« Redresses-toi. Plus haut les bras, il faut qu’on sente que tu es sur de toi. Une hésitation dans un vrai combat et c’est la mort quasi-assurée, aller corriges-moi ça et recommence. » Voilà à quoi je servais depuis quelques heures et malgré mon titre de chef de clan. « Non non, les jambes toujours légèrement fléchies ! Tu dois toujours être prêt à bouger ! Recommence. »

Le but de l’exercice ici était de réussir à percuter une plaque en os sans la craqueler. Seule la forme de la main devait apparaitre sur le lieu de l’impact, et pour ça il ne suffit pas juste de jeter son poing comme un gorille. Tout le corps est sollicité, l’équilibre plus que la force d’ailleurs. Et pour le prouver je passais de temps en temps derrière ma dizaine d’élève en le faisant des croches-pattes. Ça rallait à force, mais c’était pour leur bien et quasiment tous le savait. Quasiment oui, parce que le morveux tout au fond, il n’écoute pas un mot et se contente de tabasser l’os comme un punching-ball. Peu importe combien de fois je le fais tomber, il continue. C’est marrant, on dirait moi à l’époque. Têtue au possible, n’écoutant que moi, et encore … jusqu’à faire la rencontre violente avec un sanglier. Ça déconne pas ces bestioles, et quand ça vous charge alors que vous avez à peine une dizaine d’année, je peux vous assurer que tout le monde fait dans son pantalon.

« Redresses-toi ! Encore ! Et les jambes, j’ai dis quoi ? Fléchis-moi ça, encore. Encore. Encore.

- Mais je tiens plus de debout après ! » Rétorqua le plus récalcitrant.

« C’est ton équilibre que tu dois corriger alors. Recommence, y a pas de raison que tu n’y arrives pas alors que les autres s’en sortes. »

A votre avis, je fais bien mon boulot en tant que prof ? J’ai longtemps tout appris toute seule, y a eu seulement ma mère au début pour les bases, avant la tragédie de Kiri et des Furyous. Donc c’est tout à fait possible que je manque de pédagogie. D’ailleurs la doyenne devait y voir quelques traces d’un agacement naissant, ce pourquoi elle vint me remplacer en me remerciant. Il n’y a pas de quoi voyons, si je peux aider les moments où je suis là. Les rares fois où je suis là hein.
Je me retrouvai ainsi à errer sans but au milieu des troupes, dans cette mini-ville que s’était construit les rescapés Kaguya depuis la chute du village de la brume, à l’abri des regards, dans cette caverne autrefois d’ours et maintenant nettement agrandit, creusée dans la roche et dans les profondeurs de cette petite île à l’écart de l’archipel. Nous ne manquions pour autant pas de lumière, par endroits au plafond, des trous laissaient filtrer la lumière au sommet des rochers en surface, et d’innombrables torches enflammées faisaient le reste, apportant autant de chaleur et de visibilité que nécessaire.
Deux jeunes du clan, des ados de la nouvelle génération post-brume sanglante, accoururent soudainement vers moi et annoncèrent qu’une femme louche rodait sur l’île.

« Louche ? Comment ça ? » Demandai-je sans comprendre.

« Aucun civil ne s’est encore aventuré ici depuis des années, et pourtant elle est seule et on n’arrive pas à ressentir clairement si elle possède du chakra ou non.

- Ah ? Et elle est où cette femme louche maintenant ?

- Komitaru doit être en train de l’interrogé, normalement. »

J’approuvai d’un mouvement de tête, et leur demanda de me conduire jusqu’à elle. Cela ne prit pas plus de quelques minutes, c’était en lisière de la plage, pas loin d’une zone infestée de crabe en cette période de l’année.
Une brune plantureuse avec des yeux rouges, d’après les descriptions données en cours de route, voyons voir ça.

Spoiler:

Plusieurs jours étaient passés depuis le départ de Shinda Mihiki. Comme promis, le nécromancien était revenu la voir, deux jours après l'avoir laissé dans le cabanon perdu au milieu de la Forêt de la brume, mais il n'était pas resté bien longtemps. La Natsumi lui était très reconnaissante, pour tout ce qu'il avait fait pour elle, et pourtant, elle lui en voulait de ne pas l'avoir amené avec lui et ce, malgré le fait qu'elle comprenait parfaitement que le shinobi n'avait pas à se trimballer le fardeau qu'elle représentait. Il ne connaissait rien de cet homme mais elle le soupçonnait être un solitaire et un shinobi errant qui devait avoir des sombres secrets. Des choses qu'il n'avait certainement pas envie de partager avec une étrangère qui ne lui serait d'aucune utilité. Actuellement, elle lui serait surement plus utile morte que vivante.

Après avoir longuement réfléchi à ce qu'elle allait faire sans avoir trouvé la moindre réponse, la Natsumi finit par s'endormir, vautrée sur le ventre sans la moindre grâce, tel un paresseux, sur une branche assez haute pour être hors de portée de la plupart des animaux qui rôdaient dans la forêt. Encore bouleversée par ce qui lui était arrivé, par ce revirement soudain du courant de sa vie, elle avait du mal à dormir ce dernier temps. Le fait de se retrouver seule dans un lieu bien lugubre n'arrangeait point son moral affligé. L'effet de ses insomnies à répétition commençait à se faire ressentir.

Un bruissement accompagné des grognements qui lui étaient bien familiers réveilla la Natsumi. Tout doucement, l'ex-kunoïchi ouvrit les yeux puis un sourire se dessina sur son faciès voyant un troupeau de sangliers venir vers l'arbre où elle était nichée. Les animaux avaient été attirés par les déchets alimentaires qu'elle avait jeté par terre pendant qu'elle prenait son repas, perchée sur l'arbre.

Discrètement, la jeune femme se redressa et attendit que les bêtes soient sous elle puis sans la moindre hésitation, elle se jeta sur celle qui lui paraissait la plus robuste. Ayant mal calculé la trajectoire de sa chute, elle atterrit sur le postérieur de l'animal au lieu de son dos. Le suidé sauvage couina jusqu'à faire grincer des dents la Natsumi qui tentait de s'agripper à lui. Les autres bêtes détalèrent à toute vitesse et celle que Mairu avait tenté de chevaucher fit de même après l'avoir propulsé, en se cambrant violemment en arrière. La jeune femme avait fini le postérieur au sol. Une position bien vulnérable qui aurait pu offrir à l'animal une opportunité de la charger mais, trop choqué, le suidé avait préféré détaler comme ses congénères.

Après sa tentative lamentable de retrouver une veille habitude perdue qui était de chevaucher une bête sauvage, la Natsumi retourna au cabanon qui était devenu son domicile, avec un postérieur endolori.

Le lendemain, elle effectua plusieurs tentatives de chevaucher une nouvelle bête mais échoua aussi lamentablement à chaque fois et finit par rentrer avec le corps plein d'ecchymoses. Il semblerait qu'elle avait perdu sa dextérité de chevaucher un animal sauvage qui avait été pourtant son passetemps favori durant son adolescente sur l'Île des Cendres.

