Le groupe avait continué sa petite visite, l'académie ninja fût leur prochaine destination. Il y eut comme un petit pincement au coeur lorsque le Jisetsu passa devant, il n'avait pas de bon souvenirs de cette période. En fait il n'avait pas suivi le cursus scolaire type, la plupart du temps il apprenait l'art du ninja avec son père, dans son palais. Cependant, Hisashi avait toujours envié ces enfants aimés de tous, ces mêmes qui se font raccompagner par leur parent avec un goûter à la main. Personne ne possède la même chance dans ce monde. Notre protagoniste était perdu dans ses pensées, son regard se porta alors sur les invités. Eux aussi semblaient totalement perplexe face à une telle institution. De nombreuses interrogations se lisaient sur leur visage il ne fallait pas être très malin pour comprendre que le père angoissait pour sa fille. La question qui suivit ne surprenait même pas notre homme qui mit tout de même quelque temps à répondre. Nozomi devait-elle forcément rejoindre l'académie ninja et suivre la formation d'une shinobi ? Non. Bien que ...

- Ne t'en fait pas Ichirô, elle ne sera pas obligée. Mais ... Dans un monde tel que nous le connaissons, une formation shinobi ne serait pas de trop. Bien sûr elle pourrait très bien devenir une simple civile et mener une vie paisible.

Il baissa la tête quelques instants, se remémorant la destruction de Kiri, tout ces cris, tout ces corps qui jonchaient le sol. Femmes, enfants, il n'y avait eut aucunes exceptions. Et si tout le monde avait suivit une formation militaire ? La donne aurait-elle été autre ? Cette catastrophe restait dans beaucoup de cœurs Kirijin et chacun espéraient ne pas devoir revivre cette scène. Alors si Hisashi pouvait tout faire pour que cela n'arrive pas, il le ferait. Même si pour ça il devait former tous les enfants du village ou même se battre au péril de sa vie pour tous les protéger. Il reprit la parole d'un ton beaucoup plus sérieux, on sentait que ce sujet lui tenait à cœur et qu'il avait ses propres idées :

- J'ai vu Kiri se faire ravager de mes propres yeux, il n'y avait aucune pitié ce jour là. Peu importe l'âge, peu importe la profession, tout le monde mourrait. Je te demande de réfléchir à deux fois concernant Nozomi, certes il y à des risques pour elle de devenir une shinobi. Cependant, ce sera toujours mieux que de se retrouver sans défense, tu ne pourras pas toujours être à ses côtés Ichirô.

La discussion avait prit une tournure un peu plus sérieuse tandis que ces derniers s'approchaient désormais du palais du Mizukage. Le bâtiment se détachait des autres, d'une forme ovale, plus beau et plus prestigieux que les autres. On le reconnaissait immédiatement. Hisashi espérait un jour faire partie des unités spéciales de Kiri et pour cela il allait surement devoir passer par là de nombreuses fois. Arrivé devant le palais il fit signe à la petite famille de le suivre, ils y étaient cette fois. Il prit l'une de ces sucettes et la mit dans sa bouche, en espérant que la petite ait comprit à quoi ça servait désormais. Il l'avait vu hésité, mais le Jisetsu n'avait pas préféré réagir. L’innocence d'un enfant c'était mignon aussi de temps à autre.

- Nous y sommes, ne vous en faîtes pas le Mizukage n'est pas un tyran. Enfin ... Je crois.

Il fit signe au groupe de le suivre tandis que ces derniers montaient encore quelque marche pour arriver à l'étage. Là-bas se trouvait le bureau du chef du village et Hisashi espérait tout de même que ce dernier soit là. Cela permettrait de clarifier tout de suite la situation de ces protégés. Encore quelques pas et ils y seraient. 3,2,1, il frappa à la porte.

