Il avait mal, dans ses muscles, mais surtout dans son esprit. Alors qu'il percevait encore à peine les paroles de son maître, son corps se fit soulever par le sable de ce dernier.
Est-ce que la femme était morte ? Est-ce que sa sœur pouvait maintenant reposer en paix et le clan de sa mère aussi ? Sa respiration se stabilisa, il n'avait plus à forcer à présent, le blond veillait sur lui, comme il l'avait déjà fait auparavant.
Son esprit repensa à la fillette et à tous ces visages des hommes et femmes à qui il avait ôter tout avenir. Il ne pu empêcher une grimace, mais le temps n'était pas aux regrets. C'était justice, simplement justice. Malgré cette certitude et ce qu'il voulait croire pour alléger sa conscience, Amano savait bien que de céder à ses pulsions, à celle là tout du moins, n'était et ne serait jamais une bonne chose. Néanmoins, en y repensant un peu plus, il avait épargnait beaucoup de souffrance. Chaque mort qu'il avait fait, sauf sur son combat en protégeant la fillette, il n'avait porté qu'un coup fatal.
Maintenant, comme l'avait annoncé Kira, il était temps.
Direction la demeure des Kawaguchi.

Son cœur battait à un bon rythme, ce n'était pas aujourd'hui qu'il rendrait les armes, et il comptait bien les rendre le plus tard possible. Sentant faiblement le vent sur sa peau, il ne su pas bien ce qu'il se trama par la suite. Son esprit le fit voguer vers l'inconscient pour le reposer.
Dans ses rêves, il prenait un bon bain et riait à gorge déployé avec Kira et les autres Kawaguchi. Dans ses rêves, il avait une famille heureuse et uni, une femme qui l'aimait et des enfants qui l'appelait sans cesse. Dans ses rêves, les guerres étaient finit.

C'est une voix qu'il commençait apprécier qui le tira de son sommeil plus ou moins doux. Combien de temps avait-il pu dormir, et où était-il maintenant ?
Ouvrant lentement les yeux et sentant encore la douleur lancinante dans ses muscles, le cadet des deux hommes prit quelques secondes pour faire la mise au point. Il avait bien reconnu sa voix mais il n'était pas sûr que se soit lui, et qu'avait-il a agir comme ça ?

- Kira... sensei...

Murmura-t-il encore un peu endormit en passant une main sur son front pour dégager ses cheveux et tenter d'émerger un peu.
Se dégager les cheveux ?!

Baissant les yeux, il remarqua, outre le fait qu'il ne lui restait pour ainsi dire plus de vêtements sur le corps, que ses blessures avaient été nettoyées. Un sourire distrait se posta sur ses lèvres avant qu'il ne relève son regard sur son maître et le soleil qui naissait, à peine visible par la fenêtre de la chambre.

Peu habitué à ce qu'on prenne soin de lui, sa deuxième main poussa les draps pour enfin se décider à sortir du lit douillet. Il remarqua ses effets poser un peu plus loin mais avant d'avoir le temps de souffler, il s'adressa à son maître.

- Merci...

Souffla-t-il sincèrement. Il pensait à ce qu'il c'était passé la nuit sanglante et aussi à ça.
Etaient-ils chez eux ? Enfin, là où se rassemblait leur clan ?

Sur ses deux jambes, encore un peu fatigué, Amano passa le pantalon, propre et paraissant neuf, qu'on lui avait mi à la place du sien qui devait plus ressembler à une serpillière, et encore ! Il était comme il les aimait, ample et descendant a raz de sa plante de pieds. Puis il lança, puisqu'il se doutait que ce n'était pas pour lui faire visiter les locos qu'il l'avait réveillé de si bonne heure.

- Je suis prêt.

Un sourire s'accrocha à son visage. Il était heureux, bien qu'encore troublé par tous ces morts, il y avait quelque chose en lui qui s'était déverrouillé et il en avait conscience, il le devait à cet homme là, ce maître du désert, Kawaguchi Kira.

Amano savait d'avance qu'il en baverait, que rien ne serait acquit, qu'il le pousserait toujours au bout de ses forces, qu'il mettrait à l'épreuve sa foi en l'humanité et ses convictions profondes, mais surtout, qu'il le ferait avancer, qu'il lui permettrait d'atteindre ses rêves et de le dépasser. Il n'en démordait pas, c'était son objectif et il se donnerait les moyens d'y arriver, avec ou sans lui. Kira lui avait mit le pied à l’étrier, il ne restait qu'à lui de fournir les efforts pour y parvenir.

