Les recherches de Satochi dans les dossiers des Genin du village de Konoha avaient offert au Jônin deux noms, deux noms de deux potentiels membres de l’équipe qu’il était sur le point de fonder.
Le premier de ces deux nom fut Hayashi Jin, qui s’avéra être un manipulateur d’insecte et non un manipulateur du bois, le Genin ayant reçu les traits héréditaires du clan de sa mère et non de celui de son père.

Satochi avait choisi Jin pour des similitudes que lui-même avait déjà vécu, à savoir une longue période de dépression après un choc émotionnel troublant. Une situation de laquelle le brun était parvenu à sortir, il espérait ainsi partager ce vécu le Genin qui n’était plus tout jeune afin de pouvoir permettre à ce dernier d’enfin exploiter le potentiel qui était le sien.

La première rencontre fut musclée sur l’un des terrains d'entraînement réservés aux shinobis de la Feuille. En particulier à cause du caractère de l’Aburame. Mais finalement après un court bras de fer remporté par le Jônin, Jin avait finit par se confier et demander à ce que Sato’ l’aide à sortir de cette mauvaise passe. Une passe qui avait duré trop longtemps et qui empêchait tout simplement Jin d’avancer dans sa vie. Le Rakuzan avait naturellement accepté offrant ainsi à l’équipe Kiyomeru son premier membre.

Aburame Kei était le nom du deuxième potentiel que Satochi avait relevé. Un jeune garçon aux cheveux gris issu du même clan que Jin. Un jeune garçon ayant vécu des moments difficiles avec la perte de ses parents. Une épreuve lourde que le temps guérissait forcément, cependant Kei était un cas à part puisque son dossier indiquait qu'il avait passé près de quatre années à l’Hôpital pour un traitement contre une psychose maniaco-dépressive. Il avait été interné peu de temps après la disparition de sa mère tombée lors d'une mission. Le point commun, le fil conducteur qui avait poussé Satochi a relever ce nom ? L'année 7. Car c'est également lors de cette année que le Rakuzan perdit son père.
Aujourd'hui, Kei semblait aller bien et Sato' voulait offrir à ce jeune shinobi la chance d’œuvrer pour son village. Il le voulait au sein du Kiyomeru. Mais le jeune Aburame parviendrait-il à passer le test que le brun lui réservait ?

Le jour venait à peine de se lever sur Konoha, lorsque le Jônin commença à mettre en place les rouages de son plan.
Une fois ce dernier ficelé à sa sauce, il envoya une mystérieuse lettre signée d’un nom bizarre à destination du domicile de Kei. Ce dernier recevrait alors la lettre suivante.

J. a écrit:

Une chose concernant votre passé vous a été cachée, serez-vous à la hauteur de cette triste vérité ?
Ou bien continuerez-vous à vivre dans le mensonge, agissant pour le bien de ceux qui vous ronge ?

Réfléchissez-bien et lorsque vous serez prêt, venez me retrouver dans le Centre du Village, là où les bons appétits se régalent.

J.

Qu’allait-il faire à présent ?

NB:

Kei se levait paisiblement au domicile familial, sans avoir prévu quelque chose de particulier pour sa journée. Fermant soigneusement les paravents et les portes coulissantes de sa demeure afin que l’air chaud ambiant ne s’engouffre dans laquelle il vivait malheureusement seul depuis quelques temps, il s’adonna à sa routine quotidienne. Après avoir été cherché le courrier, il prenait simplement de quoi faire le thé dans la cuisine trop grande à son goût, et s’installait tranquillement dans le salon à genou, comme il était de coutume. En buvant son thé brûlant par lampées, il s’occupa d’ouvrir le courrier. Une seule chose était arrivée ce matin : une lettre manuscrite.

Envoyée par un certain « J. » dont l’identité lui était totalement inconnue, la lettre faisait part de deux énigmes. La première concernait quelque chose qu’on lui aurait caché concernant son passé, et la seconde faisait part d’un endroit où se donner rendez-vous afin de rencontrer ce fameux J. dont il ne savait rien.

L’Aburame n’était pas de nature espiègle. Néanmoins, cette lettre éveillait sa curiosité. Il ne savait pas où cet inconnu avait eu ses coordonnées, mais il ne devait sûrement pas s’agir de quelqu’un susceptible de menacer sa sécurité et encore moins celle de Konoha. Bien entendu, la première question qui le tourmenta, et l’objet principal de la lettre, faisait mention de son passé.

Afin de se mettre les idées au clair, il s’installa dans le jardin, où aucun autre bruit que celui des oiseaux et des insectes ne pouvait se faire entendre. S’asseyant en tailleur, il mit à brûler un bâtonnet d’encens et ferma les yeux, afin de réfléchir.
Qu’est-ce-que ce J pouvait bien savoir de son passé ? Lui-même en ignorait tout si ce n’est le carnet remis par l’ami de son père quelques semaines plus tôt. Il avait certes remarqué que des pages avaient été arrachées à l’intérieur, mais qu’est-ce que cela aurait-il pu cacher ? Il n’en savait rien, et réalisa qu’il serait peut-être temps d’en apprendre plus sur son passé.

Après tout, tout ce qui concernait cette lettre était une énigme. Kei se doutait qu’il ne pourrait pas trouver la réponse à sa question avant de rencontrer ce fameux J. Encore fallait-il trouver le lieu de rendez-vous, semblant être un restaurant ou une auberge.

