Ah non, rectification. Il ne nous emmena pas à bout de bras. Il l’emmena lui, moi il me lega à Aedrean comme un vulgaire sac à patate. P’tit merdeux, je te ferais bouffer tes couilles pour me manquer autant de respect. Et ça vaut aussi pour toi l’esquimau ! Vouloir partir sur de nouvelles bases tu parles ; si ça avait été vraiment le cas, d’une il ne serait pas plains, de deux il m’aurait porté avec un de mes bras sur ses épaules plutôt que me tirer par le col comme un clébard, et enfin de trois il n’exigerait pas un donné pour un rendu …
Heureusement, lorsqu’il me chuchota cela, il était suffisamment proche pour que je lui réponde malgré mes cordes vocales abimées :

« Avec joie … Tu auras droit à mon meilleur traitement, pour toute cette gratitude … » D’une voix particulièrement rocailleuse.

C’est vrai quoi, j’ai moi-même protéger Kiseki au cours de l’examen, et pourtant je ne lui réclame rien en retour. Bon c’est vrai que s’il pouvait me remettre sur pied là, ce serait vraiment chouette. Mais je ne vais pas pour autant aller le réclamer ! Et puis pourquoi tout le monde le traite comme un nabot ? C’est qu’un gosse d’accord mais quand même ! Entre le brun ténébreux qui prévient qu’il le garde à l’œil, et le Samui ensuite qui le traite de gamine … Oh ! Vous êtes au courant que c’est le seul toubib qu’on a sous la main ? Merde quoi ! Un peu conciliation bordel ! Il pourrait tout autant refuser finalement et se barrer d’ici hein, ça n’arrangerait personne et lui serait tranquille. Alors les mecs, soyez sympa et respectez-le un minimum ! … Ah mais c’est vrai, ils ne lisent pas dans mes pensées … Heureusement d’ailleurs.

Enfin le jeune médecin, dans un premier temps outré par cet accueil, fit preuve de maturité et laissa couler les querelles et les pics lancés à son encontre. Une bonne chose. Nous pouvions quitter Suna sans nous arrêter à nouveau, et observer au passage les dégâts colossaux qu’avait subit le village du désert. Impressionnant d’ailleurs. Il faudrait une sacrée armée pour atteindre un tel niveau de destruction, mais y en avait-il justement une ? Avec tous les combats disséminés partout, les morts et les blessés qui s’accumulent sans aucun doute à une vitesse folle, est-ce qu’il reste encore une telle quantité de combattant pour rayer à ce point des lotissements entiers de la carte ? Peu probable, très peu probable.
Mon regard croisa alors celui d’un enfant au milieu des débris, en pleurs alors qu’il tirait sur le bras de ce qui devait être l’un de ses parents, sans accepter l’évidence flagrante. Le pan de mur couché sur quasiment tout le reste du corps ne laissait pas de place au doute, les flots de sang non plus et pourtant le petit continuait de vouloir le sortir de là. Bon sang, j’avais l’impression de me revoir après la destruction de Kiri, tirant ma mère des gravas pour finalement s’apercevoir qu’il ne lui restait que la partie haute de son torse … Je suis désolée petit, tu vas toi aussi devoir grandir seul maintenant … Pardon.

L’envie d’aller le réconforter n’était pas négligeable, loin de là, mais c’était impossible. Bon sang, j’avais l’impression de passer pour une lâche. Pour une meurtrière aux yeux de cet enfant couvert de sable et de sang.
Je baissai la tête et m’essuya discrètement les paupières. Faudrait pas non plus qu’Aedrean me voit pleurer pour ça, il serait capable de se foutre de moi gratuitement. Ni lui, ni les autres d’ailleurs. Même si verser des larmes n’est pas une preuve de faiblesse, avec des gens comme lui ou Kurasa, ça en devient une. Et si ce Ozaï est du même gabarit que ces deux-là, je ne suis décidemment pas dans la moïse.

« Ne perdez pas de vue notre objectif de l’instant. » Cria le nukenin brulé à coup de lave, en tête de cortège. « S’échapper de Suna et rejoindre Kawa no Kuni le plus vite possible. »

Si loin … On va devoir traverser le désert hein, les mecs vous en êtes conscient au moins ? Oh punaise, ils sont au courant en plus ! Oh les cons !
Plusieurs heures plus tard, à courir dans les dunes et sauter dans les canyons, nous arrivâmes enfin à la frontière des deux pays. En chemin d’ailleurs je m’étais permis de réellement m’accrocher à Aedrean, un bras sur ses épaules, toute collée contre lui, il ne devrait pas avoir à se plaindre. Rassurez-vous, je faisais tout de même attention à éviter toute main baladeuse, volontaire ou non.
Bref, une pause s’imposa depuis le sommet de ce morceau de montagne, avec le territoire de Kawa no Kuni s’étendant devant nos yeux, et la capitale bien en vue par l’épaisse fumée polluée qu’elle dégageait. Un endroit malfamé, où tous les grands vilains de ce monde se retrouvent. Je n’y avais encore jamais posée les pieds mais on disait de cette ville qu’elle était moderne, dangereuse et surtout corrompue. Un lieu gouverné par la mafia, où l’ivresse, la luxure et les jeux d’argent sont monnaie courante. Les casinos et les sex-shops proliféraient même comme des petits pains, parait-il. Est-ce que ce ne sont que des rumeurs, où sont-elles vraiment fondées ? Excellente question. La capitale serait d’ailleurs sous la coupe d’une dénommée « Grande Grue ». Une illustre inconnue à mes yeux, mais certainement pas quelqu’un de très recommandable ; pour être à la tête d’une telle ville de débauche.

« Kof kof … Hey Kurasa, fallait le dire si tu voulais nous inviter chez toi, ahah ! » Lui lançai-je en toussant, toujours avec la voix aussi usée.

