Cela devait faire quelque chose comme une éternité que Natsuki était coincé à Suna pour cause d'un événement, et sincèrement, il commençait à s'ennuyer là-bas. Certes, il y avait eu des moments burlesques, comme son séjour à l'hôpital en compagnie de la Doctoresse Yami – même si cela n'avait duré que le temps de l'opération, vu que le lendemain il était allé combattre l'Inconnu en fauteuil roulant – ou ses soirées passées à essayer de ne pas tuer une jeune femme partageant le même sort que lui, mais au final, les journées étaient longues là-bas, et le cycle du soleil n'avait rien à voir dans l'histoire.

Alors oui, il admettait volontiers qu'il ne fera rien de plus au Pays du Feu qu'à celui du Vent, et qu'au contraire, il devait même profiter de cette opportunité pour faire ami-ami avec d'autres shinobis que ceux de son Village, mais pour une raison ou pour une autre, la mayonnaise ne prenait pas. Depuis le temps même, la magouille commerciale qu'il avait organisé avec des marchands à Suna devait être arrivée chez lui. Il avait bien fait préciser à la poste avant de partir qu'il était en vacances pour une décennie au moins, et que si ces derniers s'avisaient de renvoyer ses colis à l'expéditeur parce que personne ne les avaient récupéré dans les délais ils pourraient leur arriver des bricoles, mais sa principale inquiétude demeurait dans le fait que les denrées expédiées passent de péremption d'ici qu'il revienne. Ou pire, que sa tante récupère le tout.

N'importe comment, le temps lui était long ici, au cœur de sa chambre dont le thermostat indiquait 40°. Aussi, lassé de ne rien faire, il décida de rester exactement dans la même position allongée, sans faire davantage d'efforts, mais de fermer les yeux, et de projeter son imaginaire vers Konoha. Son esprit vogua sur un flot de souvenirs, traversant les distances et les obstacles en un instant, et reconstitua le décors qui lui était si familier, celui du terrain d'entrainement. Il ajouta deux ou trois bruits de fond pour la forme, et assit son '' lui '' spirituel sur l'une des trois souches dressées au centre du terrain, éternelles gardiennes et témoins du sang et de la sueur versés par deux générations de shinobi venu s'exercer ici. Et comme c'était important pour l'intrigue, il précisa qu'il était installé sur la buche de gauche.

Et... ce fut tout. Même dans son imaginaire, il resta simplement là, immobile, à ne rien faire, si ce n'était profiter d'un environnement qui lui était familier. Mais tout de même. Les sensations lui étaient étrangement réalistes, un comme s'il était vraiment au Pays du Feu, visible par tous, et que d'ici peu, quelqu'un lui demandera de l'entraîner, par exemple.

N'avait-il d'ailleurs pas oublié d'enlever le prospectus à l'Académie qui indiquait qu'il donnait ici des leçons d'entrainement certains jours à ceux qui le désiraient ?

Le soleil venait à peine de se lever que j’étais déjà debout en train d’enfiler ma tunique du jour, alors que j’attachais mon bandeau frontal, je repensais à la réaction de Kimoko lorsque j’annonçais notre séparation. Malheureusement, elle n’avait pas du tout bien pris cette nouvelle. Les pleurs et l’hystérie que j’eus droit d’avoir étaient d’une intensité à en faire peur, après quelques heures à lui expliquer le pourquoi du comment, elle finit par me dire de partir et de ne jamais revenir vers elle et surtout pas d’aller chez Ibaki. Plutôt dommage, car j’adorais aller manger chez Ibaki, mais je ne crois que son père apprécie que l’homme qui a brisé le cœur de sa fille sois attablé dans son restaurant. Au moins, peut-être que mon partenaire Sôma allait me préparer mes repas, lui qui se considérait comme l’un des meilleurs cuisiniers.

