Ce n’était pas la première fois que j’envoyais une missive d’entraînement à travers le clan. Je mentionnais plusieurs bonnes raisons, telle que l’esprit de camaraderie que ces sessions créaient, mais l’un de mes buts caché était de sondé le potentiel que nous avions dans nos recrues. Si nous voulions redorer le blason du clan Gekei, il fallait s’assurer que la prochaine génération sera à la hauteur de la précédente. J’avais donc donné rendez-vous à tous les Genins et Chûnins intéressés aux terrains d’entraînement près du quartier, à l’extrême Ouest du village, à l’aube. J’avais donc vu le Soleil se lever alors que je terminai ma tasse de café, prêt à partir. J’enfilai mes sandales laissées à l’entrée puis je quittai par la porte principale. J’avais décidé de m’y rendre à pieds plutôt que de voler, les terrains n’étant après tout pas très loin du quartier. Le soleil était particulièrement fort même à cette heure, ce qui annonçait une journée encore plus chaude. Il y avait peu de gens dans les rues à cette heure matinale. Des travailleurs de chantier ou alors des restaurants préparant les terrasses pour le petit déjeuner des lève-tôt. Peut-être croiserai-je un Chûnin se dirigeant à son entraînement. Je me rendis donc lentement vers l’Ouest, les deux mains dans les poches de ma veste, réfléchissant à quel genre d’entraînement j’allais bien leur faire.

J’y avais déjà songé avant ce matin, évidemment, mais je ne m’étais jamais décidé. Je savais au moins qu’il s’agirait d’un entraînement au taïjutsu. Je ne savais toutefois pas s’il je faisais un entraînement de conditionnement physique ou si je leur apprenais plutôt l’un de mes jutsus. Ou alors je faisais des duels de quelques minutes avant de changer aussitôt de partenaire et de reprendre le combat. Après quelques minutes supplémentaires de réflexion, j’en déduis qu’au final, cela dépendrait du nombre de participants. Je ne pus toutefois pas cesser d’y penser et marchai donc les dernières minutes en pleine réflexion. Lorsque j’arrivai finalement à l’entrée des terrains, je sortis de mes pensées puis jetai un coup d’œil à l’horizon. Personne n’était arrivé, même pas un Genin arrivé à l’avance. N’ayant alors rien de mieux à faire que d’attendre, je m’étirai les muscles puis commençai à m’entraîner.

Débutant par des pompes et des redressements assis, je poursuivi avec environ une demi-douzaine d’exercice avant de prendre une pause. Ne voyant toujours personne, je me dirigeai vers l’un des mannequins de bois pour y pratiquer mes enchaînements. Je passais quelques minutes sur celui-ci avant de finalement sentir quelqu’un approcher. Gardant mes mains en position, je tournai la tête pour voir qui approchait. Une jeune femme, vêtue de principalement de noir, équipé jusqu’aux dents : porte-kunai, porte-shuriken, sacoches ninjas à des endroits stratégiques et finalement un katana à sa hanche. Je m’éloignai alors du mannequin puis me dirigeai à sa rencontre. Je la jaugeai au fur et mesure que je m’approchais.

- Bon matin. J’espère que tu es prête, la journée s’annonce très chaude.

Nous passâmes rapidement les présentations, ayant pour ma part signé la lettre que j’avais envoyée. J’attendis quelques minutes encore puis, voyant que personne d’autre n’était arrivé, je repris la parole.

- Je ne t’ai pas fait déplacer de si bonne heure pour rien, alors nous allons prendre un peu d’avance sur les autres. Et si tu me montrais un peu ce dont tu étais capable, que je me fasse une idée de tes capacités. Nous verrons ensuite ce que nous pouvons faire.

