L'hôpital croule sous le nombre affluant de patients. A présent, on les entasse même dans les rues voisinant l'établissement de santé. Déplacer les blessés les plus graves à l'intérieur et en sortir ceux qui vont mieux est un casse tête qui fait perdre plus de temps qu'il n'en fait gagner pour les soins. Votre mission ? Tachez de trouver un semblant d'organisation dans tout ça. Entre le patient qui agonise dans la rue plus loin avec aucune sonnette pour interpeller un médecin, de nouveaux blessés qui arrivent alors qu'il n'y a toujours pas de place, les fouilles désorganisées pour repérer des mourants bloqués sous des décombres avec un mauvais suivi du nombre de décès, ... Bref, toute l'organisation est à faire.

Les hauts gradés encore en état étant occupés à surveiller les environs ou à aider à la Voie Illusionnée pour parer à une éventuelle seconde attaque surprise alors que Suna est en crise, ce sont des ninjas un peu moins gradés mais tout à fait apte qui furent envoyés-là. Ils ont toute autorité, mais recevoir des ordres d'un simple Genin n'est pas toujours facile. Faites attention.

Ø Respectez l'ordre de post, et privilégiez ce RP pour ne pas le faire traîner.
Ø Résumez toutes vos actions et vos techniques (ainsi que leur rang et leur cible) à la fin de votre RP, avec la balise spoiler ou hide. N'hésitez pas à exporter le code de vos techniques via votre Fiche Technique dynamique.
Ø Vous avez 48h pour poster lorsque c'est votre tour. Si vous ne le faites pas, vous aurez une seule et unique fois un joker de 24h supplémentaires (le Chroniqueur ne passera pas poster). Si vous n'avez toujours pas posté, vous serez exclu du groupe.
Ø En cas de soucis, n'hésitez pas à envoyer un MP à Yamada Kioshi ou à le contacter par Skype. C'est le Chroniqueur.

Ø Les évènements se déroulent au soir de l'acte, peu après le discours du Kazekage.
Ø N'hésitez pas à vous séparer dans des domaines différents (la gestion de l'hôpital et des blessés, la fouille par zone d'éventuels rescapés, l'identification des morts et leur décompte pour dresser un bilan fiable, ...). Le Chroniqueur passera à chaque fin de tour afin de donner les résultats de votre décision / initiative / ordre. Aucune ligne directrice donc, vous êtes libres d'inventer votre gestion, de vous occuper du domaine que vous voulez en premier, etc...
Ø De cette mission découlera la proportion des blessés qui ont rendu l'âme et ceux sauvés. Soit le bilan humain final.

Ketsueki Kazushi
Chikamatsu Ruri
Chroniqueur

Décidément, cette journée n'en finissait pas. On aurait dit que le soleil ne souhaitait pas se coucher, ne pas passer à demain et nous donner le temps de nous reconstruire, de pleurer nos morts. Je comptais aller retrouver les miens, voir si tout le monde allait bien. Mais c'était égoïste. J'étais exténuée, mais des Sunajins étaient en train de mourir dans leurs propres ruelles. Ils avaient besoin de toute l'aide possible. Suna entière avait besoin d'aide. Il fallait que j'aille prêter main-forte à mon village - tout en espérant que ce serait ma dernière action de la journée.

Le rappel à l'ordre m'est parvenu par messager. Une mission demandée par Kioshi. L'hôpital avait besoin d'appui et de main d'oeuvre. Mais bien sûr, comment ne pas y avoir pensé ? J'étais épuisée, mon cerveau ne fonctionnait pas correctement. La dernière fois que j'avais mangé était ce matin à 7h, ma gorge était desséchée par l'effort et la poussière contenue dans l'air. Même si nous étions déjà en enfer, le désert ne nous épargnait pas de sa chaleur étouffante.

L'hôpital, donc. J'y étais il y a quelques heures à peine, accompagnée de la Shodaime Hokage, ressuscitée par une technique interdite. J'avais rejoint mon sensei et d'autres Shinobis étrangers, se battant contre un démon. Puis mon sensei m'avait demandé de l'accompagner pour une autre mission éprouvante. Et maintenant la gestion de l'hôpital. Je somnolais. Si j'avais su, ce matin au réveil, que cette journée se déroulerait comme cela, je me serais mieux préparée. Si j'avais su...

Non, si j'avais su, j'aurais fait empêcher tout ça. Je ne savais pas comment, mais je l'aurais fait. On se serait préparés, on aurait fait face. Mais même de la préparation n'aurait pas empêché ce carnage... C'est l'esprit totalement embrumé par la fatigue et par mes pensées improbables que j'entendis un gémissement. Une femme était appuyée contre un mur, dans l'ombre. C'est en m'approchant que je pu constater que sa jambe était sectionnée en-dessous du genou.