La blague était moisie, mais il fallait sortir un truc, au moins pour ponctuer cette nouvelle étape de l’aventure. Nous descendîmes peu après jusqu’à la dite ville, guider par le Tenbatsu jusqu’à un hôtel, ou ce qui pourrait ressembler à un hôtel. Difficile à dire et à décrire en fait, tant le bâtiment était petit mais spacieusement vide. A moins que ce ne soit un hangar de fortune ? La porte coulissait sur des railles, justement comme les vrais hangars des villes « normales ». Bon, appelez-ça comme vous voulez, pendant ce temps moi je vais m’assoir sur cette caisse pleine de bouteille de bière et de … de peluche ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Pourquoi y a des lapins en peluche ici, au milieu d’innombrables alcool à température ambiante ? Ce ne serait quand même pas pour amortir les chocs lors des transports, si ? Punaise ce serait vraiment pas con comme idée en plus.

Ordre de poste:

Un vrai marathon ! Voilà la distance que nous avions parcourue. La distance d’un marathon multiplié par 10, sinon plus. Je vois au regard de la seule kunoichi du groupe qu’elle estime que nous devons être de véritables forcenés. Des bêtes de travail ou des bêtes de sommes ne sachant guère rechigner devant l’attelage et le labeur ! Elle a probablement raison. Du moins, si tel est sa pensée. Car si mon plan initial, consistant à rejoindre un endroit calme dans un oasis non loin de Suna afin d’y faire halte -le temps d’une nuit, histoire de reprendre des forces-, me semblait correct, malgré les dangers potentiels, Tenbatsu Kurasa, lui, estimait que ce n’était pas assez ambitieux. Il visait Kawa no Kuni. Et ce, en une traite ! Enfin, j’exagère à peine. Quoi qu’il en soit, la rivalité instaurée par le mec aux cheveux blancs fit que Kiseki lui emboîta le pas et même le devança ! Je devais bien suivre le rythme. Rester à la traîne ou montrer le moindre signe de fatigue serait insultant vis-à-vis de ma personne. C’est pas ce gamin aux biceps naissants et encore moins cet ahuri qui allaient se faire passer pour plus endurants que moi ! Même si je portais Kurasa, qui au passage, il faut le souligner, est plus lourd que la kunoichi, je me devais de presser le pas encore et toujours le temps que cette distance soit atteinte au rythme des grands sauvages que sont Kiseki & Aedran !

Une fois à la frontière, chacun put enfin goûter à un peu de repos, le tout non sans faire mine de n'avoir guère souffert du trajet. Pour ce qu’il en est réellement, après la disparition de mon clone, j’avais le sentiment qu’une légère courbature se faisait ressentir là… dans mon dos. J’espère pour moi que ce n’était pas un tour de rein. Mais dans le doute, en effectuant une promenade de repérage, j’allais me trouver une bonne masseuse apte à me remettre sur pieds. Mais dans un premier temps, il me faudrait mettre un bon coup de pression au pti Kiseki. Ce serait lui qui serait chargé de soigner Kurasa et la Kunoichi. Autant qu’il sache que je l’ai à l’œil. L’homme de Kumo est quelqu’un d’important dans le dispositif du Youhei no Sekai. Tout comme Kiseki d’ailleurs, à la différence que le petit homme est pour le moins incontrôlable. Avec le temps, il est quasiment certain qu’il s’est éloigné de notre idéologie première. Nous aurons peut-être à discuter de tout cela plus en profondeur…

Nous nous sommes tous déplacés jusqu’à un hôtel. Je ne sais guère pourquoi, mais je pressentais que ce petit monde réuni ici serait au départ d’une nouvelle histoire fort enrichissante pour chacun de nous. Je regardais chacun des personnages ici présents. La kunoichi dont je ne connaissais toujours pas le nom, Sana Kiseki, Tenbatsu Kurasa et l’autre gaillard infatigable. Si tous rejoignaient le YNS, alors le contrôle de Ta no Kuni s’en irait grandissant de même que le mercenariat et les affaires en général. Au fil du temps, je leur en toucherai tous un mot, si bien entendu, Kurasa ne l’avait pas déjà fait. Mais chaque chose en son temps. Pour l’heure, j’avais surtout besoin de me changer les idées.

_ Kiseki, occupes toi d’eux. Une fois que t'en auras terminé avec Kurasa, nous pourrons nous échanger par la suite.

Un regard hautain, malgré les tournures de phrases, c’était malheureusement un ordre que je donnais au petit gars. Malgré son changement d’aspect physique, malgré les années ayant passé, j’ai toujours le sentiment d’avoir devant moi, la dernière recrue du YNS. Le sbire… Je me tourne vers le gaillard.

_ Hey Ducon ! C’est bon ? T’as pu recoller les morceaux avec elle ?

Je faisais un signe de tête en direction de la kunoichi histoire de lui faire comprendre que c’est d’elle que je parlais.

_ Tu m’en dois une tu sais ? Bien. Allez ! Ramènes toi qu’on aille repérer les environs.

Sans attendre sa réaction, je lui tournais le dos et me dirigeais vers la sortie. Mes mains s’activaient cependant et au moment où je franchissais le pas de la porte, un double de moi se tint à côté. Tranquille dans son coin, cet autre moi connaissait déjà sa mission : ne pas perdre de vue Kurasa et Kiseki. Nous avions perdu assez d'années comme ça pour ne pas en rajouter.

