Les grands travaux allaient commencer bientôt. Maintenant que Natsuki avait racheté l'ancien restaurant '' l'Arrêt au Porc '', il n'avait eu besoin que d'en faire le tour et d'étudier la disposition des étages pour savoir de quelle manière il allait monter son projet. Pour le moment, tout était d'origine, que ce soit les deux sous-sols, le rez-de-chaussez, ou les deux étages. Mais plus pour longtemps. Cependant, avant de tout retransformer à sa convenance et de faire de chaque niveau un établissement à part, il sentait qu'il devait rendre un dernier hommage l'ancien propriétaire. Tout d'abord, il allait créer une légende autour de sa disparition, afin que son nom puisse rester dans un coin des mémoires des futurs clients – et ainsi faire profiter de sa notoriété à l'établissement pendant quelques temps. Ensuite, le Nara tatoué voulait immortaliser ce que l'Arrêt au Porc fut jadis, , et dont il ne restera plus grand chose d'initial une fois qu'il aura tout achevé. Et pour parvenir à faire cela, il savait exactement ce dont il allait avoir besoin : de l'assistance d'un Hayashi. - En réalité, il pouvait très bien faire passer cela par un PNJ civil, mais c'était bien plus plaisant de faire participer des vrais joueurs à son projet.

Épluchant les dossiers des membres du clan, il était d'abord tombé sur Kihran. Le jeune homme aurait pu faire l'affaire, mais il manquait encore un peu d'expérience : la tâche que Natsuki avait à confier nécessitait une maîtrise très affinée des dons claniques dont héritaient les Hayashi. Qui plus est, il appartenait à l'équipe shinobi de Miko, et Natsuki préférait éviter d'avoir quoi que ce soit à lui demander quand il le pouvait. Il poursuivit alors sa lecture, jusqu'à arriver sur une photographie qui ne lui était pas inconnue : il s'agissait de Raito. Ce dernier s'était fait assez discret depuis plusieurs années, mais peu importe ce qui avait justifié son absence – mission de long cours, congés sans soldes, vie IRL débordée, enlèvement par des entités extra-terrestres etc... - il était aujourd'hui de retour en ville, frais et disponible. Cela tombait plutôt bien. Heureuse coïncidence ou signe du destin ?

Natsuki sorti de son nouvel établissement, une lettre roulée à la main, et siffla une séquence de trois sons avec ses doigts. Moins de deux minutes plus tard, un aigle arriva depuis les airs et se posa sur son avant-bras, non sans faire un tour complet autour en lui labourant la peau avec ses serres au passage.

« J'ai un travail pour toi Montesquieu. J'aimerais que tu ailles au quartier des Hayashi pour déposer ceci. Ils sauront quoi en faire. Je reste volontairement vague sur l'heure qu'il est et le moyen d'acheminement final pour maximiser mes chances que le destinataire soit disponible à la réception : s'il n'est libre de suite, c'est qu'il l'a décidé. »

L'aigle cligna des yeux, puis se lissa les plumes d'une aile avec son bec en attendant.

« C'est vrai, tu ne comprends rien à ce que je dis. Quartier Hayashi. » articula-t-il.

Montesquieu prit en bec la lettre qui lui fut presque fourrée dedans, et s'envola jusqu'à sa destination.

Sans entrer dans les détails, le courrier mentionnait tout le plaisir qu'avait Natsuki à apprendre que son ami était de retour sur le forum, et qu'accessoirement, il avait un travail à lui confier pour le remettre dans le bain s'il était intéressé – c'était avant d'apprendre que Raito était parti affronter Maka V2.

Il n'avait cependant pas précisé ce dont il s'agissait comme travail : la curiosité faisait en général un bon appât.

Raito appuyait paresseusement sa tête contre le rebord de la fenêtre de sa chambre. Depuis plusieurs jours, il s'amusait à exécuter le même rituel. Tous les jours, le soleil venait le réveiller. Après une bonne douche et un avoir pris son petit déjeuner, l'Hayashi passait la journée, le menton sur le rebord de sa fenêtre à regarder les passants, à observer la vie du village. Du village qu'il aimait tant. En même temps, d'un geste absent et paresseux, il créait des banzaies dans de mini-écosystèmes dans des grands bocaux de verre. Il venait de finir celui de la journée, en ayant terminer de rajouter la mousse pour garder l'écosystème humide, quand un aigle se posa à côté de lui. Le Jônin ne fit aucun mouvement brusque, il tourna la tête d'un air paresseux vers l'animal ailé. Mais au fond de lui, le blondinet était excité. C'était vraiment une bête majestueuse.

- Tu t'es perdu l'ami ? Tu veux quelque chose ?

Raito se doutait que l'aigle ne comprenait pas ce que le Konohajin lui disait, mais d'un autre côté, l'intelligence qui se dégageait du regard de l'animal laissait l'Hayashi perplexe. L'ANBU était sûr que l'aigle comprenait au moins que Raito avait un comportement amical à son égard. La bête ailée poussa un cri majestueux et pointa sa tête en direction de sa patte. C'est alors que le Jônin remarqua la présence d'une lettre. Le shinobi la retira délicatement, et essaya de faire comprendre à l'aigle qu'il était libre de partir, ou de rentrer dans la chambre de l'Hayashi. Apparamment, le prénommé Montesquieu aimait bien la compagnie du blondinet puisqu'il décida de rentrer dans la chambre désordonnée de Raito. L'Accipidrité poussa d'ailleurs un cri réprobateur en direction du garçon comme pour lui faire comprendre qu'un ninja digne de ce nom, qui aspirait à devenir Hokage, ne pouvait vivre dans un tel bordel. Le Jônin se contenta de hausser les épaules. Il déplia la lettre et commença à la lire à toute vitesse.

Un visage se dessina sur le visage de Raito. Son vieil ami Natsuki avait besoin de lui. Pour quoi ? L'Hayashi ne saurait le dire. Cela le poussait encore plus à vouloir voir le Nara. Le Konohajin avait beaucoup de respect et de considération pour le manipulateur des ombres. Aussi étrange que cela puisse paraître, il considérait Natsuki comme l'un de ses meilleurs amis à Konoha. Ils avaient tous deux partagés des moments forts, et ils avaient même défié la mort. Ils avaient réussi à s'en sortir inextremis. Raito se leva de son lit et se prépara. Une fois qu'il enfila sa veste frappée du symbole des Senju, il leva son bras droit pour inviter l'aigle à s'y poser. Ce dernier accepta l'offre et d'un battement d'ailes, il se retrouva sur le bras du Konohajin. L'Hayashi marchait dans Konoha en éveillant la curiosité, surtout des plus jeunes qui poussaient de grands « Ooooohhhh » devant l'aigle majestueux.

Montesquieu semblait apprécier l'objet de toute l'attention. Il poussait des cris de toute ses forces pour impressionner les enfants. Raito ne put s'empêcher d'avoir un sourire bienveillant devant toutes ces jeunes pousses émerveillées. Le blondinet arriva finalement devant l'enseigne du restaurant « l'Arrêt au Porc ». Le Konohajin se demandait ce que Natsuki lui réservait, mais il commençait néanmoins à avoir une idée un peu plus précise de la tâche qui l'attendait. C'était cependant avec grand plaisir qu'il venait donner un coup de main à son ami. Il frappa trois coups secs sur la porte.

- L'ami, le restaurant n'est pas ouvert, mais y a moyen que tu me prépares un petit plat ?

Le temps que Montesquieu s'acquitte de sa tâche, Natsuki prépara un minimum les retrouvailles, ce qui se résuma au final à pas grand chose. Il n'avait pas encore de bureau ici, et se demandait comment Chikin s'y était prit pour gérer l'établissement sans comptabilité. Soit il avait toute la paperasse ailleurs, soit... ah oui c'est vrai : le restaurant avait fermé, inutile de chercher plus loin... Il utilisa donc la table du milieu, dont il descendit les chaises, et passa un coup de vent dessus pour en retirer la poussière qui s'y était accumulée. Il aurait bien sortit aussi à boire, mais à part le vin de la cave qui s'était conservé dans des conditions idéales en l'absence de tout propriétaire, il n'y avait rien qu'il pouvait ici servir. Là était d'ailleurs le problème, et la raison pour laquelle il voulait commencer au plus tôt les travaux.

Trois coups résonnèrent sur la porte d'entrée, suivit d'une voix familière et pourtant terriblement lointaine : Raito était arrivé. Cela faisait quoi, deux ou trois ans qu'ils ne s'étaient pas vu tous les deux ? L'on pouvait presque dire davantage encore. L'Hayashi blond avait disparu de la circulation peu de temps après les événements du Genei Ryodan, au cours desquels ils avaient ensemble survécu de justesse à une chute libre vertigineuse. Il était réapparut vite fait pour occuper le poste d'Intendant, mais Seitô l'avait rapidement évincé du pouvoir, et depuis, cela avait été le silence radio. Tant de choses avaient changé depuis ces six dernières années, à commencer par la maladie qui rongeait le Nara tatoué, et qui s'était justement déclarée après leur victoire sur Yuureisen.

Bien que gardé secrète, Raito avait pu voir les conséquences physiques de cette dernière sur son ami lors de l'intendance : il était squelettique, le teint blafard, les yeux cernés. Aujourd'hui grâce à Iji, l'un des seuls individus au courant de son état, Natsuki allait mieux, mais il était loin d'être sortit du trou. S'il avait reprit de la masse, il manquait toujours gravement de sommeil - en témoignait ses éternels cernes - , et était encore émotionnellement instable. Un état qu'il cachait derrière de faux semblants, un jeu auquel il était devenu extrêmement doué. Chaque jour était une nouvelle partie, chaque discussion une nouvelle donne.

Aujourd'hui, son adversaire était Raito.

« Hey Raito ! Cela faisait longtemps ! » salua-t-il avec enthousiasme, serrant son ami dans ses bras. « Je suis content que tu ais pu venir si vite. Surtout depuis le temps que l'on ne s'était pas vu. Viens entre, ne reste pas sur le pas de la porte. »

Il s'écarta pour libérer le passage au Hayashi avant de refermer derrière lui.

« Je te présente mon nouveau restaurant. Je viens tout juste de l'acheter. Il était pas mal en vogue à l'époque, mais le patron a dû mettre la clef sous la porte il y a deux ans. Il n'a pas été utilisé depuis. Du coup, tu m'en vois désolé, mais je ne suis pas en mesure de te préparer quoi que ce soit : il n'y a pas de courant, pas de gaz, rien à manger, et juste du vin à boire. Pas terrible pour des retrouvailles tu me diras. Tiens, installe-toi ici, je nous ai au moins fait affréter une table et des chaises. »

Il tira la propre sienne, et prit place.

