Nés pour mener [Kira]

Une éternité.

Cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas vu l'un des siens. Elle esquivait depuis un moment chaque membre du clan, sans trop savoir pourquoi aujourd'hui pourtant elle allait rompre cette habitude. L'hybride allait voir l'un des membres de son clan les plus renommés? Dans un sens certainement, la célébrité qui était la sienne l'accompagnait partout. Elle n'était pas là pour juger, chaque Kawaguchi était une pépite dans ce bourbier. Tali possédait l'orgueil inné des Kawaguchis mais l'avait refréné avant que celui ci ne la dévore. Le manieur de sable en question se laissait guider par ses émotions, pulsions. Il était une tornade, un ouragan emportant tout son passage et qui ne s'associait qu'avec des gens dignes de lui. Tali le serait-elle?

Digne de quoi? Kawaguchi Kira avait des goûts et des préférences particulières, mais si auparavant chacun l'aurait renvoyé dans son trou minable aujourd'hui il était impossible de l'ignorer. Le cousin de la chef de clan, et surtout le détenteur d'un Bijuu. Ce n'était pas n'importe quoi, c'était même attirer sur le clan de nouveau les regards. Autant un malheur qu'un bonheur son mauvais caractère devait s'acclimater avec celui ravageur de la bête légendaire. La blonde passa un instant la main sur son masque, un tic qu'elle avait eu avec le temps. Elle réfléchissait sur les manières de s'introduire à l'homme sanguin. Certainement en le caressant dans le bon sens du poil, pourquoi faisait-elle ça déjà? Parce que Kira allait attirer à lui des dangers.

Parce que son cousin était un membre de la famille, et la famille était sacrée. Qu'importe fusse-il unijambiste ou aveugle elle se devait de l'aider. L'altruisme avait néanmoins ses limites, en vérité elle voulait garder un coup d'œil sur l'homme qui sortait de taule. La capitale était déjà un moyen de le surveiller mais l'espionner ce n'était pas bien. Pas bien ou pas concluant. Tali souffla un instant, arrangea sa coiffure et sa tenue militaire puis toqua à la porte de l'habitation du blondinet. Elle laissa un instant histoire de pas faire irruption dans un moment d'intimité de l'énergumène puis s'annonça.

-Kawaguchi Kira, je suis Kawaguchi Tali on m'envoie vers vous. Puis-je entrer? Je peux repasser plus tard.

Elle restait polie mais néanmoins froide, pas de raisons de le chouchouter, les rumeurs elle les connaissait. Il aurait gifler une enfant envers laquelle il avait des obligations. Il détestait Suna, une sorte d'extrémiste au sein d'un clan déjà extrême. La tête sur les épaules Tali laissait l'autre lui répondre. Gifler une enfant était une chose, se défendre face à adversaire équitable en était une autre. Elle l'hybride avait affronté des simulations d'adversaires plus bien dangereux.

Pourquoi se sentait-elle déjà venimeuse et emplie d'une velléité offensive ? Alors c'était ça l'effet Kira? Non impossible. Elle passa une main dans sa nuque en mordant sa lèvre inférieur. En vérité c'était plus le fait de parler à un semblable qui la mettait mal à l'aise que le reste. Mais Kira ne devait pas se sentir en position de supériorité ou la relation partirait déjà mal. Elle estimait les chances que le mâle se sente en puissance et que son égo l'aveugle de 80%.

90% si il la percevait physiquement à son goût.