Spoiler:

Nous étions donc partis en direction de Kawa dans une Mégalopole où règne une vie de débauche à base de pute et de jeux ! Un endroit rêvé… Pourquoi n’avais-je donc jamais pensé à migrer vers là-bas ? Je suis persuadé que ça allait me plaire… En attendant, nous étions encore dans un désert aride… Je continuais de progresser rapidement tout en suivant mes partenaires de fortunes. Je commençais à être essoufflé et de la sueur s’accumula sur mon front rendant celui-ci plus luisant. Sur la route, Milly s’était permis de se cramponner en mettant un bras sur mes épaules… Je grimaçais à la fois de gêne et de méchanceté. Pour qui se prenait-elle ? Je laissais les choses faire. Quoi qu’il en soit, je l’avais quand même entendu balbutier quelques mots tout à l’heure, mais je n’étais pas assez concentré pour savoir de quoi elle parlait…

Sur le chemin, nous avions croisé beaucoup de choses… Des blessés, des combattants, des débris qui avaient écrasés certains habitants… Le village était à feu et à sang ! J’aimais ce genre de paysage où des écrans de fumée montaient par ci par là dans le ciel prouvant la destruction d’un village voué à l’échec ! De même, ce gamin dont la mère avait la moitié de son corps écrasés sous des roches… Encore en vie mais plus pour très longtemps, avec ce gamin qui tentait tant bien que mal de débarrasser sa mère de tout ça… Allez mon grand, essaies encore… Pensai-je tout en souriant sous son incapacité à aider autrui… Il apprendrait une chose avec ça… C’est que nous sommes toujours seul… Il faut simplement s’aimer soi-même… Il faut vivre pour soi, ne penser qu’à soi, et tout faire par intérêt.

Après plusieurs heures de lutte acharnée, nous étions arrivés dans un genre d’hôtel avec une porte métallique sur rail… Le bruit sourd de celle-ci glissant sur le sol m’irritait les tympans, et je n’avais qu’une envie à ce moment… Détruire la porte… J’aidais donc Milly à s’allonger avant de m’éloigner d’elle le plus rapidement possible. C’est bon. Nous avions suffisamment été proches, tout cela pouvait s’arrêter dès maintenant ! Je jetais un œil sur elle… Elle était mal en point, mais ce petit merdeux de médecin qui pisse plus haut que son cul pourrait la soigner. Il semblait sûr de lui… Il inspirait la confiance en ses capacités… En ses capacités seulement ! L’autre mec qui ressemblait à un noble bourgeois me regarda de haut tout en m’interpellant par un « Hé ! Ducon »… J’haussais un sourcil tandis que mon regard noir vint percer ses pupilles. Avais-je recollé les morceaux avec elle ? Il n’aurait pas la réponse. Du moins, je ne pouvais me permettre de lui répondre maintenant sachant que – comme seule réponse, il aurait juste eut ma main dans sa gueule… Néanmoins, il m’invita à le suivre pour repérer les environs… Je le suivais non pas par envie ou pour respecter son ordre à la con… Mais si je pouvais le tuer à l’abri des regards indiscrets…

Je m’approchais donc de ce couillon et une fois à sa hauteur, sans même le regarder, je le dépassais tout en prononçant ces quelques mots d’un calme olympien certes, mais d’une fureur sans précédent laissant une aura maléfique se dessiner autour de moi.

« C’est la dernière fois que tu m’appelles comme ça… »

Puis je fléchis avant de disparaître sur un toit aux alentours sans daigner l’attendre… S’il avait quelque chose à me dire, qu’il essaie donc de me rattraper… Après tout, il était déjà à la traîne sur le chemin… Kurasa était peut-être plus lourd, mais je crois sérieusement qu’il sous estimait les boobs de l’autre tas d’os… Tss…

La mégalopole. Une zone de non-droit ancré au cœur du Pays des rizières. Un lieu infesté de divers personnages ayant tous la même caractéristique qu’est celle d’appartenir à la face obscure de ce monde. Les moins dangereux d’entre eux n’étaient que de simples civils, se livrant corps et âmes à divers péchés au sein de cette cité dans laquelle l’ivresse et les jeux sont rois. D’autres appartenaient directement à la mafia et profitait de cet endroit pour jouir de leur argent en toute sécurité. Puis il s’y trouvait des ninjas, Nukenin pour la grande majorité, cherchant refuge, plaisir ou encore des possibilités de recrutement. Il ne fallait surtout pas oublier le personnage le plus illustre de cette ville si particulière. La Grande Grue ! Quiconque ferait l’erreur d’omettre son existence assombrirait la sienne ! Cette belle dame, que peu de gens avaient la chance de rencontrer, dirigeait le plus grand réseau mafieux du monde, le Johoukokan, et était impliqué dans des affaires secrètes avec bon nombre de personnalités. Tout ce beau monde profitait alors de cet endroit qui bénéficiait de la chance de ne pas avoir encore été pris pour cible par les grandes Nations qui l’entouraient…

C’est donc au sein de Kawa que le groupe de ninjas échappant au chaos de Suna prirent enfin la peine de s’arrêter. Leur voyage fut long, éprouvant et n’avait en rien arrangé les affaires des deux blessés ! Les soins étaient urgents et nécessitaient du sérieux de la part de chacun des membres composant ce groupuscule. Malheureusement, ce dernier point était loin d’être accompli tant les tensions inutiles ne cessaient de proliférer entre chaque personnage, malgré les regards noirs et les rappels du Tenbatsu ! Soit, il se chargerait de le leur faire clairement comprendre une fois remis sur pied. Pour l’heure, ils pénétraient tous au sein d’un bâtiment qui appartenait à un espèce de petit chef mafieux que les gens surnommaient « Takayuri le Rock ». En vérité, ce n’était qu’un pion du Nukenin avec lequel il était rentré en contact par le biais de la Grande Grue. Une rencontre qui fut arrangée dans le seul but d’aider Kurasa à tisser un début de toile dans le côté obscur du système shinobi…

