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Les incendies ne sont pas vraiment une chose courante à Suna. Notamment car il y a peu voir pas du tout de forêts et que le sable est l'ennemi naturel du feu. Mais dans un village aussi grand que celui-ci il y a toujours des inconscients pour laisser une bougie trop près d'un rideau ou une autre chose aisément inflammable. Mais une ois que les flammes se sont déclarées et pour peu qu'elles ne soient pas rapidement maîtrisées les choses prennent souvent une tournure désagréable...

En temps normal je n'aurais pas fait l'effort d'aller apporter mon aide aux autres shinobis et habitants. Mais cette fois le quartier Kawaguchi est menacé et je suis donc de la partie. Être tiré de son lit à trois heures du matin et à peine quelques minutes après avoir fermé les yeux n'est pas une expérience de plus agréables. Et les quelques bières que j'ai bues ce soir n'arrangent pas les choses. C'est à moitié habillé, les yeux encore collés et les pieds nus que je me retrouve ainsi sur la place qui sépare notre quartier de celui des Saibogu et du centre-ville (cf. carte en HRP). Peut-être est-ce l'un de ces inventeurs fous qui est à l'origine des flammes? Ce ne serait guère étonnant...

*On peut toujours compter sur eux pour foutre le bordel!* je soupire en observant autours de moi. *S'ils veulent s'immoler qu'ils le fassent sans nous impliquer...*

La tour de garde est en flamme et menace de s'écrouler. Et la fumée devient rapidement étouffante tout comme la température qui surpasse de beaucoup celle du jour. J'ai l'impression de sentir ma peau s'assécher d'instants en instants. Je lève un bras pour me protéger de la fournaise et recule de quelques pas. La construction militaire menace de s'effondrer à tout instant. Soit du côté Saibogu, soit du côté Kawaguchi. Autant la première option est réjouissante, autant la seconde m'inquiète au plus haut point.

Je balance ma clope mal roulée et me passe une main sur le visage. Dans le doute je dois agir! Je rejoints un membre de mon clan et effectue quelques mudras pour soulever des volutes de sables qui tournoient autours de moi avec l'élégance d'un vol d'oiseau. Puis un geste en direction de la tour les envoie s'y écraser. Les flammes protestent et les plus faibles sont étouffées par cet apport de silicium en poudre. Mais ce n'est guère suffisant...

Une bâtisse proche du centre-ville s'écroule, dévorée de l'intérieur par les flammes. Une pluie lumineuse s'élève ensuite dans les airs telles des brindilles luminescentes qui finissent par être happées par l'obscurité. On arrivera jamais à contenir cet incendie vu le peu de monde qu'il y a déjà sur place. Pourtant il faut le contenir avant qu'il prenne de l'ampleur. Je n'ai rien contre l'idée de voir Suna brûler mais j'aimerais autant que les Kawaguchi soient épargnées. Et même si on arrive à évacuer le plus grand nombre il y aura forcément des morts en l'état actuel des choses...

- "Il va nous falloir de l'aide. Et vite!" je tourne le regard vers mon cousin. "En attendant que les autres arrivent faisons ce qu'on peut pour limiter les dégâts!"

Je soulève cette fois-ci une vague de sable qui va s'écraser sur la façade d'une maison proche pour étouffer les flammes qui y prennent naissance. J'espère qu'on pourra rapidement compter sur des renforts...

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Les renforts commencent peu à peu à arriver mais l'incendie de la tour continue de se propager malgré nos efforts conjoints. Le vent - chose plutôt rare à Suna - a décidé d'entrer en scène et ses courants franchissent la cuvette que forme le village pour attiser les flammes déjà puissantes. La température ne fait qu'augmenter et pousse les défenseurs à reculer au fur et à mesure. Et pour ne rien arranger des rapports indiquent que le feu s'est propagé de quelques rues en direction du centre-ville. Ce qui nous force à diviser nos forces. Et cette fois ce n'est pas pour mieux régner!