Sur le chemin, il continua sa réflexion. Si ce J était au courant pour le passé de Kei, il n’était alors pas sans savoir que ce dernier n’avait plus de souvenirs hormis les quatre années vécues à l’hôpital et le savoir-vivre lié à l’éducation. Pendant qu’il se rendait au centre-ville, il se demanda si J n’attendait pas qu’il trouve la réponse avant de le trouver, auquel cas il ne devait pas faire en sorte de le rencontrer tout de suite au risque que la rencontre ne mène à rien. Mais après tout, cette rencontre allait-elle être bénéfique pour lui, puisqu’il ne savait rien de l’auteur de ce message.

Arrivé enfin dans le centre ville, il regarda attentivement autour de lui. « Un endroit où les bons appétits se régalent »… A part l’Arrêt du Porc qui était un restaurant tenu par la famille Akimichi, et la Coupe Enflammée qui était une auberge dans laquelle il n’avait pas eu l’occasion de résider suite à sa sortie de l’hopîtal, il ne voyait pas trop où aller.

S’asseyant sur une pierre plate dans une ruelle où seulement très peu de monde passait, il se dit que l’heure était de nouveau à la réflexion.

À travers les longues allées le Konoha, J avançait d'un pas tranquille en direction de son lieu de rendez-vous. Tout en espérant que le jeune garçon portant le nom d'Aburamen Kei serait en mesure de le retrouver.
La lettre qui lui avait été envoyée avait été vague d'un point de vue contenu, où le Rakuzan avait fait mention d'un secret gardé sous silence sur le passé trouble du jeune homme. Et d'autre part, le Jônin de Konoha était resté très vague sur le lieu où le dit Kei pourrait le retrouver sous le pseudo de "J". Toutefois, l'allusion était quand même frappante.

Un lieu, parlant d'appétit démesuré, un lieu de rencontre, cela ne pouvait être qu'un bar, un restaurant où une bâtisse de ce genre, ce qui en quelques sortes raccourcissait la liste des lieux potentiels pour la rencontre entre les deux shinobis.
Après un bon quart d'heure de marche, il arriva finalement devant l'immense restaurant l’Arrêt du Porc qui s'étalait sur plusieurs étages. Un restaurant tenu par un membre du clan Akimichi avec lequel, Sato' avait mené une mission par le passé.
On y mangeait de très bonnes variétés de viandes. D'ailleurs, le brun savait déjà ce qu'il choisirait alors que le soleil atteignait tout juste son zénith.

Curieux de voir si le jeune Aburame était présent, il défia la ruelle du regard jusqu'à ce que son regard se pose sur un jeune garçon aux cheveux gris. Il correspondait à la photo disposée sur le dossier du Genin. Et de par sa présence ici, il venait de réussir la première mini-épreuve nécessaire à l'entrée des premiers prospects du Kiyomeru.
Bien qu'une partie de l'énigme ne fût pas compliqué, Kei était parvenu à mettre le doigt sur ce qui était important et avait visé juste.

Désormais, il allait devoir se frotter à la deuxième partie du plan de recrutement de Sato', cette partie-là serait sans doute plus difficile à passer. D'autant plus que le jeune shinobi tout juste sortit de l'hôpital s'attendait à recevoir des informations sur son passé oublié. Pourrait-il surmonter ce challenge ? Et pour rendre cette épreuve plus difficile et pour rendre cela le plus discret possible, le Jônin avait totalement changé d'apparence pour cette occasion.

Il avait pris l'apparence d'un jeune garçon physiquement à peine plus vieux que Kei, il avait gardé ses cheveux bruns, mais, il les avait en ce jour bien plus court. Son visage restait fin et était recouvert en partie par les longues mèches de sa coiffure.
Comme vêtement, il présentait, une longue tenue rouge et dorée à laquelle s'ajoutait une sorte de longue toile blanche calait sur son épaule gauche.
Un Henge no jutsu parfaitement réalisé qui ne trahirait pas sa véritable identité auprès du restaurant où il était considéré bien plus qu'un habitué.

Le Jugement plongea son regard dans celui de Kei lorsque ces derniers se croisèrent. À cet instant, le jeune konohajin fit le rapprochement tandis que le Jônin s'invita à entrer dans le restaurant pour y trouver une table au tout denier étage, dans un recoin de la pièce, là où personne venait déjeuner habituellement. Les gens préféraient la foule et la pagaille du rez-de-chaussée. Mais pour un entretien si important, le calme était de coutume.
C'est donc assis à la table, qu'il s'installa, posa ses coudes contre la table, croisa ses doigts et déposa sa tête dessus comme pourraient le faire les plus fins politiciens. Son regard lui était rivé sur l'arrivée des escaliers où le jeune membre du clan Aburame allait vraisemblablement se montrer d'un instant à l'autre.

Près de l’Arrêt du Porc s’était finalement arrêté le jeune Aburame, sans pour autant être sûr qu’il soit le lieu du rendez-vous. Cependant, assis sur son rocher, il tentait de scruter les flux de chakra des passants, tentant de trouver une trace particulière qui pourrait l’aiguiller sur la présence, ou l’identité de son mystérieux futur interlocteur, J.

Ce fut après de longues minutes, qui lui parurent durer une éternité, qu’une présence se fit sentir, plus que les autres. Mais il ne comprit véritablement qu’il avait trouvé celui qu’il cherchait que quand il rencontra son regard. Le contact visuel fut bref mais suffisant pour faire comprendre aux deux partis qu’ils s’étaient en quelque sorte « reconnus ».

Celui qui semblait être J s’engouffra dans l’Arrêt du Porc. Kei se demandait toujours si c’était bien lui, mais au moins il avait senti quelque chose quand leurs regards s’étaient croisés. Après quelques instants sans se décider, il se leva, posa les pieds au sol, et entra aussi dans le restaurant. Point positif, il avait déjà réussi à deviner l’endroit du rendez-vous, mais n’avait toujours strictement aucune idée de ce pourquoi il avait été « convoqué ».

