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L'après midi dans la douceur de l'hiver ne me dissuadait pas d'ouvrir l'un des panneaux coulissants de la demeure pour me poser sur la terrasse de bois, un plaid autour des épaules, pour admirer la beauté des jardins Hayashi même en cette saison.

Mon regard bienveillant se posa un instant sur mon ventre désormais bien arrondi que ma main gratifia d'une certaine chaleur avant de reporter mon attention sur Maoh qui s'installa sur mes cuisses. Kihran vint à son tour s'asseoir à mes côtés, me faisant poser ma tête contre son épaule, sereine dans mon geste mais inquiète pour tout un tas d'autres raisons.

« Tu penses que ça se passera bien au conseil ? »

Il allait prochainement devoir légitimer sa place en tant que chef de clan et il était obligé que notre relation y soit mentionnée de manière peu favorable : cela aurait été naïf de ne pas le croire. J'étais une Gogyou. Nous avions longtemps été chassés pour notre nature qui effrayait tout autant qu'elle fascinait mais c'était surtout le nom de Makka qui résonnait lorsque l'on parlait de notre « espèce »... Konoha ne possédait pas cette vision étriquée mais c'était bien loin d'être le cas partout. Je ne voulais pas que ma relation avec Kihran lui gâche ses chances de reprendre le flambeau du clan.

Bien sûr, comme à son habitude, il chercha à me rassurer si bien que je laissais tomber cette conversation pour qu'il la gère par lui même. Néanmoins, ma main venait attraper la sienne pour lui assurer mon soutien et surtout pour lui rappeler une énième fois qu'il pouvait se confier si cela le pesait malgré tout.

Passant donc sur une note plus légère, je redressai la tête pour le couver d'un regard plein d'affection :

« Alors ? Une idée de prénom ? Il faut que l'on se décide à l'avance... Enfin à l'avance... on est peut-être même déjà un peu en retard. »

Plaisantais-je en observant la taille de mon ventre annonciateur que les choses ne tarderaient plus tellement.

Un garçon ou une fille ? Bien sûr que la question m'était déjà passée par la tête mais finalement ce n'était pas mon centre de préoccupation principal. Non. Ce qui occupait toute mes craintes c'était avant tout de savoir s'il serait gogyou et donc possiblement mortel pour quelques personnes présentent au moment de sa naissance... Pas le genre de questions que se posait une future mère lambda quoi...

Au tout début, je m'étais aussi demandée s'il m'était possible de me dématérialiser malgré tout mais j'avais vite oublié l'idée et n'avais pas utilisé cette faculté depuis l'annonce de la nouvelle. Un sceau avait même été posé sur mon abdomen pour brider une certaine quantité de mon chakra qui aurait pu être mauvaise pour le développement du bébé en se mélangeant au sien.
Je m'estimais déjà chanceuse qu'aucun problème ne se soit manifesté jusque là tellement tout ça semblait improbable.

Ma tête venait reposer une nouvelle fois contre l'épaule de Kihran, souriante à ce bilan.

« Nous sommes chanceux... »

Mon regard se tourna légèrement dans sa direction :

« D'ailleurs, nous devrions finir de préparer son arrivé, mmh ? »

Le bureau avait été déplacé dans la pièce qui servait auparavant de chambre d'ami pour que la sienne se trouve juste à côté de la nôtre. Pour le reste, tout restait encore a faire...

Spoiler:

J'attrapai la tasse de thé chaude entre mes mains pour me les réchauffer tout en répondant à Kihran :

« J'ai aussi quelques pistes. »

Un prénom suivait une personne toute sa vie, c'était une décision importante et compliquée à la fois. Il nous fallait prendre le temps d'y penser.

Lorsqu'il parla de fabriquer le berceau un grand sourire se dessina sur mes lèvres, imaginant déjà l’œuvre d'art.

« J'en pense que c'est une super idée ! »

Il aurait un berceau unique façonné par les mains de son papa !
Quant à moi... ce n'était pas comme si mes dons m'étaient utiles en quoi que ce soit pour la décoration... Du moins pas mes dons suiton en tout cas.

« J'imaginais une décoration assez sobre puisque l'on ne connaît pas son sexe. Quelque chose d'épuré, simple et le mobilier en bois évidemment ! »

Je lui adressais un nouveau sourire à cette remarque.
Il n'était pas question d'une décoration trop lourde avec pleins de couleurs : quelques unes de manière très légère sur des tons pastels seraient suffisant. Quelque chose de nature et chaleureux : qui nous ressemblait quoi.

