Sept, huit, neuf, dix … onze … et douze ! Punaise, après six séries, les dernières tractions on les sent passer. Les muscles qui vibrent sous l’effort, le corps luisant de sueur. Mmh so sexy ! Ahah, piouf. N’empêche ça fait du bien. Une bonne dépense calorique, au calme dans cette pseudo chambre de ce pseudo hôtel. La transformation du hangar en bâtiment d’hébergement n’était décidément pas franchement une réussite. Par endroit il n’y avait même pas de plafond ! Seulement les poutres de la charpente et les tuiles dessus. Boh, au moins ça me permettait de faire mon sport un peu n’importe où, et j’en avais bien besoin après les accrochages de la veille. Vraiment punaise, Kurasa … Il l’a cherché ! Me balancer des conclusions évidentes et sous-entendre limite que je n’avais que ce que je méritais. Jamais, punaise jamais je n’aurais dû lui demander d’aide. Sans lui j’aurais pu discuter avec Satochi, voir si mon problème vis-à-vis de Miko pouvait s’arranger. Mais nan ! Monsieur a préféré chercher les emmerdes, et forcement c’est bibi qui paye. Sérieux quoi, on dirait moi il y a quelques années ! À foncer dans le tas sans réfléchir et improviser ensuite ! Il faut qu’il grandisse bon sang !

Enfin je crois que ce qui me fait le plus chier, c’est surtout que lui ne soit pas traquer par Konoha. Non il n’y a que moi. C’est lui qui fout la merde et c’est moi qui prends, alors que j’ai fait de mon mieux pour limiter que tout ne dérape. Tu parles d’un allié … Rah ! Oui je suis jalouse, et alors ?! Vu la situation, ça me semble être un minimum. Une, deux, trois, quatre … Les abdos c’est important, ça muscle aussi le dos et ça évite de rester bloquer après un mauvais mouvement, ou même simplement de se fatiguer trop vite. Pouvoir rester droite et fière, peu importe les circonstances, c’est nécessaire à tout chef de clan qui se respecte.
Voilà, quatre séries ce sera suffisant, faudrait pas risquer les crampes non plus. Donc hop, à la douche pendant que les mecs sont occupés ailleurs. Être la seule nana dans cette équipe, ce n’est vraiment pas un cadeau. Et oui je ne compte pas Red, d’une part parce qu’elle vient d’arriver seulement, et puis elle est étrange. Est-ce qu’on peut vraiment se fier à elle ? C’est vrai, elle a l’air d’en savoir très largement plus que ce qu’on a pu voir jusqu’à maintenant, mais ses airs supérieurs et sa façon rester détachée de ce qui l’entoure, c’est très désagréable. On dirait presque une machine !
Bon, c’est pas tout de chercher qui complote contre qui, y a un estomac qui réclame son dû maintenant. Et pour ne pas ça, il faut quelque chose de nutritif, comme un poulet ouaip. Exactement ! Quelques étirements et je …

« Numéro 3 bonsoir, ici Red. J’ai pu voir que vous maitrisiez plutôt bien le taïjutsu. » Résonna soudainement une voix dans ma tête. « J’aurais besoin de quelques conseils, retrouver-moi au sous-sol du bâtiment derrière la boite de nuit Capharnaüm. Si vous êtes d’accord bien entendu. »

Et flute ça va faire comme avec Seito, être contactée n’importe quand, n’importe où. Au moins elle disait bonjour – ou bonsoir, selon les cas – c’est déjà un bon point.

« Je vais voir ce que je peux faire. Si vous êtes sur place avant moi, échauffer-vous. » Lui répondis-je mentalement.

Tant pis pour le poulet, il faudra se contenter d’un sandwich express. Dans un sens c’est pas plus mal, moins de matière grasse inutile, moins d’argent dépensé mais aussi moins de plaisir pour les papilles. De toute manière, dans son monde on ne peut quasiment jamais tout avoir. Vous le connaissez aussi ce dicton, comme quoi on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière.
Bref je me rhabillai, soufflai dans un mouchoir et quittai notre faux hangar-hôtel qui nous servait de base pour me diriger vers le lieu de rendez-vous. La vie de civile doit être sympa quand même. T’es tranquille, dans ton coin. Personne te fait chier à te suivre à la trace …

D’ailleurs comment elle a fait, Miko ? On ne sait pas vu depuis un bon moment. Est-ce qu’un des Konohajins à Suna m’aurait collé un sceau faisant office de balise ? Franchement nan, pas possible je l’aurais vu depuis le temps et même si mes connaissances en fuinjutsu sont quasi-existantes, je doute qu’une telle capacité invisible existe. Mais alors comment cette hébergeuse d’insecte pourrait faire pour pister le moindre de mes mouvements ? Vous allez me dire, ça pourrait tout aussi bien être du bluff mais pourtant il y a bien eu deux ninjas de son village qui ont réussi à me retrouver dans une mégalopole de plusieurs millions d’habitant sans soucis. C’est bien qu’ils doivent avoir un traqueur, un truc qui détecte une personne en particulier en fonction de divers paramètres. Peut-être qu’Oniri aurait une idée, avec tous ses gadgets. Ah mais nan elle, elle est encore à Suna. Et puis c’est même pas sûr qu’elle accepte de me parler avec tout le bordel qu’il doit y avoir là-bas … Ou alors Red, c’est une Saibogu aussi donc peut-être.

Après un détour par un vendeur de sandwich itinérant pas trop louche, et un bon gros jambon-beurre des familles dans une main et une bouteille d’eau dans l’autre, je contournai la boite de nuit et continuai mon chemin sans porter attention à la populace. Il était encore tôt pour ce genre d’établissement, même si les derniers rayons du soleil allaient disparaitre du ciel dans les prochaines minutes et que les lampadaires avaient déjà pris le relais.
Une porte dérobée, à moitié camouflée entre les caisses de livraison du restaurant le plus proche, me guidai jusqu’au dit sous-sol. Il y faisait assez sombre mais l’espace était assez grand pour créer un dojo clandestin. Des minuscules fenêtres protégées par des barreaux, au sommet des murs, donnaient sur le trottoir des rues adjacentes, et plusieurs néons au plafond illuminaient l’endroit vide d’une atmosphère … étrange. Exactement la même que celle des endroits interdits, rien que de s’y trouver on sentait qu’on était hors de toute légalité.

« Red ? » Demandai-je en tournant les yeux un peu partout, entre les poteaux de soutien de la bâtisse et les zones d’ombres laissées par certains néons défectueux.

Le sandwich quasiment terminé et la bouteille d’eau à moitié entamée.

L'attaque sur le Shukai aurait bientôt lieu. Seulement fort était de constater que je n'étais pas encore prête. Mes nombreux investigations auprès de la Grande Grue, le recrutement des nukenin ainsi que mes expériences pour confectionner les bagues m'avaient obligés à délaisser un point essentiel, à savoir l'entraînement. Ce point n'avait jamais vraiment fait parti de mes priorités, que ce fut du temps où je vivais encore à Suna à aujourd'hui. Mes dons naturelles m'avaient toujours permis de maintenir un niveau équivalent à celui de la norme. Néanmoins avec les dangers qui m'attendaient j'avais réalisé à quel point il était important de devenir plus forte. Aussi, depuis mon dernière échange avec Natsuki quelque chose s'était éveillé en moi. J'étais dès lors devenue en mesure de donner forme à mon affinité raiton. Plus que cela, celle-ci s'était considérablement développée depuis. Je savais qu'en parvenant à la maîtriser il me serait possible d’accroître mes capacités. En l'état je savais que ma principale faiblesse résidait dans ma vulnérabilité face au taijutsu. La meilleur solution pour palier à ce défaut étant d'en devenir également une adepte.

Ainsi, ces longues années d'inactivité, à négliger les exercices physiques risquaient de me coûter. Cependant elles devaient prendre fin. Les murs de Suna n'étaient plus présent, et mes anciens alliés ayant jadis pour rôle de me protéger devenaient à présent des ennemis. Si je voulais continuer d'avancer, il me fallait devenir totalement autonome. Kaguya Milly pourrait parfaitement entrer dans son rôle. Je la savais particulièrement douée dans les arts du combat au corps à corps, mais également assez peu maline pour réussir à tirer quoique ce soit de ma véritable identité en dépit d'un temps passé avec elle. Il était vrai que je préférai nouer le moins de lien possible avec les membres de mon groupuscule, cependant cette femme était une exception que je pouvais me permettre. Je n'eus alors qu'à avoir recours à ma bague pour lui lancer un appel télépathique, lui demandant de me rejoindre dans les bas fonds d'un immeuble de la mégalopole. Il s'agissait d'un sous-sol depuis longtemps désaffecté ayant jadis servi à entreposer du matériel. Toute la structure était faite de béton. L'espace était assez large bien que le plafond restait bas. Un jeu de six colonnes servaient à soutenir l'édifice. Une partie des néons fixés au-dessus de ma tête ne fonctionnaient plus, plongeant certaines parties de la salle dans la pénombre la plus totale. L'un d'eux semblait victime de faux contacts, ne cessant de griser à intervalle irrégulière pour mon plus grand agacement.

