Je revenais de mon entretient avec l'ex-Damyo, et j'étais toujours surpris de sa proposition. Moi ? A la tête du Triumvirat en sa compagnie et donc celle des Suzurane ? C'était une chose à laquelle je n'avais pas du tout pensé, mais au final... cela allait en parfaite adéquation avec mes objectifs comme celui de devenir chef du clan Samui. J'avais accepté son offre surement un peu trop vite, mais il fallait avant tout la validation de l'Empereur. Allait-il accepter ou refuser ? Difficile pour moi de mettre une réponse à cette question, tant le personnage était mystérieux.

En tout cas, maintenant, il s'agissait de concrétiser le tout et ce fut quelques jours après cette mission que le rendez-vous fut donné. L'endroit était logique : le palais du Seigneur de guerre. Là où se trouverait très certainement le nouveau quartier du Triumvirat, c'était tout bonnement logique et plein de sens pour moi. Le nouveau remplaçait l'ancien. J'étais arrivé en premier sur les lieux, et il me fallait maintenant attendre les autres : Ketsuen, Oge Akeko et un Suzurane dont le nom était Shuugyou. Le chef du clan, apparemment.

Tout avait été préparé, tout était installer pour que ce moment se passe dans les meilleurs conditions. J'étais prêt, et j'espérais que Ketsuen et le Suzurane ne voit rien à redire quant à la proposition que m'avait fait l'ex-Damyo : c'est à dire être du Triumvirat. Je savai que Ketsuen se placerait de mon côté, c'était en plus d'être un compagnon, un ami désormais. Quant au Suzurane, cela allait être difficile pour moi de me placer car je n'avais aucune informations sur lui.

Spoiler:

Oge Akeko, ex-Daimyo de Yuki no Kuni

La rencontre de la journée ne promet aucun résultat. Mais elle présente une telle opportunité pour le Pays des Neiges que même une vieille femme s’est donnée la peine du déplacement. Quelques jours plus tôt, l’ancienne Daimyo Oge Akeko récupérait une partie de ses anciens privilèges de Seigneur, et ses pleins droits en tant que personne et femme. Depuis le départ du jeune Samui, elle a revu une grande partie de la famille et a pu renouer des contacts avec le monde extérieur – à la grande surprise d’anciennes connaissances.

Cette fois-ci, le déplacement est bien plus important. Il s’agit de reconfigurer le pouvoir en place après plusieurs années d’incertitude. Certes, la politique impériale n’a pas laissé le siège vide, puisque la Seigneur de Guerre Yuki Samui a pris le contrôle de l’île avec l’aval de l’Empereur. Mais suite à son décès, les autorités sont restées un temps vacantes, recevant leurs ordres du Kamui lointain, et se pliant à des situations ou des règles édictées, sans personne pour garantir leur protection ou leur contrôle.
La proposition d’un nouveau Triumvirat, alliant les anciennes forces de Yuki no Kuni avec la promesse d’une large autonomie du pays insulaire au sein de l’Empire pourrait changer la donne.

Arrivée à l’ancienne demeure Seigneuriale, l’ancienne Daimyo porte son regard sur une Capitale des Neiges qu’elle n’a pas vu depuis plusieurs années. Rien n’a vraiment changé dans cette vaste ville ; ce qui est aussi bien un mauvais qu’un bon point. La situation ne semble guère avoir changé, mais la sécurité a été renforcé : pas moins de quatre contrôles après l’entrée en ville ! Les raisons de cette réunion exceptionnelle ont certainement déjà été communiquées aux alentours, et sa « résurrection » de la « Vieille Akeko » a probablement fait le tour de la cité. Elle doit être attendue ; mais rien ne peut retarder l’entrevue planifiée. D’un pas décidé, la grand-mère avance vers les Grandes Salles du Palais impérial.

Elle y retrouve une tête qu’elle ne connaît que depuis quelques jours, avec laquelle elle a déjà conversé.

« Je suis là, au rendez-vous, comme demandé, Kirito Samui. Et j’espère que cette rencontre ne sera pas une nouvelle tromperie de la part de ton Clan … . Car la nouvelle de mon retour fait déjà du bruit, et crois-bien que vous débarrasser de moi ne sera pas aussi simple cette fois ! »

La vieille chef a bien raison. Si la réunion devait tourner en un piège pour éliminer les derniers opposants à l’Empire, le peuple de Yuki ne se laisserait pas faire aussi facilement cette fois ! Et l’Empereur devrait conjuguer avec des tensions que son règne n’avait pas connues jusqu’alors. Il faudra donc jouer de diplomatie et de tact au cours de cette rencontre.

« Et je suis curieux de voir si les Suzurane sont vraiment d’humeur à accepter l’offre de Kakeshuou. Ils n’ont pas été commodes sous mon autorité, ils le seront d’autant moins au sein de l’Empire ! »

Spoiler:

Le voyage fut beaucoup plus rapide au retour qu'à mon départ pour l'ancienne tour du conseil Suzurane. Connaissant un peu plus les sentiers qui devaient me ramener vers la route principale qui devait nous mener jusqu'au sein de la grande salle aménagée pour les réunions du nouveau Triumvirat, ce n'est qu'à une ou deux reprises que je dû m'arrêter pour réfléchir à mon itinéraire. Chose qui aurait été totalement inutile puisque l'homme avec qui je voyageais n'attendais pas à me laisser lui montrer le chemin; il le connaissait comme il semblait connaître les moindres parcelles de terre de Yuki no kuni. Plus vieux que moi, et ayant vu les jours dans la neige alors que moi j'avais été un fils de la brume, il me dépassait constamment, comme si ma présence durant le voyage lui étai complètement égale. La réalité, c'est qu'elle le dérangeait même. Je ne lui étais utile en rien et il ne manquait pas de me laisser le remarquer. Néanmoins, je n'arrêta jamais et je le devançai à mon tour lorsqu'il en était possible. Il fallait dire que j'avais bien adopté ce pays et que le fait de nous établir en retrait des centres urbains m'avait aidé à bien connaître la dure réalité des chasseurs et des trappeurs du pays froid.

Enfin, nous réussîmes à rejoindre l'ancien palais du seigneur de guerre de Yuki no kuni...ou l'ancienne demeure de Yuki elle même, celle qui fut mon premier sensei...mais dont je n'avais le souvenir que d'une brève rencontre pour me faire intégrer l'équipe Tsukimi. Cela remontait à presque deux ans déjà. Deux ans que je m'étais enrôler dans les forces de l'empire, le temps passait vite.

Arrête de rêver Samui...et emmène moi devant Akeko Oge. J'ai déjà assez perdu de temps à voyager avec toi. J'espère pour toi que cette rencontre en vaudra la peine et que ce n'est pas un sale coup du vieux Kakeshuou.

