Le ciel venait observer la scène de son œil lunaire. La pureté de l’astre illuminait les vestiges du désastre où se promenait un homme. Deux points reflétèrent cette clarté alors qu’il levait son regard pour admirer à son tour cette sphère céleste. Les lunettes en revinrent ensuite à l’horizon se présentant devant le Shinda. Une braise incandescente vint ponctuer la nuit d’une lumière orangée avant de finalement s’éteindre en même temps que la cigarette sur laquelle elle avait suivi le cours de son existence si éphémère. Puis elle rejoignit le sol où le pied du nécromancien vint l’écraser dans son ultime souffle.

Un nouveau nuage s’échappa de ses lèvres. La fraîcheur de la nuit rendait l’atmosphère sensible à toute émanation de chaleur, y compris le souffle de Michiki. Son pas résonnait parmi les ruines du village où il se promenait comme à son habitude. Toujours cette motivation et ses pensées qui l’accompagnaient dans ces balades. Un moyen de le motiver de parvenir à ses fins. Chaque piste était étudiée avec minutie, simulée mentalement et les différentes options étaient envisagées. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Une entreprise folle qui pouvait lui coûter la vie. Lui simple Nukenin, ex Kirijin de la Brume Sanglante, à la recherche de la reconstruction de son foyer. Une utopie ? Certainement. Mais Michiki faisait partie de ses hommes qui avaient besoin d’un but dans la vie. Et pour qu’elle mérite d’être défendue, il fallait que ce but soit à la hauteur.

Le Fossoyeur estimait donc sa vie comme ayant valeur équivalente avec la reconstruction d’une ancienne puissance shinobi. Ambitieux ? Oui, on pouvait dire qu’il s’aimait énormément dans ce cas. Ses démarches auprès du Shûkai restaient encore le plus logique et le plus intéressant à son sens. Une autre puissance aurait les moyens pour financer la refonte d’une autre. C’était logique. Tout autre financement aurait été bien maigre. Même les grands magnats de l’entreprise ou quelconque organisation seraient risibles par rapport aux moyens d’un village shinobi. Et l’Empire s’était montré le seul intéressé par le retour de la Brume. Les autres craignaient cette résurrection. A juste titre d’ailleurs lorsque l’on connaissait le passif du Kiri que Michiki avait connu.

Ces gravas qu’il observait et qu’il piétinait seraient bientôt les fondations du nouveau Kiri. Un village dans lequel il aurait une place importante, si ce n’est prépondérant. Son ambition ne l’avait pas poussé aussi loin dans sa réflexion. Mizukage ? Sûrement. Selon les opportunités se présentant. Michiki avait toujours été un chapardeur et un profiteur. Que ce soit dans l’usage de son pouvoir que dans son ascension hiérarchique, il avait toujours su profiter des désistements des autres ou de la disparition d’autrui pour prendre les places intéressantes. Une réputation de charognard qui lui sied à ravir et qu’il ne souhaitait troquer. Le monde fonctionnait ainsi et ce n’assumant pas ce trait de caractère se voilait la face derrière un masque d’hypocrisie et de mensonge. Des travers que le nécromancien savait emprunter mais dont il ne se cachait pas. Paradoxal dans un sens.

Mais alors que ses pas le menaient jusque dans l’ancien centre du village, ses sens aiguisés repérèrent des présences un peu plus à l’est. Il tourna la tête dans sa direction, sans grand espoir de discerner quelque chose. Il marcha ensuite vers cette position. Il y avait dans le lot des shinobis. Il opta pour une approche discrète en se rendant invisible grâce à ses techniques de senseur. Il n’était plus très loin de ce qui ressemblait à un campement de fortune. Des hommes s’affairaient à faire le nécessaire pour préparer à manger et passer la nuit. Un petit groupe qui semblait plus pacifiste qu’autre chose. Préférant ne pas prendre de risques inutiles, le Shinda se dédoubla, laissant une réplique de sa personne en retrait, au cas où les choses deviendraient corsées par ici. Il avait déjà eu des problèmes par le passé, l’archipel étant peuplé de brigands. Il s’avança alors sereinement dans la lumière jusqu’à ce qu’on repère sa présence :

- Mes hommages étrangers. Pardonnez cette arrivée chevaleresque mais je suis « gardien » de ces lieux. Qu’est-ce qui vous amène ici sur les ruines de mon ancien village ? Vous étiez en route pour servir la Brume et les Furyous vous ont devancé ? ironisa-t-il.