Peut-être avais-je un peu exagéré en donnant rendez-vous à l’aube pour mon entraînement. Je voulais savoir qui avait du nerf dans nos recrues Gekei et ceci était une façon parmi tant d’autre d’y parvenir. Izumi-san était la seule qui avait répondu à l’appel pour l’instant. J’avais attendu quelques minutes pour un partenaire d’entraînement avant de débuter avec elle, lui demandant de me montrer un peu ce qu’elle savait faire. Loin d’être une provocation – quel intérêt y aurait-il? – je voulais vraiment voir ce qu’elle pouvait faire. Si je voulais lui apprendre quoi que ce soit, je voulais savoir avec quoi je travaillais. Je ne faisais que prendre de l’avance, ayant prévu faire cet exercice avec chacun des participants. Je la vis hésité avant de foncer, ayant sans doute réalisé quand je ne gardais même pas mes arrières même avec le peu de distance qui nous séparait. Elle rassembla finalement son courage puis me fonça droit dessus, tirant son poing vers l’arrière. Activant alors mes yeux d’aigle, je laissai l’animal en moi se réveiller et me prévint du coup de pied rotatif qu’elle avait dissimulé sous un semblant de crochet au visage. Je rétractai simplement mon ventre puis me reculai un peu pour éviter le coup de pied. Elle enchaîna avec plusieurs autres tentatives de coups de poings et de pieds, sans toutefois faire mouche.

- Tu es à l’aise au taïjutsu, c’est bien. Et si tu me montrais ce que tu savais faire avec ton animal totem, maintenant?, lui demandai-je avec mes iris jaune d’aigle royale.

Transformant mes mains en serres, chacune munies de quatre griffes acérées, et adoptai cette fois une position défensive. Non pas que je craignais réellement quoi que ce soit, mais je voulais faire passer le message que nous passions aux choses sérieuses. Je ne pouvais pas parler pour les autres, mais pour ma part c’était avec mon animal totem que je démontrais le plus de potentiel. J’étais curieux de voir premièrement quel était son animal totem et deuxièmement comment elle s’en servait. Pour ma part, j’utilisais mes ailes pour charger mon adversaire ou alors pour éviter les coups de grands battements d’ailes. J’avais aussi mes serres, dont j’utilisais la poigne de fer et les griffes pour agripper mes adversaire et les lacérés. Il pouvait y avoir de nombreuses utilisations possibles à notre pouvoir clanique, dépendant de l’animal totem. Il pouvait même y avoir plusieurs façons d’exploiter un même animal totem dépendant de la personne. J’étais donc sur mes gardes, ne sachant pas à quoi m’attendre d’Izumi-san. J’avais mes yeux bien posé sur elle, prêt à tout.

Aussi habile soit-elle avec son animal totem, elle ne réussit toujours pas à me toucher. Elle s’arrêta finalement après quelques minutes d’échange pour reprendre son souffle. J’avais toutefois une bonne idée de ce qu’elle pouvait faire avec son animal. Profitant de la petite pause, je tournai la tête pour voir si on ne nous avait pas rejoints. Nous étions malheureusement toujours seuls, ce qui voulait dire que je poursuivais mon entraînement avec Izumi-san. Rapportant mon attention sur elle, je la trouvai rétablie et prêt pour la suite. Je ne savais toutefois pas où aller avec la suite.

- Le loup, hein? Ça pourrait le faire, me chuchotai-je à moi-même. Bon, et bien puisque nous ne sommes toujours que toi et moi, que dirais-tu que je t’apprenne une technique?

J’avais une idée ou deux de technique qui pourraient sans doute être adapté à l’animal totem du loup. Je pouvais bien lui proposer les deux et elle pourrait faire son choix. Il y avait toutefois l’une d’entre elle qui demandait un prérequis, alors le choix ne sera peut-être pas totalement le siens au final.

Spoiler:

Reprenant moi aussi mon souffle, je pouvais dire qu’elle avait du talent. Je la gaugeai du regard alors qu’elle s’abreuvait, analyzant initialement ses caractéristiques physique tout, visualisant ce qu’elle pouvait faire sous sa forme de louve. Elle me rappela alors ma propre bouteille et je me dirigeai vers le mannequin de tout à l’heure, où ma bouteille trainait. Une fois désaltéré, je retournai vers elle avec cette fois une nouvelle proposition : l’apprentissage d’un jutsu, un taïjutsu plus exactement. En fait, ce n’était pas si différent de ce qu’elle venait de faire. Celle-ci accepta pratiquement sur le champ, prenant une dernière gorgée d’eau avant de se débarrasser de sa bouteille. La fougue de la jeunesse, comme on dit.

- Très bien. Le jutsu que je vais t’apprendre aujourd’hui est classé rang B, j’espère que tu es prête. Il s’agit en quelque sorte d’une version amélioré de ce que tu m’as montré.

Transformant mes mains en serres de nouveau, je montai ma serre droite au niveau du visage puis les articulai avec une dextérité inattendue pour finalement la fermer en un poing.

- Il s’agit d’un taïjutsu qui permet de porter une trentaine de coups à ton adversaire. Ce n’est toutefois pas aussi facile que cela. Pour ce faire, je laisse mon animal totem prendre momentanément le contrôle. La rage animale est une arme puissante que nous, les Gekei, possédons, mais qui recèle elle aussi de dangers. Je pris une petite pause, mettant de l’accent sur mes dernières paroles. Ceux d’animaux prédateurs sont particulièrement puissant, le loup en faisant parti comme tu peux t’en douter. C’est pourquoi je crois que ce jutsu pourrait être particulièrement puissant si tu venais à le maîtriser. Ça te plaît?


Je me doutais bien de la réponse, mais je ne voulais rien lui imposer non plus. La plus part d’entre nous manifestait leur animal totem de façon physique, avec les transformations partielles et complètes. Je ne savais toutefois pas si d’autres membres du clan faisait appel à l’aspect plus mentale de leur animal totem. Je poursuivi alors mes explications.

- Pour commencer, il faudra d’abord évaluer le lien que tu partages avec ton animal totem. Est-ce déjà quelque chose que tu as fait, de faire appel à la conscience animale en toi? Si oui, montre-moi.

Si tel était le cas, alors tant mieux, nous pourrons travailler avec ce qu'elle savait faire . Sinon, il faudra partir de la base. Dans les deux cas, nous avions probablement du travail devant nous. Heureusement, la journée ne faisait que commencer.

Comme je m’y attendais, elle était partante pour l’apprentissage. Lorsque je lui annonçai ce par quoi nous allions commencer, je vis son expression faciale changer du tout au tout. Elle ne semblait pas à l’aise avec ce que je proposais et sa réponse me le confirmait. J’arquai le sourcil, témoignant ma légère confusion. Sa transformation animal se faisait instinctivement et n’avait donc jamais eu besoin d’éveiller cette conscience en elle, je comprenais cela. Mais ne jamais avoir pensé à maîtriser l’animal qu’elle avait en elle? Je ne la connaissais pas assez pour pouvoir la jugé, mais à son âge l’idée m’avait déjà effleuré l’esprit. Suivant ce fil d’idée, j’essayai de me remémorer la première que j’avais moi-même tenté cette expérience. Je me grattai le menton sans m’en rendre compte pour finalement revenir vers Izumi-san.

- Je vois. Alors nous avons de chemin devant nous. Portant à nouveaux ma main à mon mentons, je réfléchis encore pendant quelques instant avant de reprendre la parole.

- Bon, commençons par la base. Comme tu t’en doute, ton animal totem est plus que la forme que tu revêtir. Tu as le véritable esprit d’une louve qui sommeille en toi qui te laisse revêtir sa forme. La façon la plus facile de se faire est la transformation physique partielle puis complète. Ce n’est toutefois pas là la limite de nos pouvoirs. Au-delà de la transformation physique, il est possible de faire ce que j’appelle une transformation mental, quoique le terme transformation ne soit pas approprié. Altération serait plus appropriée. Il s’agit d’éveiller la louve en toi et de le laisser momentanément prendre le contrôle pendant quelques instants seulement.

Je m’arrêtai là pour l’instant, étant déjà aller plus loin que je ne l’avais prévu. Je lui laissai quelques instants pour bien assimiler toute cette information. Je ne croyais pas que je ne lui révélais un grand secret en lui annonçant qu’un animal vivait en quelques sortes en elle. Non seulement cela, mais elle devait le laisser momentanément prendre le contrôle de son esprit. Elle avait toutefois témoigné un intérêt même après m’avoir entendu explicitement le dire, alors ce n’était probablement pas cela qui allait l’arrêter.

- Il faudra d’abord faire ce que j’appelle « L’Éveil de la Bête », donc le nom est plutôt explicite. Pour ce faire, je vais te demander de fermer les yeux et de faire le vide ton esprit. Ensuite, tu vas essayer de te remémorer comment tu te sens lorsque tu prends ta forme de louve sans toutefois en prendre la forme, reste sous ta forme humaine. Concentres-toi sur ce sentiment, puis cherche ce sentiment au plus profond de toi. Cherche cet instinct animal qui sommeille en toi.