Quoi qu’il en soit ! L’ancien Kirijin et la cheffe du clan Kaguya furent transportés dans une pièce destinée pour accueillir des gens qui avaient besoin de soin. Ozaï et Aedran accomplirent tous deux leur tâche jusqu’au bout en aidant les blessés à être installés, bien que dans un des cas cela fut fait à contrecœur. Si chacun avait son lit, le matériel médical était réduit au strict minimum. Il fallait espérer que Kiseki avait suffisamment de surprises cachées dans des parchemins ou simplement grâce aux pouvoirs médicaux qui résidaient entre ses mains. Car le Nukenin en était conscient, sa blessure était extrêmement grave. Adossé contre l’extrémité du lit, ce dernier observa la scène se dérouler sous ses yeux en attendant que les premiers soins arrivent. Bien sûr, il remarqua la présence du clone du ninja aux allures de noble, rodant encore dans les coins comme un garde du corps. L’occasion pour l’ancien prisonnier de Kumo de lui adresser quelques mots…

« Ozaï, tu peux partir. Kiseki ne fera rien d’inconscient, crois moi, alors tu n’as pas besoin de rester ici. Et retiens bien ce message, que ce soit Aedran ou Milly, ce sont mes alliés. Si tu veux t’amuser avec le Samui, soit. Mais garde en tête qu’il est le frère du Shodaime Mizukage et est aussi talentueux que nous. Il serait dommage pour nos futurs projets de perdre l’un de vous deux.

Quant à nous… Nous aurons le temps pour discuter un peu plus tard, lorsque que je serais de nouveau sur pied et que tu seras revenu. Il y a bien des choses qui se sont passées depuis tout ce temps. »

Le ton était froid, comme d’habitude, mais semblait avoir un caractère inhabituel. Comme si Kurasa avait un premier message à faire passer. En effet, Ozaï pouvait être considéré comme un des supérieurs de l’ancien shinobi du village de la Brume, du temps où le Youhei no Sekai était encore en pleine activité sous les ordres de Yamanaka Hiro. Seulement, bien des mois passèrent depuis que ce dernier avait quitté l’auberge de Ta dans laquelle l’organisation siégeait. Il connut plusieurs affrontements âpres, la prison pendant son aventure à Kumo et il fit de nombreuses rencontres ! Mais plus que tout, sa puissance avait diablement augmenté depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus ! Alors cette façon de parler était comme pour le lui indiquer. Lui faire comprendre que la hiérarchie entre eux deux avaient disparu, bien qu’ils restaient toujours de fidèles alliés. Du moins, il espérait encore pouvoir compter sur lui.

Cependant, le clone du mercenaire n’en démordu pas et refusa de quitter la pièce. Kurasa ne prit pas la peine de lui répondre, mais ne comprenait pas pourquoi son camarade se montrait si suspicieux envers le jeune médecin. Selon lui, il n’y avait rien à craindre de la situation, mais peut-être qu’un événement lui échappait encore à l’heure actuelle. Il fallait dire que le fait que Kiseki rejoigne les rangs de l’Empire fut une nouvelle assez surprenante lorsqu’elle sortit des lèvres de la Grande Grue. D’ailleurs, voilà que le petit scientifique faisait son entrée pour endosser le rôle qui lui convenait le mieux ! Celui de médecin ! L’occasion pour lui de montrer tous les progrès qu’il avait également faits depuis tout ce temps !

Spoiler:

L’enfant était clairement rapide. Ses longues enjambées lui permettaient d’effectuer d’importantes distances, la régularité de sa respiration malgré le parcours dans ce désert prouvait son endurance et sa capacité à évaluer les besoins de son corps et y répondre en temps ne faisait qu’améliorer cette performance. En somme, il ne perdait pas son temps à reprendre inutilement son souffle suite à un effort stupide ou à s’arrêter pour boire de tout son soul car il aurait oublié de s’hydrater en plein désert.

Même au sein du Shukai, ses capacités physiques avaient été remarquées. L’adolescent était toujours premier parmi les autres recrues dans les courses, les sauts en longueur … Les médecins prétendaient qu’il devait se droguer mais ils ne trouvaient rien dans les analyses sanguines. La vérité ? Il se droguait réellement avec de multiples pilules expérimentales. Quant aux analyses, il ne donnait que les analyses trafiquées ou d’un autre être lambda. Il n’avait nullement le temps de se plier aux règles pudiques et peureux de ces scientifiques. Il fallait avancer, et il fallait oser pour cela.

De plus, il avait l’assurance – selon ses calculs et recherches – que ses « drogues » développées n’avaient aucun effet négatif sur sa santé comme d’autres drogues extrêmement mal dosées, et mal faites ! Il n’était pas stupide à se défoncer à coup de javel, de fumier et de déchets humains, tout de même. Cependant, inconsciemment, cette chose détruisait autre chose en apportant la force physique et la vivacité intellectuelle …

- Oui Oui, Ozai, se contenta de répondre le médecin avec insouciance.

Cependant, il retenait particulièrement le manque du « s’il te plaît », encore. Etre Nukenin ne signifiait pas outrepasser certaines hospitalités, surtout lorsqu’il était question de vie ou de mort. Malheureusement, ce grincheux ne resta pas longtemps, et ne les abandonna pas non plus. Un double était posé.

- Quelle confiance, soupira l’adolescent.

« Et quelle autorité » pensa le jeune garçon. Ozai ne démordait pas malgré les demandes de Kurasa. L’adolescent espérait sincèrement que le double avait l’estomac solide car pour les deux, l’opération allait être tout, sauf un plaisir. Il pourrait perdre son temps à guérir un à un, à coup de petits halos verts, mais chaque minute perdue n’allait qu’aggraver d’avantage leur cas.

- Milly, saches que tu t’es bien libéré les tranchées, ironisa le médecin après avoir fait une première examination. Les cendres sont bonnes pour se débarrasser des vers solitaires, selon une recette de grand-mère. Mais pas chaud …

Il s’était tu après avoir ouvert la bouche de la blonde, planté un bout de bois et étudia un peu tout cela. Que devrait-il faire ? La cendre a du disparaître bien longtemps, mais les brûlures internes étaient là.

- Quant à toi, saches que les femmes aiment davantage les mecs avec de l’expérience niveau combat. Du moins, à Nami, dit-il en lançant un regard dégouté au bras calciné de Kurasa. Sérieusement, comment tu t’es fait ça ? C’est … plus qu’une brûlure. Je n’ai jamais vu ça.