« Je pensais peindre une grande toile pour l'accrocher dans la chambre mais je manque d'inspiration... J'avais imaginé un paysage fleuri ou un truc dans ce goût là puisque les plantes sont mauvaises dans les chambres. »

Étant donné que ça prenait de l'oxygène.

« C'est un peu classique... mais qu'est-ce que tu penses d'une représentation du Grand Arbre, tout en fleur et sur la propre branche du bébé un bourgeon …? »

Puisqu'il ou elle aurait aussi la sienne.
J'essayais de me représenter l'idée et n'en était pas totalement convaincue... c'était à peaufiner même si l'idée me semblait assez symbolique.
Ayant fini mon thé, je me levai non sans mal et me dirigeai avec Kihran jusqu'à l'ancien bureau qui serait désormais la chambre du bébé, pour essayer de mieux visualiser les choses.

« On pourrait mettre le berceau par là , reposant sur un petit tapis, et puis le tableau sur ce mur... »

Je partais dans mon idée de configuration pour connaître sa propre opinion avant d'ajouter :

« Ou bien on peut simplement acheter et fabriquer les meubles et voir comment on les dispose une fois qu'on les aura ! »

C'était bien aussi !
Je n'étais pas du genre a vouloir me prendre la tête pour ce genre de futilité et j'étais certaine que Kihran serait du même avis. La spontanéité était aussi quelque chose qui me caractérisait.

Parfois, il me prenait à penser à quoi ressemblait ma vie avant Kihran mais finalement, je n'en avais que peu de souvenir puisqu'il en avait fait parti depuis pratiquement toujours. C'était mon premier ami, mon meilleur ami, aujourd'hui mon fiancé et bientôt le père de l'enfant que je n'avais jamais imaginé avoir.
Tout était plein de surprises avec lui : que ce soit son courage étant enfant pour ne pas avoir fuit en voyant ma particularité d'élémentaire, cette petite racine flétrie qu'il avait créer et qui était censée être un grand chêne, ses fous rire lorsque je me ridiculisais ou encore son soutien dans toutes les épreuves diverses et variées que l'on avaient pu rencontrer, il avait toujours été là avec moi dans les bons comme les mauvais moments.

Et alors que je pensais à tout cela, je le regardais intensément, souriante, heureuse.
Cette famille que nous construisions était une raison supplémentaire pour nous battre pour la sécurité et la protection de notre nation plus ardemment encore.

J'avais passé pratiquement la totalité de la journée sur la toile que je voulais faire pour orner la chambre du bébé. D'abord des esquisses sur papier pour retranscrire mes idées puis pas mal de gommage, de feuilles froissées car je n'arrivais pas a dessiner ce que je voulais jusqu'à finalement y parvenir après une bonne heure ou deux laborieuses.

Le pinceau se déplaçait de part et d'autre de la grande toile, changeant régulièrement de couleur dans des teintes différentes pour en faire jouer les contrastes, les ombres et la lumière.
Mes derniers dessins avaient été des portraits et ma dernière peinture remontait à longtemps... Une certaine anxiété s'emparait de moi au moment même où j'avais commencé à me mettre à l’œuvre : il n'était pas question de rater. La pression était d'autant plus forte que je voulais représenter le Grand Arbre Hayashi, vénéré et protégé. Tout un symbole donc que je ne voulais pas bafouer.

Je m'appliquais donc, prenant le temps de dessiner les différentes parties une à une. D'abord le haut puis le bas en effet miroir à travers le reflet d'une rivière souhaitant également y lier la présence de mon élément. Un reflet qui ne renvoyait pas l'Arbre à l'instant présent mais sous l'effet du temps défilant.

J'ajoutai ensuite de la profondeur, des effets de reliefs pour gagner en perspective. Beaucoup de détails furent à peaufiner et lorsque j'eus fini après plusieurs heures, j'observai le résultat tout en m'essuyant les mains sur un chiffon avec une certaine fierté. J'étais parvenue à retranscrire ce que je voulais.

J'attendais qu'il sèche, rangeant le matériel et lavant mes mains bien que certaines tâches de peintures y restaient, tout comme sur mes vêtements auxquels je ne tenais que peu et mis exprès pour l'occasion. Après quoi, je montais dans la chambre dans laquelle j'avais déjà disposé quelques meubles que l'on avait acheté ou que la famille de Kihran avait fabriqué. Un petit tapis blanc trônait dans un coin de la pièce, attendant le berceau que j'avais moi aussi hâte de voir. Je redisposais certains éléments, heureuse du côté cosy que la décoration procurait.

