Les caravanes avaient disparu depuis longtemps à l'horizon, englouti par l'obscurité davantage que par la distance. Toujours avachi sur le muret du chemin de ronde des remparts dans la nuit avancée, personne ne l'avait encore interpelé. Il y avait bien l'un ou l'autre garde qui était passé près de lui, mais soit il avait fait tant corps avec la pierre que l'on ne le remarquait même plus, caché par l'ombre de la tour de surveillance, soit l'on se disait qu'il n'avait pas l'air bien méchant, et que l'on ne risquait pas grand chose à le laisser prendre son bain de lune sur la muraille de défense. Natsuki se contentait de distraitement relever les tours des patrouilles après tout, rien de bien dangereux pour qui que ce soit.

Vint pourtant un moment où celui qui s'approcha n'avait tout comme lui rien à voir avec les soldats de Suna chargés de surveiller les remparts, et ce qu'il s'y passait au-delà. Pour l'avoir vu de très près pendant l'examen Chûnin, il n’eut pas de mal à identifier le nouveau venu : il s'agissait de Hachi. Visiblement, les murailles du Village du Sable étaient très prisées en tant que destination pour ceux qui avaient désir d'un peu de tranquillité. Immobile, Natsuki le laissa approcher sans se manifester afin de savoir si c'était lui qu'amenait le passage du Kumojin, ou s'il s'agissait simplement d'un hasard que les deux se retrouvaient ici, au même endroit et au même moment. Il le regarda distraitement par-dessus l'épaule, et constata après une poignée de minutes que la deuxième option s'avérait être la plus probable, à en juger par les paroles que Hachi adressait à sa propre personne. Mais après, pour ce qu'en savait le Nara tatoué sur les Jinjenmu – car les pouvoirs manifestés par le Kumojin pendant les deux premières parties de l'examen se rattachaient le plus vraisemblablement à ce clan – le genin pouvait tout aussi bien faire la conversation à l'une de ses choses à l'intérieur de lui. Il n'en était pas vraiment sûr, vu que les membres de cette caste restaient très mystérieux, mais dans le doute, il se dit qu'il valait mieux ne pas jouer les indiscrets malgré lui sur une conversation intime. Il décida alors de se manifester.

« En effet, ce n'est qu'un examen. Le pouvoir n'attend pas le grade pour se révéler. » lâcha-t-il en se redressant du mur sur lequel il était écroulé.

Il essuya de deux revers de main la poussière de ses vêtements, puis fit face au Kumojin.

« Vous êtes Hachi, non ? J'ai suivi vos résultats à travers ceux de Yell, la Konohajin de mon Village avec qui vous étiez en équipe pendant les deux premières épreuves. Navré pour votre élimination. »

Il ne l'était pas, mais cela n'empêchait pas de le dire.

« Tout n'est pas perdu cela dit, vous devriez attendre les résultats finaux avant de déprimer. D'après le rapport que j'ai pu lire, vous vous êtes plutôt bien débrouillé en vous imposant rapidement comme le meneur naturel de votre groupe - à moins que cela était seulement dû à votre ordre de post ? N'importe comment, vous faites partie des premiers à goûter à la responsabilité et aux conséquences dont doit faire face un Chûnin à la tête d'un équipe. La première étape a été parait-il un succès grâce à votre capacité à diriger et à prendre les décisions, et ce sont ces mêmes faits qui dans la deuxième épreuve ont précipité votre échec, ainsi que ceux avec vous. »

D'après le debriefing, chacun des trois candidats avaient songé à la bonne solution, Hachi le premier, mais c'était en voulant rester tous ensemble, et donc en suivant le trentenaire, que les deux autres avaient été éliminés aussi.

« Prenez acte de cet échec, et il sera un enrichissement. Un enrichissement avec bien moins de conséquences que si vous aviez menez une équipe à la mort en situation réelle. Avoir vécu cette expérience peut même jouer en votre faveur pour les résultats de l'examen, sachez-le. La force est essentielle pour accéder au rang de Chûnin, mais elle ne fait pas tout. »

Cela faisait bien longtemps que Natsuki n'avait plus échangé quelques mots avec un Kumojin sans envie plus qu'habituelle de le battre à mort. Sans doute parce que le dernier avait été Zennosuke et sa clique, et l'incident avec ce même individu et son Raikage de l'époque avait aboutit sur un racisme mal-fondé envers tout le Village des Nuages.

Hachi ne semblait pas particulièrement malheureux pour son examen, ou tout du moins, il le cachait très bien. Son analyse de la situation restait en tout cas plutôt bonne, mais c'était au niveau des décisions qu'il avait péché – ou plus exactement, c'était sur les raisons de prendre ces décisions qu'il s'était tiré une balle dans le pied. Natsuki n'était pas sûr qu'une telle façon de penser permettait de vivre vieux, mais le trentenaire tendait à prouver le contraire avec son âge seul. Certains disaient qu'il était après tout possible de survivre à sa propre folie, vu le monde dans lequel l'on vivait. Natsuki pour sa part pensait que l'on ne pouvait pas qualifier quelqu'un de fou, seulement qu'il avait une façon bien singulière de voir la réalité, en décalage complet avec les codes communs. Cela résultait sur le meilleur comme sur le pire. Seitô en était un parfait exemple, Onpu aussi.