Malgré ses blessures, superficielles certes, la jeune femme n'abandonna pas pourtant son idée absurde de monter un suidé sauvage car là était la seule chose qu'elle avait trouvée pour tuer l'ennui qui commençait à la ronger. Un sanglier avait fini par l'amener à la lisière de la forêt avant qu'elle ne lâcha prise pour finir, une fois de plus, lamentablement au sol. Après s'être relevée, tout en se massant un coude meurtri, la Natsumi resta longuement à contempler le paysage bien différent qui s'offrait à sa vue et au bout du quel se trouvait surement un village. Une idée qui la poussa à abandonner le lendemain la Forêt de la brume.

Ainsi, tôt dans la matinée, Mairu remballa toutes les provisions qu'elle avait puis se rendit au village le plus proche pour dérober une barque. À l'aide d'une carte et d'une boussole qu'elle avait trouvés parmi les bordels de l'ancien propriétaire de l'abri où Michiki l'avait déposé, elle se dirigea, non sans mal, vers l'île la plus proche. Avec une si frêle embarcation, sa chance d'arriver indemne sur le continent était bien mince, ainsi, la jeune femme avait décidé de s'y rendre en faisant une escale d'île en île, pour se reposer mais aussi pour se réapprovisionner.

À peine avait-elle posé les pieds sur le sable, après avoir tiré puis immobilisé sa barque, que trois adolescents la démasquèrent alors qu'elle pensait avoir débarqué sur une ile déserte. Deux des pubères détalèrent à sa vue alors que le troisième s'approcha de Mairu et commença à la harceler des paroles. Le mioche l'accusait d'avoir foulé leur terre et lui demandait de repartir si elle ne désirait pas mourir. Menace qui n'ébranla nullement la jeune femme qui écoutait pourtant avec attention l'adolescent qui, en quelques minutes, lui avaient donné plein d'informations intéressantes dont le nom de leur clan.

« T'es donc un Kaguya ? Demanda Mairu tout en plantant son regard éternellement placide dans celui de l'adolescent alors qu'elle s'était baissée pour ramener son visage face à celui du pubère qui s'était tu brusquement. Respire un peu ou tu vas finir par d'étouffer mon petit ! La jeune femme se redressa. Au fait je me rends sur le continent mais je n'ai que cette barque donc il faut que je rame mais comme je ne suis pas très sportive alors je dois reposer mes bras de temps en temps. Je me suis donc arrêtée sur cette île, sans d'ailleurs savoir qu'elle était habitée, juste pour pouvoir me reposer. Tu comprends ? Je ne suis pas une ennemie ! Je répartirai dès que je me serai assez reposée. »

La Natsumi détestait devoir se justifier et encore moins auprès d'un enfant mais présentement elle n'avait pas réellement le choix. Elle ne désirait pas avoir de problème avec le clan Kaguya. La moindre hostilité pourrait bien signifier son arrêt de mort. Chose qu'elle n'était pas prête à embrasser. Ainsi, elle cherchait à faire comprendre au pubère qu'elle n'était pas venue pour faire la guerre.

Mairu se baissa pour ramasser un crabe qui passait à côté de ses pieds et lorsqu'elle se releva, le brachyoure capturé dans une main, elle vit une femme s'approcher rapidement de leur position.

Je crois que je suis dans la merde ! Pensa la jeune femme qui garda pourtant un air serein tout en sachant qu'elle n'avait aucune chance de gagner si un combat devait éclater entre elle et cette personne qui venait l'accueillir, du moins, si le gamin ne lui avait pas menti …

Et en effet les descriptions ne mentaient pas. Une fois arrivée sur place, une femme légèrement plus petite que moi correspondait tout à fait aux très minimes infos rapportées. Elle avait un charme certain, et oh tiens, des yeux rouges encore. Une amie de Kurasa ? Ou alors c’est la mode du moment ? Peut-être hein, c’est qu’on est pas mal excentré ici. Enfin, la jeune femme ne devait pas avoir beaucoup plus d’une vingtaine d’année. Des courbes généreuses, un style vestimentaire plus civil que kunoïchi. Et je ne ressens pas de chakra en elle, ou alors une infime bride. Bien trop peu pour être utile à quoi que ce que soit.
Je fis signe à l’adolescent Kaguya de venir me voir et me répéter ce qu’il avait pu obtenir. Hélas les interrogatoires ce ne sont vraiment pas son dada. Bon, au moins il aura servit à tenir l’inconnue ici.

« Bien le bonjour mademoiselle. Comme vous l’avez sans doute compris, vous vous trouver sur une petite île qui accepte très difficilement les étrangers. Vous vous êtes perdu c’est cela ? Le jeune homme ici présent, » je pointai du pouce l’adolescent « dit vous êtes arrivée à Mizu no Kuni il y a un moment, et que vous cherchez à rejoindre le continent. Est-ce correcte ? »

Je marquai une petite pause, le temps de la laisser répondre tandis que les trois jeunes hommes à mes côtés observaient la femme aux yeux rouges, avec un air de défi dans le regard. Des vrais bagarreurs, des bons petits Kaguya. Et pourtant je leur fis signe de repartir, en agitant la main.

« Rentrer, les garçons. Je me charge du reste, aller hop.

- Sauf votre respect, on préfère rester, pour votre protection. » Ajouta le plus proche.

« Vous allez gêner plus qu’autre chose alors oust ! Sinon j’appelle Rikako et vous savez parfaitement ce qui se passe quand ça arrive ! »

Ah, les menaces décidément c’est tellement pratique. Résignés, ils reculèrent tous pour disparaitre au loin derrière un rocher. Il était d’ailleurs fort possible qu’ils se soient simplement cachés. Ça leur ressemblerait bien. Mais bref, faisons comme si.
Je reportai toute mon attention sur l’étrangère, même si durant tout ce temps je ne l’avais pas quitté des yeux oui. Elle était venue en barque, à la rame et faute de muscles, elle avait besoin de se reposer de temps en temps.

« Nous sommes assez loin du continent encore, et si simplement rejoindre cette île vous épuise, vous n’atteindrez jamais la terre ferme de l’autre côté de la mer. Le plus simple pour vous reste de reprendre la mer et de partir tout droit dans cette direction. » Je pointai de la main là où elle devait aller. « Vous allez arriver à Shu. C’est l’une des villes portuaires les plus importantes de l’archipel. En partant maintenant vous pourrez y être bien avant le coucher du soleil. »

Je restais le plus possible polie, sans montrer d’agressivité ni méfiance. Après tout elle s’est peut-être simplement perdue. C’est possible, avec toutes les îles qui trainent aux alentours et l’embarcation très rudimentaire qu’elle avait prit pour arriver jusqu’ici.