Plus tard, lorsque la peinture fut sèche, je transportai le tableau jusque devant le pan de mur où je l'y accrochai : au dessus de là où se trouverait le berceau. Je me reculai finalement de quelques pas, et admirai le résultat, pleinement satisfaite.

Tableau de Yell:

Ce fut à ce moment là que Kihran et Rioko arrivèrent avec le berceau qui était un véritable travail d'orfèvre. Je m'approchai d'eux pour mieux l'observer alors qu'ils le déposèrent au sol, un grand sourire aux lèvres avant de me tourner vers ma moitié :

« Il est magnifique ! »

Plus beau encore que ce que j'avais imaginé et pourtant je connaissais le talent de Kihran. J'en détaillai les finitions du bout des doigts, faisant le tour pour mieux apprécier le chef d’œuvre avant de me réfugier dans les bras de son artisan. Tout du moins du mieux que je le pus car mon ventre arrondi se montrait « un peu » envahissant.
Le petit lit était là avec son minuscule matelas. La future chambre était prête : il ne manquait plus qu'elle ou lui...

Je me reculai ensuite, me mordillant légèrement la lèvre et me tournai vers le duo fraternel tout en indiquant de la tête mon tableau - au cas où ils ne l'avaient pas encore remarqué malgré sa taille - nerveuse de ne pas avoir été à la hauteur pour représenter ce symbole qu'était le Grand Arbre... Les avis Hayashi seraient plus objectifs que le mien.

« Alors ? … Qu'est-ce que vous en pensez ? Vous aimez ? ... »

Verdict ?

Un instant de silence, une appréhension, et puis finalement le soulagement. Je craignais de ne pas avoir su retranscrire la symbolique et l'importance du Grand Arbre, blasphémant par la même occasion l'entité essentielle qu'il représentait pour les Hayashi. Je fus ravie d'entendre le contraire au creux de mon oreille, enserrant Kihran à nouveau tout en adressant un sourire à Rioko pour la remercier.

Lorsque cette dernière quitta la pièce, son frère regarda la chambre dans son entièreté d'un air rêveur tout en clamant son impatience de se retrouver à trois. J'étirai un sourire chaleureux et posai ma tête contre son épaule alors que ma main rejoigna la sienne sur mon ventre arrondi.

« Bientôt... »

Murmurai-je.
Il restait encore un peu de temps en principe mais tout pouvait arriver... Après tout nous n'avions aucune idée de comment ma nature élémentaire allait réagir. Pour le moment cela se soldait simplement par la présence d'un sceau sur mon abdomen pour limiter mon flux de chakra mais est-ce que cela se maintiendrait comme ça jusqu'à la fin ? Est-ce que la naissance serait prématurée ? Rien ne pouvait vraiment le dire même si c'était effectivement ce que pensait Rin-sensei.
Qu'importe finalement tant que tout se passait bien et que notre bébé se portait bien.

 Tu arrives à t'en rendre compte ? C'est moi qui le porte et pourtant ça me paraît encore abstrait. Comme-ci je n'arrivais pas vraiment a réaliser qu'il/elle sera bientôt avec nous. »

J'avais beau sentir des petits coups, je ne réalisais pas que notre bébé serait un jour avec nous, en dehors de mon ventre. Peut-être parce que je n'étais pas censée connaître cette chance et que ça ne m'avait jamais traversé l'esprit d'avoir la possibilité de la vivre...

« D'ici quelques années, ce sera elle ou lui qui rencontrera son ou sa meilleur(e) ami(e) ! »

Lui glissai-je dans un sourire amusé.
C'était comme ça que tout avait commencé pour nous et même si nous étions désormais ensemble, fiancés et bientôt parents, cela ne changeait en rien cette complicité de meilleurs amis que nous avions toujours eux. Deux éternels chamailleurs blagueurs et grands enfants à nos heures perdues. Même si ces instants se faisaient plus rares avec nos responsabilités respectives ça ne se perdait pas.

« Papa laissera-t-il sa princesse – si toutefois ça en est une - se faire un meilleur ami ? »

En sachant comment cela pourrait se finir en nous prenant directement comme exemple ?
Je le taquinais, appréciant à sa juste valeur son expression.