« Je vois que tu t'entends plutôt bien avec Montesquieu. » dit-il en désignant d'un geste de la tête son aigle messager. « Je l'ai acheté il a quelques mois, mais il passe assez peu de temps à la volière. Comme je ne m'en sers pas beaucoup, sa cage est toujours ouverte, de sorte à ce qu'il puisse vadrouiller, et vivre comme un vrai aigle. Chasser des animaux surtout en fait. Son territoire étant Konoha, et vu qu'il est castré, il n'est pas trop en compétition avec les autres de son espèce. Les aigles sauvages ne le comprennent pas trop cela hélas, et s'en prennent à lui parfois. Dommage pour eux. »

Montesquieu n'en avait pas l'air, mais comme tous les animaux d'élevage militaire, il avait un net avantage sur la faune naturelle : les animaux qui s'attaquaient à lui revenaient à reproduire le schéma d'un civil ouvrant les hostilités envers un shinobi aguerri.

« Si tu me racontais où tu étais passé toutes ces années Raito ? Il n'avait aucune précision dans ta fiche de départ, du coup l'on était un peu libre de supposer tout et n'importe quoi : parti découvrir le monde, resté à Konoha en mode PNJ qui travaille, reconversion professionnelle etc... En tout cas, contrairement à beaucoup d'autres joueurs qui ont déserté, je ne t'ai jamais considéré comme mort dans la narration. »

Concluant son post, Natsuki fit dresser une lance d'ombre en partance du sol à côté de lui, et la courba pour que Montesquieu puisse s'en servir de perchoir, plutôt que l'épaule de Raito. Le rapace avait tendance à s'endormir lorsqu'il ne faisait rien, et ce n'était qu'avec ses serres acérés qu'il s'empêchait de tomber. Les larges entailles encore fraîches que le Nara tatoué avait sur son avant-bras témoignaient du potentiel de son animal.

La porte s'ouvrit et ce fut un Natsuki encore plus squelettique que dans ses souvenirs qui accueillit Raito. L'Hayashi n'eut pas le temps d'exprimer sa surprise quant à l'aspect physique de son ami que ce dernier le serra dans ses bras. L'ANBU lui rendit son étreinte. Il était vrai que cela faisait plaisir de revoir son ainé de quatre ans. Natsuki avait occupé le poste d'Intendant avec également Seito. Raito n'avait pas pu garder bien longtemps sa fonction du fait de ses problèmes, et il avait espéré en quittant précipitamment Konoha que le Nara aurait pu continuer d'exercer sa charge. Ça n'avait apparemment pas été le cas. Seito avait été un horrible dirigeant, et cela aurait dû être à Raito et Natsuki de l'arrêter. Malheureusement le manipulateur des Ombres et le manipulateur du Mokuton avaient lamentablement échoués. Il ne fallait plus qu'une telle erreur se reproduise. Le Nara avait une intelligence tactique bien supérieure à la moyenne, l'Hayashi devait le reconnaître, sur ce plan là il devait sûrement être derrière. Cependant, le Nara ne semblait pas vouloir sortir de l'ombre. Mais c'était peut-être dans l'ombre qu'un Nara pouvait exprimer au mieux son potentiel.

Natsuki invita le garçon au chakra rouge à rentrer. Il accepta avec un grand sourire et examina l'intérieur du restaurant. L'ancien patron avait donc dû fermer le restaurant il y a de cela deux ans. Cela se sentait. L'établissement avait une odeur d'humidité assez prononcée, mais on pouvait voir à certains endroits qu'un travail de rénovation avait été entamé. Le manipulateur d'Ombres s'était lancé dans la carrière de restaurateur. Original. Jamais Raito n'aurait pensé que Natsuki puisse se lancer là dedans. Il n'y avait pas vraiment de justification quant à cela, mais dans l'inconscient du jeune blond, être un shinobi était un travail à plein temps. Il se consacrait entièrement à cela. Mais il se rendit compte sur le coup que l'un empêchait pas l'autre, qu'on pouvait vivre sa vie de ninja de bien des manières. Le principal était que son ami soit heureux. Natsuki l'invita à s'assoir.

- Ton nouveau resto hein ? Pas mal Natsuki, je n'aurais pas imaginé que tu te lances là dedans, mais je te souhaite toute la réussite possible mon ami. Fêtons nos retrouvailles autour d'un bon verre de vin alors. Si elles sont là depuis l'ancien propriétaire, tu dois avoir de très bonnes bouteilles.

Raito attendit que son ami amène le spiritueux. Il fit alors remarquer la complicité naissante qu'il y avait entre Montesquieu et l'Hayashi.

- Ouais il est sympa, dit-il en caressant l'aigle, j'ai toujours aimé les animaux. Je suis admiratif devant leur faculté à analyser nos émotions. Si nous avons peur d'eux, ils le sentent et peuvent devenir agressif pour se protéger. S'ils sentent que nous sommes bienveillants, alors ils deviendront tout aussi amical qu'est Montesquieu en ce moment. Certains de nos amis sensoriels doivent sûrement étudier le comportement des animaux j'en suis sûr. Et puis pour un Hayashi de la forêt, il faut évidemment être familier de la flore, mais aussi de la faune haha.

Vint alors le sujet qui allait forcément arriver dans la discussion : qu'était devenu Raito pendant tout ce temps. Trois options étaient possibles, la première mentir, la deuxième être évasif, la dernière, dire la vérité. L'Hayashi ne voulait pas que son état soit de nature publique. Mais il était peut-être nécessaire de mettre un ami dans la confidence. Il avait voulu en parler à Onpu, mais le Jônin n'eut pas le temps de lui en parler. Natsuki était désormais la personne la plus proche que Raito avait à Konoha. Il était donc logique de lui en parler si quelqu'un devait être mis dans la confidence. Le jeune prit un grande inspiration, et planta ses yeux dans ceux du Nara.

- Bon ce que je vais te dire... J'aimerais que ça reste entre nous. J'avais voulu en parler avec On', mais je n'en ai pas eu l'occasion. Tu es aujourd'hui sûrement la personne la plus proche que je possède à Konoha, je souhaite donc que tu sois au courant de mon état de santé. Mais j'aimerais que ce seulement toi soit au courant. Bien, tu te rappelles sûrement de notre mission concernant le Genei Ryodan. Tu avais pris une des attaques de Machi de plein fouet pour me faciliter le combat contre elle. À partir de ce moment là j'ai commencé à avoir un excès de folie meurtrière. Sur le coup je pensais que c'était la colère qui faisait ça... Sauf que cette folie ne m'a jamais quitté depuis. Elle ne s'était pas manifestée pendant un bon moment, et elle réapparut pendant notre mandat. C'est pour ça que je suis parti, j'avais peur d'être un danger pour Konoha. Je me suis retranché parmi les moines de Maskine à Ta no Kuni pour essayer de tirer les choses au clair. Là bas, les moines ont compris ce qui m'arrivait. Je suis apparemment la réincarnation d'un Senju, et son esprit vit en moi. Je ne connais pas encore l'identité de ce Senju, je vais devoir le découvrir en faisant des recherches, des expéditions. Parfois c'est lui qui prend le contrôle lorsque j'éprouve une émotion vive, comme la colère par exemple. Ils ont pu sceller l'esprit, mais même eux ne savent pas si la technique de scellement sera efficace sur le long terme. Pour l'instant je n'ai plus de problème, et j'espère continuer comme ça.

Raito laissa le temps à Natsuki d'assimiler toutes ces informations. L'Hayashi avait pris un ton grave, qui ne lui allait pas, pendant son monologue. Il reprit d'un ton bien plus léger et avec un grand sourire.

- Et toi mon ami, dis moi tout, qu'es-tu devenu pendant mon absence ?

Le jeune homme caressa encore une fois Montesquieu et il le laissa se poser sur le perchoir d'ombre.

Bien qu'en apparence, Natsuki resta imperturbable, écoutant silencieux et immobile son ami, sous la surface, il eu une sueur froide. Les symptômes que lui décrivit Raito ressemblaient très fortement à ceux qu'il éprouvait lui-même. Et il avait commencé à les ressentir après le même combat... Pour autant, à ce qu'il en sache, le Hayashi blond n'avait pas été frappé par les esprits de Machi comme lui-même l'avait été. Lesdits esprits n'avaient cependant été que l'élément déclencheur : pour le Nara tatoué, il y avait déjà une pathologie sous-jacente. Qu'en était-il de Raito ? Le concerné poursuivit sa confidence, laquelle expliquait entre autre où il était parti pendant tout ce temps. Il s'était rendu chez les moines, qui avaient pu découvrir l'origine de son problème, ainsi qu'une solution transitoire. Natsuki nota cette information dans un coin de sa tête, elle risquait très fortement de lui servir, même s'il doutait d'être encore le bienvenu dans le temple de Maskine après ce qu'il s'est passé là-bas. N'importe comment, il eu besoin d'un moment pour encaisser les révélations. Non pas à cause de la gravité des propos et de la situation précaire de son ami, mais par rapport à tout ce que cela pouvait impliquer vis-à-vis de lui-même. Est-ce qu'il s'agissait d'une réincarnation pour lui aussi ? Comment les moines l'ont-ils découvert, et surtout, comment s'y sont-ils prit pour sceller cet... esprit Senju ? Beaucoup de questions, mais Natsuki ne pouvait pas les aborder de front comme cela : il risquait d'éveiller des soupçons.

« Wahou. » finit-il par lâcher, incertain de la réaction à avoir en pareille circonstance. « C'est... singulier comme histoire. Mais je me doute bien que ce que tu me racontes est vrai. Hum... Toi qui a toujours répugné prendre la vie d'autrui, je peux comprendre la nécessité que tu as ressenti d'isoler de Konoha, et les craintes que tu as éprouvé. Merci de t'être confié à moi Raito. S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour toi, n'hésite pas à me le demander. Mais cela, je n'ai pas besoin de te le dire, tu le savais déjà. »

Quant à ce que Raito voulait qu'il fasse et ce qu'il pouvait vraiment faire, il pouvait y avoir un monde par contre... La discussion repartit cependant sur un fond plus léger, le Hayashi souhaitant probablement quelque chose de moins sordide que sa folie meurtrière comme sujet de retrouvaille.