Nous étions pourtant assez loin de la zone ravagée, mais le fait était qu'elle se trouvait là. J'avais eu un haut-le-cœur en voyant tout le sang. Mon estomac vide ne m'aidait pas sur ce plan-là. Il faudrait pourtant que je prenne sur moi, car j'allais voir bien pire à l'hôpital. J'entrepris de déchirer un pan de mon vêtement, qui était déjà écorché de partout. Je fis un garrot au-dessus de l'amputation de fortune de la jeune femme. Seul des gémissements sortaient de sa bouche. Elle n'avait même pas l'air de remarquer ma présence ; elle était en train de perdre connaissance.

Je lui mis une paire de gifle afin de la tenir éveillée. J'avais à peine assez de force pour effectuer ce geste. Puis j'invoquais ma marionnette et entrepris de la porter dans les bras de mon pantin. L'hôpital était ma destination et il fallait presser le pas. Il fallait limiter les morts au maximum. Il fallait que je pousse mon corps et mon esprit au maximum.

Le reste du chemin se fit comme dans un mirage, de la même sorte lorsque l'on essaye de courir dans un rêve. Je courrais, mais l'hôpital restait dissimulé. Lorsque je pus enfin passer les portes, la jeune femme mourante dans les bras de mon pantin, je réalisais que la tâche serait extrêmement difficile. Il me semblait qu'un infirmier était venu prendre la jeune femme. Des patients étaient assis, allongés, partout : à même le sol, dans le hall, dans les couloirs. L'odeur du sang, de la transpiration et de la peur empestait. Je ne remarquais même pas Kazushi venu lui aussi prêter main-forte à l'hôpital. Finalement, le destin essayait de m'apporter un peu de réconfort.

Le Ketsueki m'expliquait son plan, mais je l'entendais à peine. Il grimpa sur quelque chose pour se mettre en hauteur et aborda la foule de médecins, infirmières, volontaires et mourants. Une infirmière, l'air sévère, me donna un bout de pain et de l'eau. Je sentais mes forces revenir petit à petit. J'avais assez écouté Kazushi pour savoir quel était mon devoir dans cette mission. J'espérais que son discours aurait un impact positif et j'attendais les réactions.

Celle que j'avais identifiée comme la cheffe des infirmières s'approcha de moi. J'espérais sincèrement qu'elle m'apporterait son aide. Évidemment, une muette n'avait pas beaucoup de crédibilité dans le domaine de donner des ordres...

Le discours n'avait pas eu l'effet escompté. Nous avions été ignorés par la plupart et presque insultés par le reste. Mais je comprenais leur point de vue malgré tout. Ils étaient seulement des civils, et avaient payé pour une guerre entre Shinobis. Ils avaient subi les dégâts collatéraux. Ils avaient pour certains tout perdu : une personne chère, leur foyer, un membre ou l'usage de leurs corps. Et voilà que deux Shinobis débarquaient, s'annonçant comme des sauveurs, bouleversant les plans des personnes qui se tuaient à maintenir l'hôpital sur pied et sauver les blessés depuis le début des évènements.

Apparemment, Kazushi n'avait pas pris en compte cette possibilité. Il semblait très énervé, et la tirade qui suivi confirma mes pensées. Je ne l'avais encore jamais vu comme ça. Il ressemblait vraiment à un Ketsueki dans cet état. Il m'avait fait croire qu'il n'était pas comme les autres, mais finalement il cédait à son sang maudit dans certaines situations. Il était très mauvais pour un Shinobi de laisser ses actions être guidées par ses émotions. Nous devions toujours garder notre sang-froid, peu importe la situation.

Inutile de préciser que son discours ne m'avait absolument pas plu. Il se permettait d'insulter des personnes qui avaient consacré leur vie à sauver celles des autres. De les menacer et de tenter de les faire plier par la force. Certes, l'organisation actuelle était à revoir, mais je vouais un profond respect aux médecins et infirmiers. Si j'avais eu le choix, je me serais sûrement lancée dans la médecine. Sauver des vies, voilà ce qui était noble à mes yeux. Mais je n'avais pas eu le choix.

Je n'attendais pas de voir à nouveau les réactions pour agir. Je me dirigeais vers celle que j'avais identifiée plus tôt comme une figure d'autorité dans le personnel médical. Je m'empressais de lui écrire un message.

