Voilà un bon moment que la Natsumi s’était enfermée dans la pièce qu’elle avait aménagée spécialement et discrètement pour pouvoir s’atteler à des expériences dans le but de mettre au point des armes en plus à ajouter à son artillerie qui présentement se résumait à des armes blanches et essentiellement des sabres.

Les armes qu’elle espérait pouvoir mettre au point étaient bien plus discrètes que des lames mais étaient tout aussi dangereuses voire même bien pires pour certaines. Leur création s’avérait cependant bien assidue mais la jeune femme y consacrait presque tout son temps libre maintenant qu’elle s’était lancée dans ces expériences folles et bien dangereuses pour autrui mais aussi pour elle-même. En effet, celles-ci consistaient à mettre au point des différents types de poisons aux effets variés.

Pour l’heure, la jeune femme se concentrait sur la mise au point d’un poison à effet paralysant à base des plantes et dont l’injection se faisait par la voie sanguine. Le moindre contact avec la peau pouvait donc s’avérer dangereux si celle-ci présentait la moindre blessure ouverte, même un simple bouton qui avait éclaté par exemple. Le plus pernicieux était cependant qu’elle se piquait avec l’aiguille qu’elle utilisait pour injecter le poison dans ses cobayes qui étaient des chats errants ramassés discrètement dans les rues de Kiri.

N’importe quel animal ferait l’affaire pour ses expériences et elle avait choisi celui qu’elle détestait le plus : le chat. Elle affectionnait les animaux - particulièrement les sauvages - mais elle n’avait jamais réussi à supporter ce félin à moustache et aux airs hautains.

Après avoir trempé une aiguille - le genre qu’on utilisait habituellement pour équiper une seringue - dans une texture grisâtre qui résultait de l’évaporation d’une infusion d’une plante vénéneuse assez rare, faisant en sorte qu’un peu du produit s’introduisît dans le trou dont l’aiguille était dotée, la Natsumi sortit son cobaye du jour de sa case le tenant par la peau du dessus du cou. Elle maintint ensuite sans ménagement le chat noir à poils ras plaqué sur la table d’une main puis de l’autre elle saisit avec précaution l’aiguille empoisonnée qu’elle planta sans hésitation dans le cou de la bête qui se débattit férocement mais vainement. Aussitôt l’aiguille plantée dans la nuque de l’animal, Mairu compta les secondes dans sa tête jusqu’à ce que le cobaye cessât de bouger complètement. Elle activa ensuite un chronomètre avant de remettre l’animal inerte dans sa case qu’elle prit soin de refermer puis elle nota le temps qu’elle avait décompté dans son esprit sur son cahier de notes.

Le temps que le poison fît effet lui convenait. Il ne lui restait plus qu’à déterminer combien de temps celui-ci durerait.

Tout en surveillant l’animal qui se mettrait à se débattre aussitôt avoir recouvert l’usage de ses muscles, la jeune femme rangea son « laboratoire » avant de s’installer confortablement dans son fauteuil de « pseudo-scientifique » en herbe et consulter un gros livre sur le corps humain, sans oublier de jeter de temps en temps un coup d’œil en direction de la case du cobaye pour ne pas rater son « réveil ».

La bête avait gardé la bouche et les yeux ouverts. Ses pupilles continuaient de bouger mais tous ses muscles s’étaient raidis instantanément, lui privant de la capacité de se mouvoir. D’après ses études et calculs, les muscles qui faisaient partie des organes internes, comme le cœur, du cobaye continuaient de fonctionner. Ce qui lui permettait de continuer à respirer et ainsi de rester en vie.

La Natsumi ne tenait pas à tuer avec le poison. Question de principe. Elle désirait juste utiliser cette arme comme un moyen de capture ou d’entrave aux mouvements de l’adversaire.

Les secondes s’écoulèrent jusqu’à devenir des minutes. Trouvant le temps bien trop long, la Natsumi finit par délaisser sa lecture pour se diriger vers la case qu’elle toqua d’un doigt mais le cobaye n’émit aucun mouvement. Elle ouvrit alors la petite « prison » pour y extirper le corps toujours inerte. Ce dernier était toujours chaud mais Mairu constata que les pupilles du sujet avaient également cessé de se mouvoir. Elle tâta alors les pouls de l’animal puis écouta le cœur qui semblait avoir cessé de fonctionner.

Son expérience avait échoué. La dose était certainement trop concentrée que celle-ci avait entrainé un arrêt cardiaque du sujet. Effet qu’elle ne désirait pas.