Le platine emboîterait ses pas, courrait derrière lui jusqu'à le rattraper et le dépasser un jour. Ca lui prendra le temps qu'il faudra, mais son ambition était ainsi et son regard le hurlait à son maître. Après tout, la plupart de ses soucis s'étaient envolés, et quand il sera assez fort, il pourra rembourser sa dette et à son tour devenir son soutien.

La première partie du plan le laissa pantois. Comment ça lui couper les cheveux, et c'est quoi cette histoire d'être blond... il ne voulait quand même pas en profiter pour les lui teindre non plus, si ?
Sans avoir de voix pour lui répondre, il resta là, hébété, les bras le long de son corps jusqu'à ce qu'il lui précise ce qu'il se passera ensuite, ou du moins, ce qu'il comptait lui montrer et en emportant que le strict minimum.
Si l'objectif du blond était de piquer la curiosité de son cadet, c'était chose faite. Maintenant Amano s'imaginait ce qu'ils allaient pouvoir trouver dehors d'intéressant et ce qu'il lui réserverait encore comme exercice et/ou torture. On ne pouvait pas dire que ses entraînements étaient très orthodoxes, mais ils avaient le mérite d'être plus qu'efficace.

Terminant de serrer la ceinture à son pantalon, la suite lui fit manquer un battement. La vue des trois femmes en tenues plus que provocantes voire dépravées le fit se sentir un peu mal à l'aise, plus encore à la fin de la réplique de son maître.

- Kira … je …

Il n'eut pas l'occasion de finir de parler, l'une des demoiselles avait poser gentiment sa main devant sa bouche. Elles sauraient lui donner envie d'oublier le reste hormis elles. Sans opposer de résistance et bien incapable de venir blesser une femme, Amano se laissa pousser jusqu'au lit et allonger, puis aperçu Kira. Il ne comptait quand même pas regarder ce qui se passerait ensuite ? Mais son regard et son assise ne lui permirent aucun doute.
Ses yeux se tournèrent, passant entre le corps de l'une des jeunes femmes et son bras pour trouver le mur qui avait l'air la chose la plus intéressante qu'il trouva pour se vider l'esprit.



C'est finalement la respiration haletante et le corps des demoiselles allongées contre lui qu'il réalisa de nouveau que Kira avait été spectateur de ses ébats. Il ne su rien dire, mais son cœur battait encore à tout rompre en lui et il était sensible aux caresses sur ses bras qui lui tirèrent un frisson.

Sachant pertinemment que les dames ne resteraient pas, puisqu'elles avaient fait ce pourquoi on les payait, Amano les écarta de lui avec douceur, non sans les gratifier d'un sourire séducteur, puis s'assit sur le bord du lit en croisant le regard de son maître. Et maintenant, le laisserait-il se laver un peu où devait-il se tenir prêt dans la seconde pour aller se faire couper les cheveux ?
Cherchant à maîtriser sa respiration, le platine secoua son visage et finit par river son regard sur la fenêtre. Il ne pouvait pas dire être fier de ce qu'il venait de se passer, mais il ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas aimer, bien au contraire.

Sa tête était encore un peu ailleurs mais les mots de Kira le ramenèrent bien vite sur la terre ferme et il reporta son attention sur lui. Les filles s'étaient éclipsées, après tout, elles n'avaient plus rien à faire ici. Et lui, pourquoi s'était-il laissé faire finalement ? Il n'en avait pas réellement besoin, ce n'est pas comme si c'était sa principal préoccupation pour le moment. Même si au fond de lui, son envie de fonder une famille devenait tous les jours un peu plus pressante, il ne voulait pas prendre son pied avec des filles de joie... encore moins sous le bon vouloir de son maître.
N'avait-il juste pas eu la force de résister à quoi que se soit ? Etait-il si faible qu'il lui était impossible de se dresser devant ce blond ? Son poing serra les draps à s'en blanchir les phalanges. Oui, c'est vrai, Kira était un être exécrable, mais il le fascinait tellement qu'il voulait voir jusqu'où il était capable d'aller et jusqu'où il pourrait le mener.