L'atmosphère était assez lourd, humide et un rien sinistre. Une légère odeur de moisissure planait dans l'air. A défaut d'être des plus confortables il s'agissait certainement du plus approprié des lieux pour bénéficier d'un entraînement en toute discrétion au sein de cette cité. Adossée contre un pilier, les bras croisés, je suivais les mouvements de Milly a distance tout en masquant mon chakra, de sorte à ce que nul autre ne puisse réellement discerner ma présence. La Kaguya parvint finalement a me rejoindre et un élan d'espièglerie m'avait pousser à activer ma technique de camouflage pour la laisser se croire seule au fond de cette pseudo cave. Peu de temps après ma séance tatouage avec Yami j'avais finis par sombrer dans un sommeil de deux jours. Je m'étais réveillée la veille et me sentais à présent relativement reposée pour changer. Ce semblant de repos aidant une part de mon humeur avait refait surface. Même si mon côté espiègle ne demandait qu'à relâcher la pression à me comportant de façon immature, je n'oubliais pas qu'il me fallait continuer de donner une certaine image de moi. Aussi me contentais-je simplement d'apparaître dans son dos aussi discrètement que l'aurait fait un fantôme.

-Heureuse de vous revoir Trois. Fis-je tout en lui adressant un sourire à la fois hautain et empli de sympathie. Comment allez-vous ? Vous vous demandez certainement pourquoi je vous ais convoqué ici. La raison est simple : « J'ai besoin d'entraînement ».Vous semblez être plutôt douée dans les arts du corps à corps et, à n'en point douter, je sais que votre expérience pourrait m'être profitable. Naturellement j'accepterai de vous rendre un service en retour, si vous veniez part accepter. Expliquais-je en levant les mains pour souligner cette évidence.

J'avais attentivement étudié les comportements et capacités de chacun des membres du Kyomu. En outre je savais que la Kaguya était celle avec qui je pouvais me permettre le plus d'écarts. Par ailleurs si celle-ci me permettait de réellement gagner en puissance, j'en ressortirai plus que gagnante. Suite à cela je marquai le silence pour lui donner l'occasion de me répondre. Entre temps le néon défectueux s'était totalement emballé, ne cessant de s'allumer et de s'éteindre frénétiquement tout en émettant un grésillement des plus incommodants. Ma réaction fut aussi soudaine que sans appel lorsque je dégainai mon arme pour faire feu sur le dit néon. Le bruit sourd retenti suivit d'un silence des plus reposant à peine interrompue par les tintements successives des éclats de verres heurtants le sol.

La voix de la rousse retentit soudainement dans mon dos, me poussant presque à faire volte-face et à lui enfoncer le reste du pain dans la figure. Ce que je ne fis pas, évidemment, mais ce n’était pas l’envie qui manquait. Au lieu de ça, je me retournai simplement et la toisai du regard pendant qu’elle déballait ce qu’elle avait à dire.
Mademoiselle avait besoin d’un entrainement, voyez-vous ? Elle disait vouloir apprendre le taïjutsu et cherchait même à me flatter sur mes aptitudes dans ce domaine. Une façon d’agir que je trouve personnellement extrêmement sale et irrespectueuse. C’est plus un secret, je suis loin d’être très maline et je préfère agir par instinct que réfléchir cinquante ans, Oniri avait d’ailleurs fait une remarque à ce propos à l’époque, mais de là à me brosser le poil pour que j’accepte de perdre mon temps … Tss.

« … Naturellement j'accepterai de vous rendre un service en retour, si vous veniez part accepter. » Ajouta-t-elle en levant les mains.

Mouais, au moins le concept d’échange équitable restait intact. Il y a sans doute moyen de jouer quelque chose là-dessus. Derrière la Saibogu, l’un des néons commençaient réellement à s’agiter, le grésillement devenant incessant et presque gênant. Ce qui devait arriver arriva, cette pistolero – pour ne pas faire la comparaison avec l’autre de Suna – dégaina son arme et fit feu sur la lumière hésitante. La détonation fut extrêmement désagréable pour les oreilles dans un endroit aussi confiné, et même si le noir régnait maintenant dans la zone à présent couverte de bout de verre, il ne serait pas inutile de remarquer la stupidité du geste.

« Ne refaites … jamais ça. C’est clair ? Aie putain, je croyais que vous vouliez rester discrète ? C’est quelle partie que vous n’avez pas compris dans la définition de ce mot ? Sérieusement … »

Je me massai les tempes une seconde en soupirant, les oreilles encore sifflantes. Si on en croit les inlassables déplacements à l’extérieur, visibles depuis la minuscule fenêtre au plafond, ça n’avait pas l’air d’avoir attiré l’attention. Tant mieux.

« Merde quoi, c’est quoi qui cloche dans votre crâne ? Un coup vous vous la péter en exposant à tous vos talents à vous faire entendre et obéir. Et ensuite vous agissez comme une gosse ! Même moi je ne l’aurais pas fait, ça ! Punaise … »

Finalement Oniri me manquait. Même si je n’aimais pas sa façon de regarder tout le monde de haut, elle avait au moins le mérite de se maitriser. Cette Red, elle est complètement instable ! Et dire que je devais l’aider à devenir plus forte … Depuis quand on entraine nos ennemis ? C’est stupide comme concept.

« Bref, pour en revenir à l’histoire. Vous voulez donc apprendre à maitriser le taïjutsu. Je pense que vous vous doutez que ce n’est pas du tout le genre d’activité qu’on acquière avec des bouquins, oui ? Pour ce genre de compétence il va falloir suer, et sans trop risquer de me tromper, vous n’avez pas les muscles pour soutenir une activité physique de cet acabit. Du moins pas encore. Je peux vous apprendre les bases déjà, mais pour être réellement efficace il faudra sans doute plusieurs séances, et que vous vous renforciez aussi de votre côté par des demi-heures de musculation régulières. »

Je marquai une pause, autant pour être certaine d’être clair que pour me laisser le temps de trouver quelque chose sur quoi cogner. Une planche de bois fera très bien l’affaire. Je la fixai au plafond et au sol par quelques os, puis la renforça avec un peu de chakra.

« Premier exercice de base, déjà retirez cette cape ça va vous gêner plus qu’autre chose. Ensuite vous allez me détruire cette planche, mais uniquement en utilisant vos poings. Seulement avant ça, réglons l’échange. Qu’est-ce que vous pourriez m’apprendre en retour, vous ? Je n’ai aucune faculté en fuinjutsu, la sensorité je bosse dessus mais pour le moment c’est négligeable, genjutsu c’est pour les lâches, et pas d’invocation. Donc seulement ninjutsu et taïjutsu. Est-ce que dans votre panel de compétence, il y aurait quelque chose qui pourrait me convenir ? » Je la regardais droit dans les yeux. « Sinon, à défaut de m’apprendre une technique, expliquez-moi comment faire pour me faire respecter … Rigolez-pas, je le vois très bien, tout le monde se fout de moi et très peu de personne accepte de me voir autrement que comme une gosse colérique et capricieuse. Y en a marre mais quoi que je fasse, il n’y a rien qui change. Que je cogne, que je sois patiente, tolérance, silencieuse, menaçante ou quoi que ce soit, c’est toujours la même chose … »

Ce que j'appréciai particulièrement, en passant outre le fait qu'elle me criait-dessus, étant qu'elle parvenait finalement à me vouvoyer. Sans être Oniri il avait fallut que je fonde une organisation criminelle dont elle était membre pour parvenir à ce résultat. Cela me fit sourire intérieurement. J'écoutai alors la suite de son discours après avoir préalablement souffler sur le canon de mon arme pour en évacuer les émanations vaporeuse de chakra. Elle m'expliqua l'évidence, même si cela ne me plaisait guère. Effectivement j'allais devoir m'entraîner, endurcir mon corps pour parvenir à un résultat qui me permettrait d'acquérir assez de force pour tenir tête aux plus grands experts de ce temps.

Je savais que cela était assez ambition et au combien déraisonnable au vu du nombre d'année manquant à mon expérience dans le domaine. Je savais également qu'il me serait impossible de suivre la rigueur du planning conseillé par la Kaguya. Si je pouvais me cantonner au minimum en matière d'exercice, je n'avais guère la possibilité d'y consacrer davantage de temps. Mes nombreuses affaires personnelles et ô combien prioritaires ne me le permettaient pas. Alors qu'avais-je comme solution ? La réponse était simple. Je devais tricher. Tricher afin de prendre un chemin détourner, voir plus rapide afin de parvenir à mes fins. Et sans aucun hasard j'en possédai effectivement un que je me gardai bien de dévoiler.

-Je doute être en mesure de pouvoir vous enseigner quoique ce soit à notre niveau. Nos façons de combattre diverges totalement, mais si ce n'est que cela, gardez l'idée en tête. Un jour je vous rendrais la pareil.

Fis-je en autant ma tenue de ville ainsi que mon équipement pour me retrouver vêtu d'un jogging et d'un bandeau autour de la poitrine. Ma carrure n'était effectivement pas taillée pour le combat, mais je possédai malgré-tout les bases que l'on m'avait enseigné à Suna. Je commençai alors à frapper la planche de bois à répétition, écoutant attentivement les conseils que pouvait me prodiguer ma sensei du soir. Le bruit sourd de l'impact répété retentissait dans la cave. Concentrée sur mon exercice je fus un rien surprise par les propos de la Kaguya. Disons que je ne m'attendais pas à ce genre de requête de sa part. En fin de compte la demoiselle était bel et bien consciente de sa négligence, tout comme son entourage qui n'hésitait pas à le lui faire remarquer. Je m'arrêtai alors pour la regarder fixement dans les yeux comme elle le faisait. Je restai un instant dubitative, cherchant mes mots, mais surtout la meilleur chose à dire.