Quel que soit la source de la blessure, cette dernière avait été extrêmement violente. Nerfs, tendons, muscles, chair, os … C’était presque un méli-mélo dérangeant. Même pour Kiseki. Le petit médecin se retourna et commença à desceller ces divers outils chirurgicaux. Il ordonna en parallèle à Ozai quelques compléments, en termes de linges propres, d’outils ou encore de plantes ou breuvages particuliers. Sifflotant, les gants latex blancs aux mains, la blouse blanche sur lui, il souleva une piqûre qu’il dosa attentivement.

- Il est temps de se reposer.

Il se retint de dire « il vaut mieux que vous dormiez ». Le réveil allait être douloureux, mais rien n’était donné en ce bas-monde.

Mais revenons à nos histoires. Vous savez, un nukenin c’est globalement un solitaire, quelqu’un qui est habitué à vivre seul, à ne dépendre de personne ou du moins de personne possible. Et bah avec Ozaï c’était exactement ça. Aucune politesse, de la frime tout le long à regarder tout le monde de haut. Voilà encore des ordres pour le petit médecin … te laisse pas faire Kiseki ! Il n’a pas à te parler comme ça oh ! Si tu veux je t’aide à lui briser un truc, de toute manière il commence franchement à me taper sur le système aussi. Pas croyable ça, il parle mal à tout le monde ! Même à Aedran en l’appelant « du con » ! Alors bon je ne porte pas le Samui dans mon cœur, et si je pouvais le balancer par la fenêtre un de ses jours ça ferait énormément de bien, mais quand même quoi ! En plus mec t’es moche ! Avec tes longs cheveux noirs tout raides et ton chignon sur le haut du crâne, cette stature de noble péteux.
D’ailleurs l’esquimau lui fit remarquer qu’il était allé trop loin en le surnommant de la sorte. Mais bon, ça n’empêcha pas Ozaï de rajouter à mon attention que je lui en devais une aussi.

« C’est ça ouais, compte là-dessus. » Lui répondis-je avec nonchalance suivit d’un doigt d’honneur sitôt qu’il eut le dos tourné.

Une dette envers lui, qu’il aille se torcher le cul avec, ça aura plus d’effet. Entre les deux, Aedran la mérite bien plus que lui, très largement.
Mauvaise nouvelle cependant, même si l’original partait avec le Samui en balade touristique, il laissait quand même sur place un double de lui-même, comme pour nous garder à l’œil. Pauvre cloche. Si ça te plait de te faire des ennemis gratuitement, continue comme ça tu es sur la bonne voie.
Kurasa profita de la présence stoïque du clone pour tenter de le rassurer et de lui faire comprendre qu’il pouvait partir tranquille. Mais cela n’eut aucun effet, et surtout il venait de dire quelque chose de très surprenant. Aedran serait le frangin du premier Mizukage ? Sérieusement ? Mais pourtant il n’a pas l’air si vieux que ça, et puis pourquoi le frère d’un ancien leader de Kiri s’amuserait à exterminer des civils de l’archipel ? Ce même archipel que le Shodame avait tenu à conserver, dans la limite du raisonnable. Ça n’a aucun sens. Comment ce sale gosse pourrait être avoir un tel lien de parenté, hein ? Les probabilités sont très faibles, mais bon vous savez comme moi que les histoires de famille sont souvent très complexes. Si ça se trouve ils se sont chamailler, l’un n’a pas eu son sandwich aussi garni que l’autre et paf Aedran est passé du côté obscur.

Je ne pus cacher un petit rire en imaginant une telle scène, qui en plus pourrait être vraie ! C’est ça le pire ! Ahah, bon installons-nous, les soins vont commencés. J’allai m’assoir sur l’un des lits de fortune, le parcours agrémenté encore de quelques toues.

« Milly, saches que tu t’es bien libéré les tranchées. » fit Kiseki le médecin après avoir checké les premiers dégâts. « Les cendres sont bonnes pour se débarrasser des vers solitaires, selon une recette de grand-mère. Mais pas chaud … »

Comment ça ? Des vers solitaires ? C’est quoi ce truc ? C’est vrai que je recommençai à pouvoir parler mais je toussais encore beaucoup et ça faisait mal. Seulement que je voulue lui en demander plus, je me retrouvai avec la bouche grande ouverte et un bâton dedans qui fouille. C’est … assez gênant. Ça reste un gosse quand même, je dois avoir facilement dix ans de plus que lui, si ce n’est pas plus …
Bref, quelques commentaires plus ou moins médical plus tard, le jeune médecin nous fit à tous les deux une piqure et hop dodo. Allongée maintenant sur ce matelas pas confortable, mes paupières se fermèrent rapidement sans que je puisse lutter et même ma conscience se mit en pause.

Un sommeil noir, dénué de rêve et de repos. C’était comme un arrêt dans le temps, à la différence qu’ici le réveil fut particulièrement désagréable. Les engourdissements atténuaient la douleur au début, mais plus le temps passait et plus les sens se réveillaient. Et ce n’était pas plaisant, en plus d’être très étrange. Un terrible mal de crâne martelait là-haut, mêlé à des vertiges sitôt que je levais un peu la tête. Enfin je ne voyais aucune cicatrice sur mon corps, ni de déchirement de vêtement. Nous étions toujours dans la même tenue en fait, et heureusement d’ailleurs ! Un peu de pudeur, que diable ! Kiseki est encore un enfant, laissons-lui le temps de découvrir tout ça par lui-même, avec une jolie petite copine, ou petit copain hein, pourquoi pas héhé.
Je me redressai lentement jusqu’à m’assoir sur le bord du lit, les jambes pendant dans le vide. Oulala, la tête qui tourne et qui tourne encore. Pour autant, malgré ce petit désagrément je me sentais mieux. Je ne toussai quasiment plus et la sensation de brûlure à l’intérieur était presque totalement éliminée. Je pris quelques secondes pour maitriser au mieux les vertiges et attrapa une bouteille d’eau. Hop, bue d’une traite !