Ce furent là les seules paroles que m'adressèrent Matomeru durant tout le voyage. Des paroles très similaires à ce qu'il m'avait déjà dis lors de notre discussion au sein de ses propres terres, loin du territoire Samui. Inutile de préciser donc que ma réponse ne fut qu'un soupire d'exaspération. Je décidai de simplement ignorer le barbare tout en gravant les marches qui nous menaient aux portes d'entrées. Ma seule apparence suffisait à me faire passer là où je le voulais. Certains pouvaient voir une petite ressemblance entre moi et notre empereur...notamment la chevelure. Tout comme la sienne, elle était hirsute et blanche. La seule différence résidait dans les reflets bleutés qui apparaissaient tout dépendant de l'angle avec laquelle les rayons du soleil venaient à taper sur mon crâne. Notre peau était semblable aussi, tous deux affectés d'une manière ou d'une autre par la puissance du froid...mais alors que la mienne n'était que le fruit d'une étrange maladie, la sienne avait prit cette couleur lorsque le Hikaiju en avait fait son nouvel hôte. Mais là s'arrêtaient les ressemblances. Pour le reste...nous étions des Samui de pure race. Et c'était surtout là dessus que les gens nous reconnaissaient au sein des nôtres et nous laissaient passer sans la moindre hésitation.

La chose ne fut pas nécessairement aussi simple pour le Suzurane, mais un vague signe de main de ma part suffit à écarter les plus curieux, mais surtout les plus zélés de mes comparses qui s'apprêtaient à littéralement lui bloquer le chemin. Chose qui aurait bien pu être le prémisse d'un malheureux destin pour eux, mais aussi pour nos négociation à venir, au sein même du Triumvirat. L'un d'eux en particulier, se montra très peu enclin à laisser un membre du clan de la rage runique poser le pied sur le sol sacré du palais...mais ma solide poigne sur son épaule le fit reculer d'un pas, puis de deux. Mon oeil plongea un sentiment de colère dans son regard, et le serrement de mes dents lui fit comprendre que je n'entendais pas à perdre mon temps sur son intolérance face à notre invité. Cependant, nous n'étions pas comme les Suzurane et aucunes insultes ne fut lancée. L'homme ne me répondit que d'un signe de tête afin de me faire comprendre qu'il avait saisit qu'il valait mieux ne pas attiser une flamme qui se voulait facile à allumée. Puis nous continuâmes jusqu'à ce que je pousse les deux grandes portes qui nous menaient d'abord à l'intérieur du Hall d'entrée, puis ensuite les deux autres qui allaient nous mener au reste de l'assemblée.

Kirito Senpai et la vieille Oge y étaient déjà et semblaient en discussion. Ainsi, j'inclinai légèrement la tête vers le bas et laissant place à notre invité. Le champs était donc libre pour lui. Il pouvait prendre place à la grande chaise qui avait été amenée expressément pour lui...représentant du chef des Suzurane. De mon côté, je me contentai simplement de m'adosser à un mur et de fléchir la jambe et de ramenée mon pied derrière mon genou, le plat de celui-ci contre le mur de bois du cadre de la porte d'entrée. Je ne faisais pas partie du conseil, et je ne serais présent ici qu'à titre d'observateur...voir de médiateur si les choses devaient mal se passée.

Suzurane Matomeru, membre du Clan Suzurane

Le voyage fut long, même trop. Le Suzurane avait évité de dévaler la montagne pour être sur place au plus tôt. Il était accompagné, et ne pouvait pas lui fausser compagnie. En soi, peu importe, il n’avait rien à faire de ce jeunot qui avait pris le risque de venir faire une offre à son Clan. Son Chef lui avait donné une double mission : la première était de constater du bien fondé de la survie de la Daimyo. Car au-delà du mensonge et du piège qui pouvait être tendu, c’était voir quelles étaient les réelles conditions de vie de l’ancienne Seigneur Féodale des Neiges. Autre point important : quelle était son opinion sur ce projet, et pensait-elle vraiment qu’il ne s’agissait pas d’une nouvelle supercherie de la part du traître Samui … .

Arriver à Gyamda fit un léger pincement. Notre homme n’a pas mis les pieds dans cette cité depuis des années. En raison de l’occupation de Kiri, de la place des Samui et de l’évolution de l’Empire, les Suzurane s’étaient retirés de la société, et vivaient en reclus. Ceux qui dominaient ces terres avant la création des Villages Ninjas étaient devenus des parjures, des rejetés. La situation peut-elle vraiment s’améliorer, tout en restant sous l’Empire ?

Entré dans la salle de réunion, Matomeru découvre un cadre presque princier : une large table et assez de places pour tous les principaux intéressés. La vieille Oge et un autre homme – qu’il assimile rapidement à un Samui – se trouvent de l’autre côté de la table. Une première mauvaise impression. Un siège honorable lui est proposé ; il reste un instant immobile, scrutant les environs au cas où une embuscade est prévue. Mais il consent finalement à s’asseoir et à entamer la conversation.

« Je suppose que le gringalet à côté de vous est un Samui, envoyé par son patron ? Je vais tâcher de passer outre l’affront d’un gamin pour représenter ce Clan et aller à l’essentiel … »

Voilà de quoi entamer lourdement la discussion ! Et qui ne promet rien quant à la création du Triumvirat ! Mais l’envoyé du Clan de la Douleur n’en a pas fini. Car son regard bestial et sauvage se braque sur l’ancienne Daimyo du Pays.

« Dame Akeko … si vous me dites à l’instant que vous êtes contrainte à ce projet, je nous débarrasse de ces deux déchets et les Suzurane vous apporteront toutes leurs forces pour éradiquer cette menace qui a anéanti le projet d’une alliance pacifique … »

En effet, ca ressemble plus à une déclaration de guerre qu’à l’annonce d’une paix future !!

J’étais le premier arrivé et donc le premier installé à la table qui faisait office au centre de la pièce. Il ne me restait plus qu’à attendre Oge Akeko, le Suzurane et Ketsuen patiemment. Chose que je n’étais pas vraiment, mais avec le temps, je commençais à m’y faire dans cette discipline. De toute manière, je n’attendis pas trop longtemps puisque la vieille dame que j’avais déjà vu quelques jours auparavant venait d’arriver. J’avais déjà pu converser avec elle, et j’étais toujours autant surpris de la demande qu’elle m’avait faite. Et là, elle me disait espérer que ce n’était pas une tromperie de la part de l’Empereur. Elle doutait encore et encore bien que les doutes n'étaient désormais plus vraiment possible. Je souriais, avant de répondre, cinglant.

Si j’avais voulu vous éliminer, je l’aurais fait dès mon entrevue avec vous, Dame Akeko, vous le savez très bien. Enfin, je n’y vois plus l’utilité car vous êtes d’accord pour participer à ce projet, il ne nous reste plus qu’à convaincre les Suzurane. Si l'Empereur aurait voulu vous éliminer, le moment est mal choisi maintenant.