Scrutant discrètement les tables au rez-de-chaussée, où le brouhaha régnait plus qu’autre chose, il se décida à monter à l’étage, puisque sa cible avait apparemment choisi un espace plus tranquille pour discuter. Une fois les escaliers grimpés, il remarqua que J. était quasiment seul, puisque seule deux autres personnes se tenaient éloignées, et avaient apparemment préféré la tranquillité également. Il soutint le regard du jeune homme, habillé d’une façon particulière, avec un châle blanc tombant sur le côté et des teintes rouges et dorées. Ces longues mèches le rajeunissaient encore plus, et il pouvait presque paraître du même âge que l’Aburame. Pourtant, quelque chose dans son chakra paraissait trop puissant pour un simple shinobi de son âge. Soit il y avait mystère, soit ce jeune homme était un prodige, tout simplement.
Levant la tête avec calme, les sourcils joliment froncés, il s’adressa au garçon.

« Bonjour. »

Après une brève pause, il demanda sèchement :

« Êtes-vous donc J. ? Pour quelle raison m’avez-vous fait venir ici ? Que savez-vous sur moi que j'ignore ? »

Il était méfiant, presque froid, et se doutait que quelque chose clochait avec l’apparence de l’homme qui se tenait en face de lui. Il pouvait travailler pour les renseignements, pour une organisation secrète. Il espérait ne pas avoir une menace en face de lui, mais jusqu’à présent n’avait rien à se reprocher. Même si la première question relevait de la simple vérification, les suivantes étaient aussi sincères que soucieuses. Comment est-ce que quelqu’un comme lui, qui n’avait rien fait de significatif dans sa vie jusqu’à présent, à part avoir dépensé une partie de son héritage en soins psychiatriques, pouvait avoir attiré l’attention d’un homme dont il ne connaissait ni l’identité, ni les intentions ?

Comme il pouvait s'y attendre, la courte patience du Rakuzan fut récompensée lorsqu'il vit le jeune garçon apparaître au sommet des escaliers du restaurant de grillades.
L'étage était pratiquement désert, en ces lieux, les deux protagonistes auraient la paix et pourraient discuter librement sans craindre d'être dérangé.
Le jeune Aburame plongea et soutint son regard dans celui du Rakuzan dissimulé sous sa fausse apparence. Le garçon avait du cran et après un "Bonjour" net et franc, il n'hésita pas à lancer lui-même la discussion par une suite de questions.

Il était méfiant, cela se sentait et cela expliqué sans doute le ton presque glacial de sa jeune voix. Un trait de caractère intéressant, un plus pour n'importe lequel des shinobis de ce monde.
Toutefois, chaque chose avait son temps, Sato' comptait bien répondre à toutes ses questions, mais Kei devra s'armer de patience. Pour connaitre toutes les réponses à ses interrogations.
Premièrement, gardant son regard plongé dans celui de Kei, J laissa s'échapper ces quelques mots.

- Bonjour, assieds-toi.

Le ton n'était pas joyeux, mais pas étouffant non plus. Il soumettait dans le plus simple appareil cette proposition au jeune Genin avant poursuivre.

- Je suis bien J, mais tu peux m'appeler Jotaro.

Une fausse identité, mais cela faisait partie de toute cette petite mise en scène vivant à tester le jeune prospect du Clan Aburame.

- Je suis un Jônin de Konoha. J'ai appris que tu étais finalement sorti de l'hôpital et c'est précisément la raison pour laquelle j'ai organisé ce rendez-vous.

L'esprit de l'Aburame était à cet instant sûrement déjà en train d'imaginer une multitude d'hypothèses pour réponse à cela. Mais c'était en vain. Il ne pouvait pas savoir, car tout ce qui allait suivre était un canular. Un simple test psychologique qui serait sans doute éprouvant pour le jeune garçon, mais qui déciderait de sa potentielle entrée au sein du Kiyomeru.
Était-il prêt à cela ? Les réponses ne tarderaient pas à venir.

- J'ai désiré te rencontrer afin de te mettre en garde. Mais je voulais également te parler de ta mère...

Le suspens était long... Kei connaissait désormais, la réponse à sa deuxième question. La troisième arriva juste après.

- Ta mère n'a pas été tuée par accident lors d'une mission ajouta-t-il sèchement pour heurter le jeune homme. Elle a était assassinée et le meurtrier est présent, ici, dans cette pièce.

Un détail, qui justifiait un peu plus la raison pour laquelle, Satochi avait décidé de monter au quatrième étage. Là, où jamais personne ne venait déjeuner. Les réponses potentilles étaient donc aujourd'hui limitées à un infime quantité d'option. Kei s'il avait l'esprit vif, pensa sûrement que Jotaro était le meurtrier. La colère le gagnerait peut-être, mais avant que l'Aburame se prenne à faire le moindre geste. Le Jônin laissa son doigt pointer dans la direction... Kei.

Une nouvelle qui perturba sûrement, l'esprit du jeune garçon lui qui n'avait plus aucun souvenir de son passé. Cela pouvait sembler tyrannique. Mais c'était un moyen comme un autre pour Satochi d'évaluer les nerfs de son éventuel futur poulain.

- Tu es celui qui a tué ta mère lorsque tes insectes ont pris le dessus sur toi. Je suis celui qui a abrégé ses souffrances alors que son ventre était dévoré par tes monstres sanguinaires. Et c'est également moi qui ai appris cette triste nouvelle à ton père.