« Je vous en prie, prenez le temps de lire mon message. Les propos de mon collègues sont violents et je m'en excuse. Nous voulons seulement vous apporter notre aide. Vous m'avez l'air d'être dans le métier depuis longtemps, vous savez bien que désinfecter et poser des pansements ne suffira pas. L'hôpital a besoin d'être complètement réorganisé pour que vous puissiez continuer à sauver des vies. Nous sommes là pour ça, nous occuper de l'organisation. Nous ne voulons pas en tirer de la gloire ou de la reconnaissance : nos familles, voisins et amis sont ici. Le personnel médical est débordé, laissez-nous vous aider... Je vous en prie. »

Je ne savais pas si ce mot allait la faire changer d'avis. C'était mon dernier recours, si cela ne fonctionnait pas, il serait inutile d'insister d'avantage. Inutile de créer des tensions supplémentaires. Il nous faudrait trouver un autre moyen pour les convaincre.

Apparemment les menaces n'ont pas fonctionné et franchement, je m'en veux un peu d'avoir cédé à la colère aussi rapidement, cela ne me ressemble pas et le regard de Ruri n'a fait que me le rappeler. La réponse des personnes aux alentours m'ont fait un genre de déclic. Je reste persuadé que ce n'est pas comme cela que ça va fonctionner, mais bon, il faut gagner leur confiance et pour gagner celle-ci rien de mieux que faire ce qu'ils me disent comme un bon shinobis le ferait.

Je me plains toujours de la réputation des Ketsueki, mais je n'ai rien fait pour l'améliorer aujourd'hui, je vais donc remédier à cela le plus vite possible en offrant mes services aux personnes en ayant le plus besoin ici même. Cela va me permettre de réfléchir encore un moment et de voir de l'intérieur qu'est-ce qui cloche dans l'organisation de cet hôpital. De cette façon, avec l'aide de Ruri, nous allons pouvoir organiser toutes ce merdier pour que cela fonctionne. J'ai vraiment envie de réussir cette mission et pour moi la priorité actuelle va aux patients et au soutien des médecins qui courent dans tous les sens. Je prends donc la parole, la tête basse pour m'excuser et offrir mes services aux plus nécessiteux.

"Je suis désolé, je me suis emporté dans le stress et la panique de voir l'hôpital submergé de partout. Je vous écoute donc, je vais commencer par panser les quelques personnes qui se trouvent aux alentours de l'hôpital, n'hésitez pas à crier si vous avez besoin de mon aide, je ne serais pas loin !"

J'ai dit ça fort et clairement, j'espère qu'un grand nombre de professionnels de la santé m'auront entendu, je suis à leur entière disposition et sous leurs ordres, je vais donc commencer par suivre leur premier conseil, panser des plaies. Je prends donc le nécessaire au pansement, de la gaze, des ciseaux, du scotch, désinfectant et eau pour nettoyer et désinfecter les plaies les plus grosses. Je prends aussi du vieux linges afin de pouvoir faire des garrots si cela est nécessaire. Je prends ensuite la direction de la porte et commence à panser le plus grand nombre de personnes possibles.

Elle avait raison. Tout l'hôpital ne pouvait pas s'arrêter pour discuter quelques minutes. Le temps nous était bien trop précieux en ce moment. Mais comment faire ? Je n'avais jamais eu à gérer une organisation, et encore moins un hôpital en crise. Mon cerveau fonctionnait au ralenti, exténué par les évènements, m'empêchant de réfléchir correctement.

Kazushi sembla réaliser son erreur. Je ne savais pas s'il avait vu mon regard méprisant, mais dans tous les cas il était revenu à la raison. Et heureusement... Il avait échauffé la foule. J'avais pu entendre des menaces de mort. Il s'était excusé et avait repris une attitude correcte. Je n'oubliais cependant pas la façon dont il s'était si brusquement emporté.

Alors qu'il se dirigeait vers la sortie, je pris aussi cette direction. Je n'avais cependant pas les mêmes motivations. J'avais eu une idée, qui restait cependant très illusoire et qui risquait d'être inaccessible. Mais il fallait tenter le coup, car c'est tout ce que j'avais à ce moment.

Je fis signe à Kazushi que je partais de mon côté, à l'opposé de lui. Je partais en direction de l'ouest. J'espérais trouver des habitations intactes et occupées. En passant devant une fenêtre, je pus voir du mouvement entre les rideaux. Je décidais de tenter ma chance. Je n'avais pas de temps à perdre. Avant de frapper à la porte, j'écrivais un mot.

« Le danger est passé. Nous avons chacun des morts à pleurer, mais nous devons encore être forts pour un moment, forts pour les vivants. La vie représente l'espoir. Il y a énormément de nos concitoyens qui se meurent en cet instant même à l'hôpital, qui est débordé. Ils ont besoin de notre aide, de votre aide. S'il vous plait, emmenez le plus de matériel possible à l'hôpital, des couvertures, des vivres, des pansements, tout ce que vous jugerez utile. Proposez votre aide une fois sur place. Prévenez vos voisins de faire de même. Suna a besoin de ses héros. »

Simple, mais qui j'espère saura faire réagir. Je frappais énergiquement à la porte. Un homme d'une trentaine d'années ouvrit la porte, la mort dans l'âme et dans les yeux. Je lui tendis immédiatement mon billet. Il le lut attentivement et ne s'interrogea pas sur le fait que j'avais préféré parler par écrit que de vive voix. Il ne répondit pas, mais j'aurais juré voir une étincelle s'allumer dans ses yeux. Oui, une étincelle d'espoir.