« J’aurais juste une question avant. Vos yeux rouges me rappelle grandement quelqu’un, ils révèlent rarement de bons desseins. Même s’ils vous vont très bien hein, l’autre personne possédant ce genre d’attribut a le très simple but de détruire tout type de gouvernement existant dans ce monde. Tranquillou hein. Bon il a aucune chance d’y arriver m’enfin ça reste marrant à voir. Et vous donc ? Vous nourrissez le même genre de désir meurtrier ? Vous venez d’où d’ailleurs ? »

Alors que la nouvelle arrivée s'avançait des pas plutôt empressés vers eux, Mairu ne la quittait pas des yeux. Grande, blonde, forte poitrine, bronzée … sans doute la femme parfaite pour un grand nombre d'hommes, ou de quelques femmes, mais pour la Natsumi elle n'était qu'une personne comme une autre. S'attarder sur un détail futile qu'était l'apparence n'a jamais été sa tasse de thé. Ce qui l'intéressait chez un être n'était pas l'enveloppe mais plutôt le contenu, après tout, c'était ce dernier qui faisait d'une personne ce qu'elle était. Ainsi, tout en écoutant son interlocutrice, Mairu tentait de l'analyser. Les échanges verbaux entre la blonde et les adolescents permirent à l'ex-kunoïchi d'avancer qu'elle se trouvait certainement face à une personne qui avait un statut important dans son clan. En tout cas, une chose au moins rassurait la Natsumi : celle qui était venue l'accueillir se montrait plutôt agréable même si ses paroles lui dictaient clairement de partir et qu'elle y descellait de la méfiance. Chose que Mairu comprenait parfaitement. Après tout, elle foulait leur île sans autorisation même si c'était fortuitement.

« Bonjour, fit Mairu, joignant la courbette d'usage aux paroles alors que la nouvelle venue lui faisait face. En réalité, je ne me suis pas perdue, poursuivit la Natsumi, une fois redressée. J'ai fait escale ici de mon propre chef mais c'était sans savoir que cette île était habitée, et, encore moins par le clan Kaguya … Sinon, effectivement je compte rejoindre le continent mais n'ayant aucun argent pour payer ma place à bord d'un bateau de transport, je compte donc sur la chance pour que cette barque me mène au bon port sans encombre … Ne puis-je vraiment pas rester ici, au moins pour la nuit ? Je n'ai vraiment plus de force pour ramer … Je vous promets de ne pas vous importuner. Un coin sur cette plage me suffirait amplement. »

En réalité, la jeune femme avait encore assez d'énergie pour naviguer à force de ses bras jusqu'à l'endroit que la blonde lui avait indiqué mais elle n'avait juste pas envie de repartir.

« Au fait je me nomme Mairu Mitsuna, ajouta sereinement l'ex-kunoïchi. Je suis originaire de Yu et j'étais en déplacement dans ce pays avec deux amis mais on a été attaqué par un renégat qui m'a épargné mais c'était pour pouvoir me vendre dans un bordel. Heureusement, j'ai été secourue par un shinobi qui m'a menée ensuite dans la Forêt de la brume mais je m'y ennuyais seule alors j'ai décidé de partir pour rejoindre ma patrie … Pour mes yeux, c'est de la famille mais il n'y a aucun homme assez déraisonnable au point de vouloir s'attaquer à un gouvernement dans ma lignée ... En tout cas, pour ma part, je déteste toute forme d'hostilité. »

Des réalités ont été soigneusement ficelés à des mensonges afin d'en ressortir des informations que la Natsumi espérait être à son avantage. Comme son défunt grand frère, elle était douée pour mentir et manipuler ses semblables mais ça la Kaguya n'était pas supposée le savoir. D'ailleurs, rares étaient des personnes qui pouvaient se vanter de la connaitre entièrement tant sa personnalité était complexe que peu de gens arrivaient à la cerner …

J’observai en silence la jeune femme faire une courbette de salutation, et expliquer ensuite les raisons de sa présence ici. Enfin la vraie raison plutôt, car selon ses dires à présent, elle ne se serait pas du tout perdue. Elle a accostée ici volontairement mais simplement en croyant que l’île était déserte. Mouais, c’est louche. Elle ajouta ne pas avoir assez d’argent pour payer un navire de transport jusqu’au continent et fini par demander l’asile sur la plage, juste le temps de se reposer.
Y a un bouquin qui conte le même genre d’histoire. Avec un loup trop fatigué pour repartir tout de suite, les habitants qui acceptent de le laisser se reposer une seule nuit. Et au cours de celle-ci il les dévore tous. Je vois mal c’est Mairu Mitsuga – c’est le nom qui vient de donner – jouer les cannibales. Mais par contre, les coups dans le dos ça existe, surtout dans le monde des ninjas.

« Je suis originaire de Yu et j'étais en déplacement dans ce pays avec deux amis mais on a été attaqué par un renégat qui m'a épargné. » Continua-t-elle sur sa lancée. « Mais c'était pour pouvoir me vendre dans un bordel. Heureusement, j'ai été secourue par un shinobi qui m'a menée ensuite dans la Forêt de la Brume mais je m'y ennuyais seule alors j'ai décidé de partir pour rejoindre ma patrie … Pour mes yeux, c'est de la famille mais il n'y a aucun homme assez déraisonnable au point de vouloir s'attaquer à un gouvernement dans ma lignée … En tout cas, pour ma part, je déteste toute forme d'hostilité. »

Mmh, donc aucun lien avec Kurasa à part cette couleur oculaire peu banale. Et elle venait de Yu no Kuni ? Des souvenirs du Shoraizen me revinrent aussitôt en mémoire, le genre que j’aurais préférer oublier. Vous savez, ces images d’autrefois qui ont un don incroyable pour à chaque fois vous miner le moral et vous faire culpabiliser. De là à en venir à des absurdités comme « si seulement j’avais sue » ou encore « si j’avais été plus forte ». Tout plein de réjouissance, n’est-ce pas ?
Je balayai ces désagréables instants de ma vie d’un revers mental, souhaitant que le passé reste le passé et qu’il ne vienne pas parasiter le présent.

« D’accord, vous pouvez rester mais une nuit seulement. Au petit matin vous aurez quitté les lieux. » J’insistai bien sur les derniers mots, afin d’être bien clair. « Seulement il vaut mieux que vous ne vous installiez pas sur la plage. En cette période, c’est la reproduction des crabes. Et ils sont assez agressif les nôtres, en plus de ne pas être tout petit. Regardez, y en a déjà quelques-uns derrière vous. »

En effet, rien que la taille des pinces suffisait à être sûre que s’ils attrapent un pied, il sera sectionné en deux sans la moindre difficulté. Et ça ne c’est qu’une seule bestiole, imaginer alors quand il y en a des dizaines et des dizaines sur chaque parcelle de sable fin. Je pointai ensuite du doigt un rocher un peu en hauteur, en lisière de la forêt.

« Là haut vous serez en sécurité. Normalement ils ne viendront pas vous chercher, sauf si vous avez une odeur qui les intéresse, ahah. J’affecterai certainement un garde pour vous protéger et vous surveiller … ou alors je m’en charge moi-même … je sais pas trop encore. » Deux doigts sur le menton, je parcourrai de mémoire mon planning de la journée. « Est-ce que ça vous convient ? De toute manière, c’est soit ça, soit vous repartez immédiatement à la mer. Avec ou sans embarcation. »

Un petit sourire moqueur accompagna la dernière taquinerie.

Effectivement, la Natsumi avait remarqué que sur la plage erraient des crabes à la taille surnaturelle et dotés des pinces qui pouvaient vous sectionner un membre avec aisance. Elle ne comptait pas dormir sur la plage même mais un peu plus loin sur la terre ferme, évitant de fouler le lieu où s’étaient installés les Kaguya dont elle ne désirait point se rapprocher et encore moins vexer.