« Moi ? Bien comme tu peux le voir, je suis déjà moins malade que de mon temps d'intendant. » répondit-il en retroussant d'un geste sa manche pour lui exposer un bras tout en muscles finement dessinés. « C'est à peu près la seule chose qui ai changé depuis ton départ précipité. Je suis toujours ninja a Konoha, même si ma carrière m'a conduit à être davantage directement sous les ordres de notre nouvelle Hokage. Elle avait gagné plus ou moins ce titre suite au départ de Onpu, après avoir infiltré le Shoraizen pour éliminer Seitô une bonne fois pour toute, même si au début, elle n'avait pas souhaité retourner à Konoha pour des raisons politiques. Un choix qui nous avait une fois mit tous les deux dans une embarrassante posture d'ailleurs. Comme elle vivotait en tant que mercenaire, l'on s'était retrouvé dans deux camps opposés quand les moines de Maskine avaient fait massivement appel aux différents Villages pour assurer la sécurité de leur temple. Tout cela pour que au final, l'on apprenne que le secret tant gardé du Patriarche des moines était qu'il pratiquait du marchandage d'humains avec les nations shinobi. Enfin, vu que tu étais là-bas déjà bien avant, et beaucoup après cet incident, j'imagine que tu savais déjà qu'en réalité, il utilisait les moines considérés comme hérétique par son Dieu ou lui-même comme chair à canon pour des missions suicides contre rémunération. »

Beaucoup de foin pour pas grand chose au final : ce genre de pratiques était relativement courant.

« J'ai changé d'équipe shinobi aussi, je n'ai plus les mêmes étudiants que la dernière fois. En même temps, j'aurai eu du mal tu me diras. L'un a écopé d'une blessure handicapante permanente au cours d'une mission ayant mal tournée, un autre est mort en partant en expédition solitaire dans le monde, et la dernière, c'est moi-même qui l'ai tué après qu'elle ai libéré Meteora de sa prison puis massacré la quasi-totalité de son clan pour atteindre un but purement personnel et égoïste. Sur un CV, cela fait assez moche, du coup tu imagines bien que y'a pas eu légion de candidats quand j'ai retenté l'expérience de l'enseignement un an plus tard. Et les rares qui s'y inscrivent n'y restent jamais longtemps. »

Contrairement à Raito, Natsuki n'avait pas adopté de ton particulièrement grave pour raconter comment s'était déroulée la vie de son côté ces dernières années. Si l'on se contentait de la voix sans comprendre les paroles, l'on supposerait sans hésitation qu'il raconte une histoire amusante à son voisin.

« Avec un peu de chance, le dernier étudiant prometteur que j'ai eu redorera le blason. Tu as peut-être entendu parlé de lui, Rakuzan Satochi. Il s'illustre beaucoup en ce moment. C'est grâce à lui que Miko a pu retrouver la trace du Shoraizen avant que Kumo ne les massacre tous, et leur offrir une seconde chance – chance qu'ils ne méritaient pas à mon goût, mais bon... J'étais présent lors des festivités, je peux te dire que ce n'était pas triste à vivre. Je crois que c'est à ce moment que je me suis dit que quand cette Aburame sera aux commandes, je la suivrai jusqu'au bout. Elle n'a pas le charisme de Onpu, mais c'est pas sous l'ère du Luthier que tu aurais vu un spectacle comme celui qu'elle a fait subir publiquement à un certain Demon. A ceux qui prenaient encore Konoha pour des Bisounours, je te garantie que la peur a changé de côté. »

Arracher la main d'un bonhomme qui ne connaissait pas sa place, et exposer ce dernier à la vue de tous au milieu d'une cage dans sa tenue de naissance pendant deux semaines, tout de suite, ça forge le respect.

« C'est... à peu près tout je crois. » annonça Natsuki en roulant des yeux comme s'il cherchait à regarder dans son crâne pour s'assurer qu'il n'avait pas raté une information. « Du moins, c'était tout jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, comme tu le vois, je suis aussi l'heureux propriétaire de l'Arrêt au Porc – même si je vais en changer le nom. Cela m'a prit un matin comme cela. Je me suis levé, et je me suis dit : '' il serait peut-être temps que je pense à mes vieux jours. '' Pour peu que j'y arrive tout du moins. Le monde devient de plus en plus fou, chaque catastrophe à venir me donnant l'impression d'être encore pire que la précédente... Je me fais pas d'illusion en tout cas, je ne vivrai pas jusqu'à la retraite. Mais au moins jusqu'à rentabiliser l'investissement, et profiter un peu des bénéfices, cela je trouverai déjà pas mal, je t'avouerai. »

Natsuki entreprit de servir son ami avec la bouteille de vin qu'il était allé chercher à un moment ou à un autre du Rp dans le caveau. Il emplit son propre verre à moitié, mais se contenta de tremper les lèvres dedans : c'était moins pénible de faire ainsi que de lui expliquer pourquoi il avait l'alcool en horreur, mais qu'il n'avait aucun problème si Raito désirait picoler tout seul pendant qu'il le regardait.

« Et puisque l'on parle de mon restaurant. Il y avait un petit service que je souhaitais te demander à ce sujet. Serais-tu libre durant les prochains jours ? » demanda-t-il.

Il n'en dit pas davantage, préférant faire encore un peu mousser son ami au préalable. A côté de lui, Montesquieu avait basculé en arrière de son perchoir en s'endormant, et somnolait maintenant telle une chauve-souris, le corps suspendu et la tête vers le bas.

Cela lui arrivait souvent.

Raito s'attendait à voir son ami plutôt étonné. Natsuki était resté impassible, mais ses paroles avaient traduits plus que son visage n'avait laissé filtré. L'Hayashi ne put réprimer un sourire gêné. Il avait parlé de ses problèmes, mais il savait très bien que le Nara avait été malade, bien que sa maladie soit très mystérieuse, et ce depuis bien plus longtemps que le blondinet. Il fut néanmoins touché par les remerciements de son ami. Il lui proposa son aide si le besoin s'en faisait sentir. Raito savait qu'il pouvait compter sur lui. Si le jour où il aurait besoin de lui venait, l'ANBU ne se gênerait pas pour lui demander. Mais à l'heure actuelle, même lui ne connaissait pas tous les aspects de son mal. Ainsi il ne pouvait pas encore demander totalement de l'aide à autrui.

- Merci l'ami, je suis très touché par tes paroles. Pour l'instant, je suis encore en train de découvrir l'étendue du mal qui me ronge, mais lorsque je saurais quoi faire, je te tiendrai au courant.

Natsuki fit également un résumé de sa vie durant l'absence de l'Hayashi. Il commença par parler de son état de santé. Le Nara était en meilleur forme, cela était incontestable, bien qu'il restait encore marqué par la fatigue et la maigreur. Il parla rapidement de la nouvelle Hokage qui avait pris ses fonctions après le départ d'Onpu. Raito apprit alors les différents exploits, impressionants il fallait le reconnaître, de la nouvelle Ombre de Konoha. Le manipulateur des Ombres parla aussi de choses un peu plus légères, comme sa nouvelle équipe. Raito afficha un grand sourire. Il était content de voir que Natsuki continuait à transmettre son savoir aux nouvelles générations. Le Jônin lui-même pensait à reprendre des élèves, mais fallait-il encore les trouver. Il lui parla de son dernier étudiant, Rakuzan Satochi. Le Nara semblait avoir de l'estime pour lui. Cela voulait dire que ce ninja devait être particluière prometteur. Il pouvait être un futur rival pour le poste d'Hokage. Cette idée excitait Raito. Néanmoins il ne conssait pas le Rakuzan. Aussi il se contenta de hausser les épaules lorsque son ami lui demanda s'il le connaissait.

Le résumé s'acheva sur ça. Natsuki rajouta alors les dernières pages de son chapitre au récit : l'Arrêt au Porc. Le Nara était devenu le propriétaire de ce restaurant délabré, certes, mais plein de potentiel. L'achat de l'établissement semblait avoir été fait son un coup de tête de la part du Nara. Cela n'étonnait pas trop Raito. L'Hayashi avait remarqué que son ami ne vouait pas autant de plaisir que lui à être un ninja. Il aimait les choses simples de la vie, comme l'Art, sous toutes ses formes. Et sous la forme culinaire semblait-il. Les paroles du jeune homme n'était pas très enthousiaste, mais l'ANBU ne releva pas plus que ça, il avait appris à connaître l'attitude très terre à terre de son ami. Mais il avait raison sur un point, les derniers évènements semblaient montés en puissance à chaque fois. Et pourtant le monde ninja avait fait face à de terribles menaces. Raito se demandait comment les prochaines menaces pourraient pires que les précédentes. Cependant, c'était pour cela qu'il s'entrainait aussi dur. Pour protéger son village et ses amis de ces futures catastrophes.

Quelque chose attira l'attention de Raito. Natsuki ne buvait pas le vin, il se contentait de tremper ses lèvres à la surfaces du spiritueux. L'Hayashi ne dit rien, si ce n'est qu'il fit un sourire bienveillant. Certains jeunes hommes de leur âge auraient pu charier le Nara, car certains estimaient qu'on jaugeait la virilité d'un homme à sa capacité à boire de l'alcool. Le blondinet trouvet cette vision idiote. Il aimait bien l'alcool en général, boire une verre ou deux de temps en temps ne lui était pas désagréable, mais le Jônin ne cherchait pas à boire au-delà de ses limites pour prouver quoique ce soit... Néanmoins, Raito n'en était qu'à son premier verre. Aussi, il finit d'une traite le fond de son verre.

Une fois sa soif étanchée, se fut sa curiosité qui fut piquée par Natsuki. Il lui demanda s'il était libre les prochains jours. Le Nara était malin, il avait simplement dit que ça concernait son restaurant sans être trop explicite, il savait très bien que Raito ne resisterait pas à essayer de découvrir pourquoi son aide était necessaire. Son aide, l'Hayashi allait la donner, non pas parce qu'il était curieux de savoir ce qu'il attendait, mais parce que c'était un ami qui lui demandait et que cela lui faisait plaisir.

- Yep je suis libre, demande moi ce que tu veux l'ami !

Spoiler:

Natsuki afficha un sourire lorsque Raito lui annonça qu'il était disponible : c'était ce qu'il voulait entendre. Restait à savoir s'il était aussi capable de réussir ce que le Nara tatoué attendait de lui. Et pour cela, rien de plus simple que d'entrer dans le vif du sujet.