Quand il parla de payer les trois jeunes filles, il aurait presque voulu lui dire de faire ce qu'il voulait de l'argent qu'il pouvait lui ramener par ses différentes missions, mais préféra garder le silence et rester ainsi, en appui sur ses mains, assit sur le bord du lit. Levant rapidement les yeux au plafond, Amano écouta le reste des envies de son aîné.

- Deux minutes suffiront, ne t'en fais pas...

En se levant lentement, Amano détendit ses muscles et en passant non loin de Kira lui lança un :

- Je t'ai déjà remercié tout à l'heure...

Puis se faufila jusqu'à une salle d'eau où il se leva sous une eau aussi froide que possible, les cheveux avec. Il avait bien retenu l'histoire de se les faire couper, mais si ce n'était pas fait par une personne compétente, il était hors de question qu'un autre que lui n'y touche.
Se séchant rapidement puis posant une serviette sur ses cheveux lâchés, il les frictionna en retournant dans la chambre où l'attendait Kira et sous le regard agacé de ce dernier, il laissa tomber la serviette sur le sol.

Sans prêter plus d'attention au bon vouloir de son maître, le platine inspira lentement et vint passer son pantalon qu'il ramassa sur le sol aux pieds du lit. Ses oreilles écoutèrent le bruissement du sable et un sourire s'afficha sur son visage, presque moqueur avant qu'il n'étire sa main sur la table où il avait récupérer ses habits pour attraper un de ses kunais.

- Je te l'ai déjà dis... personne ne touche à mes cheveux. C'est le seul souvenir qu'il me reste de ma mère.

Après le mot « cheveux » Amano leva son arme et tendit sa tignasse en arrière fermement pour la rompre avec la lame, le plus court possible. Et sur son dernier mot « mère » il tailla la mèche qui venait toujours lui barrer le visage. Son regard en disait long sur ce qu'il pensait à cet instant. Ce geste signifiait beaucoup pour lui.
Le platine considéra ce geste comme le début d'un nouveau mode de vie pour lui, comme le renouveau de sa condition de ninja, comme le commencement de sa véritable vie, de la raison pour laquelle sa sœur avait tant veillé sur lui ainsi que sa mère.

- Maintenant, si tu veux faire quelque chose de mes cheveux, t'as plutôt intérêt à ce que je sois pas conscient... Tu as beau être mon maître, tu as beau être le plus fort d'entre nous et probablement de notre clan, certaines choses je ne les accepterais jamais...

Ses cheveux tombaient en filaments par terre alors qu'il remettait un peu d'ordre dans ce qu'il lui restait sur la tête. Coupe courte, un peu désordonnée, mais au moins ça avait le mérite de ressembler à quelque chose, et il ne pouvait en vouloir qu'à lui-même.
S'avançant vers Kira et cette fameuse chaise où il attendait qu'il s'asseye, Amano lui adressa un sourire en haussant les épaules et faisant mine d'être désolé.

- Bien, maintenant que mes cheveux te gène plus, on peut y aller ?

C'était à la limite de l'irrespect, mais il avait en travers encore beaucoup de chose dans son esprit, et les temps mort comme celui-ci lui permettait d'y penser et l'énervait, et tout son comportement s'en ressentait.
Un bonne claque lui aurait fait le plus grand bien, sans doute, ou alors encore un peu de repos. Du temps pour lui-même, ou simplement de quoi faire travailler son corps et le focalisé dessus.

Bien que son attitude était irritante, ses yeux n'avaient pas une seule fois défiés Kira, bien au contraire, il n'avait pas cessé de regarder le sol depuis qu'il s'était lui-même coupé les cheveux. Une petite voix au fond de lui lui criait de respirer un grand coup, de faire le vide pour éclaircir ses idées avant de parler de nouveau, mais il n'y arrivait pas. Si proche de son maître, Amano ne savait plus faire autre chose que de réagir par l'instinct, comme lorsqu'il avait protégé la fillette pour mieux la tuer.
Une de ses mains se leva légèrement, comme s'il aurait voulu attraper son maître par le col pour le mettre au défis, mais il se ravisa et ne termina pas son action, seule sa main, à hauteur de ses hanches restait immobile maintenant, et son regard, troublé, cherchait un point d'appui sur le sol de cette chambre. Kira n'était qu'un homme, oui, mais il était bien plus puissant que lui, et il avait besoin de lui pour aller de l'avant, c'était une certitude qu'il devait se rappeler à chaque fois pour éviter de perdre sa chance.