Quelques Yamada - qu'ils les flammes les emporte! - profitent de leur étrange don pour combattre l'incendie au plus près tandis que des Saibogu - qu'ils crèvent! - se sont joints aux efforts à l'aide d'étranges machines propulsant de l'eau sous pression. Et même si ça m'ennuie de leur accorder un quelconque crédit il faut bien avouer que leurs inventions sont en l’occurrence plutôt efficaces. Les Akuzu - qu'ils y passent eux aussi! - apportent rapidement des seaux d'eau à la population civile en allongeant leurs membres et relier ainsi plus aisément les points d'eau du village. Pour finir on peut compter sur l'apport des marionnettistes - qu'ils s'étouffent! - et de leurs pantins pour aller récupérer les personnes prisonnières des flammes. Mais pour l'instant il ne me semble pas avoir vu la moindre trace écarlate dans les parages et je suppose que les Ketsueki - qu'ils se noient dans leur propre sang! - ne sont pas de la partie ou plutôt en train de s'occuper d'un autre quartier.

*Ou alors ils se terrent dans leurs manoirs. Les vampires ça a peur des flammes, non?*

J'aime les comparer avec ces créatures de fiction tant la réalité ne me semble pas si éloignée. Je m'amuse de cette pensée avant d'écraser une nouvelle vague de sable sur les flammes d'une maison qui vient de s'écrouler. Ces dernières protestent avant de mourir, privées de l'air nécessaire à leur survie. Je suis certain que l'incendie sera maîtrisé quand la majorité des forces shinobis de Suna entreront en action. Mais c'est le milieu de la nuit et il faudra sûrement attendre quelques minutes avant que la riposte soit efficace. Pour l'instant il s'agit de contenir notre ennemi incandescent et protéger ce qui peut l'être. Comme lors d'une bataille, il faudra faire des sacrifices. Certaines maisons ne passeront pas la nuit...

*Faisons en sorte qu'elles n'appartiennent pas à des Kawaguchi!*

Je commence à tourner les talons pour aller me poster un peu plus haut dans la rue quand des cris étouffés parviennent à mes oreilles. Mes yeux se posent sur une demeure adjacente à moitié écroulée et elle aussi menacée par les flammes. Je pose un mouchoir sur mon nez puis pénètre à l'intérieur. La fumée est déjà bien présente et limite fortement la visibilité. Mais j'arrive toutefois à trouver une gamine dont la jambe est écrasée par un morceau de métal. Un morceau de métal?

Je regarde autours de moi et le matériel présent indique clairement que c'est une famille Saibogu qui habite ici. Où sont les parents? Ça, mystère. Mais en dehors de nous je suis certain qu'il n'y a plus personne ici. J'observe l'enfant qui se met à présent à me supplier de l'aider mais je reste statique, en proie à un dilemme: elle fait parti d'un clan que j'ai juré de détruire mais ce n'est qu'une enfant. Je reste encore quelques secondes à hésiter jusqu'à ce que les flammes manifestent finalement leur présence, dansante sous le plafond comme un véritable océan orangé.

*Rappelle-toi: aucune exception! C'est une gosse mais elle reste une Saibogu!*

Oui... Elle deviendra grande et grossira les rangs de mes ennemis. Un enfant devient inévitablement un adulte si la vie ne se charge pas de lui reprendre son existence avant. Je la sauve aujourd'hui et je la combattrai demain. Je soupire et tourne les talons pour faire quelques pas. Les pleurs couplés aux suppliques de la petite me bloquent néanmoins dans mon élan.

*Putain mais qu'est-ce que tu fous?* je semble comme rattrapé par la réalité. *Peu importe ce qu'elle est, c'est avant tout une gamine. Une enfant, Kira! Tu vas la laisser brûler vive sans même lever le petit doigt?*

Je ne sais pas à quel moment ma haine m'a aveuglé au point de ne plus considérer un fait aussi évident que moral. C'est comme si je me reprenais une claque mentale qui manque de me faire chanceler tant j'ai honte de mon comportement. Je reviens vers l'enfant que les flammes commencent dangereusement à encercler et me baisse pour soulever la poutre métallique qui recouvre sa jambe. Que c'est lourd! Beaucoup trop lourd! Je serre les dents et ferme les yeux comme si ça pouvait m'apporter un quelconque surplus de force mais les faits sont là: l'obstacle est bien trop lourd pour moi!