Hachi s'installa sur le bord de la muraille, puis se déganta pour révéler volontairement à Natsuki le contenu de ses mains. Le Nara tatoué voyait tant de bizarreries depuis son plus jeune âge qu'il se contenta d'avoir une pensée triste pour le Kumojin, lequel devait vivre un moment plutôt désagréable au moins une fois par jour, davantage durant les périodes de diarrhée. Pouvait-on vivre avec le rappel systématique de ce que l'on avait mangé la veille ? Sans doute, Natsuki survivait bien avec une tendance au massacre aveugle.

Il s'appuya simplement sur le rebord de ses mains, dans une posture un peu plus digne que celle du sac adoptée un peu plus tôt. Hachi lui parla de changements physiques, résultant sur son univers qui s'écroulait, et Natsuki supposa que le Kumojin était trop vieux pour lui parler de sa puberté. Une étape qui ne préparait de toute façon pas à la vie. Les deux shinobis passaient tous les deux par des métamorphoses atypiques, n'avaient pas la moindre idée de ce qu'il se passait réellement avec eux, mais n'avaient que cela pour témoigner de leur histoire passée, quand ce n'était pas leur seule plume pour écrire l'avenir. Un chemin que l'on croyait parfois déjà tout tracé...

Au final, derrière les phrases de Hachi, Natsuki sentait les incertitudes maquillées de ce dernier. Plus encore, il les comprenait, pour vivre à peu de détails près la même chose. Il avait seulement davantage cheminé sur le sujet.

« En effet, les gens s'arrêtent souvent sur les apparences. C'est pourquoi c'est l'armure la plus simple à utiliser, et souvent la plus efficace. Mais là-dessus, je ne pense pas que je vous apprends quoi que ce soit : j'imagine que votre maquillage plutôt singulier n'est pas uniquement là pour l'esthétisme. »

Il n'entra pas dans les détails, ni ne manifesta d'envie d'en savoir plus : cela ne le regardait pas.

« L'on trouve en tout cas toujours quelqu'un pour nous écraser. Le monde est vaste, et n'a pas fini de nous révéler tout ce qu'il a à montrer. C'est ce que l'épreuve Chûnin cherche à transmettre aux participants, j'ai moi-même eu à le comprendre lors de ma propre participation jadis. C'est là qu'est l'intérêt du travail d'équipe. Peu importe à quel point l'on est fort, nous avons tous un point de rupture : collaborer avec autrui dans un objectif commun permet de repousser ses limites, et de réaliser que nous avons toujours à apprendre de notre prochain. »

Ses étudiants par exemple avaient été des sources d'une richesse incroyable, bien plus que ce qu'il avait pensé en décidant de devenir formateur.

« Si j'ai raison sur certains points, je ne peux malheureusement pas en dire autant pour vous. Je ne suis effectivement pas un simple genin, plutôt le garde du corps de la co-organisatrice de l'examen Chûnin – même si vu le travail qu'elle avait fourni, elle méritait largement le titre '' d'Organisatrice '' tout court - cela c'est vrai, mais la seule atrocité que j'ai vu est comment le Hokage exploite son assistante. Et je ne pense pas qu'il soit possible de changer les choses. Pas le monde en tout cas. D'autres ont essayé avant nous, en bien ou en mal, et se sont tous lamentablement cassés les dents. L'humanité est ce qu'elle est, ni plus ni moins, elle ne changera jamais. Et ce n'est pas tant parce que l'Homme s'acharne à faire toujours les mêmes erreurs, mais plutôt parce qu'il n'a pas le choix de faire autrement. Personne ne peut aller à l'encontre de sa nature véritable : seulement faire semblant qu'il y parvient aux yeux des autres. »

Il en était une preuve vivante...

« Cela dit, pour tenir un discours comme le vôtre, c'est que vous avez une idée en tête. En quoi voulez-vous aider votre Village, et qu'avez-vous envie donc de changer dans cette triste réalité ? »

C'était toujours intéressant de savoir comment pensait un shinobi étranger : cela rappelait que l'on n'était pas si différent de lui, au final.

« Habituellement, je me contente de donner mon prénom, il est amplement suffisant pour la commodité de la discussion. Mais comme vous vous êtes déjà donné la peine de me faire répondre, et que je n'ai pas envie de vous donner celle de supprimer une partie de votre texte, je m'appelle Natsuki, du clan Nara. Et je ne m'inquiète pas pour l'Aburame, je ne fais que constater. Nous sommes tous logés à la même enseigne sur ce point là : notre Village attend que nous le servions sans discuter, rien d'autre. Nous sommes libres de faire ce que nous voulons de notre vie, mais en tant que soldat, il n'est pas question de laisser des sentiments personnels entraver notre travail. J'ai vu trop de fois des frères d'armes comme des adversaires faire les mauvais choix en laissant des émotions passagères prendre le pas sur la logique dont ils auraient dû faire preuve. »

Il connaissait son sujet : maintenant que son état de santé dégradé lui avait fait perdre la capacité dont il était si fier de garder son sang-froid en toutes circonstances, ses combats étaient des désastres complets quelle qu'en soit les issus.