Il se moquait, il se moquerait toujours. C'était un trait de caractère qui lui allait bien malgré tout, reflétant tout son personnage assis sur son trône de sable quatre-vingt pourcent du temps. Kira était ce qu'il était avant d'être son maître ou tout autre chose. C'était un homme comme lui, et un homme ce n'était pas impossible à dépasser en y mettant tout son cœur. En l'entendant rabrouer toutes ces choses, ses yeux se posèrent sur le sol une seconde. Devait-il se raviser à se dresser contre lui ?
Serrant les dents, le platine esquissa tout de même un sourire sur la dernière injonction alors que le sable s'enquit de l'entourer rapidement et de lui bloquer toute possibilité de s'enfuir comme un lapin. Il avait de la suite dans les idées, réellement, et il fallait l'avouer, il aimait que les choses ne se passent pas comme il l'avait prévu au départ. Kira était tout sauf un homme prévisible, sauf peut-être pour sa « douceur » lorsqu'il fallait réveiller quelqu'un.

C'est donc en abdiquant, puisqu'il n'avait pas d'autre choix, qu'Amano le regarda s'approcher avec les ciseaux de sable et un autre truc un peu, particulier. Ce fut finalement plus rapide que ce qu'il croyait, mais quand il fut libérer et qu'il pu voir sa tête dans un miroir, il serra les dents avant de planter son regard sur son maître. Blond ! Il était blond ! Il n'y avait plus la moindre trace de cheveux argentés. Il ressemblait à son père, trait pour trait, hormis la couleur des yeux.
Venant poser une main sur son cœur pour inspirer calmement, Amano passa un haut manche courte noir sur son corps et finit de se sécher les cheveux avec la serviette qu'il avait laissé au préalable tombé sur le sol.

Le nouvellement blond ne s'attarda pas sur son physique et prêta l'oreille aux nouveaux mots de son maître. Quand il releva les yeux sur lui, Kira pouvait reconnaître aisément le père d'Amano en lui. Bien que l'homme en question n'avait pas souvent été présent au sein même du clan, à tous les regroupements, réunions ou besoin, il avait été là, et pas juste pour faire figuration, mais bien pour s'exprimer. Jusqu'à la toute fin, le père d'Amano avait été vu au sein de leur clan, jusqu'à sa mort.

Kira lui parla rapidement de ses plans pour son prochain entraînement. Mille fois le tour de la ville avec pour seule ressource en eau une gourde. Combien de temps pouvait-on survivre sans boire ? Deux jours, trois tout au plus ? Il faudra composer avec ça tout en sachant qu'avec les efforts fournit, ça changera probablement la donne.
Le mouvement du félin à ses côtés, la dernière recommandation du maître et le temps qui lui était impartit. Mille fois en une semaine, était-ce seulement réalisable ? Saisissant le lien de sable et jetant un rapide coup d'oeil sur Tayaka qui, selon Kira, pouvait avoir envie de le croquer, lui demanda de réfléchir un peu plus. Suivrait-elle son rythme ? Devra-t-il la porter au risque de sentir ses crocs dans sa chair ?
Il faudra la nourrir et lui donner à boire, à n'en pas douter, puisque le maître ne voulait pas qu'elle succombe. Une semaine. Un sourire amusé se dessina sur l'élève qui n'avait pas pipé mot depuis sa coupe de cheveux, rentrant dans les clous.

- Je reviendrais dans six jours, avec Tayaka.

Ce n'était pas son genre de se donner plus de difficultés et pourtant, c'était comme un coup de fouet et un défis lancé à son professeur et maître.
Serrant davantage le sable solide, il s'agenouilla devant le guépard et planta ses yeux dans les siens.

- Allons courir ma belle.