Je restais souriant, malgré l’atmosphère qui semblait plus tendu qu’apaisante. C’est vrai que tout allait se jouer maintenant, et je comptais sur Oge Akeko pour soutenir la création du Triumvirat. C'était un projet qui devait marcher, et bien que j'avais été refractaire quant à cet idée au début, je voyais les différentes possibilités au long terme. J'aimais mon pays, j'aimais mon clan, et je voyais en ce Triumvirat une possiblité de paix possible entre les différents clans de Yuki no Kuni et surtout, une possibilité de soigner l'image des Samui. La discussion s'arrêtait là avec l'arrivée de Ketsuen et du représentant des Suzurane. La seule information que j'avais sur lui était qu'il s'appelait Matomeru, et ce n'était pas le chef du clan. Juste le représentant, tout comme moi. Un signe de tête à mon frère de clan, il s'était mis à l'écart alors que le Suzurane s'était approché.

L'homme s'asseoit à la chaise qui lui a été donné et je lance un soupire discret quand il se montre critique à mon égard, tout en m'ignorant. Pour lui, je n'étais qu'un gamin et il ne connaissait pas mes faits de guerres. Pour autant, je préférais ne pas répondre à cette critique et restait neutre quant à la situation alors que le Suzurane s'adressa à l'ancienne Damyo. Bon, il était temps que je prenne la parole.

Permettez-moi de me présenter, je suis Samui Kirito, représentant du clan Samui, et c'est Oge Akeko qui a décidé que je serais le représentant avec l'accord de l'Empereur et des Samui.

Je laissais un petit silence avant de reprendre, laissant le temps au Suzurane d'assimiler les informations que je lui donnais.

Matomeru, c'est ça ? Il s'agit d'une réunion pour la conception du Triumvirat où nous y serons donc les représentants. Il est temps de savoir ce que chacun chercher dans un gouvernement pareil puisqu'il s'agirait d'une première sur Yuki no Kuni.

Et, j'attendais les avis des uns et des autres avant de prononcer le mien.

Oge Akeko, ex-Daimyo de Yuki no Kuni

La rencontre commence très fort. Même s’il n’a fait que rappeler les faits, Kirito s’est montré bien vif à rappeler son attachement au système précédent. A savoir un contrôle total du Pays par les Samui, sans que n’ait à intervenir un gouverneur civil ou une vieille femme battue par les âges. Est-il vraiment le mieux recommandé pour s’asseoir à cette table ? Le garçon semble plus bagarreur que fin d’esprit. Soit il cache son réel talent, soit c’est un jeune guerrier au sang vif. S’il vient à être trop rapide et en oublier le rôle de sa fonction – à savoir respecter ses pairs et aînés – il pourrait bien mener cette contrée dans un âge encore plus sombre que celui précédant l’apparition des premiers Villages Ninjas !

Mais, loin de calmer la situation, l’envoyé du Clan Suzurane propose une « sortie de secours » à l’ancienne Daimyo et ce, en se débarrassant une bonne fois pour toutes des deux Samui présents ! De quoi relancer les vieilles conflictualités entre ces deux grands Clans Ninjas qui se sont disputés nuitamment les rives et montagnes de cette contrée enneigée. Bref, une discussion qui est loin de bien commencer. Et il y a fort à parier que cette rencontre tournera court si l’un des intervenants a l’idiotie de montrer une lame au clair, ne serait-ce que pour couper du jambon !!

La réponse de Kirito Samui a l’intérêt d’être plus diplomate que sa première réaction. En fin de compte, sa rancœur se dirige peut-être uniquement sur la vieille Seigneurie Féodale … . Les racines de ce Mal semblent obscures et profondes, mais le débat n’a pas à se centrer sur ce point. Il faut avant tout remettre cette discussion d’aplomb ; et le représentant Samui ne s’en sort pas trop mal, même si son inexpérience dans ce genre de rencontre semble évident.

« Jeunes gens, je ne veux pas voir couler plus de sang qu’il n’y en a déjà eu ! … Matomeru, je suis ici libérée de toute chaîne et lavée de tout affront … . L’Empereur m’a adressé un courrier où il me fait savoir son réel désir de voir prospérer cette Nation une nouvelle fois. Et il accepte par ailleurs que Kirito ici-présent représente son Clan … . Je vous prie donc de croire que je ne suis ni contrainte, ni poussée dans ce projet qui n’est pas de moi. »

Ayant mis les choses à plat, le tout est maintenant d’encourager le dialogue. Et bien qu’il ne semble pas apprécier cette création d’un nouveau Triumvirat, le membre du Clan Samui a bien soulevé son point de vue. Quel gouvernement vouloir, et pour quels objectifs ? Avec la montée des conflits avec les pays voisins, et la réputation de l’Empire de plus en plus vu comme une superstructure conquérante, le Pays des Neiges peut être inquiet de la rivalité aussi bien interne qu’externe.

« Mon objectif est de garantir la sécurité de mes concitoyens, et de m’assurer que les querelles des autres ne viendra pas troubler la paix que j’ai recherché à travers le Shukaï lors de sa création. Aujourd’hui, l’Alliance est morte. Et l’Empire s’est construit. Il n’a pas toujours été efficace et les récents évènements ont prouvé que nous n’étions pas à l’abri. Que propose exactement le Clan Samui à travers cette rencontre ? Et comment voyez-vous les choses, si vous représentez les vôtres, Kirito ? »

Suzurane Matomeru, membre du Clan Suzurane

Matomeru reste silencieux à la réponse de la Dame. Par sa présence ici, il se sent davantage Protecteur des intérêts de l’Ancienne que représentant des intérêts de son Clan. Il a toujours du mal à croire à cette histoire de « Triumvirat » composé ; tout comme la réponse surprenant de la vieille et ex-Daimyo – libérée de toute chaîne et lavée de tout affront, sérieusement ??? – a de quoi l’interloquer. Bien qu’ayant les bras croisés, il dissimule un signe du Tigre sous ses membres musclés, pour dissiper un éventuel Kaï. Mais rien. Pas de changement apparent dans les propos ou dans le comportement de la femme. Bien … étrange, mais dénué de toute malice pour l’heure … .

C’est en revanche un soulagement de voir que pendant ses années de captivité, la Seigneurie Féodale n’a rien perdu de sa personnalité et de sa volonté. Son désir reste le même ; un désir qui avait satisfait les Suzurane dans la mesure où ils pouvaient agir librement et sans contrainte – quelques missions sans difficulté et une totale indépendance vis-à-vis de la vie de leur Clan. De retour, sa présence ne promettait pas le retour de ces règles, étant donné le poids et l’influence dont bénéficieraient les Samui dans ce nouveau gouvernement.

