Trois jours... Trois jours à peine que Kim avait posé le pied sur le continent et déjà la diversité des paysages qu'il avait rencontré ne lui laissait plus aucun doute sur la grandeur de l'Empire. Et dire qu'il ne s'agissait là que d'une infime partie de tous les pays et de toutes les nations sur lesquels s'étendait sa domination. Quel monstre, quel golem ! Une telle vérité ne pouvait manquer de troubler un esprit aussi profondément spéculatif que celui du jeune shinobi. En quelques jours c'était le monde tout entier qui s'était agrandi à ses yeux, alors que sa patrie elle lui semblait à présent irrémédiablement amoindrie. Il la voyait à présent pour ce qu'elle était ; un confetti, une dentelle d'empire ballottée par les vents capricieux de l'histoire. En revanche, s'il y avait bien une chose qu'il lui restait impossible à admettre, c'était que ces débris de peuples qui habitaient le Shukai fussent en quoi que ce soit ses compatriotes. Quoi de plus éloigné d'un insulaire comme lui que ces hommes à demi sauvages du Kusa qui vivaient dans la forêt, ne se donnaient même pas la peine de construire de villes et qui par dessus le marché semblaient déterminés à l'entuber à chaque fois qu'il lui prenait l'envie d'acheter ne serait-ce qu'une bouteille d'eau dans leurs satanés forums.

* Et dire que des Jisetsu sont venus s'installer jusqu'ici. Faut pas être net *

D'un geste du bras il écarta la branche que son guide venait de lui envoyer au visage alors qu'ils progressaient tant bien que mal dans cette inextricable végétation. Combien de temps allait-il devoir encore marcher dans cette foutue jungle ?! S'il en avait un jour douté, Kim pouvait à présent être sûr qu'il n'était pas fait pour les climats tropicaux. Même en bermuda-t-shirt, il suait à grosses gouttes de tous les pores de sa peau et l'humidité de l'air l'empêchait de reprendre normalement son souffle. La faune elle même le mettait au supplice. Moustiques, sangsues, fourmis rouges, rien ne lui avait été épargné depuis qu'il avait passé le fleuve Shoutai. C'est les délices de la vie de ninja comme aurait dit son père en pareille situation. Alors qu'il s'appliquait consciencieusement à l'insulter, le shinobi fut interrompu par son guide indigène.

" Hey, je t'ai dit que je te paierai quand on sera arrivé ! Arrêtez d'essayer tous de me la mettre bordel, t'auras pas un centime de plus. "

Ne prêtant pas la moindre attention à ses avertissements l'homme le pris par l'épaule et l'amena jusqu'à l'endroit où il s'était trouvé quelques instants auparavant. Du doigt il lui montra une clairière le long de laquelle s'étendait ce qui semblait être un camp militaire.

" C'est là ? Nom de Dieu, je croyais qu'on y arriverait jamais. Tiens voilà, comme convenu. "

Il sortit de sa poche une petite liasse de billets qu'il remit sans les compter au Kusajin, qui lui les recompta avec attention avant de disparaitre sans un mot.

* Sympa... *

Sachant qu'il risquait fort de rencontrer des gens d'importances, le jeune Jisetsu prit un instant pour essayer de se rendre présentable. Il épousseta consciencieusement son bermuda kaki mais se rendit vite compte qu'il ne pourrait rien ni pour son t-shirt plein de sueur, ni pour ses baskets boueuses. Dépité, il s'engagea malgré tout dans la clairière et s'adressa au premier soldat qui passa à sa portée.

" Salut ! Je viens de Kirigakure - il tapota le bandeau frappé aux armes du village qui pendait à sa ceinture - spécialement pour rencontrer votre... euh, le seigneur de guerre. "

S'en suivit un long silence qui le laissa profondément perplexe. Il s'apprêtait à répéter ce qu'il venait de dire quand enfin il réalise qu'il avait oublié quelque chose. Il ouvrit donc son sac à dos et le fouilla durant un instant qui, au vu du ridicule de la situation, lui sembla une éternité.

" Où est-ce que j'ai mis cette saloperie de... AH VOILA ! Il en tira finalement une enveloppe cachetée qui malgré l'usure du voyage était restée scellée. J'ai une lettre à lui remettre. "

Il se garda bien de préciser qu'il en connaissait le contenu et qu'il ne s'agissait de rien de moins que d'une lettre de recommandation en bonne et dû forme à l'endroit du maître des lieux.

