« - Hellow, Mizuki ! »

« - Comment va ? Prête pour cette mission ? »

« - Tu as réfléchi à une stratégie pour ce voyage ? »

Je commençais à m’y faire, et je pense que Miko aussi. J’avais l’impression qu’elle râlait moins, donnait moins de directives. Je n’étais pas non plus livrée à moi-même à faire ce que je voulais, mais le boulot que j’abattais était de plus en plus exhaustif, moins dirigé. Il arrivait même que parfois, Tata classe un dossier sans le revérifier derrière, preuve ultime de la confiance qu’elle plaçait en moins… Ou qu’elle s’en foutait et qu’elle avait pas le temps… Naaaan, la confiance. J’étais moins fatiguée, aussi, et beaucoup plus organisée. Je savais ce que j’avais à faire, je me faisais des plannings, des horaires. Et ça commençait de plus en plus à me plaire avec le temps. Je réglais même certaines petites affaires seules, sans la présence ou l’aval de Miko. Les Konohajins avaient désormais connaissance de ma fonction et de mon utilité, et ils passaient parfois directement par moi pour certains détails.

Il faut dire que Miko n’avait pas changé après son investiture. On aurait pu penser qu’elle serait devenue plus souple, plus diplomate, moins pragmatique. Ce ne fut pas du tout le cas. Si un détail lui semblait futile, une conversation ennuyante ou une demande inutile, elle n’hésitait pas à le faire comprendre, avec toute la prestance que son titre et son rang lui incombaient. Si bien qu’on n’osait pas toujours la déranger pour des broutilles, les doléances à propos de carottes ne l’intéressant pas. La phase de test du nouvel Hokage terminée (parce que, soyons clairs : aucun Hokage n’a à traiter ce genre de problèmes), les rôles se répartirent petit à petit, les besoins en personnel et en sous-traitance se firent mieux ressentir. On devenait de plus en plus rôdé.

Et cette efficacité se ressentait également sur la fatigue et sur mon temps libre. On ne restait plus tous les jours jusqu’à pas d’heures pour revenir cinq heures plus tard, après une courte sieste. Il nous arrivait de rester tard pour traiter des dossiers, ou que l’une de nous deux reste pour terminer un travail, mais globalement, on avait de plus en plus de temps libre. Enfin… Libre. On avait une équipe à entretenir, des entraînements à effectuer, mais disons que notre sommeil était bien plus long que fut une époque. En parlant de ça (transition, allez salut), justement, je devais partir bientôt pour les portes du village pour une mission en équipe. Notre première véritable mission à trois, de quoi avoir légèrement la pression quand on connaît la fine équipe que nous formions.

Une sucette à la bouche, je remplissais des lettres et des formulaires pour finaliser un dossier du projet « Examen Chûnin ». Se déroulant à Suna, il nécessitait donc des préparations assez importantes, des effectifs s’en allant au sein même d’un autre village. Protection et sécurité étaient de mise, et du village en l’absence des effectifs et des effectifs sur le départ. Sans compter la préparation des épreuves et l’approbation de Konoha pour tout un tas de détails qui échappaient sans doute aux gens : logement, nourriture, déplacement, soins… Tout devait être réglé, car on n’était ni dans le même village, ni dans le même pays. Je finis par ranger un papier intitulé « Procédure de rapatriement d’urgence en cas de blessure nécessitant une chirurgie importante à Konoha » – Suna ne déméritait pas pour les hôpitaux, mais certaines particularités de clans nécessitent des informations que seuls les médecins de Konoha ont. Si un Aburame a besoin d’une opération chirurgicale complexe, est-ce que les Sunajins sauront éviter les réseaux d’insecte ? Rien n’est moins sûr.

- Fumiko-Kun ?

Miko était en réunion, et je ne pouvais pas la déranger à cause de mon départ. Je donnais donc les directives à un standardiste qui se chargera de gérer les affaires en cours jusqu’au retour de l’Hokage. Je lui tendis un dossier scellé et mis devant lui un carton plein de feuilles.

- Miko-Sama est actuellement en réunion, interdiction totale de la déranger sauf attaque nucléaire sur le village. A son retour, vous lui donnerez le dossier en précisant que les procédures de logement sont envoyées, que les budgets sont en cours et que la liste des urgences à déclarer est en cours de rédaction. Aussi, théoriquement, Shigeru Hayashi doit venir d’ici une vingtaine de minutes, lui aussi a un rendez-vous. Faites le patienter jusqu’à ce que l’Hokage-Sama vous demande de le faire entrer.