Je commence à effectuer une série de mudras pour appeler à la rescousse le sable en dehors de la bâtisse mais une odeur de brûlé et des cris déchirant m'indiquent qu'il est déjà trop tard. Impuissant, je recule pour observer un spectacle qui restera sans doute gravé longtemps dans ma mémoire: le spectacle d'une gamine se faisant dévorer par les flammes. L'imagine d'une enfant que j'aurais pu sauver mais que j'ai tardé à aider. Je suis le responsable de ceci, celui à blâmer...

Je me force à détacher mon regard de cette scène aussi horrifiante que captivante et retourne à l'air libre tandis que dans mon dos la demeure s'écroule entièrement, envoyant valser en direction du ciel des flammes libérées de leur prison. Je fais quelques mètres puis me penche en avant, mains en appui sur mes genoux. Et je tente de reprendre mon souffle. Je ne sais pas si c'est ce qu'il vient de se passer ou simplement le manque d'oxygène qui écrase ma poitrine dans un étau invisible mais j'ai de la peine à calmer ma respiration.

Et pendant ce temps l'incendie continue de progresser même s'il commence à montrer des signes de faiblesse. À moins que ce ne soit simplement ses vaillants adversaires qui commencent à prendre le dessus. Ce combat de l'Homme contre la Nature n'autorisa qu'un seul gagnant...

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Mes pensées flottent entre les limbes de la réalité et j'ai l'impression d'être un spectateur lointain du spectacle fascinant qu'offre un incendie. Le pouvoir de destruction du feu est impressionnant, personne n'ira le contester. Mais les flammes sont aussi captivantes que merveilleuse. Il est si loisible de perdre son regard dans leurs danses irrégulières et d'oublier un instant leur potentiel de nuisance. Comment quelque chose d'aussi beau peut-il être si meurtrier?

Pourtant ce n'est pas cette magnifique vision qui me fait perdre pied avec la réalité mais bien celle, plus sombre, de cette gamine qui a fini dévorée par la faim insatiable de l'incendie. Je regrette amèrement mon choix et pourtant je sais bien qu'il est trop tard pour ça. Les regrets ne vous permettent pas d'avancer et vous attachent au passé. Tout le monde le sait! Mais bien peu sont ceux qui arrivent à passer au-dessus de cette vérité si dure à combattre. Je ne souhaite pas être de ceux-là!

- "Kira? Bouge-toi bordel! C'est pas le moment de rêvasser!"

Je tourne le regard vers l'un de mes cousins qui a remarqué mon apathie. Il me saisit l'épaule et me secoue brièvement comme s'il tentait de me réveiller. Je réagis finalement et me redresse pour lui assurer que tout va bien. Et en effet, ce n'est guère le moment de se laisser noyer par des pensées négatives. Le feu reste menaçant et la tour de garde qui se situe entre les quartiers Kawaguchi, Saibogu et le centre-ville est sur le point de s'écrouler. Le métal qui la constitue a viré au rouge et tire maintenant sur le blanc incandescent. Et le peu de bois qui la constitue menace de rompre à tout instant.

*Merde!*

Je chasse l'image de la gamine et analyse en vitesse la situation. Elle va tomber, c'est certain! Ce n'est pas une question de si mais bien de quand. Et elle risque d'écraser plusieurs bâtiments dans sa chute. Plusieurs shinobis sont désormais sur place et s'organisent pour régler ce problème. Je me joints à eux et participe au débat. La plupart veulent la maintenir debout grâce à des piliers de roches. D'autres encore veulent la faire chuter sur la longueur de la rue. Idée rapidement balayée puisqu'elle compliquerait le travail des combattants du feu. Finalement c'est l'option numéro une qui est retenue et on se dispose en cercle autours de l'édifice condamné.

Je m'applique à sortir une main de roche de la rue et l'observe se refermer avec force sur l'un des flancs de la tour. Le métal proteste et ploie mais tient bon pour le moment. Mes camarades utilisent des techniques similaires pour soutenir ses autres côtés et on parvient finalement à la stabiliser. C'est peu esthétique mais ça a l'avantage d'être efficace. Quelques cris de joie ou d'encouragement couvrent un instant le fracas de l'incendie mais je n'arrive pas à me réjouir. On a gagné une bataille mais la guerre, elle, menace d'être bien plus dure à remporter...