Kim fut surpris par l'intervention d'Asuka. Son guide l'avait conduit droit au cœur nucléaire du dispositif d'occupation militaire du Kusa. Qu'un étranger puisse ainsi y accéder après avoir traversé de long en large le pays, voilà qui avait de quoi laisser songeur, d'autant qu'il n'avait depuis son arrivée pas subi le moindre contrôle. Enfin, puisque son apparition en plein milieu du camp ne semblait pas émouvoir outre mesure la maitresse des lieux, qui était-il pour trouver à y redire ? Il l'observa un instant. C'était donc elle la "fausse Jisetsu". Elle dégageait l'assurance des gens habitués à se faire obéir sans discuter. D'ailleurs, le ton péremptoire qu'elle semblait utiliser comme moyen standard de communication le fit douter un instant de l'identité de son interlocutrice, tant il tranchait singulièrement avec le naturel hâbleur et discutailleur des membres du clan. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'avait pas l'air d'être particulièrement du genre à débattre métaphysique. Son bodylangage laissait au contraire deviner une personne énergique, directe et surtout profondément honnête. Qualité qui, chez une personne auprès de laquelle on se destine à passer une partie de son existence, ne saurait être trop appréciée.

« C'est rare que l'un des nôtres nous rejoigne ces temps-ci. La plupart des Jisetsu qui ont refusé de rejoindre le continent sont pas vraiment... enclins à changer d'avis. »

« C'est peut-être parce qu'on ne m'a pas demandé le mien à l'époque. »

En effet, encore sous la tutelle de ses parents lors du schisme, le shinobi n'avait pas eu voix au chapitre. En revanche s'il l'avait eu, il est certain qu'il n'aurait pas suivi Demon et ses partisans. Exilés dans un pays où ils n'avaient aucune attache, ils étaient condamnés à servir les autorités impériales pour pouvoir s'y maintenir. Au moindre sursaut nationaliste, ils seraient épurés en même temps que leurs maîtres par des populations qui auront d'autant peu de pitié qu'elles n'auront jamais rien entretenu d'autre avec eux que des rapports de subordination. Tout ça fleurait bon le génocide. Chose qu'il était en revanche beaucoup plus difficile à concevoir en Mizu, tant les attaches du clan y étaient fortes et ses rapports de clientèles anciens.

* Mais bon, ça elle n'a pas besoin de le savoir * se dit-il en lui rendant sa poignée de main.

« Mais ce que me dit pas ce papelard, c'est le fond du projet, Kim. Tu es là pour quoi, au fond, hm ? Juste t'entraîner ? Devenir meilleur ? Tu as fait ces milliers de bornes juste pour ça ? On est réputé ici c'est vrai mais... y a quelque chose que tu me dis pas. »

Droit au but, ça en revanche c'était typiquement Jisetsu. Lui non plus n'était pas particulièrement alaise avec les conventions sociales.

« Je ne savais pas que les Jisetsu avaient besoin d'excuses pour apprendre de nouvelles choses. »

Son visage se fendit d'un petit sourire ironique. En temps normal il en serait resté là, après tout, tout seigneur de guerre qu'elle était, au sein de leur clan sa voie ne valait pas plus que la sienne et c'était pas un galon ou un titre de délégué qui allaient changer ça. Mais il y avait visiblement une méprise sur ses intentions qu'il avait à cœur de dissiper. « On est réputé ici ». Ces mots l'avaient glacé. Asuka se trompait bien lourdement si elle pensait qu'il avait fait tout ce chemin pour avoir la "chance" de se mêler à la bande de babouins Kusajin à laquelle elle apprenait à faire des galipettes pour impressionner l'Empereur. S'il était là c'était pour elle et pour personne d'autre.

