FLASHBACK EN PLUSIEURS TEMPS

- Examen chûnin, fin de l'épreuve de la tour, on soigne les blessés... -

L'épreuve de la tour venait de se terminer et j'étais qualifié pour la suite. Notament grâce à l'entente dans cette équipe composée de Hiko et de Kihran où chacun avait su écouter les idées des autres et en prendre en compte sans se montrer têtu. Grâce à cela, mon avis concernant le fait de ne pas descendre cet escalier avait été pris en compte, Hiko m'avait rejoint, et Kihran avait suivi. Sans ça nous serions éliminés.
Des ninjas médecins étaient venus nous chercher à la fin de cette épreuve pour nous emmener à l'endroit où ils avaient rassemblé toutes les personnes blessées. On essaya de me transporter comme un malpropre devenu handicapé mais je ne me laissais pas faire. Je les repoussais de mon bras et affirmais que je pouvais me débrouiller tout seul. Qu'ils gardent leurs attentions pour les blessés durs ou ceux qui pleuraient encore. Il y avait un tas de brancards ou de couchettes improvisées où trônaient des gens mal en point. Je fis un signe d'au revoir à Kihran et Hiko alors que l'on m'emmenait dans un coin où il y avait principalement des sunajins. Rassurez vous je marchais toujours par moi-même. Ce n'était pas cette douleur horrible et lancinante à la jambe qui allait m'arrêter. Ni mes quelques démangeaisons encore présences dans les tympans. Le point commun de mes blessures : elles m'avaient été infligées par l'homme en noir. Moi je n'avais que cautérisé la plaie assez sauvagement avec ma main aussi chaude qu'un fer à forger. Autant dire que... ce ne devait pas être beau à voir.

Je m'asseyais sur un brancard, sur le côté de celui-ci, n'ayant pas du tout l'intention de m'allonger. Je n'aimais pas le "docteur", heureusement ils étaient tous occupés avec d'autres genins. Parmi cette multitude de têtes je cherchais des yeux des personnes connues. J'en voyais quelques une : Ema, Kira, etc... Puis je remarquais finalement Yell, elle aussi, et je la gratifiais d'un sourire, content de voir qu'elle n'était pas dans un sale état. Ensuite j'aperçus Yami au loin qui elle était occupée à soigner des blessures. Chose que j'imaginais ennuyante pour moi, alors pour elle... Pourtant il le fallait. Et je n'étais pas du genre à laisser quelqu'un avec une blessure grave pour qu'il meure à petit feu, seulement je n'étais pas médecin.

Je stoppais mon observation de tout cet environnement peu paisible pour me concentrer sur moi-même. J'écartais le tissus déchiré de mon pantalon vert pour regarder plus en détail ma plaie... Celle-ci était un peu en diagonale, sur le dessus de ma cuisse droite, et elle mesurait bien une vingtaine de centimètres. Le tout était refermé car cautérisé, mais tout de même à vif et plein de sang séché. Ajoutons à cela les brûlures que je m'étais moi-même infligé. Je tirais une grimace de dégoût à la vue du tableau. Il n'y avait pas à dire. Pour arranger ça je voulais le luxe de la médecine. Je voulais une Ketsueki. Je voulais Yami. Elle saurait quoi faire non ? Sûrement !

Mais j'attendis bien longtemps encore avant de la voir arriver. Je l'observais en silence, comme si je sentais quelque chose d'assez anormal dans sa prestance. Je fis mine de rien. Un sourire naquit sur mes lèvres car elle était celle à qui j'avais fait la promesse de toujours être là. Et elle avait fait la promesse quant à elle, de m'aider à démêler le mystère autour de la mort de maman. Yami faisait partie des personnes que je portais dans mon coeur. Allez savoir. C'était réciproque, ça, je me souvenais de ses mots : « Tu comptes aussi pour moi Tetsui. ».

- Yami je suis content de te voir ! Je t'attendais depuis un long moment on dirait que je suis le dernier haha. Le gars en noir m'a bien eu avec ses fils noirs. Et j'ai fait ce que j'ai pu sur le moment pour stopper le saignement, c'est un peu moche...

J'avais soigné le Konohajin à la bestiole destructrice du mieux que je l'avais pu mais il faudrait tout de même qu'il aille faire un tour à l'hôpital pour un séjour plus approfondi car il avait plusieurs côtes de brisées qui lui nécessiterait du repos.
J'allais donc à la rencontre de mon dernier patient pour la journée et puisque Tetsui attendait encore son tour je me dirigeais vers lui, un sourire aux lèvres.
A vrai dire j'étais satisfaite de le prendre en charge, au moins c'était moi qui aurait le privilège de le remettre sur pieds. Et avec moi comme médecin, il était certains de repartir au mieux de sa forme...
Il m'accosta en premier, visiblement heureux de me voir lui aussi à en juger par sa mine réjouit.

« Bien le bonjour tête brûlée ! »

Commençais-je pour le saluer.

« Avec ses fils noirs hein ? Je vois que tu as fait la connaissance de Monjara Shinji... J'ai moi même déjà eu a faire avec lui. Il est plutôt... intéressant. »

C'était peu dire. Si son discours de lèche botte ne m'avait guère convaincu, je devais avouer qu'il dégageait une certaine prestance et une personnalité … sournoise. A vrai dire, j'étais certaine de bien m'entendre avec lui dans un contexte différent. C'était le genre de relation avec laquelle il n'y avait pas de place pour la confiance mais pour un respect mutuel et un partage des idéologies. En l’occurrence, dans notre cas, quelque chose d'assez … extravagant et sanglant dirons nous.

« Enlève le bas. »

Lui demandais-je. Je voyais bien à peu près le rendu à travers les pans déchirés de son pantalon mais la blessure avait l'air de s'étendre un peu plus. Je m'asseyais non loin de lui et attendais qu'il s'exécute. J'étais médecin alors ce n'était pas comme si j'allais le reluquer ! ... Je détaillais finalement ses jambes musclées et ce que j’apercevais de son fessier à travers son dessous avant de me concentrer sur celle atteinte et tirais la grimace.

« En effet, il ne t'a pas épargné... et ta cautérisation improvisée n'a pas arrangé les choses mais bon... mieux valait ça que de se vider de son sang n'est-ce pas ? »

Ajoutais-je dans un sourire comme si la situation était amusante.

« Que veux-tu... Il fallait naître Ketsueki, tu n'aurais pas eu ce soucis ! »

J'analysais la cicatrise d'infortune sous toutes les coutures, appuyant a différents endroits sur la peau encore chaude tout en observant sa réaction et recouvrais mes mains de mon chakra médical qui dégageait une aura verdâtre que j'apposais sur la blessure pour constater les dégâts.

« Hum... en effet, la cautérisation n'était pas de trop, une artère est touchée. La chaleur l'a refermé nette. Toutefois je suppose que tu souhaiterais que ta jambe ne reste pas dans un tel état ? Je peux améliorer tout ça mais il me faut rouvrir pour cela... »

J'observais sa réaction, sans doute peu enchanté à l'idée de souffrir le martyr de nouveau. L'hésitation était presque lisible dans son regard. Je le laissais mariner un peu avant d'attraper un scalpel et de poser une fois de plus ma main sur la cicatrice pour la rouvrir. Et là... miracle ! Il ne devait absolument rien ressentir.

« Mais rassure toi, j'ai anesthésié la zone. »

Avouais-je finalement en étirant un nouveau sourire satisfait et perfide à cause de mon ironie. Quoi ?! Ce n'était pas drôle ?! Je suppose que ça dépendait du point de vue...

« Es-tu consentent pour que je prenne une goutte de ton sang pour désengorger l'artère scellée et rétablir ton flux ? »

Je lui demandais parce que ce n'était jamais agréable de s'en prendre à un patient non consentant...
Finalement puisque j'avais son accord, je portais mon doigt recouvert d'une goutte de son hémoglobine à ma bouche pour pouvoir le contrôler l'espace de l'opération. C'était la première fois que j'y goûtais si bien que je mémorisais son arôme. Il était très différent de celui de Kioshi, plus acre et ferreux et transposait parfaitement avec la personnalité plus détaché et solitaire du Yamada. Après quoi, j'usais mon contrôle du sang pour faire en sorte de réguler le flux de son artère sectionnée que j'avais reconstituée. Il aurait ainsi moins mal et la cicatrice ne serait plus gonflée comme elle l'était jusqu'alors. Il ne devait même pas se rendre compte que je guidais son sang comme il me plaisait avec mon chakra : non seulement parce que le sang qui coule dans nos veines n'est pas quelque chose de vraiment perceptible mais il avait de toute façon la cuisse anesthésiée de mon fait.

Après quoi j'usais de mes talents pour refermer la chair à vif pour ne laisser plus qu'une cicatrice bien moins longue et bien moins visible et affreuse qu'auparavant. Il ne s'y trouvait désormais plus qu'une zone de peau légèrement plus pale que le reste et un peu moins régulière : rien de bien méchant en somme.

