« Oh bon sang ! »

Complètement lessivé après cette longue journée plus que mouvementée, Shido s’allongea sur le toit d’une des habitations de Suna, soupirant longuement au passage. Il serra tour à tour ses deux jambes, ressentant la rigidité de ses muscles. Il essaya de relâcher la tension mais en vain : il demeurait crispé de tout son long.

Traîner dans le village avec, sanglé au poignet, la laisse d’un gros canidé dont la seule préoccupation était de décharger son trop plein d’énergie l’avait exténué ! Comment diable ce marchand, si grassouillet et visiblement peu sportif, pouvait-il bien s’occuper de ce mastodonte poilu aussi excité qu’un hyperactif dopé aux psychoanaleptiques ?! Ah ! Grâce à sa fortune, il avait sans doute à son service une demi-douzaine de grands gaillards athlétiques capables de promener ce toutou et lui envoyer la baballe !
N.B : Je fais référence à une mission qui est en cours de rédaction…

Après s’être accordé une bonne demi-heure de repos bien mérité, Shido se redressa et soupira une dernière fois avant de poser son regard sur la rue animée en contrebas. Les habitants de Suna terminaient leurs tâches quotidiennes avant de regagner leurs logis. Chaque jour, cette fourmilière prenait vie et chacun s’adonnait à son activité répétitive. Le fameux « métro, boulot, dodo » comme on dit.

« Comment peuvent-ils faire ça, jour après jour ? murmura notre protagoniste en fixant un individu fermer sa boutique.
- Les contraintes du quotidien… il faut travailler pour pouvoir nourrir les siens. Et puis, qui te dit qu’ils ne sont pas heureux ainsi ?
- Hm… oui, tu as sans doute raison.
- Néanmoins je suis d’accord avec toi : je ne supporterais pas d’être enfermé dans cette monotonie. »

Le membre du clan Nakamura hocha alors tête avant de relever la tête et de fixer l’horizon. Le soleil avait disparu derrière les étendues désertiques de Kaze no Kuni et le calme était enfin revenu au village. La soirée était douce et l’atmosphère des plus apaisantes… mais il manquait un petit quelque chose. De la musique. Voilà quel était ce petit quelque chose.

Après avoir fouillé dans sa sacoche, Shido récupéra sa flûte shakuhachi et plaça l’instrument au niveau de ses lèvres. Lentement, il se mit à souffler et joua la mélodie qui apaisait son cœur. Petit à petit, il sentit ses muscles s’engourdir, son cœur battre de façon régulière et calme, et son esprit s’éclaircir. Rien ne devait troubler cette profonde plénitude. Même Yami savait qu’il devait s’effacer pendant que son hôte jouait.

Soudain, une voix grave résonna à quelques mètres de lui.

« C’est donc d’ici que vient cette douce musique. »

Le jeune Shido interrompit brusquement sa mélodie avant de tourner la tête sur la gauche. Un inconnu, accoudé contre le mur d’une habitation voisine et les bras croisés, avait les yeux rivés vers la flûte que tenait notre protagoniste et l’écoutait avec la plus grande des attentions.
Mais en voyant que le musicien avait cessé de jouer, il déclara sur un ton penaud :

« Pardonne-moi, je ne voulais pas te couper… continue, je t’en prie ! »

Mais il n’en ferait rien. N’ayant pour ainsi dire jamais joué devant un public autre que son « autre lui », Shido baissa les yeux avant de ranger son shakuhachi dans sa sacoche.

« Non je… j’avais terminé de toute façon… »

Il mentait, bien évidemment. Il pesta contre le canidé qu’il avait dû gardé cette journée : s’il ne l’avait pas autant fatigué, notre protagoniste aurait profité de cette douce soirée pour aller jouer sur un rocher, dans le désert. Là, au moins, personne ne serait venu le déranger.
Constatant que l’inconnu ne semblait guère décidé à partir, Shido se sentit contraint d’amorcer le dialogue. Après un rapide coup d’œil à son interlocuteur, il fixa le bandeau du village accroché à sa ceinture et déclara :

« Tu fais partie des ninjas du Sable, toi aussi ? Hm… Il marqua une courte pause, le temps pour lui de se redresser et de récupérer ses affaires, avant de conclure Je suis Shido, membre du clan Nakamura. Et toi ? »

Pourquoi lui avait donné son prénom ? Pour initier la conversation bien entendu. Il avait fait le premier pas. Qui sait où le mènerait cette conversation ?