« Pour être honnête, si j'ai fait des pieds et des mains pour obtenir cette recommandation c'est pour recevoir ton enseignement. Transmettre le savoir que nous avons reçu des générations qui nous ont précédés et étoffé au cours de nos existences, n'est pas un service que nous décidons, comme ça, de rendre en fonction de notre bon vouloir ; c'est notre devoir envers la vérité. Je suis là parce que contrairement à une partie du clan, je pense que tu le comprends et que tu ne prendras pas cette tache à la légère. Tu es ma sœur et j'ai foi en toi plus qu'en le Shukai ou le Mizukage. Je sais que tu m'aideras à trouver ma voie. »

« Si tu comptais sur moi pour te donner un but, je sais pas vraiment si tu es venu "toquer à la bonne porte" si tu vois ce que je veux dire. »

Il avait peur de trop de bien comprendre... Asuka, seigneur de guerre du Kusan, malgré tout ce qu'elle avait pu vivre et accomplir, n'était au final pas plus avancée que lui. C'est comme si la connaissance et le recul sur le monde propre à leur clan, les empêchaient d'embrasser sérieusement une cause. Comment pouvaient-ils s'abandonner en conscience à quelque chose d'aussi relatif et surtout éphémère ? Aucun Jisetsu digne de ce nom ne pouvait concevoir une telle mutilation de la vérité sans en éprouver un irrépressible dégout. Peut-être était-ce leur malédiction... Une vie de soldats sans bannière, condamnés à mourir pour une cause à laquelle ils ne croient pas. Au fond, pourquoi combattait-elle pour le Shukai ? Surement pas pour ces fadaises de « paix universelle », non. La réponse était bien plus simple, bien plus terre à terre ; pour manger. On peut prendre le problème dans le sens qu'on veut, au final c'est ce que vaut une vie sans idéal ; un repas, ni plus, ni moins. Si elle était née après, c'est pour Kiri qu'elle se battrait, si elle était née ailleurs, ce serait pour un autre maître.

Malgré la bataille qu'on livre demain,
Ça, faisons ripaille, charmante catin ;
Attendant la gloire, prenons le plaisir,
Sans lire au grimoire du sombre avenir.

Kim repensa à ce vers des temps anciens. Aucun autre ne parlait plus à son cœur. Oh oui il les prendrait les plaisirs, il les épuiserait jusqu'au dernier ! Jusqu'à la prochaine guerre... Enfin, pour l'instant tout ce qu'il faisait c'était de suivre un petit cul. Celui de la femme qui tenait son avenir entre ses mains. Un qu'il n'était pas près de prendre en somme. D'un pas énergique elle le guida hors du camp, à travers un petit sentier de terre mal dessiné qui longeait la jungle. Le chant des oiseaux tropicaux s'y faisait entendre comme les percutions frénétiques d'un enfant sur un xylophone. Quelle étrange nature que celle de ce pays. Tout y semblait plus grossier, moins abouti que sous les latitudes tempérées. Plus robuste aussi, plus vivace... La compétition que la vie, ici, s'imposait à elle-même ne laissait pas de place pour les organismes amoindris. Le jeune Kirijin que l’étouffante chaleur mettait au supplice, s'y sentait particulièrement mal alaise. Son regard ne cessait de loucher sur les épaules dénudées d'Asuka qui, sous l'écrasant soleil du Kusan, brillaient d'une pâleur délicieuse. Elles devaient être douces et fraiches, peut-être même sucrées. Si seulement il pouvait... les lécher !

* Putain mais qu'est-ce qui m'arrive !! C'est le soleil ? Allez reprend toi, on joue gros sur ce coup *

Enfin il arrivèrent en vue d'un imposant forum entouré de colonnades qui, bien que d'apparence relativement récentes, était déjà largement attaqué par la végétation. Ils passèrent sous une première arche, puis une seconde et débouchèrent sur ce qui ressemblait à un gymnase couvert dont le sol était en terre battue. Ça et là, des zones plus sombres laissées deviner la rudesse des entrainements passés. Il regarda la Shukaijin d'un air interrogateur. Qu'allait-elle bien pouvoir lui demander de faire ? Une démonstration de ninjutsu ? Un combat ? Des tours de stade ? L'adrénaline commençait déjà à lui taper les tempes. Une occasion comme celle-ci était presque inespérée si tôt dans sa carrière de shinobi. S'il la ratait il pouvait bien avoir pour des années avant de revoir un tel alignement des planètes.

Kim sentit une douleur colossale parcourir sur son flan droit. Sans prévenir, ses pieds quittèrent le sol et il fut propulser de l'autre côté de la salle. La violence du choc lui avait littéralement coupée le souffle et il lui fallut quelques instants avant de pouvoir reprendre une respiration normale. La vitesse et la puissance d'Asuka étaient tout bonnement stupéfiantes. Il n'en attendait pas moins d'une shinobi de son niveau, mais la théorie c'est une chose, les tatanes dans les cotes c'en est une autre... L'heure n'était clairement plus aux amabilités. Le ton complaisant que la jeune femme avait adopté depuis son arrivé avait fait place un pur rapport de domination. Le Jisetsu était à présent en sa possession et elle se comportait avec lui comme s'il s'agissait de tester de la robustesse d'un nouvel outil. Outil auquel elle se ferait un plaisir de faire payer son absence le Kinnegan. A ce sujet là, ses attentes semblaient d'ailleurs assez élevées.