« Comme je te l'ai dit, j'ai racheté ce restaurant, qui initialement, appartenait à un autre. Cet établissement a eu du succès, mais pas que : il a aussi eu une histoire. L'ancien propriétaire avait mit ses rêves dedans, et avait crée cette plaque commémorative à ceux qui avaient investit dans son projet. Tu peux lire leur nom là-bas. »

Natsuki désigna du doigts ladite plaque accrochée dans le fond, sur laquelle l'inscription suivante : '' Merci aux membres Samui Yuki, Katsuo Takusanken, Hyô Kôhei et Haku Naoko, pour leurs contributions à la création de ce lieu. ''

« Cette plaque ne m'appartient pas vraiment, et je ne peux pas la laisser non plus, car cet endroit est ma propriété désormais, et aucun d'entre eux n'y a contribué. Toutefois, un hommage s'impose, et c'est pourquoi j'ai fait appel à toi Raito. J'ai lu que tes ancêtres parvenaient grâce à leurs capacités claniques à créer d'immenses totems de bois en lesquels ils insufflaient brièvement la vie pour combattre à leurs côtés. »

Petit moment de flottement. Il s'était imaginer lui amener la chose différemment, mais bon, maintenant que c'était fait...

« Comme tu es très doué dans les arts du ninjtsu, et que la sève des Hayashi coule dans tes veines, j'aimerai que tu me réalises une sculpture de l'Arrêt au Porc, mais sans sa façade. Elle ferait environ deux mètres de haut, et siégerait ici, au centre de cet étage du restaurant. Dans l'idée, il s'agirait donc d'une miniature permettant d'observer l'établissement et son intérieur tel qu'il l'est à ce jour, avant que je commence les travaux de rénovation. Cela fait deux sous-sols, le rez-de-chaussez et deux étages à reproduire avec leurs décors. J'aimerai vraiment quelque chose qui a l'air convaincant, réaliste, avec un soucis du détail particulièrement poussé. Cela consiste donc à inclure le mobilier, certes, mais aussi des figurines de clients en train d'exister à l'intérieur de l'établissement, de dîner à une table ou de se déplacer par exemple. Tu vois ce que je veux dire ? »

Natsuki s'adossa contre sa chaise, et sonda Raito du regard.

« Est-ce que ce serait dans tes cordes ? Le délais est assez large, tu aurais au moins deux mois devant toi. Je te laisserai aussi les clefs de l'établissement, car je vais m'absenter prochainement pour au moins deux semaines. Cela te laissera le temps de te familiariser avec l'environnement. Les travaux commenceront ensuite à mon retour, aussi l'accès aux sous-sols puis au rez-de-chaussez ne seront plus possible. Si tu acceptes et entames la sculpture donc, ce sera par là que tu devras débuter. Alors, qu'en dis-tu ? »

Il n'avait pas encore parlé rémunération, car il ne servait à rien de négocier un tarif si son futur employé temporaire n'était pas intéressé.

Natsuki semblait content de la réponse du garçon au chakra rouge. Aussi, il rentra directement dans le vif du sujet. Il commença par expliquer à l'Hayashi quelle était l'histoire du restaurant. Le manipulateur des Ombres parla notamment d'une plaque commémorative. Plusieurs noms étaient inscrits dessus. Raito balada tout d'abord son regard sur la plaque, il pouvait y voir plusieurs noms :Samui Yuki, Katsuo Takusanken, Hyô Kôhei et Haku Naoko. Puis, il laissa trainer son regard sur l'ensemble du restaurant. Il le voyait différemment désormais. Jusque là, ce n'était qu'un commerce miteux qui avait du potentiel et qui avait grandement besoin de rénovation. Mais désormais l'ANBU voyait cet endroit comme le rêve accompli d'un homme, d'une création aboutie, fruit de l'efforts de plusieurs personnes.

Natsuki semblait partagé ce sentiment de profond respect envers le souvenir de ce travail collectif. Néanmoins il avait raison, cette plaque ne lui appartenait pas et elle était le souvenir de quelque chose qui ne concernerait en rien le futur restaurant du Nara. Il voulait malgré tout faire un hommage. Raito aimait bien l'idée. Il acquiesça avec un sourire lorsque Natsuki lui évoqua l'idée. Il fut impressionné par le savoir de son ami à propos des pratiques claniques des Hayashi. Oui, les Hayashi étaient capables de créer des totems de bois pour combattre à leurs côtés. Mais c'était une technique très difficile à maitriser, et très peu d'Hayashi pouvaient se vanter de maitriser ce genre de techniques. Mais l'ANBU était un des meilleurs Hayashi en terme de ninjutsu, de plus il travaillait ces derniers temps sur des techniques plus poussées en lien avec le Mokuton. Aussi ce petit travail lui permettrait de perfectionner son contrôle du Mokuton pour aller plus loin.

Natsuki lui détailla plus en profondeur ce qu'il avait en tête. Lorsqu'il commença à évoquer l'architecture précise du restaurant, Raito se leva pour examiner de ses propres yeux les différents recoins du commerce tout en continuant à écouter son ami. Il avait vraiment envie de créer quelque chose de beau et réalise, et cela plaisait au Jônin. Il voulait quelque chose de vivant, avec des figurines qui seraient capables de se déplacer, en recréant ainsi l'atmosphère d'un vrai restaurant. La tâche ne s'annonçait pas facile, il faudrait du temps à l'Hayashi pour réussi un tel projet, mais cette mission l'excitait car elle était compliquée. Le Nara demanda à Raito si cela était dans ses cordes.

- Bien sûr que c'est dans mes cordes l'ami ! N'oublie pas que tu as devant toi le futur Hokage hehe. Ton idée est vraiment bien, j'aime beaucoup. Je ferai en sorte d'être le plus fidèle possible à la description que tu m'as donné et aux détails que j'observerai ici.

Le Nara lui expliqua qu'il aurait au moins deux mois pour réaliser le projet. Il lui laisserait même les clés du restaurant, ce qui était une belle preuve de confiance. Néanmoins la curiosité de l'Hayashi fut piquée lorsque le manipulateur des Ombres évoqua sa future absence. Raito décida d'écouter jusqu'au bout son ami avant de laisser échapper la question qui lui brulait les lèvres.

- Ce que j'en dis ? Bien entendu que je vais le faire ! Si c'est pas trop indiscret, tu pars où comme ça ?

Raito semblait vraiment intéressé par le projet, ce qui était une bonne chose. Natsuki sentait qu'il n'acceptait pas par obligation ou par sens du devoir, mais parce qu'il en avait envie. Un ami en or, dont il était vraiment dommage qu'il ne puisse plus l'apprécier à sa juste valeur.

« Je ne m'inquiète pas, tu es plus que compétant. C'est bien pour cela que j'ai fait appel à toi plutôt qu'un autre. Pour la peinture par contre, c'est peut-être moins dans ton domaine, donc ne te prends pas la tête avec : je me tournerai vers un PNJ Hyô pour s'occuper de cette partie, vu qu'ils ne sont incarnés par aucun joueur en ce moment. »

Raito le questionna ensuite sur la destination de son voyage, ce qui était effectivement indiscret – surtout pour ce que le Nara comptait y faire. Mais bon, puisque cela n'avait aucun rapport avec sa profession première – les ninja étant tenu au secret professionnel – il pouvait bien lui donner quelques bribes de vérité, sans trop entrer dans les détails.

« A l'image du précédent propriétaire, je veux ce qu'il y a de mieux pour ce restaurant. La demi-mesure n'est pas acceptable. C'est pourquoi je ne veux pas me contenter d'offrir une qualité de service que l'on trouve partout à Konoha : je veux de l'exotisme, et de la variété. Comme tu le sais, nous avons un métier qui nous fait voyager. Et au cours de ces pérégrinations, j'ai eu l'occasion de rencontrer beaucoup de monde issu de tous les horizons : de simples civils, des serveurs, des mercenaires, des pêcheurs etc... Certains m'ont fait forte impression, ou m'ont simplement fasciné par leur talent. N'importe comment, une poignée d'entre eux auraient leur place ici, dans mon restaurant. C'est pourquoi je vais partir quelques temps un peu partout dans les territoires bordant le Pays du Feu, pour retourner à leur rencontre, et leur proposer de travailler pour moi. »

Natsuki se cala plus au fond de sa chaise, et porta ses mains en forme de triangle parfait sous son menton.

« J'ai bien conscience que peu accepteront, car il s'agit tout de même de tout quitter pour un travail qui n'est à l'heure actuel qu'au stade de projet. Mais même si c'est pour obtenir un refus, il faut bien d'abord poser une question si l'on vont être fixé sur la réponse. Et comme ce n'est pas quelque chose qui se décide sur un coup de tête, je vais d'abord faire un premier tour pour prendre la température, et repérer les intéressés potentiels, le temps que le reste de mon affaire se monte. Ainsi, je ne prends pas trop de risque en faisant ce pari sur l'avenir, et je n'engage pas non plus mes futurs employés dans un sentier sans certitude d'aboutir. »

Il fit un geste ample du bras pour désigner l'ensemble du rez-de-chaussez.

« Car comme tu le vois, à l'heure d'aujourd'hui, ce n'est rien d'autre que du vide et de la poussière. Mais cela va très vite changer, je m'en assure personnellement. Et l'une des premières pierres, c'est toi qui va l'apporter. »

Il mit une main dans sa poche, et en tira un jeu de clef qu'il posa sur la table, en face de Raito. Elles portaient toutes une petite mention du type : vestiaires, cuisine, 1er sous-sol etc...

« Tu auras besoin de cela pendant mon absence. Et de dix pourcent d'avance pour couvrir une partie tes frais sur ce que je suis prêt à te payer pour un résultat satisfaisant. »

Les chiffres présents sur le chèque qu'il glissa à son ami évoquaient davantage la paie finale que partielle, mais Natsuki estimait ce salaire juste, compte tenu de son exigence.

« Certaines personnes préfèrent obtenir une faveur plutôt que de l'argent, mais je ne te propose pas cette alternative : tu sais déjà que tu peux tout me demander sans cela. »

Il passa son auriculaire sur l'une de ses cernes, puis commença à caresser sous le bec le Montesquieu endormi à côté de lui.

« Et sinon, à part le boulot et te soigner, tu as des projets à plus court terme? »

Quand un problème a une solution,
Cela ne sert à rien de se prendre la tête.
Quand un problème n'a pas de solution,
Cela ne sert à rien de se prendre la tête.

Natsuki attendit une réponse, mais celle-ci se fit étrangement longue à venir. Inquiet quelque part, il leva son regard vers le Hayashi, et comprit l'ampleur du drame. Raito se tenait droit sur sa chaise, les yeux vitreux et la bouche légèrement entrouverte. Probablement depuis un moment, à en juger par le filet de salive qui perlait à la commissure de ses lèvres. Immobile, toute trace de vie semblait l'avoir déserté. Et pour avoir déjà observé ce symptôme à trois reprises chez le jeune homme, le Nara tatoué savait ce que cela signifiait : l'esprit de Raito s'en était allé, sa période de ghostage était terminée.