Les mains du Rokudaime s’affairaient à leur tâche avec précision et rapidité. Une tâche répétitive devenait mécanique et s’effectuait beaucoup plus rapidement. Encore heureux qu’il avait déjà passé beaucoup de temps à feuilleter et noter les éléments importants qui s’étaient accumulés dans les cahiers de doléance reccueillis. L’archipel renaissait tout juste. Kiri en était devenu le centre de nouveau et les demandes affluaient par centaines pour des services. Les interventions requises par la population devaient être triées et formulées en ordre de mission pour les Kirijins. Michiki s’était attelé personnellement à certaines d’entre elles. Il avait fait une priorité le service aux populations. Non pas sans intérêt comme à son habitude. Il ne faisait rien au hasard.

S’accordant un instant de répit comme il arrivait au bout de sa pile de missives, il fit pivoter son fauteuil vers la baie vitrée derrière afin d’admirer la vue. La légère brume de cette journée ne gâchait pas pour autant le paysage. Pour un non habitué, il serait incapable de discerner plus loin que la fenêtre. Mais les natifs d’ici parvenaient à distinguer un peu plus. Leurs yeux s’étaient formés et habitués à ce voile quotidien qui obstruait régulièrement la vue. Ils en étaient presque aveuglés lorsqu’un peu de soleil venait percer les nuages. Ces rares moments où le Shinda se réjouissait d’avoir ces fameuses lunettes qui le faisaient passer pour un excentrique. Ce qui n’était pas faux en soit vu la couleur de ses dernières.

Il les remonta d’ailleurs avant de refaire face à son plan de travail. Il ne s’étonna pas de la silhouette ayant mystérieusement fait son apparition devant le meuble. Il l’avait ressenti lorsqu’il lui faisait dos et il plongea son regard dans ses papiers en attendant que son invité inopiné ne déclare la raison de sa visite.

- Jisestu Hisashi se trouve en bas avec un monsieur et une enfant. Ils semblent demander une audience.

Un simple signe de tête suffit à répondre au gradé qui redisparut aussitôt. Le Shinda était prêt à recevoir du monde. Au moins une présence physique et humaine le changerait du papier si monotone et peu bavard. Lui d’ordinaire si rat de bibliothèque se réjouirait d’une présence humaine vivante ?! Beaucoup de choses avaient changé chez lui. Ce n’était pas le plus impressionnant parmi tout ce qu’il avait fait ces derniers temps. Il s’interdit une pensée pour Mairu alors que quelques coups retentirent à la porte. Il déblaya son plan de travail d’une main alors qu’il invita le petit comité à faire son entrée.

Hisashi se tenait aux côtés d’un homme d’un certain âge aux yeux bandés. Et dans son ombre on devinait une enfant qui semblait timide. Le Shinda fit courir son regard sur chacun des protagonistes avant d’entamer la discussion :

- Qui sont tes invités Hisashi ? Je n’ai pas souvenirs de ces visages parmi nos rangs. Que puis-je donc pour vous Monsieur et Mademoiselle ?

Ils pénétrèrent dans la pièce et Michiki se trouvait là. Assis derrière ce bureau, ses lunettes teintées devant les yeux. L'espace de travail semblait dégagé, il avait du faire un peu de ménage, Hisashi le voyait déjà entassé sous une montagne de paperasse. Le petit groupe avança peu à peu jusqu'à ce que Michiki se mit à parler. Il souhaitait savoir qui étaient les invités de notre homme, il ne les avais jamais su. En effet, il ne pouvait pas les avoir rencontré par le passé ceux là. Il ne fallait pas qu'il s'attende à des shinobis redoutables, en tout cas le jeune homme l'espérait, car sinon une grosse déception se lirait sur le visage du Mizukage. Bien que ça se trouve il ne le verrait même pas, l'ombre du village était peu expressif en général. Impossible de lire en cet homme. Le Jisetsu prit donc la parole pour présenter la petite famille :

- Voici Gembei Ichirô et sa fille Nozomi . Je vais les laisser te raconter leur histoire, je ne suis pas doué pour ça.