J'écarte les bras pour envelopper les deux demoiselles qui me tiennent compagnie. Je gobe le grain de raison que l'une d'elle me tend puis trempe mes lèvres dans la coupe de vin que me tend la seconde. Je ne sais pas si le paradis existe mais si c'est le cas je suis sûrement en train de l'effleurer du bout des doigts. Tout comme elles effleurent du bout des leurs le sceau qui noircit le haut de mon torse. À quoi peuvent-elles bien penser? À son origine? Aux ryos qu'elles percevront pour faire semblant d'être attentives à mes désirs ou séduites par ma personne? Autre chose?
"C'est un tatouage Kawaguchi?" questionne l'une d'elle.
"Un truc dans ce genre-là ouais..."
"Tu as eu mal quand on te l'a fait?" renchérit la seconde.
"T'as même pas idée..."
Ha ben ça... Bon d'accord, je ne me souviens pas du moment précis où le Daimyo m'a enfoncé Shukaku dans la poitrine. Mais les semaines qui ont suivi sont à jamais gravées dans ma mémoire. Je me souviens de mon alitement et du feu qui me dévorait les entrailles sans toutefois me consumer. Et je ne revivrais ça pour rien au monde. Toujours est-il que je ne paie pas ces deux sottes pour papoter. Elles sont justes là pour flatter ma virilité. Et vu le nombre de ryos que je débourse je ne compte pas me taper une discussion sur les tatouages et autres débilités du genre.
"Bon les gueuses! Au boulot! C'est un peu plus bas que ça se passe! Hop hop hop!"
Je les mets d'ailleurs sur la piste en les invitant d'une pression sur le crâne à s'agenouiller. C'est parti pour un voyage dans les méandres du plaisir. En théorie en tout cas. Parce que c'est ce moment-là qu'un emmerdeur choisit pour venir frapper à la porte de mes appartements. Enfin plutôt une emmerdeuse si je me fie à la voix qui filtre à travers les battants. Tali? C'est qui celle-là déjà? Ça me dit quelque chose...
"Y'a personne!"
Elle rêve l'autre si elle croit que je vais cracher sur une si prometteuse partie de jambes en l'air pour taper la causette. Ce qui me fait penser: il faudra que je dise à Yaeko de filtrer un peu les personnes qui peuvent se glisser jusqu'à moi. Ça sert à quoi d'avoir une garde chiourme sinon? Je referme les yeux quand un second coup se fait entendre sur la porte. Putain de bordel de merde! Même moi j'emmerde pas les gens qui sont en train de copuler!

Je suis en train de choisir ce que je vais faire pour chasser l'intruse quand je me remémore ses mots. Elle a été envoyée. Par qui? Si c'est par ma cousine il y a fort à parier qu'un refus de ma part aurait ses conséquences. Et franchement je n'ai pas envie de voir débarquer Tsukiko et la moitié de la cour pendant ma petite session gymnastique. Ouais, vaut mieux éviter! Je soupire et me redresse avant d'ajuster rapidement mes vêtements. Et deux secondes plus tard je suis en train d'ouvrir la porte d'un mouvement rageur pour découvrir une jolie blonde sur le pas de ma porte. Ha oui, je me souviens d'elle maintenant. Comme quoi j'ai plutôt une mémoire visuelle...
"QUOI? Je suis en réunion, là!" on va dire ça ouais... "Reviens plus tard!"
Et bim! Je lui claque la porte au nez! Ca fait un de ces biens de pouvoir se défouler sur le petit personnel. Ha mais merde! Tsukiko! Penses à tes couilles, mon pote! C'est pas le moment d'envoyer balader un émissaire de la cousine. Et puis Tali est une Kawaguchi tout de même. Il fut un temps ou ça avait un sens à mes yeux et je ne l'oublie pas. J'ouvre donc une nouvelle fois à Tali avec un air flirtant avec l'abnégation la plus totale.
"Y'a de ces courants d'air par ici..." pas mal l'excuse, non? "Donc, je disais: que puis-je faire pour toi?"
Mon regard glisse sur son corps et je ne fais même pas l'effort de le cacher. J'ai toujours eu une préférence pour les femmes de mon clan. Déjà parce qu'elles sont pratiquement toutes sublimes. Et surtout parce qu'elle sont de mon sang. C'est toujours plus facile d'aimer quelque chose qui vous ressemble. D'autant plus que je suis, disons-le, la perfection incarnée. Ou peu s'en faut.

110% finalement.

Elle prenait sur elle, affichant un visage aussi cordial que possible. Il était pire que dans les rumeurs, et l'hybride avait prit soin de passer une journée aussi détendue que possible. Elle pose sa main sur la porte et l’entrebâillement lui permet d'observer les figures féminines en arrière plans, les nymphes ont visiblement choisit le roi des porcs pour prendre du bon temps. Elle n'était pas encore énervée, la manieuse de sable avait une patience à peu prêt à toutes épreuves mais Kira était tous les travaux d'Hercule à lui tout seul. Tali le laissa l'observer physiquement et garda son calme olympien.

-Sacrés courants d'airs, je ferais en sorte que votre porte y soit moins sensible. Ce serait indigne de votre personne d'avoir une maison qui tombe en ruines n'est-ce pas?