-Disons que... Je levais l'index, comme si une ampoule s'était illuminée au-dessus de ma tête à défaut de celle que j'avais explosé quelques minutes plus tôt. Ce n'est pas votre genre... J'étais consciente que cette réponse ne pouvait s'envoler sans plus de détail. Il ne s'agit que d'une interprétation personnelle, mais je dirais que c'est dans votre nature. Vous ne pourrez pas changer même si vous le souhaitez. Ce n'est ni un compliment ni un reproche. C'est ainsi. Il faut savoir l'accepter. Il y a certaine chose qui ne changerons jamais quand bien même on y mettrait toute sa volonté.

Tel était mon cas également. Malgré tous mes efforts pour devenir plus forte, à l'image de Zanshi. Faute était de constater que je n'y arriverai jamais entièrement et qu'une part de moi demeurait cette sotte pleine de rêves déjà présente à mes débuts.

-Il y a néanmoins certaine chose sur lesquelles vous pourriez travailler. Le plus important est de ne jamais écouter ses émotions. Vos déboires avec Kurasa en est un parfait exemple. Quand bien même votre réaction aurait été justifié, il ne fallait surtout pas le faire. Agir sur le coup de l'impulsivité n'apporte jamais rien de bon, notamment pour son image vis-à-vis d'autrui.

Et sans la moindre hésitation je levais le bras en direction du néon brisé à deux mètres de-là, le tout en arborant un léger sourire. J'étais finalement parvenue à trouver le sommeil après une succession de trois-mois de nuit blanche. Pourtant le moindre son non naturel me vrillait toujours autant les tympans et cette éclairage grésillant n'avait pas fait exception. J'avais eu du mal à contrôler mon agacement et la mécanique de mon cerveau défaillant avait poussé mon corps à agir. Était-ce justifié ? Non ! Condamnable ? Encore moins.

-S'il me fallait vous donner un conseil je vous dirais de toujours partir du principe que la première impression est la plus mauvaise, quand bien même ce ne serait pas le cas. Cela vous permettra d'aborder les situations avec davantage de recul. Vous devez vous demander : « Quelle est la meilleur chose à faire ? » Et non pas « Qu'elle est la meilleur chose à faire selon vous ? ». Entre ce que l'on souhaite et ce qui doit être fait, il y a toujours un gouffre.

On appelait cela la réalité. Je ne lui citai ni plus ni moins que les bases pour être une bonne Kunoichi dont les préceptes réfutaient toutes formes de sentiments au profit de l'efficacité.

-En suivant ce credo vous parviendrez à davantage vous faire respecter et vous constaterez que cela vous évitera de nombreux problèmes. Pour le reste ne changez rien. Restez-vous même. Il ne sert à rien de se faire passer pour ce que l'on n'est pas. Cela se verrait tout de suite.

Mais aussi et surtout parce que je savais qu'elle n'en était pas capable. Notamment en ce qui concernait le fait de devenir une bonne Kunoichi. Cacher ses sentiments, jouer double jeu, mettre parfois de côté sa dignité, elle en était tout bonnement incapable car, dans le font, elle n'était pas une Kunoichi, mais une guerrière purement et simplement.

Je devais paraitre faible encore, à réclamer ce genre de chose. En règle générale c’est plutôt les enfants qui demandent ça à leurs parents. Donc heureusement que nous n’étions que toutes les deux ici, qu’il n’y ait aucun autre Kaguya surtout. Mon poste de chef de clan aurait été aisément compromis si de tels mots avaient été entendus par eux, s’ils avaient eu la preuve que je n’étais pas capable de me faire respecter.
Red retira dans un premier temps son manteau pour se retrouver en jogging en bas et un bandeau sur la poitrine pour unique haut. Mmh, voilà une tenue plutôt … disons agréable à regarder. Elle a du charme en plus de son charisme, de quoi rendre jalouse n’importe quelle fille. Et je n’y échappai pas, évidemment. Malgré un corps assez fluet et peu fourni en graisse, elle avait de belles courbes. Et puis cet air puissant dans le regard, rah putain Tsubaki tu me manques ! À un point inimaginable ! Le mariage c’est sacré voyez-vous, et malgré les tentations du quotidien, l’idée même de tromper son âme-sœur est un péché ! Alors arrêtons de regarder la poitrine de la Saibogu et concentrons-nous sur ses mouvements de bras.

Entre deux coups de poing dans la planche, elle annonçait ne pas être mesure de m’enseigner quoi que ce soit, mais qu’elle me devrait un service dans le futur. Bien, notons-ça dans un coin de notre crâne et ne l’oublions pas. En espérant qu’elle tienne parole.
Pour ma seconde question par contre elle s’arrêta de frapper, et répondit après quelques secondes d’hésitation que ce n’était pas mon genre.

« Hein ? » Fis-je, du tac-au-tac.

Elle dû se douter qu’une telle réponse ne suffirait pas. Car l’explication vint juste après. Selon elle ce n’était pas dans ma nature, et ce n’était ni un reproche ni un compliment, mais plutôt un fait. De quoi faire encore plus tache dans mon rôle Kaguya. Pour un peuple aussi barbare et agressif, avoir une cheffe qui ne mène pas ses troupes c’est certainement la plus grosse honte possible qui inclurait autant de personne en même temps. Mais quelque part je le savais déjà, ça. Je le savais que je n’étais pas faite pour diriger, je l’ai toujours sue. Je n’ai ni le mental ni les épaules pour. Ma mère m’avait présenté la chose d’une autre manière mais ça revenait au même. Selon elle, dans notre monde il n’y a que deux types de personnes. Les dominants et les dominés. Et comme avec Red, ça n’a rien de péjoratif c’est simplement qu’il y a des gens qui naissent naturellement avec des aptitudes de leader, et d’autres qui ont besoin d’un guide pour avancer. Ceux de la première catégorie sont d’ailleurs nettement moins nombreux que les autres. Mais en gros moi je faisais partie de la seconde. Tss …

« Il y a néanmoins certaine chose sur lesquelles vous pourriez travailler. » Continua-t-elle. « Le plus important est de ne jamais écouter ses émotions. Vos déboires avec Kurasa en est un parfait exemple. Quand bien même votre réaction aurait été justifiée, il ne fallait surtout pas le faire. Agir sur le coup de l'impulsivité n'apporte jamais rien de bon, notamment pour son image vis-à-vis d'autrui. »

Mouais, m’enfin il l’avait quand même vraiment cherché ce crétin, à me reprocher d’avoir voulu utiliser la discussion plutôt que la violence. Pourtant il y avait bien un précepte quelque part qui disait que celui qui frappe se retrouve être le perdant au final ? La phrase n’est sans doute pas exacte mais l’idée est là.
J’écoutai ses conseils sur comment agir afin d’arranger ça, pour vue comme une adulte responsable plutôt que comme une gosse râleuse. Il suffisait que je me demande quel était la meilleure chose à faire, plutôt que me demander qu’elle est la meilleure chose à faire selon moi.
Je dois vous avouer que le concept est assez flou. Mais certainement que par-là elle a voulu dire que parfois il faut faire certains choix même si ça ne nous arrange pas. Oui c’est certainement ça. Je devais agir plus pour la communauté que pour moi-même … Une seconde, c’est un discours de ninja de village ça. Nous autres nukenins, on ne pense qu’à notre pomme. Par définition nous sommes des solitaires donc fatalement c’est nous et ensuite les autres. Donc ce qu’elle raconte la petite Red là, ça ne correspond pas du tout à notre façon de faire.

« D’accord merci, je vais essayer de bosser là-dessus. Enfin surtout d’y penser avant d’agir bêtement. Par contre ce que vous dites là, ce n’est pas le genre de truc qu’on entend de la part d’un nukenin. Vous venez d’où ? De quel village plutôt ? Parce que penser aux autres avant soi-même c’est très noble, mais ce n’est pas dans le vocabulaire d’un déserteur, ni d’un errant d’ailleurs. »

Je cherchai une réponse dans ses yeux, sur son visage, sur les petits tics qui se formaient à de chaque côté extérieur de ses yeux. La dernière fois, elle n’avait pas répondue à la question. Prônant uniquement qu’elle avait un but commun avec nous.
Le plus logique serait qu’elle vienne de Suna, de par ses compétences Saibogu, mais si c’est le cas pourquoi elle serait partit ? Est-ce qu’elle aurait fait comme Kioshi ? Fuir ses responsabilités pour une cause obscure, et tout le tintouin. Nan, ça n’aurait aucun sens …

« En fait je demande ça parce que j’ai rencontré le Kazekage de Suna il n’y a pas longtemps. Enfin l’ancien Kagekaze, vu qu’il s’est barré de son village comme un lâche en abandonnant son peuple au moment crucial, pour une mission mystérieuse. Du coup, c’est certainement stupide hein, mais je ne peux pas m’empêcher de me demander vous et lui, vos présences ici … les coïncidences sont quand même vachement nombreuses. »

Je me perdais moi-même dans mes pensées tellement c’était à la fois tiré par les cheveux et tout à fait possible. À tel point que je finis par balayer tout ça de la main.

« Nan rien, gardons ça pour plus tard. Pour le moment on a du boulot … » Je vins me placer à côté d’elle et lui mima le mouvement à faire pour frapper la planche. « Vous avez déjà de bonnes bases mais on voit facilement l’absence de pratique. Votre coude droit être un peu plus haut, comme ça, à hauteur de votre épaule. Dans un mouvement comme celui-ci, la force du coup viendra en majorité du corps et de la rotation, plutôt qu’uniquement de vos biceps et triceps. »

Et comme une présentation vaut toujours mieux qu’un long discours, je collai un uppercut dans la planche de bois, celle-ci se pliant en deux sous l’impact.