« Quant à penser que ma vie est moindre devant ceux que je dois protéger, je ne serai pas aussi réducteur que vous. Quelle que soit la mission qui nous est confiée, même si notre survie est une intention louable de notre part, elle n'est qu'accessoire du moment que nous assurons la réussite de notre objectif. Que ce soit pour prendre une vie, ou en protéger une. »

Il était vrai que survivre était à long terme plus appréciable pour la force militaire du Village, mais il fallait parfois faire des sacrifices. Heureusement, les moines hérétiques du Temple de Maskine étaient là pour cela.

« Je vous remercie, mais je ne bois pas. En aucune occasion. Je vais donc me contenter de vous croire sur parole en ce qui concerne la qualité de l'alcool Kumo. »

L'alcool était un substance qui ne l'avait jamais intéressé. Il ne lui trouvait aucune saveur, elle enivrait les sens, et surtout, elle avait conduit son premier mentor à ressembler à l'échec qu'il était aujourd'hui, un pilier de bar incapable qui préférait noyer son passé dans la liqueur plutôt que d'assurer son avenir. Une fuite que Natsuki pouvait toutefois comprendre. Il s'était lui-même abandonné une fois avec son médecin à une nuit de beuverie sur les conseils de ce dernier, et pour la première fois en cinq ans, il avait dormi sans être hanté par ses cauchemars, sans vivre sous la contrainte de ses pulsions. Il avait ravagé un appartement sans en garder le moindre souvenir, mais durant l'espace de quelques heures, il s'était sentit à nouveau mener une existence '' normale ''. Une illusion de solution qui ne le mènera qu'à un mur, tout comme elle l'avait fait avec celui qui ne lui avait au final rien apprit. Un égarement tentant, tant l'échappatoire qu'il lui avait offert était bienvenu, mais qu'il se refusait, préférant affronter son problème de face pour le solder définitivement.

« Je rejoins votre point de vue sur la plupart de ce que vous avez énoncé. L'être humain ne peut pas vivre seul, notre mode de reproduction et notre faiblesse à la naissance sont les cas les plus évocateurs de ce fait. C'est pour survivre que nous nous sommes rassemblés, et pour perpétuer notre héritage que nous avons continuer de prospérer en groupe jusqu'à former ce que nous appelons aujourd'hui les Pays. Les frontières sont ce qui nous différencies de nos voisins, mais elles assurent aussi la sauvegarde de notre culture et de nos traditions. Là où je suis moins d'accord avec vous, c'est sur le terme d'ennemis naturels. Alliés et ennemis ne sont pas concepts ayant de la valeur dans notre métier. Ils sont trop dépendant de la politique des Villages et des Pays, et les politiques changent tout le temps. L'ami d'aujourd'hui devient l'adversaire de demain, et inversement. La seule chose en laquelle nous pouvons croire, c'est notre mission. C'est pourquoi malgré tout le mépris que j'ai pour votre ancien Raikage, et que vous ne portez pas le même bandeau que moi, je ne vous voue pas spontanément d'animosité. Je n'aurai aucune pitié pour vous si un jour je suis amené à vous affronter dans le cadre du travail, mais je ne garderai aucune rancœur à l'occasion de nos futures rencontres qui suivront. »

Cela arrivait rarement cela dit, car en général, quand deux parties s'affrontaient, le combat ne se terminait qu'une fois qu'il n'y en avait plus qu'un seul debout. Mais cela arrivait quand même.

« Pourquoi je progresse ? Simplement parce que je ne connais rien d'autre. Je suis né peu de temps avant la Grande Guerre, j'ai grandit au sein d'un clan de shinobi réputés, et j'ai été élevé pour devenir un ninja depuis que je suis capable de tenir sur mes deux pieds. Ma naissance a eu lieu dans un monde hostile, et l'on m'a enseigné ce qui était nécessaire pour que j'y survive. Maintenant que la situation des Nara a évolué, j'ai simplement troqué mon statut de guerrier contre celui de soldat, mais cela ne change pas grand chose : je sers simplement une cause plus grande. Après, même si j'ai le métier de shinobi dans le sang, j'imagine que je suis maintenant assez grand pour faire autre chose de ma vie si j'en ai l'envie. Je suis encore suffisamment jeune pour m'ouvrir à d'autres voies, mais je ne suis simplement pas tenté. Je n'ai pas connu grand chose d'autre dans la vie, c'est vrai, cependant elle me convient très bien telle qu'elle est. Je ne suis pas quelqu'un de fondamentalement mauvais, et j'ai l'impression de servir un Village dont les agissements ne le sont pas non plus. Sans dire que je prends plaisir dans mon métier, cela me suffit. »

Tout était dit sur le sujet, ou presque.

« J'admets que parfois, trop souvent même, nous sommes amenés à commettre ce dont il n'y a pas lieu d'être fier, mais s'il m'arrive de regretter la nécessité de mon devoir, je n'ai jamais regretté celle de mes actes. »

Il observa Hachi du coin de l’œil pendant quelques instants, suite à quoi une idée lui vint à l'esprit : la pénurie de Hyo à Konoha devait y jouer pour beaucoup aussi.

« Tant qu'il en sera ainsi, je n'aurai pas de raison de chercher à faire autre chose de ma vie. Vraiment autre chose, j'entends. Je ne suis pas que shinobi du matin au soir, j'ai une autre activité à côté : je gère un restaurant que j'ai ouvert il y a quelques mois. Car je trouve que vivre uniquement pour son métier n'est pas sain pour le corps et l'esprit. Tout Homme a besoin d'un hobby ou d'une activité différente pour s'aérer les pensées. Dans mon cas, c'est gérant. L'établissement est encore tout jeune, et nécessite un peu de décoration, ce qui m'amène à la question suivante. Votre maquillage est plutôt élaboré – même si l'on le voit beaucoup moins sur votre nouvel avatar. De fait, votre maîtrise du pinceau se limite-t-elle à votre visage, ou bien êtes-vous aussi doué avec de la peinture sur d'autres supports ? Je vous pose la question car je suis l'heureux propriétaire d'une maquette miniature du restaurant en question, mais elle n'a aucune couleur, et je cherche quelqu'un pour la peindre en respectant le minutieux soucis du détails que j'exige. Seriez-vous capable et intéressé ? » demanda-t-il en tâtant le terrain. « Le travail est rémunéré à la hauteur de l'effort, bien entendu, et croyez-moi que de l'effort, il y en aura à fournir. »

Cela ne coûtait rien de demander après tout. Au point où il en était, c'était toujours plus intéressant de faire intervenir un autre joueur dans son projet qu'un bête PNJ. Si dans quelques mois, il désespérait encore de ne rien trouver, alors il changera de tactique.

Mais pas encore.

C’est en parlant avec un homme comme le Nara qu’on se rend compte qu’il est facile de se faire surclasser mentalement par une personne ou un autre dans ce monde d’échec, c’est également dans un moment comme celui-ci qu’on en vient à se demander qui des deux maquillé avait le plus d’expérience, mais Hachi penchait sur celui qui avait imprimé son maquillage de manière indélébile sur sa peau.

Dans le cas présent, pour revenir sur le clan de son compagnon, Hachi ne savait pas si les cerveaux de se clan était aussi puissant que le disait la légende ou si s’était simplement le saké qui commençait à faire le début de son œuvre, mais il avait une soudaine envie de passer un test de Q.I.et comparer ses résultat avec le Nara. Le clown aurait ensuite bien voulu lui demander quelques questions toutes bête, du genre vous êtes conscient de votre état ? Quel est votre couleur préféré ? En espérant que ce ne soit pas le rouge sang et ainsi se construire un profil psychologique, puis il le regarda dans les yeux et souris devant se visage si inexpressif, en bout de ligne Natsuki aurait pu lui mentir sur toute la ligne, qu’il l’aurait bien crue et ce n’était pas son genre d’être battue sur le plan psychologique, ce n’était pas son truc les longues conversations au clair de lune, mais ça faisait changement parfois.

Décidément, le tatoué représentait un casse-tête à lui seul, il était et donc pleinement conscient et semblait même avoir trouvé la solution pour son éducation monstrueuse qui l’avais conduit jusqu’ici, certes il était aujourd’hui ce qu’il était grâce à ses choix passé, mais si on lui avait donné la possibilité de choisir, aurait-il décidé de devenir un monstre ou se serait-il rabattue directement sur les petits plaisir de la vie ? J’imagine qu’on ne connaît pas la saveur du miel sans avoir d’abord gouté au vinaigre.

- Ouhouhou, c’est que vous parlez beaucoup plus que votre style ne le laisse présumer, quel qu’il en soit… J’apprécie votre franchise, Ouhouhou j’ai l’impression de lire en vous comme dans un livre ouvert, mais bien entendu, c’est un livre dont seuls les pages que vous avez décidé de m’offrir se matérialisent et c’est un talent qui se fait rare de nos jours. Ouhouhou, quant à votre idée, j’adorerais jeter un coup d’œil à l’accomplissement de votre thérapie, si je puis appeler votre restaurent ainsi, puisque je vous imagine déjà sevrer votre passé au travers des plats copieux que vous servirez dans cette incroyable idée. Ouhouhou, Il me ferait évidement plaisir de vous offrir mon coup de pinceau, Ouhouhou et pour la récompense, oubliez là, je ne vois pas ce que vous pourriez m’offrir qui attirerait mon attention de toute façon, sans vouloir vous vexer... Ouhouhou, je ne suis pas attacher aux choses matériel et j’imagine que la manipulation de l’ombre, cette technique qui me fait rêver depuis toujours vaut bien plus qu’un bon coup de pinceau.

Tout en rangeant sa flasque d’alcool, le maquillé se releva et retira brièvement la poussière sur ses vêtements.

- Ouhouhou, vous avez cette maquette avec vous que j’y jette un coup d’œil ?

Dit-il simplement en expulsant un peu d’argile de ses mains jusqu’à modéliser une esquisse de cube ressemblant tranquillement, de plus en plus et un jour surement a un bar.

- Ouhouhou, ou préférez-vous me la décrire ?

Ce petit jeu était facile, ce n’était que de la manipulation de chakra transmise dans une matière première à laquelle il avait retiré son potentiel explosif et il n’en deviendrait que meilleur pour la façonner.

Natsuki pivota sur lui-même afin de s'accouder à la muraille, et afficha un sourire amusé.

« Je crois qu'il y a mauvaise interprétation de mes propos. Ce restaurant n'est ni une thérapie, ni un sevrage de mon passé. Il s'agit juste d'une activité différente, une distraction me permettant de changer d'air. Là où les autres pratiquent le dessin ou la chasse durant leur temps libre, moi je rénove un établissement pour le relancer dans le commerce. Je suis né et j'ai grandit dans le sang, donc honnêtement, je ne peux pas dire que mes expériences de l'enfance et mon métier m'ont traumatisé : j'y suis habitué depuis tout petit. C'est juste que comme je l'ai dit un peu plus tôt, je ne trouve pas sain de n'avoir que son métier dans la vie, et encore moins de considérer ce dernier comme un hobby. Nous sommes des soldats, certes, mais avant cela, nous sommes surtout des humains. »

Hachi semblait plutôt partant pour la maquette lorsqu'il le questionna sur ses talents de peintre, ce qui laissait supposer qu'il touchait sa bille avec un pinceau. Les modalités de payements n'apparaissaient pas davantage être un problème : le Kumojin était visiblement prêt à aider gratuitement, puisque le Nara tatoué n'avait à première vu rien à lui offrir susceptible de l'intéresser. Un détail qui embêta plutôt Natsuki, car il était de notoriété publique qu'un individu qui savait sa paye dépendre de la qualité de sa prestation travaillait en général mieux.

« Habituellement, je paye ceux dont je loue le talent, le savoir ou les bras avec de l'argent. Je me doute bien que cela intéresse parfois moins le shinobi avide de connaissances que l'artisan compétant qui cherche à gagner sa vie, mais c'est tout ce dont je suis en capacité d'offrir. Car effectivement, même la dette d'une dizaine de mes vies ne vaudrait pas le secret des arcanes de mon clan. Je crains qu'elle ne reste pour vous qu'un rêve jusqu'au terme de votre existence... Cela dit, à quoi bon un rêve s'il est facile à atteindre, n'est-ce pas ? »

Natsuki haussa les épaules.

« Plaisanterie à part, même si les basses composantes de ce monde ne vous intéressent pas, gardez à l'esprit qu'il faut avoir les moyens de ses ambitions. Je vous prends au mot si vous désirez réellement me prêter votre talent de peintre pour le simple plaisir de le faire, mais je ne vous en tiendrais pas rigueur si vous décidez de changer d'avis en cours de route. La maquette est dans l'appartement dans lequel je loge à Suna. Venez avec moi, je vais vous la montrer. »

Natsuki parcouru un morceau du chemin de ronde en compagnie de Hachi, et descendit par l'un des accès prévu à cet effet. Il aurait pu tout simplement se laisser glisser le long de la muraille en y adhérant avec un peu de chakra, mais il préférait les moyens de circulation classiques, de la même façon qu'il se déplaçait en ville au sol plutôt que par les toits. Les deux derniers ninjas à avoir tenté de mettre un pied sur sa toiture s'étaient respectivement fait percuter à la volée par un parpaing lancé avec une précision meurtrière et intercepter au vol par un plaquage aérien. Depuis, le message était passé à Konoha...

Ils traversèrent donc ensemble une partie de la ville, échangeant quelques anecdotes de vie sur lesquelles ils étaient à peu près sûr de ne pas avoir causé de tort à l'autre en accomplissant leurs missions. Suna était plus animé la nuit, contrairement aux autres nations dont les températures étaient davantage supportables le jour, en témoignaient les rues bondées. La vie reprenait ses droits au couché du soleil, à l'image des nombreux marchés qui fleurissaient un peu partout. Natsuki se fraya un chemin par les ruelles comme le lui avait montré Oniri, et s'arrêta lorsqu'il arriva devant chez lui. Il indiqua l'appartement à Hachi, et le guida jusqu'à l'entrée.

« Vous pouvez poser vos chaussures ici, et vous installer à la table de la cuisine. Je vous sers quelque chose à boire avant de parler affaire ? »

Les commodités d'usages passées, Natsuki amena à son invité le sujet de sa visite. Il déposa sur la table un trieur, et en tira une feuille sur laquelle figurait un sceau. Une brève manipulation de ce dernier, et un album photo en fut extrait avant d'être confié à Hachi.

« Comme vous pouvez le voir, il s'agit de photographies de mon établissement, avant que je le rénove. Déjà de l'extérieur, il a de l'allure, n'est-ce pas ? Il y a d'autres photos qui montrent l'intérieur, la tenue du personnel de l'établissement, la disposition des lieux etc... tout ce qui pourra vous servir de référence pour les couleurs de la maquette. Maquette que voici. »

Natsuki attrapa un autre sceau, qu'il posa à terre cette fois-ci. En fut alors extrait la fameuse miniature du restaurant. Cette dernière, toute en bois et avec une finition du détail minutieuse, atteignait les deux mètres de haut, et n'avait pas de façade avant, de sorte à permettre de voir l'intérieur de la pagode avec ses différents étages. Du second sous-sol au deuxième étage, l'on retrouvait donc dans l'ordre la salle des fêtes, la cave à vin, le restaurant principal, le restaurant secondaire et le restaurant tertiaire. Une description plus en détails était disponible ici

« Voici ce à quoi ressemblait le restaurant du temps où il était actif, avant que je le rénove. C'est une pièce plutôt importante de l'établissement, car je tiens à rendre hommage au précédent propriétaire, qui lui a bâti la structure. Je cherche donc un rendu en peinture au plus proche de la réalité, et respectant les détails que le sculpteur est parvenu à reproduire sur son œuvre. Mais bien évidemment, je ne vais pas vous demander de travailler tout de suite sur la pagode : j'aimerai d'abord un petit aperçu de ce dont vous êtes capable. »

Ce fut sur ces paroles qu'il activa un troisième et dernier sceau de stockage, lequel contenait un grand coffre. A l'intérieur, de nombreuses figurines de bois elles aussi richement détaillées y étaient rangées dans des supports pour qu'elles ne s'abiment pas. Natsuki en attrapa une, celle d'un serveur en train de verser du vin dans un verre.

« Comme j'imagine que vous n'avez pas le matériel immédiatement sur vous, je vous laisse emporter celle-ci, avec la photographie de référence jusqu'à demain. Pour vous donner un ordre d'idée, je veux que l'on puisse lire l'étiquette de la bouteille de vin qu'il tient, selon cette référence. Ceci devrait vous dédommager au moins pour les fournitures d’essais. » dit-il en lui signant un chèque. « Et si vous souhaitez aller jusqu'au bout de l'histoire, vous pourrez travailler ici, chez moi. Voici ce que je suis prêt à débourser pour un résultat satisfaisant. » annonça-t-il en lui griffonnant un autre montant sur la nappe.

Certains penseraient qu'il y avait un problème avec le nombre de zéro inscrit derrière le 1. Natsuki lui trouvait ce salaire juste, compte tenu de son exigence.

« Alors, partant pour un essaie ? »

Celui qui s'y connait le plus est victoire
Est celui qui a connu la défaite.

Le prix du marché montra une fois de plus à Natsuki que tout ne s'achetait pas avec de l'argent. Ce qui était une bonne affaire pour lui, dans la mesure où il avait déjà répondu plus tôt à cette question, et qu'il aura besoin de fond à l'avenir pour le reste de son projet.

« Marché conclu. » répondit-il simplement en se tournant vers l'espace vide qu'Hachi allait occuper.

Le Kumojin commença à faire mâchonner son argile, et en produisit une quantité de plus en plus importante, jusqu'à ce que celle-ci forme une réplique similaire en taille, en volume et en contenu à la pagode de bois située juste à côté. Il avait formé si vite la maquette que s'en était presque insultant pour les efforts qu'avait engagé Raito pour créer la première. Elle ne remplissait pas toutes les attentes du cahier des charges de Natsuki, remarqua ce dernier en observant de plus près l’œuvre de Hachi, mais il ne pouvait certainement pas dire qu'elle n'était pas réussit.

« Bien que cet uniforme ne soit pas la tenue officielle de mes employés... » commença Natsuki en désignant le ninja en noir qui s'était glissé tel un assassin parmi la population miniature de la pagode. « … je dois admettre que l'ensemble est plutôt réussi. Il ira à merveille dans mon futur bureau. Passez donc demain pour y ajouter la couleur, si vous êtes libre et que vous le voulez bien. »

En quelques secondes, Natsuki eu rangé la pagode originelle, et le coffre à figurines. Il ne garda que l'album pour le lendemain. Puis, sans quitter des yeux la création d'argile d'Hachi, dont la taille laissait supposer qu'il y avait de quoi détruire la moitié du quartier si elle détonait, accéda à la demande du créateur.

« Concernant votre examen, je vous ai déjà donné mon avis sur la question. D'après le rapport qui a été fait sur votre groupe, vous êtes celui qui s'est imposé comme le meneur de l'équipe, et ce, sans qu'il y ai eu de discussion ou de contestation de la part de vos équipiers. Elles vous ont plus ou moins confié la responsabilité des décisions finales, mais malgré ce rôle vous êtes tout de même resté à votre place. Vous avez continué de prendre en considération leur expérience et leurs idées, tout en allant au devant de la situation lorsque c'était nécessaire. Le but de l'examen Chûnin est avant tout de déterminer si un individu est apte ou non à diriger et une équipe, et la conduire vivante jusqu'à l'objectif. En cela, vous avez réussi. Vous avez aussi conduit votre équipe à la défaite, laquelle n'a émit aucune protestation vis-à-vis de vos intentions. Et bien que vous ayez essayé de prendre pour des imbéciles les créateurs de l'épreuve, cette défaite sert en elle-même vos intérêts : vous avez goûté à un échec collectif résultant de votre décision seule. Vivre une expérience désagréable est ce qui motive le plus à ce qu'elle ne se reproduise plus, et je ne doute pas un seul instant, après avoir discuté avec vous, que quelqu'un ayant vos ressources ne sache pas prendre pleinement acte de ce qu'il s'est passé au cours des deux premières épreuves. La troisième vous est peut-être refusé, mais selon moi, vous avez de bonnes chances d'être gradé tout de même. »