Depuis qu’elle avait perdu son grand frère, être qu’elle avait aimé plus qu’elle-même, la Natsumi n’avait jamais cherché l’affection des autres et, aujourd’hui, elle désirait plus que tout s’éloigner des shinobi. Maintenant qu’elle avait perdu son statut de kunoïchi, elle souhaitait prendre sa distance avec ce monde qui ne lui avait offert que lot de souffrance. Le seul shinobi dont elle pourrait se rapprocher actuellement était Shinda Michiki. Celui qui lui avait sauvé la vie et envers qui elle avait donc une dette à acquitter. Bien sûr, elle ne rompra pas les liens qu’elle avait réussi à tisser avec d’autres shinobi par le passé mais elle évitera d’en créer au présent.

Beaucoup qualifieront certainement sa décision de lâcheté mais pour elle, ce n’était qu’un moyen d’en finir avec un monde qu’elle n’avait jamais réussi à affectionner. À l'époque, elle s’était battue pour un village sans en ressentir le moindre plaisir. Tel un patin, elle s’était contentée d’exécuter ce qu’on lui avait ordonné de faire et jamais elle n’avait entrepris une initiative, que ce soit pour son épanouissement personnel ou pour dorer son image.

Guerre, conquête, domination, gloire, pouvoir … n’étaient pour la Natsumi que des futilités et bêtises du genre humain dont elle laissait volontiers à ceux qui les convoitaient. Contrairement à son frère, qui avait réussi à se hisser jusqu’au rang de senin légendaire, elle restera une parfaite anonyme comme une grande partie des êtres de ce monde. C’était pour cette finalité, dans laquelle elle espérait trouver enfin la paix, qu’elle désirait se couper du monde impitoyable des shinobi. Finalement, son malheur d’avoir croisé le renégat qui avait scellé son chakra, n’était peut-être qu’une douloureuse transition qui l’avait expulsé violemment dans un monde qui lui correspondait mieux : celui des simples mortels dénués d’aucun pouvoir.

La Natsumi fut quelque peu étonnée par la proposition de la Kaguya mais, maîtresse de ses sentiments, elle ne laissa aucun trouble se refléter à l’extérieur mais continua d’arborer son faciès placide que beaucoup méprisaient.

« Je vous remercie infiniment de m’accorder le repos ici pour la nuit mais ne vous en faites pas pour ma sécurité. Ne vous dérangez donc pas pour une simple intruse sur votre île. Sachez cependant que votre proposition me touche énormément. Une courbette bien marquée avait accompagné les paroles de gratitude. Je vous promets de repartir dès demain, » ajouta la Natsumi, une fois redressée.

Après une légère inclinaison vers l'avant pour prendre congé, Mairu se dirigea vers sa barque, dans laquelle elle lâcha le petit crabe qu’elle avait gardé en main jusqu’à présent, puis elle s’équipa de son artillerie. Un carquois rempli des flèches flambant neuves à la taille, un katana suspendu de l’autre côté et un arc dans une main, la jeune femme évita de se rapprocher de la Kaguya ainsi armée, afin d’éviter une réaction imprévisible de la part de la kunoïchi aux cheveux dorés.

« Puis-je chasser quelques crabes pour mon diner de ce soir ? » Demanda sereinement l’ex-kunoïchi tout en haussant la voix pour se faire entendre.

La Natsumi n’avait pas caché qu’elle avait des armes en sa possession afin de faire comprendre à la Kaguya sa sincérité. Qu’elle n’était pas sur cette île avec des mauvaises intentions car, dans ce cas, elle aurait laissé l'artillerie dissimulée pour ne la sortir qu’au moment opportun …

Cependant la réaction de la jeune femme manquait cruellement de joie de vivre. C’est quoi ça, sérieusement ? Pourquoi il faut toujours que je tombe sur des gens qui ne savent que faire la tronche ? C’en dévient désespérant à force … Aller quoi, fait-moi un sourire au moins. Non ? Mais je m’en fiche de tes remerciements ! Enfin nan, c’est mieux que rien mais merde quoi. La vie n’est pas aussi moisie que ça. Et savoir apprécier les petits choses, ça te parle sale gosse ?! Rah ! Elle mériterait que je lui balance tout ça à voix haute ! Mais non, restons polie et civilisée. Aller, encore un petit effort.

La dénommée Mairu alla ensuite chercher ses affaires dans sa barque de fortune, à savoir un arc et des flèches et un sabre de samouraï. C’est tout ? Même pas une valise, des changes ou une brosse à dent ?

« Puis-je chasser quelques crabes pour mon diner de ce soir ? » Demanda-t-elle alors.

« Heuuuu, bah si vous voulez oui, mais attendez une seconde, vous n’avez rien de plus sur vous que ces armes ? Et vous voulez rejoindre le continent ainsi ? La notion de suicide ça vous dit quelque chose ? »

J’étais sérieuse, cette fille était désespérante dans sa manière d’agir. Encore plus illuminée et naïve que moi ! Dingue nan ? On dirait Ether en plus âgée et moins frivole. Je soupirai de lassitude et m’approchai d’elle.

« Chasser le crabe en pleine période de reproduction, avec un tel équipement, vous allez vous faire déchiqueter avant même de vous en rendre compte. Tenez, ça devrait pas mal vous aider. »

Sans montrer le moindre signe d’animosité, je vins poser ma main sur l’épaule de la demoiselle. Peu après, des os blancs en sortirent pour progressivement épouser les formes de Mairu en se glissant sous ses vêtements, à même la peau. De la pointe des orteils jusqu’au sommet du crâne, une véritable armure Kaguya recouvrit la jeune femme.

« Là, maintenant vous ne risquez plus rien, à part vous faire crever les yeux si vous chutez mais bon, ce ne sera plus de mon ressort. Et ne le prenez pas pour une attaque perfide, je vous ai autorisé à rester sur cette île pour la nuit. Vous êtes donc un peu comme mon invitée. Et ça la fouterait mal s’il voua arrive problème durant ce laps de temps. »

Je reculai ensuite avant de partir pour monter sur le rocher présenté tout à l’heure comme un bon coin pour dormir en paix.

« Amusez-vous bien, je vous attend là-haut. Il va falloir un feu de camp pour cuir tout ce que vous réussirez à abattre. Komitaru !! » Hurlai-je soudainement à la fin, en tournant les yeux à l’opposé de la civile. « Je sais que t’es encore dans le coin fichu môme ! Va me chercher du bois et de quoi faire un feu ! En vitesse ! »

Effectivement, le jeune adolescent sauta littéralement hors de sa cachette pour filer dans les bois. Je levai un pouce à l’attention de la demoiselle et alla m’installer en hauteur. Voyons voir comment tu te débrouille face à ces créatures sans une goutte de chakra, miss. A l’unité il n’y a aucune difficulté, mais en bande c’est une toute autre histoire.

Spoiler:

« Non, j’ai un peu de provision, de l’eau potable et de quoi cuisiner dans la barque. » Débita l’ex-kunoïchi d’une voix sans émotion à l’image de son faciès qui était resté totalement placide.

Elle n’avait aucune envie de faire amie à amie avec cette blonde. Non pas parce que c’était elle mais juste que la Natsumi ne désirait se lier à personne en ce moment et surtout pas avec une kunoïchi. Qu'elle avait donc à faire à cette Kaguya ou à quelqu’un d’autre n’aurait rien changé à la situation.