Lui adressant un sourire, je repassai par le bureau de l’Hokage en laissant un petit mot : « Partie en mission avec Kihran et Strike. One love ♥ ». Attrapant mon sac au passage, je me dirigeai vers l’entrée du village où Kihran m’attendait déjà. Lui faisant une accolade à mon arrivée, un grand sourire sur mon visage, je lui répondis :

- Oui ça va et toi ? Non, pas de stratégies spéciales, ça dépend de ceux qui lui en veulent exactement. Si c’est des criminels de bas étage déguisés en pirate, on leur sert du rhum, si c’est des shinobis, là on va avoir plus de problèmes. Enfin, on verra bien. Plus qu’à attendre Strike et on y va.

Je m’adossai à un mur en attendant, fixant la rue dans l’espoir de voir rapidement la chevelure de feu du jeune homme apparaître…

J'étais parti pour ma première mission en équipe. Avec un peu de chance celle-ci ne finirait pas comme ma dernière à l'académie. A savoir, moi, entièrement nu, embarqué par la garde. J'en gardai un sacré mauvais souvenir, heureusement ma réputation n'avait pas été entaché étant donné qu'aucun des nombreux témoins ayant assisté à la scène n'avaient réellement connaissance de mon identité.

De ce que je savais, nous devions escorter je ne savais qui jusqu'à je ne savais où. J'avais brièvement parcouru l'ordre de mission du regard avant de me préparer à partir. Prévoir n'était pas vraiment mon truc et j'aimais improviser lors des situations cela caractérisait en outre mon style à part. L'un des rares avantage à être un Gogyou étant que je n'avais pas besoin de grand chose pour survivre et qu'il m'était possible de m'acclimater du strict nécessaire. Avec un peu de chance j'arriverai à passer pour un mec ultra balaise aux yeux de Mizuki, ce qui me ferait incontestablement marquer des points au près d'elle. Enfin, uniquement si cette saleté de Numéro Deux ne me mettait pas de battons dans les roux.

Ayant flairé ce gars de loin, je savais dors et déjà que sous ses faux airs de hippies sous opium il était en réalité un queutard du feu de diable. J'avais intérêt à la jouer finement si je ne voulais pas qu'il me pique la rouquine.

Équipé d'un sac de voyage assez léger, je me rendis jusqu'au porte sans me presser tant et si bien que je finis par arriver en retard par rapport à l'heure convenu. J'y retrouvai finalement ma belle, ainsi que l'autre type.

-Yoh ! Vous allez bien ? Prêt pour le grand voyage ?

Dis-je avec une certaine désinvolture tout en sortant une de mes mains de mes poches pour leur adresser un signe amical. Sitôt les convenances faites, je me rapprochai de Mizuki. Le voyage allait être long même si je ne savais pas où nous allions et j'avais fort intérêt à préparer le terrain.

-Alors comme ça tu bosses pour la vieille ? Ça ne doit pas être facile tous les jours. Elle ne m'a pas vraiment l'air commode.

Je faisais évidement référence à notre nouveau Sensei et pseudo Hokage. A dire vrai j'avais un peu plus tendu l'oreille vers les rumeurs, mais n'étais toujours pas convaincu du bien fondé de cette histoire. Toujours fut-il qu'elle avait l'air de mener la vit dure sur ma petite rouquine et que cette dernière se ferait certainement une joie de se plaindre à son sujet. De quoi lancer la conversation avec elle en somme. C'était bien connu, les femmes adoraient les commérages. Seulement voilà, il fallut que Numéro Deux viennes casser l'ambiance.

-Une stratégie pour le voyage ? Ben... heu... Le tank passe devant c'est ça ?

Vieille habitude. Sauf que dans le contexte actuel, le tank n'était autre que moi. Autrement dit j'allais devoir ouvrir la marche. Cela tombait plutôt bien car l'image du chef se pavoisant avec ses troupes en arrière plan me sied plutôt bien. Ainsi nous ouvrîmes le pas sur une bonne trentaine de kilomètres pour arriver jusqu'à une auberge où devait se trouver notre contact. Durant le trajet j'avais beaucoup contribué à lancer à la conversation et à me rapprocher de la lady en question. Seulement voilà. Un événement inattendu me fit comprendre que notre voyage ne serait pas des plus facile.