C'était un murmure, juste pour la féline alors qu'il se dressa sur ses jambes et tirant doucement sur la corde de silicium, fit avancer Tayaka à sa suite. Sera-t-elle docile tout le long ? Il en doutait grandement, mais pour l'instant, ils pouvaient courir à loisir, donner tout le premier jour et aviser pour la suite. Tant qu'elle le suivait dans son rythme, tout irait bien, si elle fatiguait, il ralentirait.
Pour le moment, tout était frais. Il avait attrapé sa gourde en passant, vérifiant son contenu, puis lorsque ses pieds touchèrent l'extérieur du bâtiment, il bougea lentement ses orteils sur le sol, tourna ses yeux sur sa compagne de route à quatre pattes et se mis à courir à petite foulée. Mille fois sur six jours, il faudrait qu'il parvienne à en faire au moins cent soixante sept pour être un peu plus tranquille le dernier jour. C'était l'objectif qu'il se fixait, mais pour arriver à cela, il ne fallait jamais ralentir, et les pauses, pour manger ou boire, se compterais en secondes. Après tout, il devait réussir à faire sept tour à l'heure.
Se disant qu'après tout, ce n'était pas impossible, Amano leva ses yeux vers le soleil et accéléra à mesure qu'il sentait Tayaka prête.

L'eau bien attaché à sa ceinture, le blond courrait à bonne allure, allant un peu plus vite à chaque foulée tant qu'il sentait sa compagne en mesure de le suivre.

- Ecoute-moi Tayaka, si tu arrive à me rattraper, tu pourras me croquer un bout... alors si tu me comprends... essaye un peu !

Il entendit un feulement comme un reproche et sentit le guépard courir bien plus vite, ce qui le fit accélérer. Il n'y avait entre eux que la taille de la laisse de sable, mais c'était suffisant. Il ne s'arrêterait pas, attrapant de la viande sur un stand en lançant une pièce pour payer pour nourrir la féline un peu plus tard.

Pour la faire boire, il s'arrêterait quelques secondes, et repartirait de plus belle. Pas après pas, Amano s'amusait à la voir tenter par tous les moyens de le rattraper. Ses jambes devenaient douloureuses lorsque le soleil diminua à l'horizon, mais il n'avait pas le temps de s'arrêter. Il voulait en faire le plus possible sur la première journée, voir comme tiendrait l'animal, et reprendre sur un rythme similaire le second jour. Arrivée au moment où le soleil s'effaça complètement, Amano se stoppa en sentant la corde tendu et se tourna vers Tayaka. S'approchant d'elle, il lui tendit la viande qu'il avait attraper au vol en pleine après midi, puis fit couler un peu d'eau de sa gourde dans ses mains qu'il présenta creuses devant la féline.

- Je ne suis pas ton ennemi, je t'écouterais demain. Repose-toi.

Alors qu'elle lapée avec envie le liquide revigorant, elle ne fit pas sa difficile devant la viande qu'on lui avait donné. Un sourire sur les lèvres de l'élève, et il resta assis aux côtés de Tayaka, légèrement au devant d'elle pour lui faire comprendre qu'elle ne l'avait pas rattraper.

Mont et marée, sable et roche. Observant ses pieds, Amano resta assis en tailleurs en fermant les yeux, non pas pour dormir mais pour réfléchir à une meilleur façon de réussir ce défis avec sa compagne actuelle.

Une heure après, et quelques étirements plus loin, ils reprirent plus calmement leur route, tournant encore et encore, laissant les douleurs musculaires pour une autre fois.

Ce fut au bout du quatrième jour que quelque chose changea.
Le guépard n'était pas le meilleur en endurance, et elle le démontra ce jour là, bien qu'elle fusse nourrie le mieux du monde, ne pratiquement jamais s'arrêter l'avait épuisée et elle refusait de bouger davantage alors que le soleil pointait midi. Qu'en était-il d'Amano ? Il en était à la moitié de sa gourde et bien que sa gorge fusse sèche, il comptait bien respecté les directives. Pour la faim, ce n'était pas vraiment un problème pour lui, il était habitué à ne pas avoir ce que son ventre lui réclamait, mais ça ne l'empêcher pas d'oublier sa faim.

Devant le dilemme que lui présentait l'animal, le blond n'eut qu'une seule solution qui lui vint en tête et en s'approchant de Tayaka passa une main sur sa tête, le long de son dos et en lui murmurant quelques mots, la souleva du sol en la tenant fermement dans ses bras. Il ne pouvait pas se permettre de ralentir, et même si elle plantait ses griffes et ses crocs sur son corps, il continuerait.

D'ailleurs, lorsqu'elle reprit peu après ses esprits, c'est la première chose qu'elle fit, sa mâchoire se referma sur l'épaule, la première chose à porté de sa gueule, laissant le sang de son bienfaiteur s'écouler sans une plainte.

- Tu es enfin revenue à toi... Tayaka...