La glace qui enfermait son cœur ne semblait pas avoir volé en éclats ; bien que les fissures qu’elle présentait l’avaient rendu bien vulnérable face à Shinda Michiki à qui elle s’était ouverte entièrement. Chose que l'être dont elle avait été n'aurait jamais effleuré l'esprit. Elle avait même osé espérer que cet homme l’amènerait avec lui. Elle qui avait pourtant toujours vécu isolé dans son cocon gelé.

Mairu était certainement fort étrange aux yeux de la Kaguya mais pour la brune aux yeux rouges, la blonde à la forte poitrine était tout aussi bizarre. Elle s’exprimait d’un drôle de manière qu’elle trouvait vraiment vulgaire. Comme ces hommes qui aimaient cracher par terre et roter en plein repas. Des êtres dont elle avait en horreur.

Hein ? Lâcha Mairu intérieurement voyant qu’une étrange armure la couvrait entièrement.

Les propos qui suivirent l’acte, aussi surprenant qu’inattendu, de la Kaguya déboussolèrent complètement la Natsumi. Elle voulait la protéger, elle ? Elle qui était une parfaite inconnue qu’elle avait menacée d’expulser de cette île il y avait tout juste quelques minutes ? On dirait bien que la blonde ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait. Elle se la jouait dure en apparence mais au fond elle était apparemment plutôt fondante ; un peu comme un fondant au chocolat à la croute bien trop cuite.

« Merci, » finit par lâcher sincèrement mais tout bas Mairu et sur un ton toujours aussi plat.

L’ex-kunoïchi se mit ensuite à bouger ses bras avant de se mettre à marcher pour tester son armure. Bien qu’elle sentait le poids de cette dernière lui peser légèrement, ses mouvements n’étaient cependant aucunement gênés.

Alors que la Kaguya alla se poser sur un rocher, pour admirer le spectacle que la Natsumi allait offrir, cette dernière arma son arc d'une première flèche puis tira sur un des crabes les plus proches mais le projectile alla se planter dans le sable. Elle retenta sa chance mais échoua une fois de plus.

Son arc, elle venait tout juste de l'acquérir et n'avait pas encore eu l'occasion de s'entrainer avec avant son départ. La Natsumi était donc une bien piètre archère qui savait à peine comment décocher une flèche.

Après deux autres échecs, Mairu réussit enfin à viser un crabe mais la flèche ripa sur la carapace de l'animal. Il semblerait qu'elle n'avait pas assez de puissance de tir pour pouvoir percer l'armure de la petite bête. Comprenant la situation, la Natsumi décida de chasser avec son katana qui serait certainement bien plus efficace. Elle se dirigea alors vers sa barque, pour y déposer son arc et le carquois qui étaient inutiles, mais elle s'arrêta à côté de son embarcation, les yeux rivés dans celle-ci. Des crabes s'étaient attroupés sur son sac à provisions. Discrètement, la jeune femme monta dans le canot, tout en dégainant son katana. Avec la lame, elle se mit ensuite à mettre en hors d'état de nuire les brachyoures, les découpant sans la moindre hésitation.

Comme si les dépecés avaient appelé au secours, une armée de crabes grimpèrent la barque puis se mirent à attaquer la Natsumi. Alors que certains se précipitaient vers ses pieds, d'autres avaient sauté pour l'atteindre directement, la forçant à reculer d'un pas, tout en parant les bêtes avec son katana. Certaines finissaient découpées alors que d'autres se faisaient juste expulser dans l'eau.

Le combat peu banal perdura et l'arrivée incessante des brachyoures força Mairu à reculer jusqu'en dehors de l'embarcation. Étrangement, les cabres cessèrent de l'attaquer une fois qu'elle mit pieds dans le sable. C'était comme si les crustacés désiraient s'accaparer son embarcation.

N'ayant pas envie de poursuivre la bataille ridicule, Mairu laissa les crabes tranquilles, se disant qu'ils finiraient bien par partir. La brune aux yeux rouges alla alors rejoindre la Kaguya, après avoir nettoyé et rangé son katana.

« Il va falloir attendre un peu pour le diner ! » Lâcha la Natsumi avant de poser tranquillement son séant sur le rocher.

Pour une fois, par politesse envers celle qui l'avait accueilli, l'ex-kunoïchi chercha à engager la conversation mais ne trouva rien à dire …

Mais plus que du chakra, ce qui manquait à cette fille c’était de la courtoisie, de la joie de vivre. Je vous assure, il me semble ne pas avoir eu droit au moindre sourire jusqu’à maintenant ! Et toujours de ton de voix monocorde qu’on a en général quand on se moque totalement de ce que raconte la personne en-face. Pourquoi ? J’aurais tout aussi bien pu aller la laisser se faire découper, ça m’aurait faire une économie d’énergie non négligeable … Quelle ingrate … c’est à ce demander si son « merci » était vraiment sincère ou non.
Du sommet de mon promontoire, j’observai la dénommée Mairu décocher une flèche et, un échec. Bah alors ? Pourtant ils ne sont pas bien loin, et puis se balader avec un arc c’est comme porter un sabre, si tu ne sais pas t’en servir t’as l’air d’un plouque. Bon, peut-être que c’est juste parce que le poids de l’armure la gêne, la seconde flèche devrait être bonne. Non ? Oh bah ? T’es vraiment mauvaise en fait ?
Je commence à croire que je ferais mieux de rentrer, une incapable pareille ne fera aucune différence dans le quota de population à Mizu. Ah, la troisième flèche a touchée ! Bien ! Totalement inefficace mais au moins elle a réussi à en tirer une et à atteindre sa cible, y a de l’amélioration. Que vas-tu faire, miss maintenant que tes attaques à distance ne font aucun dégât ? Oh, les attaquer au sabre ? Pourquoi pas, les probabilités d’avoir des meilleurs réussites sont plus élevées, mais les risques d’être blessée le sont également. Comme tout combat au corps-à-corps vous allez me dire … Mmmh ouais sage décision qu’elle prend-là. Se débarrasser de l’équipement inutile comme l’arc et le carquois pour gagner en liberté de mouvement, très bon choix.

Les premières attaques furent très efficaces, jusqu’à ce que l’effet de meute intervienne. Je lui avais dit que c’était la période de reproduction non ? Les mâles sont extrêmement féroces durant ce laps de temps, pour protéger les femelles et puis aussi pour les impressionner. Quoi qu’on en dise, ça reste une parade nuptiale, même dans un combat contre une humaine. Et hélas la jeune fille fut vite en difficulté. Retranchée maintenant dans sa barque alors qu’elle faisait face à un assaut continu de pinces sur pattes. Pourtant elle avait beau les trancher certains, et balancer d’autres à la mer, il en venait toujours plus.
Et au final, les créatures élurent domicile sur le petit navire de Mairu, obligeant la propriétaire à abandonner son bien. Mmh, faut voir le bon côté des choses, au moins ce n’est pas elle – son cadavre quoi – qui aura servit d’embarcation. Je la vis revenir, monter sur le rocher et s’assoir face à la mer, avant de conclure bêtement qu’il faudra attendre pour le diner.
J’haussai les épaules pendant que le jeune Kaguya revenait avec les ustensiles nécessaires à un feu de camp.

« Ma chère Mairu, tu me sembles extrêmement douée pour vivre en solitaire, loin de toute communauté. Tu dois donc sans doute savoir allumer un feu, oui ? Je te laisse faire. Pendant ce temps je vais chercher ce que tu as abandonné derrière toi. »

Un petit sourire et je descendis à mon tour sur la plage. Pas besoin de m’approcher de la barque, la demoiselle avait déjà découpée quelques crabes avant de monter à bord. Je me contentai donc simplement d’en récupérer quatre, et remontai sur notre petit promontoire rocheux.

« Tadam ! Tu vois, tes efforts n’auront pas été vains. Reste plus qu’à les cuir. D’ailleurs tu te débrouilles pas trop mal au sabre, à l’arc t’es une vraie quiche mais au sabre c’est pas mal. Y a de bonnes bases. Tu as appris ça où ? Et pourquoi tu fais sans arrêt la tronche ? Un sourire ça ne coute rien. Je pense pas être si désagréable que ça … »

Je venais de balancer la question comme s’il s’agissait d’un truc tout à fait banal, alors que ça pourrait déclencher en-face une réaction des plus explosives. Attendons et observons, et décortiquons ce crabe aussi, ce sera toujours ça de fait.

« Ah aussi … » Rajoutai-je avant de claquer des doigts, l’armure de la demoiselle se brisa en morceau pour tomber au sol par petits blocs. « Tu peux enlever toi-même ce qui est resté coincé dans tes vêtements, surtout pour les bouts au niveau de l’entrejambe. Je ne regarderais pas. »

De son regard toujours aussi mort, la Natsumi suivit la Kaguya qui se précipitait vers la plage pour aller ramasser les quelques crabes que la brune aux prunelles sanguines avait réussi à terrasser puis cette dernière se releva à son tour pour aller allumer le feu quémandé. Ayant souvent vécu dans la débrouille, Mairu était capable de faire un feu avec un simple morceau et une rondelle de bois accompagnés des quelques brindilles mais cela prenait du temps alors qu’avec tous ce qu’avait apporté le jeune du clan de l’île, elle avait réussi à faire lever une grosse flamme en seulement quelques secondes.

Alors qu’elle plaçait des bois supplémentaires pour attiser le feu, la Kaguya revint avec quatre crabes dans les mains que Mairu fixa dans le silence avant de s'en retourner à sa besogne qui n’était pas terminée.

« Désolée si je vous parais si désagréable. Cela n'a rien à voir avec vous mais c'est juste que j’ai oublié comment sourire, » lâcha la Nastumi d’un ton plat, tout en déposant une dernière rondelle de bois sur le feu avant de se relever.

La dernière fois qu’elle avait rit de bon cœur devait remonter à plus de dix ans ; à l’époque où elle vivait encore dans la forêt bien lugubre sur l’Île des cendres. La mort de son grand frère lui avait fait oublier ce que c’était que de ressentir la joie. La perte de cet être, qu’elle avait chéri plus qu’elle-même, l’avait précipité dans un abime de solitude et de peine durant des mois et d’où elle s’était extirpée en une créature dénuée d’émotion. Rien ne pouvait plus l’atteindre : ni peine, ni regret, ni joie, ni tristesse. Elle n’avait été que l’ombre d’elle-même.

Durant toutes ces années où elle avait servi Kumo, elle n’avait fait qu'exécuter ses devoirs tel un patin. Elle ne prenait aucun plaisir à ôter la vie de ses ennemis, elle ne s’était jamais réjouie de ses victoires. Le seul moment où elle exprimait un sentiment d’exaltation, c’était lorsque la mort la frôlait durant un affrontement. Elle devenait alors une névrosée incapable de ressentir la douleur. Plus on la blessait, plus elle s’excitait jusqu’à perdre la raison. Mais même ces moments avaient été rares. La plupart du temps, elle avait arboré cette armure de glace dont elle avait été revêtue, aussi bien au sein du village qu’elle avait adopté que sur les champs de bataille qu’elle avait foulés.

Aujourd’hui, la glace qui gelait son cœur semblait être sur le point de fondre mais, après avoir passé plus de dix ans à ne rien sentir, même avec une bonne volonté, il lui faudrait certainement du temps pour, de nouveau, être capable de savourer la vie. La Kaguya pourrait certainement l’aider de ce côté ; elle qui semblait être son exacte opposée. La blonde pourrait surement contaminer la brune de sa joie de vivre et réussir à faire esquisser à l’armure un sourire.

« J'ai appris à manier le sabre pour pouvoir au moins défendre ma vie contre des bras cassés. J'ai appris qu'en regardant des vrais sabreurs à l'œuvre alors ma maitrise est bien sommaire.»

La Kaguya fit disparaitre l'armure d'os, qu'elle avait revêtu la Natsumi, et que cette dernière avait complètement oublié qu'elle la portait toujours car son corps s'y était habitué qu'elle avait fini par ne faire qu'une avec. Mairu remercia la blonde platine avant de l'abandonner pour retourner à la plage. En marchant, elle sentit en effet que des choses la gênaient dans sa petite culotte. Elle s'arrêta alors pour faire glisser cette dernière avant de la secouer puis la remettre, sans même chercher à se cacher ni à déterminer si elle était épiée. La pudeur ne faisait pas partie de ses vocabulaires. Comme si de ne rien n'était, la Natsumi poursuivit ensuite son chemin en direction de sa barque.

L'ex kunoïchi remarqua que les crabes étaient en train de copuler dans son embarcation. De ses deux bras, elle tira cette dernière complètement hors de l'eau puis, d'un violent coup de pied, elle renversa celle-ci puis elle y donna un autre coup similaire pour la retourner totalement. Elle dégaina ensuite son katana qu'elle planta violemment dans un crabe qui se promenait sur la plage puis elle fit glisser complètement l'animal vers la garde de son arme avant de faire connaitre le même sort à un autre brachyoure. Elle recommença jusqu'à ce que la lame de son sabre soit complètement recouverte de crabes.

Cinq crabes empalés sur sa lame, la Natsumi revint vers le camp de misère. Elle étala la braise, qui avait bien prise, puis y déposa quelques petites pierres sur lesquelles elle disposa ensuite autant de crabes que le feu pouvait accueillir. Sa besogne terminée, Mairu s'assit en tailleur à côté, attendant l'heure de déguster des brachyoures grillés.

« Ne vous sentez pas obliger de me tenir compagnie mais si vous tenez à rester, pouvez-vous me parler un peu de vous ? » Tenta d'engager maladroitement la conversation la Nastumi.

En réalité connaitre la Kaguya ne l'intéressait pas plus que ça mais elle essayait de se montrer un peu plus sociable. Après tout, elle devait au moins ça à son hôte qui semblait attendre d'elle un minimum d'affabilité ...