Voilà de quoi rendre confuses les pensées d'un jeune garçon. Voyons voir à présent ce qu'il avait à répondre. Voudrait-il en apprendre plus ? La curiosité du Rakuzan était à son comble.

Maintenant qu’il se trouvait en face de J., Kei n’avait plus le choix : il allait devoir faire quelque chose de particulier au cours de cet entretien, qui n’aurait pas subi toute cette mise en scène de la lettre mystérieuse, si c’était simplement retrouver un ancien ami en buvant du thé et mangeant au restaurant. Non. Tout ceci devait avoir un autre objectif, et Kei commençait à se demander s’il avait bien fait de venir, vu l’étrangeté du moment.

Après avoir confirmé son identité et précisé que J. signifiait Jotaro, il fut rassuré de pouvoir mettre un véritable nom sur le visage du protagoniste. C’est quand il informa l’Aburame qu’il était Jônin que Kei comprit pourquoi la signature de son chakra paraissait plus puissante que le commun des mortels. Il n’avait en effet pas affaire à n’importe qui.

Après une vague mise en garde, Jotaro évoqua enfin la raison de l’entretien, sa mère. A ce moment-là, Kei écarquilla les yeux. S’il résumait déjà ce qu’il savait sur le Jônin, celui-ci s’appelait Jotaro, connaissait sa mère et savait qu’il sortait depuis quelques semaines seulement de l’hôpital. Et lui ne connaissait que le nom et le grade de son interlocuteur, en tout logique. Encore eût-il fallu qu’il le connaisse… avant son amnésie.

Quelques secondes plus tard seulement, alors que le suspens en devenait vraiment pesant. Il apprit que le meurtrier auteur du dit « accident » était présent dans cette pièce. Immédiatement, il pensa se trouver en face de lui. Cependant, le dit meurtrier était Jônin de Konoha, comme sa mère l’était. Ceci ne pouvait être arrivé sans raison.

Ses hypothèses furent vite balayées par la vérité : c’était lui, le meurtrier. Il fut forcé de faire de suite plusieurs hypothèses dans sa tête. La première chose qui l’étonna fut qu’il ne ressenti ni haine ni compassion, ni même aucune émotion lors de l’annonce du « meurtre de sa mère ». La raison était sûrement qu’il ne se rappelait même pas son visage, son père défunt ayant pris le soin de rayer toute trace « physique » de sa mère au domicile familial. Il n’était pas encore ni assez gradé, ni assez expérimenté pour aller demander un accès aux archives pour consulter les trombinoscopes. Aucune image de sa mère ne lui vint donc en tête à ce moment. Toutefois, il n’arrivait pas à croire qu’il ait pu faire ça. D’autant plus que pendant que tout ceci se déroulait dans sa tête, Jotaro continuait son explication, lui précisant que ses insectes mêmes étaient en train de dévorer sa mère. L’image de ses ampulicidae se ruant sur une innocente le fit d’abord frémir, mais ceci s’arrêta vite puisqu’il n’était même pas capable de mettre un visage sur la dite victime.

Si Kei tentait de rapprocher cela du début de la conversation, J. était venu « le mettre en garde ». Soit il tentait de le mettre en garde contre lui-même, soit il le mettait en garde contre des potentielles forces de l’ordre qui viendraient l’arrêter pour meurtre. Décidément tout ceci était trop étrange pour être vrai de part en part.

Il s’était tu pendant quelques minutes, le temps de se remettre les idées en place. Il allait tenter de jouer au même jeu que son interlocuteur, et tenter de déceler un indice supplémentaire, puisqu’il ne pensait pas avoir pu tuer sa mère. Pourtant, il pouvait sembler logique de sombrer dans la folie comme il l’avait fait, tant il aimait sa mère. Une autre incohérence était l’âge du jeune homme en face de lui. Il était resté quatre années interné, et il en avait la preuve. Comment quelqu’un qui semblait aussi ne pas avoir plus de seize ans avait pu achever sa mère alors qu’il n’en avait que douze ? La balle était dans son camp.

« Admettons que ceci soit vrai » répondit Kei sèchement, « comment cela se fait-il que l’on me laisse courir les rues de Konoha depuis des semaines puisque que je suis un meurtrier ? »

Il fronça les sourcils et reprit :

« Non, non. Théoriquement, vous êtes la personne qui avez mis fin aux jours de ma mère. Et vous me paraissez jeune pour avoir accompli cette action il y a quatre ans. Mais soit. »

Il continua :

« Je ne sais pas quelle réaction vous attendez. Êtes-vous venu me mettre en garde contre moi-même ? Je ne me souviens plus de rien. J’ai passé les quatre dernières années à m’entraîner des heures chaque jour à avoir des idées claires, et garder le contrôle de ma conscience au maximum. Je n’ai aucune idée de ce que vous cherchez, mais je crains de ne pouvoir vous l’offrir. »

Il ne savait même pas quelle pouvait être l’issue de l’entretien, alors il essayait de rester neutre, tout en soutirant des informations au Jônin.

« Vous savez, quand je suis rentré chez moi, accompagné par un Nara tatoué ayant fait preuve de bienveillance à mon égard, je n’ai même pas reconnu ma maison. Je n’ai plus le souvenir de son visage, et ne ressens rien si ce n’est le besoin de savoir la vérité. On m’a dit qu’elle tout comme mon père avaient été des victimes de l’Embrasement Vert, dont je ne sais pas grand-chose non plus. Dites-moi ce que vous attendez de moi, je me doute bien que tout ceci a un but. »

Il avait été presque franc, au moins.

La nouvelle heurta le jeune garçon, néanmoins ce dernier ne broncha pas, il resta silencieux, l'air songeur. Avait-il des nerfs de fer, lui permettant de faire face à n'importe laquelle des nouvelles ? Ou bien son amnésie rendait difficile son auto-analyse ? Il était encore tôt pour le dire, mais les réponses de Satochi ne tarderaient pas à être dévoilées au grand jour. Ceci étant, le jeune Kei avait des ressources, elles étaient dévoilées dans ses paroles logiques et réfléchies.
Mais le jeune Aburame n'était pas encore au bout de ses surprises et "J" lui en réservais de belles. Et le jeune brun avait de quoi réponse aux questions présentées par son prospect.

- C'est assez simple en faite, le Rokudaime Hokage de l'époque, Myakudou Onpu était un shinobi clément, et avec mon témoignage comme preuve, il a été décidé que tu avais commis ce crime en dépit de ta propre volonté. Voilà ce qui explique que personne ne cherche à te capturer répondit-il alors que les sourcils de l’Aburame s’étaient froncés.

Il avait de la jugeote. Il se basait sur l’apparence physique du Rakuzan modifié pour en faire une approximation en années. De ce fait, il en conclu que le prénommé Jotaro était trop jeune pour avoir porté le dernier coup à la mère du Genin. Mais le concept de génie était-il inconnu de l’ancien amnésique ? Sato’ comptait bien tester les facultés de réflexions du jeune garçon.

- Il y a quatre ans comme tu dis, j’étais un Chûnin confirmé, ta mère était la Chef d’Équipe ce jour-là. J’ai passé mon examen Jônin trois mois après cet accident tragique. Un kunai tranchant la gorge d’une personne qu’il soit porté par un enfant de 12 ans où par un adulte ne change pas grand chose. Surtout si la dite personne est consentante.

Comment allait-il appréhender cet aspect-là ? Arriverait-il à trouver quelques choses à redire ?

- Je suis ici effectivement pour te mettre en garde. Contre toi-même, cela va de soit. Es-tu conscient de ce qu’une manque de contrôle de ta part pourrait engendrer ? Toi qui connais la vérité désormais. Es-tu certain de toujours vouloir être un shinobi de Konoha ? Et pourquoi ?

Encore et encore des questions. Pourtant, toutefois le dénouement était proche.
Sato’ avait volontairement oublié de parler de l’épisode du Nara raccompagnant le jeune Aburame chez lui. La raison était simple. La Nara en question Natsuki, était bien connue du Rakuzan et le Jônin de la Feuille connaissait déjà l’histoire de leur rencontre.

« Je vous demanderais de faire attention aux mots que vous employez en parlant de ma famille, que les actes aient été commis ou non. » s’emporta presque le jeune Genin face à la révélation supplémentaire qui lui venait d’être faite.

Genin ou non, Aburame ou non, famille défunte ou non, il était toujours question de respect dans la tête de Kei. Que l’amnésie lui ait fait oublié la plupart, voire la quasi-totalité de ses souvenirs était une chose, il n’avait oublié ni les valeurs, ni l’utilisation de son chakra. Mais ce qu’il venait de dire même, en coupant quasiment la parole au Jônin, n’était pas non plus une marque de respect, la hiérarchie pourtant lui suggérant en toute bonne foi de respecter ses supérieurs, quel que soit leur âge.

« Pardonnez mon impolitesse, je n’aurais pas dû ».

Après tout, il n’avait ni haussé le ton, ni même la voix. Il n’avait que mis en garde Jotaro qu’il n’appréciait pas que l’on parle comme ça de la mort apparemment tragique de sa mère.

Si Kei résumait sa situation mentalement, il aurait récupéré le carnet de son père à la sortie de son internement, dans lequel auraient été écrit des mensonges. Là, maintenant, après des semaines, après avoir rencontré Nara Natsuki qui lui avait confirmé les faits concernant l’Embrasement Vert, il se trouverait devant un parfait inconnu, qui aurait achevé sa mère, et se serait arrangé avec le Rokudaime Hokage pour qu’il ne soit pas poursuivi pour meurtre ? C’était, sans être illogique toutefois, impensable d’un point de vue pratique.

« Je suis désolé, j’ai beaucoup de mal à croire à tant de coïncidences. Peut-être êtes vous un de ces génies dont on voit rarement à l’Académie, je ne remets pas vos talents en doute. Toutefois, avec tout ce qu’il s’est passé ces dernières semaines, il m’est impossible de tout croire. Pourquoi mon propre père serait-il allé jusqu’à mentir dans ses propres mémoires ? Pour que je ne retombe pas dans la folie ? Non, j’ai laissé ça derrière moi maintenant. »

Après quelques instants avec la bouche prête à parler, mais dont aucun son ne sortit, il reprit, l’analyse ayant été poursuivie dans sa tête :

« Je n’ai aucune intention de remettre votre parole en question. Pourtant, si c’est moi que vous venez chercher, vous n’êtes pas sans savoir que je ne sais rien plus rien, et je vous l’ai maintes fois répété. Je me suis retrouvé pieds et points liés devant la vérité d’un monde que je ne connais pas et que je cherche chaque jour à mieux appréhender. »

Il se rendit compte qu’il n’avait strictement pas répondu aux questions du Jônin, mais espérait que sa dernière phrase allait en quelque sorte reproduire l’effet attendu.

« Mon père, et je croyais que ma mère aussi, est mort pour Konoha. Pour la paix. La meilleure façon de faire honneur à leur mémoire, est de perpétrer la Volonté du Feu. Le clan Aburame est un clan fier, et le restera. Konoha est en paix, et doit le rester. »

Bien entendu, en disant cela, il espérait que le Jônin comprendrait que quelle que soit sa situation, et quels qu'aient été ses actes auparavant, Kei ne se sentait plus le même. Il ne pouvait remettre en question sa volonté d'être un shinobi, puisque c'est sa mère qui l'avait formé avant l'Académie. Pas besoin de rendre cette discussion nostalgique ou mélancolique, si Jotaro savait tant de choses sur lui, il n'était pas impossible qu'il ait également lu le carnet, par on ne sait quel moyen.

Du répondant, ce jeune Aburame n'en manquait pas. Il n'hésita pas une seule seconde à couper la parole du Jônin qu'était Jotaro lorsque ce dernier évoqua plus en détail la famille du jeune homme. Pourtant, Kei resta très calme. À la limite de "l'explosion" mais il garda la tête froide et alla même jusqu'à s'excuser une fois qu'il eut compris qu'il avait enfreint une règle très simple qui consistait à respecter les shinobis plus haut gradés que sois.
Satochi aimait bien ce petit, il en avait dans le ventre, il ne se laissait pas facilement berner, il avait de la jugeote et surtout, il ne se laissait pas marcher sur les pieds. Une faculté pas si rare que cela, mais malheureusement bien mal employé parfois à l'image d'un ex-coéquipier du Rakuzan.

Le J, ne répondis pas, il plongea seulement son regard dans celui de Kei, toujours à l'écoute de ce dernier qui avait formellement décidé de ne pas plonger tête baissée dans les bobards racontés par le faux shinobi. Sato' était satisfait de ce test. Il n'avait plus grand chose à voir, en réalité, il manquait seulement la dernière réponse du jeune Aburame qu'il attendait toujours. Une réplique de Kei avait forcé Satochi à prendre un certain nombre de facteurs en compte. Le jeune Genin voulait apprendre. Et ça ! C'était une qualité que le brun recherchait chez ses potentiels disciples.
Le malheur avait frappé Kei, mais aujourd'hui, il essayait d'aller de l'avant. Il avait décidé de laisser son passé trouble derrière lui. Sato' voulait l'aider. Le Rakuzan voulait être le sensei de ce p'tit gars plein d'envies.
C'est alors que la réponse tant attendu arriva enfin.

Honorer leurs mémoires, Perpétrer la Volonté du Feu, Maintenir la paix à Konoha. C'était la réponse que le Jônin attendait, il n'avait plus de temps à perdre pour cette supercherie stupide. Il laissa un sourire visible apparaître sur son faciès puis le Manipulateur de Lave dissipa son henge laissant alors sa véritable apparence apparaître l'air toujours aussi enjoué.

- Excellente réponse Kei répondit-il avant de poursuivre. Cette histoire va te paraitre grotesque, mais Jotaro n'est pas mon vrai prénom. Je me nomme Rakuzan Satochi et je suis, en revanche, bel et bien, un Jônin de Konoha. Je te demanderais de bien vouloir excuser ce petit numéro...

Kei devait bien être dans le flou total après cette curieuse apparition, mais pour la première fois depuis son entrée dans ce restaurant, le Genin allait pouvoir avoir un réel entretien avec celui qui l'avait fait convier.

- J'ai organisé cet entretien dans le but de tester tes capacités. En consultant et compte tenu de tes antécédents, je me devais de m'assurer de certaines choses avant de te faire une proposition. Pardonne-moi pour la manière, mais je tiens à préciser que le contenu des mémoires de ton père est bel et bien la réalité des éventements qui se sont produits dans le passé. Ma démarche va te sembler cruel et le fait que j'ai appuyé et inventé de toute part une histoire concernant la mort tragique de ta mère va sûrement te sembler immoral mais c'était le meilleur moyen pour moi d'évaluer tes facultés d'analyses.

Que cela ne tienne. La méthode était un peu rude, mais en quelques dizaines de minutes et grâce au sujet abordé qui démontrait un réel intérêt pour l'Aburame, Satochi était parvenu à dresser un bilan des capacités du jeune homme à encaisser des nouvelles virulentes, des capacités à traiter ses données et à en établir une analyse subjective et logique.
Et sur ce point, Kei avait drôlement impressionné le Rakuzan.

- Je suis le Chef du Équipe nommée Kiyomeru, ou Purification si tu préfères. Il y a plusieurs mois, j'ai entrepris de l'étendre à travers le monde entier. Mon but était de préserver la paix en détruisant toutes les formes de criminalité sur cette terre. Hélas, ce projet nécessitait la collaboration des autres Grands Villages Ninja, et le premier d'entre eux m'a poignardé dans le dos. C'est pourquoi j'ai décidé de revoir mes rêves. Aujourd'hui, et plus que jamais je veux protéger mon village et j'ai décidé de faire du Kiyomeru une sorte d'Organisation formatrice. Je veux former l'Elite. Je veux rendre les Genin assez puissants pour maintenir à jamais la paix à Konoha.

Il laissa plusieurs secondes s'écouler. Il avait lâché pas mal d'information en une seule prise de parole. Toutefois, il ne doutait pas des capacités d'écoute du jeune Genin.

- Aujourd'hui, tu as passé le test d'entrée pour devenir le premier membre de cette équipe. Tu as témoigné ton désir d'apprendre et d'honorer la mémoire de tes parents. Honorer la mort au combat de mon père et de mes ancêtres et aussi mon désir, nous avons un but commun, alors est-ce que tu acceptes de rejoindre mon équipe ?

C'était assez simple comme question, il n'y avait pas une multitude d'options. Toutefois, l'Aburame était autorisé à poser toutes les questions qu'il désirait poser sur la dite équipe.

La nouvelle retentit comme un coup de masse sur la tête de l’Aburame. Il avait cherché à déjouer cette mise en scène tout du long, mais ne s’attendait pas à ce que Jotaro soit une sorte de pseudonyme, ni même que l’apparence du garçon ait été modifiée également. Il n’aimait pas trop se faire berner, même si la supercherie avait été en partie découverte.

Pourtant, la nouvelle se transforma bientôt en une sorte de réalisation de fantasme inavoué. C’était, avec Natsuki, et Nozomi, ainsi que l’Hokage actuel, une des seules personnes avec qui il avait finalement tissé un mince lien. Une des premières personnes à considérer sa condition non pas comme un handicap mais comme un acquis avec lequel on doit se débrouiller. Une des premières personnes à l’accueillir au sein de Konoha. Kei avait beau être indépendant, semblait avoir des nerfs d’acier à quasi tout moment, il se devait d’avouer que la solitude pouvait rapidement devenir pesante et meurtrière.

Effectivement, Satochi avait testé ses capacités au cours de cet entretien complètement artificiel. Cela ne l’aurait même pas étonné quelques mois plus tôt que ce soit son médecin qui ait organisé toute la mise en scène pour vérifier ces progrès, mais les réalités évoquées au cours de l’entretien avaient été trop brutales pour qu’il puisse émettre cette hypothèse proche de la plus grande paranoïa.
Le Rakuzan avait donc effectivement lu les mémoires de son père, probablement en consultant ses antécédents avant même qu’il ne sorte de l’hopital. A moins qu’il connaisse le Nara tatoué et qu’ils se soient passés le mot, bien qu’il ne représente qu’un intérêt mineur pour le shinobi des ombres.

Se décidant enfin à lui répondre, il décida de commencer sur une touche pas trop sérieuse :

« Kiyomeru… Mmh, ça sonne plutôt bien je dois l’avouer ! » Répondit-il en souriant. « Je suis honoré de votre proposition, vraiment. Je ne peux refuser. Vous êtes la première personne à me proposer une telle avancée, et nos intérêts semblent concorder. »

Il ne fit aucun commentaire sur les désirs du Rakuzan de l’éradication des formes de criminalité, qui ne pouvait être qu’illusoire, pour le moment. Il ne put s’empêcher de commenter cependant, ses paroles appuyées et réfléchies :

« Pourtant, je suppose que vous savez comme moi qu’éradiquer la criminalité est impossible tant que les villages cachés persisteront. D’après ce que j’ai pu étudier à la bibliothèque, sur les conseil d’un Nara, si les villages shinobis possèdent une puissance militaire à toute épreuve, ils s’en servent l’un contre l’autre telle une arme de dissuasion. Après tout, il y aura toujours des hommes, aveuglées par leurs propres pensées, qui contourneront les règles établies pour tenter d’instaurer les leur, provoquant parfois plus de désordre que de bien. Je parle de cela car je me suis renseigné auprès de l’incident du Shoraizen qui fut probablement la plus grande désertion ayant frappée Konoha depuis les grandes guerres. »

A vrai dire, les paroles filaient sans rien pour les contrôler. Il se sentait obligé de montrer qu’il valait la peine d’être choisi dans cette équipe, même si théoriquement il venait déjà d’accepter la demande du Jônin.
Il se risqua à une dernière question, non pour le moins franche :

« Quand vous avez parlé d’un village vous ayant poignardé, vous parlez de la récente altercation avec le village de Kumo ? Je n’ai pas bien saisi ce qu’il s’était passé. Seules quelques rumeurs infondées me sont parvenues. »

Malgré la supercherie dont il avait été victime, Kei accepta plutôt bien la proposition faite par le Rakuzan. Et pour cause, cette proposition concernait la venue de l'Aburame au sein du Kiyomeru, l'équipe que Sato' avait décidé de créer.
Le nom sembla ravir le jeune garçon qui avoua que le nom de l'équipe sonnait plutôt bien ajoutant à ce compliment un sourire sincère. Il ajouta ensuite qu'il était honoré de la proposition du Jônin et qu'il ne pouvait la refuser. Cela sonnait comme la venue de son premier disciple au sein de la Team.

- Dans ce cas, je te souhaite la bienvenue au sein de l'équipe, tu es la première personne à y être accepté. Je t'expliquerai un peu plus tard comme cela fonctionnera au sein de l'équipe.

Il fit par la suite un petit historique qui avait abouti à la création du Kiyomeru, les motivations du Rakuzan, les objectifs initiaux qui avaient ensuite dérivé vers les objectifs actuels de l'équipe Konohajin. Une tirade qui rentra comme une lettre à la poste à l'usine à analyse qu'était le jeune Kei qui ne tarda pas à répondre sur le point de vue de l'éradication de la criminalité dans le monde.
Il songea que tant que les villages perdureraient, la paix mondiale serait impossible. Ce point de vue lui rappelait vaguement celui d'un certain Nara qu'il avait côtoyé pendant plusieurs années. Le point du Rakuzan était différent et c'est cette différence de point de vue qui avait mené à la création initiale du Kiyomeru.

- Ces paroles ressemblent à celle que Natsuki m'a transmise autrefois dit-il en laissant plusieurs secondes à l'Aburame avant de reprendre. Oui... Natsuki était mon Sensei il y a encore quelques mois. Mais j'ai une opinion différente sur la paix. Je ne pense pas que les villages soient une entrave à la paix véritable, après tout chaque shinobis de cette terre aspire à vivre en paix. À l’exception des criminels bien entendus qui eux pensent qu'à détruire.
Je pense que les plus à blâmer sont les dirigeants qui ne jurent que par la grandeur de leurs nations et de leurs villages.