« Pouah ! Ca fait du bien ! Kofkof … pardon j’ai bue trop vite … » Quelques petites toux encore et je me redressai. « Merci Kiseki, ça va déjà bien mieux. Et je pense qu’avec un bon repas ça ira encore mieux. Toi ça va ? Reposes-toi un peu aussi hein. Et puis te laisse pas faire avec Ozaï et Aedran. Surtout Ozaï en fait … C’est juste un grand prétentieux qui pète plus haut que son cul et qui se coiffe comme une serpillère. Il oublie que quand il lui arrivera des pépins il sera bien content que tu sois là. »

Je vérifiai ensuite si le clone du concerné était encore dans les parages ou non. Certes il aurait mieux valu faire ça avant de médire sur le personnage mais bon, on ne peut pas penser à tout hein ! Et puis de toute manière ce n’est que la vérité, alors tant pis.

Sana Kiseki apparaissait alors et se dirigeait dans un premier temps vers la cheffe du clan Kaguya. Les deux blessés étaient indéniablement dans un état critique, mais les affaires étaient un peu plus urgentes en ce qui concerne le cas de Milly. Comme ce fut le cas pour le Tenbatsu, elle avait encaissé l’attaque du mentor Konohajin de plein fouet ! La seule différence étant que le Nukenin souffrait de graves brûlures au niveau des muscles et des os, allant de l’épaule jusqu’au flanc, alors que la kunoichi voyait ses organes internes attaqués par les cendres ardente. Le jeune médecin s’occupa d’elle et examina l’état général sans pour autant prendre de décision immédiate, vu son âge, il était possible qu’il ne fut encore jamais confronté à de telles blessures. L’originaire de Nami no Kuni devait alors imaginer tous les soins qu’il était capable de faire et puis choisir le meilleur d’entre eux à appliquer. Sans que cela ne soit montré ou dit, il était fort probable que tout échec lui serait fortement réprimandé par Ozai, dont le clone était toujours présent, ou par ce diable d’Aedran…

Une fois la petite inspection de la blonde terminée, le scientifique se retourna vers son ancien camarade et observa le mal qui avait été causé. Sa remarque n’était pas dénuée de vérité. Les dégâts causés par la lave allaient au-delà de la simple brûlure et s’il fallait une preuve, il n’y avait qu’à regarder l’état général de Kurasa et surtout la déformation de son bras qui témoigne de la puissance de l’attaque reçue. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de compter sur les prouesses de Kiseki. Il n’était encore qu’un gamin et faisait souvent preuve d’une arrogance mal placée, néanmoins, ce serait mentir que de dire qu’il n’était pas compétent dans le domaine de la médecine. Surtout qu’un élément l’inquiétait. Depuis qu’il s’était relevé pour entamer cette ultime phase de combat face à ses ennemis venus de Konoha, il n’avait pas pu se servir de son bras et cela ne semblait pas s’être amélioré malgré les heures et les jours passant pendant leur voyage jusqu’à la mégalopole…

« Mon adversaire maîtrisait le Yoton. C’est un clone explosif entièrement fait de lave qui a causé ça. »

Sur ces mots, le Nukenin vit le médecin se retourner vers une table qui se voyait en l’espace de quelques secondes parsemer d’une multitude d’outils chirurgicaux sortis de divers parchemin bien dissimulés. Kurasa ne pouvait que rester dans son lit, toujours adossé contre l’extrémité et le bras gauche allongé le long de son corps, et observer l’adolescent enfiler sa blouse blanche et se mettre en action. L’heure de la piqûre et du sommeil ne tarda pas à arriver, une nuit plutôt agitée l’attendait…

Comme prévue, celle-ci fut loin d’être agréable et fut animé de cauchemars qui hantaient l’esprit du Tenbatsu. Au sein de son inconscient, ses visions le transportaient dans un monde entièrement fait de feu et brûlés ! Il se trouvait au milieu de tout un tas de flammes, ne pouvant échapper à la sentence de l’enfer qui l’entourait. Il y voyait alors sa peau brûler commençant par sa main gauche avant de voir le mal se propager sur tout le reste de son corps, lui ôtant la vie une bonne fois pour toute ! Puis l’ancien ninja de Kiri renaissait et voyait ce processeur recommencer inlassablement !
Tout à coup, il « ressuscita » dans une pièce sombre. Il était en cellule, menotté et mis à genoux. Sa cage était semblable à celle qu’il avait connue lors de son passage au sein des geôles de Kumo, sauf que ses gardes n’étaient autres que des Konohajins. Avait-il échoué à se protéger ? Etait-il devenu plus faible ? N’était-il pas parvenu à neutraliser ses adversaires à cause de sa blessure ? L’heure de sa deuxième sentence avait sonné ! Kurasa allait payer son affrontement contre Rakuzan Satochi, Gekei Hebi et Yoshimitsu de sa vie ! Son regard se faisait féroce, comme d’habitude, rien ni personne n’avait le droit de lui retirer l’accomplissement de son objectif ! Pas même cette horrible blessure !

Ses yeux s’ouvraient enfin tandis que son corps se redressait brusquement ! Cette terrible nuit était finalement terminée. La tête basse, il posa sa seule main valide sur le visage afin de se remettre de toute cette agitation relevant de son inconscient. Il transpirait beaucoup et la souffrance que lui provoquait sa brûlure ne semblaient pas s’être atténuée. Il dut même serrer les dents lors d’un gémissement de douleur. Le Nukenin se mit à fixer de ses yeux rouges sang, ponctués d’un regard rageur, ce bras endommagé. Il tenta de le bouger une énième fois, y mettant toute sa concentration, mais rien n’y faisait. Ce dernier ne remua pas d’un pouce. Son état faisait contrastait de manière saisissante avec celui de Milly qui semblait aller étonnamment mieux ! Cela ne rassurait pas le Tenbatsu, bien au contraire. Si celui-ci ne voulait pas voir se réaliser la deuxième partie de son cauchemar, il fallait absolument qu’il se débarrasse de cette peine et retrouve la pleine fonction de son bras ! C’est pourquoi, si tôt qu’il eut l’occasion d’échanger avec le jeune garçon issu de la famille Sana, il lui adressa quelques mots d’un air déterminé…

« Kiseki. Tu as déjà dû remarquer que les soins classiques ne m’aideront en rien. Les dégâts causés par la lave sont trop importants. Dans cet état, mon bras n’est rien d’autre qu’un tas de muscle mort et il ne fait aucun doute que je ne peux pas le laisser ainsi ! Qu’est-ce que tu proposes ? Je suis prêt à subir n’importe quelle expérience, quelle que soit la douleur à supporter ou le prix à payer ! »

Souhaitez-vous connaître l’opération réalisée sur Kurasa et Milly ? Etes-vous bien attaché, tripes et boyaux, j’entends bien ? Pour toute âme sensible qui ne supporte le sang, il vaut mieux ne pas lire ce chapitre-ci.

***

Kaguya Milly aurait dû prier son dieu, ou ses dieux, d’être brûlée superficiellement et en « externe » qu’en « interne ». En effet, le petit garçon avait suffisamment d’expertise ou d’expérience pour remettre sur pied une peau morte qui repoussera bon gré, mal gré. Elle sera peut-être un peu difforme et horrible, mais c’était une chose bien facile à « corriger » avec un médecin bien plus spécialisé dans la chirurgie plastique dans une clinique plus adaptée.

Malheureusement, ô grand malheur, au lieu d’avoir une peau qui se détachait de la chair dû à une accumulation horrible et grossière d’eau – en gros, une belle chair cloquée, rougie, saignée à blanc -, elle avait droit à des organes internes totalement brûlées. Autant dire, lorsqu’il utilisa son talent de ninjutsu – nouvellement développé – et ses affinités eau – quelle chance, mine de rien ! – il fut sacrément étonné que l’eau curative entrée dans le corps en ressorte totalement noircie, avec quelques petites pointes de rouge.

Lorsqu’il voulut s’assurer de l’état des organes internes, il ne se fit pas des plus tendres en écartant au maximum la mâchoire – d’ailleurs, les os Kaguya solides étaient une vraie plaie ! -, il avait plongé une sonde de sa propre création : avec un bout constitué d’une loupe spéciale, et une lumière qu’il avait mis dans le tube lui-même, il pouvait voir tout l’intérieur de la petite Milly. Les organes si rouges en temps ordinaires avaient brunies.

- Le poumon a sûrement reçu ses dégâts.

Et un poumon, ce n’était pas un os. Autant dire, il se pourrait que dans les prochains jours ou années, la Kaguya sente des complications. Si la jeunesse aidait à récupérer, ou à supporter les douleurs ou chocs, le corps se souvenait et aimait rappeler après un certain âge. Ce qu’il pouvait faire dans les projets jours étaient uniquement d’assouplir la douleur qu’elle ressentira par moment.

- Bien bien, ne restes pas là à ne rien faire. J’ai besoin de ces produits pour les mettre sur pattes, dit-il avec un grand ennui à Ozai.

***

Kurasa, par contre, c’était clairement plus problématique. Des brûlures internes étaient traitées déjà dans la clinique de ses parents : les Pirates aimaient exploser des choses, et certains étaient explosés, et ces idiots inspiraient à plein gorge tout gaz ou cendre. Par contre, les brûlures fait par « lave » étaient des brûlures qu’il n’avait jamais, ô grand jamais, expérimenté ou même entendu parler ! Généralement, lorsqu’une personne expérimentée la lave, elle en mourrait dedans, fondant totalement.

- Muscles morts, chair morte, forcément aucune réaction … soupira-t-il. L’idéal serait de te couper le bras, histoire que cela ne gangrène pas les restes du corps sain.

Cependant il se retint pour une telle action : il ne voulait pas avoir à supporter un Kurasa dépressif au réveil. Il allait donner un choix, tiens. A lui de décider s’il préférait le raccourcissement, ou le risque de se retrouver avec un corps pourrissant chaque jour, en virant à un brun étrange pour finir dans un bleu maladif noir. Tout commencera par une chair toute rose mangée par la gangrène, puis par les muscles qui lâcheront et puis les os qui commenceront à perdre de leur force.

***

Le réveil fut donc, naturellement, mitigé pour chacun.

- Alors, je t’arrête. Tu te sens bien grâce aux antidouleurs que je t’injecte à intervalle de quatre heures. Autrement, tu pleurerais ta mère de douleur tellement ça te brûlerait l’intérieur. Tes organes sont plus brunes que rouges, pour dire, et je te passe les détails. Pendant trois semaines, aucune activité intense voire aucune activité physique tout court. Au bout de ces trois semaines, tu commences à récupérer, insista-t-il. Tu prends toujours ces antidouleurs et également ce mélange de breuvage. Tu l’infuses la veille dans une eau tiède, ni chaude ni froide, et tu passes ta journée du lendemain à ne boire que ça. Ton eau doit être bouillie, puis tiédie pour en éliminer tout microbe qui peut infecter ou aggraver la situation. Quant à la nourriture, juste des légumes cuites à la vapeur que tu transformes en bouillies. Viandes interdites. Epices interdites.

Beaucoup, beaucoup de règles mais c’était ainsi. Autrement, elle ne guérira pas, et elle souffrira un jour ou l’autre de ce combat. Elle en souffrira forcément, à la quarantaine, mais si elle ne prenait pas quelques précautions, les douleurs s’installeront à vie dans les prochaines semaines.