Dans un premier temps, la jeune femme s’excusa pour son comportement plutôt froid, elle expliquait cela par le fait d’avoir oublié comment sourire. Hein ? Oublier comment sourire ? C’est possible ça ? Pourtant c’est un trait typique des humains ça, de sourire, de rire. Les animaux ne peuvent pas le faire, ou du moins ils l’expriment autrement. Alors ouais j’avais vachement de mal à comprendre ce qu’elle voulait dire par « oublier comment sourire ».
Entre nous le feu de camp brulait bien, propageant sa lumière et sa chaleur. Parfait, elle se souvenait au moins comment faire ça, c’est un début. Tss nan mais sérieusement c’est quoi cette excuse qui crée plus de question qu’elle n’en résout ? Elle a certainement connu un genre de traumatisme dans son passé qui aurait provoqué une déprime sur le long terme, m’enfin c’est pas possible de ne jamais rien ressentir, de ne plus du tout connaitre la moindre bride de joie.

Mairu se leva peu après pour se rendre sur la plage. Zut j’aurais voulue la questionner … Bon, au retour alors. Ainsi je l’observai en mangeant mon crabe, l’air à la fois patient et indifférent. Elle finira bien par revenir de toute manière, son navire est actuellement occupé et, oh ? Ah bah nan autant pour moi, voilà qu’il n’y a plus aucune créature dans sa petite barque. A grands coups de pieds elle venait de la faire se retourner, éjectant tous les résidants et en plantant quelqu’un ensuite le long de la lame de son sabre. Quelle brute, mais c’est vrai qu’elle se débrouille avec cette arme. Juste avant partir guerroyer elle avait expliqué qu’elle avait apprit les bases de l’escrime en observant les sabreurs dans leurs mouvements. Donc sans aucun professeur, ni sans n’avoir bénéficié d’aucune leçon, oui elle a déjà de bonnes bases. Je suis sûr qu’avec un bon tuteur elle pourrait réellement devenir redoutable, hélas moi je n’y connais rien et je n’en connais pas.
La voyant revenir avec cinq crabes plantés à son arme, je lui souris et terminai ce que j’avais en bouche avant de parler. Entre temps elle avait pu glisser quelques mots disant que je n’étais pas obligée de lui tenir compagnie, mais qu’elle aimerait en savoir plus sur moi :

« Boh, y a pas grand-chose à savoir sur moi. Voyons voir, je suis chef du clan Kaguya, je suis mariée à une merveilleuse jeune femme et je veille sur cet archipel autant que possible. Malgré l’arrivée depuis quelques temps de quelques intrus … » Vous l’aurez certainement compris, il s’agit du Shukaï mais pas besoin de le préciser. Mairu le devinera tout seule, ou ne le devinera pas. « Tiens, ce que tu devrais faire en retournant sur le continent, c’est essayer de trouver quelqu’un qui saura t’apprendre à réellement manier l’épée. Je le vois bien, tu ne fais pas trop de gestes inutiles mais tu manques cruellement d’équilibre et de muscle. Savoir tailler une cible c’est une chose, en être capable c’en est une autre. Et même si nos corps de femme ne pourront jamais égaler la force brute des hommes, on peut tout de même avoir du répondant. »

Inutile de faire une démonstration de bodybuilding, elle devait voir par elle-même juste en observant mes bras que mes biceps et triceps étaient bien suffisamment développés pour faire de bons dégâts au premier coup de poing.

« Je pourrais t’aider à te renforcer à ce niveau, à travailler ton équilibre et tes réflexes aussi, si jamais tu es intéressée. Mais en ce qui concerne le maniement du sabre et les techniques qui en découlent, il faudra que tu te trouve toute seule quelqu’un qui acceptera de t’enseigner. »

Je pris un autre crabe sur le feu et entamai l’une de ses pinces.

« Après, il faut que ça t’intéresse aussi. Et que le prof que tu trouveras ne soit pas trop regardant sur mes méthodes quelque peu brutales. » Un haussement d’épaule suivit. « Les Kaguya ne sont pas réputés pour leur délicatesse, et je ne fais pas exception. Seulement si tu es d’accord, tu dois être au courant que ce sera difficile, douloureux aussi mais efficace. Seulement cela implique que tu restes ici, et que tu bosses pour moi. Juste histoire que tu montres aux autres que tu mérites ta place par ta volonté et tes compétences plutôt que simplement par ta poitrine et tes fesses. »

Attaquant la seconde pince, je l’observai sous toutes les coutures, chacune des expressions qui apparaissaient sur son visage, dans ses yeux.

« Ah, faudra aussi travailler sur la joie de vivre. Parce que t’es encore jeune, si c’est pour faire la tronche H24, autant de suite te suicider. Ce sera plus rapide pour tout le monde. On a qu’une vie et la perdre peut aller très vite, alors il faut profiter de chaque instant. Sinon c’est comme si tu étais déjà morte. »

Tout en s’occupant des crabes qu’elle avait mis sur le feu, la Natsumi écouta attentivement la Kaguya.

Chef du clan ? Mairu s’en était doutée un tantinet mais maintenant qu’elle en était certaine, la brunette comprenait encore moins la raison qui poussait la Kaguya à lui tenir compagnie. Vu sa position hiérarchique, elle devait surement avoir des choses plus importantes à faire que de rester auprès d’une inconnue qui n’avait rien à lui raconter d’intéressant.

Peut-être que la blonde avait décidé de se détendre, en restant auprès d’elle, mais Milly elle-même avait avancé qu’elle ne respirait pas la joie de vivre. Elle ne devrait donc pas être une bien agréable compagnie.

Le fait que la Gakuya était mariée à une femme alerta alors la Natsumi. Et si elle s’intéressait à elle ? Non, pas moyen. Milly avait déjà quelqu’un qu’elle trouvait « merveilleux ». Et puis, l’ex-kunoïchi ne rejetait pas les couples de même sexe mais elle ne se voyait pas embrasser une autre femme. Le seul être avec qui elle était prête à passer ce cap, était Shinda Michiki. Une vérité qu’elle n’avait pourtant même pas confiée au concerné qui paraissait être aussi maladroit qu’elle en relation mais aussi parce qu’elle ne désirait pas s’engager dans une relation, sachant tous les problèmes que cela pourrait engendrer. La brunette aux yeux sanguins n’avait jamais vécu une histoire d’amour et elle espérait que cela continuerait ainsi ; même si cela signifierait pour elle, finir vieille fille.

Prendre un maître pour progresser, bien sûr qu’elle avait songé à cette idée mais jamais elle n’irait solliciter une personne pour que celle-ci la prenne pour disciple. Orgueil trop haut placé ? Non. Elle était juste une solitaire qui ne souhaitait réclamer l’aide de personne. Depuis qu’elle s’était réfugiée dans son armure de glace, jamais elle n’avait quémandé l’aide d'autrui. Même lorsqu’elle s'était retrouvée dans une mauvaise posture, jamais un appel au secours ne s’était échappé de ses lèvres. Elle endossait sa détresse dans le silence. Tous ceux qui étaient venus à ses secours jusqu’à présent, ils les avaient faits d’eux-mêmes. Soit par devoir – comme avec ses anciens camarades de village – soit pour la tranquillité de la conscience. Même Shinda Michiki l’avait secouru de son propre chef.