Déçue, la jeune femme abandonna le lieu ainsi que le cadavre du chat dont elle se débarrassera plus tard comme les victimes de ses précédents échecs.

Mairu alla prendre une douche puis se revêtit des vêtements propres avant de s'équiper de ses sabres. Talonnée par Gouik - son sanglier de compagnie - alors que Iyan - son mini panda - s'était niché sur son épaule gauche, la jeune femme se rendit au marché du centre-ville. Elle avait besoin des certaines plantes pour des expériences bénéfiques cette fois-ci car elle cherchait aussi à guérir via ses connaissances des plantes médicinales même si ce n'était pas sa priorité. Ne sachant pas si demain elle aura le temps d'acheter les produits qui lui manquaient, car une mission pouvait lui tomber dessus sans prévenir, elle profita donc du temps qu’elle avait aujourd’hui pour le faire.

Usant de ce qu’elle avait appris dans des nombreuses œuvres botaniques qu'elle avait étudiées avec minutie, la Natsumi se mit en quête des plantes qui l’intéressaient sur l’étalage de l’herboriste le plus fourni du village. Alors qu'elle examinait les produits exposés, un homme l'aborda. D'un sourire elle l'accueillit après s'être retourné vers lui.

- En effet, nous nous sommes déjà croisé au Palais du Mizukage. Natsumi Mairu, une samouraï au service du Rokudaime. Enchantée d'apprendre enfin votre nom ... Ichirô-san, se présenta la jeune femme tout en s'inclinant légèrement comme le veut la politesse. Je suis en quête des produits pour soulager les douleurs musculaires et articulaires … Vous vous intéressez aux plantes ? Demanda la jeune femme par curiosité alors que Gouik se mit à renifler le Gembei. Ne vous inquiétez pas, il n'est pas méchant. Tant que vous n'effectueriez pas des gestes brusques tout ira bien, rassura la jeune femme tout en offrant une feuille d'eucalyptus à Iyan qui renifla la plante avant de la jeter après avoir affiché une moue de dégout …

Amusée par la réaction de son interlocuteur voyant la présence d'Iyan sur son épaule, un sourire discret se forma en coin des lèvres de la Natsumi.

Il fallait avoué que le petit animal n'était pas de plus singulier. De prime à bord, on le prenait pour une peluche alors constater qu'il était vivant rendait de plus perplexe. La Maîtresse ne comptait plus le nombre de personnes "tombées sur le cul" en constatant qu'Iyan était en réalité un animal bien vivant. Le mini panda n'avait pas que d'apparence d'extraordinaire. En effet, en tant qu'animal Dôbutsu, la petite bête était aussi dotée d'une intelligence qui pouvait rivaliser celle des humains. Parfois, Iyan s'amusait à effrayer les humains en faisant des grimaces effrayantes, si la fainéantise - sa plus fidèle compagne - n'était pas au rendez-vous. Compagne qui était présentement à ses côtés car l'animal jeta à peine un regard au Gembei avant de se nicher sur la tête de sa Maîtresse pour s'agripper à la tignasse brune qu'il prenait pour sa branche où pioncer. Immobile et les yeux fermés, la petite bête ressemblait réellement à un ornement dans la chevelure de la Natsumi.

De nombreux civils, des marchands surtout, connaissaient l'existence de la samouraï aux yeux rubis et de ses animaux singuliers dans Kirigakure no Sato mais seuls quelques rares de ses camarades "combattants" au service du Mizukage savaient qui elle était. Chose fort étrange mais justifiée. En effet, la jeune femme fréquentait plus les civils qui vivaient dans les quartiers qu'elle fréquentait, comme ce marché où elle avait l'habitude de venir, que les shinobis dont elle ne faisait que croiser pour la plupart. Elle ne faisait connaissance qu'avec ceux qu'elle avait l'opportunité de rencontrer en dehors de l'accomplissement de leurs devoirs - comme avec Ichirô présentement - ou encore avec ceux avec qui elle devait collaborer pour une mission par exemple.

- Alors comme ça vous êtes médecin !?

Mairu fixa son interlocuteur avec curiosité. Cet homme l'intriguait de par son apparence mais aussi pour son histoire dont il venait de lui conter une infime partie mais qui avait suffi pour titiller sa curiosité. La jeune femme jugeait cependant que le moment n'était pas adéquat pour bombarder sa nouvelle connaissance des questions personnelles.