A peine avait-il donné ses conseils à Milly que Kurasa le prit à part pour faire une demande. Kiseki soupira un coup. Définitivement, l’adulte ne semblait pas vraiment partant pour un raccourcissement du membre mort. Quant à ce qu’il demandait, il fallait clairement un tout autre environnement médical, et surtout une équipe médicale. Tout seul, il ne tiendra pas les nombreuses heures, en devenant tantôt anesthésiste, tantôt chirurgien, tantôt infirmier. D’ailleurs, rien que de se charger des deux l’avaient épuisé profondément et on pouvait faire à son teint pâle, aux grosses cernes et aux légers tremblements qui le prenaient de temps à autre.

- Ecoute. Tu me demandes l’équivalent d’une greffe des muscles principalement. La chair peut être remplacée, ou se renouveler mais les muscles … Les protocoles développés sont incertains, et nécessitent un peu de temps.

Il semblerait que Kurasa se fichait de tout cela.

- J’ai besoin d’une clinique. De matériel. Et de personnel. J’ai aussi besoin de récupérer des muscles précis, les manipuler pour les adapter à un futur implant dans un corps humain, les implanter en toi via une ou deux techniques de sceaux, et tu auras besoin de quelques jours ou semaines pour en ressentir les bienfaits. En somme, je ne peux rien faire « ici ».

Et ses parents ne pourraient pas plus l’aider, à bien réfléchir. Il lui fallait plus de connaissances. Et peut-être le trouvera-t-il quelque part.

- Par contre, bonne nouvelle, ta force n’en pâtira pas si jamais il te manque un bras temporairement. Tout ton chakra se concentre sur ton autre bras. En somme, on peut se permettre de prendre notre temps pour aller voir une personne, la Grande Grue. J’ai entendu dire qu’elle a pas mal de choses en réserve. Elle peut me donner tout cela, je suppose, bailla-t-il.

Comment était-il au courant ? Il avait nukenin un jour, et il avait traîné aux côtés de grande personne. Il avait forcément eu vent de cette figure mystérieuse un jour ou l’autre.

A côté de ça, Kurasa se réveilla en se redressant soudainement sur son lit, non loin du mien, en sueur comme s’il avait fait un cauchemar. Je le vis observer son bras toujours immobile avec un air mixant haine et détresse. Ouais c’est un mélange assez atypique, m’enfin c’est les deux choses principales qu’on pouvait voir dans son regard.
Kiseki me remmena à ma propre situation avec un ton ferme. C’était nettement plus grave que ce que je pouvais ressentir, d’après lui j’étais droguée aux antidouleurs actuellement, c’est pour ça que je me sentais plutôt bien. Mais apparemment mes organes étaient devenus bruns, au lieu d’être normalement rouge. Beurk c’est dégueulasse ! Et vu comment il en parle ça a l’air vachement grave aussi. Du coup toute ma bonne humeur s’envola, et ça n’arrangea rien quand il donna ses prescriptions pour la suite. Devoir boire ce truc tout vert tous les jours, après l’avoir fait bouillir pour tuer les microbes et refroidir. Ça ressemble un peu à une soupe aux poireaux en fait, avec un peu d’imagination, sauf que si je renifle les émanations du récipient posé sur la table de chevet, ça sent franchement pas bon. Kiseki continua d’enfoncer le clou en imposant une alimentation à base de légumes cuits réduits en bouillie, et aucune viande ni épices. Bordel, ça c’est l’enfer. Pour une gloutonne comme moi, devoir manger et boire exclusivement des plantes pendant trois semaines … Putain, ça va être dur. Plus de poulet au paprika, plus de steak délicatement assaisonné, oh ! Merde même plus de croissant ou pain au chocolat au petit dèj … Saloperie … seulement des foutues plantes en bouillies.

Passant de l’état joie à dépressive, j’hésitais presque à me mettre en boule dans un coin de la pièce et réfléchir au sens de la vie. Rigolez pas ! C’est déprimant ! Je suis bien plus carnivore qu’autre chose ! Et là on me coupe quasiment de tout mon régime alimentaire ! Y a de quoi déprimer …
J’écoutai à peine Kurasa paniquer à moitié à propos de son bras. Il annonçait à notre toubib du moment qu’il était prêt à tout subir pour peu qu’il récupère la pleine amplitude de ses mouvements un jour. D’ailleurs, rien qu’à voir l’état du membre, on était en droit de se demander s’il n’allait pas en plus contracter une maladie bien crade, genre la gangrène ou une saloperie dans le style. Ça ce serait vraiment moche, et puis un Kurasa estropié ça a tout de suite moins d’allure. Seulement c’était hors de portée du jeune médecin. Il disait avoir besoin d’une clinique, de personnel et de matos. Sans compter en plus les muscles à remplacer et tout ce qui en découle. C’est sur que ça demande un sacré boulot.

« Par contre, bonne nouvelle, ta force n’en pâtira pas si jamais il te manque un bras temporairement. » Termina le jeune Shukaïjin. « Tout ton chakra se concentre sur ton autre bras. En somme, on peut se permettre de prendre notre temps pour aller voir une personne, la Grande Grue. J’ai entendu dire qu’elle a pas mal de choses en réserve. Elle peut me donner tout cela, je suppose. »

La grande Grue ? C’est qui celle-là ? Jamais entendue parler, m’enfin si elle peut aider c’est tant mieux. Mais vu comment il la présente ça doit être une commerçante, ou quelque chose dans le genre. Et donc ce service ne sera pas gratuit.
Je me levai, pris la boisson végétarienne et salua les deux garçons.

« Merci beaucoup Kiseki. Prends soin de toi, je vais me reposer au calme là-haut, je vous laisse parler de déchirure musculaire entre hommes. Bonne nuit. »

C’est pas la nuit mais je m’en fou ! Je montai à l’étage, poussai la porte d’une des chambres de façon totalement aléatoire, déposai le verre sur une table non loin et m’écroulai dessus en marmonnant :

« Monde cruel … »

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