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Notes ~HRPG:

Après avoir initié le dialogue et posé une question à son interlocuteur, Shido se leva avant d’épousseter sa tunique. Il en profita pour retirer ses lunettes et essuya les particules de sable qui s’y étaient déposées.

« Je ne veux pas créer de problèmes, mais ce type t’a coupé pendant ton récital.
- Je sais…
- Et tu ne lui dis rien ?
- Que veux-tu que je lui dise ?
- Je ne sais pas. Quand c’est moi qui te perturbe, je me fais réprimander.
- Avec toi, je me le permets… »

Malgré la banalité de la question, l’inconnu parut surpris. Mais cela ne l’empêcha pas de répondre et de décliner son identité. Yamuro Matsuno. Étrange… ce nom lui était familier et pourtant il ne parvenait pas à trouver un quelconque lien dans son esprit. Après avoir sondé les méandres de son cerveau à la recherche d’une information pertinente, notre jeune adulte laissa de côté ce détail, persuadé qu’il referait surface tôt ou tard. Il se contenta d’esquisser un semblant de sourire avant d’hocher légèrement la tête, ravi de faire la rencontre de cet individu.

Il semblait à peine plus vieux que lui, deux voire trois ans tout au plus. Néanmoins une étrange sensation le dérangeait. Malgré les quelques années qui les séparaient, Shido avait l’intuition de ne pas faire face à n’importe qui. Il avait beau chercher une raison mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Dans tous les cas : il le ressentait. L’aura, peut-être ? Est-ce que ce ressentiment était lié au nom de son interlocuteur ?

« Tu en joues depuis longtemps ? Je dois avouer que tu as le don d’apaiser le cœur des gens ou le mien en tout cas.
- Eh bien… merci… »

Pour un premier contact avec un spectateur, voilà qui était plutôt encourageant.

« Ne rougis pas ! Hin hin !
- Tais-toi, Yami ! Si une parole à haute voix m’échappe, je vais passer pour un fou !
- Je te rappelle que tu n’es pas seul dans ta tête. Et, par définition, cela fait de toi un fou.
- Chut ! Shido reporta son attention sur l’individu réel et poursuivit sa réponse Cela fait onze ans que j’en joue. Cela m’apaise, moi aussi. Pour être honnête, je suis généralement mon seul public… non pas que personne ne m’écoute, mais plutôt que je n’aime pas être écouté. »

A cet instant, notre protagoniste comprit qu’il s’était trahi. Il bafouilla quelques secondes, cherchant un moyen de corriger ce qu’il venait de dire, mais il était trop tard. Il lâcha un court rire avant de continuer :

« Du coup, tu dois sans doute avoir compris pourquoi j’ai cessé de jouer… enfin. »

Il se tourna vers le village maintenant endormi avant de fixer, par-delà les habitations face à lui, le quartier où se trouvait sa maison. Son frère et ses sœurs l’attendaient sûrement. Peut-être ne devrait-il pas traîner trop longtemps ? Après tout : il était assez grand pour se gérer. Et puis, voilà quelques années maintenant qu’il avait appris à se débrouiller seul.
Shido posa ses coudes sur la barrière qui délimitait le toit et leva les yeux avant de scruter l’horizon, pensif. Il hésita quelques instants avant de parler, mais il devait saisir cette opportunité.

« Dis-moi, Yamuro… as-tu déjà voyagé ? »

La question pouvait sembler floue de prime abord, si bien que notre héros ne tarda pas avant de développer le fil de sa pensée.

« Je veux dire… en tant que ninja, as-tu quitté pendant un temps les terres désolées du Pays du Vent ? »

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Notes ~HRPG:

Les coudes posés sur la barrière, notre protagoniste fixait les étendues ensablées sans dire un mot. Il avait lancé un débat cher à son cœur et il espérait pouvoir en apprendre plus sur le monde Shinobi.