-Salutation Shinobi. Je suis le grand Baron du Pétrole Alain Deloin ♥

J'adressai un regard exorbité face à ce type. C'était littéralement une montagne sur patte. Il portait une tenue de voyage visiblement trop petite pour sa musculature proéminente. Un sac de voyage ridiculement petit par rapport à lui était soutenu par de fines sangles autour de lui et avait l'air de lui enserrer le corps. Il portait également un chapeau de pêcheur. En somme il avait tout du touriste paumé partant en vacance, sauf que ce dernier arborait des mensurations de véritable golgoth.

-Vous êtes certainement ceux envoyés pour m'escorter jusqu'à Ame. Là-bas aura lieu le mariage de sa ma chère petite sœur. ♥

Il s'approcha alors pour nous tendre la main. En ma qualité de chef autoproclamé, je me devais de jouer les portes paroles en faisant la liaison entre notre équipe et le client.

-Mon nom est Sakebi Strike. Heu... Enchanté ?

Seulement il y avait chez quelque chose d'étrange, qui me faisait sincèrement flipper. Je n'aurais su dire pourquoi, mais j'avais presque l'impression de voir des étoiles briller autour de son visage. Toujours fut-il que je m'exécutai en lui serrant la pince. Son énorme paluche se referma sur mes doigts et j'eus la sensation d'être une tige de bambou prête à se faire écraser par un gigantesque menhir.

-Quel plaisir de voir de si beaux jeunes hommes. J'espère pouvoir compter sur votre protection rapprochée Sakebi-dono. ♥

Tous les voyants dans ma tête virèrent au rouge. Cela ne s'annonçait pas du tout bon pour-moi. J'avais fort intérêt à laissé croire que j'étais maqué avec Mizuki au risque de ne pas pouvoir dormir avec l'esprit tranquille de tout le voyage.

Attendons une minute. Il ne venait pas de dire que nous allions à...

-AME !?

M'exclamais-je soudainement. Je me retournai vers mes compagnons, laissant mon visage fondre sur place à une expression médusée.

-Attendez... C'est bien le pays de la pluie ?

Le pays de la pluie pour un élémentaire de feu hydrophobe. Non mais c'était une blague ? Je fis alors l'erreur de tourner la tête vers le Baron qui m'adressa un regard pétillant.

Je voulais rentrer chez-moi...

« - Félicitation, t’as une touche ~ »

« - Hayashi Kihran, enchanté. »

« - Bon, on y va ? On a du chemin à faire.»

La drague et ses techniques ont toujours été un sujet complexe, des confins de l'Antiquité à l'ère moderne. J'en veux pour preuve ces séminaires et autres émissions qui proposent à des célibataires très distinguées de débusquer l'homme de leur vie en fonction de son signe astrologique et de la couleur de son slip. Je veux pas faire ma vieille réac’, c’est pas mon genre (enfin… Si… mais ça prouve rien) mais est-ce que c'est pas un peu incomplet comme présentation? Est-ce qu’aujourd’hui, la séduction se résume à un quatrain d’un rappeur un peu trop connu qui explique aux jeunes filles en fleur dans quel sens il faut tourner la langue ? Parce que laisse-moi te dire que quand j'étais jeune, en 1240, on savait allumer des étincelles dans les yeux des filles avec des techniques de drague chiadées, entre deux solos enflammés à la mandoline. Et Dieu sait que c'est la merde de jouer de la mandoline quand la lèpre t'a privé d'un avant-bras et d'une jambe. C'était l'âge d'or de l'amour courtois. On connaissait pas encore la fourchette, personne n'avait eu la présence d'esprit d'inventer les chiottes mais on n'avait pas besoin de rien pour serrer Frunégonde.