Au crépuscule de ses 23 an seulement, Natsuki eu soudainement l'air très vieux. Son visage se perdit dans sa main, dont le pouce et l'index passèrent sur ses paupières avant de se retrouver en pince sur l'arrête de son nez. Les yeux clos, il resta un moment à inspirer lentement, repoussant au plus tard possible le moment où il devra les ouvrir et affronter la réalité qui se tenait devant lui. Il savait qu'il ne devait pas être surpris pourtant, il se doutait que cela finirait ainsi. Mais non, quand il avait décidé de se lancer dans ce projet, plutôt que de laisser l'opportunité à une personne compétente et fiable, il avait préféré confier cette partie à une connaissance avec qui il avait tissé des liens d'amitiés par le passé, et qui venait juste de revenir sur le forum après son troisième dégroupage sans préavis, en se disant que cela l'aiderait à se remettre dans le bain : Raito Hayashi. Raito Hayashi qui avait accepté avec plaisir, Raito Hayashi qui avait posté deux fois début décembre, Raito Hayashi qui avait posté deux fois fin janvier – vacances au ski, c'était legit -, et maintenant Raito Hayashi, qui s'était une fois de plus fait dégrouper.

Peut-être était-il temps que Natsuki apprenne la leçon, et qu'il réalise que sa malédiction – celle qui dévore les joueurs en les faisant disparaître sans raison du jour au lendemain du forum – rendait déjà les choses suffisamment compliqué pour qu'il ai besoin de se tirer en plus une balle dans le pied. Tapant ses mains sur ses genoux en reprenant une posture droite, il expira. Cela ne servait à rien d'épiloguer ni de se prendre la tête face à ce problème. Des solutions, il en avait encore. Des moyens de rendre son projet amusant en y faisant participer du monde plutôt que de le monter tout seul dans son coin, aussi. Il commença donc par saisir une lettre vierge et un stylo, puis rédigea le texte suivant :

Bonjour. Je m'appelle Natsuki Nara.

Je suis à la recherche pour un travail particulier d'un Hayashi talentueux et efficace. Je sais que cela existe, puisque notre Hokage, Miko Aburame, s'occupe personnellement de l'un d'entre vous. Je lui serai gré d'être disponible immédiatement, et de venir me retrouver au restaurant fermé '' L'Arrêt au Porc ''.

Cordialement, Natsuki Nara.

Il admettait qu'un peu de sa frustration avait filtré dans son message, mais ce n'était pas trop grave : il fera bonne figure plus tard. Il enroula son courrier, et réveilla Montesquieu, toujours endormi la tête en bas de son perchoir, qui se redressa.

« Debout bonhomme, je veux que tu retournes au quartier des Hayashi, et que tu m'en ramènes un vrai cette fois-ci, pas un fantôme comme celui-ci. »

Son aigle cligna des yeux à deux reprises, et le dévisagea en penchant la tête sur le côté.

« Oui je sais, c'est moi qui avait spécifiquement demandé que ce soit lui. Allez file maintenant. Quartier Hayashi ! »

Montesquieu prit le courrier dans son bec, déploya ses ailes, et s'envola par la fenêtre. Natsuki le suivit des yeux un instant, puis ramena son regard vers le corps inerte de Raito. Las, il soupira une dernière fois, puis se décida à faire quelque chose pour lui. Sans se retourner, il empoigna le perchoir d'ombre qu'il avait crée pour son aigle, et le poussa vers l'avant. Une trappe s'ouvrit aussitôt sous la chaise de Raito, l'avala, et se referma.

Natsuki plaça une autre chaise devant lui, puis attendit. Il se consola en se disant que désormais, tout allait aller pour le mieux. Kihran était de réputation quelqu'un de fiable, de motivé, et d'efficace. Il lui pardonnera sans problème cette entrée en matière douteuse.

Lorsque la porte grinça en s'ouvrant, Natsuki tourna ses yeux vers l'individu qui était entré sans frapper, et supposa qu'il s'agissait de Kihran. Le restaurant était fermé depuis longtemps, aussi personne n'y pénétrait par hasard, à plus forte raison que les travaux de rénovations n'avaient pas encore commencé. Car si le bâtiment avait encore une certaine allure, l'aspect extérieur souffrait du manque d'entretien.

Kihran entra donc, mais la première chose que Natsuki remarqua fut la boule de poils animalière que l'Hayashi portait sur son épaule, ce qui le figea dans son élan pour se lever. Le Nara tatoué avait un contact extrêmement mauvais avec les animaux. Ces derniers, contrairement aux humains, se montraient particulièrement sensibles à l'aura meurtrière qu'il dégageait à cause de sa malédiction. Aussi, les oiseaux mis à part – pour une raison qu'il ignorait totalement – toute rencontre avec la faune ne se finissait que de deux façons possible. Soit ils fuyaient prit de panique, soit ils montraient les crocs, et attaquaient.

Natsuki n'était clairement pas d'humeur à se voir revendiquer la place dominante auprès d'un tas de poils nerveux, aussi il souhaita intérieurement que quoi que ce soit cette chose, elle préfère la fuite.

« Bonjour. Je m'appelle Natsuki, du clan Nara. » se présenta-t-il en lui tendant une main à serrer une fois arrivé à sa hauteur.

Ses yeux se posèrent ensuite sur l'animal velu.

« Normalement, les seuls animaux que j'autorise à entrer ici sont sous forme de viande cuite, mais comme le restaurant n'est pas encore ouvert, je vais fermer les yeux. Veillez juste s'il vous plait à ce qu'il n'abime rien. »

Une entrée en manière qui aurait pu se faire de façon plus amicale, mais heureusement Kihran lui offrit une porte de sortie en mentionnant la lettre qu'il avait reçu.

« Ah oui, mon courrier. Je vous présente mes excuses pour la teneur de celui-ci. La journée a été rude, et pas forcément riche en bonnes nouvelles. Mais passons. Venez, installez-vous, nous n'allons pas discuter debout. »

Natsuki le guida jusqu'à une table – ce n'était pas le choix qui manquait dans la salle du restaurant – où ils prirent place l'un en face de l'autre. Il s'adossa confortablement contre le dossier de sa chaise, et joignit ses mains ensemble, lesquelles formèrent un triangle devant lui. Le regard perçant, il ne quitta plus Kihran des yeux.

« Il y a un travail que j'aimerai vous confier, Kihran. J'ai tenu à ce que ce soit vous qui soyez présent, car j'ai beaucoup entendu parlé de vous, Kihran, et en bien. Voyez-vous, j'ai racheté ce restaurant il y a peu de temps, qui initialement appartenait à un autre. Cet établissement a eu du succès en son temps, mais pas que : il a aussi eu une histoire. L'ancien propriétaire avait mit ses rêves dedans, et avait crée cette plaque commémorative à ceux qui avaient investit dans son projet. Vous pouvez lire leur nom là-bas. »

Natsuki désigna du doigts ladite plaque accrochée dans le fond, sur laquelle l'inscription suivante : '' Merci aux membres Samui Yuki, Katsuo Takusanken, Hyô Kôhei et Haku Naoko, pour leurs contributions à la création de ce lieu. ''

« Cette plaque ne m'appartient pas vraiment, et je ne peux pas la laisser non plus, car cet endroit est ma propriété désormais, et aucun d'entre eux n'y a contribué. Toutefois, j'aimerai leur rendre hommage, afin qu'ils ne disparaissent pas totalement. Et c'est là que vous entrez dans la partie Kihran. Les capacités claniques des Hayashi ne sont plus à prouver, ce ne sont pas les faits d'armes et les exploits qui manquent dans l'Histoire pour en témoigner. C'est pourquoi je pense que vous êtes la personne idéale pour ce que j'ai en tête. »

En se taisant quelques secondes, il s’assura qu'il avait toujours l'attention de son interlocuteur.

« Je sais vous êtes très doué dans les arts du ninjutsu. Suffisamment en tout cas, et je vous tue si vous lui répétez ce que je vais vous dire, pour que votre mentor Miko soit fière de vos capacités et de votre potentiel. Et comme la sève des Hayashi coule dans vos veines, j'aimerai que vous me réalisiez une sculpture de bois de l'Arrêt au Porc. »

Cela, c'était la partie facile : il entrait maintenant dans les détails.

« Elle ferait environ deux mètres de haut, dépourvu de façade, et siégerait ici, au centre de cet étage du restaurant. Dans l'idée, il s'agirait donc d'une miniature permettant d'observer l'établissement et son intérieur tel qu'il l'est à ce jour, avant que je commence les travaux de rénovation. Cela fait deux sous-sols, le rez-de-chaussez et deux étages à reproduire avec leurs décors. J'aimerai vraiment quelque chose qui a l'air convaincant, réaliste, avec un soucis du détail particulièrement poussé. Cela consiste donc à inclure le mobilier, certes, mais aussi des figurines de clients figées dans un instant d'existence à l'intérieur de l'établissement, dînant ou dans un déplacement par exemple. Vous voyez ce que je veux dire ? »

Légèrement penché vers l'avant, Natsuki donna l'impression de jauger Kihran d'un sourire.

« Est-ce que ce serait dans vos cordes ? Le délais est assez large, vous auriez au moins deux mois devant vous. Donc largement le temps d'y réfléchir. Mais je suis sincère en disant que je ne verrai personne d'autre que vous à ce poste, compte tenu de l'exigence attendu pour le résultat. »

Peut-être était-ce nécessaire de lui accorder quelques secondes de réflexion pour digérer tout cela, ce qu'il fit juste après avoir abattu une dernière carte.

« Bien entendu, il n'est pas question pour vous de travailler gratuitement. Voici ce que je suis prêt à débourser pour un résultat satisfaisant. » annonça-t-il en lui griffonnant un autre montant sur la nappe.

Certains penseraient qu'il y avait un problème avec le nombre de zéro inscrit derrière le 1. Natsuki lui trouvait ce salaire juste, compte tenu de la qualité qu'il souhaitait.

« Alors, disponible et intéressé ? »

Natsuki lu dans son regard que l'argent n'était pas la seule motivation du jeune homme, et cela lui plut. Déjà les rouages du Hayashi s'étaient mit en marche, il les entendait d'ici chercher à poser à plat les bases du projet. Mais pour toute base qui se respecte, elle avait besoin de modèles et de références, ce que Kirhan ne manqua pas de lui demander.

« J'ai bien plus que des photos, des traces et des souvenirs. » répondit-il en écartant les bras. « J'ai l'établissement d'origine, figé dans le temps depuis sa fermeture. La poussière en plus, je pense que vous trouverez ici tout ce dont vous aurez besoin pour concevoir la miniature. Venez avec moi, je vais vous faire visiter. » lui proposa-t-il en se levant.