Toujours sa sucette à la bouche il s'affala sur un fauteuil qui trainait non loin de là, la petite visite et cette journée qui n'en finissait pas l'avait légèrement épuisé. Il regarda le plafond, la tête totalement inclinée vers le ciel et cet air pensif qui ne le quittait pas. Hisashi savait déjà que la discussion allait être long, le Mizukage chercherait surement en apprendre plus sur le Gembei. Pour sa part il considérait qu'il avait fait son travail, sa mission était de surveiller les portes et cette entrée dans le village pouvait être intéressante pour la brume. Un médecin de plus, cela ne pouvait faire que du bien. Concernant la petite, le Jisetsu avait déjà plein d'idées en tête comme en faire une redoutable guerrière, mais pas sûr que le père accepte. Il était plutôt borné et protecteur sur les bords, notre protagoniste aurait bien aimé découvrir ce qu'il se cachait dans le passé de cet homme.

Michiki face à un vieil homme et sa fille, une opportunité pour notre protagoniste qui allait découvrir son Kage sous un autre visage que leurs précédentes rencontres. Il souriait rien qu'à y penser, il savait très bien que la famille et l'histoire d'Ichirô toucherait légèrement le Mizukage. Du moins si ce dernier possédait un cœur. Ah d'ailleurs, le Jisetsu venait d'oublier une requête qu'il se devait de faire, il avait totalement omis ce détail. Il sortit sa sucette instantanément de sa bouche, celle-ci vint atterrir dans la main droite dans un poing bien fermé. Hisashi prit la parole une fois de plus, mais la dernière cette fois. Enfin, il espérait :

- Si tu n'acceptes pas leur requête, je demande l'autorisation pour que ces derniers passent la nuit dans mon domicile.

Finit de parler, il ne perdit pas une minute pour faire revenir la sucette dans sa bouche et pencher sa tête vers le plafond. Comme il souhaitait le faire comprendre il ne serait qu'un spectateur de la discussion qui allait suivre et donc sa place était en arrière plan. Comme toujours. C'était là qu'il était le meilleur toujours dans l'ombre à observer, analyser. Tout tombait à pique !

* Je ne peux pas les laisser dormir dans la rue ce soir... *

Certes, il s'inquiétait, mais n'allez pas croire qu'il en devenait faible pour autant, il se rendait simplement plus fort, plus humain. La reconstruction de Kiri était un nouveau pour tous, sans exceptions.

Les présentations étant faites par Hisashi, le Shinda regarda à tour de rôle le dénommé Ichirô et sa fille Nozomi. Alors que le père de famille s’exprimait pour présenter ses respects au Rokudaime, le Jisetsu fit une rapide intervention afin de préciser qu’il serait disposé à accueillir la petite famille. Un geste que le paternel ne manqua pas de saluer et de remercier avant de se lancer dans son récit. Les malheurs de l’île Awaji avaient conduit cette famille à se rapatrier sur l’îlot central de l’archipel. En toute logique, avec la reconstruction naissante de Kiri, les habitants désemparés s’étaient retournés vers cette puissance à en devenir. Un foyer et une protection. Voilà tout ce qu’ils cherchaient. Ichirô et sa fille faisaient partie de ces personnes.

Michiki écoutant sans interrompre cette histoire. Le Gembei était là pour réclamer son pain et le justifiait par diverses aptitudes. Un véritable entretien d’embauche. Mais ceux que le Fossoyeur faisait passer étaient d’ordinaire très différents de ce à quoi on s’attend dans ce genre d’entretiens. Cela tenait plus à base de : « Combien de tués à votre actif ? » , « Quelle est votre outil préféré ? Sabre ? Hache ? » , « Vous les préférez comment ? A vif ou saignant ? ». Mais cette dernière question rentrait plus dans le domaine du personnel ! En tout cas du temps de Kiri la Sanglante, c’était le genre de discussion récurrente que l’on pouvait avoir avec n’importe quel gentilhomme de la cour du Mizukage. La belle époque. Du temps où Michiki avait d’autres préoccupations que les tâches administratives telles que celle qu’il vivait actuellement.

