Brossant ses dents d’une lenteur digne d’un escargot, la tatouée examine le reflet de sa mine dépitée. L’image que renvoi le miroir démontre un minois affligé par la fatigue, les cernes sous ses paupières inférieures témoignent de cet état. Elle a passé la nuit à remplir des documents. Obtenir une citoyenneté est une tâche plus chiante et longue que l’on puisse imaginer au premier abord. D’autant plus qu’il faut mettre au point une fiche d’identité – parce que ce serait bien trop beau que les Senritsu détiennent de véritables papiers. Cependant, dans un pays pauvre et corrompu comme celui de Nami no Kuni, les habitants ne possèdent point ce luxe. Bref, il faut braver toute la paperasse ennuyeuse et Dieu sait que les mots n’ont jamais été un point fort chez Shiki. Ce n’est toujours pas un combat gagné, mais elle peut dire avec un certain soulagement qu’elle distingue un minuscule rayon de lumière au bout de cet éternel tunnel. La Kunoichi se réconforte avec l’idée que vaut mieux être ici et signer des feuilles plutôt que de pourrir dans un village paumé, entourée de fanatiques prêchant Zuwashi comme une entité divine.

Encore heureux que ces imbéciles ont finalement opté de la destituer suite aux récents événements. On lui aurait dit ça ne serait-ce qu’une journée avant que la Feuille pose ses grosses fesses sur la contrée, elle aurait ri. Cela relève presque du miracle. Mieux vaut tard que jamais, comme dit le bon proverbe. Quoi qu’elle ne considère plus cela son problème. Dès qu’elle a porté un assaut sur le palais du Daimyô, elle s’est décidée à rompre tout lien avec le clan. Au sein de cette belle famille – notons une pointe de sarcasme – cela n’est guère une surprise. La Jônin a toujours contestée ouvertement les choix du clan, ne lésinant sur les mots employés pour exprimer le fond de sa pensée. Non, sa place n’a jamais été parmi ces lunatiques. Même s’ils ont réalisé que leur leader n’était qu’une incompétente soumise, tout comme la bande d’imbéciles qu’ils sont, elle ne veut plus nécessairement faire affaire avec ce clan d’incapables. C’est une insurgée dans l’âme.

En cette matinée ensoleillée, la jeune femme à la crinière sarcelle décida de se préparer deux tartines, simplement. Ouvrant la radio et laissant peu importe ce que ces paysans nomment musique jouer, elle s’assoit à la table et grignote tranquillement, son esprit semi-vacant et son regard voguant dans le vide. Elle refléta sur sa situation précédente et celle-ci. Oui, vaut mieux vivre dans un appartement convenable que dans une sorte de maison improvisé bâti en bois, où les murs et le plafond sont percés. La joie de vivre dans la pauvreté. Certes, elle souhaiterait bien vivre dans un endroit isolé, loin de toute activité humaine pour éviter de se prendre la tête avec toutes les distractions extérieures possibles, mais l’on ne peut obtenir ce que l’on désire le plus.

Une répétition de heurts tonna à la porte. Shiki mit un moment avant de se lever et se diriger vers l’entré, se questionnant tant qu’à la possible identité du visiteur et pour quelle raison l’on perturbe sa grâce matinée. Un ami ? Ouais, comme si elle possède ce genre de truc. Un membre de ladite bonne famille ? Si tel est le cas, il risque de prendre cher. La Shinobi ouvrit la porte, prête à offrir un accueil digne de ce nom au perturbateur. Néanmoins, l’intrus n’était guère un individu qu’elle imaginait initialement. Il s’agit simplement d’un Konohajin portant son uniforme. Ce dernier se présenta et s’excusa du dérangement, mais la Senritsu ignora complètement cette partie et le toisa. Qu’il explique la raison de sa présence et qu’il dégage au plus vite. Ce dernier expliqua qu’elle est convoquée par l’Hokage. Sur ces mots, il se retira.