« Pour un travail sans trace appelez un Ketsueki ! »

Personne n'ignorait que les Ketsueki traînaient dans les sales coups mais personne n'était là pour le prouver...

Je remarquais l'évidence de la cicatrice de mon aînée. De ce que je savais, cela ne voulait dire qu'une seule chose : le rituel. J'étais au fait de celui là que ce soit par mes discussions avec la concernée, ou encore avec Kioshi. Avait-elle donc changée ? Je pensais que lui faire remarquer et lui poser la question directement n'était pas la chose à faire. Je préférais plutôt rester moi-même, comme avant avec elle, et ne pas l'embrouiller avec des questions malvenues. Qu'elle me le dise d'elle même lui appartenait.
L'appellation « tête brûle » témoignait déjà d'un attachement toujours présent et qui me réchauffait le cœur d'une certaine manière. Un premier soulagement. Elle mit un nom assez rapidement sur l'homme en noir qui m'avait blessé, si bien que je notais ce dernier dans un coin de ma tête. Me jurant qu'un jour je lui ferais bouffer ses fils de misère. Quant à son onkyoton, j'utiliserai Kibo pour savoir comment le contrer. C'était tout vu. Il n'avait donc pas intérêt à mourir avant que je ne sois prêt. Intéressant disait Yami ? Pour elle peut être, mais pas pour moi. On pouvait se demander qui m'intéressait si ce n'est de rares élus d'ailleurs.
« Enlève le bas. ». Yami l'ordonnait. Elle savait y faire hein... Me dessaper devant elle pourquoi pas, elle était une proche et j'étais assez peu pudique, mais tout autour il y avait trop d'inconnus. Je montrais mon ennui en soufflant.

« Juste parce que c'est toi hein... »

Je m'exécutais et enlevais le bas, me retrouvant donc en caleçon. Je posais ce pantalon vert déchiré et tacheté de sang sur le côté. D'abord debout dos à Yami, je vins vite me rasseoir pour qu'elle regarde cette blessure de plus près. La taille de celle-ci, j'avais intérêt à ce que Yami utilise avec talent ses dons en médecine. Ma première cicatrice...

« Mais je suis né Yamada, de toute façon c'est simple. Si je n'avais pas arrêté le saignement je ne serais pas là en face de toi. Merci de m'avoir donné son nom je le retiens.  » ajoutai-je à ses remarques.

Yami palpa la blessure à plusieurs endroits pour analyser les dégâts. Elle confirma que la cautérisation n'était pas de trop. Si je voulais corriger la mocheté de la blessure, il fallait qu'elle rouvre... Cool, un peu de douleur en plus, j'y étais abonné pendant ces examens. Un légère grimace sur mon visage et je répondis en la regardant :

« Si tu dois rouvrir fais le c'est comme ça. » dis-je réaliste.

Je m'attendais à avoir mal, mais elle avait anesthésié la zone sans rien me dire. Quelle petite fourbe, elle jouait avec mes nerfs. Mais j'étais trop las de fatigue pour râler. Je restais silencieux et ne pris même pas note de son sourire satisfait. Les Ketsueki aimaient jouer avec le sang.
Quand elle me demanda l'autorisation pour me prendre une goûte du mien, j'étais d'abord un peu sur la défensive car je savais ce qu'elle pourrait faire avec. En revanche, ici c'était nécessaire à ma guérison, je prenais le risque de jouer la carte de la confiance que j'avais en elle. D'un simple signe de tête je lui donnais mon accord. La voir prendre et goûter mon sang me faisait bizarre. J'observais son travail pendant les prochaines minutes et j'évitais de détourner les yeux le plus possible même quand c'était un peu gore. A la fin, il ne restait qu'une cicatrice pâle et assez lisse. C'était joli comparé à avant. Yami annonçait la fin de l'opération avec une petite réplique en l'honneur de son clan qui me fit faussement sourire. Mais parce que c'était elle je l'appréciais quand même.

« Merci Yami. » lui dis-je alors sincèrement.

Et moi toujours en caleçon...

« On dirait que je t'en dois une, j'ai de la chance de t'avoir ! »

C'était la vérité, et l'on pouvait élargir ça au sens général de notre relation. Pas juste parce qu'elle m'avait soigné une blessure.

« Le meilleur pour la fin non ? Tu as l'air de bien te porter toi ! » souriais-je en posant ma main sur son épaule comme je l'avais fais une fois avant aujourd'hui.

Je faisais référence à son apparence générale, ainsi qu'à sa cicatrice. Mais je voulais appuyer sur le côté positif de tout ça.

Les propos de Tetsui concernant le Monjara me prêtait à sourire.

« Tu retiens son identité ? Tu es devenu un vengeur désormais ? Ne sois pas trop dur avec lui, je suis sûre qu'il craindrait éperdument la vengeance d'un genin... »

Lui disais-je tout en souriant de sarcasme.

« Et puis il n'a fait que remplir la mission qui lui a été confié pour l'examen. Toutefois, le connaissant, je suis certaine qu'il a trouvé cette partie de chasse intéressante ! »

C'était même indéniable.

Lorsque j'eus fini de soigner sa blessure, il me remercia en avisant le résultat tout en clamant qu'il m'en devrait une.

« Ce n'est pas le genre de propos que tu devrais tenir devant un Ketsueki... Je saurais m'en souvenir... »

Lui promettais-je tandis que sa main venait se poser sur mon épaule tout en soulignant que j'avais l'air de bien aller. Je regardais sa main en coin dans un air qui laissait clairement sous entendre que je n'éprouvais pas vraiment l'envie qu'il me touche avant de détourner les yeux pour croiser les siens, de nouveau souriante comme si de rien n'était.

« Le mal n'est plus là alors oui, je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis fort longtemps. »

Cependant, je n'avais pas vraiment envie de m'étaler sur la question.

« Comment tu sens la dernière épreuve ? Il est vrai qu'il n'est pas nécessaire de gagner pour prouver sa valeur mais cela vaut toujours mieux que d'échouer lamentablement... »

Disais-je en appuyant bien sur mes derniers mots.

« Tu représentes Suna et par extension ton cousin Kazekage. Ne te mets surtout pas trop la pression... »

C'était bien évidemment ironique. Bien sûr que s'il voyait les choses ainsi cela allait lui faire porter un poids supplémentaire.

« J'observerais avec attention ton combat. En attendant, profite du temps de repos qui t'ait accordé pour perfectionner tes jutsus plutôt que de fricoter avec une étrangère... »

Clamais-je, les yeux emplis de malice.

« Moi aussi il m'arrive de traîner dans le quartier Yamada tu sais... Et j'ai cru voir qu'une charmante demoiselle aux cheveux bleus t'attendais devant chez toi en passant... »

Mon regard était désormais pleins de sous entendus.

« Mais les choses de l'amour ne sont pas pour toi, n'est-ce pas ? »

Ironisais-je. N'étais-ce pas là ce qu'il m'avait fait comprendre lors de notre dernière discussion ? Il fallait croire que ce n'était plus tellement d'actualité...

« Ton père a tout entendu tu sais... »

A vrai dire je n'en avais absolument aucune idée, ni même s'il s'était passé quoi que ce soit avec cette fille, mais voir le rouge lui monter aux joues n'avaient pas de prix !

Quand j'avais répondu à Yami concernant un certain sarcasme que j'avais ressenti quand elle parlait de ce Monjara Shinji ça avait donné ça :

« Haha très drôle. Je le retiens plutôt parce que c'est une chance de savoir à qui on a eu à faire. Et tu le défends mais cet enfoiré a sûrement dépassé les bornes à un moment. Une partie de chasse... laisse moi rire. »

Elle n'avait sinon qu'à dire que ce shinobi aurait dû nous saigner à blanc comme de vulgaires lapins.

Sa remarque sur ma promesse à un Ketsueki me fit elle sourire intérieurement car je savais que de toute façon même sans ça j'aurais été là pour elle. Et elle le savait sans doute. Je lui avais déjà dis en revenant de Ki no Kuni.
Par la suite ma main sur son épaule sembla l'ennuyer au départ mais je la vis se raviser en me souriant quand même. Que penser de cela ? Se méfiait-elle de moi maintenant ? Que s'était-il passé ? Mais je venais de lui dire qu'elle avait l'air de bien se porter et j'eus l'information que je désirais, en partie. Ses yeux dans les miens, toujours avec son sourire. Je chauffais ma main chaleureusement l'espace de trois secondes, histoire de lui rappeler le moment où nous avions échangé des promesses de manière solennelle, comme deux proches le feraient. Puis je retirais cette main, et rassuré :

« C'est une bonne chose ça, je suis content, mais si tu crois que ça change nos rapports détrompe toi. » souriais-je plaisantin.