* On voit bien qu'elle sait pas ce que c'est. J'aimerai bien l'y voir ! *

En réalité Kim était encore loin de pouvoir prétendre ne serait-ce qu'à la maitrise du premier stade du Dojutsu. Oui plusieurs fois déjà ses pupilles s'étaient activées, mais jamais sous son plein contrôle. Ca avait été plus des accidents qu'autre chose, à tel point qu'il aurait été bien incapable de donner satisfaction au seigneur de guerre, quand bien même sa vie en dépendrait. Il songea d'abord à lui lancer une réponse cinglante, avant de se raviser. S'il aspirait à devenir son élève, il devait lui montrer qu'il pouvait être un soutien et non un sujet de complexes ou un élément contestataire.

« Je l'ai déjà utilisé mais je ne maitrise pas son déclenchement. »

Il ne voyait pas trop quoi dire de plus sans baisser son froc ou être inutilement agressif. Il n'était plus temps de montrer sa combativité par des mots mais sur le près. Là où on ne peut pas mentir, là où ne peut plus leurrer. Il leva ses bras devant son visage et se mis en garde.

Garde :

L'adversaire du jour le dépassait dans tous les domaines du combat ; plus technique, plus rapide, plus puissant, plus expérimenté... Son seul avantage pouvait résider dans l'effet de surprise. Et encore, un qu'il fallait créer de toutes pièces. Ils étaient dans une salle fermée, sans aspérité et son genjutsu laissait même plus à désirer que son Dojutsu. Comment diable allait-il pouvoir la surprendre ? En tout cas pas en ce montrant indécis. Le Kirijin s'avança vers son adversaire. Il commença par lui tourner autour, un, deux coups d’allonges. Pas de réponse. Visiblement elle se contentait de défendre en attendant d'avoir une ouverture pour le contrer.

* Ok, il faut que je lui propose un contre évident *

Brusquement il casse la distance. Droite, gauche, coup de coude du droit en direction du visage. Esquive d'Asuka qui le saisit et lui assène un violent coup de genou au thorax qui amène le shinobi au sol. Bien qu'il s'y soit préparé, l'attaque fut difficile à encaisser. Durant un long moment il fut incapable de remplir ses poumons d'air. Mais l'important n'était pas là, il venait de se créer une ouverture et il comptait pleinement exploiter. Le pied gauche de la « sans pupille » était maintenant à quelques centimètres de son visage. Il lui envoya son poing de toutes ses forces... sans succès. Son offensive, pourtant à bout portant, fut esquivée avec une rapidité absolument saisissante. Avant qu'il ne comprenne où il était parti, le pied lui revint en plein visage, l'envoyant valdinguer de l'autre côté du terrain.

* Bordel, mais c'est quoi ce monstre ? *

Même avec toute la ruse et la fourberie du monde, ce combat semblait bien impossible à gagner. Kim se releva pourtant. Ce n'est pas le combat qu'il cherchait à gagner mais le respect de son adversaire. Dans son poing gauche il serrait un peu de la terre battue qu'Asuka venait de lui faire manger. A nouveau il se lança à l'attaque, cette fois plus brutalement. Gauche, high kick du droit, l'enchainement était déjà bloqué. C'était le moment ! Il lança au visage de la Shukaijin la terre qu'il avait dans la main. Celle-ci ferma les yeux une fractions de seconde. Gauche, bloquée ! Il arma son bras droit pour lui asséner un crochet, mais déjà la garde de la jeune femme était remontée. C'était surement ça dernière chance de la toucher à la faveur d'un petit stratagème, aussi il n'hésita pas. Au lieu de lancer son coup, il se saisit du bras gauche de son adversaire, l'écarta, et envoya sa tête comme un boulet de canon dans le troue qu'il venait de s'ouvrir.