Aujourd’hui, c’était un jour d’entraînement comme les autres, mais cette fois-ci avec un petit plus. La veille, alors que je retournais chez moi après avoir quitté mon ex-copine, je passais par l’académie et une affiche attira mon attention, annonçant qu’un certain Nara Natsuki, Jônin de Konoha donnait des cours particuliers ici même, sur le coup, je me dis que c’était une vieille affiche, mais que ça valait le coup de venir voir si elle était toujours à jour et apprendre ce que ce Nara voulait enseigner. Je n’étais jamais contre l’amélioration de moi-même, plus je m’améliorais, plus j’étais utile au village et ce que je désirais ardemment. Afin de protéger et servir, il fallait que je sois au maximum de mes capacités.

Je marchais tranquillement vers l’académie, j’avais une bonne demie heure d’avance sur l’horaire que l’annonce affichait, je pouvais donc prendre mon temps. J’avais toujours mal au niveau de l’épaule gauche suite à l’explosion d’un piège lors d’une mission précédente avec Sawako, j’avais retiré le métal qui s’était planté à l’intérieur, mais ça n’avait toujours pas cicatrisé au complet. Je tournais vers le petit chemin qui menait à l’académie, j’étais toujours nostalgique du temps que j’étudiais là-bas, tous nos rêves que nous avions et qui semblaient si loin, mais qu’aujourd’hui avec le maximum d’effort, je peux atteindre. Arrivé devant le bâtiment, je me collais le dos au mur près de l’affiche, attendant que le maître du jour se pointe.

Devant le doute de l'imaginaire, Natsuki déplia ses jambes spirituelles et quitta sa bûche mémorielle. Il s'étira paresseusement, puis décida de se rendre à l''Académie des Shinobis pour corriger le tir. Aussitôt, le monde défila autour de lui sans même qu'il ne lève le pied. Le décors filait alors qu'il attendait immobile, traversant le terrain d'entrainement, le Village et l'Académie en un instant. La route et les obstacles se courbèrent pour s'écarter de son chemin, et finalement, il arriva à destination sans effort apparent.

Il se tenait devant son affiche, et hélas, quelqu'un d'autre attendait déjà, négligemment adossé au mur. A tous les coups, c'était pour lui... Il tendit donc la main vers le prospectus, et le décrocha du mur. L'annonce était telle qu'il s'en souvenait, proposant des cours dans plusieurs spécialités selon un créneau fixe, mais elle avait quelque peu vieillit depuis le temps.

« Vous venez pour une leçon j'imagine ? » questionna-t-il en s'adressant au jeune homme adjacent tandis qu'il roulait en boule le prospectus avant de le lancer dans une poubelle. « Normalement, je venais juste pour retirer l'affiche qui n'est plus d'actualité, pour éviter de faire perdre du temps aux gens. Mais bon, puisque vous avez fait le déplacement, je peux bien vous accorder une exception. Ce sera toujours plus constructif que de ne rien faire à Suna de toute façon. »

Natsuki n'écouta pas la réponse de son interlocuteur. Ou plutôt si, mais cette dernière n'avait pas de conséquence sur ce qu'il allait faire ensuite – sauf si le jeune homme se risquait à le tutoyer, auquel cas il le giflera avant de poursuivre. Il posa donc sa main gauche sur l'épaule de son étudiant du jour, et aussitôt, le monde s'anima de la même façon que lorsqu'il était arrivé, sauf qu'il emporta avec lui le rouquin cette fois-ci. Quelques secondes plus tard, et ils étaient sur le terrain d'entrainement aux trois bûches.

« Vous n'avez pas envie de poser de question. » expliqua Natsuki sur un ton de vérité générale en le lâchant lorsqu'il arrivèrent. « Si nous sommes ici, c'est parce qu'en me relisant j'ai vu qu'en plus de nombreuses fautes d'orthographe, ma dernière phrase était sujette à confusion. J'organise les leçons et les rendez-vous ici plutôt qu'à l'Académie habituellement. Là-bas est bien moins pratique qu'ici. Mais passons. Voyons voir ce que vous voulez comme leçon. »

Natsuki posa une main sur la tête du jeune homme, façon Yamanaka Style – la narration n'en était plus à cela près -, et en tira les informations dont il avait besoin.

« Hum. Je m'appelle Natsuki. Vous êtes Yamiko, c'est cela ? Et vous voulez un cours de ninjutsu offensif. Très bien, je peux vous faire cela. »

Il devint soudainement plus sérieux, comme si le temps des plaisanteries était terminé. Les bras croisés sur la poitrine, il poursuivit.

« Assez rigolé. Avant de commencer quoi que ce soit, j'aimerai que vous me fassiez une petite démonstration de ninjutsu, afin que je puisse évaluer votre niveau et votre maîtrise avec l'élément que vous souhaitez développer. »

Il le laissa assez libre sur ce qu'il attendait de lui, car c'était le meilleur moyen pour avoir un rendu au plus proche de la réalité : l'imagination et la spontanéité jouaient autant dans un combat que la force et l'expérience.

En à peine quelque seconde, Natsuki et moi-même, nous nous retrouvions au terrain d’entraînement avec les trois billots de bois. Ce terrain était l’un des plus populaires de Konoha et beaucoup d’équipe avait réalisé de grande chose à cet endroit, mais cette fois pour moi ce n’était qu’un entraînement avec quelqu’un qui n’étais pas gêné de mettre ses mains sur moi. Ça ne me dérangeait pas vraiment, mais la chose qui me troublait le plus était qu’il sache mon nom avant même que je lui dise. Avait-il étudié mon dossier ou entendu parler de moi, pourtant, on ne parle que très peu des Genin alors dans tous les cas, il me connaissait de quelque part et je ne savais pas d’où.

Aussitôt son sérieux repris, Natsuki me demande de lui faire une démonstration de mes talents. Je n’étais pas le shinobi le plus fort, mais j’allais lui montrer ma technique la plus dévastatrice que j’avais en poche. Je fis un pas de côté pour être face à l’un des billots de bois, par la suite, je joignis les mains et effectuai rapidement une série de mudra. Une trentaine d’écailles de requin en forme de métal se matérialisa autour de moi et fonçaient directement dans ma cible. La plupart des gens s’attendent à voir le truc explosé ou quelque chose dans le genre, mais ma technique est beaucoup plus sournoise que cela. La forme d’écaille fait qu’elle rentre pénètre facilement les choses que je vise, mais elles sont extrêmement dur à retirer et donc très douloureuse lorsqu’on essaie de les enlever ou lorsqu’on bouge avec ça dans n’importe qu’elle parties du corps jusqu’à même s’aggraver avec de faux mouvement.

- Et voilà ! C’est l’une de mes techniques les plus offensives… Vous êtes satisfait ? Au fait, je peux vous tutoyer ou je continue à vous vouvoyer ?

Je pris une courte pause et j’enchainai :

- Avant de continuer, je voudrais savoir comment avez-vous su mon prénom ? Je n’ai pourtant pas le souvenir de vous avoir rencontré auparavant !

Natsuki observa attentivement les faits et gestes de Yamiko pendant sa démonstration, autant la technique en elle-même que sa rapidité et sa dextérité à composer l'enchainement de signes. Autour du jeune homme se manifestèrent alors une quantité de projectiles que le Nara tatoué reconnu être une variété de métal, naturellement en lien avec le nom de clan que portait le lanceur. L'ensemble vola en direction des bûches, et se ficha dans celle sur laquelle Natsuki s'était assit plus tôt dans la journée.

« Vous savez qu'il y a un édit qui condamne quiconque abîme ces bûches centenaires à courir pieds nus dans les orties ? » demanda Natsuki alors que les projectiles fusaient.

Une fois le déluge terminé, il s'approcha de la malheureuse cible et récupéra l'un des éclats qu'il étudia brièvement. La finition n'était pas mauvaise, et la forme laissait tout de suite deviner qu'elle n'avait pas que pour but de taillader la chair. D'un simple contact avec le morceau de bois, il lui rendit son état d'origine. Ici était son imaginaire, il ne tolérait pas que l'on en altère le décors.

« Satisfait, oui et non. Le but de la manœuvre n'était pas de m'impressionner, mais simplement me permettre de savoir où vous en êtes niveau ninjutsu, et si ce n'est pas encore trop tôt pour vous apprendre la technique que j'ai à l'esprit. Quant à votre seconde question, je vous avouerai que je prendrai toute tentative de tutoiement comme un manque de respect flagrant. Je ne sais pas si vous avez l'habitude d'appeler vos autres supérieurs et formateurs par leur petit nom, mais entre nous, il vaut mieux que nous en restions au vouvoiement. »

Malheureusement, Yamiko était de nature curieuse, et bien qu'elle permettait d'enrichir son esprit quand appliqué avec modération, là, elle encombrait surtout le Nara tatoué avec la nouvelle question qu'elle entraina. Il prit donc un instant pour réfléchir à la meilleure manière de lui expliquer qu'il s'était permit de l'extirper de son esprit pour éviter à l'intrigue de bloquer encore un tour pour rien.

« Je peux vous offrir deux explications, à vous de choisir celle qui vous convient. Soit je vous révèle que ma mère est une Yamanaka mariée avec mon père, un Nara, et que donc j'ai eu l'enseignement des pouvoirs des deux clans, ce qui m'a permit de fouiller dans votre esprit pour y trouver votre identité. Soit je vous dis que je n'existe pas vraiment ici, car en fait je ne suis qu'un produit particulièrement réaliste de ma propre imagination alors que mon corps rêvasse en ce moment même à Suna, et que par conséquent je me suis accordé totalement gratuitement la connaissance de votre nom rien qu'en vous touchant la tête. L'un dans l'autre, vous pourriez trouver grossier ma violation de votre vie privée, mais croyez moi, c'était nécessaire. Ceux qui jugent les apprentissages pour les valider n'ont pas envie de se perdre dans quinze postes d'introduction et de parlottes inutiles pendant. Aussi, pour éviter que l'on perde encore je ne sais combien de tours à se présenter et me dire ce que vous voulez apprendre – ce que nous étions censé faire dans maximum le deuxième tour, et qui avouons-le était super mal partie – j'ai fait accélérer l'intrigue par ce procédé. Maintenant, si vous vouliez bien vous concentrer, et arrêter de poser des questions inutiles, nous allons poursuivre votre leçon de ninjutsu. Observez bien. »

Natsuki composa une série de signes avec ses doigts. En résulta un bloc épais et un autre plus fin en pierre qui émergèrent du sol à l'horizontal, et se refermèrent l'un contre l'autre tel un piège à ours dans un fracas qui ne donnait pas envie de se retrouver prit entre les deux.

« Voici ce que je vais vous enseigner. Cette technique permet de comprimer votre adversaire entre deux plaques élémentaires. Ma version ressemble à un cercueil, mais vous êtes libre d'adapter la forme de la vôtre comme bon vous semble une fois que vous la maîtriserez. J'imagine que la votre sera en métal par exemple. Pour l'exécuter parfaitement, vous devez être capable de créer deux parois indépendantes, et d'en exercer un contrôle simultané dessus. Commençons déjà par une. Voici les mudras à exécuter pour un mur élémentaire. »

Natsuki lui en fit la démonstration, puis poursuivit.

« Vous allez créer un mur devant moi, et tenter sans le toucher de me faire reculer en le poussant dans ma direction. De mon côté, je vais bien sûr résister, alors ne vous retenez pas votre effort. Si vous avez comprit ce que j'attends de vous, alors allez'y. »

Yamiko avait peu de chance de faire fléchir son formateur, mais là n'était de toute façon pas le but : par cet exercice, le Nara tatoué voulait qu'il apprenne à contrôler une quantité volumineuse de son élément, et à affermir sa prise dessus en luttant contre une résistance. Il ancra donc ses pieds dans le sol, et se prépara à faire suer le jeune homme.