« D’accord ? Allez-y, essayer. » Je replaçai la cible en tapant un peu dessus et en la solidifiant avec du chakra. « Après il faudrait que vous me disiez ce que vous voulez travailler en particulier. Parce que comme je vous ai dit, je taïjutsu c’est très vaste. Et le temps est compté alors autant restreindre le cours à quelques chapitres en particulier et bien les bosser, plutôt que s’étendre et mal faire. Surtout que l’étape musculation, ça vous ne pourrez pas y couper. »

Milly réagissait d'une façon bien curieuse. Comme si elle cherchait autant que possible à forger un lien de suspicion nous reliant. Sa vision des choses ne s'accordaient pas avec la mienne seulement encore une fois je ne pouvais lui en tenir rigueur. Nous vivions tous les deux dans des mondes différents et pour ainsi dire, j'avais tout récemment posé le pied dans l'un des siens. Pourtant je savais que si j'avais adressé ces mots à un autre nukenin sa réaction aurait était tout aussi variée. Je restai parfaitement calme et détendue. L’exercice physique avait ce dont de délier les muscles et je me rendais compte que je n'en pratiquai pas assez. Peut-être était-ce une solution pour évacuer cette tension constante pour finalement parvenir à trouver le sommeil ? Et bien je ne le saurais qu'en rejoignant mon lit après cette séance d'entraînement que j'espérai prometteuse sur bien des aspects. Mais avant de reprendre, il fallait éclaircir quelque point concernant ces étranges accusations.

-Ce ne sont pas des paroles de Shinobi, ni de Nukenin ou d'Errant. Ce sont des paroles de dirigeant. Un chef se doit de faire passer les intérêts de sa communauté ou de son groupe avant les siens. Auquel cas il ne sera plus reconnu comme tel par ses semblables et serait le plus à même de se faire trahir. En tant que Cheffe Kaguya si vous veniez à être égoïste au point de faire tomber votre clan en désuétude nulle doute que tôt au tard certains finiraient par se retourner contre-vous. Je vous laisse imaginer la suite... Expliquais-je avec un certain détachement.

Je haussai les épaules, arborant une moue en coin en guise de fatalisme. En tant que représentante de sa race, Milly semblait avoir encore énormément à apprendre. Malheureusement je craignais pour elle, qu'elle ne parvienne à conserver sa place bien longtemps. Car comme je le pensai depuis le départ, elle n'était pas une cheffe, elle était une guerrière. Et ce monde en avait tout autant besoin.

-Prenons l'exemple autrement. Même si l'on ne peut pas totalement me qualifier de cheffe, admettons que si je venais à dévier de ma voie, à savoir libérer mizu dans un premier temps, pour servir d'autres intérêts plus personnels accepteriez-vous de me suivre ?

La question était rhétorique ce fut pourquoi je n'attendis pas de réponse de sa part, préférant la donner moi-même.

-Non naturellement, et vous auriez raison.

A ces mots je me replaçai au position, frappant à répétition contre la planche de bois, qui encaissait parfaitement chacun de mes assauts. Je m'efforçai de rester la plus statique possible au niveau de mes appuies écoutant les conseils que me prodiguait la Kaguya avant d'être totalement ridiculisée par sa démonstration. Néanmoins cela permit de voir que cette méthode était des plus efficaces. Je n'avais cependant pas les os aussi solide qu'elle et les jointures de mes phalanges devenaient un peu plus douloureuse à chaque essai. Je m'arrêtai alors un instant pour regarder mes poings. Quelques petites échardes s'y étaient enfoncées. Je les retirai comme si de rien n'était puis enfilait la paire de mitaines ouverte jusqu'alors attachée à ma taille avant de reprendre l'exercice.

-Mais si vous voulez mon avis le titre de chef n'est pas toujours des plus enviables, mais il nécessaire si l'on souhaite accomplir de grandes choses. Sinon pour ce qui est des Nukenin est de leur individualisme, ils ne faudrait pas tous nous mettre dans le même panier. Vous semblez vous poser de nombreuses questions à mon sujet et pour vous remercier de votre aide je vais vous apporter quelques réponses.

J'évitai volontairement le cas du Yamada. Non pas parce que j'avais manqué de peu de le battre à mort après qu'il eut tenté de s'ôter la vie, mais simplement parce que Milly avait elle-même balayé le sujet. Aussi m'apprêtant à donner un ultime coup sur la planche, j'y allais avec davantage de vigueur. Chargeant inconsciemment mon chakra raiton de petites décharges électriques parcoururent mon poing avant que je ne l'abatte violemment sur le support qui fut parcourut d'un violent soubresaut sans pour autant céder. Je fronçai les sourcils, quelques peu dubitatives devant ce spectacle, me disant qu'il était plus que temps que j'apprenne à contrôler cette capacité. Suite à quoi je détournai mon attention de cette pauvre planche qui au final n'avait rien demandée à personne pour donner suite à mon monologue laissé en suspend quelques secondes plus tôt.

-Je suis une Errante. Je l'ai pour ainsi dire toujours été. J'ai longtemps vécu à Kaze en tant que Saibogu sans pour autant être attachée à Suna. Il m'est déjà arrivé de visiter ce village, voir même de le servir en de très rares occasions, mais je n'ai jamais porté son bandeau ni porté allégeance aux Kazekage. L'avènement de l'Empire et la conquête de Mizu mon poussé à quitter mon pays natal. Je possède pour ainsi dire mes propres raisons d'être attachée à Mizu et je ne peux supporter l'idée de savoir ces terres sont entre les mains glacées de Samui Kakeshuou. C'est pourquoi je ferais tout ce qui est en œuvre pour que le pays retrouve son indépendance, tout en faisant en sorte de détruire au passage cette aberration qu'est l'Empire.

Je marquai une brève pause, présentant à la Kaguya un sourire plein d'arrogance, soutenu par mon regard de braise dans lequel brûlait deux pierres de jade.

-Voilà ! Vous en savez sur-moi bien plus que n'importe qui. Naturellement je vous passerai certains détail que je tiens à garder de l'ordre du privé. Je vous prierais néanmoins de garder cela pour vous. Si je vous ais raconté ceci, c'est parce que j'ai éprouve une certaine confiance en vous ce qui n'est pas encore totalement le cas des autres. A présent si vous me racontiez à votre tour votre histoires ? Comment êtes-vous devenue cheffe de clan?

Mon ton était toujours aussi amical bien qu'il conservait une certaine distance. Comme une sorte de danse sur un fil, parfois penchant d'un côté puis manquant de chuter vers l'autre. Deux pas en avant et un arrière, mais dans tous les cas il y avait une avancée. Et à présent que je m'étais échauffée il était temps de passer aux choses sérieuses. Ma Sensei improvisée me demandant sur quoi je voulais travailler.

-J'aimerais surtout apprendre à me défendre. Toutes les techniques permettant d'éviter ou de parer les attaques adverses avant de pouvoir effectuer un quelconques prises pour mettre mon adversaire à terre. Si possible apprendre à me déplacer plus vite à l'aide de mon chakra. Oui je sais, cela peut paraître étrange de vouloir apprendre à me battre au corps à corps avant tout pour me défendre.

Ce n'était certainement pas le genre des Kaguya qui préféraient foncer dans le tas en faisant pousser leur os de toutes parts. Seulement il était de réputation qu'ils étaient de grand combattant au corps à corps et je ne doutai pas que Milly saurait trouver holster à mon arme.

Je l’observai dans un premier temps distribuer quelques coups sur la planche, en prenant en compte mes correction, et c’était franchement pas mal à vrai dire. Certes elle manquait cruellement de pratique mais on sentait dans ses gestes, dans son regard, qu’elle avait un certain talent pour le taïjutsu. Pourquoi ne pas avoir travaillé cela avant du coup ? Avec cette attitude elle aurait pu devenir terriblement puissante rapidement. Peut-être que dans sa famille ce n’était pas du tout le domaine de prédilection, ça arrive plus souvent qu’on ne le croit. Enfin elle rattrapera son retard en quelques mois si elle maintient cette ardeur, et je serais là encore pour la guider sur ce terrain, si notre attaque au Shukaï se passe sans embuche.

Pour autant les mots qu’elle prononça durant ses quelques pauses me tournèrent dans la tête. Elle faisait l’analogie des devoirs d’un dirigeant, d’un chef de clan, qui devait toujours faire passer les intérêts de son groupe avant les siens. Tout en insistant bien en me prenant comme exemple. Et que si je dérapais, certains allaient finir par se retourner contre moi.

« Très sincèrement, et ça reste entre nous hein, je suis au courant de tout ça. Je ne suis pas du tout faite pour être chef de clan, encore moins cheffe des Kaguya. Je n’ai pas les épaules pour ça, ni la prestance nécessaire … Mon titre ne tient en place que parce que je suis le meilleur atout de mon clan pour le remettre sur pied. Sans moi ils s’effondraient tous … Donc je tiens les rennes du clan, en attendant que quelqu’un de plus apte à diriger se présente. Je le sais, et ils le savent tous également. »

C’était la triste vérité, je n’étais à ce poste que par intérim. Les dominants dirigent, les dominés suivent. Faisant partit de la seconde catégorie, c’est quelque chose d’assez inédit et anormal. C’est une erreur, mais comme expliquer précédemment, c’était soit ça, soit la fin des Kaguya. Partant de ce principe-là, ils m’ont tous prêté serment après le rite de passage – à savoir, tuer les autres candidats dans un combat singulier – et ont accepté de me faire confiance.
Red continua en prenant cette fois son propre exemple vis-à-vis de Mizu no Kuni.

« Prenons l'exemple autrement. Même si l'on ne peut pas totalement me qualifier de cheffe, admettons que si je venais à dévier de ma voie, à savoir libérer Mizu dans un premier temps, pour servir d'autres intérêts plus personnels accepteriez-vous de me suivre ? »

Je fis non de la tête, et elle approuva.

