeu, mais aussi les nôtres. Je n'allais pas me laisser bêtement tuer par l'action irréfléchie de l'un de mes coéquipiers.

Et pendant que nous nous étions approchés, je questionnais le Jisetsu du regard en me demandant ce qu'il faisait : Plongé en pleine concentration, il restait immobile. Il fouillait le passé de ce qu'il y avait devant lui. Réussirait-il à déterminer s'il s'agissait d'une illusion, un piège? Depuis combien de temps cette femme en haillons était prisonnière ici ? La réponse ne m'enchantait guère : d'aussi loin que les pupilles de mon collègues pouvaient révéler le passé, la femme semblait toujours avoir été là. Ainsi, sa présence remontait à un très long moment. Beaucoup trop pour effectivement un simple humain qui ne peut survivre que quelques jours sans eau et nourriture. Qui était-elle, et que faisait-elle ici?

"Hu...huhuuu.... Nnnnh... Les... sceaux.. du...chakra."

Je m'approchait alors de quelques pas pour voir ce qu'elle pointait exactement. J'avais bien remarqué les trois pupitres, mais pas ce qu'il y avait au milieu. Sous cette faible luminosité, ce n'était pas immédiatement apparent, mais il y avait des espèces de rune sur chacun d'entre eux. A priori, c'était le support physique de cette prison.

"Sortir... il faut... sortir... les sceaux....Nnnnhh."

Je fronçai les sourcils, je n'étais pas sûre de comprendre. Fallait-il envoyer encore une fois du chakra, cette fois-ci pour faire sauter le fuinjutsu? C'était plutôt risqué. L'espèce de porte au fond de l'eau nous avait sucé la moitié de notre chakra, alors que là le réseau des sceaux semblait plus élaboré. Je n'avais pas envie de m'effondrer de fatigue, voir même crever pour le plaisir de dépenser du chakra au gré du vent. Et pourtant...

« La mission est claire. Ramener ce qu'on trouve dans cette crypte, s'il y a quelque chose à ramener. Un humain fait partie des possibilités...»

J'appuyai longuement sur le mot humain, malgré moi. C'en était à se demander réellement si la personne devant nous était humaine. Elle en avait toute l'apparence, bien sûr, là n'était pas la question. D'abord, comment une personne normale aurait pu survivre aussi longtemps tout au fond d'une crypte? Et plus important encore, pourquoi avait-on enchainé cette personne au fond d'un trou d'eau au fond d'une crypte, bien profondément dans le sol, sans se contenter d'un simple sceau pour enrayer le chakra mais bien avec du Fuinjutsu qui semblait assez élaboré ? Ça semblait risqué, et surtout ça sentait mauvais.

Je m'approchait encore de quelques pas. Kaito lui semblait de mon avis, mais non pas pour ramener cette personne comme on ramène un trophée, mais bien par humanité, en voulant libérer cette pauvre femme enchainée. Il restait Yuno, qui ne semblait pas totalement convaincu.

« La mission est la mission. » dis-je tout simplement.

C'était très simple pour moi. On me demande de me la jouer chasseuse de trésor pour ramener quelque chose qui aurait potentiellement beaucoup de valeur pour Kiri, je le fais. Je ne pose pas de question, je le fais. Je le fais, parce que c'est ce qui doit être fait. Fait ce que doit, advienne que pourra. Ce n'était pas mon nindo pour rien, ni des paroles en l'air. La mission était la priorité, malgré tous les risques. J'avais décidé de m'engager comme shinobi à Kiri, j'étais prête à en accepter les conséquences. Voir même prête à tout pour m'assurer que la mission soit remplie...

Spoiler:

Encore et encore, je creusais le passé de ce qui semblait de plus en plus être une réelle créature vivante, si bien que rien dans le paysage autour de changeait. Toujours ces mêmes gémissements de faible. Cette même résignation. Une telle attitude de renoncement stupide à se faire, à lutter… Cela ne pouvait être que l’adage de quelque chose d’humain, à l’origine au moins.

« Il semblerait que nous n’ayons pas affaire à un piège. »

Mais bien sûr, répondre à ne serait-ce qu’une unique question était trop demandée, alors qu’implorer pour de l’aide était totalement possible et facile. La chose ne se rendait-elle pas compte que c’était purement contre-intuitif ? Soupirant calmement à ses réponses, comme résigné à ne pas en apprendre plus, je fixais d’un œil incertain mes deux camarades. Ils semblaient déterminés à vouloir activer les mécanismes – et fondamentalement, une fois de plus, la Samui n’avait point tort. C’était peut-être ça, le fameux trésor que cette grotte cachait. Ce qui ne rendait en rien la tâche plus profitable, car il y avait certainement une raison exquise et hantée de divers secrets pour garder quelqu’un tellement protégé et enfermé durant de longues années à en croire la vieille carte qui était notre. Et tandis qu’ils firent tous deux un pas de plus vers les pupitres, déterminés visiblement à faire, je m’arrêtais avec une expression de tristesse feinte à la perfection dans les yeux.

Music:

« Vous avez raison. C’est peut-être bien là l’objet de notre mission, et une mission est une mission. Mais… »

Il est évident que l’administration de Kiri, faible comme elle est aujourd’hui, ne sera aucunement en mesure d’exploité notre trouvaille. Entre des mains inefficaces et inutiles, admises au repos et à l’engraissement passif, aucune arme ne pouvait être puissante, sinon la vie de gens à sacrifier pour garder son confort. A l’instar du fait de nous avoir envoyé ici plutôt que combattre à chasser des chimères, ils ne prendraient pas les bonnes décisions. Ils se conforteraient dans des succès vains, dans des victoires même peut-être, uniquement dans le but de ne rien changer. L’opportunité, ils sont tout bonnement incapable de la saisir – et si cette connasse profonde en mal d’amour en est réellement une, il est dans mon évident intérêt de la garder pour moi. Je saurais quoi en faire, mieux que quiconque.

« Il doit y avoir une raison pour laquelle cette personne – et non chose – est enfermée ici, non ? Je doute que cela soit fait par plaisir ou par simple vengeance… Et pour en arriver à là, j’imagine que les débats et la construction de la chose ont été poussé jusqu’à de haut niveau. La libérer, quitte à prendre des risques… Pourquoi pas. Je suis prêt à vous suivre. Mais… Après ? »

C’était le point culminant de tous mes venins et paroles, et dire que la situation s’y prêtais bien plus encore car nous confrontait à la plus grande faiblesse du Yamamoto, la vie humaine. Serait-ce également le cas de la blonde Samui, ou sa lucidité à toute épreuve se montrerait plus forte que mes paroles ? Qu’importe. Elle ne deviendrait qu’une gêne supplémentaire qu’il serait nécessaire d’éliminer. Une de plus ou une de moins, mes seuls regrets seraient de ne pas lui être passé dessus et d’avoir gâché un semblant de potentiel, oh combien rare à Kiri.