Pour la première partie du restaurant, ils n'eurent pas à aller bien loin, bien qu'ils y étaient déjà. Des tables et des chaises étaient disposées de façon disparate dans la large salle, et un comptoir avec tabourets se trouvait dans le fond, pour ceux qui désiraient simplement prendre un verre.

« L'ancien propriétaire a fait installer une petite cuisine près du comptoir, afin que les cuisiniers puissent discuter avec les clients, et offrir un peu de spectacle aux consommateurs. Mais elle n'est que la partie émergée de l'iceberg. »

Natsuki le conduisit de l'autre côté du comptoir, dans une pièce séparée où se trouvait la vraie cuisine, celle capable de générer le rendement gargantuesque nécessaire à faire tourner un restaurant sur trois étages. De nombreux plans de travail, de fours, de gazinières et d'éviers s'alignaient dans l'immense pièce, le tout richement agrémenté de placards, meubles à tiroirs, et autres réfrigérateurs. Cela correspondait à l'idée de ce que n'importe qui se ferait d'une cuisine de restaurant, mais à l'échelle industrielle, et au top de la technologie disponible. Chikin n'avait clairement pas lésiné sur les moyens quand il l'avait fait bâtir, et Natsuki comptait bien en profiter, même s'il allait grandement réduire la taille de cette cuisine.

« Je ne vous demande pas de tout mémoriser, bien entendu. Si à la fin du tour du propriétaire, vous êtes toujours partant, je vous laisserai les clefs de l'établissement. Vous pourrez y revenir quand bon vous semble, que ce soit pour prendre des photos ou vous inspirer de l'esprit des lieux. »

Certains diraient qu'il était imprudent de laisser les clefs de son restaurant à un quasi-inconnu, mais lui pensait plutôt que la véritable imprudence serait que le quasi-inconnu en question fasse honte à son mentor. Il ne prenait pas trop de risque en lui accordant cette confiance. Et de toute façon, les portes verrouillées étaient rarement connu pour être capable d'arrêter un shinobi. Pas avant qu'il n'y ajoute sa touche personnel en tout cas.

« De ce côté se situent les vestiaires du personnels, séparés entre hommes et femmes, bien entendu. » lui montra-t-il en passant du côté masculin. « Les tenues de travail sont toujours rangées ici, vous pourrez donc venir prendre les références pour les habits des serveurs et cuisiniers des deux sexes quand vous en aurez besoin. »

La suite se passa à l'étage. Il s'agissait au final de deux couloirs en croix disposés au centre de la pièce, lesquels donnaient accès à différentes pièces séparées les unes des autres.

« Toutes les salles ici sont identiques à celle-ci. » expliqua Natsuki à son invité en lui en montrant l'une d'entre elles. « Une grande table au milieux, beaucoup de chaises, et surtout insonorisée. Les pièces de cet étage avaient de multiples usages à l'époque : elles servaient autant à organiser des petites soirées privées entre amis, des réunions de fonctionnaires que des anniversaires pour enfants. Du moment que cela nécessitait de la nourriture et l'assurance que le bruit ne filtrait pas hors des murs, cela pouvait se faire ici. »

Le tour du premier étage fut relativement rapide, puisque la disposition des différentes salles était la même partout. Le second étage lui était relativement identique dans son fonctionnement au premier, tout en étant différent dans sa construction : il s'agissait aussi de pièces individuelles, mais beaucoup plus petites, et bien plus nombreuses.

« Comme vous le voyez, ici est très similaire à l'étage du dessous. Les salles évoquent davantage des box dans lesquels il n'est pas possible d'y faire mettre plus de six personnes autour de la table. Normalement, cela sert surtout pour les petites réunions d'entreprises et les rendez-vous entre amoureux, mais la rumeur prétend qu'à l'une ou l'autre occasion, une culotte a été retrouvée sur les lieux pendant le nettoyage. Confidentialité est mère de mystère, j'imagine. » se contenta-t-il de dire en haussant les épaules.

Cela concluait la visite des étages, chacun accessible par deux escaliers : un pour les clients, et un pour le service. Il restait toutefois encore deux sous-sol à voir. Le premier les mena dans la cave à vins, une salle entièrement consacrée à un labyrinthe d'étagères et aux bouteilles d'alcool qu'elles portaient. Si Natsuki n'y connaissait pas grand chose dans ce domaine, il savait par contre que la qualité était au rendez-vous, et que le contenu de la plupart des bouteilles ici avait tranquillement prit de l'âge.

« C'est une chance que personne ne soit venu se servir ici à la fermeture du restaurant, n'est-ce pas ? Mais il y a une rumeur qui circule, et qui expliquerait pourquoi. »

Natsuki se pencha vers Kihran, et la lui murmura à l'oreille en couvrant le côté de sa bouche avec sa main.

« J'apprécierai beaucoup que ceci soit retranscrit dans la pagode miniature. » reprit-il ensuite avec une voix normale tandis qu'il le conduisait vers l'étage du dessous. « Et voici le dernier sous-sol. Je pense que vous devinerez par vous-même à quoi il servait en voyant la boule à facette et les nombreux néons qui décorent le plafond. »

Natsuki appuya tout de même sur un interrupteur, qui plongea aussitôt la pièce dans une tornade de couleurs agressant pour les yeux. Les projecteurs depuis longtemps en retraite forcée balayèrent avec entrain tout ce qu'ils pouvaient atteindre de leurs faisceaux multicolores. Le tout dura une dizaine de secondes, temps qui sera également nécessaire aux présents dans la pièce pour retrouver l'usage de la vue.

Spoiler:

« Comme je savais que la visite se terminerait ici, et si vous êtes toujours partant pour le projet, je me suis permit de préparer ceci, qui devrait peut-être vous aider dans votre tâche. » déclara Natsuki en lui indiquant un gros classeur présent sur une table. « Il s'agit d'un album photo que tenait l'un des employés de l'établissement. Y figurent dedans des clichés prit au cours des différents événements qui se sont organisés ici. Sur la première page par exemple, vous pouvez voir l'équipe au complète lors de l'ouverture officielle de l'Arrêt au Porc. Ici une soirée déguisée en personnages fictifs s'étant déroulée à ce sous-sol, là un repas d'anniversaire pour la grand-mère de Mizuki Aburame au premier étage etc... Bref, de quoi vous faire une idée de comment vivait ce restaurant avant sa fermeture. » conclu Natsuki en le refermant, et en signalant à Kihran qu'il pouvait l'emporter s'il le désirait.

Ensemble, ils remontèrent au rez-de-chaussez, où Natsuki lui donna les dernières consignes en même temps qu'un double des clefs.

« Les travaux de rénovation commenceront dans environs deux semaines. Aussi, l'accès aux sous-sols puis au rez-de-chaussez ne seront plus possible. Si vous entamez la sculpture donc, ce sera par là que vous devrez débuter. Cela ira ? Et si vous connaissez un peintre de talent pour s'occuper de la couleur, n'hésitez pas à le mettre en contact avec moi. »

Les Hyo non PNJ se faisaient rares, mais ils n'étaient pas les seuls à être doués avec de la peinture : il devait bien y avoir quelqu'un comme cela à Konoha. Il avait ses yeux tournés sur Midori pour le moment, mais qui sait si elle sera encore là quand Kirhan aura terminé ?

« Je posais juste la question comme cela, au cas où. Mais je ne m'inquiète pas, j'arriverai bien à trouver un peintre digne de ce nom quelque part à Konoha. Le prochain Picasshyo est peut-être bien plus proche que ce que l'on peut le penser. Mais avant de songer à lui, c'est sur vous que je compte pour la première partie. Je sens bien que ce n'est pas uniquement l'argent qui vous motive dans ce contrat que je vous propose, et rien que pour cela, je suis convaincu que je ne me suis pas trompé en m'adressant à vous pour vous en occuper. »

Natsuki lui tendit une main à serrer.

« Sur ce, puisque l'affaire est conclue, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. J'ai même probablement déjà plus qu'abusé de votre temps. Je vous souhaite bon courage, et surtout, à bientôt. »

Il ouvrit la porte pour sortir, n'ayant plus rien à faire ici, mais s'immobilisa sur le palier, comme prit d'un doute, avant de se retourner vers Kirhan.

« Une dernière chose, tant que j'y pense. Hormis les deux prochaines semaines durant lesquelles je serai absent, si vous avez un problème ou besoin de me trouver, vous aurez de grandes chances de me rencontrer au restaurant le lundi et le jeudi dans l'après-midi. Sinon, envoyez simplement un messager, et suivez-le. Ces types sont capable de vous retrouver où que vous soyez, pire que des percepteurs d'impôts... »

La suite se fit comme annoncée. Natsuki s'absenta plus d'une quinzaine de jours de Konoha, le temps de faire tout ce qui est décrit dans ce rp se déroulant désormais en parallèle à celui-ci. Il revint ensuite à Konoha, et supervisa les travaux pendant leur durée nécessaire – laquelle étant intemporelle coïncidera quoi qu'il arrive avec son départ à Suna.

Puis vint finalement le jour où Kirhan se présenta à nouveau à lui, le projet achevé. Natsuki, qui se tenait assit à l'une des tables du rez-de-chaussez, attendant comme un PNJ dans un MMORPG de se faire aborder par le PJ en soif de récompenses pour avoir accomplit la quête qui lui avait été confiée, l'invita à prendre place, et à lui montrer le résultat final de la pagode miniature.

Spoiler:

Spoiler:

Le moment de vérité était arrivé. Kihran tira sur son drap blanc pour la mise en scène, et révéla le résultat de ses dernières semaines de travaux. Natsuki se retrouva alors face à la maquette demandée de l'ancien Arrêt au Porc, une superbe sculpture en bois plus haute que lui. La façade étant inexistante, l'intérieur des cinq étages se révélait aux yeux. Le Nara tatoué porta un regard attentif aux détails qui composaient chacun d'entre eux. Le restaurant et sa disposition, il les connaissaient par cœur, aussi la confrontation avec l'agencement des meubles, l'exactitude du décors et la minutie du travail apporté à chacune des pièces qu'il avait sous les yeux fut plutôt simple.

Il resta un bon moment silencieux en étudiant l’œuvre de Kihran, ne laissant transparaitre aucun signe d'appréciation ou de déception sur ses traits. La vérité n'était pas tant qu'il faisait cela pour faire monter la pression auprès du sculpteur, mais simplement parce qu'il était absorbé par son inspection.