Je frappais ainsi de porte en porte, montrant toujours le même papier. J'espérais mobiliser le maximum de personnes.

Ruri est allée chercher de l'aide ainsi que des bras chez les voisins, peut-être que ceci était une bonne solution. Moi, de faire des pansements je voyais très bien que cela ne menait à rien et qu'il fallait que je sois plus utile. Je décide donc d'aller chercher de l'aide, j'ai besoin d'aide pour récupérer d'éventuels survivants dans les décombres, mais pour ceci il faut que j'ai la force nécessaire pour porter les décombres et sortir les blessés de ceux-ci. Je me dirige donc à l'entrée et trouve Ruri accompagnée de quelques personnes. Et elle avait réussi à en ramener de plus en plus vers avec elle. Je décide donc de m'approcher de ce groupe qui ne sait pas encore réellement ce qu'il doit faire, mais qui a envie d'aider.

"Bonjour ! Merci beaucoup de votre aide, justement, j'ai besoin de vous ! Je vais aller chercher d'éventuels survivants sous les décombres, mais je vais avoir besoin d'aide. Il faudrait des personnes assez forte pour soulever les débris pour sortir les blessés. Merci d'avance à ceux qui viennent !"

Je n'attends pas de réelle réponses, j'espère juste qu'ils viennent m'aider. Les personnes sous les décombres peuvent mourir d'un instant à l'autre et je ne veux pas cela. Ruri et moi avons été mis ici pour régler l'hôpital afin qu'il y ai le moins de pertes possibles. Civiles comme shinobis. Je cours donc vers les premiers débris et appelle.

"Il y a quelqu'un ? Vous avez besoin d'aide ?"

J'attends, pas de réponse. Je me retourne ensuite vers le petit groupe qui m'a suivi et leur pose une question, une simple question.

"Est-ce que l'un de vous est doué en sensorialité ? Ou à une quelconques techniques ou idées afin de savoir s'il n'y a pas des personnes évanouie sous les décombres."

Il serait très utile pour nous d'avoir une telle personne dans le groupe, cela nous permettrait de ne pas perdre trop de temps en recherches vaines dans des décombres vides. J'attends quelques instants avant de rajouter.

"Et si jamais il y a des cadavres, nous marquerons la zone pour venir les chercher plus tard, lorsque la situation sera calmée. Sauf bien sûr si le cadavre est à portée, dans ce cas-là, nous couvrirons le corps."

Enfin, je commençais à voir que tous mes efforts n'étaient pas vains. Cela faisait deux heures que je frappais aux portes des Sunajins, leur montrant le même papier sans relâche. Recevant des sourires, des insultes ou des menaces parfois. J'avais rejoint l'hôpital et à mon plus grand soulagement, je pouvais voir qu'un bon nombre de civils et shinobis se trouvaient devant les portes de l'hôpital, certains pansant des plaies, d'autres assistant des infirmiers, les derniers distribuant des couvertures et de la nourriture.

J'arrivais au moment où Kazushi proposait aux civils de venir avec lui pour trouver d'éventuels blessés sous les décombres. Je n'avais aucune idée de ce qu'il avait pu faire pendant mon absence. Je ne voyais aucun changement notable.

J'allais moi aussi réquisitionner de l'aide aux personnes qui avaient répondu à mon appel, ceux qui ne partaient pas avec le Ketsueki. Je trouvais dans la foule le premier homme qui m'avait ouvert sa porte. Celui qui semblait complètement perdu à ce moment-là. Ses traits avaient changés du tout au tout. Ils étaient toujours tirés de fatigue et des cernes barraient ses yeux, mais je pouvais voir une volonté nouvelle animer son visage. Il dirigeait quelques personnes, leur donnant la marche à suivre, se faisant entendre et écouter. Le porte-parole dont j'avais besoin.

Son expression me laissa penser qu'il m'avait reconnue. J'écrivis un deuxième message à son encontre.

« Merci infiniment d'avoir répondu à mon appel. Comme vous l'avez peut-être remarqué, je suis muette et donc incapable de transmettre des instructions, et vous me semblez particulièrement doué pour cela. Accepteriez-vous d'être mon porte-parole ? »

Je lui tendis le papier, guettant sa réaction. Puis j'écrivis la suite.