C’était la première que j’avais eu à exprimer ce processus en mot. C’était quelque chose qui se ressentait, qui se faisait dans son soi intérieur. Ce n’était pas particulièrement évident à expliquer. Ceci n’était que le début et déjà l’une des parties les plus ardues de la technique.

- Je te préviens par contre, ce ne sera pas une partie de plaisir. Comme je le disais plutôt, le loup est un animal féroce, surtout à l’état sauvage. Ne t’étonne donc pas si tu n'es pas accueilli à bras ouvert. Tu ne dois pas hésiter et lui montrer que ton corps t’appartient et non l’inverse.

Je pouvais voir dans ses yeux que je faisais régir quelque chose en elle alors que je lui en parlais un peu plus sur l’origine de nos pouvoirs. Je pouvais déjà déduire qu’elle n’était probablement pas au courant de « l’intensité» de notre connexion avec le règne animal. Elle semblait plutôt bien le prendre, à moins que ce ne soit que ce qu’elle laissait paraître. Pour ma part, j’étais conscient de l’animal en moi depuis aussi loin que je puisse me souvenir, mais Père m’avait toutefois interdit d’entrer en contact avec lui. Je n’avais jamais compris pourquoi. Elle sembla avoir quelques réticences face à « l’Éveil de la Bête », plissant instinctivement le nez pendant quelques milli secondes avant de finalement lever vers mois des yeux contenant une détermination qui me surpris un peu, mais qui était la bienvenue. Ce qu’elle rajouta vint un peu me chercher, pouvant dire que j’étais l’élément déclencheur de cette soif d’apprentissage que témoignait la Gekei. Elle s’installa alors au sol puis se plaça en position de méditation, fermant les yeux et croisant les jambes. Elle calma sa respiration pour adopter un rythme lent mais régulier. Je ne pouvais pas savoir ce qui se passait, mais je pouvais pratiquement confirmer que quelque chose se passait dans son for intérieur.

Je profitai de la période de méditation pour jeter un coup d’œil aux alentours. J’étais peut-être trop optimiste de croire que quelqu’un d’autre viendrait. Je tentai tout de même mes chances, n’ayant pas grand utilité pour Izumi-san pour l’instant. Conservant ma forme humaine, je déployai mes ailes puis m’envolai quelques mètres dans les airs, dépassant tout juste la cime des arbres. La journée avait avancé sans que je ne m’en rende compte alors que les rues étaient maintenant bondées de gens. Il n’y avait toutefois aucun signe d’un autre Gekei en vue. Je redescendis donc vers la terre ferme et repris place auprès de mon élève du jour. Je croisai le bras puis réfléchit sur ce qui nous restait à faire. Je fus soudainement tiré de mes pensées par la Gekei qui sembla revenir à elle de manière forcé alors qu’elle s’étendit de tout son long sur le sol du terrain d’entrainement. À bout de souffle, elle me jeta un regard mélangeant panique et excitation. Elle s’examina ensuite le corps, me demandant ce qui pouvait bien lui être arrivé pendant les minutes qu’elle était partie. Reprenant finalement contenance, elle m’affirma alors qu’elle avait réussis. Elle avait réveillé la bête en elle et apparemment, elles avaient un terrain d’entente. C’était une façon de voir les choses.

- Excellent. Ça se corse un peu pour la suite. Pour ce jutsu, tu dois littéralement laisser l’animal en toi prendre le contrôle. Le plus important est de garder un certain contrôle sur lui-même s’il est en contrôle. Vois plutôt cela comme si tu lui prêtais ton corps quelques instants. Tu dois toutefois t’assurer qu’il comprenne que c’est toi la patronne, sinon l’animal pourrait un jour se rebeller contre toi et gardera le contrôle.

Je m’arrêtai là, jugeant que j’en avais assez dis pour effrayer qui que ce soit d’essayer ce taïjutsu. Je ne mentionnai pas le cas des loups garous, qui n’étaient pas seulement des comptes pour effrayer les gens. Ils étaient bien réels et étaient le résultat de membre Gekei dont l’animal totem a pris possession de son hôte. C’était ce que je redoutais le plus en apprenant ce jutsu à la Gekei louve. Je devais me fier sur son bon jugement.