La question soulevée par Oge Akeko est juste et légitime. Car l’Alliance a beau être morte, et l’Empire construit, cela n’empêchait pas le fait que le Pays était aujourd’hui entraîné dans une guerre qui n’était pas nécessairement la sienne ! Il faut donc de très bonnes explications pour que les Suzurane acceptent d’entrer dans cette lutte qui ne les concernait ni de près, ni de loin ! Et appeler au « sentiment national » ou à la « résistance face à l’opresseur » ne risque pas de fonctionner ! … .

Il est peut-être temps d’enfoncer un peu le clou pour en savoir plus sur la personnalité de ce débonnaire de Kirito. Matomeru s’est déjà fait une idée de Ketsuen – une tête brûlée trop fier pour prendre en compte sa situation, mais au mérite d’être sincère – mais il doit encore juger si l’homme « non désigné par l’Empereur mais approuvé par ce dernier malgré tout ! » était digne de confiance et de paroles.

« Je doute que les Samui puissent assurer notre sécurité avec la guerre qui se prépare … . Vos terres, Ma Dame, ont déjà subi de grands dommages l’année passée face à une organisation opposée à l’Empire. Soyez honnêtes : si l’Empire et son Dirigeant maudit n’existait pas, nous serions bien plus en sécurité. Cette offre de Triumvirat – dont je doute encore – est la preuve d’une faiblesse de la part du vieux Samui qui n’est plus capable de contrôler autant de territoires et de peuples déterminés à l’indépendance … . »

Assez de sous-entendus et de propos agressifs pour faire comprendre que la partie n’est pas jouée. Et que s’il ne défend pas son bout de gras et l’honneur de son Clan et de son régime, sans passer par la violence des mots et des armes, Kirito ne sera jamais considéré comme un membre du Triumvirat honorable pour les Suzurane.

Il était temps maintenant de parler plus sérieusement, les présentations étaient faites. Prenant donc en premier la parole, je demandais ce que l'ex-Damyo et le représentant des Suzurane attendaient de cette réunion et plus particulièrement du Triumvirat. Autant, je pensais savoir ce qu'en attendait Oge Akeko, autant je n'avais aucune idée de ce que pourrait en penser le Suzurane. Il était plutôt froid vis-à-vis de moi, et j'espérais que Ketsuen avait réussi à le sonder sur le trajet. En parlant du Samui, il était toujours contre le mur à rester silencieux et observateur quant à la situation. Ketsuen n'allait intervenir que si quelqu'un cherchait des noises à l'autre, mais ce ne serait pas mon cas. J'étais devenu assez calme et patient pour ne pas me montrer infantile face au critiques de Matomeru.

Sécurité, paix, c'était ce que rechercher obligatoirement la vieille dame et c'était une chose que je pouvais relativement comprendre. Toutes personnes recherchaient ce genre de choses pour son pays, mais la paix était évidemment un euphémisme. Je me rappelais de ma conversion avec Yorurai Mikami, il m'avait mis bien des doutes en tête concernant une utopie que je souhaitais. Mon regard azuré se posait désormais sur Matomeru, qui prit également la parole. Que cherchait cet homme ? Il ne voulait clairement pas que le Triumvirat voit le jour et montrait totalement son opposition à l'Empire. Je gardais mon calme, il fallait trouver les mots justes pour faire comprendre certaines choses.

Il est vrai que nous avons essuyé une attaque et que les derniers événements ont été tragiques pour certains pays. Cependant, les travaux ont dors et déjà commencé pour réparer les dégâts faits par cette organisation ainsi que d'améliorer et renforcer nos systèmes de sécurité.

Je fis une légère pause afin de balancer un coup d’œil sur les deux personnes assises à la table. Buvant une gorgée d'eau, je repris la parole.

Nous nous rejoignons, Dame Akeko, sur ces points là. Je recherche aussi la sécurité des miens et de toutes les populations vivant sur Yuki no Kuni. Le Triumvirat permettra que les décisions pour notre pays soient prises de manière neutre et sans que cela ne profite au Samui ou au Suzurane. Voir d'autres personnes.

Avais-je commencé à dire et là, c'était le but principal de ce Triumvirat à mes yeux.

Les pourparler étaient alors lancé au sein du Triumvirat, et aussitôt furent-ils lancés que le Suzurane ne manqua pas de bien s'assurer que les choses n'avaient rien d'une coup monté. Ses réactions prouvèrent sa méfiance face à cette réunion pour le moins inusitée ainsi que la présence de Dame Akeko elle-même. Cependant, plus la conversation allait, plus ses propos se faisaient menaçant et insultant, particulièrement à l'endroit des Samui...peuple qui s'était installé sur les terres ancestrales d'un clan tout aussi ancien, maîtrisant la rage runique et dont faisait partie Matomeru. Son attitude ne fut pas sans rappeler celle des autres représentant de ce clan que j'avais jusqu'ici défendu de par leur sens de l'honneur, mais qui restait tout de même un clan rustre et brutal. Les politesses et les courbettes ne leurs faisaient ni chaud ni froid, pour ainsi dire qu'ils ne respectaient aucunement le protocole d'étiquette de la cours que les Samui, eux, s'efforçaient depuis des lustres à suivre à la lettre et à pratiquer dans les règles de l'art. D'une part, je les comprenais ces Suzurane de par mon sang guerrier et de par le train de vie que je menais. Cependant, mon attachement au clan et aux traditions me rappelait qu'une attitude aussi brutale ne devait pas faire tache au centre du Triumvirat. Surtout pas lorsque cette attitude amenait l'un des représentant de ce même Triumvirat à insulter le nom d'un autre représentant, et non seulement la personne en elle-même. C'est alors que je déposai lourdement la pointe de ma lame contre le sol, tout en accotant mon coude contre la garde afin de m'y appuyer, coupant nette la discussion suite à cette insulte en regardant le Suzurane droit dans les yeux. Je pris donc la voix, quand bien même que je n'y fus pas invité.

"Les Samuis" étaient présent lors de l'attaque des Nukenins et de la capture d'un des leurs lors de l'attaque. Malheureusement, aucun autre clan établis sur ces terres n'a pris part à ce combat. Il serait donc difficile de dire ce que d'autres auraient été capable de faire ou non, puisqu'ils brillaient de par leur absence. Des citoyens sont morts...des gens qui vivent en dehors de nos querelles immatures. Permettez-moi de voir au delà de ces petites querelles et de vous dire que c'est votre réclusion qui vous a empêcher d'agir pour protéger ces vies.

Provocation? Non, un juste retour de monnaie qui venait d'être servis de la même manière que l'instigateur de cette petite joute venait de le faire. Cependant, aucun plaisir ou aucune satisfaction n'émana de mon visage suite à cette pique, puisqu'elle relatait là surtout des faits et une vérité qui devait pesée lourd sur la conscience d'un clan se disant être "véritable propriétaire" des territoires du nord. De par leur réclusion, ils n'avaient pas eut de mot à dire pour défendre la vie de citoyens maintenant morts, des gens qui n'avaient rien à faire ou qui n'avaient rien mériter pour subir cette attaque.

