Nous étions en pleine période d'examen chûnin, je passais le plus clair de mon temps à me préparer pour les combats à venir dans l'arène du village. Je ne savais pas encore que j'allais tomber sur un Yamanaka surdoué qui allait me ratatiner à coups de genjutsu, me faisant user mon chakra inutilement. Néanmoins, je savais déjà que la technique apprise par Saibogu Oniri il y a peu m'était utile. Je lui avais dis après l'entraînement, que je lui rendrais service à mon tour. Et à défaut de pouvoir la remercier de manière classique, j'avais pensé à un autre moyen, un truc typiquement shinobi... Comme on ne la voyait plus tellement sur la voie publique, j'avais demandé son adresse à Kioshi pour être sûr de la trouver là où était son nid.

En début d'après midi je glissais un mot sous sa porte sur lequel était juste inscrit avec mon écriture : « Salut c'est Tetsui, j'aimerais vous remercier pour la technique que vous m'avez légué l'autre jour. Je passe ce soir voir si vous êtes là. ».
De ce fait, je m'assurais qu'elle puisse se rendre disponible, et surtout je n'étais moi-même pas disponible avant ! Cet après midi Nuzuro m'avait proposé un entraînement avec nos kuchiyoses éléphants dans le désert à quelques kilomètres du village, pour rester discrets sur ma nouvelle botte pour les combats. J'apprenais à connaître Zoroganju le bagarreur, c'était un plaisir. Cela me confortait de voir que ma relation avec les kuchiyose ne serait pas une relation de domination à soumission. Ils étaient mes alliés, pas mes esclaves bon à faire ce que je leurs ordonnais. Je ne voulais pas ressembler à Shorui qui traitait ses scorpions comme des moins que rien, comme des armes sans âmes.

L'après-midi passa donc. Il devait être dix neuf heure quand je passais sonner à la porte de Saibogu Oniri. J'étais un peu sale comme un type qui avait fait du sport plusieurs heures... encore que ma condition de Yamada me permettait de réguler bien des flux de transpiration quand nécessaire.
Attendant de longues secondes, j'appuyais une deuxième fois sur la sonnette pour m'annoncer.
Quand finalement elle vint m'ouvrir, je la regardais dans les yeux avec toute ma sympathie pour la saluer.

« Bonsoir Oniri, comment allez-vous ? Je me disais... vous m'avez appris une technique, alors je peux peut-être vous aider moi aussi, en vous en apprenant une ou... on peut en discuter. »

Un petit temps de pause.

« J'ai quelques idées, qu'en dites-vous ? » demandai-je les mains dans les poches.

Je voulais rendre ce que l'on me donnait. J'aimais aussi entretenir les liens même s'ils étaient neufs et fragiles. J'avais aussi un petit bouquin que j'avais apporté pour le lui prêter, alors je lui tendis l'ouvrage.

« Et ça c'est pour occuper votre temps, comme vous sembliez aimer lire. »

L'ouvrage parlait de trésors enfouis dans le Yuukan, le tout à travers un voyageur/explorateur que l'on suivait tout du long à la première personne. Le genre de truc qui me faisait rêver d'ailleurs.

Énième journée passée cloîtrée chez-moi sans voir la lumière du jour. Seulement cette fois-ci je ne perdais pas mon temps à dévorer des ouvrages aussi passionnant qu'inutile. Non, aujourd'hui je ressentai le besoin de bricoler, de me vider l'esprit sur autre chose. J'en étais rendue à ma huitième tasse à café depuis ce matin. A ce stade je me demandai s'il ne valait pas mieux me faire une perfusion pour m'injecter directement caféine et sucre dans les veines. J’admettais que ce n'était pas très saint pour ma constitution, mais il valait mieux cela plutôt que de retomber dans mes vieux travers, bien qu'il s'agissait de quelque chose d'impossible. Ainsi, je travaillai depuis de nombreuses heures dans mon atelier, planchant sur la confection d'un nouveau sniper dont la portée de tire se devrait d'être supérieur à l'ancien. Une fois encore je regrettai d'avoir autant séché les cours de chaudronnerie à l'époque. En même temps la pimbêche que je fus n'aurais jamais pris le risque de se salir les mains. A présent c'était bien différent.