Parce que même si on pensait que les femmes n'avaient pas d'âme, on était plutôt sûr qu'elles avaient des seins et ça, déjà au Moyen-Âge, on aimait bien. Pour autant, pas question de coincer Brunehilde à une soirée mousse foireuse chez DJ FluteDePan aka DJ FDP tu peux pas testoyer, pour lui demander innocemment la couleur de son slip, non non non. On prenait le temps. Pas trop non plus, parce qu'on dépassait rarement les 35 ans à l'époque et que bon, t'es bien mignonne Brunehilde mais tu vas arrêter de faire ta sucrée, regarde Jeanne d'Arc où ça l'a menée. C'est un coup à finir vieille fille à 17 ans, c'est la honte au bourg. Et au-delà du fait que tu es bonne, je veux le coffre-fort de ton cœur, comme dirait le chantre du 92, le troubadour du deuxième millénaire, « TrouBoobadour » comme on l'appelle dans les milieux autorisés. J'connaissois mes classiques, biatch.

Alors quel ne fut pas mon fou rire quand je vis le grand, le beau, que dis-je, le prestigieux Alain draguer ouvertement Strike. Kihran fut plus mesuré, mais je dois dire que le jeu de séduction du grand homme un peu nigaud était merveilleux. Reprenant ma respiration, je lâchai un :

- Aburame Mizuki, enchantée également.

Lançant un peu clin d’œil, je repris peu à peu mon calme. Ignorant l’étrange peur de Strike pour le pays de la pluie, j’acquiesçai la demande de départ de l’Hayashi. Inutile de nous éterniser ici plus longtemps. Plus vite on sera parti, plus vite on sera arrivé, et ça, non seulement c’est d’une logique imparable, mais en plus, ça peut éviter des soucis inutiles durant notre trajet. Même si j’étais intimement persuadée que ce ne serait pas les criminels qui poseraient le plus de soucis mais l’entente cordiale et amicale de mes deux compagnons de route.

Strike devant, Alain au milieu, Kihran et moi légèrement en arrière, nous avancions sans réels soucis dans les forêts de Hi. Les nuits étaient douces, les marches agréables, mais le temps commençait à se couvrir, l’air à être moins agréable. L’humidité prenait le pas sur la fraîcheur. Nul doute : le pays de la pluie s’offrait à nous.

Le pire dans cette histoire étant que mes coéquipiers soient littéralement en train de se foutre de moi. Ils semarraient bien, mais ne réalisai la situation. Nous étions accompagnés d'un gros bonhomme franchement trop engageant à mon goût et par-dessus tout nous allions à Ame. Ame ! Le pays de la pluie ! Non, ce n'était pas possible. Cela ne pouvait pas m'arriver à moi. Non, jamais. Je jetais nerveusement des coups d'yeux alertes autour de moi, cherchant un échappatoire à ce drame qui profilait sur ma tête, tel la pluie qui s'abattrait certainement sur mon crâne si je continuai sur cette voie-là. Cette simple idée suffit à me donner le tournis.

-En avant Sakebi-dono. En espérant que ce voyage soit trépignant d'aventures ! ♥

Il resserra les anses de son sac à dos avant de se joindre, d'une démarches burlesques, aux autres qui commençaient à partir sans attendre. Je serrais les poings, à la fois énervé et exaspéré par la situation. Et puis, cela fut plus fort que moi. Ces mots sortirent tout seul de ma bouche.

-Que dalle ! Y'a pas moyen !

J'avais crié ses mots avec un ton presque similaire à celui d'un gamin qu'on amenait au dentiste afin de lui arracher les incisives. Le groupe se retourna dans ma direction certainement pour m'adresser une série de regards interrogateurs. Moi j'étais toujours autant crispé et de plus en plus sur les nerfs.

-Laissez-tomber. J'irais pas dans ce pays de malade. Rien à faire vous avez qu'à continuer sans moi !

Je croisais les bras inquisiteur que j'étais. Mes propos étaient catégoriques. Il était hors de question de négocier ni même de laisser sous entendre que je puis changer d'avis. Je ne tenais aucunement à mourir éteint sous un torrent de flotte. Sauf que là-bas, il n'y avait que cela. Voulant renvoyer un regard décidé à l'encontre de mon équipe je me rendis compte que notre hôte avait disparut.