- C’est pourquoi tu dois t’en assurer avant de poursuivre dans l’apprentissage. Une fois cette étape franchi, tu en seras à l’étape finale. Tu devras lui donner une directive bien précise lorsque l’animal prendra le contrôle. Tu dois être la plus précise possible, puisque les animaux ne résonne pas comme les humains et pourrait mal interpréter ce que tu lui demande de faire. Dans notre cas, c’est de ravager notre ennemi d’une rafale de coup. Ça va, je ne suis pas aller trop vite?

Je lui avais encore une fois envoyé beaucoup d’information concernant la technique que je lui apprenait. Je me devais toutefois de la prévenir de ses dangers et comment y remédier. Je lui demandai si elle avait bien compris les dernières étapes afin d’apprendre mon jutsu. Je me doutais bien que c’était beaucoup à assimiler et pas nécessairement des plus évident à comprendre. J’étais justement là pour elle si jamais elle avait quoi que ce soit à me demander, mais celle-ci sembla se débrouiller. Prenant alors une grande inspiration, elle se repositionna en position du tailleur et suivi la même démarche que tout à l’heure. Je la regardai d’un œil attentif, portant attention à sa démarche. Après quelques minutes d’inactivités, elle eut quelques petits spasmes avant de finalement ouvrir grand les yeux. Je ne pus cacher mon étonnement lorsque je remarquai ses yeux qui avaient changé du rouge au bleu, me confirmant qu’un changement c’était bel et bien produit. Je ne pus pas cacher ma crainte lorsque je l’entendis parler sous une nouvelle voix. Une voix plus grave, qui avait quelque chose d’animale. Elle n’eut toutefois pas le temps de terminer sa phrase qu’Izumi-san coupait déjà le contact, fermant les yeux pour le rouvrir aussitôt cette fois avec les iris rouges.

Ne comprenant pas vraiment pourquoi elle s’excusait, je n’y portai toutefois aucune attention lorsque j’entendis la suite. Apparemment, la louve n’avait pas aimé la description que j’avais faite d’elle. Cela voulait-il dire que… que c’était la louve elle-même qui venait de m’adresser la parole? Je n’avais jamais rien entendu de tel. Je venais toutefois d’en être moi-même témoin. Cela venait chambouler plusieurs de me croyances et provoquait plusieurs questionnements en moi, mais là n’était pas le moment pour cela. J’avais un entraînement à superviser. Elle avait les yeux à nouveau fermé, concentré et visiblement en discussion avec son animal-totem à la voir plisser des yeux. Ses yeux se détendirent après quelques minutes puis elle les ouvrit finalement pour poser sur moi les mêmes yeux bleus que tout à l’heure. Nous nous fixâmes du regard pendant environ une minute, me questionnant sur son existence pendant cette minute qui me parut beaucoup plus longue qu’elle ne le fut réellement. Elle se releva puis me demanda mon avis sur son deuxième essaie.

- Tu es sur la bonne voie du moins. Tu as réussis à lui laisser le contrôle tout en la gardant en laisse, si tu me permets l’expression. Tu dois maintenant lui donner une consigne bien précise. Tu ne lui laisse pas le contrôle par bonté de cœur, il y a une raison et tu dois le lui faire comprendre. Tu crois être capable de faire ça?

J’étais curieux de voir si la louve en elle se plierait à la volonté d’Izumi. Elles venaient tout juste d’établir le contact après tout. Je me demandais comment c’était passer cette fameuse rencontre, prenant en compte le fait qu’elles s’étaient probablement adressées la parole. Cela me faisait étrange de penser une telle chose, n’ayant pour ma part jamais conversé avec mon animal-totem. Je n’avais jamais cru qu’il pouvait me répondre, alors à quoi bon m’adresser à lui. Je sentais mon esprit se perdre dans mes propres questions, mais rester concentrer sur le moment. Quoique techniquement, elle n’avait plus bien besoin de moi à partir de maintenant. Elle semblait avoir le moyen de discuter et de négocier avec son animal totem, alors elle avait ce qu’il fallait. Il ne manquait plus que du temps et de l’effort pour parvenir à dompter la louve en elle à sa guise.