« C'est un travail excellent. » finit-il par annoncer, sans pour autant détacher son regard de la pagode. « Les figurines notamment sont impressionnantes. Vous avez repris des anciens membres du personnel en guise de modèle, et c'est exactement le genre de reproduction que j'attendais. J'avoue avoir un faible tout particulier pour celle-ci. » dit-il en désignant l'unique miniature humaine située au premier sous-sol. « La légende prétend qu'Akimichi Chikin, l'ancien propriétaire, est mort ici dans son restaurant, coincé dans la porte de la cave à vin à cause de son excès de gras. Son esprit hanterait toujours les lieux. »

Comme il s'était fait dégrouper, son départ n'avait pas donné lieu à des explications, aussi les joueurs étaient peu libres quant à l'interprétation. N'importe comment, Natsuki croyait à cette version des faits : quelle autre raison sinon expliquerait que rien n'avait été volé dans le restaurant depuis sa fermeture ?

« Vous avez magnifiquement reproduit son expression de terreur tandis qu'il essayait de s'extirper du cadre de la porte, tel que je vous l'avais demandé. » lui sourit-il en se tournant finalement vers lui. « Formidable. Vous vous êtes surpassé. J'ai vraiment hâte de voir tout ceci en couleur. Mais je vais devoir trouver la crème des artistes pour parvenir à sublimer la finesse de votre œuvre. »

Pas question de prendre le premier venu pour assurer un travail aussi délicat, surtout au vu des efforts investit par Kihran dedans.

« Cela a dû être éprouvant j'imagine. Êtes-vous personnellement satisfait de ce que je vous ai demandé de faire ? » lui demanda Natsuki en signant le salaire amplement mérité. « Et surtout, cela a-t-il été enrichissant pour vous ? En dehors de ce chèque, j'entends. Beaucoup de shinobi pensent qu'il n'y a que l'entrainement dans la vie pour progresser. Mais voyez-vous, je ne suis pas de cet avis : il y a des traits d'esprit tout aussi essentiels à notre profession que l'on ne retrouve pas en tapant sur une sac de sable. La patience et la minutie notamment. »

En s'avançant vers la pagode, Natsuki déplia une feuille marquée d'un sceau qu'il apposa à même la sculpture. Quelques instants plus tard, et cette dernière disparut dans le sceau de stockage. Plus qu'une étape pour achever cette première partie maintenant.

Spoiler:

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Les événements progressaient à leur rythme. Les rénovations du sous-sols avançaient, et la pagode miniature pour l'étage du restaurant était enfin sculptée. Kihran avait fait un travail formidable en recréant une maquette de l'établissement tel qu'il l'était avant que Natsuki ne le rachète et le restaure, le tout avec une fidélité minutieuse et des détails à la précision impressionnante. Les cinq étages/sous-sols respiraient la vie grâce à la présence de nombreuse figurines de clients et employés figés dans l'instant de leurs mouvements. Toutefois, il manquait encore un quelque chose à la création en bois de l'Hayashi pour qu'elle soit complète, et pas des moindres : de la couleur. Bâtir la maquette avec une finition de cette qualité avait été une tâche difficile, et peindre l'ensemble aux couleurs d'origines tout en respectant la quantité d'efforts investit par le sculpteur dans les détails promettait d'être lui aussi un travail de longue haleine. Ce n'était pas à la porté de n'importe qui, mais heureusement, Natsuki savait à quelle porte frapper.

Konoha regorgeait d'artisans et d'artistes de talents, mais il n'y avait qu'un seul groupe dans le Village de la Feuille dont l'art, avant même d'être un métier, était une façon de vivre : le clan Hyô. La plupart d'entre eux vivaient maintenant dispersés plutôt que dans un quartier regroupés depuis l'incident du Shoraizen, et la honte qui en avait découlé. S'ajoutait à cela que toutes les maisons abandonnées de ce secteur avait été données aux Gekei par Onpu lorsque ces derniers s'étaient installés à Konoha. En résultait des Hyô très éparpillés mais que l'on pouvait facilement retrouver, pourvu que l'on sache où s'adresser. Et cela tombait bien, car une fois encore, Natsuki lui savait.

Une fois la bonne adresse trouvée, le Nara tatoué frappa à la porte à défaut d'utiliser une sonnette s'il y en avait une, et attendit que l'on lui ouvre.

« Hyô Midori ? Bonjour, je m'appelle Natsuki, du clan Nara. » se présenta-t-il. « Nous nous sommes déjà rencontrés par le passé. Auriez-vous un peu de temps à me consacrer ? Il y a un travail que je souhaiterai vous confier. »

Il allait droit au but, tourner autour du pot était bon pour les autres.

Aujourd'hui devait être un jour normal, sans mission et sans entraînement. Je m'étais levée de bonne heure afin de contempler et d'imprimer dans ma mémoire se lever de soleil, qui est ci-beau depuis la fenêtre de ma chambre, plongé dans sa lumière orangée d'une belle matinée sur Konohagakure no Satô.

Enfin presque, quelqu'un frappait à la porte de ma maison et je me devais à y aller, mes parents n'ont pas besoin de perdre du temps avec des inconnus, eux qui travaillent déjà tant pour la mémoire de notre clan.

"J'y vais !" Criais-je.

Je descends rapidement l'étage me séparant de l'individu qui patientait devant la porte et me précipita vers celle-ci avant de l'ouvrir, brusquement. Devant moi se tenait un homme de grande taille et tattoué, un homme à qui j'avais déjà eu affaire et pas n'importe qui, Nara Natsuki, l'un des shinobis les plus puissants et respecté du village, un exemple que tout le monde devrait suivre. Je salue et m'apprête à appeler mon père quand celui-ci se présente à son tour et me demande, moi.

Il me demande de l'aide, car il a un travail à me confier. Sans hésiter j'accepte, je me dois de servir les hauts gradés et les gens respectables, mais je me dois aussi de mépriser les méprisables. Je donne donc ma réponse au Nara qui attend celle-ci.

"Oui, bien sûr, un instant j'arrive."

Sans même attendre de réponse je me retourne et pars à la recherche de mes affaires, pinceaux, pots de peintures et même mon armada de ninja, sait-on jamais, je ne sais pas ce que Natsuki va me faire faire. Tout en retournant à la porte je crie une nouvelle fois à mes parents.

"Je m'absente avec Natsuki Nara, il dit avoir du travail pour moi, à tout à l'heure."

Et ni une ni deux je me retrouve devant le Nara pour lui donner mon feu vert. Qu'est-ce que Natsuki peut-il bien me réserver ? Une mission ? De l'aide, il n'aurait pas besoin d'aide pour une mission, peut-il a-t-il besoin de mes pinceaux ? Bref, je me réjouis de savoir ce qui m'attend.

"Je suis prête." Avec un grand sourire.

Sitôt qu'il eu expliqué le motif de sa venu, Midori se mit en mouvement et fit volteface pour se préparer.

« Je... » tenta-t-il.

Mais c'était perdu dans le vent, la jeune femme s'était déjà éclipsée.

« Euh... »

Il patienta un petit moment devant l'entrée, jusqu'à ce que Midori revienne, armée et équipée comme si elle partait au front.

« Hum... »

Il fronça les sourcils en grimaçant – ce qui ne fut d'aucune aide pour ses oreilles – lorsqu'elle cria pour avertir quelqu'un qu'elle partait, puis se retrouva seul à seule avec elle une fois qu'elle eu fini de verrouiller sa porte.

« Je... j'aurai préféré entrer, je vous avouerai » parvint-il à placer finalement, maintenant que l'agitation était retombée, et qu'il avait l'attention de la jeune femme. « Mais bon, ce n'est pas un problème en soi. Venez, nous allons marcher un peu jusqu'à mon restaurant, je vais vous expliquer ce que j'attends de vous en chemin. »

Ensemble, ils quittèrent la cours de la maison, distance que Natsuki attendit avant d'embrayer sur le sujet qui l'intéressait.

« Je vois que vous avez prit avec vous le nécessaire pour réaliser les arts qui sont ceux de votre clan. Parfait, vous allez en avoir besoin pour ce que je vais vous demander. »

Il prit encore quelques pas pour organiser son discours, puis présenta ses attentes à la jeune femme.

« Vous l'ignorez probablement, mais je suis depuis quelques temps le propriétaire d'un restaurant. Il est actuellement en cours de rénovation, car la façon dont l'ancien propriétaire l'a agencé ne correspond pas à mes propres attentes. Toutefois, comme il avait beaucoup de succès par le passé, j'ai tenu à laisser une trace de ce qu'il était. Celle-ci a prit la forme d'une maquette miniature en bois que j'ai fait réaliser par un sculpteur. C'est une œuvre d'art aux détails impressionnants, mais elle n'a aucune couleur, aussi je cherche quelqu'un pour la peindre. Quelqu'un de suffisamment talentueux pour rendre justice à la qualité du travail de son créateur, et respecter les détails qu'il est parvenu à reproduire à la perfection. Pour cela, je me suis naturellement tourné vers le clan Hyo. Il suffit de voir les peintures qu'un membre de votre Famille a dessiné pour décorer le Temple de Kyubi lorsque ce dernier a été reconstruit pour savoir que si l'on espère le meilleur en terme d'art, c'est vers vous qu'il faut se tourner. D'où ma présence ici, et la question qui suit : seriez-vous intéressée par mon projet de peindre cette maquette ? Ce sera rémunéré à la hauteur des efforts fournis, bien entendu.»

Il lui accorda quelques secondes pour digérer l'information.

« J'ai décidé de me tourner vers vous, en me disant d'une part que cela pourrait vous intéresser, et de l'autre que vous avez peut-être le niveau et les capacités de satisfaire mes attentes. Bien entendu, vous n'êtes pas obligée d'accepter, et si vous le faites, j'aimerai vraiment que la rémunération ne soit pas la seule source qui vous motive à le faire. Par expérience, je sais que les résultats sont toujours meilleurs lorsque c'est abordé comme un défi que l'on va relever en y prenant plaisir plutôt que comme une besogne accomplie seulement parce qu'elle doit l'être. Et je ne n'attends pas moins que le meilleur, justement. »

Lorsqu'ils arrivèrent devant le restaurant, Natsuki lui indiqua la porte d'entrée, et l'invita à pénétrer à l'intérieur à sa suite. La grande salle du restaurant était vide, et seul le bruit des travaux situés dans les sous-sols résonnèrent doucement à leurs oreilles.