Ma peau était couverte de crasse, de compos de fer, de poussière et de poudre. Ma coiffure n'était plus qu'un méli-mélo de saleté. J'étais parée d'un simple débardeur, d'un short et d'une manucure totalement inexistante. Le fait d'être absorbée dans mon travail ne m'empêcha pour autant pas de ressentir la présence d'un dénommé Yamada Tetsui qui venait se présenter à ma porte. Son doigt vint presser la sonnette qui retenti jusqu'au fond de l'ancien hangar. Le temps de le traverser jusqu'à rejoindre la cuisine, elle sonna une nouvelle fois. Je me lavais rapidement les mains et me débarbouillai le visage avant de rejoindre la porte d'entrée. Sachant qu'il ne s'agissait « que » de Tetsui j'estimai qu'il n'était pas nécessaire de trop jouer sur le paraître. Ce faisant le fait de me présenter à lui dans un état pareil me semblait être quelque chose d'envisageable. Aussi put-il voir une petite Saibogu passablement rachitique, arborant une mine cadavérique du au manque de sommeil, le tout équipée d'une paire de lunette de protection siégeant sur son front.

-Ho... Vous êtes la première personne à me rendre visite depuis la distribution de ces flyers d'accusations.J'avais beau retourner ces deux derniers mots dans tous les sens dans ma tête, ils me semblaient toujours aussi ridicule. Vous n'avez pas peur d'être accusé de trahison ? Ironisais-je

Quelque part cela me faisait plaisir d'avoir un peu de visite. Enfin c'était toujours plus agréable que d'être surveillée H vingt-quatre par Ogami qui campait sur les toits avoisinant ma résidence. Il faudrait d'ailleurs que je l'invite à venir boire un café à l'occasion. En attendant je mimais un sourire impersonnel à l'égard du Yamada, lui qui semblait toujours aussi détendu et zen.

-J'en dis que ce serait une très bonne idée. Pourquoi n'entreriez-vous pas ?

Je l'imaginait mal pouvoir m'enseigner quoique ce soit, et ce en toute humilité. Ce n'était pas tellement du à l'écart d'expérience entre-nous, mais plutôt sur le fait que la mécanique de pointe se mariait assez difficilement avec la manipulation de la chaleur. Enfin dans le fond cela m'importait peu. Sa présence ne m'était pas désagréable et il me permettrait de passer la journée d'une autre façon qu'en étant seule. Sitôt dis, sitôt fait, nous rejoignîmes l'intérieur de mon loft. Mes pieds nus arpentèrent le carrelage de sorte à contourner le bar qui servait de démarcation à la cuisine. D'un geste fluide de la main je l'invitai à prendre place sur les fauteuil du salon un peu plus loin. Je m'apprêtai à faire fonctionner la machine à café avant de me rappeler que le jeune homme avait un penchant davantage prononcé pour le thé. A l'orange, si mes souvenirs étaient exacts. Je nous servais alors deux infusions accompagnés de biscuits. Suite à quoi je le rejoignis, transportant le tout sur un petit plateau qui je déposai sur la table basse. A mon tour j'allais m'installer confortablement sur un des fauteuils et commençait à étudier le livre précédemment offert.

-Nous vivons déjà pas mal d'aventure, mais ce dernier me semble plus qu'intéressant. Lorsqu'on passe sa vie dans le désert, l'idée d'explorer le monde peut parfois se révéler séduisante. Je marquai une pause l'air dubitative. Merci. Finis-je par conclure en posant l'ouvrage sur la table.Dans l'immédiat je vous prierais d'attendre que le thé refroidisse et de ne pas faire comme dans ces animés où les protagonistes le boit alors que ce dernier vient tout juste d'être servit et est encore bouillant.