Elle fait un pas en avant plongeant son regard dans le sien, il va s'imaginer des et probablement pas les plus catholiques possible mais les options restants sont minces. Quitte à plonger dans la merde autant y aller franchement, Tali incline légèrement la tête en guise de respect que Kira ne montrera jamais. Puis se relève et tousse légèrement avant de prendre la parole.

-Vous disposez déjà d'une garde du corps étrangère m'a t'on dit néanmoins cela est indigne d'un homme d'une telle prestance. N'allez pas vous imaginez que je suis fan de votre personne, mais les Kawaguchis restent entre Kawaguchi sinon le monde ou va-on? A ce rythme nous deviendrons des Yamada, pire même des Akuzu.

Une approche dans la veine des réflexions racistes du fameux personnage. A voir si ça passe, mais qu'importe vu le nombres de conneries qu'il attire à la seconde deux gardes du corps ne seront pas de trop. Et vu comment il reluque Tali celle-ci sent qu'elle a une chance et possiblement plus si affinité. Servir le clan jusqu'au bout en sacrifiant sa personne, tant qu'elle reste calme tout se passera bien. Elle porte main à son poitrail d'un signe militaire et reste droite.

-Néanmoins je vois bien que vous êtes occupez, à conter vos légendes aux incrédules. Je repasserai donc si besoin est, mais l'important est dit j'assurerai votre protection et serait responsable de votre sécurité. Si néanmoins vous trouviez-quelque chose à redire le clan en serait informé, pour que quelqu'un d'autre correspondant à votre critères soit mandaté.

Si il l'insulte ou lui enlève ses habits par contre elle ne sera pas responsable de la castration du 'mâle' alpha.

C'est qu'elle manie plutôt bien la flatterie celle-là! Je hausse un sourcil tout en remontant mon regard pour croiser le sien. Il est vrai que ce palais, fut grand soit-il, n'est pas vraiment digne d'héberger ma personne. Et encore moins mon ego. Je suis une prison enfermée dans une prison. Je n'ai qu'une hâte: rejoindre le désert. Mais pour ça il faudra que j'attende que Tsukiko veuille bien m'y autoriser. L'autre option étant évidemment que je massacre tout ce qu'elle mettra sur mon chemin. Y compris ma propre famille. C'est malheureusement une option à laquelle je ne peux me résoudre.
"Beaucoup de choses sont indignes de ma personne!" je nuance par pur plaisir. "Mais avec un peu de saké et d'abnégation j'arrive à les ignorer. La plupart du temps en tout cas..."
Ouais, je ne me suis pas encore décidé sur le comportement qu'il convient d'adopter face à Tali. Elle use de ses charmes et j'en suis parfaitement conscient. Il est vrai que je suis sensible à sa beauté, au fait qu'elle soit une Kawaguchi et à sa façon de manier le verbe à mon avantage. Mais elle m'insulte si elle croit qu'il suffit d'un peu de charme pour entrer dans mes bonnes grâces. Je pose mon bras levé contre le cadre de la porte et attends qu'elle entre dans le vif du sujet. Qu'est-ce qu'elle veut?

La réponse ne tarde pas à suivre. Ainsi donc elle souhaite devenir mon garde du corps? C'est une blague ou quoi! Il est vrai que Yaeko est étrangère mais elle a au moins le mérite de la fermer. La plupart du temps en tout cas. Pourquoi je m'embarrasserais d'une suivante supplémentaire? D'autant plus que je suis assez grand pour me protéger tout seul, que je sache. Non mais ho! Elle me prend pour qui?

Elle me refroidit davantage encore quelques secondes plus tard en stipulant qu'elle n'est pas fan de ma personne? Non? Pourquoi elle me chauffe comme ça alors? Si celle-la n'a pas les hormones qui la travaillent je veux bien bouffer un truc particulièrement dégueulasse! Ceci dit le reste de sa phrase n'est pas sans mérite. Parler des Yamada et des Akuzu en ces termes ne peut que ravir mes oreilles. Allez, je cède... Ne serait-ce que pour le plaisir d'entendre des sous-clans se faire rabaisser de la sorte.
"Moui... Bon en fait Yaeko n'est pas vraiment ma garde du corps. C'est plutôt ma surveillante. Elle s'assure que je ne fasse pas de conneries pour le compte de Tsukiko mais je suis à peu près certain qu'elle me laisserait crever si elle en avait l'occasion." je me penche vers elle pour lui chuchoter la suite. "Remarque, je ferais sûrement pareil!"
J'ouvre ma porte en grand puis vais saisir mes deux... heu... dames de compagnie avant de les jeter dehors sans grand ménagement. Grand prince que je suis, je consent même à leur envoyer leurs robes dans la foulée. Si elles doivent se balader à poil je vais sûrement en entendre parler. Il est vrai que ça ne fait pas grande impression devant les dignitaires étrangers. Quoique...

J'invite ensuite Tali a entrer et la laisse s'installer pendant que je vais remplir mon verre de vin. J'en vide la moitié d'une traite puis vais prendre place à la demoiselle. Je l'observe encore un moment puis me décide à entrer dans le vif du sujet. Elle a cru qu'elle pouvait débarquer ici et me dicter ses conditions? Je choisi mon propre entourage. Et personne - pas même le clan - ne me mettra une personne dans les pattes sans que je l'aie auparavant décidé.
"Bon, alors. Je vais mettre de côté la flatterie et ton petit numéro de charme de tout à l'heure pour me concentrer sur l'essentiel. Tu veux être responsable de ma sécurité? Pourquoi? Qu'est-ce qui te fait croire que j'en ai besoin et qui te l'a demandé? Tsukiko?"
Elle ne m'a pas expliqué grand chose dans le fond. Mais peut-être qu'on l'a envoyée ici comme on envoie un mouton à l'abattoir. Sait-elle à quoi s'expose? Me connait-elle seulement autrement que par les rumeurs? Car je n'ai pas le souvenir d'avoir longuement discuté avec elle par le passé. Mais non... Vu son approche il faut croire qu'elle s'est tout de même renseignée un minimum. Elle est masochiste ou quoi?
"Je ne veux pas de toi comme garde du corps. Tu ne me serviras à rien. Tu vas même me gêner sans vouloir te vexer!" un peu quand même, histoire de voir comment elle réagit. "Mais je n'ai rien contre la présence d'une Kawaguchi à mes côtés. Reste à savoir si la Kawaguchi en question est prête à obéir aux ordres que je lui donnerais. Ta protection ne m'intéresse pas. Ta fidélité, en revanche...
Je me contente d'exposer ma vision de notre... collaboration. Il s'agit d'une esquisse, rien de plus. Sa réponse ne suffira pas à me convaincre. Loin de là. Mais le temps, lui, pourrait bien s'en charger. Reste à voir ce qu'elle a dans le ventre... Car comme Tali l'a si bien stipulé: si ça ne me convient pas il me suffira de me tourner vers une autre personne.

-Si je vous gêne alors il suffira de faire comme avec les indésirables. Les faire disparaître.

Elle reste droite ne le regarde pas et fixe le mur derrière lui, elle a réussit la première épreuve rentrer dans la maisonnée de la bête. La prochaine étape c'est de le dompter, un poil plus compliqué vu comment les donzelles ont étés jetés dehors alors que deux minutes il s'en servait. Elle voit comment il fonctionne, Kira utilise les gens pour ses propres fins et les jette une fois qu'ils deviennent gênants. Mais il y a un nom qui revient souvent c'est celui de l'actuel Daimyo. En aurait-il peur? Non Tali ne peut croire que cet homme représentant le machisme par excellence puisse fuir une femme anciennement handicapée.

-Je ne me souviens pas avoir dit que j'obéissais aux ordres du Daimyo et chef de clan.

Elle souffle, passe une main dans sa chevelue blonde et sur son masque. La flatterie ne marche qu'un temps, maintenant il faut passer aux choses sérieuses et entrer dans le cœur du sujet. Encore faudrait-il que celui là en ai un.

-Je ne fais qu'observer selon vos propres dire que vous êtes sous surveillance de la part de votre cousine. Alors soit il y a des secrets qui ne me regardent pas soit elle n'a pas confiance en vous. Ou les deux.

Elle sourit intérieurement, lui rappeler sa condition avant de lui proposer une solution. Ne jamais se laisser dicter sa conduite ou du moins faire semblant de rebondir avant d'accepter ses termes. Se jeter à ses pieds ce serait lui dire oui tout de suite. Hors l'hybride possède néanmoins un tantinet d'égo comme à chacun.

-Si je jure fidélité à Kawaguchi Kira qui me dit que je ne finirai pas comme vos deux amies de tout à l'heure? Nue quand la situation dégénère et laisser pour compte? Vous êtes tout seul, votre réputation vous précède mais vous le savez déjà. Et visiblement vous en avez rien à foutre mais je refuse de croire que quelqu'un avec autant d'orgueil cache sa peine dans le saké et l'abnégation à la place de se lever pour saisir ce qui est sien. Je ne suis pas venu ici pour flatter nos égaux ni même pour implorer votre protection. Je suis venu à vous Kira car je pense que les rumeurs qui bourdonnent ne sont pas faites pour rien. Derrière votre comportement particulier vous inquiétez les gens car ils voient en vous probablement le Kawaguchi pur, celui qui écraserait les autres clans si il pouvait et restaurait un ancien blason.

Elle ne le fixe toujours pas le laissant écouter ce qu'elle à dire. Son monologue n'a pas uniquement pour but de lui dire de bouger son cul mais également d'entendre quelqu'un probablement plus sympathique que la plupart de ses connaissances, une inconnue qui plus est qui lui dit que ses possibilités pourraient faire tant de choses.

-Voilà pourquoi je suis ici, et si je dois vous obéir alors je le ferais mais gage est que le ménage et compagnie c'est pas dans mes cordes mais vous l'avez probablement deviné. Si Yaeko vous surveille alors autant avoir quelqu'un de confiance au quotidien, ou du moins sur lequel vous pouvez compter. Je vous tend ma main à vous de voir si vous préférez refuser et rester seul grand bien vous en fasse, ou si aujourd'hui vous décidez de remonter la pente envers et contre tous pour dominer.

Elle souffle.

-Moi je n'ai jamais aimé les bâtards avec trop de pouvoirs.

Cartes sur tables.

Mais qu'est-ce qu'elle me raconte? Je l'écoute déblatérer ses idioties pleines de sens en dégustant ma coupe de vin. C'est vrai qu'il est agréable d'être flatté. Tali l'a très bien compris et ne se prive pas d'utiliser cette arme contre moi. Mais malgré son charme et le fait qu'elle soit une Kawaguchi, elle ne vaut tout de même pas les deux charmantes créatures dénudées qui occupaient sa place peu avant. Je commence à croire que j'ai perdu mon temps. Alors je m'occupe en imaginant la jeune femme en tenue d'Éve et en espérant qu'elle quittera d'elle-même les lieux.

Je comprends rapidement que je peux faire une croix sur cette idée. Je garde donc le silence tandis que je vais me resservir non sans jeter de temps à autres des regards à la blonde dans le miroir en face de moi. Ceci fait je retourne m'installer avec ma classe habituelle à côté d'elle. Mes doigts jouent quelques instants avec ses cheveux tandis que je me perds dans mes pensées. Puis je sors sur la terrasse qui domine la capitale non sans lui avoir fait signe de me suivre.
"Tu veux des assurances?" oui, ça m'amuse. "Et bien tu n'en auras pas. Ce n'est pas moi qui suit venu frapper à ta porte, ne l'oublie pas. Tu veux me servir? Soit! Mais ne t'attends pas à être remerciée en retour. Ta seule récompense sera l'honneur de marcher à mes côtés. Et de gravir avec moi les marches qui me séparent encore de la place qui est mienne, au sommet."
La tempête de sable qui s'approche d'Odaichi redouble d'intensité. J'effectue quelques mudras puis la sépare en deux d'un mouvement ample des bras. Hors de question qu'elle vienne perturber mon ciel bleu. Ceci fait je jette un regard malicieux à ma cousine.
"Tu ne m'offres rien dont je ne puisse me passer. Et à vrai dire je m'attendais à ce que tu aies plus à mettre sur la table que ta simple loyauté." mais la déception aurait pu être plus grande. "Toutefois je sais reconnaître une personne déterminée. Et si je ne suis pas certain de comprendre tes réelles motivations je crois que j'aurais tort de me priver de services si généreusement offerts..."
Je vais la garder à l'oeil. Mais lui offrir l'opportunité de faire ses preuves. Après tout c'est une Kawaguchi et si elle n'a pas droit à un petit traitement de faveur, qui en est digne dans ce cas? Je n'entends cependant pas me satisfaire de quelques mots. Et les actes valent toujours mieux que les intentions.
"Voici ce que moi je te propose: va tuer un shinobi de Suna. Son grade m'importe peu tant qu'il est lié au Sable. Rapportes-moi ensuite sa tête! Discrètement, hein?" on sait jamais mieux vaut prévenir que guérir. "Nous parlerons ensuite de confiance et d'avenir!"
Je termine ma coupe et la laisse glisser de mes doigts puis dans le vide. La discussion est close. Et à moins que Tali ait quelque chose de pertinent à ajouter il est désormais temps pour elle de faire ses preuves...

-Pourquoi devrais-je dévoiler toutes mes cartes à un inconnu dont la réputation le précède? Je préfère d'abord m'assurer de ta confiance et inversement avant d'entamer les choses sérieuses. C'est logique non? Je te connais pas Kira et toi non plus, notre collaboration devra donc passer par des graduations avant que j'imagine la possibilité de me sacrifier pour tes beaux yeux.

Elle tourne les talons, fait apparaître un masque et le met sur son visage. Recouvre ses cheveux d'une capuche sombre et s'avance vers la sortie. Tuer quelqu'un n'est jamais bien compliqué.

-J'espère que tu me balanceras pas pour si peu. Après tout je m'en voudrais de déjà te quitter Kira le beau garçon.

Elle rigole un instant et file fendant la tempête de sable et disparaît à l'horizon. Dévouée et loyale, voilà ce qu'elle veut laisser transparaître car après tout pour amadouer quelqu'un de la trempe d'un Kawaguchi il faut beaucoup s'investir. Alors pour un Kawaguchi particulier et transpirant un peu de parano il faut s'y dévouer corps et âme. Et si elle doit faire un génocide pour que Kira daigne l'accepter alors un peuple sera sacrifié sur l'autel de la gloire.

***
Elle revient pendant la nuit, et arrive directement sur la terrasse de l'intéressé. En espérant que ce flemmard ne dorme pas déjà, il serait dommage de le réveiller pendant qu'il rêve de gloire et de victoires. Probablement de putains aussi, après tout ce n'est qu'un homme et les hommes sont si facilement manipulables par les femmes.

-Debout Kira, m'oblige pas à donner de ma personne pour te sortir des bras de Morphée.

En espérant qu'il l'entende. Et qu'il soit réellement de parole, si il venait à la trahir l'exile ne serait pas le bien vu. Elle n'est sur de rien mais au moins respecte son engagement. Rejeté la faute sur Kira pourrait aussi être une chose possible. Ou alors trouver un alibi enfin elle a plein de solutions possible. Mais croit sincèrement qu'il ne reviendra pas sur son engagement.

-Voici Sai Kaoru. Chûnin, revenant de mission dans le pays du bois. Sai était visiblement soupçonné d'avoir des liens avec des organisations nukenins. Il était aussi pro Kioshi. Comme quoi il cumulait les défauts. Enfin va décerné la vérité là dedans moi je n'ai fait que le cueillir. En espérant que cela te convienne parce que un ça va mais plus Suna va commencer à enquêter et j'aimerai autant éviter ça dès le début de notre relation.

Elle sort un parchemin, lequel déploie le corps du garçon encore embaumé par le sable, le sang ayant absorbé par le sable son visage est momifié. Rendant la date de sa mort un peu compliqué.

-J'ai remplie ma part du marché.

Maintenant à lui de remplir la sienne.