C’est alors que Yami rappela au jeune Shido qu’une question lui avait été posée, avant qu’il n’enchaîne sur un tout autre sujet de discussion. Yamuro lui avait en effet demandé s’il avait peur des critiques, et que cette raison le poussait à s’isoler pour jouer de la flûte.

« Eh bien… je ne sais pas trop répondit-il, perplexe. Disons qu’il s’agit des rares moments où je peux être au calme. Il esquissa néanmoins un sourire et rassura son interlocuteur Mais ne t’inquiète pas, j’ai pu me ressourcer ! »

Shido n’avait pas tort dans un sens : pratiquer le shakuhachi lui permettait de poser son esprit et de penser à autre chose. C’est en partie grâce à ces moments d’introspection que notre utilisateur du Genjutsu pouvait concevoir mentalement ses illusions et ainsi enrichir son univers intérieur.

La conversation se poursuivit. Yamuro répondit dans un premier temps à la première interrogation du jeune adulte, lui disant qu’il avait en effet beaucoup voyagé par le passé. Du moins à en juger les mots employés par l’homme qui se tenait à proximité de lui.

Celui-ci avait pressenti, au travers du questionnement de notre héros, un sentiment de malaise, de lassitude. Sans passer par quatre chemins, il posa tout simplement les choses, espérant inviter Shido à ne pas se refermer sur lui-même. Yamuro s’appuya à son tour sur la rambarde et contempla le village caché du Sable, endormi.

Le Nakamura, quant à lui, prit une grande inspiration, ferma les yeux et se mit à décrire une multitude de lieux qui l’inspiraient :

« J’imagine des paysages inouïs, des falaises vertigineuses surplombant des plaines verdoyantes, des forêts si denses renfermant des mystères encore inconnus, des panoramas à couper le souffle ! »

Sur ces mots, il s’arrêta de parler, sentant que son rythme cardiaque venait d’accélérer brusquement. Les poils de ses bras se hérissèrent et une étrange sensation parcourut son corps. Il avait soif de découverte ! Il lâcha un rire discret, lui qui ne s’attendait pas à être aussi loquace et si expressif. Après avoir rouvert les yeux et tourné la tête vers son interlocuteur, il continua :

« Depuis que je suis né, je n’ai connu que ce désert et le Mont Kaze. Il se détacha de la rambarde et étendit les bras devant lui, accompagnant ses gestes de ces quelques mots Du sable… du sable et encore du sable… Il baissa finalement les bras et inclina la tête vers le sol, comme moralement abattu. Je ne sais rien du monde et des merveilles qu’il contient. Les seules informations dont je dispose sont celles que l’on trouve dans les livres… »

Il ouvrit alors sa sacoche et tira le bandeau de Suna, aussi propre et reluisant qu’il l’était lorsqu’il fut offert à notre héros suite à sa promotion. Après l’avoir examiné un court instant, Shido le serra entre ses doigts avant d’ouvrir la bouche. Il prit une nouvelle inspiration, avant d’être coupé par la petite voix dans sa tête :

« Attends Shido ! Je te déconseille d'aborder ce sujet !
- Pourquoi ?
- Il est difficile d’anticiper le comportement d’une personne lorsque tu révèles quelque chose complexe à interpréter.
- Je te rappelle que je gère l’aspect psychologique des situations !
- Peut-être, mais ne prends pas de risques inutiles ! Par conséquent : tiens ta langue !
- Hm… »

Retenu par ce que certains pourraient qualifier de « conscience », Shido relâcha la pression sur son bandeau avant de se tourner vers son interlocuteur et de lui désigner le symbole de Suna :

« En tant que ninja du Sable, j’espère que j’aurai l’occasion de voyager. Enfin bon, désolé de t'ennuyer avec mes histoires.
- Tu as bien fait, Shido… la franchise est certes une qualité honorable, mais il est parfois plus avisé de garder ses idées pour soi. »

Sur ces mots, notre protagoniste posa à nouveau ses avant-bras sur la rambarde, aux côtés de Yamuro. Qu’allait-il bien pouvoir répondre à ce sujet qui, aux yeux du jeune Nakamura, avait une importance cruciale pour son bien-être et son avenir ?