-Sous la ligne d'horizon, monsieur James.

-M'c'est où ?

-Ici. Jetez l'ancre ! Repliez les voiles !

Un "jetez l'ancre" retentit dans toutes les voix de l'équipage de l'Emissaire. Le temps clair et le calme de la mer étaient de bonne augure pour la jeune Capitaine Gekei et sa bande de forbans; Kawa, dernier pays libre et capable d'assurer sa sécession du monde shinobi, quant à lui, annonçait le nouveau vent sous lequel navigueraient les esprits libres qui peuplaient le pont de l'édifice de bois. Sur cet immense échiquier qu'était le monde Saru se devait de calculer avec prudence. Déjà la brise annonçait la nouvelle de la tombée de Nami. Que ce soit aujourd'hui ou demain, ce n'était plus qu'une question de temps, à écouter le Vieux Jack. Ce dernier avait d'ailleurs entreprit d'éduquer l'ancienne commando Kirijine. Lectures et navigation furent son pain quotidien jusqu'à ce jour. Les enseignements avaient d'ailleurs portés leurs fruits: tout le monde ne se targuait pas de connaître l'astuce de la ligne d'horizon et encore moins d'en connaître la limite.

Le bâtiment arrêté, la Gekei descendit sur le pont et tint à peu près ce langage.

-Messieurs, notre quête nous mène aujourd'hui devant les côtes Kawajines. J'irai personnellement m'entretenir avec notre avenir et vous reviendrai avec de grandes perspectives. Jusque-là, le Vieux Jack prend ma place au commandement.

Après un regard à son second et mentor elle s'affaira à sauter pour atterrir sur la mer. Sous la ligne d'horizon, son équipage était invisible, espérons qu'on ne vienne pas l'y dénicher.

***

Après un temps de marche dont le narrateur ne vous parlera pas, la Gekei pénétra la "Mégalopole". Le treillis Kirijin qu'elle portait en bas, sa chevelure hirsute, son air mauvais et la longue et poilus extrémité animale qui la suivait attiraient les regards. Personne n'osa cependant à se frotter à une authentique ancienne militaire de l'armée la plus renommée du monde. Son épaisse musculature aidait aussi. La géante Kawajine n'était pas un lieu réputé pour sa salubrité, aussi voilà pourquoi la prestance gagnée comme meneuse d'hommes fut mise de côté. Ses anciennes attributions lui avaient appris à ne surtout pas dévoiler ses arrières; si l'un des petits regards d'un plus grand visionnaire rapportait qu'un authentique pirate se baladait dans la foule, le risque qu'on affrétât quelques vaisseaux pour trouver l'équipage grandirait trop. Et puis un Capitaine qui demande son chemin, ce n'est pas très classe...

Et oui ! Saru n'avait aucune idée de la localisation exacte du point de rendez-vous. Elle connaissait le nom de l'établissement mais pas la ville. On lui indiqua tout de même au fur et à mesure.

***

Disons qu'elle était enfin arrivée. Oui, disons que ses pieds nus foulaient déjà le sol du lugubre endroit. Le Singe mirait les tables, mettant à profit la lenteur de son pas et l'imposante démarche qui était la sienne. Après ces derniers temps passés en mer, l'animal redécouvrait les établissements du type, les regards perdus, les provocations indirectes, les ragots qu'on s'inventait. Ce monde qu'elle respirait il y a peu lui emplit l'esprit, douces retrouvailles. Le tenancier ne l'avait pas quitté des yeux, rituel habituel pour le nouveau client. Connaisseuse, la kunoichi arrivée au bar sortit un bout de papier usé pour ne pas que l'on remarque la suite de la conversation. Quoi de plus normal qu'un mercenaire à la recherche de renseignements ? Qui irait prêter oreille à pareille conversation dans une ville comme celle-ci ?

-Vous connaissez cette personne ? Demanda-t-elle en plaquant le papier sur lequel on lisait l'inscription suivante: "Ta couleur préférée et une bière".