« Certainement pas, en effet. » Rajoutai-je. « Et autant que vous soyez au courant de suite, si vous partez sur ce terrain-là vous vous retrouverez à la même place que Michiki. La place des traitres, la place des cibles prioritaires qui ont fait l’erreur de se mettre à dos toute une population. Je ne suis certainement pas faite pour diriger, mais à défaut d’avoir de la prestance, j’ai une assez bonne capacité à me faire des alliés. J’ai énormément d’amis loyaux au sein du pays, qui eux-mêmes en ont, et eux aussi ensuite, etcetera etcetéra. Alors si vous nous la jouer à l’envers, ce sera la guerre. »

Il valait mieux être clair tout de suite, pendant que nous sommes entre nous. Certes en parlant ainsi je lui offrais une carte maitresse si elle gérait bien la manipulation, mais au moins moi j’étais réglo. Comme toujours, franche et droite même si ça peut me porter préjudice. C’est comme ça que j’ai grandis et c’est comme ça que je finirais mes jours.
Faisant une nouvelle pause dans l’exercice, Red démontrait la fragilité de son corps par l’état de ses phalanges à présent rouges salement égratignées. Après ce n’est pas une Kaguya, elle n’a de base pas la même résistance à la douleur que nous, ni la même solidité dans les muscles et les os. Je l’observai donc en silence enfiler des mitaines avant de reprendre l’entrainement. Mmh, je pourrais aussi lui faire des gants, mais pas sûr que ce soit vraiment utile. Au lieu de se heurter au bois, elle se heurtera à mon os et ça ne changera pas grand-chose.
Je vins tout de même passer dans son dos et lui indiquer de reculer le pied arrière, histoire de garder son équilibre malgré les à-coups, et de toujours ramener son poing devant son visage après chaque attaque. La respiration aussi, très importante. Quand le poing part on expire, et quand le poing revient on inspire. C’est un travail très complexe, auquel on pense rarement, avant de finir complètement essoufflé.

Elle se débrouillait vraiment bien, et contrairement aux gosses du clan, elle, elle écoutait mes directives et mes conseils. Pas comme certains morveux qui se croient tout permis maintenant qu’ils ont dix ans … Oh ? Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Une affinité au raiton ? Le petit éclair qui a disparu aussi vite qu’il est apparu, juste au niveau du poing de la Saibogu au moment de heurter la planche. C’est un peu de la triche mais bon, à voir la tête de Red, elle ne semblait pas du tout l’avoir fait exprès, alors laissons cela passer. De toute manière vu l’état du bois maintenant, l’exercice est sur le point de s’achevé. La demoiselle en profita donc pour reprendre son souffle et terminer de répondre à mes questions.
Une errante de Kaze no Kuni, comme Ether tiens, ayant quelques fois bossé pour Suna mais sans y être attachée. D’accord, boh pourquoi pas hein. De tout manière je n’avais ni les moyens ni les raisons pour ne pas la croire.

« Je possède pour ainsi dire mes propres raisons d'être attachée à Mizu et je ne peux supporter l'idée de savoir ces terres sont entre les mains glacées de Samui Kakeshuou. » Conclue-t-elle. « C'est pourquoi je ferais tout ce qui est en œuvre pour que le pays retrouve son indépendance, tout en faisant en sorte de détruire au passage cette aberration qu'est l'Empire. »

Je lui rendis le sourire qu’elle me lançait, ce petit air machiavélique, un peu sournois, celui que s’échange deux alliés sur la même longueur d’onde face à un ennemi commun.
Ayant déballé son sac, elle précisa qu’elle souhaitait que tout ceci reste entre nous. Cela va de soi, une fille aussi forte il faudrait être assez déranger pour vouloir volontairement s’en faire une ennemie. Par contre oui, si elle ne joue pas le jeu, j’aurais de quoi faire en réponse.
Elle souhaitait à présent entendre mon histoire, et ce n’était plus demandé avec la même autorité qu’au début. Après c’est peut-être qu’une impression, mais notre relation semblait s’adoucir lentement, progressivement, comme si elle tendait vers une certaine amitié. Une très bonne chose.
Voyons voir, par où commencer … Mmh, le temps de remettre mes idées en ordre, elle ajouta qu’elle souhaitait surtout apprendre le taïjutsu pour se défendre, esquiver et à se déplacer plus vite.

« C’est certainement le mieux. Vous n’avez pas le corps de quelqu’un qui peut encaisser encore et encore. Donc il vaut mieux privilégier sur la mobilité. Il n’y a rien de honteux ou d’étrange là-dedans. Certains de mes élèves sont de ce genre-là aussi malgré qu’ils soient des Kaguya. Y en a pas beaucoup c’est sûr mais quand même. Alors ce que je vous propose, hum … c’est qu’on va laisser cette planche tranquille, et au lieu de ça, vous allez essayer de me frapper moi. Avec vos poings allez-y. Je vous montre une esquive de base et on inversera. D’accord ? Allez-y, mettez-vous en position et frappez. »

Je me préparai également, et lui fis signe de venir sans doute, d’y aller à fond. Lorsque le coup arriva je sautai brusquement sur le côté sans perdre mon équilibre, des os ayant poussés sous mes pieds pour me servir de crampon, j’en profitai ainsi dans le même mouvement pour sauter sur Red et arrêter mon poing à quelques millimètres de son nez.
Démonstration faite, je me redressai et lui décortiquai la technique :

« J’utilise des os sous mes talons pour me propulser sur le côté, en Saibogu vous pouvez peut-être faire quelque chose de ce genre, non ? Celle dont je vous parlais l’autre fois, Oniri, elle pouvait même absorber une attaque et la renvoyer. Super badass comme technique d’ailleurs, seulement je ne connais quasiment pas votre clan. C’est de la haute technologie si j’ai bien compris, donc peut-être que … je ne sais pas, vous pourriez vous fabriquer des chaussures spéciales, ou juste des semelles. Quelque chose qui vous permettrait de bondir sur le côté avec plus de vitesse qu’un simple saut. »

Le temps de chercher mentalement, de checker les différentes options, je décrochai la planche et alla la reposer avec les autres.

« Il faudrait quelque chose qui te … qui vous permettes de maintenir votre équilibre quoi qu’il arrive. Ça peut paraitre vraiment enfantin hein, surtout pour des ninjas de notre niveau, mais le taïjutsu est un style bien différent des autres arts martiaux. Pas besoin de faire de signes incantatoires mais il faut que tout le reste suive, et j’ai pu voir que vous aviez un petit peu de mal à maintenir un rythme soutenu, mais ça c’est normal, c’est le manque d’exercice physique. On va travailler là-dessus. »

Je sautai plusieurs fois sur le côté, comme pour lui montrer à nouveau, tournant autour d’elle avant de m’arrêter en face.

« Ah et pour qu’on soit réglo, il faudrait que vous raconte un peu mon histoire, en effet. Voyons voir, il n’y a pas grand-chose d’exceptionnel à dire. Je suis une errante, fille de deux ninja de Kiri qui ont été exilés après avoir fait une grosse boulette. J’ai grandis cachée dans la forêt et c’est entre autre pour ça que le clan ne m’a pas ouvert les bras, à mes débuts, quand j’ai voulue agir. Normal hein, enfin j’ai fini par les convaincre avec le temps et en me pliant aux coutumes. Maintenant voilà, la gosse qui sortait des bois pour chasser le sanglier, bah maintenant elle a tout un clan et une bonne partie de la population de Mizu no Kuni derrière elle, et elle s’apprête à aller défoncer les envahisseurs à la source ! Franchement je trouve que c’est une chouette évolution. »

Toute fière, je bombai le torse et regardai au loin, un air conquérant dans les yeux.

Visiblement il n'était pas si difficile de sympathiser avec elle, il suffisait d'aller dans le bon sens et de se montrer pédagogue. Pour peu ses menaces glissèrent littéralement sur-moi. J'étais pas ailleurs étonnée de ne pas en avoir reçu plus tôt. Je ne me mettais à dos autrui que lorsque cela était nécessaire, avec pour principal condition qu'il ne put représenter une menace ou un désagrément que je n'étais pas certaine de pouvoir éradiquer. Dans le fond je n'avais nullement l'intention de trahir la Kaguya, aussi loin fussent mes perspectives d'avenir, ce cas de figure n'entrait pas dans mes projets. Et en l'état elle n'aurait jamais de raison de se dresser contre-moi. Tout semblait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, tout du moins pour l'instant. Fait étonnent malgré-tout, je fus surprise de constater qu'elle n'avait pas la fierté assez mal placée pour ne pas admettre qu'elle n'était pas faite pour diriger. C'était une bonne chose, il n'y avait plus grande bêtise que de vouloir persévérer dans un travail pour lequel l'on n'était pas fait.

-Faites ce que vous pouvez de mieux pour les votre. C'est ce que l'histoire retiendra.

Essayais-je de dire le plus sagement du monde. J'écoutai ensuite ses conseils quand on principe de taijutsu. J'avais visiblement vu juste en partant du principe que je ne serais jamais en mesure d'encaisser ou faire preuve d'autant de force brute que la Kaguya, tout du moins pas de façon naturelle. L’exercice physique n'était guère ma tasse de thé et quand bien même j'en posséderai la volonté, le temps continuerait de me faire défaut. Dire que je regrettai de ne pas m'être davantage appliquée durant le temps où je vivais à Suna était en parti vrai. Seulement il était à présent trop tard, tant pour s'entraîner que pour s’apitoyer sur son sort. Il ne me restait plus qu'à aller de l'avant et tenter de faire mon possible pour rattraper le temps perdue. En effet pour une fois je ne visais pas l'excellence dans un domaine, seulement le nécessaire que je pensais pouvoir obtenir en trichant un peu.

