Ordre de Mission ♪ :

Du riz. Trouver un voleur de riz. J’aurais pu contester, hurler à m’en démonter les cordes vocales, faire en sorte de ne pas avoir à le faire mais … J’avais dit oui. Des gens pouvaient crever parce que deux têtes de con s’amusaient à voler des sacs de riz. Deux … Peut-être n’y avait-il qu’une seule ordure qui jouait au voleur. Que savait-il du vol, après tout ? Un mec issu d’un pays aussi pauvre ne pouvait pas savoir ce que c’était que voler. Il ne connaissait rien au délit. C’était juste un campagnard à la con qui faisait genre il pouvait être un caïd. Mais lorsque l’on ne connaissait qu’une simple définition plutôt que l’acte en lui-même, que pouvions-nous dire ?

Ce n’était qu’un idiot. Et manque de pot …
Cet idiot paierait. Oh oui, il paierait.
De sa vie.

En rogne ? Non, pas vraiment. J’étais juste en passe de faire un meurtre sauvage. Comme d’habitude, certes. Mais cette fois, je n’avais pas juste envie de tuer pour tuer, j’avais envie mais aussi le besoin de tuer. J’avais besoin de voir ce connard souffrir pour voler les récoltes de ces pauvres gens. Pas qu’ils m’inspiraient une quelconque compassion ou autre sentiment. Peut-être me cachais-je derrière cette idée pour faire un massacre encore plus grandiose ? Je n’en savais rien et … à vrai dire, la raison m’importait peu. Il méritait de crever, plus que les autres, ça faisait de lui ma victime. Le livrer aux autorités ? Haha. Je n’étais pas faite pour ça. Un coupable ? Trouver un coupable ? Certes. Mais seulement si je suis autorisée à lui faire hurler qu’il s’excuse.

Oui … Le faire hurler des excuses en tout genre, le faire crier de douleur sous la puissance de mes coups, lui faire comprendre qu’on ne joue pas à voler si l’on ne sait pas ce que c’est. Enfant, adolescent, adulte, senior, qu’importe ? Il paierait. Même si c’est un idiot qui n’a rien à manger et qui est contraint de voler. J’en ai rien à foutre. Il vole, il paye. Et j’aime quand les prix sont élevés. Alors … ~ De toute façon, il ne me fallait pas spécialement d’excuse pour son châtiment. Une fois trouvé, il deviendrait mon lapin, mon jouet, mon outil. Un truc à torturer. Un truc pour me faire les nerfs, en gros.

C’est donc dans cette optique que j’avais fait le déplacement, arrivant rapidement à Ta no Kuni. Faut croire qu’elle était pas si mauvaise, mon idée. J’étais plutôt guillerette. Bah ouais, un pigeon allait perdre la vie ! Ça se fêtait. Après tout, c’était tellement con, un pigeon … Qu’il méritait de crever rien qu’en voyant le jour. Ou de se faire tamponner par un camion en plein vol. « Fiouuuuuuuuuuuu~ » … « VLAN. ». Eh bah-là, il ne volerait plus, c’était certain. Haha. Que ce serait bon. Oh, oui, que ce serait bon que ces pigeons soient définitivement radiés. Mais bon, je m’égare.

Allez, il était temps d’arborer un visage d’enfant sage. C’était si facile. J’entrai dans le village lié au hangar avec lenteur, regardant tout autour de moi d’un air intéressé. Je fixai un peu toutes les maisons, me fixant des petits repères. Et … je finis par voir une gamine, là, un peu triste. Je la regardai, penchant la tête, portant toute mon attention sur elle. Mais … Lorsque j’allais pour lui demander ce qu’il n’allait pas, elle partit en courant. Étrange, la gamine. M’enfin, tant pis. Quand je me tournai, il y avait un homme. Lui avait l’air d’implorer de l’aide. Ah ! Peut-être un pigeon qui me mènerait jusqu’au hangar. Bon, pas un pigeon, une hirondelle. Bien qu’il n’était pas spécialement fameux physiquement, ce n’était pas un de ces piafs que je voulais exterminer. Non, lui était … gentil ? Bah. On va dire ça pour faire simple.

Bingo. Après quelques minutes à parler, il m’indiqua la route pour le hangar. Par flemme, je ne résumerai pas ce que nous nous sommes dit. Puis … Surtout parce qu’en fait, ça vous regarde pas. Bref. Je m’étais donc dirigée vers le hangar. Oh que j’étais excitée. J’allais faire sauter un pigeon, bordel ! Aaaah, j’étais impatiente. Vraiment impatiente. J’avançai, toujours aussi immature, vers ma nouvelle réaction.

— Le train est passé, passé, passé, le pigeon a volé, volé, volé,
Loin dans les cieux, loin, si loin de mes yeux,
Je l’ai vu partir et j’ai explosé de rire~. ♪

Je chantonnai, doucement, pour me donner l’impression d’aller plus vite jusqu’à ce fameux hangar. Ce qui fonctionna plutôt bien puisque j’arrivai plutôt rapidement jusque là-bas. Illusion que l’on aime tous un peu. Et me voilà, face au hangar.
Je fixai doucement la bâtisse, y entrant discrètement. Mes yeux se mirent à traverser tout l’endroit rapidement pour me donner un lieu où me placer tout en restant efficace.

Et ce fut rapide, je dois dire. Une poutre traversait tout le hangar. Elle était assez grande pour que je m’y pose sans être gênée. Une poutre telle que j’aurai pu faire le cochon pendu durant toute une journée si l’envie m’en prenait réellement. Bref. J’avais fermé la porte du hangar avec discrétion et je m’étais posée sur la poutre, attendant jusqu’à-ce qu’une petite lumière apparaisse. La porte s’ouvrit, dévoilant la lumière nocturne qui entourait une ombre plutôt frêle. Une ombre digne de celle d’un voleur de basse catégorie. Je le laissai faire, qu’il ne se sente pas agressé. Et, d’un coup, je lui envoyai trois shurikens et sautai à sa rencontre, le coinçant entre le mur et un sac de riz.

— Oh, oh, petite tête. Tu ne t’enfuies pas. Et … Tu arrêtes de voler.

Des sanglots. C’est tout ce que j’obtins en guise de réponse. Des sanglots. Une voix tremblotante d’enfant. Voici ce qui me répondit. Un gosse qui s’excusait auprès de moi pour avoir volé tout ce riz mais qui n’avait pas d’autre choix. Je souris. Même plus. J’explosai de rire, le regardant de cet air sadique que personne n’avait encore croisé de la journée. Ses excuses ? J’en avais quoi à faire, honnêtement ? Tu ne voles pas. Quelle que soit ta raison. Alors … Dis au revoir.

— Tu sais … Une bonne idée me vient. Tu ne veux plus voler ? Eh bien je vais te couper les ailes …

Subtile. Tellement qu’il ne comprit pas. Jusqu’à ce que mon bras aille jusqu’à lui et le plaque contre le mur. Et c’est à ce moment-là que son souffle s’arrêta … et que le sang se répandit sur ma peau. Il perdit la vie cette nuit-là, petit coupable. Je lui avais brisé les ailes, priant pour que celles qui lui repousseraient dans le dos soient d’autant plus belles.