-Y'a-t-il un problème Sakebi-dono ? ♥

Je sursautai littéralement, faisant un bond de côté pour me mettre sur la défensive. Je retrouvai alors Alain Deloin dans mon dos qui m'avisait du haut de sa stature d'armoire à glace. Un instant je me demandais quand est-ce qu'il s'était téléporté. J’essayai de reprendre contenance pour ne pas perdre la face devant tout ce beau monde, mais en même temps je ne pouvais pas m'empêcher de trouver ce mec singulièrement flippant. Étais-je dans un cauchemar ? Cette hypothèse me semblait probante et ô combien réconfortante, cependant et heureusement, j'avais encore mon pantalon. Ce qui signifiait que je me retrouvai bel bien dans la réalité véritable.

-Non mais laisse tomber. Tu peux continuer sans moi j'ai pas besoin d'aller traîner là-bas.

Je levai mon point serré, plus que déterminé à partir d'ici. Notre hôte lui resta statiques à m'aviser d'un regard profondément débile un peu comme s'il avait une pierre devant lui. Puis il se mit à tourner énergiquement la tête à plusieurs reprises tantôt vers mes coéquipier puis vers-moi. Ce faisant il leva un index afin d'attirer l'attention sur-lui ce qui, à mon sens, n'était absolument pas nécessaire.

-Dans ce cas nous ne partirons pas avant d'avoir découvert ce qui vous tracasse. ♥♥♥

Je me décomposai sur place. Il se foutait de moi ?

« Strike. »

« Pourquoi redoutes-tu autant Ame ni Kuni ? »

« Mizuki, que fait-on ? Je doute que Alain Deloin-san accepte de partir sans Strike. »

Je me retrouvai cerné, non pas comme au réveil avec les yeux fatigués, mais bel et bien cerné par ma propre équipe. Il cherchait à comprendre allant même jusqu'à faire preuve de clémence envers ma personne tandis que moi, de mon côté, je tentai d’échafauder un plan pour me casser d'ici en vitesse. Hors de questions qu'ils me traînent de force jusque là bas.

D'un autre côté leur dire la vérité n'était absolument pas envisageable auquel cas je risquai de dévoiler ma véritable nature, de quoi flinguer le moral de l'équipe. Je lançai des regard alertes dans toutes les directions esprant trouver une échappatoire.

-Moi apeuré par la pluie ? Tsss.... Moouhahaha la bonne blague !

Je poussai un rire nerveux, tendant le bras pour prendre appuie sur un arbre histoire de me donnée consistance. Sauf que le dit arbre se trouvait un mètre plus loin et je me retrouvai à prendre appuie dans le vide manquant de peu de me casser lamentablement la figure. Je fis cependant comme si de rien n'était.

-C'est juste que... Que... Je me suis fais beaucoup d'ennemie là-bas par le pas. Et je ne voudrais pas mettre ma chère team en danger par ma faute. Vous comprenez ? En tant que Strike, j'ai la responsabilité de préserver les Red Tails !

J'étais un véritable génie au point où je m'épatai d'une telle répartie. Sans doute était-ce cela qu'on appelait le talent. Ma tirade m'avait tellement mise en confiance que je pouvais presque sentir des lunettes de soleil me pousser sur les yeux. Je haussai les épaules résignés de façon à faire passer un certain message. « Ouai je sais, je suis tellement cool et je pense aux autres. On peut pas me retirer cela ». Le tout accompagné d'un sourire tout aussi cool.

-Je ferais certainement mieux de rentrer à Konoha. Ainsi vous pourrez faire le voyage sans moi et sans risquer de mauvaises rencontres. Je suis un vrai aimant à problème vous savez... C'est pour cela que j’essaie de m’assagir avec le temps...

Nouveau haussement d'épaule. Si avec cela je n'étais pas l'homme le plus crédible du monde, je voulais bien me jeter dans une flaque d'eau sur le champ. J'avisais chacun de mes compatriotes afin de constater sur leur visage quel effet avait eu mon petit discours sur eux. Mes deux coéquipiers n'étaient pas les plus expressifs contrairement à notre hôte qui pleuraient à chaudes larmes.

-Quelle merveilleuse dévotion pour votre équipe Sakebi-dono, c'est tout simplement admirable de votre part et digne d'un chef.

J'aimais ce genre de compliment. Pourtant j'avais le sentiment que cela n'annonçait rien de bon.

-Dans ce cas...

Bingo ! Le couperet s'apprête à tomber.