-Absorber une technique ? Cela n'a rien d'exceptionnel. Disons qu'il s'agit de la base de tout bon utilisateur du Fuinjutsu. Les Saibogu sont loin d'être des cas isolés. Pour ce qui est de pouvoir esquiver. Je vous avouerai que j'aime l'idée de ne pas avoir à dépendre en permanence de mon équipement, si je m'en retrouvai dépossédé en situation de crise, je m'en verrais fortement agacé. C'est pourquoi je vous ais demandé de venir m'entraîner. Pour me permettre d'apprendre à me battre par-moi et non par mon équipement. Néanmoins je pense avoir un début de piste pour nous aider.

Je m'approchais alors vers elle plaçant ma main à sa hauteur, paume vers le plafond. De là je concentrai mon chakra afin de malaxer en affinité raiton. Sitôt quelques décharges électriques se mirent à glisser entre mes doigts. Le crépitement produit rappelait avec désagrément celui qu'émettait le néon, explosé trois quarts d'heure plus tôt.

-Je ne sais pas encore maîtriser cette affinité. Elle s'est éveillée d'elle-même il y a peu, mais étant une Saibogu je n'ai jamais chercher à développer cet aspect là. Je ne sais donc pas travailler mon chakra pour le modeler, mais je pense qu'avec dans l'entraînement il me serait possible de l'utiliser afin d'augmenter mon agilité. Vous maîtriser sûrement déjà une affinité. Pensez-vous pouvoir m'apprendre les bases?

Pour être honnête j'aurai espéré garder cet atout pour moi, sans que nul autre n'en ai connaissance. Hors fort était de constater que cet entêtement ne me mènerai nul part. Je préférai tout autant mettre l'accent sur ma progression au détriment du secret que je voulais conserver vis-à-vis de certaine de mes capacités. Par ailleurs, si d'avenir je devais me retrouver face à la Kaguya, ce que je ne souhaitai nullement, je doutai trouver en elle une opposante qui pouvant m'être fatale. Et puis sans aller jusqu'à dire que je lui faisais pas confiance, ce qui était encore loin d'être le cas, disons simplement que je savais que je pouvais m'autoriser à lui révéler une part de mes capacités.

-Et bien cela nous faits ce point là en commun. Dis-je après qu'elle m'eut brièvement raconté son histoire, le tout en gardant naturellement quelque parties floutées. Nous partons toutes les deux de rien, mais aspirons à accomplir de grande chose. Expliquais-je tout en arborant un sourire ironique.

Suite à quoi me plaçai de nouveau en position. M'apprête à poursuivre l'entraînement. Écoutant chacun des conseils de la Kaguya. Elle se montrait effectivement redoutable sur de nombreux aspects. Vive et rapide, à chaque fois que nous tentions de notre battre, elle prenait l’ascendant, mais je parvenais à lui résister un peu plus à chaque tentative. Au terme d'une longue journée d’entraînement nous finîmes par arriver à un certain résultat. Tout était encore à faire, mais au terme d'une successions, d'essais, d'exercices et de démonstration j'étais parvenu à maîtriser une prise au corps à corps qui me serait plus qu'utile pour mettre à terre mes adversaires. A compté que je parviennes à les approcher ce qui était une autre affaire. J'étais cependant satisfaite du résultat et de ma légère courbe de progression. Milly se révélait être un assez bon sensei.

Bien, ça faisait plaisir ce petit moment entre filles. Cet entrainement où on passe presque plus notre temps à discuter qu’à vraiment travailler. Ça faisait si longtemps que ça ne m’était pas arrivée, avoir quelqu’un avec qui se décharger de toute les tensions et questions créées au fil des aventures, au fil de ce projet. S’attaquer à un empire, ce n’est quand même pas rien, et ça ne se fait pas avec n’importe qui. Kurasa avait perdu des points de confiance tout le long de la période où on formait un duo, et pourtant son quota n’était à la base pas très élevé. Tandis que Red en gagnait sans interruption, lentement mais surement. Et ce n’est même pas simplement parce qu’elle a des seins ! Nan mais oh ! Je ne suis pas si superficielle que ça ! Juste en manque de chaleur humaine … de douceur, de caresses, de mots doux …

Mais bref, on s’écarte du sujet principal. La Saibogu se révélait en effet être une très bonne élève. Elle écoutait chacun de mes conseils, appliquait rapidement les corrections sans se plaindre, et démontrait une vraie volonté à s’améliorer. Seul bémol, elle avait des lacunes tellement énormes en taïjutsu que pour voir des résultats efficaces, il va falloir encore pas mal d’heures d’entrainement. Mais c’est bien aussi, ça me permettra de m’occuper l’esprit aussi, et d’apprendre à la connaitre, à l’apprécier … Mmh, enfin tout ça c’est uniquement si elle me garde en tant que prof de sport. Ne connaissant pas les autres membres du groupe, difficile de savoir s’il y avait d’autres personnes susceptibles de me remplacer dans ce rôle.
Faisant une petite pause, Red en profita pour démontrer ce qui pouvait être une solution pour accélérer l’entrainement. Sa nouvelle affinité raiton. Nouvelle oui, car comme elle le disait elle-même, le côté foudroyant de son chakra s’était révélé il y a peu, et elle n’avait pas appris à l’exploiter entre temps.

« Mmh, je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. Il n’y a pas de raccourcis pour apprendre le taïjutsu. Et cette méthode-là pourrait vous être bien moins bénéfique qu’il n’y parait. La foudre c’est bien, c’est la rapidité, l’efficacité, mais l’utiliser dans le contexte actuel en électrocutant vos muscles pour décupler votre vitesse, le contrecoup risque d’être très lourd. »

Je lui présentai ma main droite, paume vers le plafond, et y fit naitre une mini-tornade qui se mua ensuite en bille d’air, roulant entre mes doigts, et se métamorphosa ensuite en poignard de vent.

« Mon chakra est de type futon, très pratique pour booster mes attaques et me déplacer. Quand vous maitriserez suffisamment le combat au corps à corps, et la manipulation de votre raïton, on pourra voir ensemble à concevoir des armes élémentaires. Ça serait une bonne alternative si pour une raison ou pour une autre, votre technologie devient inutilisable. » Aussi simplement qu’elle était apparue, la lame venteuse disparue de ma main. « Par contre, vous apprendre les bases de la maitrise des affinités, hum … oui c’est tout à fait possible mais en plus du taïjutsu … on va passer beaucoup de temps ensemble, ahah. »

Un sourire, l’air de rien, et je me mis en garde. Les poings face au visage, les jambes légèrement pliées, prête au combat. Un petit mouvement de tête à Red pour lui indiquer de faire de même, et au cours des prochaines heures l’entrainement battit son plein. Un réel moment de bonheur. Pas besoin de se faire mal, je passais plus mon temps à esquiver ses coups, à corriger ses mouvements et à la conseiller que réellement la corriger. J’adorais ces moment-là, les contacts, voir son évolutions et que mon cours porte ses fruits.
Elle jeta en particulier son dévolu sur une technique d’immobilisation. Sans doute que c’est après qu’elle se soit retrouvée au sol, les bras pliés dans le dos et moi à moitié assise dessus. Peut-être, peut-être pas, aucune idée et je m’en fichais totalement. Je voyais seulement son compteur de point grimper à une vitesse folle au fil des heures. Au point que ça en devienne presque perturbant, non correction, j’en fus si perturbée qu’elle réussit à en tirer profit pour m’immobiliser à son tour. Décidemment j’ai vraiment un souci …

« Ahah, très joli mouvement. Bien joué. » Fis-je après coup, roulant sur le côté avant de me relever. « Vous avez profité d’un moment d’inattention et c’était une très bonne idée, ma faute. » Je m’étirai les bras un moment, comme pour chercher à changer de sujet. « On va peut-être s’arrêter là, vous avez déjà fait de sacrés progrès et puis il ne faut pas abuser des bonnes choses non plus … » Oui il valait mieux interrompre maintenant, avant de commettre l’irréparable. « Maintenant, étape très importante, l’étirement. Ça va permettre à vos muscles de se détendre après tout cet exercice, et entamer une régénération. Manger de la viande aussi, pour réparer tout ça. Genre un bon steak bien épais. Et boire de l’eau, beaucoup d’eau, l’hydratation c’est très important. »

Je commençai à m’étirer, montrant au passage à Red les mouvements à effectuer si jamais elle avait un doute. De mon côté j’en venais à me questionner sur ce qui clochait chez moi. Est-ce que ce serait simplement parce que je n’avais pas revue Tsubaki depuis longtemps ? Ou alors est-ce que ce serait une chose aussi primaire que l’abstinence d’acte charnel ? Nan quand même pas. Voyons, je vaux mieux que ça … Se faire gouverner par sa libido, ça crains …

« Hum Red, une dernière question. Mmh est-ce que vous avez quelqu’un … Nan rien j’ai rien dis, oubliez-ça. »

Oh la honte. Oh putain la honte ! Lui demander si elle a quelqu’un dans sa vie, nan mais c’est quoi ces conneries ?! Merde, merde, merde. La big boulette … Rattrape tout ça vite fait Milly, et arrête de faire les cent pas bordel ! Tu te ridiculises plus qu’autre chose !