« Je pense que la meilleure chose à faire actuellement est d'étendre toutes les sortes de draps et de couvertures dans les rues voisines de l'hôpital, afin d'y coucher les blessés. Les docteurs et infirmiers auront plus de chemin à parcourir, mais au moins les couloirs de l'hôpital seront désencombrés et un plus grand nombre de personne pourra recevoir des soins. »

J'espérais que la réponse serait positive, et j'étais confiante. Tout allait en s'améliorant. Bientôt, tous les blessés seraient soignés et hors de danger. Mais même à ce moment-là, la mission ne s'arrêterait pas pour moi. Il faudrait que je parte avec Kazushi pour recenser les cadavres. La vue de corps sans vie ne me faisait pas peur, c'était plutôt de reconnaître un visage cher au milieu de ces dépouilles. J'allais forcément voir des visages familiers, peut-être le boulanger ou ce gamin qui avait l'habitude de jouer aux petites voitures devant sa porte. Mais je risquais aussi de voir les visages des personnes de ma famille, de mon clan, de mon équipe ou d'anciens partenaires de mission.

Comme je le pensais, personne n'est doué de sensorialité ici même. Ce à quoi je m'attendais moins, c'est qu'un homme s'est proposé pour aller chercher ces personnes et est revenu quelques minutes plus tard accompagné de plusieurs Yamada doué de sensorialité. Je décide de prendre en charge la direction de ce petit groupe.

"Merci à tous autant que vous êtes, votre geste saura être récompensé. Nous avons quatre Yamada, un par groupe et nous allons faire trois groupes de trois et un de deux, si possible deux personnes assez fortes."

Les personnes se séparent rapidement pour former ces quatre groupes comme je l'ai demandé. Cela prend forme et j'en suis heureux, enfin cela avance et je ne fais pas quelque chose qui ne sert à rien.

"Chaque groupe vas partir en direction de l'un des points cardinaux, nord, sud, est et ouest. Ensuite, chaque groupe partira sur sa gauche jusqu'au prochain point cardinal, donc le nord ira en direction de l'ouest, l'ouest vers le sud et etc. Comme savoir si vous êtes arrivés ? Lorsqu'un groupe à fouiller un tas de décombres, il marque à l'aide de peinture, bois ou ce qu'il veut pour montrer qu'il y a déjà quelqu'un qui est passé par là. N'oubliez pas d'amener les blessés à l'hôpital et de couvrir les cadavres. Lorsque vous avez terminé, cherche le groupe qui vous précédait et proposez votre aide." Je me calme quelques secondes avant de continuer. "De cette façon nous couvrirons la zone rapidement et efficacement."

Je regarde les groupes avant de leur désigner une direction à prendre pour partir, s'ils ont une question, c'est le dernier moment, car nous n'allons plus nous voir pendant plusieurs heures. Je pense qu'il faudra deux heures par groupe pour fouiller toutes la zone.

"Si vous avez une question, c'est le dernier moment. Nous irons au nord, le groupe de deux à l'ouest, vous au sud et vous à l'est."

J'attends quelques instants avant de continuer mes ordres, le prochain sera simple et sera le coup de départ de cette mission à l'intérieur d'une mission. J'espère que nous allons pouvoir sauver le plus grand nombre de personnes. Avant de partir, je laisse un mot accroché sur un bout de bois, si jamais Ruri reviens avec quelques autres personnes et lui explique où je suis, le groupe de deux et notre technique. Cela me prend trente secondes et en me relevant je jette à tous un puissant.

"Rompez !"

Sur ce coup de départ, chaque groupe prend la direction qui lui a été attribuée et va commencer les fouilles.

Non, finalement non, nous arrivions toujours au même point. Bien sûr que non, je n'avais pas exposé la totalité de mon plan en détails. Ces gens étaient-ils stupides ? Incapables de réfléchir par eux-même ? Il leur fallait des ordres bien précis. Devrais-je aussi mentionner qu'il faudrait avancer un pied après l'autre pour pouvoir marcher ? Un plan précis, d'accord, mais tout de même... Cet homme n'était pas aussi intelligent qu'il en avait l'air.

Cette situation m'exaspérait, mais je ne laissais rien transparaître. J'effectuais pour la troisième fois de la journée une mission éreintante, sans répit, pendant qu'eux étaient enfermés à pleurer chez eux. J'avais dû aller les chercher jusque dans leurs maisons, comme s'il ne pouvait pas comprendre d'eux-mêmes que l'hôpital était surchargé.
Je devais garder mon calme. La fatigue et les questions stupides ne viendraient pas à bout de mon mental. Mes démons faisaient pression également. Ils ne demandaient qu'à être libérés. Mais non, c'était impossible, pas ici, pas maintenant. J'avais une mission à accomplir. Hors de question d'abandonner.