« Je vais vous montrer ce sur quoi vous allez travailler si vous acceptez mon offre. »

Natsuki avança jusqu'au centre, un espace volontairement dégagé de tables ou d'ameublements. Il attrapa dans l'une des poches internes de sa veste une enveloppe, qu'il ouvrit pour en sortir une feuille marquée d'un sceau. Posée à terre, il composa deux simples mudras qui firent réagir la technique de stockage. Émergea alors dans un petit nuage de fumée blanche la miniature du restaurant. Cette dernière, toute en bois et avec une finition du détail minutieuse, atteignait les deux mètres de haut, et n'avait pas de façade avant, de sorte à permettre de voir l'intérieur de la pagode avec ses différents étages. Du second sous-sol au deuxième étage, l'on retrouvait donc dans l'ordre la salle des fêtes, la cave à vin, le restaurant principal, le restaurant secondaire et le restaurant tertiaire. Les figurines, rangées ailleurs, ne figuraient pas avec.

« Je cherche au niveau de la peinture un rendu proche de la réalité, autant dire que la barre de mes exigences est fixée haute. » dit-il après avoir laissé à la jeune femme le temps d'observer la maquette. « Alors, est-ce que vous vous sentez à la hauteur pour le projet ? »

Natsuki la sentait capable, pour ce qu'il en avait vu au cours de la leçon particulière qu'il lui avait donné il y a quelques temps, mais la véritable question était : s'en sentait-elle capable elle ?

Une fois que je me suis retrouvée dehors, Natsuki me dit qu'il aurait préféré entrer. Merde, mes bonnes manières, il ne faut pas que je devienne comme ces traîtres du Shoraizen, jamais je ne deviendrais comme eux.

"Excusez-moi, je me suis emportée."

C'est les seuls mots que j'ai trouvés pour m'excuser envers le Nara. Il m'invite à le suivre jusqu'à son restaurant et m'explique ce qu'il attend de moi. Il est depuis peu propriétaire d'un restaurant et est en pleine rénovation, il a décidé de garder un souvenir de l'ancien restaurant en faisant construire une maquette du restaurant et mon travail doit être de peindre. Il exige l'excellence et ne se trompe pas de porte, sans vouloir me vanter je suis une des meilleures du clan en terme de peinture.

"Vous ne vous êtes pas trompé de portes, je suis la fille qu'il vous faut. Et sans vouloir me vanter je suis l'une des meilleures de mon clan. Et j'en suis d'autant plus flattée que vous ne vous êtes pas tourné vers les traîtres du Shoraizen, ceux-ci s'essayent encore aux arts, mais leur art à perdu son âme. Leurs dessins ont vide de sens et n'inspire rien et ne donne pas le sentiment de vie qu'Hyô doit réaliser lorsqu'il peint."

L'auto gratification fait du bien à l'ego, personne ne dira le contraire et le sentiment est même encore plus fort lorsqu'on peut dire du mal des traîtres, ces sous hommes. Lorsque nous arrivons à sa propriété, Natsuki me fait rentrer et se dirige au centre de la pièce afin de libérer d'un sceau la sculpture. Celle-ci est beaucoup plus imposante que je le pensais, mais cela ne me fait pas peur. Je vais devoir commencer par le toit, je préfère travailler dans ce sens, de cette façon si un accident arrive il est plus facile de réparer la faute, comme une coulure ou un coup de pinceau mal placé.

Natsuki m'explique et me dis qu'est-ce qu'est chaque étage. Il y a trois restaurants ici ? Une cave à vin ainsi qu'une salle des fêtes. C'est bien plus grand que je le pensais, mais cela donne encore plus de piment au défi.

"Bien sûr que j'accepte, mais j'ai quelques questions, avez-vous des vieilles photos ou d'anciennes peintures représentant l'établissement ? Et qu'en est-il des délais ?"

J'attends les réponses avec impatience, de plus les photos seraient très utiles, Natsuki veut la réalité, il l'aura.

Natsuki afficha un sourire en coin. Midori semblait bien plus enjouée et dynamique que la fois où il l'avait entrainé. Comme quoi, il suffisait de lancer quelqu'un dans le domaine qui lui tient à cœur pour obtenir une motivation et et un engouement des plus appréciables. Il lu dans le regard de la jeune femme qu'elle avait rapidement analysé de l'oeil de l'expert l'ampleur de la tâche, déterminé sa difficulté, et s'était assurée qu'elle avait les capacités de répondre aux attentes demandées. Il n'en attendait pas moins d'elle. Il hocha alors la tête.

« Oui, j'ai tout ce qu'il vous faut. Sachez toutefois que le second sous-sol est actuellement en travaux déjà, aussi il faudra vous contenter des photographies pour en peindre les détails selon ce qu'il était avant. Pour le reste, vous aurez libre accès à l'ensemble de l'établissement. »

Comme il avait initialement prévu d'exposer son projet à la Hyo chez elle, il avait emporté tout le nécessaire sur lui. C'est donc de la même manière qu'il avait fait apparaître sa pagode miniature qu'il appela à lui l'album photo. Un gros classeur se matérialisa sur la table, et Natsuki invita la jeune femme à venir le voir de plus près.

« A l'origine, c'est un album photo que tenait l'un des employés de l'établissement. Y figurent dedans des clichés prit au cours des différents événements qui se sont organisés ici. Sur la première page par exemple, vous pouvez voir l'équipe au complète lors de l'ouverture officielle de l'Arrêt au Porc. Ici une soirée déguisée en personnages fictifs s'étant déroulée au second sous-sol etc... » expliqua-t-il en parcourant brièvement les pages. « J'ai prit la liberté de l'étoffer avec des clichés certes moins festifs, mais qui vous renseigneront davantage sur ce que vous avez besoin d'avoir comme références pour les couleurs de la maquette. Ce sont sur les dernières pages que vous trouverez les photos qui montrent les murs et leurs décorations, le mobilier en détails, la tenue du personnel de l'établissement sous plusieurs angles etc... Bref, tout le nécessaire qui vous évitera des allers-retours entre votre atelier et le restaurant. Mais si vous préférez peindre la maquette ici, afin de vous imprégner au mieux de l'établissement, je n'y vois pas d’inconvénient : je vous aménagerai un espace au premier étage pour se faire. »

Il laissa Midori feuilleter encore un peu l'album, puis passa à la suite.

« J'avais peur de vous effrayer avec un projet de grande envergure, aussi je n'ai pas tout déballer tout de suite. Mais comme vous m'apparaissez comme motivée et parée à relever le défi, il y a autre chose que vous devez savoir. »

Le troisième et dernier sceau de stockage que Natsuki avait emporté avec lui s'activa sur le sol, et invoqua le grand coffre qu'il contenait. A l'intérieur, de nombreuses figurines de bois elles aussi richement détaillées y étaient rangées dans des supports pour qu'elles ne s'abiment pas. Elles représentaient des membres du personnels dans différentes positions, mais aussi des clients.

« Il y a aussi des ces figurines à peindre, lesquelles apportent vie et dynamisme à la pagode. »

Natsuki en attrapa une, celle d'un serveur en train de verser du vin dans un verre.

« Vous remarquez qu'elle est si détaillée qu'il ne manque que la couleur pour pouvoir lire l'étiquette qui figure sur la bouteille qu'il tient – à condition d'avoir de bons yeux. Et c'est, dans un ordre d'idée, le niveau de détails que j'attends que vous réalisez pour l'ensemble de la pagode. »

Il se tira une chaise, et prit place à la table la plus proche.

« Concernant les délais, je ne veux pas vous mettre la pression. C'est un travail de longue haleine, qui nécessite minutie et application. En cela, vous avez jusqu'à la réouverture du restaurant, qui aura lieu dans environ trois mois. Et si cela peut avoir une incidence sur votre travail, sachez que les rénovations de la salle du restaurant, c'est-à-dire cet étage, débuteront dans un mois. Voici maintenant ce que je suis prêt à débourser pour un travail satisfaisant de votre part. »

Natsuki griffonna un montant avec plusieurs zéro derrière le premier chiffre, avant de le montrer à la concernée.

« Si vous acceptez toujours de vous occuper de ma pagode en pleine connaissance de cause de tout ce que je vous ai exposé, je vous signe un chèque aussi correspondant à dix pourcent de cette somme pour couvrir vos frais de fournitures. Qu'en dites-vous, c'est dans vos cordes ? »

Tout avait été dit, Natsuki n'attendait désormais plus qu'une réponse.

J'écoute avec attention Natsuki qui m'explique avec passion les diverses photos et détails que nous pouvons trouver dans le restaurant. Par chance il a pensé aux photos, dans le cas contraire il m'aurait été très compliqué de réaliser une maquette digne de la réalité. J'allais commencer à feuilleter les photos lorsque le Nara, voyant que je n'ai pas pris peur et que je suis motivée me montre un nouveau sceau, dans celui-ci se trouve une boite, boite remplie de figurine de clients comme de serveurs, cuisinier. Je vais donc devoir peindre encore celles-ci, je n'y vois pas d'inconvénient.

Il se saisit d'une figurine pour m'expliquer le niveau de détail qu'il exige pour cet exercice, il ne sera vraiment pas de tout repos, mais ce n'est pas pour ceci que je suis là aujourd'hui ?

"La vie, vous voulez que cette maquette soit vivante. Très bien." Dis-je au Nara en souriant.

Suite aux présentations des personnages, Natsuki me parle des délais, quelque chose de très intéressant, je n'ai "que" trois mois. Cela va m'obliger à me dépasser pour la réalisation de cet ouvrage et je vais y arriver, je n'abandonne pas face à un délai.

"Vous êtes le Maître d'Ouvrage et moi l'artisan. Nous allons devoir travailler ensemble et de concert pendant trois mois et cela ne me fait pas peur. Cependant, je vous demande quelque chose." Je marque une petite pause avant de reprendre. "Si quelque chose ne vous convient pas, un détail, un visage, un mélange de couleur, dites le moi TOUT DE SUITE, j'insiste réellement sur le tout de suite. Tant que nous n'attendons pas trop longtemps une modification est possible, si la peinture est sèche et que nous modifions celle-ci il y aura des couches en plus et cela aura pour effet de déformer la maquette ou les figurines par exemple. On est bien d'accord ?"

Je me surprends à donner des ordres à Natsuki. Nous ne sommes pas en missions ou en entraînement, nous allons devoir travailler ensemble alors c'est mon droit. Dernier sujet avant de commencer les choses sérieuses, il souhaite me rémunérer, je n'y ai aucune objection, je vais organiser mon atelier ici, c'est cela, à mon avis, le vrai dernier sujet.

"Je vais accepter votre offre, ne vous inquiétez pas. Je vais installer mon atelier ici le premier mois. Je n'ai pas d'atelier à la maison, nous avons un atelier et les membres de ma famille risqueraient de me déranger dans mon travail et ma chambre est bien trop petite."

Voilà. Nous allons commencer ce travail de maître ensemble.