Natsuki n'avait pas de pouvoir de décision là-dessus, et bien qu'il était d'une certaine manière relativement proche de Mizuki, il ne se permettrait pas de glisser son avis sur le sujet. Cela ne l'empêchait toutefois pas de donner des pronostiques : cela ne l'engageait à rien, si ce n'était à gagner une pagode en argile pour son bureau, lorsque celui-ci sera construit. Une affaire si avantageuse que s'en était à se demander si Hachi n'avait pas une autre idée derrière la tête. Ou ailleurs. Difficile de cerner ce que ce brave homme pensait réellement, tant son mode de réflexion semblait singulier. Un atout qui lui permettra effectivement de prolonger davantage sa vie que de la raccourcir dans son métier.

Ce qui n'était plus à prolonger par contre était cette entrevue. Hachi était sur le point de partir, aussi Natsuki ne le retint pas plus que nécessaire. Il se contenta simplement de lui ouvrir à la porte de sortie après l'avoir raccompagné, et de le saluer. Ils se reverront déjà demain bien assez tôt, et Hachi contrairement à son hôte passait forcément un moment de sa nuit – ou de sa journée – à dormir.

Natsuki songea en refermant la porte que ce serait bien qu'il y arrive convenablement à nouveau, au moins une fois.

Natsuki se senti obligé de couper le Kumojin dans son élan dès qu'il eu passé la porte pour le saluer.

« Inutile de m'appelez Maître, Hachi. La seule forme de respect que j'attends de mes interlocuteurs, vous l'utilisez déjà à la perfection. Restons-en là vraiment. » insista-t-il avec le même sourire dont l'avait gratifié le concerné en entrant.

Le vouvoiement était pour lui autant une forme de respect entre les individus avec qui il interagissait qu'une barrière nécessaire qui empêchait autrui de trop s'approcher de lui. Là où s'arrêtait le '' vous '' commençait la familiarité, et il n'était pas dans un état où il pouvait se le permettre. De moins de personnes il était proche, et moins il avait à faire semblant. Être passé maître dans l'art de jouer la comédie au quotidien ne rendait pas l'exercice plus plaisant ou moins épuisant.

« Oui, fin prêt. J'apprécie vraiment que vous ayez accepté de travailler pour moi, Hachi, même si pour le coup, l'on peut plutôt parler de service. Mettez-vous à votre aise, je vais vous apporter ce dont vous pourriez avoir besoin. A moins que vous ne désiriez boire quelque chose avant de vous mettre à l'ouvrage ? »

Natsuki l'accompagna jusqu'à là cuisine, qu'il avait réaménagé afin d'offrir un espace libre de travail à Hachi. Les murs, le sol et le plafond étaient tout autour de la pagode d'argile couverts d'une épaisse couche de pierre, à défaut de papier journal, pour éviter les éclats de peinture malheureux. Ici n'était pas chez lui, aussi il préférait rendre les locaux dans l'état où il les avait reçu : il maîtrisait suffisamment bien l'élément terreux pour nettoyer l'appartement sans laisser de trace en peu de temps.

« Elle est toute à vous. » désigna-t-il.

Quant à lui, il s'installa à la table située non loin, sur laquelle étaient juchées trois piles de livres qu'il avait emprunté à une connaissance vivant à Suna.

« Est-ce que cela vous dérange si je reste à proximité ? J'avoue apprécier regarder les artistes à l’œuvre, et c'est hélas un spectacle dont je peux rarement m'offrir le luxe. »

Un premier déjà bien entamé à la main, il resta un moment silencieux en le lisant, préférant laisser à Hachi l'occasion de réunir sa concentration, des fois qu'il en avait besoin. Puis à mesure que les pages défilaient, et qu'il levait de temps à autre les yeux pour observer la manière et la gestuelle qu'employait le Kumojin pour peindre, une question lui vint.

« J'ai cru comprendre que vous étiez plus âgé que moi Hachi, et pourtant vous participez à un examen chûnin. En général, ceux qui s'y présentent la trentaine passée sont soit des individus qui ne sont pas vraiment fait pour la vocation de shinobi, mais qui s'accrochent désespérément, soit au contraire des personnes qui se sont découvert la profession tardivement. Étant donné que vous m'avez l'air réfléchi, et que vous avez plutôt bien géré les épreuves de l'examen, je ne pense pas me tromper en affirmant que vous n'avez pas grandit dans un milieu très shinobi. M'autoriseriez-vous l'indiscrétion de vous demander ce que vous faisiez avant d'entrer dans l'armée de Kumo ? »

C'était une question comme une autre, histoire d'enrichir un peu cette rencontre, de la même manière qu'un client discute avec son coiffeur : Hachi était libre de l'inviter à se mêler de ses affaires s'il estimait que sa vie ne regardait pas le Nara tatoué.