Très vite le sujet changea à l'initiative de ma soignante sexy, comparée aux autres on ne pouvait le nier. Elle avait dû inquiéter ou faire fantasmer tous les blessés de sexe masculin qui avaient eu à faire à elle. Du tac au tac je répondais :

« La deuxième vient seulement de finir... Je me préparerai en conséquence, et on verra qui sera mon adversaire. Ça m'enchante pas mais il faudra faire avec et se battre aux yeux de tous le monde si je devine bien. »

Comme si cela ne suffisait pas, elle ajouta que je représentais Suna et par extension notre Kazekage. Pas besoin de chercher bien loin pourquoi. J'étais son cousin, un membre de sa famille la plus proche même parmi les Yamada, et la généralité m'appelait le « sosie ». Mais cela devait-il me mettre la pression comme elle cherchait à l'enclencher en moi en se montrant ironique ?

« Si tu le dis... Rendre fier quelqu'un qui n'est plus pour atteindre ce qu'elle a atteint en tant que shinobi m'importe bien plus. » dis-je en soufflant.

Je faisais sentir ainsi que je n'allais pas me formaliser à cause du village ou de Kioshi. Si je devais perdre, ce serait d'abord ma défaite et elle ne regarderait que moi, mon honneur et ma fierté. Pas les autres. Ni Yami d'ailleurs.
Puis elle ajoutait qu'elle observerait avec attention mon combat. Le savoir me faisait plaisir malgré tout. Plus parce qu'elle était Ketsueki Yami que la dirigeante du Kakumeigun. Pourtant cela aurait pu rendre péteux n'importe quel petit genin de savoir qu'une personne avec un tel grade au sein du village lui témoignait de l'intérêt. Je sourcillais cependant quand elle désigna Yell et me conseillait de perfectionner mes jutsus plutôt que de fricoter avec une étrangère... J'écoutais la suite de ce qu'elle avait à me dire. Une réutilisation de ce que je lui avais affirmé une fois : que l'amour était trop abstrait pour une personne comme moi. Elle avait osé ! Et que mon père avait tout entendu ? Sur cette dernière chose je me mis à rougir sans contrôler vraiment. Je n'arrivais plus à tenir le regard de Yami et préférais même l'éviter. Elle avait touché quelque chose d'intime...

« Arrête... c'est vrai que j'ai dis ça une fois. Mais tu ne sais rien de cette fille ! »

J'avalais difficilement le peu salive qui me restait.

« Et tu mens pour mon père... Impossible en tout cas qu'il t'en parle même si c'était le cas. »

Et ça c'était bien vrai. Mon père garderait ça bien secret. Comme beaucoup de choses qu'il ne partageait même pas avec les instances shinobi du village. N'était-il pas toujours en colère pour maman malgré son deuil en apparence ? Il ne copinait d'ailleurs aucunement avec Yami.

« En tout cas je n'ai pas à me justifier auprès de quiconque. Tu n'es pas ma mère à ce que je sache ? Alors si tu as des questions sur ça nous attendrons un peu car c'est neuf pour moi et déjà tu viens m'embêter sur le sujet... »

Je remettais mon pantalon déchiré en même temps. Puis osais trouver ses yeux mais j'affichais une moue plus sérieuse et plus inquiète que la seconde précédente.

« Sérieusement Yami... Je sais que tout ça... c'est risqué... et ça m'inquiète déjà assez. Ne joue pas avec moi même si c'est bien attentionné s'il te plaît, car en réalité : j'ai peur. J'ai peur de tout ce que ça implique. »

Elle pouvait sans doute lire toute mon inquiétude et mon incertitude dans mes yeux. Ainsi qu'un visage attristé une fois que ce fut dit. Elle devait sans doute deviner de quoi je parlais.

Tetsui n'avait visiblement pas apprécié mes paroles concernant les agissements du Monjara mais cela continuait de m'amuser moi. Cependant la conversation tourna bien vite aussi autour de l'examen chunin ainsi que la fierté qu'il voulait instaurer non pas envers les autres shinobi ou même envers lui même mais avant tout pour sa mère disparue. Ces paroles me firent étirer un fin sourire : elle serait sans doute satisfaite de l'homme qu'il était devenu et de l'humanité qui se dégageait de lui. Moi je l'étais en tout cas.

Le voir si mal à l'aise depuis que j'avais évoqué cette fille me faisait glousser d'autant plus de voir son regard se détourner du mien. Je faisais exprès de me mettre face à lui, devant sa tête pour rencontrer son regard que lui cherchait absolument à éviter.

« En effet je ne sais rien d'elle ! Alors dis m'en plus ! Comment s'appelle-t-elle ? Elle a spécialisé son style de combat dans quel domaine ? »

Je faisais mon intéressée, curieuse d'en apprendre davantage.

« Je mens peut-être pour ton père mais ton expression elle ne dément pas... »

Je lui adressais un haussement de sourcils complices qui lui ferait comprendre là où je voulais en venir.

« Tu as bien raison. Savoir se détendre avant un grand événement est primordial. »

Lui susurrais-je d'une voix suave tout en me penchant vers lui alors qu'il était toujours assis sur le lit de fortune.
Tout cela semblait l'agacé plus encore à voir le ton qu'il prenait.

« Ne prend pas ce ton avec moi jeune homme ! »

Commençais-je dans un ton faussement accusateur de femme aigri alors que je ne parvenais que difficilement à dissimuler mon amusement sur la situation.

« Ta mère ? Grand Dieu non ! Et fort heureusement ! J'ai déjà suffisamment de mal à m'occuper de moi même alors un enfant... D'ailleurs cette phrase ne plairait certainement pas à Kioshi... »

Là encore cette réflexion m'amusait. Le Yamada Kazekage était si porté sur la famille que cela ne m'étonnerait pas qu'il veuille en fonder une avec moi... Error system... Comme le disent les Saibogu. Ce n'était pas vraiment quelque chose qui m'attirait, cela avait même l'effet inverse. Il n'était pas question que je serve d'incubateur à enfant !

Lorsque Tetsui remonta son pantalon je lui sommais de le retirer.

« T'ai-je donné la permission pour le remettre ? Je n'ai pas fini ! »

Je me rasseyais à ses côtés et posais mes paumes froide sur sa cuisse fraîchement guérie. La cicatrisation semblait bonne, les tissus étaient bien reconstitués et surtout son système circulatoire fonctionnait parfaitement, signe qu'aucun caillot n'obstruait ses veines.
Je faisais de même sur son autre cuisse pour constater s'il n'y avait pas de dégâts que lui même n'aurait pas perçu mais tout semblait aller pour le mieux.

Pendant ce temps là il m'exprima ses doutes et ses craintes concernant sa toute nouvelle relation, changeant totalement d'expression. Je n'exprimais plus le moindre sourire et relevais les yeux de sa cuisse de temps à autre pour le regarder tout en lui répondant.

« Tu sais Tetsui je serais tentée de te dire de ne pas commencer quelque chose qui semble invivable et qui n'apporte plus de malheur que de bonheur surtout alors que cela est tout récent. Même si cela n'est pas la même situation j'ai moi même souffert à cause de l'indifférence de Kioshi pendant plus d'une année. Si j'avais su toute la souffrance que cela aurait apporté j'aurais sans doute rebroussé chemin au moment où je me suis rendue compte de la difficulté de la situation. »

Oh que oui...

« Tout cela pour te dire que le choix t'appartiens. Ma patience et ma souffrance à fini par payer mais peut-être que cela aurait pu n'être jamais le cas. Si cela est réciproque la situation est plus simple puisque vous pouvez en discuter ensemble. »

Je marquais une pause avant de reprendre, les yeux emplis d'intensité et de sincérité.

« Parfois la plus belle preuve d'amour c'est de laisser l'autre partir... »

Renoncer était difficile mais valait bien mieux dans certains cas que l'on savait condamné à rendre l'autre inexorablement malheureux d'une façon ou d'une autre. J'en avais d'ailleurs fait les frais il y avait peu avec Kioshi dernièrement...

« Il ne faudrait pas que votre relation vous plonge au cœur d'histoires des plus complexes... Devoir se battre contre l'autre, tuer des membres de son pays et peut-être donc de ses ami(e)s ou connaissances... En cas de refus tu sais très bien que ce qui résonnera ne sera plus que la trahison. Je ne pense pas que ton père veuille voir une personne supplémentaire le quitter, que ce soit pour purger une peine à vie ou parce que cette dernière t'ai été ôtée... »

Il ne devait pas penser qu'à lui ou à elle, ni même à eux mais bien à leur entourage également. Tous ces facteurs étaient à prendre en considération. J'étais peut-être dépourvue de la plupart de mon humanité mais si je ressentais une sentiment c'était dans sa forme la plus pure.

Un coup elle me disait de plutôt m'entraîner au lieu de fricoter, et l'instant d'après elle trouvait que j'avais raison de passer du bon temps avant l'examen. Il fallait savoir. L'aspect malicieux de mon aînée me déconcertait un peu pour cela. Elle se montrait même curieuse tout d'un coup, à vouloir savoir son nom. J'avais juste répondu :

« Yell, elle s'appelle Yell. »

Mais n'avais pas poussé la présentation plus loin car elle même ne me parlait pas de la chose importante qu'elle avait vécu récemment et qui l'avait guérie. Oeil pour œil, dent pour dent comme on dit souvent. Sa voix était quand même délicieuse quand elle m'avait susurré à l'oreille. La suite était en revanche moins drôle quand je lui disais qu'elle n'était pas ma mère sur le ton du reproche, comme si elle m'embêtait avec ses questions. Ce que en même temps, au fond de moi, j'appréciais, car ça venait prouver la petite affection qu'elle avait pour ma personne. Sinon elle n'aurait rien demandé. Elle se dédouanait ensuite de ce rôle de mère comme je l'attendais. Mais...

« Un enfant ? C'est tout ce que je suis ? T'as raison j'ai pas grandi, je vois la vie en rose et j'ai besoin qu'on s'occupe de moi... Ben voyons. Rassure toi hein je sais m'occuper de moi même. »

Mon ton était d'abord ironique, puis franc quand je disais pouvoir m'occuper de moi tout seul. Cela faisait plusieurs années que je grandissais sans mère alors j'y étais habitué.
Je ne pus remettre mon pantalon comme je le voulais parce que Yami n'avait pas terminé l'examen de mon corps et de mes blessures. Ses mains gelées se posèrent sur mes cuisses, me procurant un frisson par leur froideur. Les Kesueki étaient glacials tandis que les Yamada étaient chaleureux. Je m'étais finalement résigné à lui exprimer mes craintes quant à la relation qu'elle avait deviné d'elle même.

Ses conseils étaient précieux, je les prenais en considération car elle avait l'expérience pour les prodiguer. Seulement imaginer couper court à ma relation naissante avec Yell n'était pas une seconde envisageable. Ce n'était pas une simple amourette comme je le voyais moi. C'était plus fort, plus intense, et notre alchimie était naturelle. Je pouvais le dire juste avec les quelques moments que nous avions passé ensemble. Mais ça Yami ne le savait pas. Quant à la trahison, les possibles conflits, une peine à vie ou la mort, je le savais déjà, mais je n'étais qu'à une miette de connaître tout ça comparé à d'autres du village qui cachaient probablement des choses bien plus graves.

« Merci pour tes conseils Yami... bon... je me contenterais peut-être juste de profiter tant que je le peux puis je reprendrais ma vie comme avant ensuite.Si c'est plus sage... »

Je lui disais ce qu'elle voulait entendre bien entendu. Ce n'était pas ce que je voulais en réalité... Pourtant je lui rappelais quand même quelque chose.

« L'amour est trop abstrait hein ? Néanmoins j'ai toujours vécu plus ou moins seul, et maintenant j'ai ce qu'il me manquait et que personne ici ne pourra me donner, j'en ai l'impression. Si j'y mets fin, on dirait bien que je vais continuer seul, comme un malheureux, d'après ce que tu me dis. Mais si ça doit être fait... »

Les propos de Yami me donnaient l'impression qu'elle préférait que je réfute mes sentiments. Peut-être qu'elle voulait que je termine seul et ne connaisse jamais le plaisir d'aimer quelqu'un... Même si elle affirmait que le choix m'appartiendrait, c'était ce que je ressentais en cet instant. Je me disais donc qu'il valait mieux lui faire croire que je suivrais son conseil et lui paraître intègre comme il le fallait chaque jour quand on était shinobi.
Ce fut à peu près comme ça que la discussion prit fin avant que je ne puisse remettre mon pantalon pour mon plus grand bonheur. Yami avait peut être eu quelque chose à redire à mes propos cependant...


TROIS JOURS AVANT LA TROISIEME EPREUVE DE L'EXAMEN :

Quelque chose se tramait dans Suna. Les tracts de la cheffe Kawaguchi polluaient les places, les rues, et presque chaque espace d'affichage dans le village, en plus d'avoir été distribués dans les boîtes aux lettres des habitants. Pour tout dire, on en avait même trouvé dans le quartier Yamada. Nul besoin de revenir sur la teneur de la lettre. Les accusations étaient assez sérieuses et même accablantes. Saibogu Oniri et Ketsueki Yami en étaient les cibles. Légitime ou non, je ne pouvais me prononcer sur la véracité des faits. J'avais déjà fait part de mon ressenti à chaud à Yell puisque j'en avais fait la découverte avec elle quelques jours plus tôt. Mais maintenant il me fallait aller trouver Yami pour éclaircir tout cela, et qu'elle me dise qu'elle était innocente. J'avais besoin d'elle en tant que personne, ainsi qu'en tant que cheffe du Kakumeigun même si cette qualité était secondaire. D'ailleurs elle devait le savoir. Je savais quant à moi que j'aurais dû venir lui rendre visite bien avant, mais j'étais trop occupé à m'entraîner et à profiter de ma Gogyou en soirée.

Je choisissais donc un moment de calme entre la fin d'après midi et le début de soirée pour lui rendre visite. Plutôt que de tergiverser, je prenais même le risque de fouler le sol du territoire Ketsueki. Qu'avais-je à y risquer en plein village de Suna hein ? Et puis ce serait plus direct pour rencontrer Yami.
J'arrivais enfin devant le portail que je franchissais et marchais jusqu'au porche du manoir. Laissant passer quelques secondes, je frappais plusieurs coups sur la porte en attendant que l'on m'ouvre. Quand celle que je voulais voir arriva enfin, je ne souriais pas mais je cachais ma joie de voir qu'elle se portait toujours bien.

« Salut Yami. » je souriais timidement.

Je sortis de l'une de mes poches le tract signé de la main de Tsukiko et lui montrais pour qu'elle comprenne.

« Je suis venu prendre de tes nouvelles à cause de ça... je ne comprends pas. Moi je pense que tu n'y es pour rien et je veux en avoir le cœur net. »

Qu'allait-elle me répondre ?

Jamais je n'aurais pu m'attendre à une telle visite. Après tout c'était bien la première fois que Tetsui venait jusqu'au manoir. J'étais certes sous surveillance mais non pas assignée à domicile mais puisque même mes attributions en tant que cheffe du Kakumeigun m'avaient été repris je n'avais guère mieux à faire que de traînasser... Il était hors de question que je passe outre ces accusations scandaleuses et infondées qui me faisaient perdre un temps précieux dans mes diverses enquêtes en cours ! J'avais heureusement délégué une partie de mes tâches à Ogami mais le pauvre alors s'en voir surcharger. Lui aussi connaîtrait les nuits passées au QG...

Méphisto m'avait averti de ma visite avant même que le Yamada ne parvienne à la porte de ma demeure si bien que la porte s'ouvrait après le signal retentissant de courtoisie. L'entrée semblait sûrement s'ouvrir d'elle même mais le tour de passe passe n'était autre que mon félidé sous sa forme camouflée. J'allais à la rencontre de mon invité.

« Bonjour Tetsui. »

Lui répondais-je simplement alors qu'il sortait l'un des tracts de propagande de sa poche en me demandant des explications. J'esquissais un sourire avant de poursuivre.

« Tu ne vas pas rester sur le palier. Entre je t'en prie. »

Je tournais les talons et m'engouffrais dans le grand hall. Face à nous se tenait l'imposant escaliers se séparant en deux à mi parcours pour rejoindre l'étage des deux côtés. Un piano a queue se dressait dans un coin du hall, non loin d'une imposante statue en shoton bleue représentant un oiseau aux ailes déployées et un « Y » sur le buste. Il s'agissait d'un présent d'Ogami.

Si le Yamada levait les yeux au plafond il percevrait sans doute la nuée de chauve souris qui roupillaient, tête à l'envers sur les poutres. Et s'il observait encore mieux il distinguerait sans doute une énorme toile, signe qu'Akraï, l'araignée ramenée de Yuki no Kuni, n'était pas très loin.

Le soleil était sur son déclin mais cela n'empêchait pas ses rayons de filtrer à travers l'imposant vitrail se trouvant au dessus de la porte d'entrée et représentant le symbole de mon clan à savoir un calice emplit d'un liquide écarlate. Ses couleurs chatoyantes caressaient les dalles carrelées du sol de part la filtration de l'astre diurne en son sein.

La décoration était dans un style victorien qui, à mon sens, n'avait rien à envier aux mobiliers plus modernes. Avant de passer par le salon pour s'installer, je me devais de montrer quelque chose qui plairait incontestablement au Yamada. C'est pourquoi je me dirigeais vers la double porte entre la statue et le piano et l'ouvrait pour m'y engouffrer. Il s'agissait de la bibliothèque. Une imposante salle circulaire recouverte d 'étagères encastrées dans le mur tout autour et remplies d'ouvrages sans qu'aucune ne soient vides. Une partie du mur était également pourvues de deux immenses fenêtres dont les rideaux de velours étaient ouverts, laissant passer une forte luminosité dans la pièce vide de tout autre meuble. Il y avait également un autre morceau de mur sans étagère puisque sur celui ci se dressait un imposant portrait de Megami, ma mère.

« Comment tu trouves cela ? »

Lui demandais-je, souriante. Ce n'était pas dans sa tente qu'il pourrait en stocker autant cela dit. Mais il y avait ici un riche patrimoine sur mon clan et sur d'autres – nos potentiels ennemis -. Une riche source d'informations se tenait ici.

« Au début de ma vie ici après être sortie de l'orphelinat, j'ai dévoré une bonne partie de ces ouvrages. »

Je n'avais d'ailleurs rien de plus a faire puisque le manoir était vide de toute vie hormis la mienne et que je n'étais aucunement sociable avec le reste de la population.

Après un temps de découverte pour le Yamada et ses éventuelles réactions, je nous menais vers le salon en repassant par le hall pour aller vers une autre porte. Le salon était constitué de deux canapés rouges l'un en face de l'autre alors qu'une cheminée constamment éteinte se tenait à leurs côtés. On pouvait également apercevoir d'ici la salle a manger ouverte et sa grande table imposante ainsi que les portraits de tous les comtes au mur dont une nouvelle fois Megami. Pour ma part je ne me retrouvais pas encore sur le panthéon.

« Assis-toi. Tu veux boire ou manger quelque chose ? »

Si tel était le cas Hotep se chargerait de le lui préparer. Je m'asseyais sur l'un des canapés tandis que Méphisto sautait sur ce dernier à mes côtés, reprenant sa forme visible durant son saut. Je lui caressais la tête sous son ronronnement qui n'avait rien d'attendrissant et m'évertuais à répondre à Tetsui.

« Tout d'abord, sache que tu peux prendre de mes nouvelles en dehors de ce genre de... choses. Cela dit tu n'as pas à t'inquiéter pour moi puisque je me sens parfaitement bien. »

Et c'était peu dire puisque je passais mon temps a réfléchir à ma vengeance...

« Sache également que cette conversation est sans doute épiée. Moi et Oniri sommes sous surveillance constante en plus de voir notre fonction nous être retirée... Charmant n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit il n'y a pas grand chose à dire sur ce ramassis de fourberie. S'en prendre à deux des personnes les plus proches du cercle du Kage c'est en soit une bonne stratégie pour atteindre celui-ci ensuite. Mais tu connais Kioshi. Même s'il a a cœur de nous faire confiance, il veut s'assurer du bien fondé de l'affaire et en attendant nous sommes lésées malgré notre innocence... »

Je soupirais.

« En tout cas crois moi quand je te dis que cela ne restera pas impuni et qu'après cette affaire le village aura sans doute finalement une vraie raison de me condamner ! »

Je n'avais pas vraiment prévue de laisser la justice seule tranchée pour rétablir l'équilibre et les dégradations que j'avais subi suite à ce papier alors même que j’œuvrais depuis plusieurs années pour qu'autrui retrouvent sa confiance en les miens.

« Et j'espère que vous aussi vous l'entendez ! »

Parlais-je en élevant la voix tout en fixant la fenêtre au cas où j'étais bel et bien sous surveillance.

La porte s'était ouverte sans personne d'apparent pour l'ouvrir, il devait y avoir un truc... Un truc tout bête, mais un truc. Yami était apparue peu après, et elle m'avait salué poliment, un sourire à la vue du tract qui la concernait, tout en me priant d'entrer. Je n'étais jamais venu ici. Cette demeure, je ne l'avais jamais pénétré. La plupart de mes moments passés avec Yami avaient eu lieu ailleurs dans le village.

« … Ok. » répondis-je simplement en la suivant à l'intérieur.

Le grand hall était de nature monumentale, tout comme l'escalier et le haut plafond. Je levais les yeux, et je ne vis que des trucs dégueulasses. Chauves souris et toile d'araignée conséquente. Je n'aimais vraiment pas ces dernières pour ma part. Araignées ou scorpions c'était la même vermine pour moi : des bêtes immondes. Et les araignées étaient plus malicieuses encore dans leur nature. Un frisson me hérissa le poil en y pensant. Le piano à queue et la statue de diamant, couleur celui d'Ogami, étaient déjà plus plaisants à regarder. Le tract je l'avais rangé dans la poche de mon pantalon vert foncé. Je le brûlerai certainement plus tard.

« Sympa les locataires. » fis-je remarquer avec ironie.

Yami me connaissait, je pouvais rester moi-même. En même temps, des chauves souris dans Kaze no Kuni, avec un tel désert il n'y avait que peu d'endroits où se réfugier. Ce manoir était tout indiqué à Suna. La lumière filtrée par le vitrail n'éclairait quasiment que le sol dallé, donc elles étaient tranquilles ces drôles de petites bêtes. Si la maîtresse des lieux pouvait se dépêcher de m'emmener dans un endroit plus accueillant ce ne serait pas plus mal...
Je continuais de la suivre, passant une porte, qui nous menait dans ce qui semblait être une bibliothèque. Pas n'importe laquelle, celle de son clan. C'était assurément une bibliothèque unique en son genre, par le genre d'ouvrages lugubres ou non qu'elle devait rassemblait. Stéréotype rattaché aux Ketsueki ? Peut-être bien. Je me tenais avec Yami dans le centre de la pièce, quand je répondis à sa question avec un sourire faussement satisfait. Juste pour l'embêter.

« Mouais, j'imaginais mieux quand même. »

Je me dirigeais vers l'une des étagères, attrapais un livre ancien, puis me retournais vers elle. Tout sourire.

« Je plaisante bien sûr ! Tu m'autoriserais à venir lire quelques livres ici à l'occasion ? Parce que j'imagine qu'ils ne sortent jamais de cette pièce. Et tu sais combien j'aime lire. » souriais-je encore.

Les pages du livre sentaient le vieux, mais bref, je n'étais pas là pour de la lecture. Je pris soin de le remettre à sa place délicatement. Il fallait toujours respecter un ouvrage ! La réponse de Yami fut que je le pourrais, mais de préférence quand elle était présente au manoir. Je lui disais merci, comprenant sans problème pourquoi elle posait cette condition à mes visites. Les Ketsueki en communauté n'étaient pas comme les Yamada. Seule leur cheffe pouvait d'ailleurs se targuer de nous connaître assez bien. Une révolution dans l'histoire.
Par la suite nous repassions par le hall pour nous diriger dans le salon. Les deux canapés rouges donnaient envie de s'y asseoir c'était certain. Moi, j'aimais tout autant mes coussins cependant. Je m'asseyais dans l'un d'eux, celui en face mon hôte. Ce face à face me paraissait même trop cadré pour me mettre cent pour cent à l'aise. Dans le genre entretien où tu te tournes les pouces on faisait pas mieux. Bien heureusement, ce ne serait pas le cas. Yami ne me stressait pas.

« Ce que tu me proposes, mais oui je veux bien, merci. »

Je me tournais vers le chat pour le saluer d'un signe de la main en souriant.

« Salut toi. »

C'était un kuchiyose après tout. Même si ce n'était pas un éléphant, je commençais à les apprécier pour leur nature, tant que ce n'était pas des araignées ou des scorpions. Peut-être viendrait un jour où les éléphants et les félins seraient amenés à coopérer de nouveau comme à Kawa no Kuni avec Nuzuro.
Bien vite, elle me fit comprendre dans un demi reproche que je pouvais venir prendre de ses nouvelles plus régulièrement. Et contradictoirement, elle disait que je n'avais pas à m'inquiéter parce qu'elle se sentait parfaitement bien. Je répondis avant qu'elle ne poursuive :

« Hum, écoute, tu sais bien que c'est pas l'envie qui me manque de venir te voir, tu es l'une des plus proches personnes que j'aie. Puis, avec l'examen je ne vois plus le temps passer sérieusement... c'est d'accord je prendrais des nouvelles plus souvent. ».

La suite de la conversation prenait nature plus sérieuse, se concentrant principalement sur la raison de ma venue. Alors cette conversation était épiée. Ce n'était pas sans me rappeler la fois où j'avais parlé à Hasü qui était sous surveillance lorsque j'étais l'élève de Wada Eichi. Les propos de Yami rejoignaient mes inquiétudes quant au fait que ces accusations étaient un bon moyen d'atteindre le Kazekage. Lequel n'était plus protégé vraiment que par son bras droit et quelques shinobis lambda.
Je la laissais parler et écoutais avec intérêt ses paroles. Elle avait le grade, et je ne l'avais pas. Pouvais-je oser de parler à l'encontre de l'accusatrice qui venait d'accéder à la tête de son clan si nous étions écoutés ? J'étais tenté de dire que non. Mais en même temps, cette discussion était censée être privée. J'emmerdais ceux qui nous écoutaient du plus profond de mon être. Bafouer les libertés était contre ma conception de la vie, rien que ça. J'attendis le coup de gueule de mon interlocutrice pour oser prendre la parole à mon tour.

« Sache que je te rejoins sur la fourberie de la chose, et sur le fait que c'est tout indiqué pour être la première partie d'un plan visant mon cousin, même si on en sait rien. D'ailleurs, rendre vulnérable le village en ces jours est encore plus con nan ? Si on utilise quoi... trois ou quatre hommes rien que pour te surveiller, et le même nombre pour Oniri, ça en fait déjà huit en moins qui pourraient se rendre utiles ailleurs. Et Tsukiko, on la surveille pas elle ? Ce serait pourtant tout indiqué si l'on veut des éléments à utiliser qu'importe le camp lors du tribunal. À moins que l'on aime juger sur simple parole... ce qui me découragerait du système sérieusement. »

Ce qui était dit était dit. Quiconque l'entendait pouvait comprendre mon ignorance voulue pour sa personne. Et donc, comme je m'en fichais, je ne me cachais pas d'avoir des trucs personnels à dire à mon amie. Je prenais un bout de papier vierge dans l'une de mes poches, un crayon de papier, et écrivais quelque chose à son attention, pour la colère qu'elle éprouvait.

- Non, tu vas t'en sortir et sans faire couler le sang. Si quelque chose doit se régler entre toi et Tsukiko, ce sera par décision des autorités, donc de Kioshi ou même du Daimyo. Chiant. Mais comme ça. -

Je lui fis glisser le bout de papier. J'écrivis sur un autre sans perdre plus de temps.

- Ne déconne pas... j'ai besoin de toi. Pas que pour maman et le Kakumeigun, mais en tant que personne. D'autres ont aussi besoin de toi. Et même si tu veux penser d'abord à toi, tu dois penser aux deux, donc à la meilleure solution. Promets moi... à ta façon. -

Je lui tendis cet autre papier. Je la regardais lire, observais sa réaction, puis plus solennel, je lui proposais autre chose. Une preuve que je ne voulais pas qu'elle déraille, et que j'étais là pour elle. Cela je lui disais avec ma voix. Mais doucement, de manière à ce qu'elle seule puisse l'entendre.

« Je suis prêt à t'offrir mon sang pour créer le lien. Comme une preuve de ma promesse passée. Ce qui est bête, c'est que seule toi pourra me sentir, mais ce sera déjà ça. Tu dois seulement me promettre ne pas utiliser cela contre moi, s'il te plaît. Néanmoins, par les temps qui courent, je prends ça comme une précaution, s'il m'arrive quelque chose, tu le sauras... »

Je la regardais intensément dans les yeux pour attendre sa réponse. Ainsi que ses commentaires ou ses réactions sur mes bouts de papiers précédents.

J'étais pourtant sûre que la bibliothèque du clan lui émerveillerait les yeux le connaissant et voir sa mine a peine satisfaite et son commentaire me faisait hausser un sourcil : se payait-il ma tête ? Fort était de constater que oui lorsqu'il alla attraper l'un des ouvrages avant de changer son discours. Heureusement qu'il faisait parti de mon cercle de privilégié car d'autres avaient subi mon courroux pour moins que cela... s'attaquer à ce qui appartenait à mon clan n'était pas vraiment la bonne manière de procéder avec moi mais je ne m'en offusquais pas comprenant qu'il avait voulu émettre une boutade à laquelle je n'avais pas du tout été réceptive.

« En effet, ils ne quittent jamais la pièce. Bien sûr que tu pourras venir. Quand tu le veux d'ailleurs mais de préférence lorsque je suis là... »

Posais-je tout de même comme condition. Les nouveaux arrivants n'étaient pas encore digne de confiance et je ne préférais pas laisser Tetsui dans une fosse aux serpents tout seul.

Une fois parvenue dans le salon, Hotep avait entendu la demande de notre invité et tandis que je lui parlais dans la langue des Anciens pour le lui faire comprendre, mon félidé s'affairait déjà en cuisine et ne tarda pas a ramener un thé à la fraise, met rare dans nos contrées désertiques mais qui était importé jusqu'ici, ainsi que des viennoiseries qu'il avait confectionné le matin même.

Au moins ma réflexion sur ses visites peu fréquentes eut son petit effet. Il n'avait plus grand temps pour lui ? Cela ne serait sans doute plus le cas lorsque la Konohajin reprendrait un aller simple jusqu'à chez elle. Il était bon à savoir que je passais après elle malgré qu'il me connaissait depuis plus longtemps. Même si la relation était différente la considération pouvait toujours être aussi forte mais force était de constater que ce n'était pas le cas et je n'aimais pas vraiment être reléguée au second plan : mon ego en prenait un coup bien que je ne laissais rien paraître pour autant.

« Je suppose que Kioshi a déjà pris soin de vérifier ses paroles mais je sais d'expérience que certaines méthodes peuvent être utilisées pour contourner un senseur. Comme le Kawaguchi interrogé sur la mort de Saibogu Shun dont l'interrogatoire ne m'a pas du tout convaincu malgré la véracité de ses propos après vérifications... »

Je n'allais pas fonder mon jugement sur une pratique si peu fiable à mon sens et cela importait peu car clamer une telle affaire a la vue de toutes les autres Nations était à la fois la pire idée qui pouvait exister pour préserver Suna et la plus ingénieuse si l'on voulait justement affaiblir le village et lui ôter toute crédibilité : je ne savais pas s'il s'agissait ici d'idiotie complète ou de fourberie lancé dans un coup de maître.

La communication passait alors par écrit, signe qu'il voulait me faire part de choses qu'il ne jugeait pas audible si bien que je me contentais de le lire avant de répondre à voix haute, jugeant qu'au contraire rien ne portait préjudice là dedans puisque j'en avais déjà fait part à l'oral juste avant de toute façon.

« Je suis assez grande pour juger de ce qui est bien ou mal Tetsui. Je sais aussi quel camp je préfère... »

La justice ? Celle là même qui avait fait d'une ancienne déserteuse ayant attenté contre le village une Kazekage ? Bien sûr que j'allais la laisser décider : il fallait y compter... Je connaissais suffisamment Kioshi pour savoir que le dénouement quoi qu'il ne soit, ne serait pas à la hauteur de ce qu'il devrait être. Il exagérera peut être sur la sentence ou bien alors se montrera trop laxiste ! Rien n'était sûr avec lui, cela dépendait de son humeur puisqu'il réagissait en fonction de ses sentiments.

Mais voilà que Tetsui envoyait un autre papier disant qu'il avait besoin de moi, tout comme d'autres. Là encore il n'avait pas a s'en faire. Je griffonnais sur le bout de papier avant de le lui tendre. Dessus était noté :

« Tout peut être commis tant que l'on ne se fait pas prendre... »

Après quoi il se remettait à parler, évoquant un éventuel don du sang pour créer un lien entre nous qui me permettrait de constamment sentir sa présence si je cherche à la trouver. Un lien qui m'indiquerait lorsqu'il serait en mauvaise posture pour lui venir en aide de la manière dont je pourrais le faire sur le moment. J'en avais déjà un avec Kioshi, Oniri, Ogami et La. Inclure Tetsui dedans réunirait le cercle des personnes auxquelles je tenais à Suna et qui étaient dignes d'intérêts.

« Je n'utilise pas l'hémoglobine des personnes auxquelles je tiens à des fins mauvaises... »

A moins d'une trahison peut-être ? Mais cela n'était encore jamais arrivé donc il n'avait a priori pas à s'en faire. Je l'avisais de la manière la plus sérieuse depuis notre entrevue.

« Pourquoi tiens-tu tant que cela à ce lien ? Tu crains qu'il ne se passe quelque chose ? Aurais-tu des informations que je n'ai pas ? »

Après tout peut-être était-ce vraiment le cas... Mais je n'attendais pas vraiment sa réponse pour poursuivre.

« Je ne refuse que rarement ce genre de proposition cela dit... »

J'avais déjà légèrement goûté à son sang lorsque je l'avais soigné et j'en connaissais déjà l'arôme que j'avais mémorisé. Il voulait récidivé pour créer cette connexion si particulière ? Qu'il en soit ainsi.

Je me levais de mon fauteuil pour m'asseoir à côté de lui tandis que Méphisto avisait la scène de son sourire toujours aussi carnassier. Mes doigts froids se posèrent dans son cou, caressant doucement sa peau à la recherche de sa veine alors que je pouvais sentir son hémoglobine pulser en dessous. Mes yeux étaient plus vermeils que jamais et luisaient d'une intensité nouvelle tandis que je m'approchais de lui pour planter mes canines effilées dans sa chair que j'avais préalablement anesthésié pour qu'il n'en ressente rien avec l'aide de mon chakra médical.

Son sang s'écoula dans ma bouche puis ma gorge alors que je me délectais de son arôme familier que je retrouvais. Après quelques fines rasades, je me reculais, refermant la peau en coagulant son élixir et m'essuyais le menton d'un revers de main, tâchée de carmin. Je me concentrais sur sa présence que je percevais distinctement : évidemment puisqu'il était à mes côtés mais même si cela n'aurait pas été le cas j'aurais pu déterminer approximativement la direction où il se trouvait.

Je l'avisais avec un sourire un brin taquin, ce genre d'échange ayant une dimension potentiellement intime dans la culture Ketsueki. En tout cas lorsque ce n'était pas pour tuer la personne en bénéficiant. J'étais curieuse de savoir comment réagirait Kioshi s'il l'apprenait... C'était assez cocasse à imaginer bien que finalement je me moquais bien de son avis. Il était d'ailleurs temps pour Tetsui de découvrir quelque chose...

J'attrapais le poignet du Yamada tout en l'intimant de me suivre alors que je lui faisais traverser une nouvelle fois le hall pour monter à l'étage, là où se trouvait les chambres. N'en déplaise à quiconque cela n'était aucunement une invitation, je me contentais de lui faire visiter et surtout de lui montrer « ça ».
Nous arrivions dans le long couloir partiellement carbonisé du sol au plafond. Certains des tableaux avaient brûlés tout comme le tapis rouge recouvrant le sol : même la pierre du mur avait fondu par endroit.

« C'est l’œuvre de Kioshi. »

Me contentais-je de dire alors qu'il avait certainement reconnu les dégâts dont étaient capables son propre don clanique.

« Il a voulu m'incinérer après mon refus quant à sa demande de mariage. S'il réussissait je devais accepter. Plutôt sympathique comme marché n'est-ce pas ? »

Disais-je tout en le dévisageant. J'étais curieuse de savoir comment Tetsui réagirait à cela... Si j'essayais de les diviser ? Moi ?! Non jamais... Je me contentais juste de dévoiler le vrai visage de certains... Il y avait des personnes dont l'on pensait tout savoir et puis finalement un nouvel aspect d'eux mêmes nous était révélé. Un aspect que l'on aurait préféré jamais voir car il remettait un certains nombres de choses en questions...

Je sentais que Yami était froide et peu réceptive. Bien sûr c'était une Ketsueki, Comtesse qui plus est. Autant dire qu'elle pouvait se permettre de jouer les êtres supérieurs et fiers. Ce qu'elle n'avait pas intérêt à faire par rapport à moi car sinon je l'enverrais paître tout simplement. Cela faisait depuis la mort de maman que je n'aimais pas ceux qui se sentaient au dessus des autres et qui abusaient de leur pouvoir pour nuire. Symptôme presque systématique des dirigeants quels qu'ils soient. Notre chef Yamada n'était pas comme ça. Quant à Yami, si jamais elle l'était, je m'efforcerais d'en faire abstraction tant que cela ne me concernait pas directement. Elle pouvait abuser autant qu'elle voulait de ses sous fifres Ketsueki, puisqu'ils fonctionnaient à la soumission la plupart du temps, mais jamais je ne la laisserais se jouer de moi. Ce serait rédhibitoire.

Le chat avait ramené des viennoiseries et un thé du genre que je ne buvais pas souvent. Sa couleur rouge et foncée était typique de la demeure dans laquelle je me trouvais. Je me permettais d'en boire quelques gorgées de temps à autre pendant notre affaire en cours. Et revenons donc à celle-ci.
Yami supposait que mon cousin avait déjà pris soin de vérifier les propos de la Kawaguchi, mais elle justifiait son doute en citant l'exemple du Kawaguchi que j'avais intercepté avec mon père juste après l'assassinat de la Godaime Kazekage. Ben c'est sûr que ce mec, même moi je ne l'avais pas senti, mais je n'avais pas eu besoin de dons sensoriels, c'était juste un pressentiment. Vrai ou faux peu importe. On pouvait me prendre pour un con de juger ainsi que je m'en fichais pas mal...

« Ouais ça craint... » lançais-je naturellement.

Après quoi je m'étais attelé à passer mes messages par des morceaux de papiers à la Ketsueki. Cette surveillance m'agaçait profondément. Si au moins nous avions pu discuter dans un estomac d'éléphant kuchiyose ou dans le gosier d'un chat géant pour avoir de l'intimité... Mais ce n'était pas le cas car ni elle ni moi ne maîtrisions le fuînjutsu pour le coupler à nos kuchiyose. Et d'ailleurs, elle ne savait toujours pas pour mes éléphants, ou alors elle s'en doutait ?
Elle répondait en tout cas à voix haute. Me laissant exprimer un rire car elle se fichait d'être entendue par ceux qui nous surveillaient. Et bien soit ! Je ne comprenais pas très bien sa réponse, mais je décidais de lui envoyer un second papier où je disais avoir besoin d'elle. Et cette fois-ci, elle me répondit sur le bout de papier elle aussi. C'était trop beau d'espérer qu'elle me promette quelque chose ou me rassure sur ce point, je commençais à la connaître. « Tout peut être commis tant que l'on ne se fait pas prendre... » Je lisais ça avec une légère moue. Même en situation légèrement critique, Yami restait fidèle à elle-même. Je ne dénigrais pas ce choix, me demandant moi-même ce que je ferais à sa place. M'abaisser et me soumettre ou bien rester fidèle à mes principes ?

La suite nous amenait à ma seconde demande vis-à-vis d'elle. Créer un lien par le sang. Les choses avaient bien changé pour que j'en vienne à ce genre de chose. Comme quoi l'avenir n'était pas écrit. Me rassurant d'abord sur le fait qu'elle n'utiliserait pas mon hémoglobine à des fins mauvaises, elle me demanda pourquoi j'y tenais tant. Soupçonnant même que je possédais des informations qu'elle n'avaient pas. Je ne répondis pas, je haussais simplement les épaules, et puis elle ne m'en laissa pas le temps, poursuivant qu'elle ne refusait pas ce genre de proposition. On y arrivait...

Elle se leva pour s'asseoir à côté de moi sur le canapé. Ses doigts froids auxquels je n'étais pas habitué me firent hérisser le poil et frissonner. L'instant devenait rituel. Ses canines se plantèrent alors dans mon cou anesthésié et je fermais les yeux, sentant tout de même le contact si particulier de sa bouche aspirant ce qui m'appartenait. Aucune douleur cela dit. Quand ce fut terminé je rouvrais les yeux, elle referma la plaie nouvellement créée et s'essuya le menton du revers de la main. Son sourire taquin vint clôturer cet échange. Le lien était crée. J'avisais son regard et lui souriais moi aussi, un peu plus faiblement. Mon cœur rattrapait son rythme régulier, et puis c'était la première fois qu'on buvait de mon sang. Je ne savais même pas si elle m'en avait pris beaucoup mais je me sentais normal.

« C'était pas si terrible... voilà qui est fait.  » dis avec un semblant de complicité.

Yami attrapa mon poignet et me fit la suivre à l'étage. Je me demandais bien pourquoi mais me laissais faire quand même. Elle ne devait pas avoir de mauvaise raison. Elle m'arrêta dans un couloir, lequel était carbonisé comme si un Yamada était passé par ici. Ce ne pouvait être que Kioshi, et elle me le confirma. Je soufflais comme si j'étais consterné par cela. Contrairement à lui, moi je pouvais me féliciter de contrôler mes bouffées de chaleur. L'énervement ou la puissance des sentiments éprouvés ne me faisaient pas modifier la température ambiante à un tel point. Tout était affaire de self contrôle et d'un certain détachement aux choses. Je voyais même ce genre de réaction  comme un point faible chez ce dernier.
Les explications de Yami m'affligèrent et je ne savais pas s'il fallait en rire ou non. Rassurez vous j'aimais toujours mon cousin, il était de ma famille la plus proche. Sauf qu'il m'étonnera toujours avec ce genre de choses. On en apprenait tous les jours !

« Haha sérieusement... il voulait épouser un tas de cendre, le mettre dans son bac à sable et dormir avec toutes les nuits peut-être ? »

Je me contentais de plaisanter. Je n'allais pas rentrer dans un jeu de « Choisis ton camps ». Non non non.

« Donc il veut t'épouser... j'imagine que tu as refusé. Ce n'est pas mes oignons de toute façon. Mais assure moi de ne pas le faire sombrer dans la folie tu veux bien ? Il est déjà assez fou comme ça apparemment. L'empirer ne résoudrait rien. Qui plus est, avant d'être ton amant, il est mon cousin et je tiens à lui. Comme à toi. »

Puis je l'avisais du regard pour poursuivre.

« Tu n'essayerais pas de m'opposer à lui par hasard ? Fais attention avec les liens de famille, ils ne sont pas à prendre à la légère. Mais jamais tu n'oserais faire ça hein ?! En plus tu en fais quasiment parti même sans mariage et sans les contraintes que tout ça implique haha »

Terminais-je un peu plus détendu. Une manière comme une autre de clarifier certaines choses. Je ne me laisserais pas manipuler bêtement si c'était là son attention.

« Bref passons. On s'arrête prendre le thé dans ce couloir ? »

Rentrer en conflit avec Yami n'était pas dans mon intention. Je préférais en être proche tout comme je voulais apprendre d'elle. Je l'aimais bien cette femme.

Au moins n'y avait-il pas que moi que le comportement de Kioshi consternait. Tetsui soupirait d'affliction en apercevant l’œuvre de son cousin et se permettait m^me de tourner en dérision son geste.