De toute façon, nous ne sommes pas là pour débattre de qui ou non aurait fait le meilleur travail. Cette réunion a pour idée de rassembler et non de diviser. Sachez que si le Kamui a approuvé mon voyage jusque dans votre territoire afin de rendre tous ceci possible, c'est qu'il croyait en l'unité de nos peuples, tout comme je le crois aussi et d'autres le croiront. Et s'il croit en cette unité, c'est plutôt parce qu'il ose vous offrir sa confiance plus que le "besoin" d'avoir des hommes de plus pour défendre Yuki no Kuni. Si ça avait été le cas, il m'aurait demandé de m'y installé, moi et Kirito, pour de bon et de ne plus en bouger. Des mesures sont prises afin de renforcer la sécurité sur le territoire de la neige, et ces mesures ne vous prenaient pas en compte. Cependant, nous sommes ici pour discuter du rôle que vous voudriez avoir et que vous pourriez avoir au sein de ce pays pour les années à venir. Continuez de vivre en réclusion, ou profiter du fait que les choses bougent...que les choses changent...en ce moment même pour enfin avoir votre mot à dire et prendre une place qui vous reviens de droit dans ce conseil!

Puis, je restai silencieux en écoutant les mots que prononçait mon compatriote. Il soulevait enfin un point clé que devait apporter ce Triumvirat: Savoir donner à Yuki no kuni ce qu'il y a de mieux, tout en s'assurant que la balance ne penche pas plus d'un sens que de l'autre entre Suzuran et Samui. Cette guerre intestine ne pouvait plus durer et se devait d'être résolue avec l'aide de la vieille Oge. Le Triumvirat était donc l'outil nécessaire à l'accomplissement de cet objectif.

Oge Akeko, ex-Daimyo de Yuki no Kuni

La discussion va dans le bon sens ; et dans le même temps, elle tourne en rond ! Le Suzurane ne pense qu’à adresser des reproches au Samui, ces derniers répondent et – navré ! – Kirito ne va guère loin que dire sa volonté de créer ce Triumvirat sans vraiment développer ses espoirs et intentions quant à cette nouvelle institution ! S’il en devient un membre, il devra alors démontrer qu’il a le désir sincère d’œuvrer en faveur de cette nation, pour aider à son redressement et à sa prospérité, tout en prouvant qu’il est prêt à tendre la main vers ses anciens adversaires ! Pour l’instant, son attention semble concentrée avant tout sur l’ancienne Daimyo, et il ne semble que reprendre les grands mots pour ne pas se lancer en terrain hasardeux : sécurité, prospérité, et blablabla.

Il est plus que temps que ceux munis d’une paire de couilles soient capables de les présenter sur la table et de voir la nécessité de la situation, et les besoins de chacun ! Car si Matomeru pique au vif, le nouveau membre du Triumvirat adopte une stratégie mielleuse tout en laissant son Frère de sang répondre à sa place, ce qui n’est pas pour plaire à la vieille femme ! Quand on a peu de temps devant soi, on tend à faire fi de l’image, des convenances et de la politesse ! Regardez bien à un diner : c’est toujours les vieux qui larguent des caisses et accusent leurs voisins !!

« Messieurs ! Le Shukaï est en temps de guerre, et par conséquent notre île aussi ! Car même si nous ne trouvons rien dans ce conflit, il n’en demeure pas moins que Yuki est le territoire impérial le plus proche de la Kaminari ! Il serait donc temps d’oublier le passé, et d’aller de l’avant ! Si cela ne vous convient pas, prenez donc un plumeau et allez faire les poussières de la bibliothèque vous y gagnerez au change tout en faisant la même chose ! »

La voix de l’Ancienne doit surprendre ! Qui croirait qu’il peut rester tant de force dans ce débris ! En fait, quand on regarde l’Empereur lui-même, on peut imaginer que tout est possible … . Quoi qu’il en soit, ce rappel à l’ordre est suivi d’un profond silence, bienveillant pour permettre aux deux hommes de réfléchir plus en amont à leurs attentes et leurs espoirs dans cette nouvelle alliance nationale.
La vieille Akeko a posé le poing sur la table. Ses mains ridées n’en conservent pas une certaine force de caractère. Solide, elle vient d’obtenir une unique chance de retrouver sa terre natale, et de contribuer à son avenir. Elle ne la laissera pas lui filer entre les doigts, même si c’est pour devoir collaborer avec l’homme responsable de sa chute !

« Matomeru-san … même si l’exil de votre Clan prend sa source dans la conquête de Kiri dont les Samui faisaient partie, ces derniers ont fidèlement défendus ce pays insulaire jusqu’à aujourd’hui. Ne pas le reconnaître serait une erreur. Tout comme c’en serait une de reprocher aux Suzurane de ne pas avoir contribuer à la défense de Yuki … . »

Cette remarque est directement adressée au jeune homme qui est intervenu et dont elle ne connaît que le nom. Il n’a probablement pas mauvais fond, mais il faut prendre conscience du poids des mots.
Elle tourne son regard de braise blanche vers le second Samui.

« Kirito-san … si l’Empereur vous concède la place de représentant des Samui, c’est qu’il vous sait capable. Prouvez-le nous ! Comment voyez-vous les prochaines étapes pour le développement de Yuki dans ce climat de guerre ! Que voudriez-vous mettre en place ! Et qu’êtes-vous prêts à faire pour que Samui et Suzurane puissent s’estimer égaux et également considérés chez eux ! »

Avais-je vraiment envie d'être là ? Avais-je vraiment envie de faire parti de ce Triumvirat ? Je me rappelai encore de ma réaction à l'annonce faite par l'Empereur lors de cette réunion clanique et je me rappelais également que j'étais absolument contre avant de rencontrer l'ancienne Damyo. J'avais compris le but de ce genre de gouvernement, j'avais compris pourquoi il fallait compter sur cela. Yuki no Kuni était mon pays, là où mon clan était basé et je voulais le meilleur pour ce pays. Et j'avais été surpris encore plus quand Akeko avait décidé que je représente les Samui... Je n'avais aucune aptitudes en politique et même oratoire, je n'avais jamais été doué dans ces arts là.

La situation m'échappait, et j'avais l'impression de me faire écraser par le Suzurane mais Ketsuen prit la parole, mettant rapidement les choses aux clairs. Me faire sauver par lui encore une fois... Je devais prendre des décisions, je devais montrer que j'étais apte à ce poste et non pas un pion ici. La voix de la vieille se fit entendre, mettant elle aussi les choses aux claires et me demandant alors ce que je voulais faire, ce que je comptais faire.

J'étais un peu piégé maintenant, je devais parler. Je devais dire ce que je comptais avoir comme projet et je me levais de ma chaise, défiant du regard à la fois le Suzurane et l'ancienne Damyo. Je pris une grande inspiration avant de me lancer.

Comme je disais, la sécurité est très importante puisque nous sommes presque en guerre contre Kumo et notre pays est le plus proche du Pays de la Foudre. Alors voilà, ce serait déjà un moyen d'être égaux et de se défendre, je compte mettre en place une Milice qui agirait dans toutes les villes de Yuki no Kuni.

Mais à part cette milice, ce n'était pas tout, il y avait autre chose, je pris à nouveau la parole pour finir ce que j'avais à dire.

Avec l'attaque des nukenins qu'il y a eu, Ketsuen va participer activement à la reconstruction de la ville portuaire Dhartsedo. Je pensais que certains Suzurane pourrait devenir également champions d'une ville, le représentant de ces villes là et les gardiens.

Mon regard se posait sur les deux à la suite, attendant une réaction de leur part.

Suzurane Matomeru, membre du Clan Suzurane

La vieille Akkeko a poussé le Samui à parler franchement, et à révéler ses projets et ses idées. On allait enfin arrêter de tourner autour du pot. Si ce garçon veut véritablement faire partie des têtes pensantes et des meneurs à l’avenir, il lui faudra être plus direct et ne pas jouer en ruses et en manœuvres peu scrupuleuses. Les Samui, après avoir rejetés les Suzurane dans les montagnes, veulent les faire revenir sur le devant de la scène ? Ils vont devoir accepter de jouer carte sur table, maintenant que les agents du Clan adverse sont sur place !

Reconnaître que les Manipulateurs de Glace ont contribué à la défense du Pays fait mal à entendre … . Peut-on vraiment parler de défense quand leurs guerres et leurs politiques d’ostracisme racial ont conduit les Neiges dans une telle impasse, au point qu’il faut revenir à une stratégie triumvirale ? Il est dur pour Matomeru de garder le silence. Heureusement, les réponses apportées par Kirito Samui lui donnent déjà des angles de réflexion. Et quelques angles d’attaque, aussi !

« Ce n’est pas en proposant de se répartir le gâteau que nous trouverons un terrain d’entente … . Je vois difficilement les jeunes Suzurane pouvoir travailler aux côtés de ceux qui les ont condamnés à une vie de réclusion … . Quant à défendre ces terres en tant qu’égaux, je ne suis pas sûr de comprendre les intentions de ce garçon ; si ce n’est peut-être que les Samui apportent la destruction et la guerre pendant que les Suzurane se sacrifient pour sauver ce qui peut l’être … »

Le guerrier enchaine provocation sur provocation. Il a conscience qu’insister sur ce point ne fera qu’envenimer les choses ; il n’a pas pu desceller de piège, ou de tromperie dans cette offre faite par l’Empire pour l’instant. Il est bien obligé d’admettre qu’à cet instant, le projet est bel et bien de faire la paix pour voir le Pays prospérer. Mais est-ce une raison pour relâcher son attention et se laisser mener si facilement ?

Il est encore une porte que Matomeru n’a pas tenté d’ouvrir. Mais le dernier membre du nouveau Triumvirat s’en étant chargé par ses propositions mielleuses, il est encore possible de voir de quel bois est fait ce jeune homme.

« Travailler ensemble me semble impossible. Jamais les Suzurane ne pourront accorder leur confiance à ceux qui leur ont fait tant de tort. En revanche, je vois une solution : confiez-nous la moitié nord du Pays. Nous y installerons nos Règles, nos Lois. Nous nous chargerons de la sécurité et de la gestion des villes, comme le font déjà les Samui de leur côté. Dès lors, nous pourrons nous considérer comme égaux … . »

C’est une proposition à la fois osée et controversée. Car même si c’est une offre non dénuée de sens, elle menace l’équilibre que souhaite mettre en place ce Triumvirat ! La question est maintenant de savoir si le jeune Kirito sera prêt à chercher une autre solution, ou cèdera à celle-ci … ou à la colère.

Je pensais m'y prendre mal, trop mal. Je n'étais pas le meilleur orateur et encore une fois, j'aurais aimé avoir la pratique de Ketsuen ou Seito. J'allais devoir m'améliorer là-dedans très rapidement si le Triumvirat voulait avoir une chance de voir le jour. Je devais confirmer les espoirs que l'Empereur et même l'ex-Damyo placés en moi. M'affirmer, c'était ce dont j'avais besoin de faire face à ce Suzurane peu farouche. J'avais alors proposé mes idées : la création d'une Milice entraînée et construire à la fois par les Samui et les Suzurane, ainsi qu'un champion dans chaque ville. C'était une simple idée de base et bien sûr, il y avait d'autres qui viendraient. J'attendais de savoir ce qu'en pensait le Suzurane et également la Damyo.

Sa réponse... ne me convenait pas du tout. Loin de là. Il était persuadé que tout les malheurs venaient de l'Empire et surtout des Samui. Ce n'était pas possible de traiter avec ce genre d'hommes. Est ce que je trouverai un terrain d'entente avec lui ? Je commençai à croire que non, malheureusement. Et maintenant, c'était donc au Suzurane de faire une proposition. Je l'écoutais attentivement. Il proposait que les Suzurane prenne le côté nord de Yuki no Kuni où ils dicteraient leurs lois et règle, comme les Samui le faisaient déjà.

Etait-il stupide à ce point là ? Le Triumvirat était fait pour la paix, pour rallier les populations et non les diviser plus qu'elle ne l'était déjà. Il me provoquait, mon regard se posait sur Ketsuen qui malgré tout restait calme. Je devais me calquer sur lui et surtout ne pas céder à la colère, bien que c'était très compliqué. Trop compliqué, mon visage montrant clairement que je commençais à perdre patience. Je pris une inspiration, il attendait une réponse.

Sans vous manquer de respect, Matomeru, je ne pense pas que cela soit possible. Déjà, je tiens à vous dire que les Samui ne contrôlent aucune partie de Yuki no Kuni et que le pays est géré selon les règles de l'ancien Seigneur de Guerre, Yuki Samui. Ce que vous proposez ne peut pas aller avec la mise en place du Triumvirat ! Vous souhaitez diviser Yuki no Kuni et ce n'est pas possible, le Triumvirat sert à rapprocher les populations !

J'avais élevé la voix afin de montrer clairement mon mécontentement sans pour autant lui manquer de respect et de courtoisie, je ne voulais pas combattre contre lui. Maintenant, il était temps de parler clairement.

Je comprends que vous soyez contre cette idée, que vous pensez que l'Empire ou même moi tentons de vous tendre un piège. Mais, ce n'est pas le cas. Je peux proposer des idées, mais la base d'un Triumvirat est que nous donnons tout les trois des idées, voyons si cela est possible ou non. Je vous en ai proposé deux déjà, et je préfère voir avec vous pour les futures idées pour améliorer notre pays et en faire une place forte du Yuukan.

Je défiai Matomeru du regard, ne le quittant pas des yeux du tout.

LÀ TU COMMENCES À ALLER UN PEU LOIN MON VIEUX.

Des paroles qui furent lancées à haute voix, perdant toutes traces de politiquement correcte et de la patience que j'avais pu avoir jusque là envers un Suzurane arrogant et insultant. Ma main s'était levée et tous mes doigts s'étaient refermés en un poing solide qui étaient dressé bien haut et dont un seul doigt n'avait pas rejoint le reste de sa formation afin de rester raide et pointé vers le visage du barbare de la rage runique. Si celui-ci se permettait de proférer des paroles qui "voulaient réfléter" la fausse perfidie et soif de conflit d'un peuple qui était mien, il semblait oublier qu'il était le seul ici présent à insulter le sang de ceux qui s'étaient réunis en cette réunion inusitée. Malheureusement pour lui, il devait être tombé sur le Samui le moins "passif"...le moins "politique". Car oui, contre toute attente, je possédais bel et bien certains talents d'orateur...mais mon tempérament restait loin de celui d'un Samui comme l'on en voyait souvent. Loin de celui que possédait mon collègue ici présent.

Ce fut donc ce sang guerrier qui parla plus qu'autre chose. Ou était-ce simplement mon attachement à quelque chose d'aussi sacré que l'honneur et le respect de mon propre sang...de Ma Race. Et c'est aussi cet élan de colère qui me permit de couper Kirito sur sa lancée et d'ignorer les paroles de dame Akeko Oge. Et pourtant...j'avais toujours été le premier à respecter la voix des aînés.

LES SAMUI NE SONT AUCUNEMENT RESPONSABLE DES GUERRES OU CONFLITS DANS LESQUELS VOUS NOUS IMPLIQUEZ!

Les Samui ne sont pas le Shukai et le Shukai n'est pas Les Samui. Vous n'aimez pas l'empereur? PARFAIT! SOIT! Vous n'aimez pas la tournure qu'ont pris les événements? TANT PIS! Vous n'aviez qu'à vous bouger le cul...vous unir et combattre jusqu'à la mort pour votre putain de pays si vous êtes si fier et féroces...SI PUISSANTS!

Mais la vérité...c'est que vous vous êtes relâchez...et au lieu de vous tenir debout...au lieu d'être des hommes fiers...vous vous êtes vautrés et vous vous êtes cachés dans le nord en espérant qu'un miracle ne s'abatte et ne réponde à vos plaintes et vos lamentations. Et aujourd'hui...ALORS QUE VOUS AVEZ LE CHOIX DE VOUS METTRE DEBOUT ET DE PRENDRE DES DÉCISIONS D'HOMMES...tu viens nous demander une parcelle de terre...qui n'appartient à personne. On ne prend pas possession d'une terre. On s'y établit...on en devient l'invité...et non l'hôte. Et si nous réussissons à y survire...à aimer...à respecter cette terre...Nous gagnons le droit d'y vivre. Vous l'avez fait...on l'a fait aussi. Il n'y a rien ici qui vous appartient et rien qui nous appartient non plus. Car on va tous mourir ici...mais la neige elle, elle restera...jusqu'au dernier souffle du dernier d'entre nous.

Alors de quel droit...DE QUEL DROIT...osez vous nous demander de vous "léguer" le nord...alors que nous ne possédons même pas...le nord...ni même le sud...ni même rien. On vit ou on ne vit pas...c'est tout ce qu'il y a à savoir. Et si vous faites le choix de vivre dans le passé...de vivre en chien comme vous le faites au lieu de vivre en homme et de partager, d'aider, de communiquer comme un homme...et bien vous n'avez aucun droit d'insulter ou mordre la main de ceux qui vous la tendent et qui n'aspirent qu'au meilleur pour tous.

Ce que vous demandez est anti-paix...anti-harmonie...et ne fait qu'aller à l'encontre de ce triumvirat et des rêves d'espoirs que les nouvelles générations auraient vu vouloir naître.

Et je vous promets...Suzurane...que je n'endurerai pas une seule insulte de plus envers ma race.

Oge Akeko, ex-Daimyo de Yuki no Kuni

Le poing frappe violemment la table. Assez fort pour que le son résonne contre les murs, et intime à tous le silence et l’attention. Pourtant, c’est bien vers le dernier intervenant que la vieille Akeko braque son regard d’acier plongé dans le feu vif.

« Jeune homme ! Que vous soyez Ninja, Onshi ou Samui, peu importe ! Ceci est une réunion destiné à rétablir la paix entre de vieux ennemis ! Peu importe le temps qu’elle prendra, elle sera faite par des accords et des serments ! Pas par des menaces vociférées pour qui veut bien les entendre ! Si vous souhaitez hurler ou monter le ton, je vous invite à quitter les lieux ! »

Une sacrée remontée de bretelles. Et tout le monde sait que dans cette expression, l’idée est de faire mal à l’entrejambe ! La discussion durait depuis déjà un instant, et rien ne semblait prendre de volume, à l’exception d’une rancœur millénaire. Entre un Suzurane belliciste et un Samui peu enjoué à faire son rôle au sein de ce Triumvirat, cela en vaut-il vraiment la peine ? Quand on observe le débat, on est amené à penser que la meilleure solution reste le retour à un système féodal !
Pourtant, l’Ancienne s’y refuse. Tout d’abord, agir ainsi reviendrait à se dresser contre le Shukaï ; et si l’Empereur affirme sa sympathie pour ce modèle politique, la sagesse recommande de l’accepter et de le tester avant de le rejeter.

Mais au-delà de ça, ce n’est pas pour ce genre d’affrontement stérile qu’elle a fait un si long déplacement. Ces jeunes gens, pourtant destinés à siéger dans cette pièce pour prendre des décisions capitales pour le Pays des Neiges, ne prennent pas conscience de l’importance de cette réunion. Les yeux qu’elle tourne vers eux s’embrasent. Ils peuvent sentir le feu d’un volcan trop longtemps endormi prêt à leur vomir dessus ses braises ardentes !

« Quant à vous … si vous préférez vous quereller sur des détails et des rivalités ancestrales, libres à vous ! Je vous propose même de rédiger de ce pas une lettre au Kamui afin qu’elle constate l’échec de ce Triumvirat qu’il a pourtant commandé à Kirito, et de l’intégration des Suzurane préférant vivre dans la réclusion ! J’ai passé quatre – longues – années à l’écart de la vie de la population et des miens ! Si je dois supporter alors ces querelles, je préfèrerais encore y retourner ! Mais maintenant que je suis là, je suis intime l’ordre de garder votre rang ! Car si je dois faire un scandale devant le peuple, aucun de vous deux ni de vos Clans ne pourra calmer la fureur populaire !! »

C’était des mots de colère, très proches de mots de rage. Mais ils apportent une nouvelle fois un calme olympien et un silence tartaresque autour de la table des négociations. Les deux protagonistes ont observé la réaction de l’Ancienne, et tous deux savent que ce ne sont pas des paroles en l’air. Amusant de voir qu’un projet de Triumvirat destiné à faire collaborer les forces de chacun tourne ainsi au désastre diplomatique et doive appeler à la menace pour se garantir un semblant d’existence à l’avenir … .

La vieille femme se rassoit, et porte une main à sa poitrine, respirant plus fortement. Ce serait un tort d’oublier que l’ancienne Daimyo a déjà un âge avancé ! Et qu’en cela, elle représente également une faiblesse … . Mais son caractère et sa force intérieure la porte à des possibilités que personne ne saurait soupçonner, et encore moins faire à son âge.

Sa voix reprend calmement le cours de la discussion. Elle commence par accorder un geste de main amical en direction du jeune Samui intervenu plus tôt, agrémenté d’un léger hochement de tête. Puis elle en revient à ceux qu’elle a interpelé un peu plus tôt.

« Je ne pense pas que les Samui contrôlent une partie du territoire. Mais il est vrai qu’ils bénéficient d’un soutien important de la population en raison de la sécurité qu’ils ont apporté à ce pays ces dernières années. Les Suzurane sont en droit de demander un peu d’équilibre dans ce nouveau jeu pour avoir confiance en nous. Je propose donc la chose suivante. Le Clan Samui dispose d’un important quartier dans la Capitale. Les Suzurane doivent pouvoir disposer d’un quartier identique, et dans cette même ville ! Des garnisons partagées entre les deux Clans ainsi que d’autres Ninjas doivent pouvoir s’installer et travailler de concert à travers l’ensemble du Pays. Une fois cela fait, nous pourrons rencontrer les représentants des autres villes pour discuter de la situation actuelle. Car c’est un pouvoir aussi gratifiant qu’important que nous avons aujourd’hui. Nous pouvons déterminer nous-mêmes ce que nous voulons être ! Et ce, malgré les positions impériales ! Qu’en dites-vous ? »

Alors que je commençai à prendre la parole pour remettre amicalement à sa place le Suzurane, ce fut Ketsuen qui intervenut et me coupa dans ma lancée. Contrairement à moi, Ketsuen n'avait pas réussi à garder son calme. Ce fut tout le contraire, et c'était limite qu'il ne sautait pas à la gorge de Matomeru. Ne devait-il pas agir en tant que médiateur pendant cette première réunion ? Il faisait apparement tout le contraire. J'écoutais ce qu'il avait à dire, n'osant pas m'interposer encore. Non, pas pour l'instant. Matomeru devait comprender que nous n'étions pas là pour se quereller, mais bien pour améliorer les choses pour notre pays. Au final, j'allais intervenir, Ketsuen ayant des propos également déplacés envers le Suzurane. Pas le temps, ce fut la vieille qui s'en occupa... Enfin vieille, avec le timbre de sa voix, elle me fit glacer le sang. C'est elle qui servait au final de médiatrice dans cette réunion, mais je la comprenais.

Comment pouvait-on m'en vouloir ? Je n'avais jamais eu pour habitude de participer à des discussions politiques, je n'avais aucune expérience dans ce milieu. Il s'agissait de ma première fois et cela était bien compliqué de s'imposer quand on ne connaissait pas les ficelles du métier. Apprendre, c'était le mot maître pour moi. L'ex damyo se rassoit, mon regard se porte sur elle alors qu'elle propose ses idées. Oge Akeko proposa à ce que les Suzurane ait un quartier similiaire à celui des Samui dans la Capitale, tandis que dans l'ensemble du pays, Samui, Suzurane et autre shinobis devaient se mélanger. La proposition était équitable, j'aurais pu y penser avant. Mon regard alla à la fois sur l'ancienne Damyo et le Suzurane. Serait-il en accord avec les propos de la vieille ?

Je n'ai pas d'objections pour ma part. J'en suis.

Lâchais-je alors, il fallait que nous restions soudés et surtout qu'on arrive à s'entendre pour être le plus efficace possible. Reculant ma chaise et me levant, je regardais cette fois ci Matomeru.

Je pense qu'on devrait arrêter là pour aujourd'hui. J'espère sincèrement que tout se passera mieux pour la prochaine rencontre, nous pouvons faire de grandes choses ensemble, j'en suis persuadé.

J'avais parlé avec sincérité, maintenant c'était au Suzurane de voir s'il était d'accord avec cela.

Suzurane Matomeru, membre du Clan Suzurane

Le visage est sec. Quoi qu’il arrive, quoi qu’il se dise, il ne peut tolérer cette présence des Samui, et leur attitude hautaine. Il était à deux doigts de renouveler son agressivité envers ce nabot qu’il avait pourtant sauvé des griffes des siens un peu plus tôt dans la semaine ! Quelle audace de lui parler ainsi – et de le menacer !! – alors que ce n’est rien de plus qu’un petit poids face à une sandale de géant !

Mais la voix forte et vindicative de l’ancienne Daimyo le pousse à conserver sa rage, et à ne pas réagir à sang chaud comme il était poussé à le faire. Il préfère serrer les poings et écouter les propositions, pour retrouver peu à peu son calme, et faire fi des avis négatifs de chacun. Matomeru a de toute façon conscience qu’il n’est pas apprécié dans cette pièce ; au même titre que les Suzurane ont toujours été honnis et rejetés pour leur rage mystique et leur force inconnue et insondable … .

Les propositions de la vieille Akeko ne font que montrer un parti. Une pièce émergée de l’iceberg. Pendant longtemps, le Clan de la Glace a pu profiter d’une position avantageuse sur ce pays, développant des liens particuliers avec ses habitants, et effaçant ainsi progressivement le nom illustre des protecteurs originels. Aujourd’hui, si ce Triumvirat doit survivre et grandir, il doit faire front commun face à l’adversité. Il doit avant tout faire face à la menace directe : la guerre avec Kumo risque de prendre une vilaine tournure pour ce pays avancé sur les terres impériales. Mais est-ce l’ennemi de Yuki no Kuni ? Est-ce l’ennemi des Suzurane ? Ou un simple ennemi avec lequel on peut s’entendre pour éviter la guerre … ?

Amusant de voir comment la vieille femme mène cette discussion. Sommes-nous revenus à l’ancienne seigneurie féodale ? A-t-elle vraiment décidé de céder sa place à l’Empire ? Il est difficile d’en juger pour l’instant. Tout comme il semble impossible de faire confiance aux Samui. Mais avec le temps, et les efforts, et sans nécessairement l’aide des Samui, au moins le Clan de la Souffrance parviendra-t-il à être mieux accepté, compris et intégré à sa terre natale.
C’est donc sur un signe de tête grimaçant et le regard mauvais que le délégué des Suzurane acquiesce de tête.

« Voyons voir ce que donnera ce Triumvirat … »

La messe est dite.