« Qu’importe si votre espoir ou mon pragmatisme gagne la guerre qu’il y a dehors, la situation sera la même. Que pensez-vous que nos supérieurs feront d’elle ? S’il s’agit d’un danger, ils l’élimineront. S’ils n’y arrivent pas, ils l’enfermeront. S’il s’agit d’une arme ou d’une puissance à même de nous donner la victoire… Ils l’utiliseront sans la moindre retenue, jusqu’à mort s’en suive. Ils… »

Le ton presque cassé de ma voix et se brisant de plus en plus à longueur de ma tirade, dernière chance de conversion pour ses incapables à la folie destructrice qui est si doucement mienne… Cela ne faisait que rajouter du pathos à quelque chose de suffisamment pathétique, et dans un sens différent du mot. Si j’étais face à quelqu’un se comportant comme moi actuellement, je serais le premier à lever ma main dessus. Cette faiblesse. Cette impuissance. Cela me répugne. C’est exactement le reproche que je fais au monde d’aujourd’hui. Et pourtant… L’opportunité est trop belle à saisir pour que mon égo rentre en vigueur afin de m’empêcher de l’obtenir. Un soupir profond.

« Non. Que sommes-nous exactement ? Des armes ? Des humains ? Les deux à la fois ou aucun des deux ? Nous avons nos caractères. Mon côté infecte qui me protège de toute faiblesse extérieure. Une carapace lourde et difficile à porter qui refuse de se fissurer… Le côté réfléchi et presque calculateur, froid mais gardant toute la chaleur et la bienséance que vous avez, Samui Amaya… La dévotion infinie, l’amour de la vie et de son prochain sans la moindre retenue qui vous caractérise tant en Médecin… Combien de tout cela voit notre village ? Où sommes-nous, identités perdues dans la foule ? Pourquoi nous, plus que quiconque, envoyés loin de cette guerre ? Je ne reviens pas dessus. Vous savez ce que j’en pense – et loin de moi d’espérer que nos amis perdent. C’est seulement une option que j’admets parce qu’elle existe, quoi qu’on veuille en penser. Une option que j’ai déjà connue. »

Sortez les mouchoirs et enfoncez-vous trois doigts là où je le pense, je craque moi-même.

« Ne vous l’ai-je pas dit, déjà, Kaito-san ? Je cherche à surpasser mes parents. A sortir de leur ombre. Mais… Ce n’était pas tout à fait vrai. Mes vrais parents sont morts durant la Grande Guerre déjà – utilisés comme des armes sans émotion, ils ont renoncé à moi. Ils ont choisi d’obéir, éperdument, sans oser questionner la pertinence de ce qui était fait. Et ça n’a rien changé à… Non. Je devrais plutôt dire que cela n’a changé QUE la face de mon monde. Alors oui, j’ai été recueilli par des gens charmants. Ils ont vu en moi ce qu’ils m’ont appris à voir dans le monde : une opportunité. Je n’étais pas un shinobi, et ils n’ont rien fait pour que je le devienne – le précieux de l’or de mes yeux et de sa lecture du passé était un outil trop précieux pour chercher les fraudes et arnaques auxquelles ils pouvaient être sujets en tant que commerçant. Je… »

Pitié, qu’il n’en faille pas plus de mon côté – combien même une part importante de vérité se trouve dans ces propos, c’est un pan de ma vie que j’ai décidé de rayer. Un pan de ma vie que j’ai décidé d’oublier. Je trouverai l’anarchie dans la guerre, et l’équilibre dans la destruction. Rien ne saura me résister, et ce monde trouvera le moyen de payer pour tout le mal et tout le bien qu’il fait – car l’un sans l’autre ne peut exister, et si l’on acceptait de regarder ailleurs que dans un miroir nous serions à même de voir que l’un ne peut être sans apporter l’autre à notre voisin.

« J’ai obéit toute ma vie. J’ai cherché la révolte par l’arrogance, la haine, les méfaits. J’ai voulu… J’ai voulu être plus qu’un objet à la solde des autres. Au point de devenir l’un de ces autres je me dis parfois. Mais aujourd’hui… Aujourd’hui, je vois le monde tel que je l’ai toujours vu. Nous sommes face à une opportunité. L’opportunité de faire quelque chose de bien, non pas parce qu’on nous l’a ordonné, mais parce que c’est ce qu’il faut faire. »

D’un pas frêle, je m’approchais de mon pupitre, mon regard fuyant celui des deux autres shinobis.

« Nous pouvons… La sauver. Et partir avec elle, si elle ne nous tue pas, pour qu’elle ne soit plus l’objet de quiconque. Pour qu’elle puisse vivre comme elle l’entend. Pour qu’elle ne devienne pas comme nous un objet utilisé par plus puissant pour assouvir ses envies de pouvoir. »

Un de plus, m’empêchant ce sourire nacré et démoniaque qui chatouillait tant mes lèvres – c’est finalement un léger sourire doublé d’une tristesse toujours aussi imagée dans mes yeux que je leur adresse.

« Nous sommes trois. Il y a trois pupitres. Croyez-vous au hasard ? Pensez-vous que… Notre place ici n’est-elle pas justifiée ? J’ai été le premier à dire que, loin de nous permettre de soutenir nos camarades alors qu’ils luttaient dans un conflit qui ne les concernait pas, nous avions été envoyés chasser des chimères. Laissez-moi revenir sur mes paroles. C’est nous, la raison pour laquelle Kiri est entrée en guerre. Quelque que soit, ou qui que soit notre trésor, nos supérieurs savaient exactement ce dont il adviendrait. Je soupçonne même que quelqu’un, là-haut, savait exactement ce que nous pouvons trouver dans cette grotte. Et quel meilleur moyen de récupérer ce fameux trésor que de sacrifier la vie d’infinis siens ? Quoi de mieux que de profiter de rejoindre un chaos ambiant pour y voir cette même opportunité dont je vous parle. Quoi de mieux pour que personne ne remarque l’intérêt pour cette grotte. Pour que personne ne puisse savoir que c’est à Kiri qu’est allé le trésor ? »

D’un dernier geste, j’approchais du pupitre avant de m’installer devant, ma main hésitant à l’activer encore.

« Aucune vie ne vaut ce trésor. Je refuse de le ramener à un village qui s’est permit trop de sacrifices pour l’obtenir. Nous avons été manipulés. On a joué de nous comme, une fois de plus, de vulgaire objets. »

D’un geste amer, je serais mes poings, profitant d’enfoncer mes onglets forcer sur mon épaule blessée pour arracher ces deux larmes rendant tellement au réalisme de mes paroles que je m’impressionnais moi-même. Ils étaient faibles et fragiles, à ma merci – et autant en profiter jusqu’au bout. Je n’ai plus aucune intention à leur cacher, n’est-il pas ?