« Pardon, non je voulais savoir ce que vous comptiez faire pour Mizu no Kuni, en imaginant que notre attaque se passe bien et que tout roule comme sur des roulettes. Est-ce que vous comptez finir les travaux du Shukaï et rebâtir Kiri ? Et niveau administration, territoire, tout ça ? Le Kyomu aura quelle place dans tout ça ? Vous, vous aurez quelle place ? Moi, mes Kaguya également. Bref quelle est la suite du programme ? »

Milly soulignait un fait intéressant et non négligeable. Effectivement mon corps risquaient de ne pas pouvoir supporter la surcharge raiton pour décupler mes capacités. Cela signifiait que je n'aurai d'autres choix que de passer malgré-tout par une phase préparatoire afin de me renforcer. C'était assez dépitant, mais je ne comptais pas me laisser abattre. S'il n'existait aucun grand raccourci, alors j'emprunterai les petits chemins jusqu'à parvenir à destination. Et si je comprenais bien nous n'aurons d'autres choix que de passer un certain temps ensemble. Je n'étais pas contre cette idée seulement je continuerai à mettre un point d'honneur à ce qu'elle n'agisse pas comme si nous étions amies en présence des autres membres de l'organisation. Afin que l'ordre soit maintenu une certaine hiérarchie devait demeurer, mais en dehors de cela je n'avais pas de raison d'être plus autoritaire que nécessaire.

Je fus moi-même surprise en parvenant à la mettre à terre. J'avais effectivement descellé un instant d’inattention durant notre affrontement ce qui m'étonna, elle qui pourtant devait être entraînée à rester vigilante en toutes circonstances. Je mettais cela sur le compte de la fatigue car en effet nous travaillons depuis de longues heures déjà et même elle devait avoir ses limites, qui plus cela étant je ne doutai pas qu'elle en vienne à me sous estimer part moment. Toujours fut-il que notre séance d'entraînement prit fin dans ce sous-sol. Haletante et couverte de sueur, j'allais m'installer sur une table de bureau disposée dans le fond de la pièce. Un pack d'eau reposait également dessus. Je ne me fis pas prier pour me saisir d'une bouteille pour servir directement au goulot. Tout en buvant j'en attrapais une autre afin de l'envoyer en direction de Milly. Boire me fit un bien fou. Je me versais également un peu d'eau sur le visage avant d'entreprendre de renouer mes cheveux collants de sueurs. Je n'étais vraiment pas habituée à me dépenser ainsi. Et je ne saurais dire si la perspective d'entraînement futur me réjouissait ou me dépitait.

La question qui survint me fit froncer les sourcils alors que j'étais à nouveau en train de me désaltérer. Qu'est-ce qu'elle me racontait-là ? Elle s'empressa alors de changer de sujet. Me contentant de hausser les épaules, pensant que ce qu'elle avait en tête ne devait pas avoir grande importance pour ainsi dévier le sujet. La suite, par contre, fut beaucoup plus intéressante. Elle voulait connaître le devenir de Kiri. Le sujet était d'autant plus sensible. Je ne regrettai pas d'avoir eut cette fameuse conversation quelques heures plus tôt. Cela nous faciliterai la communication.

-Ce que je prévois ? Et bien je vous avouerai que j'aime pas m'avancer sur la suite. Rien ne se passe jamais comme on l'a prévu. Mais si l'on devait hypothéquer je dirait que je ne chercherais pas à recréer Kiri ni à redorer la gloire datant de Mizu. Rebâtir ce qui à été détruit n'apporte rien de nouveau. En récupérant leurs anciennes images, nous récupérerons, certes, les bons côtés, mais également tout le négatif. Il est davantage question de symbolique voyez-vous. Je m'interrompais quelques secondes pour boire à nouveau. L'idée serait bien de reconstruire un nouveau village sans pour autant lui conférer le nom de Kiri. Apporter une toute nouvelle gloire à Mizu. Rendre le pays plus grand, plus puissant, plus riches qu'il ne le fut jadis sans pour autant le dénaturer. Autrement dit nulle ne serait relégué au second plan. Le Kyomu continuerait probablement d'exister sous forme d'unité spéciale. Cependant là encore je ne peux m'avancer sur tout ce que je dis. Mais s'il faudrait résumer, je ferais en sorte de faire peau neuve tout en conservant ce qui caractérisait jadis le pays ainsi que son village caché. Je terminais en revissant le bouchon sur ma bouteille désormais vide de trois-quarts.

Prenant appuie sur mes mains, je me donnais une impulsion pour sauter sur le sol. Le bruit de mes chaussure entra en contact avec le béton raisonna dans la cave. Je fis quelque pas vers le centre, effectuait quelques étirements pour délier mes muscles engourdi par l'effort puis me dirigeait vers mes affaires.

-Je pense que nous pouvons nous arrêter là pour cette nuit. Si je fais un mouvement de plus, je crains de ne pas avoir la force de rentrer chez-moi.

J'enfilais mon haut, mais gardai ma veste sur mes épaules. Je me tournais alors vers la Kaguya, la questionnant à mon tour.

-Et vous que voudriez-vous faire si nous parvenions à reprendre Mizu ?

Cette question n'avait pas de réel but car j'en connaissais déjà la réponses.

En posant cette question je tentais également de vérifier jusqu’à quelle échelle je pourrais lui faire confiance. Jusqu’à quel point j’accepterais de la suivre sans rechigner. La rousse me lança une bouteille d’eau avant de s’asperger le visage et d’enfin répondre. Mmh de l’eau fraiche ça fait réellement du bien.
Tout en me désaltérant j’écoutai attentivement chacun de ses mots, et le fait qu’elle n’aime pas dévoiler ses plans futurs se comprenait parfaitement. Elle ne voulait pas rebâtir Kiri comme à l’époque, ne pas risquer de voir renaitre la Kiri sanglante et sanguinaire. Parfait, ça tombe bien moi aussi. J’approuvai d’un mouvement de tête, la laissant continuer. Son souhait en imaginant que tout se passe bien, serait de construire un village caché sur les ruines du précédent mais sans lui donner le même nom que son prédécesseur. En somme, reprendre tous les bons côtés du village de la pluie sans les mauvais. C’est curieux, on dirait moi avec ma vision utopique des choses.

« Pourquoi pas, j’aime bien cette idée de faire du neuf avec du vieux. Mais même vous, vous devriez savoir qu’il n’y a jamais d’avantage sans inconvénient. Rendre le village plus beau, plus grand, plus puissant, c’est parfait mais même dans la lumière il y a des ombres. Et pour ça je souhaiterais vous accompagner dans toutes les décisions en rapport à cela. Mizu no Kuni c’est chez moi, je connais l’archipel comme ma poche et pour ça je n’accepterais pas que quelqu’un en fasse n’importe quoi … » Je terminai ma bouteille d’eau, expirai bruyamment et refermai le bouchon. « Après je ne demande pas à vous coller aux basques sans arrêt, mais juste que vous me consultiez sur les points épineux. »

Je lui adressai un sourire à la fois amical et respectueux, puis termina mes étirements en soufflant. Ça faisait vraiment longtemps que je ne m’étais pas bouger autant, et le plaisir ressentit était à la hauteur de la douleur des muscles si soudainement sollicités.
Le regard fixé sur Red et divagant sur ses courbes pendant qu’elle se tortillait dans tous les sens pour détendre elle aussi ses muscles. Les idées tordues ne manquaient pas mais je n’y faisais aucunement attention, certes elle avait du charme et les femmes fortes dans son genre sont parfaitement mon style, mais j’avais Tsubaki et pendant bien trop longtemps j’étais restée loin d’elle. Je suis fidèle et je le resterais ! Nan mais oh !

« Arrêtons-nous pour cette nuit oui. Il ne faut pas en abuser non plus, surtout pour un premier jet. C’était très bien, nous recommencerons une prochaine fois pour concrétiser tout ça et revoir certains détails comme le jeu de jambe. En attendant, reposez-vous et ressourcez-vous. »

J’allai récupérer le manteau noir de notre petite organisation et le réenfila pendant que la jeune femme faisait de même. Seulement je ne m’attendis pas à ce qu’elle me retourne la question sur les projets souhaités après la reprise de Kiri.

« Heu … et bien vous allez sans doute me trouver naïve mais pour répondre à ce genre de question, il me faudrait vous dévoiler un pan de ma vie et c’est sans doute encore trop tôt. Mais peut-être qu’autour d’un verre un soir prochain, si vous me feriez l’honneur d’accepter … Après je comprendrais tout à fait que vous refusiez, les autres pourraient y voir du favoritisme ou quelque chose dans le genre. Et dans ce genre d’organisation de déserteurs et de nukenins, le respect dû à un chef de groupe est souvent fragilisé sitôt qu’une certaine amitié s’installe … entre le cerveau et les muscles. »

Une amitié comme quelque chose de plus intense évidemment. C’était sous-entendu mais pas nécessairement besoin de le préciser. Le cerveau étant elle, et moi les muscles, si vous n’avez pas tout suivi.

« Après, on peut très bien garder cette relation entre nous, et quand les autres sont là on reprend nos distances … je m’emmêle les pinceaux, décidemment cet entrainement a été plus fatiguant que prévu, héhé. »

Épuisée par l'effort, je n'aspirais qu'à retrouver mon lit. Demain une rude journée parmi tant d'autres passées et avenir m'attendait. Le quotidien relativement posé de conseillère à Suna était bien loin derrière à présent. Il me semblait remonter à une éternité. Et pour dire je vivais une toute autre vie à présent. Certainement moins confortable que la précédente, mais assurément plus palpitante. Je terminais de ranger mes affaires, arborant dès lors une tenue de civile on ne put plus commune. Le manteau noir n'était bon que pour se faire remarquer en ces circonstances. Je jetais un coup d’œil à ma montre constatant qu'il était onze heure passé. Le début d'une nuit pour les noctambules, une soirée profondément avancée pour les travailleurs du jour. D'un point de vu personnelle j'estimai me trouver à la frontière entre ces deux partis, éprouvant le besoin de me reposer, mais étant totalement incapable de dormir.