Le guépard feule et m'extirpe de mes pensées. Mes heures de sommeil se sont drastiquement réduites depuis que je partage mon corps avec Shukaku. Et aujourd'hui elles sont pratiquement inexistantes. Les cernes qui s'étalent sous mes yeux en sont le témoignage. Les jours sont interminables. Et que dire des nuits? Encore un inconvénient apporté par le Tanuki. Peut-être est-ce pour lui une façon de me faire payer. Et peut-être qu'il n'est pas directement responsable de mes insomnies. Dans un cas comme dans l'autre j'en reviens toujours à me demander qui des deux est le véritable prisonnier...
"Le concept de toquer à la porte t'évoque-t'il quelque chose Tali?" je devine qu'il s'agit d'elle à sa silhouette qui se détache de l'ombre. "Où tu te crois déjà suffisamment proche de moi pour te passer des plus élémentaires règles de politesse?"
Une manière de lui montrer ce que je pense de sa petite intrusion. Je soupire puis quitte le canapé sur lequel j'étais allongé pour m'approcher de la visiteuse nocturne. Mon regard se pose ensuite sur le cadavre drapé dans le sable qu'elle me présente. J'écoute ses explications avec un vague intérêt avant d'acquiescer d'un air appréciateur.
"Donne les restes à Khan!" j'indique d'un mouvement de tête le guépard un peu plus loin. "Comme ça on ne dira plus que j'oublie de le nourrir..."
Qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'un guépard sérieux? C'est le genre de cadeaux qu'on offre à une Daimyo. Et que la Daimyo en question refile ensuite à un type suffisamment stupide pour accepter. Moi, en l'occurrence. Sur le moment je me suis dit que ce serait une bonne idée. Mais avec le recul... En plus cette saloperie défonce mon mobilier. Je sens qu'un jour ou l'autre elle va faire un vol plané depuis ma terrasse...
"Je suis satisfait! À moitié en tout cas..." je hausse les épaules. "Il faudra évidemment que je vérifie si ce... Sai bidule est bien signalé disparu par Suna. Et depuis quand, évidemment. Tu comprendras sans doute que je ne puisse pas exclure l'hypothèse que tu aies simplement récupéré un cadavre et que tu me prennes pour un imbécile?"
Difficile de savoir depuis combien de temps le shinobi est mort. Quelques vérifications semblent donc s'imposer. Mais pour l'heure Tali mérite un peu de considération. Domaine dans lequel je ne suis pas - mille fois hélas! - très doué. Faut bien le reconnaître. Alors on va improviser hein? Je lui désigne ainsi les diverses carafes posées sur un table, dans un coin.
"Tu as soif je suppose? Puisque tu te considères déjà chez toi dans mes appartements on est plus à ça près de toute façon!" je plisse le nez quand une odeur incommodante me parvient. "Ho et n'hésite surtout pas à aller prendre un bain! Je t'attends!"
Ouais, dans mon lit! Il faut bien que je m'occupe et l'échange de fluides est encore loin des meilleurs moyens de tuer le temps! Nous aurons tout le loisir de discuter du futur demain matin...

-Tu ne mérites pas autant de respect que tu le penses Kawaguchi Kira.

Elle avait parlée, mais donner les restes de sa victime à un félin ne lui plaisait pas. Le corps fut donc renvoyer dans le parchemin d'ou il provenait. Hors de question de gâcher des ressources, même si elle aimait bien la compagnie des animaux de là à gâcher un futur soldat. D'ailleurs il faudrait peut être en parler à Kira. Ou pas, il l'avait dit lui même ils n'étaient pas assez proches pour encore tout se permettre alors elle garderait pour elle ses secrets et ses projets. Tali répondrait aux objectifs du jeune homme sans pour autant en faire plus dans un premier temps. Il fallait laisser le temps faire son oeuvre. Les tensions entre Konoha et Suna donneraient surement l'occasion aux deux de plus se connaître.

-Je te laisse vérifier l'identité du cadavre, pour le reste tu devras te fier à moi. Si tu doutes de tout ce que j'apporte la confiance ne sera jamais présente et c'est ce que tu veux non? Me faire confiance? Mais si tu insistes je te donnerais un bout de son corps, je suppose que l'odeur ne te dérangera pas? Après tout je voudrais pas t’incommoder.

Elle sort de sa poche une flasque de saké qu'elle descend en une gorgée avant de s'allumer une cigarette sur laquelle elle tire nonchalamment trois barres tout au plus avant de la cendrer sur le sable qui l'accompagne. Et de se positionner vers la fenêtre en souriant, elle caresse de la main le félin qui ressemble plus à un gros chat feignant comme son maître qu'à un prédateur sauvage et réprime un sourire.

-Tu as raison surement l'odeur de la mort sur mes habits, je vais donc prendre congé, je laisse un clone devant ton habitation afin d'en garder l'entré faudrait pas que tu meurs aussi rapidement n'est ce pas? Rendors toi donc, je veille au grains. Par contre après midi je considère que tu n'as plus besoin de protection, la grasse matinée à des inconvénients n'est ce pas? Nous nous reverrons très bientôt Kawaguchi Kira. En attendant je me retire.

Et elle repart dans l'aurore en rigolant, ce blond est intéressant. Un profil singulier et une certaine aura caché sous un caractère grossier, quand on creuse pourtant elle a l'impression de découvrir quelque chose d'autre.

Le temps lui dira.

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