-Nous allons vous aider à vous racheter une condition en résolvant votre problème avec ces racailles d'Ame no Kuni. Ainsi vous et vos amis n'aurez plus à craindre de ce pays. Nous le ferons tous ensembles Sakebi-dono. Pour vous ! ♥

Si à cet instant j'avais pu être un dragon je me serais sûrement envolé en cramant tout sur mon passage. Seulement là, j'étais juste moi au bord de la rupture d'anévrisme.

-Et bien je... eu... c'est très gentil, mais en fait... Haaa !Attention ! Un dragon !!

Fis-je en lançant une boule de feu entre mes deux équipiers qui manquèrent de se faire roussir les poiles. A peine eurent-il cligné des yeux que j'étais déjà en train de me carapater au loin, fuyant avec toute la bravoure qui m'étais du. Je courais plutôt vite. Avec un peu de chance ils ne me rattraperaient pas.

Hors durant ma course effrénée j'eus l'impression que la terre tremblait. Je jetais un rapide coup d’œil derrière moi pour apercevoir Alain Deloin qui courait à ma suite. Ses immenses foulées creusaient des sillons dans le sol et faisait trembler le décor à chaque impulsion. J'avais l'impression qu'un véritable golem était en train de me foncer dessus.

-Quelle détermination Sakebi-dono. Partir ainsi malgré mes promesses pour protéger vos camarades. C'est admirable, mais revenez. Nous ferons en sorte qu'il n'arrive rien à vos amis. ♥

Bordel, il se rapprochait dangereusement. J'ignorai en plus si le reste de la bande allait suivre.

Je concentrai mon chakra dans ma main et frappait de mon poing enflammé l'écorce d'un arbre afin qu'il serve à obstruer le passage. Au lieu de cela il se brisa en deux en tombant sur la tête d'Alain qui ne broncha pas le moins du monde et continua sa course sans être ralenti.

-Putain mais c'est quoi ce bordel ?

- Je… Ne sais pas…

Alors, autant oui, j'assume : je suis une flipette de luxe. Je suis généralement au courage ce que Kihran est à la virilité et à la masculinité la première fois qu’on le voit. Jusqu'à l'âge de 8 ans, j'ai dormi avec une raquette et une bombe de déodorant sous mon lit, pour parer une éventuelle attaque nocturne d'un tennisman-zombie qui pue ou que sais-je. Malgré ça je crois que mon corps abrite deux personnes très différentes: une qui fait pipi la porte ouverte au cas où un tringlé soit caché derrière la cuvette pour me bouffer le cortex et une courageuse qui se jette à corps perdu dans certaines missions. Ça m'a rendue un peu parano : j'ai peur des masques, des bruits soudains dans un silence mortuaire et des enfants possédés par Satan qui tournent leur tête à 180°, mais en cas de situation extrême je suis parée.

Mais je divague, tout ça pour dire qu’un mec qui a peur de trois gouttes d’eau, ça me dépasse. Je me renseignerais en rentrant au palais sur l’origine de toutes ces comédies. Toujours est-il qu’Alain semblait avoir de nouveau pris les choses en main. Kihran et moi regardions, un peu ébahis, par cette scène grotesque et surréaliste. On les regarda tourner pendant une bonne minute, et je finis par soupirer et m’avancer pour faire barrage à la course des deux tourtereaux. Et alors que Strike courrait vers moi en semblant m’ignorer (bon il regardait derrière pour pas être rattrapé par son prétendant, mais bon), je sortis mes insectes pour en faire un coussin d’atterrissage. Regardant ailleurs, il se prit l’espèce de mur d’insectes et tomba en arrière. Avant qu’Alain l’atteigne, et parce que j’avais un peu de peine à imaginer ce qu’il en ferait s’il arrivait à prendre Strike dans ses bras, j’ordonnai à mes insectes de le soulever et de le maintenir. Le faisant avancer, le roi du pétrole sautillant derrière en me disant bravo, je me rapprochai de lui.

- Tu essayes de brûler un seul de mes insectes, je te les fais manger. Maintenant, en route.

Ayant perdu tout sourire devant cette mascarade, je pris les devants et avançai en direction d’Ame, Strike toujours bâillonné à mes insectes, Kihran me suivant (et je le soupçonnai de se moquer un peu de la situation de son coéquipier), Alain avançant au rythme de mes insectes en racontant sa vie à son coup de foudre, ne lui laissant aucun répit ni aucun interstice pour en placer une.

On arriva assez rapidement à la frontière du pays de la pluie. L’air était un peu plus humide, des nuages se trouvaient dans le ciel, mais aucune goutte de pluie à l’horizon. Etrangement, la frontière était très démarquée, entre le pays du feu, verdoyant et naturel, et le pays de la pluie, plus sombre, aux plantes basses et ternes.

- Allez, on avance.

J’ignorais combien de temps Strike allait rester scotcher à mes insectes, mais jusque-là, la traverse d’Hi s’était déroulée sans problème. A voir comment il allait se comporter maintenant que nous étions dans le pays. Franchement, si on m’avait dit que cette escorte allait présenter comme plus gros problème un de mes coéquipiers…

Avec les efforts combinés d'Alain, de Mizuki et de Kihran, le groupe parvint finalement à immobiliser Strike qui se retrouva littéralement bâillonné de la tête au pied par des racines d'arbres et des insectes ce qui lui donnait davantage des airs de momie que de réel captif. Ce fut ainsi que l'équipe put reprendre sa mission tandis que la Torche Humaine passa la totalité du voyage dans cette mauvaise posture à n'avoir d'autre choix que d'écouter leur hôte raconter sa vie. Personne ne le remarqua, mais le Sakebi finit par s'endormir au moment d'arriver à la frontière d'Ame. C'était que ces insectes étaient plutôt confortable.

Une partie de sa somnolence fut consacrée à Mizuki qu'il rêvait d'elle nue, s'offrant à lui avant de se transformer en araignée pour lui bouffer la tête. De l'autre il rêva ensuite de Kihran, non pas nu cette fois, mais en réplique géante de lui-même. Strike avait tout le corps enterré dans un pot de fleur et seul sa tête dépassait. De son côté le géant Kihran jardinier l'arrosait et lui envoyait de temps à autre du purin à la figure dans l'espoir de le faire pousser. Quant-au cauchemar concernant Alain... Et bien valait-il mieux ne pas en parler.

Qu'importait de toute façon, puisque la narration n'était pas censée être portée sur ce qui se passait dans l'esprit décalé du Gogyou. Non, la suite de l'intrigue se passait bel et bien à Ame. A quelques kilomètre seulement de la position actuelle du groupe, se retrouvait un rassemblement d'énergumène de la pire espèce. On les appelait « Le Gang à la crête iroquoise de feu ». En effet chacun de ses membres avait pour signe distincte d'arborer une chevelure en pique à la couleur rouge. Inutile de chercher plus loin, il s'agissait d'un véritable rassemblement de punk, drogué et alcoolo.

On retrouvait une trentaine d'homme et femme réuni autour d'un grand feu de camp. Une véritable petite communauté. Certain fumaient, d'autres buvaient, d'autre baisaient, ou encore se battaient. Certains arrivaient même à faire tout ceci en même temps. Le camp de fortune était limité par des monticules de ferraille. Perché sur l'un d'eux se trouvait un homme au torse nu recouvert de tatouage et à la carrure squelettique. Ses jumelles vissées sur le nez épiaient les environs dans l'espoir de trouver d'éventuelles individus à détrousser. Au lieu de cela il tomba sur le groupe de Konohajin ayant fait prisonnier une personne dont le code capillaire correspondait au cahier des charges de celui du gang.

Hors le code des punk à crête était formel : Article 124.L.45 : Tu ne laisseras point un confrère ou une consœur à crête dans l'ennui. Tout de suite, le Strike était assimilé à un membre de la bande,sans doute égaré et capturé par ce groupe de vicieux Konohajin. Dès lors le punk squelettique se précipita pour aller sonner la cloche d'alarme qui retenti dans tout le campemens. Dès lors, l'ensemble des punks arrêtèrent de fumer, boire, baiser et se battre pour prendre les armes.

-Y'a un BRO dans le besoin !! Faut aller l'aider !

-OUAIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ! Se mit à crier l'ensemble du gang sans trop réfléchir sur ce qu'il en retournait réellement.

Ainsi chacun alla chercher son petit fétiche. Une barre à mine, un pied de biche, un katana, une... tronçonneuse ? Il semblerait en effet que pour des raisons mystérieuses que ce gang avait accès à du matériel Saibogu. Cela justifiait en outre les trois jeeps surmontées de tourelles mitrailleuses et de quelques punk bardés de ceintures de grenade explosives. Le bruit des moteurs ainsi que celui des tronçonneuse ne tarda pas à se faire entendre aux oreilles des Konohajin. Et ce fut ainsi qu'au détour d'une colline ils purent apercevoir une trentaine de punk armés jusqu'aux dents foncer sur eux en hurlant.