« Encore une fois… Et si… Et si nous nous étions montrés incapable de récupérer ce qu’il y là ? Combien de guerres en plus à rejoindre ou déclare même peut-être uniquement dans le but de faire assoir une soif de pouvoir ? Cette soif, je la connais. Cette soif… Il est impossible de la faire disparaître, car toujours et toujours, elle grandit dans les ténèbres des cœurs des hommes. Quoi qu’il advienne… »

Je plaçais ma main sur le mécanisme en question.

« Je ne rentrerai pas au village. Je n’aiderai pas une institution en laquelle je ne peux plus avoir confiance. Je ne vous demande pas de me suivre. Je ne vous demande pas de me rejoindre. Je vous demande seulement… Seulement de laisser le trésor loin des mains de Kiri. Pour la sécurité de tous. Dites que je suis mort durant la mission, que le trésor est détruit avec moi. Qu’importe. Dites que j’ai déserté pour qu’enfin, ils aient une raison valable de vouloir ma mort au-delà de toutes mes révoltes silencieuses et solitaires. Cela ne m’enchante pas, mais offrir ce même destin à quelqu’un d’autre… Cela dépasse tout ce en quoi je crois. »

Et enfin, après toutes ces tirades presque excessives, j’activais la chose de mon côté également. Advienne qu’adviendra – peut-être me tueront-ils ainsi que mes idées, qu’en sais-je. J’ai joué ma dernière carte.

HRP:

Spoiler:

Je restai silencieuse alors que Yuno parlait de lui, de son expérience, de tout ce qui l'avait amené jusqu'ici, à se retrouver devant le choix de libérer une pauvre fille enchainée pour mieux l'entraver à nouveau, mais ailleurs. Il semble que lui aussi ait souffert. Ses parents Shinobis décédés aussi il y a très longtemps. Ses mots étaient troublants et me touchaient droit au coeur. Toute la tristesse et le vide qu'il avait connus, je l'avais moi aussi vécu. Mes parents étaient aussi morts il y a bien longtemps, et j'avais été récupérée par mon clan, tout comme les autres enfants Samui qui avaient survécu à la grande destruction de Kiri.

Il s'avançait vers le pupitres, et nous fimes de même, moi et Kaito. Je le laissai terminer. Qu'avais-je de plus ou de mieux à ajouter? Qu'il veuille quitter le village, soit. Je n'allais pas l'empêcher. Les raisons pourquoi nous nous étions engagés variaient pour chacun d'entre nous, seulement semble-t-il que Yuno se soit menti à lui-même à quelque part dans le processus. Que croyait-il en devenant Ninja? Que le monde allait changer? Il m'avait semblé rusé, mais au final il n'était qu'un grand naïf, tout autant que l'était Kaito, et moi même au final. Le Jisetsu avait le droit d'être en colère contre ses parents. Il avait le droit de ne pas leur avoir pardonné d'avoir eux aussi cru en quelque chose de plus grand. Je ne pouvais lui en vouloir pour cet état des choses. Mon père était mort pour avoir défendu ses opinions contre un autre clan qui venait de prendre le pouvoir. Ma mère était morte pour avoir défendu le village contre Sanbi. Comment pourrais-je leur en vouloir? Mon choix avait été fait, et depuis longtemps : Je voulais devenir Shinobi pour protéger mon village natal.

Si le jeune homme s'offusquait d'avoir été manipulé, je ne l'étais pas. Si Kiri était réellement au curant de ce qui se cachait ici, j'étais des plus heureuses d'avoir été envoyée moi pour cette mission cruciale. Contrairement à mon coéquipier, j'avais offert ma vie pour défendre un idéal plus grand que moi. Si je devais mourir dans le processus, qu'il en soit ainsi. Si je devais tuer pour empêcher que d'autres enfants se retrouvent orphelins comme moi et Yuno, j'allais le faire. S'il fallait ramener cette fille chez nous pour ne pas qu'elle tombe entre les mains d'un autre village qui pourrait menacer le mien, j'allais le faire. S'il fallait la tuer pour qu'elle ne cause plus de soucis, j'allais le faire. Malgré toutes les difficultés, malgré les blessures, malgré la grande faucheuse qui n'attendait que le bon moment pour nous emmener avec elle, laissant nos cadavres au fond de cette crypte, je ne retournerais pas à Kiri sans avoir accompli ma mission.

Qu'il quitte si c'est ce qu'il souhaite. Je n'allais pas l'en empêcher. Mais il partirait seul.

Kaito vint briser le silence et j'acceptai le consensus qu'il offrait, à savoir ce que l'on ferait après avoir libéré la jeune fille. Et c'est ainsi que nos mains se posèrent sur les runes.

Les choses se passèrent rapidement devant mes yeux. Les éclairs qui jaillissaient en continu, frappant sans relâche la pauvre fille au sol qui hurlait. Et moi, je ne pouvais rien faire sauf regarder. C'était une scène digne d'un exorcisme, la petite humaine en haillons dont le cri n'avait rien de naturel, dont le corps s'était mis à noircir. Après les tentacules de Papy, ce devait être la chose la plus traumatisante à laquelle je n'avais jamais assisté. J'aurais aimé pouvoir aller l'aider, la tirer de là, mais je restais paralysée, tétanisée par la peur. Ses hurlements se répercutaient au plus profond de moi, bloquant tout possibilité de mouvement. Je tenais mon bras engourdi tout en observant le sceau se fracturer. Quelle connerie venions nous de faire là?

Puis vint l'explosion, qui m'envoya contre le mur. Passé la moment du choc, et réalisant du même coup que la gravité avait été inversée alors que les pupitres se retrouvaient au plafond, la fillette qui n'était plus enchaînée s'était relevée, prête à foncer vers la trappe du plafond qui était maintenant au sol. Bingo, nous avions notre sortie ! Mais pas question de partir sans ce quoi nous étions venus pour.

« Attends !! » criai-je à la petite fille.

J'essayai de me relever aussi vite que je le pouvais avec cette jambe blessée. La pauvre courrait comme un animal sauvage qu'on venait de libérer, pourtant il me serait impossible de la rattraper dans cet état. Je détachai la corde qui était autour de moi puisque je ne ferais que ralentir mes deux collègues dans cette course. J'avais toutefois plus d'un tour dans ma poche pour être un soutien au lieu d'un boulet, et je fis des mudras pour créer une mur de glace que j'allongeai au dessus de la trappe au lieu de l'élever verticalement.
En terminant, je fis un signe de tête à mes coéquipiers pour qu'ils se lancent à sa poursuite sans plus m'attendre. Je n'avais pas d'autre choix que de rester derrière, la réussite de la mission primait beaucoup plus que ma propre petite personne. Je finirais bien par les rejoindre plus bas.
Ou plus haut.

Spoiler:

Demeurant de marbre devant l’infamie de la scène se déroulant sous nos yeux, je faisais de mon possible pour ne pas jubiler, ne pas m’extasier plus que nécessaire. Malgré l’absence de paroles. Malgré l’absence de réaction. Il était impossible que mes paroles ne les travaillent pas. Impossible qu’elles ne fassent germer les graines de la discorde avec toute la force qui était leur. Moi, je devais seulement me contenter de maintenir mes mensonges. Me contenter de ne pas jubiler de trop à la vue de la gamine souffrant les martyrs – ne comprenait-elle pas la chance qu’elle avait d’être ici, à ce moment précis, comme trophée si durement acquis d’une quête obscure ? Qu’importe qui elle était réellement : pour survivre aussi longtemps, privée d’eau comme de nourriture, et être à même d’encaisser la libération de ce sceau inhumain… Elle devait posséder quelque chose de plus que les simples masses grises que nous étions. Un quelque chose qu’il serait bon que je récupère avant qu’il ne vienne pourrir à Kiri.

Pris d’un faux élan d’émoi alors que la Samui se détachait et empêchait l’enfant de sortir de la crypte, je faisais de même puis j’inspirais profondément pour augmenter ne serait-ce que minimalement ma vitesse et la rejoindre dans sa course, enlaçant son corps contre le miens alors que je l’attrapais. Elle comprenait ce que l’on disait, à défaut d’avoir appelé à l’aide lors de notre entrée dans la crypte. Elle savait. Elle avait certainement entendu – ou peut-être que non, et là était la raison pour laquelle elle n’avait guère répondu à nos questions. Une furie. Une force de la nature enfermée dans une si innocente silhouette… Il n’y avait que les paroles ou la violence qui puisse la soumettre, et force était-il de constater qu’user du second me décrédibiliserait totalement. Hélas, puis-je prévoir l’efficacité de mes baumes face à une telle débile ?

« Hey ! Hey… Calme-toi. Tu comprends ce que l’on dit, n’est-ce pas ? Tu appelais à l’aide et nous t’avons libérée. Alors ne pars pas en courant. Tu risques… Tu risques de retomber entre les mains de ceux qui t’ont enfermée ici. Tu ne le veux pas, n’est-ce pas ? »

Inspirant calmement, je lançais un regard inquisiteur au médecin et à la Samui. Ils étaient exténués. Elle blessée, comme moi. Vidés de notre Chakra – lutter était tout bonnement impossible, au mieux suicidaire. Je ne craignais pas la mort et était prêt à l’accepter, mais pas dans de si ridicules circonstances. Après tous les efforts mis en place. Après tous les mensonges tissés pour convaincre ces idiots de me laisser le trésor. Hors de question que j’abandonne maintenant, si prêt d’un but dont j’ignorais l’existence il y a à peine quelques minutes. D'un geste bref, je me tournais vers mes infortunés acolytes puis vers l'enfant.

« Kaito-san... Comment va Amaya-san ? Tu veux quelque chose à manger peut-être ? A boire ? Nous… »

Je marquais une hésitation volontaire à ce dernier mot, suivie d’une pause prolongée. Peut-être que son libre arbitre n’était pas totalement défait ? Il était temps de voir jusqu’où allait la réflexion de l’enfant, et où se terminait sa fougue stupide au profit de quelque chose de plus profond.

« …Non. Je ne te veux aucun mal. Je ne veux pas t’obliger à retourner dans une quelconque cage. Je m’appelle Yuno, et toi, qui es-tu ? Depuis combien de temps es-tu là ? Pourquoi… Pourquoi quelqu’un t’aurait-il enfermé ici ? »

HRP:

Les choses commençaient sérieusement à dégénérer.

Yuno, gentil Yuno, tenta le tout pour le tout. Alors qu'il s'élança pour enlacer la jeune fille et lui demander de se calmer, celle-ci répliqua de manière la plus violente qui soit, non sans avoir hurlé comme une sauvage. Elle empoigna mon coéquipier et lança avec un telle force que Kaito, toujours attaché, parti avec lui, dans ma direction. Sans réfléchir, je me lançai pour tenter de réceptionner le médic-nin, de constitution plus gracile que le Jistesu. Je me pris donc de plein fouet le corps du Yamamoto, avec la vélocité et la vitesse, je tombai à la renverse. Mon collègue dans mes bras, j'eus le souffle coupé quelques instants, mais c'était le prix à payer pour ne pas que le pauvre se blesse plus sérieusement. Yuno, pour sa part, semblait plus surpris que souffrant. C'était sans doute grâce à son Taijutsu qu'il avait pu se réceptionner de meilleure manière que nous.

La suite ne me permis pas de reprendre mon souffle. Impuissants, nous ne pouvions que regarder la sauvageonne faire. Elle se jeta à deux pieds sur ma plaque de glace et la trappe. Malgré la bonne épaisseur de ma technique Samui qui permettait de bloquer des attaques de force moyenne, en plus de mur de pierre qui protégeait le tunnel, le plafond ne résista pas sous l'impact de son coup. Non mais bordel, c'était quoi cette force surhumaine? Qu'est-ce qu'elle était pour pouvoir passer au travers de la roche comme si ça n'avait été que de l'argile? Aussitôt, l'eau explosa dans le couloir comme une fontaine sous pression et la jeune fille disparut dans le trou. Le niveau montait rapidement, et nous allions nous retrouver submergés dans peu de temps. Nous n'avions pas le choix de suivre à notre tour. Je me rattachai à la corde et me relevai, non sans serrer les dents. Ma cuisse m'élançait toujours, et j'avais mal aux cotes après avoir rattrapé Yuno.



« Ne la laissons pas s'enfuir trop loin» que je laissai échapper entre mes dents.

Il nous fallait repasser par la trappe, nager toujours plus vers le fond si la gravité était inversée aussi au dessous de nos pied - enfin, au dessus de nos têtes. Je dégainai un kunai, prête à affronter de nouveau les serpents de mer. C'était l'heure de vérité, le dernier chapitre de cette aventure. Pour retrouver la sortie, l'air libre, il nous faudrait à nouveau traverser les ténèbres infâmes de la crypte. Après le lac souterrain, qu'allait-il se passer? Allions nous tomber ou nous faudrait-il grimper sur les parois? Retourner à nouveau dans la noirceur et avancer à l'aveugle ne me plaisait pas du tout. Mais il faut ce qu'il faut. Je n'allais pas crever dans ce trou.

« Retenez votre souffle autant que possible »finis-je par lâcher avant de plonger tête première dans le trou, m'accrochant sur les roches pour combattre la pression.

Je n'avais plus beaucoup de chakra, et à moins de sentir que j'allais manquer d'air, je n'allais pas faire de bulles d'eau pour respirer. J'étais très bonne nageuse et je pouvais nager près de 50m en apnée. Pour mes coéquipiers c'était moins sûr, mais c'était le moment de montrer ce qu'ils avaient dans le ventre. Au besoin je dépenserais du chakra, mais si je pouvais m'en passer, je le ferais.

C'est ainsi que Kunai en main, je me mis à nager vers le fond, à la poursuite de la fillette. Elle aurait pu suivre gentiment, ou au moins nous remercier de l'avoir libérée. Rien. Pas même un sourire. Je commençais à en avoir sérieusement marre de cette mission de merde et l'autre conne me poussait à bout. Je la ramènerai coûte que coûte à Kiri cette petite insolente. Morte ou vive.

Spoiler:

Voyez-vous la petite garce ! Prise d’un élan de force surhumaine presque après s’être libérée du sceau, la furie me projeta avec une violence inouïe, ne laissant que ma maîtrise du Taijutsu comme sauvetage – avec moins de grâce exquise que je ne l’aurais aimé, je prenais appui sur ma main valider pour pivoter mon corps et atterrir sans m’écraser comme un vulgaire déchet. Il n’y avait guère trop d’ouverture de mes blessures, c’était plus l’égo qui souffrait. Elle avait entendu. Elle avait compris. Et pourtant la petite conne préférait jouer à la sauvage, quitte à retomber dans les bras de ceux qui l’avaient enlevée. Pétasse. J’espère que tu crèveras comme le chien que tu es – tu ne mérites rien de plus. M’empêchant d’esquisser le moindre sourire, je me relevais et fendais la distance pour rejoindre mes camarades, tendant une fois de plus la corde dans la poursuite efréinée dans laquelle nous nous lancions.

« Nous fatiguons tous les trois, attachons nous à nouveau… Ou ne prenons que la corde dans nos mains. Mais si l’un de nous faillit, les deux autres pourront trouver assez de force pour remonter à la surface. »

C’était tout ce que j’avais à dire avant que l’on ne pourchasse la sauvageonne, mais durant les quelques pas nous séparant de l’eau montant, je m’efforçais de ramasser n’importe quel bout de haillon qu’elle aurait pu laisser derrière elle, de sorte à avoir la moindre accroche. Un jour… Un jour j’aurais la capacité de remonter si loin dans ce passé que je saurais tout d’elle. Il n’y a peut-être guère d’intérêt à pourchasser un cadavre, mais au moins j’aurai l’esprit net sur les folles lubies de Kiri. Mes propres paroles commençaient à me convaincre, il semblait improbable qu’ils ne sachent point ce qui nous attendait ici. Et cette petite… Inspirant calmement, j’essayais de comprendre.

Elle était faible. Mourante. Souffrante à ne plus pouvoir parler. Et subitement, elle devenait maîtresse de ce jeu après la rupture visiblement douloureuse du sceau… Sceau… Un et un firent deux dans mon esprit avec une ardeur tardive. La salope était une Suzurane. Enragée par la blessure, elle n’en ressentait pas l’effet se faisait porter par une rage belliqueuse lui donnant cette force exagérée. Hochant doucement la tête, j’inspirais profondément avant de me lancer dans le flot des obstacles que nous avions déjà dû parcourir dans un sens. Cette information, je préférais la garder pour moi – un fâcheux accident avec la corde se rompant sous les coups de dents des serpents de mer ou de mon kunai pouvait simplifier le poids de la mission, mais sacrifierait la crédibilité de messie que j’essayais de me donner. Dilemmes de merde. Toujours est-il que nous avancions – et j’espérais sincèrement que la rage s’estomperait bientôt pour pouvoir profiter soigneusement de la naïveté d’une jeune fille fragilisée et esseulée. J’étais son meilleur ticket pour la liberté ou la mort, selon ses actions – et elle était clairement le mien pour convaincre les témoins gênant de m’oublier… Ou les tuer alors que je disparaissais. N’est-ce pas ?

HRP:

Nous nagions tous les trois toujours plus profondément. À l'aide de mon kunai, je repoussais toute présence vivante qui pourrait avoir l'idée de planter à nouveau ses dents dans ma chair tendre. Ils se désintéressèrent de moi assez rapidement, une cible un peu trop coriace pour eux. J'espérais à tout le moins qu'ils ne profitent pas plutôt de Kaito, un peu moins réactif que moi ou Yuno, puisque cela pourrait considérablement nous ralentir dans notre progression finale. Et alors que je continuais à descendre toujours plus loin vers la surface, je sentis les choses lourdes tomber tout autour de moi, ces mêmes choses qui effleuraient la surface de l'eau un peu plus tôt. Heureusement, aucun de nous n'avait été frappé par ces choses, à la force de gravité qu'elles tiraient en coulant à pic, nous aurions pu être sérieusement blessés.

Et enfin rendus à la surface, la gravité nous tira vers le bas, encore une fois dans une chute sans fin. Sauf que contrairement à plus tôt, je n'attendais plus ma mort. Je savais que tout au fond, quelque chose m'attendait. Ma mission était devenue claire, ramener la fillette surpuissante à Kiri. Ce n'était plus le temps de me perdre en conjonctures débiles sur l'avancement des troupes sur Kaminari, sur l'état de santé de mes amis, ni sur issue de la guerre. J'avais un objectif clair et précis. La seule chose qui me tourmentait peut-être légèrement était cette gravité inversée : juqu'où irait-elle? L'atterrissage se ferait-il en douceur? Allions nous nous péter la gueule sur le toit de la crypte? Je fermai les yeux en attendant la fin de cette chute interminable.

Le moment tant attendu arriva, où je fus secouée entre deux gravité : la réelle et celle crée artificiellement par la destruction du sceau. Nous nous retrouvions donc tous les trois à marcher directement sur le trou de la trappe, là ou le jutsu commençait à faire son effet. Toujours plongés dans le noir, il n'y avait pas une seule seconde à perdre. Je retrouvai rapidement la liane qui elle aussi avait subi l'effet Kadoria, et je me détachai de la corde pour retrouver la lumière du jour.

Aucune trace de la jeune fille. Si, il y avait bien des traces de pas qui s'enfonçaient dans le bout, dans le sens inverse de celles qui étaient entrées, les notres. La fuyarde était bien sortie ici. Malheureusement, la boue n'était concentrée qu'autour de la crypte, et tout autour il n'y avait que la forêt. Je n'avais aucune compétence de pistage et de sensorialité, il me serait impossible de la traquer toute seule. J'attendis que mes collègues sortent à leur tour pour leur montrer les quelques traces qui partaient en ligne droite.

« Elle est partie... » dis-je tout simplement.

Le soleil allait bientôt se coucher. Devions nous partir à sa recherche dès maintenant, dans le noir, dans un territoire inconnu et hostile en pleine guerre ?

« Vous avez une idée de ce qu'elle était ? » demandais-je.