Ce fut à cet instant qu'un éclaire de lucidité me traversa l'esprit. Comme quoi le fait d'enchaîner les nuits blanches finissait par m’enrailler les neurones.

-Hum... Suis-je bête. Vous êtes un Yamada. Dans ce cas je vous en prie n'hésitez pas...

Je ne l'invitai pas à se servir, mais plutôt à refroidir nos tasses jusqu'à atteindre une bonne température. Ce faisant j'ouvrais le pot de miel pour y plonger une cuillerée qui ne tarda pas à rejoindre l'infusion initial. Je mélangeai le tout avant d'en proposer à mon futur sensei par intérimaire.

-J'ai entendu dire que vous vous en étiez plutôt bien sorti lors des précédents épreuves. Racontez-moi donc comment celles-ci se sont déroulés pour vous.

Inutile de nous empresser sur cet apprentissage. Nous n'étions pas des sauvages avides d'influence et de technique gratuite. Puisqu'il était là autant prendre le temps de discuter un peu avant de nous mettre au travail.

Musique qui n'a rien à voir :

Flyers flyers... C'est vrai qu'on était en plein dans une vieille affaire d'accusation envers la femme à qui je rendais visite et qui se trouvait en face de moi. Mais... rien à faire. Vraiment. Le simple fait qu' Oniri m'ouvre la porte me rassurait. Mis à part le fait qu'elle arborait une tête de cadavre ambulant pris d'insomnies à répétition. Ça me donnait cette impression sans que j'en sache vraiment plus, mais notre dernière rencontre avait eu lieu la nuit. Oniri devait vivre en partie la nuit...
J'avais haussé les épaules de manière innocente et je m'en foutiste pour la boutade sur la trahison. Me faisant dire en silence que je ne craignais rien et m'en fichais. L'instant d'après elle m'invitait à entrer dans sa demeure. Et c'était la première maison de Saibogu que j'allai voir de l'intérieur, yiha.
Puis elle trouvait ma proposition alléchante, façon de parler.

« Ok ! »

J'entrai. Parmi les domaines que j'avais pu étudier dans mes lectures, l'immobilier n'en était pas un... Après tout, un Yamada ne possédait pas de maison mais plutôt une tente, on pouvait se demander pourquoi l'un d'eux irait lire des ouvrages sur le mobilier d'intérieur ou des trucs comme ça par exemple. Pourtant ! Je reconnaissais là un loft. Elle m'invita à m'installer sur l'un des fauteuils du salon et je ne me fis pas prier. On était mieux assis que debout dans la vie. Ou encore mieux : allongé dans le sable ou un transat en plein soleil. Quelques instants plus tard, j'avais pu caresser la douce matière du fauteuil de mes doigts, par curiosité, puis observé ce nouvel environnement que je découvrais avant que ne revienne Oniri avec du thé à l'orange et des biscuits.

« Super, mon préféré ! Mais... vous le saviez ? » demandai-je un peu étonné.

Pour une fois ma mémoire me faisait défaut. Je ne me souvenais pas lui en avoir parlé.
J'eus ma réponse. Elle en vint à parler du livre que je lui offrais. Ce qu'elle disait me fit réagir tout naturellement. Je parlais pour exprimer ma pensée sans pour autant vouloir refaire le monde ou critiquer un fait.

« Pour ma part, assassiner, tuer, et tout le champ lexical des missions d'un shinobi, je n'appelle pas vraiment ça des aventures haha. Ou alors c'est que je préfère celles dans les livres. » souriais-je.

Pour le thé brûlant que je portais déjà à ma bouche :

« Ben oui, je suis un Yamada donc bon... »

Même boire le thé brûlant ou me baigner dans une eau brûlante sans faire usage de mes pouvoirs ne me faisait plus peur aujourd'hui. J'en avais trop l'habitude. Le corps de tout Yamada, à force d'un apprentissage commencé très tôt s'adaptait lui-même et supportait la chaleur mieux que quiconque. Le corps gardait en mémoire, et sans chakra il était possible d'être beaucoup moins sensible aux fortes températures. On les connaissait... Me rendant compte que ce n'était pas le cas d'Oniri, je reposais ma tasse pour aller refroidir un peu la sienne avec ma main.

« Et voilà. »

Elle voulait ensuite que je raconte un peu mon épreuve de l'examen chûnin. Ce qui m'ennuyait un peu car, pourquoi raconter quelque chose de passé ? Si c'était pour le vivre une seconde fois...

« Ben... Normal ? Enfin, on a eu quelques galères avec le type en noir et ses fils noirs dégueulasses qui m'ont valu une belle cicatrice, mais mis à part ça... Je suis tombé dans une équipe de types intelligents, j'ai pas eu à me plaindre. J'aimerais bien rendre sa cicatrice à l'enfoiré qui m'a lacéré par contre ! »

Peut-être que je devenais trop violent à le dire ainsi, alors je m'arrêtais.

« Oups, désolé... je m'emporte haha. » fis-je avec une petite moue.

Je retrouvais un air plus détendu et distant avec tout ça après avoir bu une autre gorgée de thé l'orange.

« Le fait est qu'à trois on l'a presque eu le gars. Vous, comment ça va ? »

Touché ! Dans ce sens il marquait un point. Nous ne pouvions pas vraiment parler d'aventure. Enfin, là encore tout dépendait du point de vu, mais force était de constater que les notre se rejoignaient. Nous ne vivions pas de grande aventure inspirant la vertue et l'humanisme. Non, lorsque nous quittions notre village, c'était souvent pour tuer, où encore mettre en place des interactions qui d'une façon ou d'une autre finirait par causer la mort d'autrui. Il n'y avait donc pas de quoi me laisser rêveuse. Voici ce que l'on appelait la réalité. Mais mon intérêt pour la lecture n'était pas suscité par un désir d'évasion. Il s'agissait seulement d'une échappatoire qui me permettait de focaliser mes sens afin de ne pas les laisser à la dérive.

-Vous avez certainement raison. Dans ce cas je vous en dirais des nouvelles. Dis-je tout en soulevant légèrement le livre.

Ma main de libre se saisi de la tasse de thé récemment refroidi pour me permettre d'en boire une petite gorgée. Pendant ce temps le Yamada terminait de me narrer le déroulement de son épreuve d'examen. Je fus étonnée de le voir s'attarder de la sorte sur quelque chose d'aussi dérisoire que ses blessures.

-Si une simple cicatrice vous perturbe tant, sachez que vous n'êtes pas rendu.

Je tendais mon bras gauche sur le côté révélant ainsi la longue et épaisse marque blanche qui le parcourait. Je haussai brièvement des sourcils pour également souligner l'entaille au-dessus et en-dessous de mon œil aveugle. S'il risquait un regard indiscret par-delà mon débardeur-pyjama, il verrait que mon épaule était également touchée.

-S'il s'agissait de la première, dites-vous que ce ne sera sûrement pas la dernière.

Il était assez mal venu d'entendre un shinobi se plaindre de ses cicatrices. Mais il l'était d'autant plus lorsqu'on s'exprimait de la sorte en présence d'une personne qui en portait autant. Sachant que dans mon cas il n'avait vu que la partie immergé de l'iceberg. En était-je outrée ? Nullement. En tant que Shinobi Tetsui était encore jeune, tout juste un chuunin à en devenir. Il avait encore tant à apprendre bien que j'estimai qu'il était plus que temps pour qu'il grandisse et prenne conscience de la réalité injuste de ce monde.

-Mais dites-vous également que vous vous en êtes plutôt bien sorti. Je me suis personnellement occupée d'un groupe en tant qu'examinatrice. Seuls deux participants sur trois sont parvenus à atteindre la tour et l'un d'eux avait une balle logée dans la cuisse.

De ce que j'avais pu entendre, je n'avais pas été la seule à m'être montrée assez intransigeante avec les participants. C'était tant mieux.

-Néanmoins si vous avez été sélectionné pour l'épreuve finale, cela signifie que vous le méritez vraiment. Et laissez-moi vous féliciter pour cela.

Le léger ton amer de ma voix n'était pas vraiment prévu, le sourire allant de paire également. Après quoi je me servais une nouvelle tasse de thé, essentiellement pour me donner contenance. J'avais descendu la première à une allure folle.

-Pour en revenir à votre proposition d'apprentissage. Elle est plus que bienvenue. Je vous avouerai que je commençai à tourner en rond ici. Surveillance rapprochée oblige... Je marquai une courte pause avant de reprendre. Dans ce cas dites-moi ! Qu'auriez-vous à me proposer ? J'ai déjà ma petite idée sur ce que nous pourrions faire, mais j'aimerais avoir votre avis.

Plutôt que de rester sur un le sujet qui fâche autant rebondir pour mieux nous tourner vers la raison initiale de sa venue ici.

Oniri sembla surprise à sa façon de me voir épiloguer sur cette cicatrice. Ben... cela ne me perturbait pas comme elle l'entendait, mais j'avais bien le droit de vouloir rendre la monnaie de sa pièce à l'autre non ? Le type était examinateur et se serait donné le droit de couper le bras d'un genin par exemple ? Quel enfoiré il ferait de mon point de vue. Sous prétexte de montrer la réalité du terrain qu'on dirait, pour sa défense. Oui bien entendu que tout le monde pensait comme ça. Alors coupons nous les membres pour ne plus pouvoir se battre et faire la guerre, ça c'était une idée, une bonne.

« Ouais c'était la première. Sauf que j'ai bonne mémoire et qu'il me plairait de lui rendre la monnaie de sa pièce un jour à ce type. Non je ne suis pas vengeur... »

Avoir l'envie et le faire étaient deux choses différentes. La Saibogu m'avait montré ses cicatrices que j'avais regardé, ça me faisait une belle jambe si elle pensait que ça m'inquiéterait ou que je la considérerais comme une guerrière à cause de ça.

« Pour les prochaines, je verrai bien... »

Elle avait été examinatrice pour un groupe.

« Ah d'accord. Vous avez fait votre boulot voilà tout. »

Elle disait que je méritais d'avoir été sélectionné pour les épreuves finales, je la laissais me féliciter. Comme je n'aimais pas les louanges et les trucs du genre, je fis l'air de rien en re-buvant une gorgée de thé.

« Merci. » répondis-je simplement.

Sa tasse de thé était déjà vide, quelle furie ! En guise de réflexe je lui refroidissais juste un peu le breuvage qu'elle se resservait comme je l'avais fais pour celui d'avant. Si elle avait tant soif il ne faudrait pas qu'elle se brûle la langue. Je pris aussi mes aises dans le fauteuil qui m'accueillait et m'étalais presque de tout mon être dedans. Il épousait bien mon corps, ça alors. Je devrais songer à m'équiper d'un fauteuil de qualité un de ces jours... pour la lecture.
Le sujet de discussion allait changer, c'était tant mieux parce que ça me saoulait de parler des examens. Ceux-ci me prenaient déjà assez la tête comme ça, j'y pensais tous les jours et je m'entraînais en conséquence, alors si je pouvais souffler ne serait-ce qu'un moment ça me faisait plaisir.

« Haha si vous avez déjà votre idée je vais peut-être vous décevoir alors. »

Je la regardais en me redressant sur le fauteuil.

« Ben... c'est pas moi le mécano ici, mais je me demandais si ce serait possible de trouver un mécanisme pour créer des bombes à chaleur ? Vous connaissez les Yamada, bien que chacun ait sa façon d'utiliser la chaleur, je suis moi-même parvenu à atteindre la température de la fusion et je peux cibler une zone avec ou m'en entourer pour dissuader l'attaquant de m'atteindre. »

Une petite grimace quand je rajoutais :

« Autant vous dire qu'une telle température peut faire fondre la peau et la chair, ça atteint les nerfs les plus profonds... personne n'en sortirait indemne. Brûlé de cette manière, si on survit on a des marques horribles, ou même plus de visage. Selon mon père, le système nerveux peut être tellement mis à mal que le cœur lâche, ça dépend de la personne. Pourriez-vous arriver à canaliser une telle puissance dans l'un de vos outils ? »

Bien sûr je lui proposais une arme monstrueuse. Mais la technique qu'elle m'avait apprise était puissante elle aussi selon où l'on visait. Me venait en tête le fait que je ne voulais pas que n'importe quel inconnu utilise une telle puissance. C'était ma seule condition.

« Avant que vous ne me répondiez... promettez moi d'être la seule à l'utiliser si je vous aide à créer une telle arme. Petit plus aussi : Vous ne l'utiliserez pas sur moi hein ? »

Ce serait un drôle de remerciement. Même s'il me suffirait de peu d'efforts pour que la chaleur soit mienne ou s'annule par le biais de mon pouvoir héréditaire. Si elle disait oui il nous faudrait aussi un endroit costaud pour résister à la chaleur de la fusion...

Je ne savais pas ce qui était le plus dérangeant chez-lui, le fait qu'il ait tendance à rire compulsivement ou qu'il fut en mesure de se contredire à ce point dans une même tirade. Dans tous les cas je n'avais pas d'intérêt à lui faire la remarque et me contentai de l'écouter tout en buvant mon thé. Le bon côté étant que nous semblions tous les deux avoir la même idée de base. Voir ce qu'il serait possible de faire avec les capacités Yamada une fois converti à la capacité Saibogu.

-Charmant ! Lançais-je à l'encontre de la chair et des os fondus.

Je réfléchissais déjà la façon dont nous pourrions concevoir cette petite merveille de mort. Seulement le fil de ma pensée fut coupé net par la demande de deux promesse pour le moins étrange. La première passant encore, que je sois la seule dans mon clan à l'utiliser n'était pas si déroutant, mais la seconde...

-Et pourquoi voudrais-je l'utiliser contre-vous ?

Mon visage taciturne n'exprimait rien, un peu comme si j'étais une poupée de porcelaine. Seulement cette apparente neutralité fut soudainement brisée par le mouvement presque mécanique d'un haussement de sourcil à la fois circonspect et interrogateur. Je peinai à trouver sens à sa remarque. D'autant plus que s'il me fallait un jour tuer un Yamada je ne serais pas assez bête pour tenter d'y parvenir en utilisant une technique basée sur la chaleur.

-Enfin si cela vous rassure je vous promet de la garder pour moi en plus de ne jamais l'utiliser sur vous.

Est-ce que ce que je venais de dire avait le moindre sens ? Je n'en étais pas certaine. Dans le fond je trouvais cela assez ridicule, mais était prête à lui concéder cette logique. Au possible je préférai ne jamais m'attarder sur les choses sans importances. Rester à présent à régler la question de la zone d'essai. En effet, jouer avec des températures volcaniques n'était pas quelqu'un chose d'anodin.

-Quoi de mieux que le désert ? Au moins nous sommes sure de ne blesser personne et pour ainsi dire il n'y a rien à faire fondre... Que diriez-vous de me rejoindre devant la voie illusionnée à la tombée de la nuit ? Aux alentours de vingts heures ? Nous n'avez rien contre un petit tour en moto ?

Il ne restait plus qu'à tenter l'expérience du Yamada enfourché sur un engin de transport Saibogu. La dernière avait eu lieu en compagnie de Kioshi. Nous avions finis dans un état lamentable, fortement alcoolisé et j'avais perdue mon véhicule. Cette fois-ci c'était dans un cadre plus sérieux, bien que des visions quelques peu nostalgiques me revenaient en tête. J'avais bien changé depuis cette époque. La vie ne m'avait guère épargnée et continuait encore de me malmener au quotidien, mais dans un sens je n'en étais ressortie que plus forte.

Le soir venu j'attendis sur le lieu de rendez-vous, assises sur ma moto en marche. Tout mon matériel était entreposé via mes sceaux. L'expérience aurait lieux à quelques kilomètres d'ici. Les gardes avaient gentiment voulu me faire remarquer que je n'avais pas le droit de sortir du village en raison des accusations qui pesaient contre-moi. Le soucis étant que j'avais eu assez d'influence pour faire tourner les tours de gardes afin de les remplacer par des veilleurs plus conciliants. Par ailleurs Ogami veillait toujours au grain et était averti du moindre de mes déplacements. Théoriquement tant que je ne quittais pas le champs de sécurité aux abords du village, je ne craignais rien. C'était plus qu'il nous en fallait.

Depuis que je connaissais Oniri, ou du moins que j'avais échangé quelques mots avec elle, je me rendais compte qu'il s'agissait d'une personne fade. Elle semblait comme éteinte et reprenait vie de temps en temps pour une réflexion par ci par là. Il me semblait qu'elle n'avait aucun bonheur en elle. Un modèle de combattante sans âme qui devait sans doute atteindre ses objectifs dans cent pour cent des cas. Ces pensées me vinrent en voyant son air taciturne, inexpressif quand elle demandait pourquoi elle utiliserait ces armes contre moi. C'était comme le fait de la vouvoyer qui commençait à me briser les guirlandes... Elle acceptait cependant.

« Bien. Ce n'est que pour me rassurer. Suna reste le pays des traîtres... »

Cela devrait changer à l'avenir.
Le rendez-vous fut fixé à 20h devant la voie illusionnée, j'acceptais. Après je pris le temps de finir mon thé à l'orange tranquillement. Celui que je buvais chez moi était meilleur. L'habitude sans doute.
Je la rejoignais donc à l'heure prévue, et comme par magie les gardes nous laissèrent passer elle et moi même si elle en était interdite à cause de l'enquête. Ô joie, cela était encore la preuve que 99% des gens étaient des pourris prêts à se laisser aller sur leur devoir si on les payait pour. Ou par sympathie ou que sais-je. Enfin, c'était bien Suna qui avait un problème si quelqu'un de surveillé par les autorités pouvait se jouer de celles-ci. Peu importe. J'étais avec cette même personne, je ne pouvais donc rien dire. Et puis l'autorité, l'autorité...

La bécane était là. Oniri m'invitant à monter dessus par derrière, je restais dubitatif. Je n'avais jamais expérimenté ce genre de machine. La vitesse d'un éléphant était bien différente ! Quelques secondes donc avant que je ne daigne m'installer. Démarrage, moi cramponné à la Saibogu, je me rendis compte que ce n'était pas si sorcier au bout d'une minute. Une expérience comme une autre ! Nous avions dû rouler jusqu'à environ trois kilomètres de Suna. Le soleil était couchant en cette saison au dessus de nos têtes. Au moment de descendre :

« Plutôt sympa. » dis-je sympathique.

Nous nous installions dans ce coin du désert, même si moi je n'avais rien d'autre sur moi que mes fringues... et je pensais qu'il était temps que je lui montre cette technique. Je m'éloignais donc à bonne distance en lui précisant ce que j'allais faire.

« Hop ! »

Deux mudras plus tard je réchauffais l'air en ciblant une zone précise : un petit amas de roche et de sable. Lesquels se mirent à rougeoyer et même à commencer à fondre à cause de la température de la fusion atteinte. Voilà qui faisait un bel exemple... La zone ciblée ne faisait que quelques mètres en revanche, et c'était plus une technique précise que de zone. Le but était de réduire à néant un seul et même adversaire ou deux regroupés.
Le tout était assez bref et ne prenait pas longtemps à agir, sinon c'était lent et peu efficace ! Après la démo je me rapprochais d'Oniri.

« Euh, voilà. »

HRP:

La chevauchée nocturne pouvait enfin débuter. Nous approchions de mon moment préféré de la journée. A savoir la nuit, non pas p uniquement parce que mes yeux n'avaient plus à supporter la lumière quotidienne, mais bel est bien parce que fendre les dunes à vive allure, sous la clameur resplendissante du firmament était un spectacle valant le détour et ce qu'importait le nombre de fois où je l'avais déjà vu. Propulsant d'imposantes gerbes de sable dans notre sillage nous filions à une allure incroyable. L'avantage de vivre dans notre pays étant qu'aucune route n'était réellement définit alors que le désert nous présentait des étendues infinies. Notre objectif n'était autre que le sud, seule issue à ce monde de sable que l'on appelait mer. Si cela n'avait été que moi, j'aurais très volontiers roulée jusque là-bas afin d'aller piquer une tête dans l'océan.

Seulement je ne pouvais faire faux-bonds au Yamada qui me proposait généreusement ses services, et puis, j'étais aussi très curieuse de voir ce qu'il avait à me montrer. Depuis Kioshi je m'intéressai de plus en plus aux autres clans. Ce faisant, nous nous arrêtâmes dans un lieu bien précis, à savoir nulle part. L'endroit parfait pour s'essayer à des expériences dangereuses. Toujours aussi enjoué qu'il fut, Tetsui alla se placer à l'écart pour faire sa petite démonstration. Je profitai de notre arrêt soudain pour m'allumer une cigarette, avisant avec intérêt le spectacle qui prenait forme. Je pus sentir la chaleur grimper en flèche jusqu'ici, mais le plus impressionnant était de voir le sable se modeler en verre. Ce à quoi j'émis un sifflement admiratif.

-Mille degrés Celsius ! C'est la température que vous êtes capable d'atteindre. Impressionnant !

Je relâchai nonchalamment un petit nuage de fumée en forme de cercle. Après quelque seconde, lorsque je me fus que la température s'était convenablement dégagée, je m'approchai, recouvrant de sable un des éclats de verres avant de m'en saisir. Je l'avisais ensuite avec mes yeux de chats luisant dans la semi pénombre. Car oui, le soleil avait finit par se coucher, exposant ainsi toute la magnificence céleste des astres aux-dessus de nos têtes.

-Je m'étonnerai toujours autant de cela. Si les Yamada acceptait de s'investir dans les affaires du monde ils pourraient aider de nombreuses personnes dans bien des domaines.

Plutôt que de s'enfermer dans le désert à suivre des préceptes et croyances surfaits, ils pourraient aider à mille est une chose. Manipuler la chaleur pour combattre des maladies, créer de micro climat dans certaine zone afin d'aider à l'agriculture, apporter une nouvelle ère à la chaudronnerie en faisant fondre le métal. Toutes ces choses qui pourraient enrichir le monde dans les tous les sens du termes. Tant sur le plan financier que humain. Le potentiel du ninjutsu était vraiment sous exploité. Dans un sens cela n'était pas étonnant que l'on considère les Saibogu comme des fous visionnaires, eux qui ne partaient de rien, ne naissaient avec aucune facultés héréditaire hors du commun, mais qui cherchaient tout de même par leur propre moyen à apporter quelques choses au monde. Voici que je mettais à penser comme mon père. Ce n'était pas bon signe. Pourtant il était navrant de voir tout ce potentiel gâché. Enfin, nous n'allions pas refaire le monde. Tout du moins.... pas aujourd'hui.

-Cela devrait être jouable.

Dis-je tout en retournant à ma moto pour déloger deux imposants parchemins des compartiments latéraux. Je laissai ces derniers se dérouler sur le sable, révélant à peine, de part l'obscurité les sceaux présent dessus. Ils invoquèrent tout un attirail, autres outils, machine et plan de travail. Le nécessaire pour effectuer quelques expérimentations au beau milieu du désert. Mais le plus important étant la machine a café, qui s'était d'elle-même mise en route une fois apparue.

-Si nous sommes performants et arrivons à un début de résultat avant le levé du jour, je nous conduirai à la plage, tout du moins si cela vous intéresse.

Fis-je dans un sourire qu'il pouvait à présent voir en raison des projecteurs levers vers le ciel, apparut avec le restant du matériel.

Spoiler: