Avant de tuer mon prisonnier, je réussis à obtenir suffisamment d’informations pour traquer le responsable de tout ceci. En concertation avec Karyuudo, nos décidâmes d’attendre avant d’agir, nous savions que nous avions peut-être affaire à quelqu’un de plus gros que prévu et nous ne voulions pas nous faire avoir à cause de notre précipitation. Nous n’étions pas pressé, ils ne pouvaient pas tout savoir, presque personne n’était au courant. Même Enko Shigeru, à qui j’avais accordé ma confiance à ce sujet n’était pas en mesure de connaître toute la vérité, personne de vivant ne l’était. Je savais que je n’avais pas toujours effacé mes traces, que certains indices trainaient dans mon passé ou dans mes rapports. Jusqu’ici je n’avais jamais réellement pensé que ce secret pouvait intéressé quelqu’un à ce point. J’avais toujours été persuadé au fond de moi que ma rencontre avec Jinto n’était pas le fruit d’un mauvais hasard, mais je ne pouvais pas croire que tout ceci était connecté.

Apparement, Jinto n’était pas aussi solitaire qu’il semblait le faire croire. Je le voyais mal travailler en groupe, mais je ne pouvais pas non plus dire que je le connaissais bien. De toutes façons, il était mort donc la question de sa participation à un quelconque projet nous concernant n’avait pas lieu d’être. Je devais simplement garder l’hypothèse en tête, il pouvait quand même s’agir d’une piste intéressante si celle que je possédais me faisait défaut. J’avais effectivement une piste, une adresse donnée par mon prisonnier avant de mourir. Ma destination était Gashadokuro, la capitale économique du pays.

Contrairement à mon habitude, je ne préparai pas comme pour aller à la chasse, je n’étais pas en mission et je n’avais pour but de tuer une personne en particulier, je devais enquêter et cela nécessitait une approche différente. Laissant chez moi mon équipement habituel, j’en pris un tout particulier, que je n’avais pas utilisé depuis bien longtemps. Je ne pouvais pas être reconnu dans la tâche qui m’attendait et rien ne valait pour cela, mon ancienne apparence. Je n’avais pas de difficulté à la revêtir, des lentilles et une perruque faisaient parfaitement l’affaire.

Spoiler:

Avant de partir, je me regardai dans un miroir. Je fus surpris de ma propre apparence, me forçant à me demander quelle personne j’étais devenu, si j’étais toujours ce que j’avais devant moi ou si mon masque était ma nouvelle identité. Je ne pouvais pas le dire, sans un doute un mélange entre les deux. Une part de moi, plus cynique, était persuadée que je ne possédais plus réellement d’identité, que j’étais la personne que je devais être pour survivre ou réussir. Cela ne me dérangeait pas vraiment d’ailleurs, tant que Karyuudo était avec moi, mais les réponses à toutes ces questions m’échappaient, et cela, me dérangeait.

- Cela faisait bien longtemps que je ne t’avais pas vu comme cela !

- Tu sais bien que je ne dois utiliser ce stratagème qu’en cas d’urgence, autrement, je n’aurais plus aucun moyen de disparaître.

Sautant sur le dos de Karyuudo, nous partîmes en direction du nord du pays. Je n’avais rien à craindre des gardes du village, avec notre altitude et mes techniques de camouflage, je pouvais me permettre de sortir du village sans attirer l’attention sur moi. Nous ne pouvions pas voler comme cela sur tout le trajet, mais cela suffisait bien amplement pour nous éloigner suffisamment de tout témoin gênant.

Il nous fallut plusieurs jours pour atteindre notre destination. Nous n’étions pas pressés et je ne voulais pas fatiguer Karyuudo plus que nécessaire. De plus, avec l’examen chuunin qui se déroulait à Suna, une bonne partie du village n’était pas présente, c’était le moment idéal pour partir sans se faire remarquer. Certains auraient pu dire que c’était justement un mauvais moment, mais je savais qu’en cas de problème au village, je ne faisais pas partie des personnes capables de les résoudre. Ce n’était pas que je dénigrais l’importance du village à mes yeux, mais cette affaire était prioritaire, j’avais suffisamment attendu. Avant d’arriver en ville, il y avait encore un problème que nous devions régler, enfin, il s’agissait plutôt de mon problème.

A quelques centaines de mètres seulement de la ville, au bord d’un ravin avec un panorama sur la ville, je m’arrêtai, me tournant vers Karyuudo.

- Bon, écoute, tu ne vas pas aimer ce que je vais te dire…

- Non, je m’en doutais, il s’agit de la ville la plus peuplée du pays, je ne peux pas me faire remarquer, surtout maintenant.

- Je suis content que tu le prennes bien.

- Je ne le prends pas bien, mais je sais que je n’ai pas d’autres choix. Par contre, je te préviens, si je remarque le moindre problème, je viendrai. En attendant, je vais aller chasser.

- Tout ira bien pour moi, mais fait attention à toi.

Aussitôt la conversation terminée, il s’envola, disparaissant dans le ciel. Me retrouvant ainsi seul dans les montagnes, je pris la direction de Gashadokuro. Je n’étais jamais venu auparavant, je décidai donc de faire d’abord le tour de la ville avant de commencer mes investigations. Comme la discrétion était de mise, je me voyais forcé de camoufler mon chakra, pour ne pas attirer l’attention de possibles ninjas senseurs comme moi. Je n’avais pas besoin de le camoufler entièrement, ce qui paraitrait suspect à toute personne le remarquant, mon objectif n’était que de me mêler à la foule.

Il me fallu ainsi quelques heures, avec un bon rythme, pour parcourir les rues principales de la ville. J’avais repéré le bâtiment à l’adresse que j’avais obtenue, il n’était pas comme je me l’imaginais. J’avais beau l’avoir inspecté, rien ne semblait le différencier des autres. Ce n’était pas vraiment étonnant, mais c’était un indice en moins. Après, il me fallut choisir ma façon d’agir, je pouvais me risquer d’entrer directement dans le bâtiment, mais mon instinct me disait qu’il valait mieux me préparer avant de foncer. Alors, comme il faisait déjà nuit et que je commençais à avoir faim, je me dirigeai vers une taverne.

Lorsque j’entrai à l’intérieur, je remarquai aussitôt une bonne ambiance festive à l’intérieur. C’était parfait, grâce à l’alcool, je pouvais faire parler presque tout le monde sans me faire remarquer. Évidement, l’alcool n’était pas pour moi, je n’avais rien contre un verre, mais je ne me permettais pas de boire en mission. Je passai donc la nuit à aller de table en table pour discuter avec un peu tout le monde. Malheureusement, aucun client n’avait eu de réponse intéressante pour moi, par contre, je réussis à discuter avec le patron de l’établissement et celui-ci semblait en savoir bien plus qu’il ne semblait le faire croire. Toujours dans un soucis de discrétion, je n’essayai pas de creuser plus loin, enfin pas tout de suite. Je finis par prendre une chambre dans cette taverne pour y passer la nuit.

- Cela fait à peine plus d’un an que je me suis installé dans cette ville en rachetant cette taverne. À peine quelques jours après, un homme est venu me voir en disant qu’il voulait juste discuter. Il avait emmener avec lui une mallette remplie d’argent qui m’était destinée. Il me proposa donc cet argent contre une seule chose, que j’ignore totalement ses agissements au bâtiment d’en face. Le lendemain, je me rendis immédiatement à la police pour les signaler mais aucun d’entre eux ne voulait m’écouter. Le soir-même, je me retrouvai dans un salle obscure où une homme masqué me frappa pendant des heures pour me faire comprendre mon erreur.

Je rangeai alors mon arme, je compris que l’homme n’avait rien à voir avec eux et qu’il avait déjà bien souffert de leur présence. Cela m’embêtait de le forcer ainsi à m’aider après ce qu’il avait vécu, mais je n’avais pas vraiment d’autre choix.

- Écoutez, je suis désolé de ce qu’il s’est passé, mais je dois absolument savoir ce qu’il se passe à l’intérieur.

- Vous ne comprenez pas, depuis cette nuit-là, je n’ose même plus regarder dans la direction du bâtiment. Je n’ai aucune idée de ce qu’il s’y passe et malgré cela, s’ils apprenaient que je vous ai parlé d’eux, ils me tueront. Mais vous pouvez vous rendre invisible, pourquoi vous n’allez pas voir vous-même à l’intérieur ?

- Vous avez raison, je suis désolé de vous avoir menacé ainsi. Mais vous n’avez pas à vous inquiéter, vos problèmes de voisinage seront bientôt terminés.

Sur ces mots, je quittai la pièce pour rejoindre ma chambre. Mon chakra avait été considérablement épuisé par ma technique de camouflage, j’avais besoin de me reposer un peu si je voulais infiltrer le bâtiment, en plus, le patron de la taverne risquait fort de venir dans ma chambre pour vérifier que j’allais bien. C’était une petite astuce que j’avais eue pour qu’il ne fasse pas le lien entre celui qui l’avait interroger la nuit et celui qui lui avait posé les mêmes questions la journée. Comme je m’y attendais, je fus réveillé quelques minutes plus tard par l’homme qui entra dans ma chambre avant de repartir rassuré juste après.

Le lendemain matin, je payai mon dû au propriétaire qui me regarda d’un air inquiet. Il ne me parla pas de la veille, mais il me dit quand même de faire attention, que cette ville pouvait être dangereuse pour un jeune comme moi. Cela me rassura un peu sur les bonnes intentions de ce pauvre homme qui s’était retrouvé dans une situation qui le dépassait.

Ce que j’avais appris ne m’arrangeait pas vraiment, j’avais eu la confirmation que ce bâtiment abritait des occupations pas très claires, mais je n’étais pas vraiment plus avancé. Ce dont je pouvais être sûr, c’était que les personnes impliquées n’hésitaient pas à utiliser des moyens violents pour garder leur secret. Ce qu’il m’avait dit à propos de la réaction de la police attisa également ma curiosité, pour une affaire comme celle-ci, il était peu probable que cela ne les avait pas intéressé. J’en conclus donc qu’ils étaient de mèches, mais ce n’était pas mon problème. S’agissait-il de pots de vins ou étaient-ils vraiment liés ? Cela ne changeait rien à mon objectif. Il me fallait donc entrer dans ce bâtiment, mais comme je ne savais pas ce que j’allais y trouver, la plus grande discrétion était de mise. Je ne pouvais pas me contenter de foncer tête baissée à l’intérieur, je devais observer les allées et venues de ses occupants avant.

Au bout de quelques heures d’observation, je compris que cela ne me menait nulle part. Je pouvais ressentir les sources de chakra à l’intérieur se déplacer et quelques personnes étaient entrées à l’intérieur, mais personne n’était sortit. Je pouvais attendre avant d’agir, mais Karyuudo m’attendait et je ne voulais pas qu’il s’inquiète. J’avais trouvé un moyen d’entrer discrètement, je ne pouvais pas être sûr que cela allait fonctionner, je ne pouvais pas savoir s’il n’y avait pas de shinobi sensoriel susceptible de me repérer. J’avais l’habitude de cela, mais il y avait un problème plus grand, je n’avais pas de réel objectif. Je voulais en savoir plus sur leurs activités et surtout sur ce qu’ils savaient sur moi, mais je ne pouvais pas me contenter d’entrer dans le bâtiment pour interroger quelqu’un. Je n’avais pas le temps de développer une couverture non plus, il me fallait donc trouver un moyen plus efficace.

Je me rendis tout d’abord sur le toit du bâtiment, j’avais bien fait attention aux déplacement des sources de chakra à l’intérieur et aucune d’entre elles ne s’étaient rendues de la journée dans ce qui semblait être le dernier étage du bâtiment. Évidemment, comme je n’étais pas resté en planque pendant plus d’une journée, il m’était impossible de deviner avec précision le comportement des individus susceptibles de me déranger dans ma mission. Une fois sur le toit, il n’y avait qu’un seul accès vers l’intérieur, il s’agissait d’une trappe qui s’ouvrait de l’intérieur. Cela ne m’arrangeait pas vraiment, mais ce n’était pas une grande difficulté non plus. Briser la trappe pour entrer était un jeu d’enfant mais je devais rester discret.

Grâce à un Kunaï, je réussis à briser le verrou qui bloquait la trappe sans trop faire de bruit avant de me glisser à l’intérieur. Comme je l’envisageais, je me retrouvai seul dans une grande pièce qui semblait servir d’entrepôt. Il n’y avait que grande quantité de boîtes de différentes tailles. Celles que j’ouvris contenaient étaient remplies de papiers divers. La plupart d’entre eux étaient des rapports d’expériences médicales. Au fur et à mesure que je parcourais les dossiers que j’avais sous les yeux, je comprenais les activités du groupe qui se trouvait ici. Ils menaient des expériences sur les animaux particuliers et plus rarement, sur des humains. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser aux expériences que Jinto avaient effectuées sur moi. J’avais au moins compris pourquoi ils avaient capturé Karyuudo. La simple idée de ce qu’ils auraient pu lui faire me fit froid dans le dos.

Je me retrouvais face à un problème qui découlait directement de mon impatience, comme je n’avais pas pris suffisamment de temps pour réfléchir à mon plan d’action, je ne savais pas vraiment quoi faire. Si j’avais écouté mon instinct, cela aurait fini en bain de sang et je n’étais pas sûr que le mien n’aurait pas été mêlé à celui des autres. Mon objectif principal était de supprimer les informations me concernant, mais si je pouvais également mettre un terme à leurs activités, je n’allais pas me gêner. Tant que personne ne décidait de monter à cet étage, j’avais le temps de fouiller tous les dossiers à la recherche du mien.