« Merci pour votre proposition mais cela ne m’intéresse pas d’avoir un maître et je suis vraiment navrée si ma froideur vous rebute mais je n'ai pas envie de suivre des leçons pour changer ce que je suis. Me suicider ? Cette idée m’a déjà maintes fois effleuré l’esprit mais quelque chose me faisait raccrocher à la vie, telle une moule à son rocher, mais, à causse d’une succession d’infortunes, j’ai fini pourtant par me lasser de ma misérable existence. J’étais alors prête à me laisser mourir dans une grotte, où j’étais tombée, mais un homme est venu à mon secours de sa propre volonté. Mon sauveur a réussi à me redonner goût à la vie mais il me faudrait certainement du temps pour être de nouveau capable de sourire. »

La kaguya la jugeait sans connaître ce qui l’avait fait d’elle, l’être méprisable qu’elle était devenue. La blonde était comme tous les autres. Comme ceux qui l’avaient sermonné sur son comportement distant, sans chercher à comprendre qui elle était au fond.

La Natsumi n’aimait guère qu’on s’apitoyait sur son sort, au point qu’elle préférait qu’on la méprise plutôt que de voir un être lui témoigner de la compassion. Ainsi, elle ne blâma pas la Kaguya sur son comportement qui de toute manière ne l'atteignait guère. Et puis, Mairu comprenait qu’elle ne cherchait sans doute qu'à attire sa sympathie. Seulement, elle s'y prenait mal. Ce n'était pas avec des paroles moralisatrices qu'elle réussirait à lui arracher un sourire.

L'ex-kunoïchi dégusta son premier crabe.

« Servez-vous tant que c'est encore chaud ! ... »

Ayant un tempérament plutôt bon vivant et empli de vivacité, je trouve ça vraiment détestable que certains – ou certaines dans le cas présent – n’estime pas nécessaire de profiter de la vie qui leur ait offerte un maximum. C’est vrai, c’est pas comme si elle était enchainée à une table, à poil et se faisait torturer continuellement par des psychopathes qui font très attention à ce qu’elle reste bien en vie, pour souffrir encore et encore. Non, alors agir de la sorte c’est tout bonnement révoltant.
Et pourtant, Mairu continuait sur sa lancée solitaire. Elle refusait toutes mes propositions, s’excusant au passage pour la froideur de ses propos, et expliqua avoir eu envie de mourir autrefois, avant qu’un homme vienne à son secours et lui redonne goût à la vie.

« Goût à la vie hein … bah franchement il a mal fait son boulot. Regardes-toi, t’es juste une ombre qui cherche quelqu’un sur qui s’accrocher. Si c’est juste une question de sexe, je te rassure, tu ne m’attires pas du tout, nop. Beaucoup trop dépressive et asociale. »

Je ne pesais plus vraiment mes mots, j’en avais marre. Sérieusement elle méritait juste une bonne tarte dans la figure, histoire de lui remettre les idées en place. La manière douce avait échouée, et franchement j’avais trop la flemme d’essayer la manière forte. En plus c’est une civile, on ne se reverra certainement jamais, alors pourquoi est-ce que je me casse le cul à essayer d’en tirer quelque chose ? C’est stupide.
A croire que je me suis trop adoucie en côtoyant Tsubaki, il y a quelques années, une gamine comme elle je l’aurais envoyée piquer une tête dans l’eau froide de l’océan, mais bon.
Rapidement je terminai mon crabe et me levai sans entamer les autres.

« Komitaru ! » Lançai-je en me frottant les mains comme pour les nettoyer. L’ado en question ne tarda pas à apparaitre de derrière un buisson. « ‘Me doutais que t’étais encore dans le coin … Tu vas me surveiller cette femme. » Un petit mouvement du menton pour indiquer Mairu suffit. « Je n’ai qu’une parole, vous pouvez rester ici pour la nuit. Mais pas plus. » Tournant à nouveau les yeux vers le Kaguya, je continuai. « Si elle parle trop, tu la tue. Si elle s’éloigne trop, tu la tue. Si elle est encore là après le levé du soleil, tu la tue. J’espère être claire. » L’adolescent approuva d’un signe de tête. « Bien, de toute manière, quelqu’un qui a si peu envie de profiter de la vie ne mérite pas de meilleur traitement. Bonne continuation à vous, mademoiselle et bonne nuit. »

Après quoi je tournai les talons, peu importe ce qu’elle pouvait rétorquer par la suite, je m’en foutais totalement. Elle voulait rester dans son coin et se noyer dans la solitude, alors soit ! J’ai autre chose à faire que gérer des causes perdues.
Rapidement de retour au campement souterrain, je filai jusqu’à ma bâtisse, y retrouvai la belle Natsuno et après plusieurs baisés, je m’écroulai dans le lit tel un cadavre, froid et mou. La chaleur ne tardera pas à revenir, guidée par les soins précis, doux, délicat et délicieux de l’élue de mon cœur sous la couette. Mais tout ça, ça ne vous regarde plus, héhé.

Spoiler:

Sans surprise, la Natsumi avait réussi, une fois de plus, à se faire méprisée.

Mairu était bien consciente qu'elle n'était pas de plus commode et depuis qu'elle n'était plus une kunoïchi au service d'un village caché, elle avait décidé de s'ouvrir aux autres mais là n'était pas une tâche aisée lorsqu'on a passé plus de dix ans de sa vie à rejeter tous sentiments. Chose que la Kaguya n'avait pas connaissance et qu'elle ne semblait même pas chercher à connaitre. La blonde imposait sa façon de vivre à la brunette sans chercher à comprendra pourquoi elle était si distante. Mairu ne la rejetait pas parce que c'était elle mais elle ou une autre, cela n'aurait changé au comportement de la Natsumi. D'ailleurs, cette dernière n'était pas en train de rejeter la Kaguya comme elle semblait le penser. Au contraire, L'ex-kunoïchi faisait même un effort pour se montrer plus aimable mais qui, de toute évidence, se révélait insuffisant.

S'il était aisé de se laisser tomber dans un gouffre, le remonter était toujours de plus ardu. Si on pouvait tomber malade en un instant, la guérison prenait toujours plus de temps.

La Kaguya était la première personne que Mairu fréquentait depuis que Michiki l'avait secouru. Elle n'avait pas eu donc le temps de changer. Elle était toujours cet être que la plupart finissaient par délaisser à cause de son incommodité. Et pourtant, elle avait un peu changé à l'intérieur car, si autrefois, le rejet de la Kaguya ne l'aurait point perturbé, actuellement, elle sentit son cœur lui peser alors que la blonde s'éloignait. Ses paroles avaient réussi à l'atteindre au point que la Natsumi - qui était pourtant une grande gourmande dont rien ne pouvait couper l'appétit autrefois - reposa le crabe qu'elle était en train de déguster car son estomac s'était renfermé.

La perte d'appétence de la Natsumi ne perdura pas cependant bien longtemps car le lendemain, elle n'avait laissé que des carcasses des crabes derrière elle, alors qu'elle avait quitté l'île, où elle n'était plus la bienvenue, au lever du jour.

Toute sa provision avait était mangée par les crabes et n'ayant pas pu se réapprovisionner sur l'île où ses mouvements avaient été limités et étroitement surveillés, au lieu de poursuivre son chemin vers le continent, qui se trouvait encore bien loin, elle décida plutôt de retourner dans la Forêt de la Brune. Et puis, après ce qu'elle venait d'expérimenter, elle ne se sentait pas prête à vivre parmi ces gens qui n'arrivaient pas à la comprendre. Elle préférait retourner auprès du seul être qui l'avait accepté telle qu'elle était même si elle ne le voyait que très rarement …