-Red...

Flanquée dans mon appartement miteux d'un temps. J'entendis la bouilloire se mettre à siffler violemment. Le thé pouvait être servit. Assise sur le divan, j'étais depuis une bonne demi-heure occupée à entretenir mes armes. Ainsi nombre de pièces détachées métalliques jonchai sur la table basse. Je me relevai jusqu'à la cuisine, m'apprêtant à empoigner la bouillotte lorsqu'on vint frapper à ma porte. Trois coups lent séparés par quelques secondes d'intervalles puis... Plus rien. L'individu derrière reparti sans demander son reste. Il s'agissait d'un signal. Sitôt je tournais la tête en direction de la fenêtre, concentrant mes capacités sensorielles en direction du bar situé en face de l'immeuble. Je pus ressentir une source de chakra se distinguer des autres.

Finalement mon mercenaire avait répondu à l'invitation. Je pris quelques minutes supplémentaire le temps de ré-assembler mon équipement avant de dissimuler ele tout sous mon long manteau en tissu. Une fois sortie je descendis les marches quatre à quatre, traversai la rue pour me rendre dans l'établissement en face. L'intérieur était toujours aussi mal famé, empestant la sueur, le tabac et l'alcool. Je me dirigeai sitôt vers le bar d'où je fis la rencontre cette femme à la carrure imposante et aux airs sauvages.

-Heureuse de faire votre connaissance capitaine Saru. Dis-je dans un léger sourire en tout en m'installa sur le tabouret adjacent au sien.

Le barman m'adressa un regard insistant comme pour me demander si je souhaitai commander quelques choses. Je lui signai d'un non de la tête, ce qui eut l'air de ne pas lui plaire, mais lui glissai tout de même quelques billets en guise de paiement pour son relais d'informations. Il eut un air entendu puis retourna nettoyer ses verres comme tous clichés de barman qui se respectait dans une œuvre. A croire que ces derniers passaient leur journée à faire cela. Hors l'entretien de son service ne faisait pas vraiment parti de mes préoccupations du moment. Aussi tournais-je la tête en direction de la Gekei.

-Je suis Saibogu Red et je ne vais pas y aller par quatre chemin. Comme vous le savez j'ai l'intention de m'en prendre à l'Empire des Pays neutres. Autrement dit pour l'éradiquer et pour se faire j'ai besoin d'alliés compétents à mes côtés. Je suis actuellement en train de former un groupuscule avec cette intention et comme vous l'avez certainement deviné je souhaiterai que vous en fassiez parti, moyennant finance, cela va de soit.

Je lui laissai le temps d'assimiler les informations, mais également d'émettre des remarques si elle le souhaitai. Encore fois j'avais face à moi un individu aux allures ainsi qu'aux manières plutôt primaire. Ce n'était pas sans me rappeler ce fameux Mamoru rencontré dans un casino qui, dans les faits, semblait aussi peu futé qu'il en avait l'air. Et j'avais peine à croire qu'il en soit autrement pour celle qui me faisait face.

-Vous recevrez vos ordres ultérieurement. Il s'agira de petites missions nécessitant discrétion, vitesse et efficacité. Une réunion aura lieu pour parler plus en détails des actions et moyens qui seront déployés pour ce projet. Naturellement plus la réussite sera grande et plus vous pourrez espérer un retour sur investissement.

La notion de gain est toujours importante lorsque l'on s'adresse à un mercenaire, même si dans le cas des précédents nukenin que j'avais rencontré, elle n'entrait pas en ligne de compte. Quelque part il était assez satisfaisant de voir que mon armée prenait forme petit à petit. Ce faisant je levai un index à l'encontre du barman qui cessa de nettoyer ses verres pour me servir un que je fis aussitôt glisser à l'attention de la Gekei.

-Ces conditions vous conviennent-elles capitaine ? Dis-je tout en lui adressant un sourire plein d'arrogance.