Il prit cette fois-ci une pause pour lui-même assemblant rapidement les arguments qu'il allait donner à son nouveau disciple.

- Avec la coopération de tout le monde, le Kiyomeru aurait pu aider le monde à se débarrasser de la vermine qui le peuple. Car il aurait été composé de plusieurs shinobis volontaires désirant la prospérité de leur village et en côtoyant les ninjas d'autre villages partageant ce même rêve, alors ils auraient compris que la paix est un but universel pour lequel chacun doit œuvrer pour sois même, mais aussi pour celui qui vit à l'autre bout du monde.
En somme, la paix sera palpable que lorsque les gens cesseront de ne chercher que leurs propres bonheurs au détriment de celui des autres.

Kei évoqua l'histoire du Shoraizen comme exemple des déviances de certaines personnes. Sato' souhaite clarifier ces informations.

- Les actes au temple de Kyubi qui ont favorisé la création du Shoraizen étaient impardonnable pour les konohajin impliqués. Cependant rien ne serait arrivé sans le piège tendu à l'époque par le Yondaime Raikage. C'est lui qui a tendu un piège à Konoha pour faire pression et obtenir des informations. Dès lors, les créateurs du Shoraizen sont-ils les seuls à blâmer dans cette histoire ? D'autant plus que la Feuille et la Foudre étaient alliées. Une telle pression exercée par l'Ombre de la Foudre n'était pas nécessaire.

Tel était le point de vue du Rakuzan, il en avait toujours été ainsi. Chacun avait des parts de responsabilités dans ce qui resterait sans doute longtemps la vague de désertion la plus massive que Konoha ait connu. Le village de Kumo avait beaucoup baissé dans l'estime de Satochi, mais visiblement, il devrait encore en discuter un moment.
Puis le jeune Kei semblait avoir une drôle de quantité d'information à débattre en sa possession. C'était un jeune shinobi agréable.

- C'est bien cela, j'avais en ma possession un kunai qui d'après mes hypothèses aurait pu me conduire à la base du Shoraizen. Mais le fuinjutsu posé sur ce dernier était d'une rare complexité, personne à Konoha sembla en mesure de m'aider. J'ai donc décidé de partir à travers le monde, à la recherche de potentiel membre pour le Kiyomeru de l'époque, mais également quelqu'un capable de comprendre le sceau du kunai pour en briser les secrets.
Kumo en fut capable. Le Raikage me ria au nez concernant mon projet, mais il accepta le kunai et l'étudia. Il finit par l'utiliser à ses propres fins sans même me consulter. L'intervention musclée à Yu no Kuni a suivit. Cet épisode aurait pu mal finir, heureusement, Kumo a décidé de courber l'échine et de se plier à exigences sur place. La Guerre a été évitée, mais ce jour-là, j'aurais bien aimé expliquer ma façon de penser à ces personnages hypocrites et égoïstes

Être le premier membre de l’équipe après le chef était en quelque sorte un honneur dont Kei ne pouvait ignorer l’importance, même symbolique qu’il représentait.

Alors Satochi connaissait également Natsuki. La rencontre avec le shinobi tatoué avait été riche en émotions, et en apprentissage. Il espérait que sa relation avec le Rakuzan le serait d’autant plus, afin qu’il puisse grandir et évoluer au sein de ce village aux éléments tous plus prometteurs les uns que les autres. Apparemment, avoir un avis divergent ne semblait pas gêner le moins du monde, et pouvait même parfois permettre de se donner une image, où même de s’hisser aux hauts rangs de la hiérarchie. Même si Kei n’aspirait pas au pouvoir, il ne pouvait laisser passer cette information sur la tolérance.

Pourtant, continuant son discours, son nouveau Sensei lui raconta alors ce qu’il s’était véritablement passé à Kumo, concernant un certain Kunaï qu’il aurait eu en sa possession, sûrement chargé de chakra et scellé par du Fuînjutsu, qui aurait pu permettre de localiser la base de l’organisation du Shôraizen. Après tout, si cette organisation avait rassemblé autant de Nukenins, c’était sûrement car leurs intentions pouvaient être louables, même si les actes en eux-mêmes l’eurent été beaucoup moins.
Mais ce qui choqua le plus l’Aburame, c’est du fait que le village de la Foudre ait véritablement profité de la gentillesse du Rakuzan, quand bien mêmes la feuille et la foudre étaient alliées, afin de s’accaparer un succès qui ne fut même pas ne serait-ce que de courte durée.

« C’est donc cela… », Commença-t-il, « la Feuille et la Foudre ont donc failli se faire la guerre pour cette histoire. « Les Hommes sont parfois futiles. Inutile de chercher à s’approprier un succès ou l’attention quand il s’agit de la sécurité nationale. »

Il soupira, déçu que des adultes, et mêmes les dirigeants eux-mêmes aient pu faire preuve d’une telle immaturité, et la conséquence en elle-même était impardonnable.

« Je suis navré que ce qui ait pu vous paraître du bon sens, à savoir : partager vos informations avec un village allié ait pu ainsi vous rendre la pareille d’une façon aussi méprisante. Toujours est-il que je suis ravi de vous rencontrer, et ainsi même d’intégrer ce projet qui vous tient à cœur. »

Il inclina la tête en guise de respect, rajoutant encore après pris une grande inspiration qu’il ferait de son mieux pour évoluer au sein du Kiyomeru, qu’il n’avait jamais eu de Sensei jusqu’à présent, mais que l’idée était loin de lui déplaire. Il s’était engagé, et allait enfin avoir une vie de Shinobi qui avait un but. Oui, en une matinée, sa vie avait repris un sens.