Ce qui était tout à fait vrai.

Hachi peignait avec une grande dextérité, et la coloration de sa pagode d'argile ainsi que des figurines avançait bien plus vite que le Nara tatoué ne l'aurait pensé. Une pause s'imposa tout de même pour l'artiste passé un temps, qui en profita pour répondre à Natsuki, et lui faire part de son histoire.

« Vous avez un sens moral curieux, si je puis me le permettre Hachi. La morale elle-même est toute relative, j'en conviens, mais cela ne m'empêche pas de trouver la votre amusante. Qu'est-ce que vous entendez exactement par des contrats de mercenariats qui vous semblaient justifiés ? La nature même d'une cause n'est-elle pas juste précisément parce que nous décidons de nous battre ou non pour elle ? »

Les guerres résultaient en raison de ce simple fait : chacun se croit dans le juste, et que l'autre empiète sur ses droits.

« De la même manière, pourquoi décider arbitrairement de ne jamais vous en prendre à des femmes et des enfants ? Présenté ainsi, cela laisserait croire que vous trouvez qu'ils méritent davantage de vivre que les hommes, même si ces derniers sont innocents – avec toute la relativité que l'on peut accorder au terme '' innocent '', bien entendu. A moins que vous considérez que le fait de ne pas avoir de verge ou d'expérience dans la vie empêche d'être une menace ? Je ne vous pense pas assez naïf pour croire cela. Vous avez vu plus du monde que moi, et avez donc forcément déjà croisé des gamins même pas entrés dans l'adolescence et déjà capable d'infliger une rouste mémorable à des hommes dans la force de l'âge. »

Le pouvoir attendait rarement l'âge pour se manifester.

« Après, je ne me moque pas : c'est une bonne chose que d'avoir un sens moral en tant qu'être humain. C'est même une qualité plutôt rare de nos jours. Mais avez-vous bien conscience que en tant que shinobi, votre métier vous imposera de souvent passer bien au-delà de votre moralité ? Le monde n'est pas blanc et noir, il n'y a ni gentil ni méchant, seulement ceux qui se battent pour survivre, et ceux qui meurent. »

Une troisième catégorie peut-être aussi, ceux qui refusaient de mourir, ou qui ne le pouvaient pas.

« Concernant votre passé cela dit, je ne dirai pas que ce sont des années perdues. Comme vous l'avez souligné très justement, vous aviez déjà un vécu avant de passer l'examen. Vous n'avez pas grandit la tête dans le guidon, et abordez de fait le monde shinobi avec un regard différent. Un regard qui peut être dangereux, si vous n'êtes pas prudent. »

Sortir des rangs pouvait être une bonne chose, mais il était essentiel de garder à l'esprit que c'est le clou qui dépasse qui se fait taper dessus. Un Village shinobi exige de ses soldats qu'ils accomplissent le travail demander sans remettre en question les principes sur lesquels ils sont fondés.

« Mais assurément, un regard intéressant, qui fait la richesse des échanges avec autrui. L'épanouissement de soi vient de la confrontation des idées, et non en se confortant uniquement dans les siennes. »

Natsuki aimant tant cela à l'époque, pouvoir discuter et échanger sur la vision que chacun avait du monde, apprendre et trier, argumenter et évoluer sans imposer. Aujourd'hui c'était bien plus compliqué...

« Vous avez mentionné Bakusho Yoh tout à l'heure. C'est un nom qui ne m'est pas inconnu. Un nom qui n'est pas inconnu de beaucoup de monde, d'ailleurs. Et vous me dites qu'il est votre frère ? Hum... »

Natsuki resta pensif un instant, puis attrapa une feuille vierge et un stylo avant de commencer à griffonner dessus.

« La dernière fois que je l'ai rencontré, c'était il y a un an, au Pays des Rizières. Vous avez forcément dû entendre parler de ses exploits là-bas, puisqu'il a prit d'assaut le temple de Maskine dans le seul but de dénoncer le trafic d'humains qu'entretenait le Patriarche avec les grands Villages shinobi. Je sais pas trop ce qu'il lui est arrivé ensuite, car cela a été un vrai capharnaüm après sa révélation. Beaucoup de remue-ménage pour pas grand chose, si vous voulez mon avis. Le Patriarche vendait des moines aux différents Villages pour des missions suicides, la belle affaire. L'on ne va quand même pas lui reprocher de faire quelque chose d'utile avec des disciples que Lui ou son Dieu ont jugé d'hérétiques. Ce que font les Villages n'est pas plus reluisant, nous serions bien hypocrite de lui jeter la pierre. »

Natsuki cessa ses coups de crayon sur sa feuille, et la tourna pour la présenter à Hachi. Dessus figurait un portrait.

« C'est fait un peu à la va-vite, donc cela manque de détails, mais grossièrement, c'est à cela que ressemble Yoh. J'ignore où il se trouve aujourd'hui, mais cela vous aidera peut-être à le reconnaître le jour où le destin décidera de vous réunir. »

Il déposa son brouillon de portrait sur la table, en libre service pour si et quand Hachi voudra le récupérer. Cela ne valait pas une bonne vieille photo de famille, mais c'était mieux que rien.