- Merci de votre aide et de vos précieux conseils Ichirô-san, poursuivit la jeune femme tout en prenant les produits conseillés. Je m'intéresse effectivement aux plantes mais contrairement à vous, niveau pratique je ne suis qu'une parfaite novice.

La samouraï ajouta aux plantes que le véritable médecin lui avait conseillé trois autres dont elle connaissait les bienfaits, les ayant déjà utilisées, avant de venir se planter face à Ichirô.

- J'aimerais vraiment être capable de pratiquer la médecine … Serait-il déplacé de ma part de vous demander de m'enseigner ? En échange, je ferais ce que vous voulez si cela est dans mes cordes, finit par proposer la jeune femme et avec sérieux.

La Natsumi avait assimilé beaucoup de connaissances en théories mais pour la pratique, il n'avait rien de mieux qu'un professeur pour progresser plus rapidement …

Sa curiosité assouvie, Gouik rejoignit sa Maîtresse avant de filer sous le stand derrière la jeune femme, pour partir en quête de quelques cochonneries à envoyer dans le gouffre sans fond qui lui servait d'estomac. En vérité, le suidé ne s'était pas réellement intéressé au Gembei mais la bête s'était juste assurée que l'humain qui s'était approché n'était pas une potentielle menace pour sa survie. En règle générale face à un étranger Gouik adoptait deux attitudes : soit il restait à l'écart dès lors que son instinct animal lui murmurait que la personne était potentiellement dangereuse ou bien il s'approchait et vérifiait que l'inconnu n'était pas effectivement menaçant avant de s'en aller aussitôt s'atteler à ses occupations ; comme présentement.

Mairu remarqua qu'Ichirô n'hésitait pas une seule seconde dans ses choix de produits. Preuve qu'il connaissait ce qu'il achetait contrairement à elle qui avait besoin d'examiner attentivement chaque plante pour être certaine de prendre la bonne. Parfois, la Natsumi n'était même pas certaine que ce qu'elle avait en main était exactement ce qu'elle cherchait qu'elle demandait confirmation auprès du vendeur.

Mémorisant une plante qu'elle ne connaissait pas dans les moindres détails avant de partir à sa quête, la Natsumi ne s'était encore jamais trompée de produit jusqu'à présent. Et, elle espérait que cela n'arriverait jamais car utiliser le mauvais ingrédient pourrait non seulement se révéler néfaste mais ça serait le pire des échecs pour l'apprentie qu'elle était. Une grosse erreur qui pourrait très bien la pousser à abandonner cette voie qu'elle jugerait alors n'être pas faite pour elle.

- Il n'y a pas d'âge pour apprendre ou enseigner mon cher Ichirô, fit la Natsumi avec le sourire. Même le Mizukage pourrait apprendre de ses subordonnés, ajouta-t-elle avec une pointe d'ironie avant de se remettre à examiner les produits exposés - les touchant, les sentant - tout en poursuivant la conversation et en jetant un regard de temps à autre à son interlocuteur. Je suis loin d'être une guerrière redoutable mais je pourrais en effet vous enseigner le taijustu si tel est votre souhait. Seule discipline que je suis en mesure d'enseigner d'ailleurs car, ne pouvant pas manipuler le chakra, je suis dans l'incapacité d'exécuter des techniques qui nécessitent cette source d'énergie.

Autrefois, la Natsumi pouvait manipuler le chakra dont elle était dotée de naissance mais une malheureuse rencontre l'avait fait perdre cette capacité. C'était pour compenser la perte de cette arme - chose qui l'avait rendu si vulnérable dans ce monde cruel - qu'elle avait décidé de suivre la voie du bushido. Si au début être une kunoïchi lui manquait parfois, à présent elle se complaisait entièrement à être une samouraï.

Ichirô qui lui annonça qu'il était pressé invita la Natsumi à lui faire face alors qu'elle sentait une plante qui dégageait une odeur plutôt agréable mais qu'elle reposa délicatement afin d'accorder son entière attention à son interlocuteur.

- Bien sûr ! Je peux attendre. C'est déjà aimable de votre part d'avoir accepté de m'enseigner alors il serait déplacé de ma part de vous brusquer. La jeune femme réfléchit un bref instant. Que diriez-vous de décider de l'endroit et du jour ensemble, quand on se reverra la prochaine fois ? Je vais réfléchir à un lieu adéquat d'ici là et peut-être que vous pourriez faire de même de votre côté ?

La Natsumi pourrait proposer son petit "laboratoire" personnel mais elle n'avait pas vraiment envie que le Gembei découvrît son penchant pour la médecine offensive …