Personnellement, je n'avais aucune idée, ni piste concrète. Une petite fille avec une telle force, je n'en avais jamais vu, ni même entendu parler. Provenait-elle d'un clan particulier? Pourquoi avait-elle était enchainées au plus profond de cette crypte? Tant de mystères, et j'espérais bien que l'un de mes coéquipiers ait sa petite idée là dessus...

D’une inspiration profonde, j’acceptais à nouveau l’air ambiant dans mes poumons. Nous étions enfin parvenus à sortir de cette grotte, forts des trop nombreuses coïncidences qui ont guidé ce voyage. A travers l’ensemble des mensonges lâches utilisés pour faire perdre allégeance à mes comparses, je me retrouvais moi-même pris au piège de savoir où exactement résidait la vérité. Il y avait quelque chose de flou dans le déroulement des événements. Des mensonges certainement cachés. Non… En venir à ce que je crois moi-même les diverses confabulations nées dans mon esprit… A moins qu’elles n’aient toujours été là. Que l’anxiété de la situation ait fait resurgir des méandres de mon esprit…

La Samui semblait contempler, vaguement, la disparition de la jeune fille – et d’un coup d’œil bref et discret lancé avant que nous ne sautions dans l’eau, j’avais découvert le fameux IX présent sur le tissu. Le seul indice qu’il nous restait. La seule chose permettant de la lier à quoi que ce soit dans le monde. Et je m’empêchais déjà de sourire fortement : j’étais le seul à savoir. Le seul à l’avoir en ma possession, les deux autres n’ayant probablement pas même remarqué que je ramassais quoi que ce soit pour avoir un point de rattachement. S’ils espéraient en profiter également, ils pouvaient s’enfoncer quelque chose dans le cul – hélas, la fatigue intense de l’événement bridait mes capacités de sarcasmes et je m’en rendais compte.

Oui… C’était certainement ça. La fatigue prenait le dessus sur ma raison et perturbait le cours naturel de mes pensées. D’où les doutes. D’où les instants de faiblesse. Avançant doucement vers la sortie encore connue en suivant la liane toujours présente, je profitais de l’obscurité ambiante pour m’enfoncer les doigts dans les deux yeux jusqu’à douleur intense, me retenant de force de rigoler de la blessure que je m’infligeais. Une assurance de plus. Tendant mes muscles comme un félin et m’étirant doucement, je rejoignais l’extérieur en plissant les yeux, et forçait doucement pour contempler la disparition de la sauvage garce.

« Non, absolument aucune… Et mes yeux… Ils fatiguent. Je les ai trop utilisés. Trop… Epuisés. Je crains ne pas être capable de la traquer au temps qui passe. »

Clignant à plusieurs reprises, je laissais voir mes conjonctives imbibées de sang à mes deux compagnons de voyage. Probablement que le médecin serait capable de dire que je mens. Que la répartition des blessures ou que sais-je indique que j’ai profané mes yeux seul – mais voudrait-il vraiment risqué que l’on soit utilisé pour retrouver la jeune fille ? Je soupirais lourdement avant de faire quelques pas vers l’avant, titubant légèrement à cause de mes yeux tolérant mal la lumière du soleil couchant.

« Pensez-vous que nous sommes toujours le même jour ? La guerre… Qu’en est-il ? »

Plissant les yeux doucement, je tournais mon visage dos au soleil. C’était le dernier moment où tout se jouait. De nouveau, je prenais un teint blafard et frêle.

« Combien… Combien de morts à votre avis ? Combien de temps encore avant qu’elle ne finisse ? Et elle… Vous pensez qu’elle a réussi à fuir ce monde ? A nous fuir nous ? Il y a quelque chose de tellement innocent dans la fureur de son comportement, de tellement… Indomptable. Elle est certainement restée trop longtemps dans cette cage. »

Petite pause laissant mes propos s’ancrer dans leurs esprits. La réelle guerre, les morts Kirijins… Je n’en avais rien à faire. Chiens stupides incapables de se défaire de la laisse qui leur a été mise autour du coup, idiots profonds luttant pour des idéologies qui ne sont pas les leurs. Il n’y avait rien qui défendait leur participation à cette dernière. Que ce soit du côté de la régence ou du leur d’avoir accepté. Akio avait-il survécu ? Sora ? Hakana ? Il n’y avait pas beaucoup de monde que je connaissais, et moins encore auquel je m’étais attaché. Ils ont cherché leur faiblesse. Qu’ils l’assument.

« Je ne veux pas finir comme elle. Ou pire encore, prisonnier d’une cage immatérielle m’obligeant d’agir comme elle décide. Nous n’avons rien fait de bon pour Kiri. Nous n’avons rien fait de bon pour le monde. Il n’y a qu’elle qui peut nous être gré d’avoir été libérée, et qui sait quel fléau avons-nous potentiellement libéré ? Tout ça uniquement parce qu’on a refusé de donner plus d’informations à des Genin. Parce que la loi est la loi. Parce qu’il faut se fier au grade plutôt qu’à la personne. Parce que Kiri est Kiri… Je ne reviendrais pas sur mes propos. Je ne reviendrais pas à Kiri. Que ce soit pour les raisons que j’ai énoncées ou tout simplement parce que je n’ai pas le courage d’aider à compter les morts, à les embaumer. Il ne sert plus à rien d’être naïf, il y a certainement eu des pertes humaines. Peu importe ce que vous pouvez penser de moi, j’estime faire ce que mon cœur me dicte. Agir pour un intérêt peut-être supérieur à celui d’un village incapable de gérer avec parcimonie la vie de ses hommes. Je… »

Où était la vérité… Où était la folie… Où était le mensonge… Je ne suis même plus capable de faire la distinction, cette même fatigue violente presque me gagnant de façon de plus en plus intense. Mon chakra s’épuise, mes forces également. Partir. Si je veux partir, il faut partir maintenant. Il n’y aura pas de deuxième chance – les raisons réelles, la vérité, je la trouverai à un autre moment.

« Je ne vous demande pas de me suivre. Je ne compte pas rallonger la liste des victimes inutiles de vos noms pour n’avoir aucun témoin. Vous ferez ce que vous voulez – j’ai toujours été une sorte de paria, alors je suppose que ça ne changera pas grand-chose, n’est-ce pas ? »

Un léger sourire, voire même un petit rire presque triste. Oui, ça ne changera rien. Je le sais. Ma mort, ma survie, ma désertion, mon retour au village – il n’y aura personne pour me sourire sinon ces deux vieux imbéciles. Il n’y aura personne pour me pleurer – ils trouveront un autre orphelin, la guerre en fait généralement pléthore.

« Je n’ai qu’un service à demander, mais vous le connaissez déjà. Dites que je suis mort si vous retournez au village. Et si vous désirez venir avec moi… Lutter contre un système s’arrêtant à de jolies décorations pour enfermer les gens toujours et encore plus, d’un système prônant le mensonge et la dissimulation pour… Non. Je ne vais pas m’étendre à nouveau. Je n’ai pas même la force de transmettre la véhémence viscérale que je nourris vis-à-vis des mensonges de Kiri. Qui sait ? Peut-être nos chemins se croiseront encore. »

Et sur ces quelques paroles, j’attendais un bref instant de voir quelles seraient leurs réactions, avant de m’engouffrer dans la forêt du sud, espérant rejoindre la mer incessamment sous peu…

Derrière moi, le Jisetsu fût le premier à briser le silence. Il avait trop fatigué ses yeux et ceux-ci étaient injectés de sang. Cela devait être assez douloureux, aussi je ne répliquai pas, me contentant de faire une moue pour montrer ma déception. Ce n'était pas personnellement de lui que j'étais déçue, mais de la situation défavorable dans laquelle nous nous trouvions : la seule personne capable de pouvoir traquer la fillette n'était pas en état de conduire les recherches. Sans oublier qu'il avait été blessés plus tôt par le serpent, en plus d'avoir été projeté par la sauvage par son bras blessé. Quand à moi, je n'étais pas en meilleur état : ma jambe me faisais toujours souffrir malgré les soins apportés par Kaito, et je ne pouvais trop me reposer dessus sous peine de raviver la douleur. Alors partir en chasse à toute vitesse vers une enragée, pas pour moi merci. Je passerais mon tour pour aujourd'hui.

J'allais enchaîner avec la proposition de retourner au camp sur la plage, question qu'on debrief le plus rapidement aux autorités compétentes afin qu'elles mettent une équipe de recherche sur le cas de la fuyarde, mais Yuno fût plus raide que moi.

Pensez-vous que nous sommes toujours le même jour ? La guerre… Qu’en est-il ?

Je levai les yeux à mon tour vers le soleil qui allait bientôt se coucher derrières les monts du pays de la foudre. Effectivement, depuis combien de temps avions nous été enfermés dans cette crypte. Même si cela ne semblait faire que quelques heures, en réalité, avions nous passés plusieurs jours? Y existait-il une distortion entre le temps passé à l'intérieur de cet endroit, et le temps réel vécu à l'extérieur? Ce n'était pas des questions que je me serais posée habituellement, mais je comprenait que ces choses aient de l'importance aux yeux d'un membre du clan dont les pupilles pouvaient ouvrir des portails dans d'autres lieux, voir dans d'autres temps ?

Elle est certainement restée trop longtemps dans cette cage

Oh oui, et avoir su, je l'aurais laissée croupir encore plus longtemps, voir pour l'éternité. Avoir su la gratitude qu'elle éprouverait lors de sa libération et de ses remerciements bien sentis, je serais retournée illico presto au camp pour faire venir des shinobis expérimentés afin de maintenir la prisonnière captive entre nos mains.

Je ne reviendrais pas à Kiri.

Cette phrase me frappa au plus profond de mon être, au point où je n'écoutais plus le reste de son discours. Bien sûr, il l'avait dit plus tôt, mais tout au fond là-bas, ça ne comptait pas réellement, non? Nous étions en situation de crise, devant l'inconnu, à se demander à tout moment si le prochain pas était le dernier, si nous allions réussr à nous rendre en vie jusqu'au trésor, si nous pourrions sortir vivants de ce trou. La mort nous entourait, chaque mouvement chaque seconde nous entrainement inexorablement plus proche d'elle. Bien évidemment que des paroles insensés peuvent jaillir de nos esprits en ces moments de faiblesse ! Alors que le désespoir s'engouffrait au plus profond de notre âme, que se simples propositions, de simples fantasme viennent effleurer nos esprits, il n'y avait pas de quoi d'affoler. Ce qui se passe dans la crypte reste dans la crypte. Je n'aurais su tenir rigueur à Yuno des propos qu'il avait exprimés tout en bas dans la folie du moment. J'aurais tut toutes paroles ignobles prononcées, plaidé la surdité. N'importe quoi.

Mais là, c'était réel. Beaucoup trop réel. Sa décision était prise depuis bin longtemps, et ce qu'il avait dit dans ce trou n'était pas un accès de folie passager. Son esprit avait été clair pendant tout ce temps. Et pourtant, ce serait faux de dire que j'aurais du m'en douter. Comment aurais-je pu deviner? On m'avait placé dans une mission dangereuse avec un pur inconnu qui se révèle formenter des plans à l'encontre du bien-être de notre village.

J'eus envie de le tuer. Oui. En finir avec lui et sa misérable vie. Qu'il crève, ce chien. S'il ne souhaite pas vivre à Kiri, qu'il ne vive nulle part. N'avait-il pas compris qu'il serait un paria partout? Traqué par son village d'attache, utilisé par les autres pour connaître tous les secrets de la brume, il ne serait pas le bienvenue nulle part. Et bon sang, il n'était qu'un simple Genin, comme moi ! Il ne pourrait pas tenir un seul instant contre d'autres shinobis expérimentés, et ses yeux devaient avoir une valeur incommensurable. Comment pourra-t-il vivre sachant qu'il ne peut faire confiance en absolument personne? À se demander jour et nuit qui sera le prochain traître à lui planter un couteau dans le dos? Non, Il n'y avait qu'à Kiri qu'il trouverait protection sécurité et sérenité. Il ne pouvait pas partir.

Je mis la main un kunai dans mes vêtements lorsque le clou s'enfonça plus profondément.

Je suis désolé, mais je suis du même avis que Yuno-san

Ce n'était pas possible. Que le Jisetsu souhaite quitter soit. Mais lui? Kaito, qui avait dévoué sa vie à soigner les gens. Voilà qu'il voulait quitter aussi. Mais pour quoi? N'était-il pas heureux dans son hôpital avec ses parents ? Il pouvait soigner tout le monde là-bas, dans le bâtiment neuf tout juste reconstruit sur les décombres de l'ancien. La guerre allait lui apporter tout plein de blessés et il pourrait se faire un plaisir chaque jour à rafistoler tous ces gens. Il voulait faire quoi maintenant, soigner les gens sans distinction, mais distinction de quoi? Peut importe où il se trouverait, il devrait choisir un camp. Prendre la décision de soigner un tel et pas un tel. Pensait-il vraiment que le gazon était plus vert à coté et que les choses seraient différentes en quittant le village ? Que cherchait-il, et pourquoi cette soudaine envie de partir ?

« Non... vous... vous ne partez pas. » dis-je d'une voix tout d'abord mal assurée.

J'avais maintenant les deux mains sur mon kunai sorti, que je pointais à la fois sur l'un et sur l'autre. Oh, je n'étais sans doute pas très bien menaçante, surtout à la distance qui nous séparait maintenant que les deux autres s'étaient avancés vers la forêt, mais le fait était là.

« Je.. je ne vous laisserai pas partir comme ça.»

Je serrais les dents bien fort, me demandant si j'étais encore dans un rêve. Un effet pervers du passage vers la crypte? Il ne se pouvait pas que je me retrouve devant deux coéquipiers voulant déserter. Mais que pouvais-je faire seule contre deux, blessées et ayant presque tout épuisé mes réserves de chakra? Combien de temps pourrais-je tenir? Yuno devait être au même niveau que moi, mais Kaito était en bien meilleure forme. Je ne pouvais toutefois pas me résoudre à attaquer le médic-nin. Mais lui s'en prendrait-il à moi pour s'assurer de pouvoir quitter vers d'autres cieux?

« Nous rentrons à Kiri... ensemble. Tous les trois. Arrêtez vos conneries. » que je finis par cracher, les larmes aux yeux.

Je ne pouvais cacher la détresse qui s'était emparée de moi, elle transcendait mon être tout au complet. Cela ne pouvait pas être en train de se produire. Je ne pouvais assister impuissante au départ de mes compagnons.

Spoiler:

Je m’arrête une fraction de seconde, masquant le cruel sourire qui sépare en deux mes lèvres de voir le jeune médecin céder à mes arguments. C’est toujours les plus fragiles des fleurs que l’on cueille en premier, car soit elles se montreront capables de survivre de longues journées dans le flacon avec les bons soins, soit elles mourront les premières – ce qui serait déjà le cas si on les laissait à elles-mêmes. Reprenant l’air neutre et fatigué me travaillant tant, je me tourne doucement pour lui faire face et lui adresser un maigre sourire, partagé entre l’imaginée tristesse de le voir tout abandonner pour des idéaux qui ne sont pas les miens, et la joie de ne pas être seul à soi-disant penser ce dont le parle. Peut-être qu’à deux nous trouverons un chemin nouveau permettant d’atteindre des cieux plus lointains ?

C’est hélas un doux soupire qui me travaille lorsque la Samui s’oppose à nous, visiblement dénuée de toute motivation autre que l’obéissance absolue au village de la Brume. Quelle soigneuse laisse a été placée à son cou ou peut-être même… Quel moyen de chantage le village avait-il sur elle ? Toujours est-il qu’elle risque d’être le principal obstacle dans son opposition, à dire aux autres que nous avons désertés nous serons pourchassés dès que l’occasion se présentera, et ma fatigue est trop importante pour la tanner comme il se faudrait – sans compter que la tuer révèlerai toute l’hypocrisie d’une partie de mes propos à la petite fleur qui vient à peine de tomber entre mes mains. D’un geste se voulant partiellement chevaleresque – et il le faut bien, car en ayant accepté de me suivre le médecin a accepté ma protection – je me place entre la Samui et lui, écartant les mains autant que possible pour couvrir son corps du mien, lançant un regard désolé à la blonde garce venant de se réveiller à mille heures de l’annonce officielle.

« Et que fera Kiri si nous acceptons de revenir ? Elle nous exécutera tous les deux dans le meilleur des cas pour avoir tenu de tels propos. Certainement que même vous, pour n’avoir chercher à défaire les vérités qui s’imposaient à mes yeux, serez châtiée. Le regard d’un Jisetsu peut voir tout ce qui a déjà eu lieu, et nous n’y échapperons pas – après tout, nous avons échoué de remplir la mission pour laquelle le village a accepté d’entrer en guerre. L’échec ne pardonne pas. Il n’a jamais pardonné… Cette guerre a fait assez de victimes pour que nous n’y rajoutions pas nos noms, ne pensez-vous pas ? »

Tournant la tête d’un geste simple vers le médecin, je lui faisais signe de la tête et de la main pour qu’il continue la route, espérant qu’il choisisse de m’obéir.

« Lui comme moi… Nous sommes morts de toute façon. Avoir tenu de tels propos devant vous qui restez obnubilée par la force qui vous retient le village, qui refusez de voir le potentiel désastre des conséquences de nos actes… Vous êtes la seule à même de nous préserver. A avoir littéralement notre vie entre vos mains – et je ne compte pas vous priver de ce privilège. Moi, je sais que je n’aurai aucun plaisir à voir une victime de plus rallonger la liste de nos défunts. »

Oh que si. J’aimerai la voir mordre la poussière avec sa poitrine de catin, agoniser et supplier au dernier orgasme avant de se faire tordre la nuque comme la vulgaire merde qu’elle est… Mais cela ne changerait rien à la situation. En une seule personne, elle est la clef de savoir si Kiri pourra un jour ou non nous pourchasser. Un simple mensonge. Nous dire mort en mission. Ou alors nous suivre. Accepterait-elle ?

« Ne cherchez pas le combat… Nous sommes deux contre vous seule et nous n’avons tous les trois ni la force ni l’envie de combattre je pense. Alors pourquoi nous arrêter ? Nous ne voulons pas la fin de Kiri. Nous ne voulons du mal à personne. Nous acceptons de vivre une vie chienne à risquer d’être retrouvé à tout moment pour le simple intérêt de vivre notre vie comme nous l’entendons, libres. Que voyez-vous dans les villages et leurs distinctions, leurs guerres, leurs folies… Je ne le sais pas, mais je respecte votre vision. Je ne voulais forcer personne, corrompre personne, et moi-même… J’avoue être troublé par les découvertes d’aujourd’hui. J’ai… J’ai besoin de temps. D’un temps particulier que Kiri ne sera jamais capable de me donner. Votre imperméabilité est un atout majeur, mais pensez-vous que les démons de nos découvertes ne finiront jamais par se faufiler sous votre carapace ? Je… J’aimerai pouvoir en être aussi certain que vous, quelque part. Mais pas devant un village n’estimant la vie humaine que comme un objet. Pas une fois de plus dans cette situation si particulière et déplaisante. Suivre le système ne sert à rien – il trouvera toujours le moyen de mettre quelque chose ou quelqu’un au-dessus de nous pour imposer sa vision et se garantir notre obéissance. Et un jour… Un jour vous serez confrontée à ce même problème comme je le suis aujourd’hui. J’espère que vous vous souviendrez alors des mots d’un homme qui a offert sa vie à vos mains, même si cela signifie certainement les souiller avec son sang. »

Et sur ces dernières paroles cherchant à désarmer la jeune fille, je faisais volte-face pour partir sans la moindre appréhension, lui offrant de façon évidente mon dos si elle désirait attaquer et poignarder l’homme incapable de se défendre. Cela ne serait que la preuve supplémentaire de la folie rongeant Kiri et de toute façon… Elle était la seule maîtresse de notre vie et notre mort maintenant, et qu’importe la solution menant à notre mort qu’elle choisirait : c’est sur ses mains que sera notre sang.