« Il faut croire que oui. Au moins le tas de cendre aurait concédé a venir vivre dans sa tente. »

Puisque ce n'était pas mon cas et là aussi était dû son comportement. Pourquoi cela devait-il tellement l'étonner ? Ce n'était pas comme si je lui avais déjà fait remarquer nos grandes différences et même parfois notre incompatibilité sans qu'il n'en ai cure...

« J'ai effectivement refusé. En ce qui concerne de ne pas le faire sombrer dans la folie comme tu le dis toi même je crois qu'il a déjà un pied dedans... Qu'un simple refus de ma part dans un témoignage d'amour se termine de la sorte... si ce n'est pas de la folie qu'est-ce donc ? »

Il tenait à lui. Moi aussi mais cela n'empêchait pas que certaines choses restaient condamnable...

« Je n'ai pas pour vocation d'accentuer son hérésie. Ce n'est tout de même pas moi qui est à blâmer alors qu'il se laisse emporter de la sorte : il est quand même Kazekage ! »

Quelle image donnait-il de lui et de celui qui représentait le village... Kioshi était bien plus pacifiste que ses prédécesseurs pour autant il se laissait également bien plus influencer par ses émotions qu'eux ce qui lui faisait prendre parfois des décisions hâtives et peu objective.

Je ressentais les paroles de Tetsui comme un pic glacial alors que les Yamada étaient d'ordinaire si chaleureux. Je m'indignais de son comportement alors que j'étais la victime dans tous cela.

« Es-tu sérieux ? Je ne cherche pas a t'opposer à lui simplement à ce que tu comprennes toutes les facettes qui le compose ! C'est tout de même ma demeure qu'il a carbonisé a défaut de parvenir à le faire envers moi ! Tout ça pour une histoire de mariage stupide ! »

Non mais franchement ! Quelle idée ! Nous passions le plus clair de notre temps a nous disputer et il avait tout de même songé au mariage alors que la réciprocité de nos liens venait tout juste d'être établie ? Quelle stupidité !

« Passons oui. C'était uniquement pour te montrer cela. »

Et je n'avais de ce fait plus grand chose à lui dire....

« Je suppose qu'il est temps pour toi de rentrer. Je te remercie de ta visite et de cette conversation au moins tu en as appris davantage. L'offre de la bibliothèque tient toujours. »

Me contentais-je de rappeler dans un sourire tout en l'observant.
Si je le congédiais ? Non... Ce n'était pas mon genre.

Ainsi Yami concevait que mon cousin Kioshi avait déjà un pied dans la folie. D'abord la perte de Zanshi, maintenant ce refus de la part de la Ketsueki... je concevais qu'il en soit arrivé là avec tout ça, si elle le disait. Il était tout aussi vrai que je ne passais guère beaucoup de temps avec lui ces derniers temps. L'examen d'abord, Yell ensuite, et pour couronner le tout ses obligations de Kazekage. Nul doute que nous éloignons de vue, mais pas dans nos cœurs. Nous étions toujours une famille. Je ne pouvais de toute façon qu'être d'accord avec Yami sur ce point et peut-être me faudrait-il essayer de faire quelque chose en parlant au concerné.

« Oui oui tu as raison. »

Après quoi je la lançais en lui demandant si ce n'était pas là de la manipulation de sa part de me montrer et me parler de tout ça en accusant Kioshi. Sa réaction était sur la négative. Elle voulait simplement que je comprenne les différents visages de notre Kazekage.

« Ok je vois... » dis-je pour lui faire comprendre que je ne l'accusais pas.

Je demandais si nous avions pour projet de prendre le thé dans ce couloir carbonisé. L'ambiance était glauque à souhait. Nous avions terminé sur ce sujet, de toute façon les actes parlaient d'eux-même pour mon cousin, aussi fâcheux soient-ils. Au fond j'étais même désolé pour Yami. J'espérais qu'elle n'avait pas de séquelles physiques. Elle supposait alors qu'il était temps pour moi de rentrer. Quoi ? Comment ? En un sourire elle me rappela l'offre de la bibliothèque.

« Comment ça ? Je n'ai pas fini ni le thé ni la viennoiserie que tu m'as offert ! Si tu le permets j'aimerais bien rester un peu, pour rattraper le temps perdu à n'être pas venu te voir avant. » dis-je conciliant.

Les moments passés avec elle étaient occasionnels mais précieux et agréables au fond. Enfin surtout quand on ne parlait pas de Kioshi et de sa folie, ou encore de l'accusation de Tsukiko. Jusqu'ici nous n'avions fait que ça, alors il fallait rattraper un peu le coup.
Nous redescendîmes jusqu'aux canapés où le thé était encore posé sur la table. Je m'installais de nouveau et usais de mon don clanique pour le réchauffer avec la paume de ma main. Comme cela il était à nouveau chaud pour être dégusté. Ce goût de fraise était curieux.

« Je voulais te dire... notre relation a bien évolué depuis notre rencontre pendant la mission avec Oniri. Tu avais même dormi avec moi ! Haha ! Enfin bref, tout ça pour dire que quoiqu'il arrive tu pourras compter sur le Tetsui qui se trouve en face de toi. C'est aussi vrai si un jour nous nous retrouvons opposés pour une raison ou pour une autre. Je dis ça, mais venant de moi il n'y a aucune raison que ce soit le cas ! »

Je la laissais réagir à cela. Et puis j'ajoutais une chose.

« Et aussi, en ce qui concerne mon intérêt pour le Kakumeigun et la suite de la mission avec Nuzuro. Si tu récupères tes fonctions, je peux espérer rejoindre ses rangs ? Ce serait une grande avancée pour moi. À condition bien sûr que je devienne chûnin à la suite de cet examen. »

Je la regardais pour savoir sa réponse, tout en levant la tasse à mes lèvres pour boire et finir ce thé que je venais de réchauffer. Quant à la viennoiserie je l'emporterais avec moi si elle n'y voyait pas d'inconvénient. Une fois que j'aurais eu les informations que je voulais, je pourrais effectivement quitter les lieux et la laisser seule si c'était là ce qu'elle voulait. Nulle envie de lui imposer ma présence alors qu'elle préférait sans doute une solitude surveillée pour les besoins de l'enquête sur l'accusation. Quelle plaie ce truc.

Je l'avais invité à partir s'il le souhaitait, ne voulant guère qu'il se force à rester davantage mais il préférait demeurer encore quelques instants. Cette annonce me faisait plaisir en mon fort intérieur bien que je ne laissais rien paraître.

Nous rejoignons donc nos victuailles du moment, confortablement assis dans les canapés pour poursuivre la conversation sur un note plus légères en ressassant le passé. Avais-je seulement envie de me souvenir de cette époque de ma vie ? Sans doute. Parfois en tout cas elle me manquait mais il n'y avait aujourd'hui plus de place pour l'insouciance.

« C'est vrai. Cela dit nous avons nous même évolué depuis cette époque. »

Repenser à cette mission et ces instants en sa compagnie avec Oniri me faisait étirer un sourire.

« J'aurais dû dire à Kioshi alors qu'il n'était pas le premier Yamada a rejoindre mon lit. »

Plaisantais-je pour détendre l'atmosphère. Quoi que si le concernait interprétait mal mes propos il serait sans doute capable de mettre le feu à tout le manoir en guise de vengeance... Mieux valait s'en abstenir.

Tetsui m'assurait que je pouvais compter sur lui quoi qu'il arrive et même si nous avions à nous retrouver opposés un jour. Je prenais bonne note de ces paroles et les lui retournaient. Il était sûr que de nous deux je serais à l'origine de ce changement si jamais il devait avoir lieu...

« Tu pourras aussi compter sur moi. Après tout tu comptes désormais comme la cinquième personne avec laquelle je possède un lien écarlate. »

Ces liens n'avaient été construits qu'envers des personnes chères à mon cœur bien que j'en étais aujourd'hui destituée puisqu'il avait été remplacé puis avaler par un membre iconique et ancestrale de notre clan.

« Concernant le Kakumeigun tu as déjà tout dit. Je sais de quoi tu es capable, je n'ai pas le besoin de te tester davantage que l'épreuve que nous avons eu à affronter tous ensemble mais je suis démise de mes fonctions et tu n'es pas encore chûnin alors lorsque cela sera fait : oui. »

Il posait donc une question dont il avait déjà connaissance de la réponse. Encore faudrait-il que je puisse récupérer mon poste même une fois cette histoire terminée et élucidée.
Loin de moi l'idée de le flanquer à la porte mais je craignais de ne pas être une grande source de discussion tant la présence de mes "gardiens" m’horripilaient et me coupais toute envie d'échange en plus du fait que je n'avais plus rien à évoquer en sa compagnie. Qu'il soit venue me rendre visite était un témoignage de son affection que je savais recevoir à juste titre. Les moments d'égarements et de papotages banals étaient de plus en plus rares : je me devais de les savourer.