« Attendez, je vais vous livrer les détails. Je voulais d'abord être sûre que vous m'aideriez avant d'écrire inutilement. Pour ceux qui sont déjà assis dans la rue, vous pouvez bien évidemment leur demander s'ils préfèrent se lever pour s'asseoir plus confortablement ou s'ils préfèrent rester à même le sol. Pour ceux qui sont inconscients, on ne les déplace pas, bien entendu. S'ils respirent et n'ont pas de grosse plaie ouverte, il faudra les mettre en position latérale de sécurité. Je vous montrerais. »

Je marquai une pause, tendant le premier papier à mon interlocuteur.

« Pour ce qui est de l'intérieur de l'hôpital, on évacue ceux qui supportent le trajet, ceux qui ne sont pas trop dangereux à déplacer. Nous pouvons trier les blessés en quatre catégories :

- Les urgences dépassées : ceux qui vont, hélas, mourir. C'est déjà trop tard pour eux, inutile de gaspiller des ressources et du temps, c'est de toute façon trop tard.

- Les urgences absolues, celles à traiter en priorité. Vous n'y pouvez rien, c'est aux médecins de s'en occuper. Par exemple ceux qui ont une grosse plaie ouverte, qui sont brûlés, qui se vident de leur sang, qui ont un membre arraché.

- Les urgences relatives : ceux dont nous devons nous occuper. lls peuvent être évacués vers les couvertures que nous allons placer dans les rues. Ils ne sont pas la priorité car ils ne risquent pas de mourir à tout moment. Fractures ouvertes, luxations, légères brûlures. Ces personnes sont conscientes. Il faut cependant les surveiller, car comme nous ne pouvons pas vérifier immédiatemement les blessures internes, certaines peuvent s'aggraver. Un patient qui par exemple s'évanouit, a très mal à la tête ou que son corps ne répond plus. Si c'est le cas, il faut alerter un médecin car il passe dans les urgences absolues.

- Pour finir les blessers légers, ceux qui ne souffrent que de plaies superficielles. Il y a sûrement aussi des personnes en état de choc, ou des personnes présentent car elles n'ont plus d'habitation, ou qui cherchent quelqu'un. Ceux-là ne sont pas à laisser pour compte mais vous comprenez bien sûr qu'ils passent au dernier plan.

Vous pouvez demander l'avis des docteurs si vous hésitez sur l'état d'un patient, mais hélas je crois qu'il faudra nous fier à notre instinct. Les médecins sont très occupés et certains ne prennent pas le temps de répondre. Nous allons composer plusieurs groupes, chaque groupe prendra une aile du bâtiment. Les personnes en urgence absolue sont à signaler. Les urgences relatives seront transportées dans cette rue, celle de droite, et les blessés légers dans celle de gauche. S'il n'y a pas assez de couvertures, il faut les fournir en priorité aux urgences absolues si un médecin vous le demande, sinon pour les urgences relatives. C'est assez clair ? »

Il m'avait fallu un sacré moment pour écrire tout cela, mais finalement c'était mieux que ce soit par écrit. Ça ferait un rappel en cas d'oubli.

Les choses ne se déroulaient plutôt pas mal, cela fonctionnait et les personnes sous "mes ordres" obéissaient et écoutaient mes ordres. C'est une bonne chose, car sans cela il nous aurait été très compliqué de trouver des survivants parmi les décombres. Nous arrivions vers une maison lorsqu'un bruit de pleurs et de cris se fit entendre à quelques mètres de là. D'un geste je fais signe à notre petit groupe de se rendre vers l'endroit d'où venaient ces pleurs pour découvrir une fillette, poupée à la main en train de pleurer et d'appeler ses parents, certainement restés sous les décombres. Je me retourne vers mes camarades et leur dis.

"Vous savez ce qu'il vous reste à faire. Je m'occupe d'elle."

Je me retourne une nouvelle fois pour faire face à la fillette lorsque je découvre, horrifié que le pan de mur de la maison qui se situe juste derrière elle est en train de s'effondrer et menace fortement la vie de cette jeune fille. Sans même réfléchir, très rapidement je concentre du chakra dans mes jambes pour gagner de la vitesse et être rapidement vers celle-ci, la moindre hésitation de quelques centièmes sera fatale, pour elle comme pour moi. J'arrive à grande vitesse et pousse de toutes mes forces la fillette, quelques blessures d'une forte chute ne seront rien comparés à ce qu'il aurait attendu si je n'aurai pas réagis assez tôt. Tout en profitant de ma vitesse je me retourne et sors mon sabre que je met face au mur et le long de mon corps pour me protéger si jamais les débris devaient être plus rapides que moi. Par chance, je me retrouve de l'autre côté du pan de mur écrasé sans aucune égratignures, si ce n'est celles de la chute.

Je prends la fillette dans mes bras et lui dis que tout ira bien. Je sais que je vais avoir un sentiment de mentir, étant donné que je ne sais pas si ses parents ont survécus à l'effondrement de leur maison. Je me dirige donc vers le groupe de recherche et vois la mère de la fillette qui a l'air vivante. Je lâche donc celle-ci qui s'empresse de courir pour retrouver sa mère. Apparemment, ils ont découvert le père. Mort ? Vivant ? Je ne sais pas encore.

Le plan fonctionnait comme prévu. Les médecins et infirmiers ne s'y opposaient pas et même mieux : certains nous aidaient à déterminer l'état des patients. Nous avions pu déplacer les blessés légers à l'extérieur, comme prévu. L'installation n'était pas des plus confortables mais après tout, nous étions en guerre. Il fallait faire avec ce que nous avions à disposition.

Il y eut quelques protestations, certains ne comprenaient pas pourquoi ils étaient obligés de sortir de l'hôpital, alors qu'ils étaient venus recevoir des soins. Ils comprenaient avec des explications ou lorsqu'ils voyaient les autres patients, mais ce n'était pas pour autant qu'ils s'en contentaient joyeusement.

Alors que je passais dans un couloir à la recherche d'éventuels blessés légers, j'entendis un cri suivi d'un bruit sourd. En arrivant sur les lieux, je ne pus que constater ce qu'il s'était produit : un patient avait lourdement frappé une infirmière, elle saignait abondamment de la tête.

Je réagis immédiatement. En tant que Shinobi, je devais intervenir. Ma marionnette, qui me suivait et me servait pour transporter les patients, se retrouva aussitôt derrière le tortionnaire. Du mouvement de mes doigts, mon pantin lui serra fermement le bras valide dans le dos, l'empêchant de riposter. Son autre bras, plus précisément son épaule, semblait déboîtée. Des civils m'aidant à transporter les blessés se précipitèrent pour appuyer des compresses contre la blessure de la victime.

« Vous venez d'ajouter un blessé à la longue liste et vous privez l'équipe médicale d'un membre. Que pensiez-vous faire ? Si vous n'êtes pas soigné immédiatement, c'est que d'autres en ont plus besoin que vous. Ne croyez pas que la situation vous permette de faire de telles choses. Vous serez jugé pour votre crime. »

Je lui plaçait le mot juste devant les yeux, l'obligeant à lire. Alors qu'il parcourait le papier, je vis à son expression qu'il réalisait son geste et les conséquences que cela allait engager. Cela m'importait peu. Un criminel reste un criminel, qu'il regrette son geste ou non. Quoiqu'on fasse, il faut en assumer les conséquences que cela peut engager.

Je pris l'initiative d'aller le placer moi-même dehors. Toujours "menotté", je le forçais à avancer, même si maintenant il n'opposait plus aucune résistance. Plusieurs blessés installés dans la rue levèrent la tête à notre passage, l'air intrigué. Peut-être par la vue de la marionnette, ou alors de voir quelqu'un se faire emmener de force. J'espérais que si quelques-uns pensaient faire le même coup, cette vision les dissuaderaient.

Mon porte-parole, qui était maintenant le sous-chef de l'opération, vint me trouver pour m'avertir que des protestations se faisaient entendre. Les esprits commençaient à s'échauffer. J'écrivis un discours qu'il pourrait déclamer à la foule en colère.

« Certains se demandent ce qu'ils font ici. Je vous répondrai que seuls ceux qui sont en réel danger de mort sont à l'intérieur. Comme vous pouvez le constater, l'équipe médicale est débordée et plusieurs civils sont venus prêter main-forte. Cela ne veut pas dire pour autant que vous ne serez pas soignés, bien au contraire. Si certains ne l'ont pas encore remarqué, nous sommes en temps de guerre. Il y a déjà beaucoup de nos concitoyens qui sont décédés. Si vous pouvez encore vous plaindre et protester, remerciez les dieux ! Ceux qui sont morts ou dans le coma ne peuvent plus rien dire. Vous recevrez des soins dès que l'équipe médicale, qui se tue à la tâche, n'aura plus de mourants. Aucun écart ne sera toléré. Les abus seront sévèrement sanctionnés. »

Mon porte-parole me regarda d'un drôle d'air, mais il savait qu'il pouvait me faire confiance. Mes plans avaient fonctionné jusqu'à présent. C'est donc d'une voix assurée qu'il déclama son discours.

