Des huit participants restants, il n’y en avait plus que quatre. Le dernier affrontement venait d’ailleurs de se terminer, ce qui amena chacun à faire une pause dans ce tournoi organisé par le leader de la Corporation. Ce dernier s’était d’ailleurs retiré dans ce qui pouvait s’apparenter à une loge. Mais cette dernière était étroitement surveillée, à tel point que s’offrir une entrevue seul à seul avec le Nukenin semblait impossible, à moins de le demander. Mais ça, Lui, n’allait pas recourir à cette formalité.

Ce n’était pas difficile pour l’homme qui dirigeait le mouvement de la Nation de s’infiltrer là où il fallait. Il se contenta de lire les mouvements des gardes employés par le leader de la Corporation avant de calquer ses propres mouvements et déplacements. Et lorsqu’il fut nécessaire d’en arriver là, il usa d’une partie de ses pouvoirs pour lancer un Genjutsu à la seule garde qui semblait tenir ses positions. C’est ainsi que l’invité pénétra dans la loge de l’organisateur de ce tournoi.

« Te pensais-tu à l’abri de mes pouvoirs au milieu de tous ces criminels ? »

Jiseyama fit un pas en avant. Sous sa capuche, l’Autocrate voyait son ennemi par le reflet du miroir qui lui faisait face. Et pour le leader du Kaihô-sha qui pouvait lire en chacun comme dans un livre ouvert, il fut surpris.

« Tu n’as pas peur.
─ Peur de la mort ? J’ai appris à mourir avant même que tu ne rejoignes l’organisation. »

Jiseyama serra le poing. Autour des deux hommes, le temps s’était grandement ralenti. Au coin d’une table, la longue aiguille d’une horloge ne bougeait plus. Mais ce n’était pas suffisant. La peur n’avait toujours pas atteint le leader de la Corporation.

« Sais-tu ce qui est le plus drôle ? L’amnésie avait fait que je ne pouvais plus exercer mon pouvoir sur toi, mais en organisant un tournoi d’une telle envergure, je n’en ai même pas eu besoin. L’infiltration est ma spécialité et tu le savais. Voulais-tu mourir ? Je ne vais pas le vérifier, car il y a quelque-chose que j’aimerais te raconter. Une histoire des plus palpitantes. »

L’homme qui s’était autrefois fait appelé l’Inconnu reprit aussitôt.

« C’est l’histoire d’un grand criminel, qui mit au monde une enfant dont il se savait incapable de l’élever et de la protéger. Il fit le nécessaire pour qu’elle ait des parents dignes de ce nom et grâce à ça, la petite fille put grandir et avoir un futur digne. Mais conscient du monde dans lequel elle vivait, notre père se chargea de demander à son compagnon le plus fidèle de la surveiller de près comme de loin. Bien sûr, il était loin de savoir que ce dernier tombe amoureux de l’enfant alors devenu une jeune et belle femme. Et que dire de son parcours, car fille de criminelle… l’enfant était devenue Daimyô. »

Il posa sa main sur Alpha, toujours assis et visiblement dans l’incapacité ou la non-volonté de réagir. Le leader de la Nation rapprocha son autre main de son visage et enleva son masque. Ses yeux fermés mirent quelques secondes à se rouvrir.

« Tu es le père de Kawaguchi Tsukiko. »

Il s’en était toujours douté. Mais avec ses dons de Yamanaka, il en avait maintenant la preuve. Tout s’expliquait : voilà pourquoi Howaito, ancien membre de la Corporation et proche d’Alpha, avait réussi à obtenir l’indépendance de la branche de renseignements de l’organisation. C’était la promesse qu’ils s’étaient faite : Howaito devait surveiller Tsukiko et en échange, il obtenait les moyens nécessaires pour fonder la Ruche.

Le blond vint murmurer à l’oreille de son ancien supérieur. Quelle ironie, pensa-t-il, sûrement au même titre que l’autre.

« Je pensais que tu ne réussirais jamais à la protéger de moi, et pourtant maintenant qu’elle est devenue la première kunoïchi de Suna à devenir Daimyô de Kaze no Kuni, elle représente un avantage inestimable pour la Nation. Je ne peux rien lui faire. Et tout ça, c’est uniquement parce que tu as fait en sorte qu’elle te haïsse et qu’elle retourne à Suna au lieu de rejoindre ton organisation. En protégeant ta fille, tu as gagné la bataille… »

Un bruit sourd, rapidement étouffé : celui d’une lame qui caressa la gorge de l’Autocrate. Aussitôt, son sang coula abondamment et son corps bascula sur le côté.

« … mais pas la guerre. »