-Vous n'avez pas à vous inquiéter, je puis vous assurer que les Kaguya tout comme l'ensemble de Mizu tirerons aux mieux partis de ces changements. J'admets cependant que j'aurai besoin de votre appuis, ainsi que de votre avis sur certains points. Une nation ne se reconstruit pas en un jour, tout comme son village. Nous aurons fort à faire le moment venu. Mais ne nous avançons guère. Les rêves d'une nuit n'assurent pas notre lendemain. Concentrons-nous déjà sur notre objectif premier : faire chuter l'Empire. D'ici-là nous aurons accomplit mille et une chose, et le monde ne sera sans doute plus le même.

Ou alors nous serions tous morts en ayant essayés, ce qui ne m'enchantait pas particulièrement même si cela faisait parti des risques des métiers. Nous fîmes les premiers pas vers les sorties. Je pressai l'index sur l'interrupteur, éteignant ainsi ces maudits néons qui, à la vue de leur état, n'en avait plus pour longtemps à vivre, tout du moins si je ne me changeai pas de leur cas avant. La lourde porte métallique se referma derrière-nous dans un long crissement. Je savais d'avance que notre prochain entraînement serait on ne peut plus intensive. Une fois à l'extérieur nous pûmes constater que l’atmosphère était lourd et humide, même si l'air restait plus frais que dans cette cave. La sortie débouchait sur une ruelle sombre peu dégagée et sans éclairage. Nous rejoignîmes au pas une rue centrale dans laquelle l'animation était déjà plus présente. Les rues bondées arboraient moult bars fantaisiste en tout genre. et autres boutiques ouvertes uniquement à partir de la tombée de la nuit. De nombreux passants circulaient dans les rues. Honnête fêtard et individus peu recommandable se mêlaient entre-eux. Milly était encore à mes côtés. Notre location semblait-il se présenter sur le même chemin.

-Vous parliez d'un vers, pourquoi ne pas nous arrêter sur le chemin afin de profiter d'un véritable rafraîchissement ? Dis-je dans un sourire en coin. Tout ce que je fais pour l'organisation, je le considère avec sérieux, mais également comme s'il s'agissait d'un travail. Tant que les deux restent distincts et dans l'ordre je n’ai rien contre un peu de fratrie.

C'était aussi et surtout qu'il était important de se rapprocher des bonnes personnes et d'en garder certaine à l'écart. Voici pourquoi je proposai cette sortie à la Kaguya dont le soutien, à n'en point douter, serait plus que bienvenu une fois installé sur les terres de Mizu, mais aussi et surtout parce qu'il fallait remplir le quota de post suffisant afin d'obtenir ma technique gratuitement. Nonchalante, je m'allumai une cigarette tout en marchant, attendant la réponse qui serait très certainement positive.

Ouais je commence réellement à dire n’importe quoi, ça crains. Et avoir besoin d’un contact, d’un câlin, voir même d’un bisou, ça n’arrange rien. Comme si notre petite séance de sport avait permis d’évacuer tout le stress dû à la mission et aux objectifs de l’organisation, et qui par conséquent laissait la place à tout ce qui était étouffé en-dessous. Cette envie, non ce besoin d’avoir quelqu’un à ses côtés, d’avoir une relation plus poussée que simplement amicale et/ou professionnelle. Dormir seule commençait réellement à me stresser, depuis plusieurs jours je dormais de moins en moins mais sans me réveiller pour autant. Mais est-ce que ce serait à cause d’un reste de convalescence malgré les semaines passées à récupérer après l’attaque de Satoshi ? Nan, quand même pas. Et pourtant ça ne pourrait pas simplement être un truc aussi niais qu’un besoin de sexe. Là ce serait la fin de toute fierté, la honte ultime.
Gardons cela pour nous, au moins le temps de trouver une réponse à ce problème.

Red m’assura par ailleurs qu’elle ne pourrait pas rebâtir le village seule, et qu’elle aurait nécessairement besoin de moi et de mes conseils. Parfait. Mais chaque chose en son temps, d’abord on dégomme le Shukaï, ensuite on libérera Mizu et on pourra se lancer dans d’autres projets pharaoniques.
Sitôt que la rousse fut prête, nous sortîmes de la cave et arrivèrent sur la rue, dans une atmosphère lourde, humide, presque orageuse. S’il ne pleut pas dans l’heure qui vient, c’est qu’on aura eu de la chance. Hélas pour moi, non seulement Red acceptait le verre à condition que ça reste professionnel, mais en plus encore notre chemin se trouvait être le même. Vous pariez combien qu’on a pris le même hôtel ?
Le regard encore errant sur les courbes de la jeune femme, et cette fois-ci plus intensément sur la chute de ses reins, une claque psychologique me remit les idées en ordre.

« Je me sens un peu trop fatiguée ce soir pour rester éveillée beaucoup plus longtemps … Désolée, des problèmes personnels en plus … Une prochaine fois sans doute. » Je la saluai alors que nous arrivions à une intersection quelconque. « Remarquer, j’ai bien compris que vous m’aviez conseillée de garder pour moi ce qui ne servait pas à l’équipe et aux projets du groupe, mais c’est aussi en rapport avec ce que j’étais sur le point de vous demander tout à l’heure. » Petite pause avant la catastrophe. « Je vous trouve ravissante et vous me plaisez beaucoup. Sur ce, bonne nuit ! »

Et je filai au pas de course, autant pour l’empêcher de répondre quoi que ce soit, que pour continuer de me taper la honte. J’ai Tsubaki bordel ! Je suis mariée ! Qu’est-ce qui m’arrive, c’est pas possible ?! Connerie de saloperie de libido de merde ! Hors de question que je trompe ma femme ! Hors de question de faire la même connerie que mon père ! Ça ne n’est même pas envisageable !
Tout aussi rapidement et sans regarder derrière moi au cas où Red serait effectivement au même hôtel, je montai à l’étage, dans ma chambre sans saluer le réceptionniste qui se retrouva bien stupide de parler dans le vent. Hop on rentre, on referme à double-tour et on souffle. Mon cœur battait la chamade, c’était le bordel dans mon cerveau, encore plus que d’habitude oui. J’ai besoin d’une douche. C’est ça, une douche bien froide, autant pour se débarrasser de la crasse et de la sueur que pour refroidir mes ardeurs. Merde merde merde merde ! Je vaux mieux ça, je vaux carrément mieux que ça !

Spoiler:

-Pardon ? !

J'avisais la nouvelle avec autant de flegme et d'étonnement que si l'on m'avait annoncé que des poneys arc-en-ciel étaient en train de bombarder le Shukai. Ce faisant je la regardai ainsi s'enfuir, les sourcils haussés, la cigarette coincée entre les lèvres. Je restai à attendre jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champs de vision et qu'un bout de cendre se décroche de mon mégot pour venir s'échouer sur le béton. Puis lorsque je me fus assurée qu'elle fut suffisamment loin pour ne point m'entendre j'éclatai d'un rire à moitié nerveux. L'agitation ambiante était bien trop dense pour que l'on me remarque et c'était tant mieux. Cela faisait du bien de se lâcher dans un sens. L'ironie de la situation s'y prêtait bien. Je ne m'arrêtai qu'au moment de me frotter les yeux, arborant un sourire amusée dont j'étais la seule intéressée.

Il ne manquait plus que cela. Je n'avais rien contre elle, je pensais également pouvoir un jour l'apprécier à sa juste valeur, mais c'était tout. Outre temps et outres circonstances n'y auraient pas changé grand chose. D'autant plus que j'estimai que ce genre d'histoire, de sentiments ou de pensées n'étaient vraiment plus pour-moi. La pauvre n'était pas tombée sur la bonne personne, voir certainement une des pire. Et puis il n'était pas toujours bon de s'enticher de son employeur surtout dans un contexte tel que le notre et ce quand bien même cela correspondait à sa personnalité.

Néanmoins, cette révélation et l'amusement qui en découla me ramena à une réalité bien amer quand le fil conducteur tira du fond de mon esprit quelques images que j'aurais préféré oublier. Non, je n'étais absolument pas faite pour tout ceci. Et pourtant son visage m'apparaissait de nouveau clairement. Je fus prise d'une pointe de mélancolie que je m'empressai de ravaler. Décidément j'étais moi-même incorrigible, sans doute ne valais-je pas mieux que Milly dans mes choix. Où peut-être que cela signifiait que nous étions tous égaux dans nos sentiments ? Non ce serait faire preuve de faiblesse en optant pour la facilité. Toujours fut-il que cette soirée se présentait désormais en demi-teinte. Je savais d'avance que j'allais certainement passer une bonne partie de la nuit à penser à lui et cela m’horripilait au plus haut point.

Sitôt finit je m'allumais une nouvelle cigarette, quittant le béton ferme au détour d'une ruelle pour rejoindre les hauteurs. J'avais besoin de m'aérer l'esprit en filant à vive allure entre les immeubles. Je parvins en quelques instants sur un sommet m'octroyant un panorama imprenable sur les lumières de la ville. Prostré comme une gargouille au bord du vide, j'adressai un sourire ironique aux nuages sombres annonciateur d'orage avant de reporter mon attention sur ma main griffue. Une goutte tomba dessus.

Spoiler: