Nous voilà dans de beaux draps. Milly ne répond plus à aucun appel, les courriers s’accumulent et je suis toute seule pour gérer tout ce merdier. Sympa le boulot, n’est-ce pas ? Faire confiance à une Kaguya, nan mais je vous jure … Bon procédons par étape. Tout ce qui n’est pas important, hop dans un coin. Ça c’est quoi ? De la pub, putain ils font chier avec cette connerie. Quoi que, une pizza géante à prix réduit, livraison offerte ? Mouais, bon le reste ça file à la poubelle.
C’est mine de rien beaucoup de travail, de gérer une entreprise de chasseurs de prime, même si ces derniers sont pas mal en autorégulation. La première priorité aujourd’hui serait d’aller discuter avec la responsable du Kyomu. Parce que bon, c’est bien sympa de voir sans arrêt une partie de nos recettes leur revenir, mais on n’est pas des pigeons non plus.

Allant faire un tour dans le bureau de la patronne aux abonnées absentes, j’ai pu découvrir également des détails intéressants. Des notes sur diverses personnes, et en majorité sur un certain Yogan Yusei. Ce serait son petit ami ? Difficile à imaginer quand on sait de quel bord est madame. Mais pourquoi garder l’avis de recherche le concernant pour elle ? Tss, mademoiselle Milly vous êtes beaucoup trop sentimental. Et les sentiments c’est très mauvais pour les affaires. Tiens des notes sur Saibogu Red ? Une prétendante ? Ah mais non, ce nom je l’ai déjà vue quelque part … Gardons cette info pour plus tard.
Je récupérai ce dont j’avais besoin, enfermai le tout dans une petite mallette scellée après coup, fermai chaque bureau et confiai les directives à la personne qui me suppléait. Un homme d’une trentaine d’année, maladroit comme pas possible mais gentil, trop gentil. La preuve il m’apporte mon café tous les matins avant même que je n’ai besoin de lui demander, avec la bonne dose de sucre et même une cuillère. Si ce n’est pas adorable ça.

Bref, je pris la direction du casino flambant neuf du Kyomu, à toutes justes quatre rues du Sikari. L’adresse n’était pas bien difficile à trouver, je vous l’ai dis, une partie de notre argent part dans leurs poches.
Ouah, sympa la déco du bâtiment. Un peut-être un peu trop de paillette, mais l’ensemble rend vraiment chouette. C’est en arrivant devant qu’on visualise à quel point cette organisation que la moitié du monde considère comme terroriste, gagne en puissance et en influence.
En entrant je fus accueillis par des gardes battis comme des armoires à glace, chargés de faire la sécurité et vérifier le contenu des sacs. Je me présentai au gorille qui me faisait face.

« S’il vous plait monsieur ? Puis-je prendre rendez-vous avec la responsable de cet établissement ?
- Nop.
- Qui dois-je voir pour ceci alors ?
- Moi.
- Fort bien, alors appeler votre responsable.
- Nop. »

Embêtant … Bon, noyons-nous dans la foule, et hop de l’autre côté. La téléportation c’est quand même pratique. Bien, trouvons quelqu’un d’un peu plus serviable.

« Excusez-moi monsieur ? Puis-je prendre rendez-vous avec la responsable de cet établissement ? » Demandai-je à ce qui ressemblait à un responsable des machines à sous derrière lui.
« Qui êtes-vous madame ?
- Masami Emi. Une cliente toute particulière, pour une affaire très particulière. Voyez-vous ? »

Je lui présentai l’écusson du Sikari. Il acquiesça de la tête et s’écarta un instant, avant de revenir et me demander d’attendre ici. Je patientai donc, observant les alentours calmement.

Certain ne voient des étoiles que dans le ciel nocturne alors que parfois, plutôt que de lever les yeux, il suffit de regarder devant soit pour voir tout autant de merveilles. Le Devil Shine était l'une d'elle et resplendissait de tout autant d'éclats. Depuis sa réouverture les affaires du Casino allait de bon train. Red, en parfaite petite directrice, y avait personnellement veillé. Les travaux de construction et de rénovation n'étaient pas encore entièrement achevé, mais l'essentiel y était afin que chaque visiteur ressente au fond de lui toute la « magie » des lieux. D'innombrables lumières disposés de façon organisé enveloppait l'établissement dans cet halo de lumière caractéristique de tout ce qui attrait au faste et à la luxure. Chaque pièce, du sol au plafond en passant par les murs, avait été soigneusement agencé dans ce principe. Tapis rouges, colonne sculptée, sol en damier miroitant, espace ouvert, fontaine à la clameur cristalline, il ne fallait pas lésiner sur les moyens pour satisfaire les standards de la clientèle et Red savait ce qui était bon pour remplir son porte monnaie. La voici qui travaillait tard comme à son habitude, mais dans un nouveau bureau au cadre beaucoup plus confortable que celui qu'offrait la sordide tour semi-souterraine de son repère à Haî no Kuni.

Pour autant cela ne rendait pas son activité plus attrayante. Parfois elle avait l'impression que sa vie se limitait à gratter du papier et donner des ordres. Même si sa détermination à accomplir sa mission pour Suna demeurait inébranlable il ne s'agissait pas du genre de contexte de vie austère auquel elle aspirait. Dire que les Kage se limitaient le plus clair de leur temps à cela, le tout en prenant, tantôt, des airs sombres derrières leur bureau pour épater la galerie. Le problème étant qu'ils n'en décrochaient pratiquement jamais. Dieu que ce n'était pas pour la Saibogu qui avait continuellement besoin de sentir ce grand frisson la traversée pour se sentir exister, là, au milieu des champs de bataille ou encore de la nuit noire en filature avec pour seule compagnie celle d'une lame affûtée lovée dans son écrin. C'était autrement plus grisant que la montagne de paperasse qui l'accueillait chaque matin sur son pupitre.