Ainsi, pendant des heures, ce qui était beaucoup plus long que ce à quoi je m’attendais, je parcourrai les boîtes une par une. J’avais vécu suffisamment de choses pour ne plus être choqué par la nature humaine, mais ce que je lus était indescriptible. Les personnes responsables de tout ceci n’avaient plus rien d’humain et plus le temps passait, plus je me sentais obligé de les empêcher de nuire à nouveau.

Je n’avais jamais imaginé pouvoir avoir autant de temps pour fouiller tous ces dossiers. La nuit allait bientôt tomber lorsque je tombai sur un rapport concernant un aigle. Il ne me fallut pas longtemps ensuite pour me rendre compte qu’il s’agissait de Karyuudo. Évidement, il n’y avait pas d’information concernant une quelconque expérience pratiquée sur lui. Je parcourrais le rapport lorsque je lus un nom qui me fit me rendre compte de la gravité de la situation. Ce nom se trouvait en bas de page, il indiquait que la personne qui avait rapporté ces informations n’était autre que Jinto. Je n’en revenais pas, même si cela me semblait assez logique, il était devenu pour moi qu’un fantôme de mon passé et il revenait pour me hanter.

Je ne craignais pas réellement qu’il revienne dans ma vie, étant donné que Karyuudo m’avait affirmé qu’il était mort, mais s’il avait travaillé avec ces gens-là, qui pouvait savoir ce qu’il avait bien pu leur dire à mon propos. Sur le verso du rapport, il y avait un numéro d’inscrit et comme j’avais passé des heures à fouiller dans cet étage, je compris rapidement qu’il s’agissait d’un numéro de boîte. Je me mis donc à chercher la boîte en question, que je trouvai de l’autre côté de la pièce. À peine eus-je le temps de l’ouvrir que j’aperçus une photo de moi. Elle n’était pas récente, elle datait environ de la période où je l’avais rencontré. J’avais bien changé depuis et même si avec mon déguisement, je ressemblais presque parfaitement à la photo, sans celui-ci, il était presque impossible de me reconnaître. Ce fut à ce moment-là que je me rendis compte que revêtir mon ancienne apparence n’était peut-être pas la meilleure des idées, évidement, il m’était nécessaire de me camoufler, mais je leur donnais surtout l’occasion de me voir dans la seule apparence qu’ils connaissaient de moi.

Ce n’était pas vraiment le plus important pour le moment, il me fallait découvrir ce que mon dossier contenait. Celui de Karyuudo n’était pas très chargé, il y avait certaines informations dont j’appréciais la confidentialité mais rien n’était vital. En lisant le mien, je compris pourquoi, tout ce dont je craignais d’être révélé au grand jour se trouvait à l’intérieur. Tout ce que j’avais pu raconter à Jinto, sur ma vie, ma relation avec Karyuudo, mon séjour à Kumo, tout était retranscrit dans le moindre détail.

Alors que je le relisais une énième fois, j’entendis le bruit d’une porte qui s’ouvrait. Il me fallait prendre une décision sur la marche à suivre. Maintenant que j’avais la confirmation que les individus responsables de tout cela étaient, ou tout du moins, travaillaient avec des shinobis, je ne pouvais qu’imaginer que certains d’entre eux se trouvaient actuellement dans ce bâtiment. Donc, même si l’envie ne m’en manquait pas après tout ce que j’avais lu, je ne pouvais pas faire couler le sang de tout le monde cette fois-ci. Je ne pouvais pas vraiment savoir si mon niveau actuel était supérieur à celui que possédait Jinto lorsque je le rencontrai, mais si plusieurs personnes de son niveau se trouvaient ici, je n’avais aucune chance de les affronter tous et d’en ressortir vivant. La mort n’aurait d’ailleurs pas été la pire chose qui pouvait m’arriver dans cet établissement de psychopathe.

Utilisant une technique de camouflage visuel, je me précipitai vers l’individu qui m’avait interrompu et l’exécutai sans qu’il eut le temps de réagir. Je fouillai alors dans mes affaires pour en sortir tous les parchemins explosifs que je possédais. Si je ne pouvais pas tuer tout le monde, je pouvais au moins leur faire perdre des années de recherches. Ce fut donc dans une grande explosion que je partis. Sans me retourner, je me dirigeai immédiatement à la sortie de la ville, où Karyuudo, alerté par l’explosion, m’attendait.

- Vite, partons, on risque d’avoir de gros problèmes si on tarde ici, je t’expliquerai tout en chemin !