J'ai compris grâce au senseur que le père n'avait pas survécu. Je préfère prendre la décision de ne pas sortir le cadavre maintenant, la fille et la mère ne sont pas obligées d'être confrontées à de telles images. Je décide donc d'évacuer ces deux personnes en direction de l'hôpital. Je choisis celui qui, de mon groupe, je trouve le meilleur parolier, celui qui saura trouver les mots justes pour réconforter cette famille en deuil. Je ne peux malheureusement pas aider cette famille en difficultés, je dois me concentrer sur la mission que j'ai à diriger. C'était mon plan, sans compter le fait que lorsque nous avons pu enlever la pierre qui bloquait la mère, celle-ci s'est retrouvée avec une jambe en moins.

La plaie saigne à grands flots et il faut stopper le plus rapidement les saignements. J'ai tout de suite eu une idée, mais pour cela la fille doit être amenée à l'hôpital avant.

"Petite, va falloir que tu suis cette personne, on va devoir soigner ta mère, elle te rejoint bientôt, je te le promet." Je me retourne vers l'un de mes camarades pour lui dire. "Amène la à l'hôpital. Merci."

Je m'engage dans des promesses que je ne suis pas sûr de pouvoir tenir, si la mère ne survit pas la jeune fille m'en voudra toute sa vie et cela fera une de plus dans les rangs adverses, à déverser leurs flots d'idioties sur les shinobis. Bref il n'y a pas de temps à perdre.

"Amenez de quoi faire du feu et une plaque de métal, on va devoir cautériser la plaie. Cela va être très douloureux madame, mais il le faut sans quoi la plaie pourrait s'infecter et alors il n'y aurait que la mort qui vous attend. De plus, cela stoppera le saignement."

Lorsque je finis mon petit speech je remarque que le feu commence tout juste à avoir des flammes convaincantes et que mes compagnons ont déjà mis la plaque de métal sur le feu. Il faut que la plaque soit brûlée pour la désinfecter et assez chaude pour brûler la chair humaine afin de stopper et tuer toutes infections avant qu'elle ne se propage. Je prends la manche de mon kimono afin de faire un garrot pour un peu ralentir la perte de sang. Encore trente secondes et c'est bon. J'attends ces trente secondes qui me paraissent une éternité et me saisis de la plaque à l'aide de bouts de tissus afin de ne pas me brûler.

"On y va, trois, deux, un."

La réaction ne se fait pas attendre, en plus de bruit de la chair qui brûle, l'odeur que celle-ci dégage est dégoutante. Et le cri, j'ai rarement entendu un cri pareil, tant de douleur en celui-ci. Je pense qu'on a dû l'entendre à des kilomètres à la ronde. Maintenant que la plaie est fermée et que la personne est transportable, j'envoie une deuxième personne pour l'amener à l'hôpital. Il ne reste plus que moi et le Yamada senseur. Nous attendons que la mère ne soit plus visible avant de sortir le corps du mari, complètement broyé par la force des étages de son habitation qui lui est tombée dessus. Nous couvrons le cadavre et passons aux blocs suivants..

L'homme avait déclamé le discours comme je l'espérais, avec force et conviction. Le ton et les paroles avaient eu le don de calmer les esprits. J'observais la foule, guettant les réactions, et portait une attention particulière à l'homme qui avait frappé l'infirmière ; au cas-où la folie le reprendrait. Mais il ne bougeait pas. Il ne devait pas être un criminel, seulement un homme dépassé et bouleversé par les évènements.

L'agression ne vint pas de là où je l'attendais : une vieille femme arrivait en hurlant vers moi, ciseaux à la main. Elle les tenait bien haut au-dessus de sa tête, prête à frapper. Je ne devais pas user la force, je le savais. Elle pensait sûrement que les shinobis étaient la cause de cette guerre et je ne pouvais pas lui reprocher. Lorsqu'elle abattit ses ciseaux, j'attrapais son bras à la hauteur du poignet, me contentant de suspendre son geste.

Ma défense était risquée : je n'avais pas de gros bras musclé, mais je me savais capable de retenir une vieille femme. Quelques secondes passèrent, les ciseaux maintenus au-dessus de mon visage. Je la regardais directement dans les yeux. Je n'y voyais que de la folie. Petit à petit, la pression que j'exerçais sur le poignet de la forcenée l'obligea à laisser tomber les ciseaux, qui vinrent s'écraser à mes pieds.

La vieille femme se dégagea et j'en profitais pour ramasser l'instrument chirurgical. L'infirmière volée vint les récupérer, bredouillant quelques excuses au passage. L'agresseur reçu une injection et se calma instantanément. Je me tenais sur mes gardes, prête à parer une éventuelle nouvelle attaque. La situation devait se calmer. Ces incidents étaient facilement gérables, mais si toutes les personnes rassemblées ici décidaient d'agresser le personnel médical et les bénévoles, on courait vers un bain de sang. Ce serait inutile également, mais je venais d'avoir la preuve qu'on ne pouvait pas anticiper les gestes des esprits perturbés.