Ainsi s'alanguissait-elle, restant tout de même imperturbable, de son travail, tandis que l'aiguille du cadrant filait annoncer les vingt heures du soir. Une fois ce bon de commande rédigé elle pourrait passer à autre chose, une activité plus attrayante qui saurait l'occupé pour le restant de la nuit. Seulement voici que l'un de ses gardes vint l’interpeller pour lui faire un rapport sur la présence d'une dénommée Masami Emi, nom qui sonna immédiatement juste à la mémoire forgée par l'expérience de la Nukenin. L'emblème du Sikari lui venait très clairement à l'esprit. Sitôt elle comprit que cette dernière venait pour parler affaire. L'heure n'était pas vraiment approprié à un rendez-vous, mais admettons. Discuter avec une Kunoichi en partie responsable d'une organisation de chasseur de prime restait incontestablement plus trépignant que de négocier l'import de machine à sous en partance de Kaze. Aussi n'eut-elle pas à attendre plus de quelques minutes pour que la concernée ne finisse par la rejoindre dans le bureau. Red ne bougea pas de sa place et l'invita à venir s'asseoir d'un geste de la main.

-Je ne m'attendais pas vraiment à vous avoir arriver à une telle heure Masami. Que puis-je pour vous ? Comment se portent les affaires au Sikari ? Avez vous déjà débloqué vos premiers contrats ?

Dans une autre vie chasseuse de prime aurait été un métier fait pour elle. Traquer des proies sans relâche uniquement pour l'appât du gain... non pour le simple plaisir de poursuivre de redoutables gibier. Cette vision d'une chasse sans fin l'épris de désir avant qu'elle ne redescende brutalement sur terre. Non, elle n'était pas une chasseuse de prime, sobrement vêtue sur sa moto, elle était la cheftaine d'une organisation criminelle et elle portait un chemisier blanc couvert d'une petite veste noire haute gamme. C'était décidé, lorsqu'elle en aurait finit avec Masami, elle irait s'amuser un peu en ville, voir ce qui lui serait possible de se mettre sous la dent.

C’est mine de rien plutôt impressionnant de voir combien cette organisation fonctionne bien. Il y a du monde, l’argent passe entre toutes les mains mais en particulier dans celles de la caisse. Les gens s’amusent au point d’oublier qu’ils sont ici pour se faire plumer. Le service et le bar tourne à plein régime, et ils passent même de la bonne musique au milieu du brouhaha ambiant. Mon regard se posa sur l’une des machines à sous, et ce serait mentir que dire ne pas ressentir une envie d’y jouer. Même si je préférais personnellement le poker, le côté totalement aléatoire de ces mécaniques m’avait toujours terriblement attirée. Et tenez, ce serait peut-être une bonne idée de technique, non ? Un truc qui réagit aléatoirement ce qui se présente à lui. Mmh, à réfléchir, notons cette idée dans un coin.

Le responsable revint peu après, m’indiquant que la présidente acceptait de me recevoir. Parfait. Je lui suivis donc à travers le casino, puis dans les couloirs strictement réservés au personnel. Un tout autre univers, sans blingbling, sans froufrou et autres babioles ayant pour unique but d’attirer le client. Il m’ouvrit une porte après plusieurs virages et escaliers, et me fis signe d’entrer, avant de refermer derrière moi.
Me voici dans le bureau de la grande patronne, et cette dernière m’attendait assise derrière son bureau. Elle m’invita d’ailleurs à venir à m’assoir sur la chaise face à elle.

« Je ne m'attendais pas vraiment à vous avoir arrivé à une telle heure Masami. Que puis-je pour vous ? Comment se portent les affaires au Sikari ? Avez-vous déjà débloqué vos premiers contrats ?

- Assurément mademoiselle. » Lui répondis-je en m’installant. « J’en ai d’ailleurs un sur vous, voyez plutôt. » Sortant d’une poche intérieure, je dépliai l’avis recherche à son nom et à sa tête. « Joli non ? Personnellement je trouve le dessin assez réussie. » Je lui souris et laissai le papier sous ses yeux. « Quoi qu’il en soit, c’est un véritable honneur d’enfin vous rencontrer. Je vois votre nom un peu partout, du fait que c’est par moi que transite une partie des recettes du Sikari pour le Kyomu. Mais pouvoir mettre un vrai visage sur un nom, voilà qui est très plaisant. »

J’étais sincère sur mes compliments, et il était important d’installer une ambiance apaisante et positive avant d’entamer le plus gros de ma visite.

« Au cas où vous auriez le moindre doute, je ne viens en aucun cas ici pour exécuter cette traque. Qu’on soit clair dès le départ. Non le but de ma visite quelque peu tardive est tout autre. Plus précisément il y a deux sujets. Dans un premier temps, je souhaiterais savoir ce qu’est pour vous le Sikari, et si vous avez des projets quelconques nous concernant. Je m’inclue personnellement dans la question. » Marquant une courte pause, les yeux dans les yeux, je repris d’un ton calme. « Comme vous le savez, le Sikari a bénéficié d’une importante partie financière du Kyomu pour naitre, avec la rénovation du bâtiment, l’installation, les détails … Donc il est normal qu’une partie de nos recettes vous revienne. De ce fait je travail déjà un petit peu pour vous. Or je ne crois pas me tromper en émettant l’idée que vous convoiter le réseau de la Grande Grue. Cette source d’information serait importante, pour ne pas dire capitale au Sikari, afin de se développer et gagner en efficacité. Ma première question se pose donc sur le lien entre ces trois groupes de la Mégalopole. »

Après tout, nous sommes une entreprise de chasseurs de prime. L’information est vitale dans le métier, c’est même la partie principale de l’emploi du temps d’un chasseur, le combat passant même au second plan.

« Le second sujet me concerne tout particulièrement. » Je remontai mes manches jusqu’aux coudes, lui présentant les innombrables tatouages fuinjutsu. « Mon père m’a initiée à l’art Saibogu, mais n’étant plus de ce monde, est-ce que vous accepteriez de reprendre le flambeau ? »

Red se saisi de l'avis de recherche puis laissa ses doigts courir dessus avec attention, un demi-sourire amusé pendu aux lèvres.

-Assurément... De qui cela provient-il ? De L'empire ? Je les aurais cru doué d'un meilleur sens du détail. Leur dessin à tendance à me vieillir vous ne trouvez pas ?

Dit-elle davantage pour soulever toute l'ironie de la situation plutôt qu'une vrai question. Naturellement l'idée que cette Emi tente quelque chose contre elle lui effleura l'esprit sans jamais l'inquiéter car, si tel était le cas, elle ressortirait de ce casino non pas victorieuse, mais en pièce détachée. La Nukenin ne versait pas encore dans le trafic d'organe, mais elle connaissait des personnes qui sauraient se satisfaire de ses restes.

-Plaisir partagé ma chère, je présume cependant que vous n'êtes pas ici uniquement pour cela, ni pour énoncer les points de comparaison entre moi et mon portrait.

Adossé dans son fauteuil, l'extrémité de ses doigts joints en une pyramide parfaite, elle écouta attentivement les propos de la seconde du Sikari.

-Ce que j'ai prévu pour vous ? Finit-elle par reprendre toujours aussi calme. Maintenant que vous le dites il y a bien des choses que j'aimerais pouvoir faire. Vous vous doutez que je ne fais pas cela sans raison n'y par charité. Je désir profiter de votre futur influence ainsi que de l'expérience de vos hommes pour parvenir à mes fins qui sont effectivement de mettre un terme aux agissements de la Grande Grue. En échange vous continuerez de bénéficier de mon soutien logistique et financier. Je suis naturellement prête à partager et relier certains réseaux d'informations à votre entreprise dans l'éventualité où nous parviendrions toutes à nos fins. Dites vous simplement que la récompense sera à la hauteur de vos investissements. Le Kyomu est à l'image d'une méritocratie. S'il y a réussite, vous ne la devrez en grande partie qu'à vous-même.

Telle était sa façon de voir les choses qui se présentait comme les vestiges du temps passé dans un village Ninja. Elle récompensait à leur juste titre ceux qui faisaient preuve de compétence et châtiait les incapables en parfaite Nukenin qu'elle était devenue.

-Ma proposition est donc la suivante. Aidez-moi à prendre la place de la Grande Grue et je ferais de votre entreprise la première affaire de chasseur de prime de tout le continent.

De nombreuses rumeurs circulaient au sujet de Red, outre le fait qu'elle soit une énigme de ce monde, surgie de nul part, belle, forte et intelligente on la dépeignait aussi comme un démon impitoyable, mais jamais ô grand jamais n'avait-elle été assimilée à une menteuse, tout du moins jusqu'à présent. En effet, elle avait aussi pour réputation de tenir ses engagements jusqu'au bout. Cet accord qu'elle essayait de marchander avec la Masami ne faisait pas exception.

Il lui fut alors arraché un nouveau sourire lorsque la demoiselle lui fit part de son second souhait. Elle n'avait pas eu besoin de relever sa manche que Red avait déjà senti le chakra circuler dans ses tatouages sous ses vêtements. Elle était cependant loin de ce douter que la Masami était initiée aux arts du clan Saibogu. Quelque part cela l'amusa en réalisant que la Mégalopole recelait de beaucoup plus d'ingénieurs que ce qu'elle croyait du temps où elle vivait encore à Kaze.

-Voilà qui est plutôt intéressant... Dit-elle avant de marquer une courte pause. Je considère cela comme une seconde requête. Et pour une autre requête un autre accord doit être conclu. Je suis effectivement prête à vous aider à achever votre apprentissage, mais ce sera en échange d'un second service de votre part. Si je vous transmet toutes ces connaissance, il faudra qu'en retour vous mettiez ces dites connaissances à contribution pour nos organisations respectives. J'aurai dans l'avenir quelques travaux à vous confier que seule une Saibogu attitrée serait à même de réaliser.

Toujours assise dans son fauteuil l'Orfèvre écarta les doigts pour tourner ses paumes vers le plafond.

-Qu'en dites-vous Masami Emi. Est-ce que ces conditions vous conviennent ?

La jeune femme à la chevelure de feu, confortablement installée dans son fauteuil, les doigts de chaque main en contact avec leur semblable en une forme géométrique exprimant le calme et la supériorité ; elle répondit tour à tour aux questions exposées. Et sans se cacher en plus. Elle expliquait clairement qu’elle souhaitait se servir du Sikari, et donc par extension de moi, pour faire tomber la Grande Grue.

« … En échange vous continuerez de bénéficier de mon soutien logistique et financier. » Poursuit-elle. « Je suis naturellement prête à partager et relier certains réseaux d'informations à votre entreprise dans l'éventualité où nous parviendrions toutes à nos fins. Dites-vous simplement que la récompense sera à la hauteur de vos investissements. Le Kyomu est à l'image d'une méritocratie. S'il y a réussite, vous ne la devrez en grande partie qu'à vous-même. »

J’acquiesçai d’un mouvement de tête, plus par réflexe pour lui signifier que le message était entendu, plutôt que pour un véritable accord sur chacun des propos énoncés. Après tout, ce n’était que des promesses, que des mots, contrairement aux actes si je lui venais en aide. Rien ne l’empêcherait de me la faire à l’envers une fois le but atteint. Bien qu’un tel comportement serait au mieux stupide, au pire complètement nocif à une collaboration commerciale, et pas uniquement sur le plan financier. Même si dans un sens cela nous rapportait plus à nous qu’à elle, nous mettre des bâtons dans les roues signifierait pour elle de faire une croix des gains financiers réguliers.
Le second sujet fut ensuite abordé, sous la forme d’un échange. Évidemment ça aurait été trop facile si je n’avais rien eu à payer en contrepartie. Le principe de l’échange équivalent a cours partout, et plus encore dans la mégalopole. Ce casino flambant neuf ne fait donc pas exception. En somme elle souhaitait en tant que prix pour cette instruction de connaissance, que je participe activement aux combines de ces nukenins considérés comme des terroristes par plus de la moitié de la population mondiale.

« Qu'en dites-vous Masami Emi. Est-ce que ces conditions vous conviennent ? » Demanda-t-elle en ouvrant les mains, lui donnant l’allure d’une marchande gagnante sur tous les points.

Je me contentai d’abord de plonger mon regard dans le sien, une seconde au maximum, mais c’était tout de même un exercice important. Que dis-je, indispensable ! Cela permettait de jauger du sérieux de la personne en-face, d’éventuelles mauvaises intentions habilement déguisées par des mots.

« J’accepte tout à fait volontiers vos deux propositions. Mais si vous le permettez, je souhaiterais garder un droit de véto sur les prochaines missions que vous souhaiteriez me faire faire. »

J’hésitai un instant à détailler des raisons pour appuyer cette requête, avant de finalement juger que ce n’était pas nécessaire. Red est une femme intelligente, et il n’y a aucun doute sur le fait qu’elle ait plusieurs cartes dans sa manche. Révéler plus mon jeu n’apporterait rien de bon. Il faut toujours garder une porte de sortie, dans chacun des plans orchestrés.

« La Grande Grue possède grand nombre d’alliés, d’espions et de manipulateurs. A ma connaissance, elle ne dispose pas d’armée mais ses vassaux sont tous prêts à mourir pour elle. Ce qui revient un petit peu au même, j’en conçois. Comment comptez-vous vous emparer de ce qui lui appartient, alors qu’il ne s’agit pas d’un objet physique ? L’expérience m’a apprit que la loyauté n’a rien d’acquit, elle s’acquière par les actes et le temps. Vous en prendre à ses sbires risquerait de provoquer l’effet inverse. »

Je vins joindre mes deux mains en un poing, les doigts faisant des nœuds entre eux.

« Ne souhaitant en rien interférer avec vos plans ni votre vision des choses. Je pense que les soudoyer serait nettement plus efficace. En particulier les plus éloignés de la hiérarchie. La corruption étant particulièrement courante à la Mégalopole, vous obtiendriez des hommes, des espions, des infos, et tout ça sans que quasiment personne ne s’en aperçoive. »

Voilà, proposition mise sur la table. Elle avait très certainement la sienne, je préférais la laisser maîtresse de la stratégie à adopter.

« Pour l’apprentissage à présent. Souhaitez-vous que nous nous donnions rendez-vous dans un endroit un peu plus … disons adapté à ce genre d’exercice ? Je vous montrerais ce que je sais déjà faire, ainsi vous saurez sur quels points porter les instructions. »

Cette Masami Emi semblait être une femme raisonnable et réfléchit, certainement plus que Milly. La Kaguya pouvait s'estimer heureuse de l'avoir pour gérer ses affaires.

-Vous aurez naturellement le droit de refuser les contrats qui vous seront proposés, mais seulement dans la mesure du raisonnable. Je compte sur votre sérieux et sur votre professionnalisme pour faire la part des choses Dit-elle toujours aussi calmement.

La Chasseresse écouta alors attentivement toutes les remarques et conseils que lui prodiguait la futur Saibogu. Ces propos ne manquèrent pas de lui arracher un sourire. Elle trouvait cela presque mignon. Évidemment qu'elle avait déjà envisagé cette façon d'aborder sa « conquête » de la Mégalopole ainsi que de mille et une autre façon d'y parvenir. En l'état Emi n'avait fait que lui énoncer une évidence, mais cela avait au moins le mérite de prouver qu'elle savait ce qu'elle faisait.

-Vous saurez donc ce qu'il vous reste à faire dans un premier temps, car tels seront vos premiers contrats. Nous devons d'abords commencer par éroder son influence au sein de la cité. Il faut se faire une illusion, le Johoukokan est une société d'envergure mondiale, il nous faudrait probablement toute une décennie pour parvenir à en prendre tout le contrôle, hors ce n'est pas une priorité dans l'immédiat. La notre n'est autre que la Mégalopole qui en grande partie représentée par la Grue. En sachant cela vous comprenez qu'il est inutile d'entrer dans les détails quant-au sort qui lui est réservé.

La Nukenin se pava d'un sourire complice.

-Mes hommes travaille actuellement à s'emparer d'une partie du marché du trafique d'armes de la cité. Vous les rejoindrez. Je ne doute pas que vos connaissance de la ville leur seront très fortement utile.

Nous en venions ensuite à la partie la plus facile à traiter. Cela concernait l’apprentissage de sont savoirs Saibogu. Si Red acceptait ce n'était évidemment pas par pure charité, elle y voyait son intérêt. Un intérêt qu'elle anticipait sur les très longs termes pour peu que tous ses projets se passent comme prévu.

-Pour ce qui est de votre entraînement... Reprit-elle après une courte pause. Le temps qu'il lui avait fallut pour s'allumer une cigarette. Celui-ci débutera sous peu. Je dois cependant vous révéler que je suis loin d'être une génie dans mon domaine. Mes spécialisations sont assez restreinte. Je pourrais tout aussi bien vous rediriger vers un de mes acolytes beaucoup plus compétent. Tout dépend ce que vous recherchez. Une utilisation militaire ou utilitaire.

Elle se saisit d'une feuille et d'un stylo et griffonna une adresse qu'elle tendit à la chasseuse de prime.

-Quel que soit votre réponse vous trouverez votre formateur à cette adresse dans deux jours. Soyez présente à huit heure du matin. Il s'agit d'un petit atelier d'usinage que nous utilisons pour confectionner du matériel. Vous y trouverez tout le nécessaire pour y fabriquer votre futur équipement.

Très agréable cette rousse, même si elle donne la sale impression de tout contrôler et de prévoir ses plans sur un sacré nombre de tour à l’avance – le genre de chose dont je n’étais pas franchement fan – elle avait l’amabilité de toute de même me laisser une liberté de mouvement. Le tout saupoudré d’une fine couche de civisme et de savoir-faire, la recette gagnante. En somme elle acceptait que je dise non à ses missions, à condition d’avoir une bonne raison.
On sentait dans ses mots, dans son attitude, dans sa posture son expérience à mener un groupe, une armée. Qu’avait-elle fait avant d’apparaitre d’un coup d’un seul dans le petit monde sombre et mal famé de la Mégalopole ? Qui était-elle avant cette puissante rousse autoritaire ? Il faudra que je me renseigne très sérieusement sur elle. Les carrières qui décollent soudainement après des années de silence, ça existe mais il doit y avoir des traces quelque part. Gardons cette mission dans un coin, et occupons-nous du présent.

La dénommée Red souhaitait d’ors-et-déjà que j’assiste ses équipes à s’emparer d’une partie du territoire de la Grande Grue, en utilisant mes connaissance de la ville comme avantage tactique. J’approuvai simplement d’un mouvement de tête, ne trouvant rien d’intelligent à rajouter.

« Pour ce qui est de votre entraînement … Celui-ci débutera sous peu. Je dois cependant vous révéler que je suis loin d'être une génie dans mon domaine. Mes spécialisations sont assez restreintes. Je pourrais tout aussi bien vous rediriger vers un de mes acolytes beaucoup plus compétent. Tout dépend ce que vous recherchez. Une utilisation militaire ou utilitaire. »

Un petit froncement de sourcil apparu sur mon visage, autant pour la vision qu’elle offrait à s’allumer une cigarette – poison mondialement connu pour le corps et saint graal pour les commerçants – que pour le fait qu’elle catégorise l’art Saibogu en deux factions. De ce que mon père avait pu m’expliquer, c’est justement la large polyvalence de ce talent. Pourquoi devoir le scinder en deux ?

« En soit je préfèrerais ne pas avoir à choisir. L’avenir étant bien assez incertain pour vouloir volontairement se restreindre à moins de cordes qu’un arc comme le domaine Saibogu peut en posséder. Donc quitte à être un peu moins spécialisée dans l’un ou l’autre des domaines, je préfère toucher à tout. »

Red nota une adresse sur un bout de papier et me le tendit, me demandant de m’y rendre dans deux jours pour rencontrer mon formateur. Donc ce ne sera pas elle ? Et pourquoi dans deux jours. Tout cela est décidément de plus en plus louche … Enfin ce laps de temps va me permettre de commencer à fouiller.

« Merci bien. Je ne vous dérange pas plus longtemps. Merci également de m’avoir reçu malgré la quantité de travail que vous avez surement sur les bras. Bonne fin de soirée à vous, et certainement à une prochaine fois. »

Je la saluai en m’inclinant respectueusement, puis avec le bout de papier entre deux doigts, une salutation plus familière à hauteur du front. Je vais découvrir qui tu es miss, soit en sûre. Mais avant ça, pause bouffe !

Faisons une petite ellipse, il serait dommage de gâcher une recherche, que dis-je une traque, en quelques lignes alors que le potentiel résultat pourrait avoir un impact gargantuesque.
Me voilà donc devant l’adresse notée par Red. Un bâtiment de charpentier et de soudeur. Une entreprise civile peut-être. Ou alors il ne s’agissait que d’une façade. A l’extérieur je retrouvai mademoiselle Saibogu Red en personne, dans une tenue un peu plus décontractée que l’autre fois.

« Bonjour à vous. » Fis-je en m’approchant, les bras croisés en attendant les directives.

Entrons sans attendre. A l’intérieur ça sentait l’acier, le feu, les cendres mais pas un bruit. Personne à l’horizon, que ce soit entre les machines ou ailleurs. La pièce doit faire dans les cinquante mètres carrés, remplit d’atelier, de forge et de réserve d’outil. Peut-être que c’est l’heure de la pause déjeuné. J’avoue que je n’ai absolument pas regardé l’heure qu’il était en arrivant.

La Nukenin avait spécifiquement choisi un lieu isolé dans la mégalopole pour ces travaux. Si la confection d'arme était chose courante dans la cité, encore valait-il mieux ne pas se faire épier par la concurrence. C'était dans cette optique qu'elle avait donné rendez-vous dans ce petit atelier entre plusieurs entrepôt désaffecté. Hormis les raz et les mendiants il n'avait pas âme qui vive à plus d'un kilomètre à la ronde. Le dit atelier quand à lui était un petit baraquement en taule d'une petite centaine de mètre carré au plafond bas. Ce dernier servait à l'origine de salle de traitement aux pièces usinées ce qui justifiait les odeurs de résines et de peintures imprégnées dans l'atmosphère. Un important système de ventilation était fixé au plafond composé de plusieurs caisson à hélice hors un seul était en fonction à présent.

A l'époque pas si lointaine où Red avait récupéré son local, ce dernier renfermait encore les différentes appareils servant au traitement des pièces. Il avait fallut tout virer pour le remplacer par une équipement plus appropriés. A dire vrai il s'agissait en quelque sorte de l'atelier personnel de la Saibogu qui, moyennant le peu de temps qu'elle avait à consacrer à la tache, lui servait à confectionner son équipement. Si lui était arrivé à plusieurs reprises de passer par le marché noir pour se fournir en pièce et matériaux, elle n'avait globalement confiance qu'en elle-même pour fabriquer arme et armure qui, il était important de le préciser, lui sauvaient régulièrement la vie.

Dans cette journée qui aurait pu ressembler à toutes les autres la Chasseresse n'avait une fois de plus pas fermée l’œil de la nuit et s'était alors contenté de quitter son bureau en se changeant sur place pour directement se rendre ici-même. Le soleil prenait son ascension sur l'horizon tandis qu'elle entraînait sa première cigarette de la journée, adossée qu'elle était contre le mur en taule. L'air matinal était particulièrement frais et agréable. Emi arriva à ce moment-là bien que la démone avait déjà depuis longtemps descellée sa présence à l'aide de ses facultés sensorielle.

-Bonjour à vous également. Comment allez-vous en ce jour ma chère ?

Répondit-elle dans un sourire en coin simplement pour souligner le manque de politesse de la concernée, celle-là même qui attendait les bras croisés que tout le savoir vienne à son cerveau. Elle ne pouvait pas vraiment lui reprocher après tout ce n'était pas comme si ce rendez-vous n'était pas mu par autre chose que des intérêts personnels. Après avoir recoincé sa cigarette entre ses lèvres elle se dirigea à l'intérieur tout en incitant sa tiers à la suivre d'un geste de la main. Passée l'entrée elle sortie un élastique qu'elle utilisa pour nouer ses chevelures écarlates en une longue queue de cheval. Pour l'occasion elle s'était vêtue d'une tenue légèrement plus décontracté en accord avec le cadre soit-disant informel des lieux. Plusieurs machines étaient disposées au centre, mais ce qui l'intéressait en premier lieu n'était autre que tous les outils entreposés sur le râtelier au-dessus du plan de travail accompagné d'une vitre en plexiglas comme seule source d'éclairage. Red s'adossa alors contre le pupitre en bois, les bras croisées.

-Alors... Si vous commenciez par me montrer ce que vous savez faire. Comme je vous le disais je ne suis certainement pas la meilleur des professeurs qui soit dans le domaine de la science Saibogu. Je suis avant tout doué pour la mécanique lourde et les armes à feu et vu l'équipement que nous disposons ici vous vous douté que nous ne pourront nous appliquer à développer que cette dernière branche.

Quand l'on prenait le temps d'y réfléchir ; il était étonnant de constater que Red soit devenue une Kunoichi aussi puissante aujourd'hui, elle qui avait depuis toujours négligé les études et les entraînements pour se consacrer à des taches sommes toutes moins importantes. Il n'en demeurait pas moins que ces lacunes se retrouvaient encore à ce jour dès que l'on tentait de l'extraire d'un domaine de compétence dont elle n'était pas experte. A savoir tout ce qui ne concernait pas la gestion « d'entreprise » ou l'assassinat.

Copiant Red dans son action, j’attachai mes cheveux en une queue de cheval et remontai mes manches. Elle répéta qu’elle n’était pas la meilleure pour un tel enseignement, mais je n’y fis absolument pas attention. De toute manière soit elle, soit personne. Donc quitte à avoir un mauvais professeur, il valait sans doute mieux que rester seule.
Elle me guida jusqu’à un plan de travail, à approximativement au centre de la pièce, illuminé par un unique néon. Là elle demanda à voir ce que je savais déjà faire, et précisa qu’elle était plutôt spécialisée en arme à feu et outils de gros calibre.

« Parfait ça. Alors voyons, si je me souviens bien de comment faire … »

Je joignis mes mains au-dessus du plexiglas et commençai à enchainer les signes incantatoires. Au début avec une certaine hésitation, ça faisait appel à de lointains souvenirs, puis l’habitude revint. Progressivement mes sceaux tatoués sur mes bras se chargèrent en chakra, tour à tour, et firent sortir leur contenu face à Red. Pour la majeure partie il s’agissait de babioles, de jouets créés étant enfant et que j’avais voulus gardée car à l’époque je trouvais cela vraiment réussi. Avec un peu plus de maturité, maintenant il était évident que c’était ridicule mais bon, on fait avec les moyens du bord.

« Avant la moindre conclusion hâtive, je tiens à préciser je n’avais qu’une dizaine d’année quand j’ai crée tout ça … Ceci est un peu plus récent … »

Même application, cette fois c’est au niveau des hanches, ou plutôt de mon bassin, qu’apparu une ceinture par-dessus mes vêtements. Quelque chose de visuellement très basique, et qui en fait possédait une quantité folle d’autres sceaux.

« J’aime cet art pour sa diversité en particulier, donc si ça peut vous aider dans vos conseils, je souhaiterais m’orienter vers la partie couteau-suisse du talent Saibogu. Quitte à ne pas être particulièrement spécialisée dans un domaine en particulier, je préfère pouvoir toucher à tout et avoir une solution pour chaque problème présenté. Mon père adoptif avait ce nindo, il n’y a pas de problème, seulement des solutions qu’on n’a pas encore trouvé. »

A ce souvenir évoqué, je ne pus m’empêcher de sourire, les yeux fixés sur un petit engin monté sur quatre roues, capable d’avancer tout seul pour peu qu’on lui en donne la possibilité. Comment il avait appelé ça d’ailleurs ? Un nom commençant par un a … Bon sang je n’ai jamais eu la mémoire des noms.

« Je suis ouverte à la moindre question qui pourrait vous venir, mais aussi et naturellement à chacun de vos conseils et instructions. »

A nouveau je croisai les mains devant mon bassin, attendant patiemment.

-Comme je vous le disais. Je ne pourrais malheureusement pas tout vous apprendre, tout simplement parce que je suis moi-même spécialisée dans le domaine des armes à feu. Je ne suis pas du genre touche à tout. Si vous le souhaitez nous pouvons travailler cet aspect là aujourd'hui et durant les semaines avenir, mais pour ce qui est du reste je vous laisserai en compagnie d'un de mes compatriotes travaillant pour nous. Il est bien plus expert que moi dans le domaine de la mécanique et de l’ingénierie.

Voilà ou ces années de négligence l'avait mené. Red était peut-être une Kunoichi de génie, mais elle n'en demeurait pas moins une piètre Saibogu. Seulement pour une non initié telle que Emi il y avait probablement quelque chose à en tirer. Elle s'installa ainsi en face du plan de travail et posa un sceau dessus afin de faire apparaître l'une de ses armes de prédilection, Oblivion qui trouva assez difficilement sa place au milieu des jouets et autres petites voiturettes.

-Voilà qui est beaucoup moins charmant... Dit-elle en haussant un sourcil amusé. Voici mon genre de jouet. Est-ce que cela vous intéresse ? Avant de commencer je dois savoir si vous êtes disposée à toucher à ce genre d'art. Car comme vous le dites si bien le savoir des Saibogu est particulièrement versatile. Si ce genre d'arme sont très faciles à fabriquer elles sont à contrario extrêmement difficile à manier.

Elle resta hésitante un moment avant d'empoigner le manche de l'arme et prendre la direction de ls sortie.

-Venez, le mieux et que je vous fasse une démonstration.

Une fois rendue à l'extérieur la Nukenin récupéra plusieurs ustensiles en tout genre qu'elle disposa sur un petit muré. De sa main de libre elle invoqua un chargeur qu'elle plaça dans le magasin, chargea la munition de le canon avant de retirer la sécurité.

-Hormis l'aspect esthétique nombres d'armes se ressemblent dans leur fonctionnement. La principale différence se fait au niveau des munitions. Voyez pas vous-même...

Elle fit feu à répétition sur les bouteilles de verre et autres cannettes situées une dizaine de mètre de-là. Pour la Nukenin se genre d'exercice était un jeu d'enfance pour qui avait l'habitude d'atteindre ses cibles à plusieurs centaines de mètre de distance. Ainsi les tires retentirent à travers le terrain désert. Red atteint chacune sur ses cibles. Vidant son chargeur elle invoqua cette fois-ci une unique balle qu'elle chargea à nouveau.

-Il s'agit d'un plus gros calibre. Le genre prévu pour tuer...

D'une simple pression sur la détente, le projectile fusa pour faire exploser toute une partie du muré qui portait les cibles improvisées quelques minutes plus tôt. On aurait dit qu'un obus s'était littéralement fracassé contre la pierre et le béton. La Nukenin se fendit d'un sourire satisfait et s'alluma une nouvelle cigarette pour fêter cela.

-Alors qu'en dites-vous ?

Nouveau chargeur, balle de petit calibre cette-fois, elle tendit le tout à Emi en l'invitant à s'y essayer.

-Faites attention, j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux.

Elle se plaça alors derrière la mercenaire, voulant superposer ses bras aux siens afin de la guider dans ses gestes le tout en lui prodiguant quelque conseils..

Qu’on se le dise, même si à l’époque c’était l’inverse, aujourd’hui je n’étais pas franchement fière de mes jouets. Ils trahissaient une époque où j’étais tellement insouciante, heureuse pour un rien et naïve. Et ce sentiment ne s’arrangea pas quand Red sortit son type de jouet. Une arme à feu, non deux. Plus précisément des revoler au design affirmé et brutale. Des machines de mort au milieu d’un univers d’enfance, de fleurs et de paillettes.

« En effet, ça change de style. »

Quoi ? Vous voulez que je dise quoi d’autres face à ça ? Elle demandait si j’étais prête et disposée à utiliser ce genre de chose. Mes yeux restèrent fixés sur le duo de pistolet, tandis que mes lèvres ne trouvaient aucune réponse à formuler sur l’instant.

« Venez, le mieux et que je vous fasse une démonstration. » Fit-elle alors, prenant ses engins par le manche, avant de se diriger vers une cours une intérieure déserte.

A l’opposé, sur un petit promontoire en ciment, elle alla déposer plusieurs bouteilles de bières vides avant de revenir à côté de moi. L’exemple fut pour le moins surprenant. Pour ne rien vous cacher, le premier coup de feu me fit un haut-le-cœur accompagné d’un sursaut. Pour sûre, cette rouquine avait l’habitude de manier ce genre de chose. Sa dextérité n’était clairement pas à prouver. Toutes les cibles ont été atteintes, d’une seule main et ça ne m’étonnerait presque pas qu’elle n’ait pas eu besoin de regarder.
Pour le dernier coup, elle précisa qu’il s’agissait d’une munition spéciale, faite pour tuer. Et en effet lors de la mise à feu, outre mes oreilles qui sifflent, c’est un bon morceau du promontoire qui vola en éclat, en plus de la pauvre bouteille.