Kim sentit son crâne se heurter à un mur. La violence du choc le propulsa en arrière comme un pantin désarticulé. Tout de suite il essaya de se relever pour se remettre en garde, mais le sol se déroba sous ses pieds. Son corps tout entier lui était devenu étranger, comme si son système nerveux s'était arrêté de fonctionner. Sa vision s'était troublée et chaque bouffée d'oxygène lui réclamait un véritable effort. Déjà il sentait l'ombre d'Asuka planait au dessus de lui, prête à fondre comme un oiseau de proie. Jamais de sa vie il ne s'était senti aussi impuissant.

- Non mais tu t'es cru dans la cour de récré ou quoi ?! Si t'es pas capable de continuer à te battre comme un homme tu vas te barrer vite fait ! Allez relève-toi !

Facile à dire quand on surclasse son adversaire dans tous les domaines. Qu'était-il censé faire, se jeter stupidement contre ses défenses ? Le Kirijin se crispa dans ultime effort pour reprendre le contrôle de ses membres. La tête lui tournait encore mais il parvint à se relever avec la raideur d'un automate. Remontant sa garde, il lança à sa congénère un sourire de défi.

« Tu trouves que je me bat comme une femme ? »

La réponse ne se fit pas attendre. Un torrent de coups s’abattit sur le jeune shinobi. La vitesse des enchainements ne lui laissait pas la moindre possibilité d'esquiver ou de contrer. C'était une véritable correction. Quel était le sens de tout ça ? Que voulait-elle à lui faire comprendre ? Oui son taijutsu n'arrivait pas à la cheville du sien, mais ça c'était pas une découverte. Était-ce sa volonté que ses poings cherchaient à atteindre ? Voulait-elle en faire une loque, un être brisé et servile, facile à contrôler ? Kim sentit la colère lui retourner les entrailles.

* Salope ! *

Il lança sa jambe en avant mais fut immédiatement sanctionné d'un coup dans les cotes. La douleur le rendait ivre, il se sentait comme un animal pris au piège. Non, il ne voulait pas mourir, pas ici, pas de cette façon ! Il ne se laisserait pas voler sa vie, par personne. Au moment où il s’apprêtait à lancer une nouvelle attaque pour se dégager de l’étreinte de la Jisetsu, il entendit un long chuintement. Le chuintement d'une lame qui sort de son fourreau. Son sang se glaçât. Asuka venait de dégainer un sabre. Un magnifique sabre dont elle fit danser le tranchant sous ses yeux. Le Kirijin se pétrifiât devant cette apparition. A mesure que cette dernière se rapprochait de son visage, il sentait la peur remonter le long de son échine. Une peur primaire, bestiale. Il voulait s'enfoncer dans le sol, courir, hurler à la mort. Il ne pouvait pas partir là, maintenant. Il n'était pas prêt ! Peut-être qu'il n'y avait plus rien après, juste le néant. Comment pouvait-il se faire si vite à cette idée ? Non, il lui fallait du temps, plus de temps.

* Arrêtes, pitié... *

Soudain, une vague de chaleur se répandit à travers son corps. Elle irradiait avec la puissance d'un, non de deux soleils. Deux soleils qui remontaient avec une rapidité folle le long de son torse pour venir s'écraser contre ses paupières. Il poussa un ultime cri de douleur. Ca y est, c'était passé. Il ouvrit les yeux, juste à temps pour voir la lame mortelle s'avancer vers son visage. Mais bizarrement, sa progression était assez... lente. Asuka cherchait-elle à jouer avec sa proie, comme un chat avec une souris ? D'un geste de la tête il évita l'attaque.

- Bon, on avance, maintenant.... Agrippe-toi à ces yeux et on enchaîne ! 

« Ces yeux » ? Le Kinnegan, il s'était activé ! Avant même qu'il ait le temps de comprendre le pourquoi du comment, son adversaire repassa à l'attaque. Les coups de sabres fusaient dans tout les sens, mais cette fois il arrivait à les voir venir. Il se fendait en esquives tantôt à gauche, tantôt à droite. Tout lui semblait limpide ; les pas d'Asuka, la contraction de ses muscles, le placement de son bassin... C'est comme s'il avait sorti la tête de l'eau et qu'il percevait à présent chacune des ondulations qui en déformaient la surface. Cette fois il en était sûr, la prochaine faille que laisserait le seigneur de guerre lui serait fatale. Il réfléchit un instant. Pour ranger son sabre dans son fourreau elle aurait besoin d'au moins une de ses mains. C'est à ce moment qu'il passerait à l'offensive. Il comptait bien lui faire payer le sale tour qu'elle venait de lui jouer.