Closant la porte, elle soupira. Décidemment, elle n’aura pas le droit à un repos mérité. Il n’est que dix heures, bon sang. Normalement, elle est encore dans les bras de Morphée. Ceci dit, elle se vêtit de son accoutrement punk habituel. Pas question de mettre une belle robe et du maquillage uniquement pour les beaux yeux de la septième Ombre du Feu. Manches retroussées, elle mit intentionnellement en valeur son tatou dont elle est si fière (note de l’auteur : il est joli, hein ?!). Prête, elle quitta son domicile et alluma aussitôt une cigarette. Ce qu’elle donnerait pour de la bonne herbe. C’était facile de s’en procurer dans sa région d’origine. La drogue est un marché populaire au pays des Vagues, une contrée qui subit depuis des lustres le fléau de la pauvreté. Ici, ce sera un tantinet plus difficile d’y avoir accès. Tirant de longues lattes sur sa clope, elle se dirigea à pas de tortue vers le grandiose palais au pied de l’immense falaise. Arrivée sur place, elle toqua à la porte du bureau de l’Hokage et attendit le signal pour s’introduire à l’intérieur.

• Senritsu Shiki. Vous m’avez demandé, madame ?

Haussant légèrement un sourcil, elle révisa les mots employés et conclue que les termes choisis ne sont peut-être pas les meilleurs pour s’adresser à un individu de ce rang. Quoi que, à ses yeux, cette femme n’est qu’une humaine parmi tant d’autres. Hélas, ce qui est dit est dit, au diable la première impression. Mains dans les poches de son blazer, elle se tient debout face au bureau de la manchote, accompagnée de son fidèle acolyte la secrétaire de la défense nationale qui n’est pas capable de tenir un secret pendant plus d’une heure.

La conquête de Nami s’était terminée, mais l’enquête vis-à-vis du Daimyo stagnait. Notamment car plusieurs acteurs principaux étaient grièvement blessés mais également car il fallait sécuriser le pays. Mizuki était fin prête à assigner les différentes missions à plusieurs équipes de Konohajins. Le temps de fignoler quelques détails quand enfin on frappa à son bureau. Gratifiant le visiteur d’un « Entrez », l’ANBU devant la porte referma cette dernière alors que la jeune femme qui avait été convoquée venait de rentrer.

Oui en effet, mais asseyez-vous je vous en prie.

L’invitant à s’asseoir d’un geste de sa main de métal, l’Aburame se recula dans son fauteuil, joignant ses mains entre elles.

Je tenais à vous remercier personnellement de votre participation lors des événements s’étant déroulés à Nami no Kuni, et ce à l’encontre des directives de votre clan qui a préféré laisser Konoha mener bataille à sa place. J’ai cru comprendre que vos relations avec eux ne sont pas au beau fixe, j’espère malgré tout que votre installation à Konoha s’est bien déroulée et que le changement d’air vous sera … bénéfique.

L’une des uniques Senritsu à s’être dressé contre ses oppresseurs. Les autres membres de son clan, même si elle s’en détachait, avaient beaucoup à apprendre d’elle. Certes Zuwashi était irrécupérable, mais les autres pouvaient briller s’ils s’en donnaient les moyens, à l’image notamment des deux frères Senritsu dont elle avait oublié le nom et qui avaient été d’une aide précieuse dans la récupération de documents d’une grande valeur.

Vous l’aurez compris, nous avons choisi de vous nommer Jônin de Konoha, afin de faire de vous un symbole pour les membres de votre clan, leur prouvant que Konoha souhaite compter sur eux et les intégrer du mieux qu’il est possible. Qu’ils comprennent que nous attendons d’eux qu’ils s’investissent et que notre confiance sera à la hauteur de leur investissement. Cependant vous vous en doutez il y aura quelques formalités, avant d’officialiser tout cela, afin de nous assurer que vous serez à même d’endosser l’autorité et les responsabilités associées à ce grade.

Regardant Mizuki, Miko la laisse continuer, après tout c’était elle qui se souvenait des horaires des évaluations médicales, psychologiques et physiques.