« Woaaaah … en effet, sur un ennemi il ne doit plus en rester grand-chose ensuite. On peut dire c’est efficace … » Elle proposa alors que j’essaye. « Hein ? Oula heuuu, je sais pas si … »

Bon bah si. Elle me tendit l’un des pistolets, précisant qu’elle y tenait beaucoup. Vous me croyez si je vous dis que je ressentais une immense fierté ? Non, clairement pas non, j’avais le cœur qui battait la chamade et quelques tremblements dans les mains. Aller, il faut respirer. C’est ça, respirer, c’est la clé. C’est comme la première fois que je suis montée sur un ring. J’en avais la chair de poule, mais sitôt les premiers mouvements échangés ça allait mieux. Red restait derrière moi, à guider mes bras et à me chuchoter à l’oreille divers conseils, comme celui-ci d’utiliser les crans sur le dessus de l’arme pour viser droit, ou celui-ci de garder les deux yeux ouverts.
Malheureusement, malgré plusieurs tentatives je ne réussis qu’à toucher une cible sur cinq. Misérable …

« Attendez, je voudrais essayer quelque chose, si vous me permettez … »

Je la laissai recharger l’arme, pendant que j’attrapais sa jumelle. Vous allez sans doute trouver ça stupide, mais l’équilibre entre mes deux mains armées, j’étais nettement plus à l’aise. Je m’avançai de quelques pas, surtout pour m’écarter de Red et fixai les quatre dernières bouteilles. C’est comme dans un combat, comme sur un ring. Quatre ennemis, quatre points faibles.
Prenant alors les armes à feu comme un prolongement de mes poings, je projetai littéralement les balles comme des uppercuts, appuyant sur la détente lorsque normalement mes phalanges enteraient en collision avec la mâchoire adverse. Cette fois aucune des balles ne passèrent à côté, il y en eu même plusieurs dans le même alignement, même si la bouteille de verre concernée avait déjà volée en éclat.
Je me redressai une fois les deux chargeurs vides, et soufflai profondément, les yeux fixés sur les deux armes à feu au canon fumant. Quelle étrange sensation. C’était proche de l’excitation mais sous une nouvelle forme. Il y avait ce côté puissant, dominateur. Cette même félicité que lorsqu’on a réussi à mettre l’autre K.O.

« Alors ? Qu’est-ce que vous en pensez ? » Demandai-je à la rousse, une fois les revolver reposés.

Emi se montra particulièrement maladroitement avec les armes que lui avait confié Red. A un moment elle tiqua en sentant que le recul manqua de lui faire perdre l'équilibre à sa disciple ce qui aurait fait tomber les pistolets par terre. La Nukenin s'étonna elle-même de l'attachement qu'elle pouvait donner à ses armes, elle ne s'en était jamais rendu compte. Sauf que d'un point de vu objectif il était tout simplement étonnant de constater qu'elle soit encore en mesure de s'attacher à quoique ce soit en raison du démon qui, au fil des jours, rongeait son âme. Et soudainement, elle se rappela qui lui avait offert ces armes, c'était son propre père, Saibogu Satochi.
La chasseuse de primes s'essaya alors à un nouvelle méthode pour tenter d'atteindre les diverses cibles. Cette dernière fit lever un sourcil interpeller à Red qui fut assez étonner de « voir » comment ses Memory & Oblivion étaient utilisés. Si elle tiqua à nouveau elle ne put que reconnaître l'efficacité de se procédé. On était encore loin du tireur d'élite, mais l'on constatait des progrès flagrants par rapports aux précédents essais. Cela donna une idée à la Nukenin qui pensait désormais savoir dans qu'elle direction diriger l'entraînement.

-Plutôt efficace, même si visiblement ces armes ne correspondent pas à votre style. J'aurai autre chose à vous suggérer, venez par-là.

Elle-même se rapprocha d'un haut bloc de béton en ruine, composa une rapide série de sceau avant d'apposer sa main dessus. Apparût alors une paire de gants faits dans un métal d'un noir de jais intense. Hormis leur aspect assez peu commun ces derniers étaient équipés d'un d'un dispositif sur la partie couvrant les mains qu'elle désigna du doigt.

-Ce que vous voyez là est un système de percutions intégré dans les phalanges, il amplifie les dégâts de chaque coup à l'aide de vibration sonore. L'avantage est que cela permet de percer les défenses et autres armures que les Shinobi spécialisé dans le taijutsu on pour coutume de s'équiper, mais si je vous les présent ici ce n'est pas pour parler de cela. Dit-elle en se saisissant de l'un des gants l'enfiler sur tout son avant bras. Ce qui nous intéresse ici est le principe d'utilisation.

A ces mots elle se décala en face d'un mur décrépit, n'ayant encore pour seul raison d'exister que de subir ce qui allait suivre. La Saibogu se mit en position de combat canalisant son chakra raiton dans ses muscles qui se matérialisa sous forme d'éclaire éparse. Elle relâcha alors toute sa puissance pour fracasser l’amati de béton fissuré qui vola en éclat après qu'une onde de choc à retardement n'intervienne depuis le gants après qu'elle ait donné le coup.

-Il nous suffirait de créer de nouveau gant en remplaçant le système de percutions par de petits canons reliés à des chargeurs à vos poignets, vous permettant ainsi de tirer des balles tout en frappant. Outre le gain de puissance l'effet de surprise n'est absolument pas négligeable. Hors, quitte à avoir des gants pourquoi ne pas vous confectionner une ? Je sais également en fabriquer, ce que vous avez devant vos yeux n'est qu'une pièce d'une panoplie plus complète. Allons à l'intérieur. Je vais vous montrer tout cela.

Ainsi les Kunoichi retournèrent dans l'atelier et travaillèrent ardemment jusqu'au couché du soleil et il en fut de même pour le lendemain, ainsi de suite sur plusieurs jour dans le mois en cours, Red ne pouvant accorder tout son temps libre à Emi en raison de ses responsabilités. Car le temps libre rimait avec autre obligation pour elle. Toujours fut-il qu'au terme de ses entraînements et leçon les deux Kunoichi parvinrent à des résultats plus que satisfaisante. Emi pouvait dès lors se pavaner avec sa toute nouvelle panoplie.