Son regard allait du père à la fille comme si l’enfant pouvait apporter des précisions sur les faits évoqués. L’enfant restait étonnamment sage malgré la situation. L’importance de cette discussion avait dû lui être expliquée et elle devait se sentir intimidée dans ce bureau si officiel de bureaucrate. Si le Shinda avait un dessous de bon sentiment, il aurait eu quelques mots doux ou quelques attentions pour elle. Alors qu’au final il se contenta d’observer son géniteur qui attendait un verdict de la part du binoclard. Ce dernier vint remonter ses verres d’un léger geste de la main avant de se lancer :

- Quelques compétences en médecine, aucune notion de combat et une bouche supplémentaire à nourrir et loger qui ne saurait se montrer utile en raison de son jeune âge. Sur une échelle de 1 à 10, où placeriez-vous la validité de votre demande ? Kiri est un village à la fois ancien et nouveau. Celui dans lequel vous marchez aujourd’hui reste très jeune. Nous ressortons d’une crise majeure et la moindre aide est la bienvenue certes. Mais comprenez que chacun doit apporter sa contribution à cette nouvelle cité.

Le Rokudaime s’était levé de son siège après trop de temps passé l’arrière train vissé dessus. Il s’avança, contournant le bureau, pour venir s’y asseoir. Les jambes tendues devant lui pour lui tenir appui, il croisa les bras sous sa poitrine alors que ses yeux bleutés n’avait pas quitté son interlocuteur.

- Comprenez bien que l’aide civile n’est pas refusée. Mais au vu de vos capacités, il serait dommage de vous cantonner dans un hôpital. Si vous acceptiez de suivre au moins une formation basique sur les arts du combat, nous pourrions sûrement faire de vous un médecin sur le terrain. Pas un guerrier bien sûr. Mais un support médical ne serait pas de trop. C’est tout ce que je suis en mesure de vous proposer. Quant à votre fille…

Le regard s’abaissa de quelques bons centimètres pour la regarder brièvement. Puis il remonta vers le Gembei. Une certaine tension dramatique devait l’habiter à ce moment précis. Mais Michiki allait bientôt abattre sa décision.

- Elle peut rester autant qu’elle le désire à vos côtés. Elle pourra avoir accès à une éducation comme chaque enfant de ce village.

Il s’était alors approché de l’homme pour lui déposer une main sur l’épaule et accorder un sourire à la petite fille qui devait être aussi stressée que son père.

- Hisashi vous accueillera aimablement dans sa demeure pour ce soir. L’administratif prend du temps. Vous pourrez disposer d’un foyer à partir de demain en vous présentant en bas à l’accueil. Notre ami Jisetsu va pouvoir conduire notre invitée pour son foyer de ce soir.

Laissant ainsi l’occasion à Hisashi d’éloigner légèrement la fillette ou d’au moins détourner son attention l’espace d’un instant, Michiki profita de la proximité avec Ichirô pour lui souffler quelques mots.

- Mais le moment venu, faites-vous une idée : elle devra se battre.

Il avait proféré ses mots d’un ton parfaitement neutre. Il s’éloigna alors à son tour pour retourner à son bureau, non sans un regard vers celui qu’il venait d’accueillir dans son village. Sous certaines conditions bien entendu. Mais le Shinda ne pouvait décemment faire mieux. Il ne pouvait se permettre des passe-droits sous prétexte de drame familial. Ce duo avait au moins la chance d’avoir quelques arguments pour se payer une place dans le village. D’autres arriveraient aujourd’hui et n’auront pas ce privilège…