Résumé:

- C’est une blague ?

Habituellement, la paupière vacille seulement lorsque l’on est en manque de fer. Et l’on conseille généralement de manger du chocolat… Chose qui n’était présentement pas possible. Résumons la situation : trois roux, une espèce d’androgyne un peu obèse et… du coup une armée de punk roux. Oui, messieurs-dames. Dans l’animé, mes yeux sont devenus blancs et carrés. Et ces roux étaient en train de festoyer, sans doute ce qu’on appelle la Saint-Patrick, cette fête qui met surtout à l'honneur les roux, mais aussi les nains et les étudiants Erasmus qui ont perpétuellement trois grammes d'alcool dans le sang. C’était d’ailleurs ce qu’ils faisaient : ils se bourraient la tronche. Bopn, ça a quand même des points positifs, hein. Selon les scientifiques, le houblon est réputé pour ses vertus relaxantes et sa capacité à favoriser le sommeil (et d’où je sors cette enquête ? Et bien use de ton imagination jeune padawan). Bon, par contre, ils ne recommandent pas formellement de le prendre sous forme de pintes de bière. Ils n’expliquent pas non plus comment t'as fait pour t'endormir sur un banc, ni ce qu'il est advenu de ta culotte, mais la science a encore des progrès à faire. En plus, selon une étude de l'université de Kumo (c’est dire que wow, c’est fiable), un composé présent dans la bière rendrait plus intelligent à condition d'en boire entre 2 000 et 3 500 litres par jour – du coup depuis les Kumojins sont légèrement en-dessous de la moyenne niveau combat et fraîcheur mentale.

Puis il faut dire que Saint Patoche (qui était plutôt… sympatoche YEAAAAAAAAAAAAAAAH) a réussi à expliquer la Sainte Trinité à tout un peuple et à chasser tous les serpents du pays avec seulement un trèfle, faisant passer McGyver pour un vulgaire bricoleur de jouets Kinder. Puis du coup cette fête c'est aussi la fête de Patrick Bruel, Patrick Balkany, Patrick Juvet et Patrick Sébastien. Et ça, ça mérite bien une fête nationale.

Mais finalement, il y avait quelques petits problèmes. Déjà j’étais pas sûre qu’ils fêtaient la Saint Patrick. Puis je ne suis pas iroquoise, en plus. Et je ne suis pas xénophobe (regardez : j’ai un chien noir), mais il est fort probable que des tenanciers peu scrupuleux profitent de la liesse générale et de ta lucidité toute relative (à force d’exercer ton cerveau, hein… Maudite étude) après une certaine heure pour te vendre de l'urine de bison à 9000 Ryos le 33cL. Il est encore plus probable que la fin de soirée implique l'intervention d'un mouton, d'un nain roux totalement ivre ou d'une danse effrénée sur « Les Lacs du Connemara » (peut-être même de ces trois éléments à la fois). Et qui a envie de s'infliger ça, quel que soit le contexte, je vous le demande. Et surtout, on avait une mission. Le réveil risque d'être difficile demain matin si je me laisse aller à ce genre de festivités mondaines. Sans compter que quand je me serais endormie comme une conne aux toilettes le lendemain, la tête écrasée contre la porte et mon trèfle tatoué sur le front, Miko risque de pas trop apprécier mon retour au village. Et du coup je vais devoir m’intégrer à cette bande de roux. Et je vais devoir faire une crête. Et rien que pour ça, je ne rejoindrais pas leur petite sauterie. Désolée Patoche.

Du coup je me tournai vers la seule personne dont la crête était déjà présente (Strike, hein, pas Kihran, même si ça lui irait sans doute très bien) et lui laissai arranger ça.

- Soit tu arranges ça, soit j’te laisse ici.

Puis, remarquant après cette phrase que la punition était sans doute mieux que la récompense, je m’empressai d’ajouter :

- Mais j’te laisse Alain. A toi de voir. Une vie de débauche avec Deloin-Kun ou une mission réussie ?