Murmura l'homme qui ne l'avait pas relâché pour autant, continuant d'avancer à un rythme un peu moindre. Amano avait serré les dents sous le coup de crocs, mais il refusait de l'abandonner, elle avait encore besoin de reposer son corps.

- Reste encore un peu, ne t'en fais pas, j'ai prévue un bon repas pour toi ce soir... soit patiente...

Il manqua de trébucher lorsqu'il commença à gravir la première collines de la chaîne devant eux. Son corps fatiguait de plus en plus, et son cerveau ne réfléchissait plus beaucoup. Une nouvelle fois, quand le soleil disparu de l'horizon, il fit une halte d'une bonne heure, reposant sa compagne d'aventure sur le sol, lui donnant à manger et à boire autant qu'elle en réclamait.
Déchirant son t-shirt, Amano vint entourer son épaule qui avait vue s'enfoncer en elle les crocs de la féline. Celle-ci, à défaut de s'en vouloir, aurait bien voulu arracher un bout de chair à ce moment là, mais elle n'avait pas eu la force de le faire.

Cette fois, ils restèrent deux heures sans rien faire et ce fut l'animal le premier qui réclama de retourner courir. Un sourire sur les lèvres, Amano se redressa, s'étira, sentit la douleur de ses muscles comme de la lave en fusion, mais reprit la route, abandonnant la laisse pour la voir courir librement.

Le sixième jour, alors que la gourde était vide de la veille, il fallait faire les derniers effort pour arriver comme prévu. Il ne doutait pas que son maître avait veillé au grain tout ce temps, observant ses gestes, sa façon de traiter Tayaka, ses pauses, et tout le reste.
Encore deux tours, et la nuit tomberait, et ils en auraient finit. Encore deux tours.

Les jambes d'Amano flanchèrent pour de bons. Il s'écroula de tout son long sur le sol, et sentait ses genoux tremblaient. Poussant sur ses mains pour se retrouver face à Tayaka qui s'était arrêté avant d'arriver à sa hauteur, comme pour lui dire « je ne t'ai pas rattrapé », Amano lui adressa un sourire et prit quelques minutes pour reprendre son souffle. Tentant par la suite désespérément de se redresser sur ses jambes, il se fit plus de mal qu'autre chose et abandonna l'idée. Encore deux tours, juste deux et pourtant, son corps refusait tout mouvement.
Réfléchissant, il se poussa une dernière fois, s'appuyant sur ses mains, contre un muret pour à peine se reposer sur ses jambes et s'élança en avant pour être sur ses mains. Bien, il fallait avancer et terminer ça avant le zénith de la lune, avant minuit.
Son équilibre n'était pas parfait, mais il pourrait le faire et le feulement du guépard dans son dos le poussa à aller de l'avant, aussi vite que possible.
Il termina devant la porte du palais le sixième jour mais s'écroula sur le sol, les yeux rivés sur les étoiles, le souffle court et la gorge sèche. Pour tout gage de gratitude de la part de Tayaka, cette dernière vint saisir l'un de ses bras dans sa gueule, en serrant tout de même les crocs pour faire couler un peu de sang, et le tira à l'intérieur du bâtiment de cette manière. Elle aurait bien croqué plus, mais il l'avait nourrit convenablement, elle n'avait pas faim.

La dernière chose qu'il se rappela avant d'ouvrir les yeux fut les crocs de Tayaka dans son bras et son sang lui coulant le long de ce dernier, encore une fois. Ses songes furent noirs, et il ne se rappela de rien à son réveil hormis une phrase, une voix, un miroir presque parfait. Son père, dont les yeux étaient aussi noir que la nuit, lui avait dit ceci un jour : « Amano, tu es mon fils, sois-en digne. »
En ouvrant les yeux, cette fois, son réveil fut plutôt calme, peut-être même trop. Il eu le temps d'observer qu'une fois de plus, on avait prit soin de lui. Tournant son visage vers Kira qui se tenait droit dans la pièce et la féline à ses côtés, il lui adressa un sourire distrait. Non, il ne s'attendait pas à une exultation de joie de la part de son maître, loin de là, mais ces mots le touchèrent quelque peu. Puis l'histoire du parie, et de ce qui serait retenu de son salaire le laissèrent rire.

- N'oublie pas que tout mon argent va déjà dans la caisse de notre clan, je ne peux pas faire plus.

Ce n'était pas un reproche, encore moins une moquerie, mais là, aujourd'hui, alors que ses muscles étaient encore un peu fatigués, il se sentait libéré d'un poids sans savoir dire lequel. Son sourire devint plus grand encore en voyant le bon majestueux du guépard sur le lit qui atterrit juste sur ses jambes. Avait-elle faim ? Les mots qui suivirent le geste de Tayaka surprirent Amano qui regarda tour à tour la féline et Kira. S'occuper d'elle ? Et faire attention à ne pas se faire bouffer ?
L'élève ne pu empêcher un léger rire avant qu'il ne vienne poser sa main sur la tête de l'animal. Cette fois-ci elle l'avait rattraper. Néanmoins, en entendant le ronronnement du guépard, le cadet des deux hommes savait que temps qu'il resterait présent pour elle, et éveillé ou sur ses gardes, elle ne saurait lui faire trop de mal.

- Aller ma belle, j'ai des muscles à détendre.

Lança-t-il à Tayaka en la poussant doucement sur le côté de ses jambes, tout en la laissant sur le lit. Son battement de queue montra rapidement son mécontentement, mais elle ne pouvait pas toujours avoir ce qu'elle voulait après tout, non ? Elle prendrait patience avant de croquer un bout d'Amano.

Passant ses vêtements, le fraîchement blond se surpris à ne pas pouvoir attacher ses cheveux. Il est vrai, ils étaient court maintenant. Pendant près d'une semaine il ne s'était pas penché dessus, mais maintenant qu'il avait le temps, un soupir de contrariété quitta ses lèvres.

- Je suis prêt maître.

Bien que l'idée d'aller se balader dans une prison soit quelque peu étrange, il savait que quelque chose allait encore lui tomber dessus. Pourquoi ? Simplement parce que sinon Kira ne l'emmènerait pas là bas. Il l'entraînait, tous les jours, quelques soit la manière. Même Tayaka, il était sûr que quelque part ça faisait partit intégrante de son entraînement.
Suivant donc le maître dans les méandres de la ville jusqu'à la dite prison, Amano ne s'attarda sur rien sauf les personnes que l'on aligna devant eux et qui semblaient attendre leur dernière heure avec angoisse. Les paroles de Kira le confortèrent dans son impression. Tuer, de sang-froid, sans rien connaître à l'histoire. Exécuter une sentence dite juste, sans réfléchir. Ce n'était pas lui du tout, et il avait horreur d'ôter des vies.
Mais les derniers mots, le geste et la sortie de son maître le firent frémir. Il avait tué de sang froid cette fillette, mais simplement pour lui éviter des souffrances inutiles, sans savoir pourquoi, il était certain que Kira n'aurait pas été si doux avec la fillette. Mais là, ces prisonniers, leur état, que se soit physique ou moral, le déstabilisait au point de le désarmer complètement. Ses yeux fuyaient les regards, son esprit cherchait un refuge, mais rien ne semblait vouloir venir, juste ces voix, ces pleurs, ces supplications.
Et le regard des gardes, et le regard des condamnés.

Il n'avait pas su protester, chercher la défiance en lui demandant pourquoi il s'ôtait un tel plaisir, lui devait aimer ça ! Ce n'était en rien un plaisir, ni même une obligation, c'était une sentence cruelle.

- S'il vous plaît, énumérez-moi leurs fautes...

Il se tourna vers un garde qui, surprit, leva son bloc-notes et répondit à sa demande à chaque fois qu'il s'approchait d'un des condamnés. A chaque accusation, des sourires malsains se formaient sur certains visages, le confortant dans l'idée de ne pas les laisser vivre. Mais parmi eux, une personne restait terrorisée. Il s'agissait d'un jeune homme, plus ou moins du même âge que lui. Quant il s'en approcha, Amano écouta les faits qui lui furent reprocher et son expression changea. Noire, meurtrière, et son sourire adresser au shinobi le glaça sur place.
Ils étaient tous coupable, pour des faits plus ou moins important ou à répétition. La vérité lui donna un long frisson de dégoût. C'était peut-être l'une des premières fois où il ressentait ça. Il les détestait pour ce qu'ils avaient fait, et leur façon de se comporter fièrement à l'énoncé de leurs actes le répugnait.
Du sable entoura lentement son poing gauche puis son poing droit.

- Ecartez-vous, sinon je ne donne pas cher de vos uniformes...

Murmura le Kawaguchi qui d'un saut arriva contre le mur duquel il se propulsa pour heurter violemment la tête de l'un des condamnés à mort qui s'écrasa. Ca n'allait pas être facile à tout rattraper... la cervelle ça tâche fort et le sang ça colle...
Il garderait le jeune pour la fin, celui qui était resté stoïque sauf sur ce qu'il avait fait. Il voulait qu'il sente la mort arriver à lui, il voulait qu'il le craigne, qu'il comprenne qu'il pouvait le faire souffrir s'il en avait envie par simple plaisir ou pour le punir.
Ses pensées s'envolèrent et il se dressa devant la prochaine victime. Cette fois ce fut ses pieds qui eurent raison de la tête du pauvre bougre.

Arriva enfin le jeune homme. La peur n'était pas dans ses yeux, bien au contraire, on aurait dit qu'il prenait son pieds à voir les autres mourir les uns après les autres avant lui. Amano inspira lentement, s'essuyant du revers de sa main le sang qui entachait son visage et coulait devant ses yeux.
Il comprit alors qu'il n'était pas mieux que cet homme, qu'il tuait lui aussi, acte barbare en soit, juste parce qu'on lui avait demandé de le faire.

Le jeune maître du sable déglutit difficilement mais se reprit. Son poing ne devait pas trembler, il voulait lui arracher le cœur et le lui montrer avant qu'il ne rende son dernier souffle. Il voulait qu'il comprenne que son clan n'était pas à prendre à la légère et qu'ils appliquaient toujours la juste sentence.
C'est une fois de plus du sable qui vint danser autour de ses mains, mais pour le moment, il fallait user de moyen plus simple. Un kunai dans la main, il le planta doucement, ne le laissant pas aller jusqu'au cœur et découpa un long trait de feu qui fit sourire l'homme en face de lui. A croire qu'il aimait la douleur. La plaie suffisamment profonde, il y inséra sa main et fit ce qu'il avait voulu, il lui présenta son cœur sous les yeux et ce dernier lui cracha à la figure. Amano le broya, lentement pour le voir agoniser comme il avait du voir agoniser ses victimes en le regardant dans le blanc des yeux. Il avait peur que ces images le poursuivent un moment après dans ses rêves, mais il devait le faire, il devait lui montrer, lui apprendre.
Lorsque l'organe de vie céda, sa tunique premièrement blanche était rouge sang de toute part.

Amano se posa contre le mur et observa le sang couler sur le sol puis de ses doigts, et enfin se rendit compte de ce qu'il avait fait. Sans avoir une expression d'horreur sur le visage, l'odeur de mort qui commençait doucement à remonter lui fit un haut-le-cœur. Faisant un petit signes aux gardes, il franchit la porte, reprit le chemin inverse sans savoir où se trouvait son maître et se hâta vers l'extérieur pour prendre une bonne goulée d'air.
Ce n'est qu'une fois là qu'il réalisa qu'il était couvert de sang de la tête aux pieds et qu'il devait faire peur. Prenant le temps de calmer ses esprits, ou de les retrouver, il repensa à ce moment uniquement à Kira. Ou était-il, l'avait-il observé ? Qu'en penserait-il ? Et... pourquoi lui demandait-il toujours de faire ce genre de chose ? A quoi ça rimait ?

Son souffle était court, c'était vraiment comme s'il ne réalisait que maintenant les horreurs qu'il venait de faire. Il l'avait fait sous l'impulsion, sous la colère, sous le dégoût, sous une vengeance qui n'était pas sienne.
Obéir, aveuglément. Non.
Obéir, avec ses questions, sa morale, avec sa propre liberté, c'était ainsi qu'il concevait l'échange privilégié qu'il avait avec Kira. C'est donc sans répondre à ces mots qu'il posa les yeux sur lui, mais à sa dernière remarque, il serra les poings, allant jusqu'à planter ses ongles dans sa peau, allant jusqu'à faire couler un peu de son sang, le mêlant à celui des condamnés maintenant morts. En somme, ça ne se voyait pas réellement, mais le fait de sentir cette douleur le rendait un peu plus vivant.
Les mots s'enchaînaient, dans un désordre fou dans sa tête, jusqu'à ce qu'il entende la prochaine réclamation de Kira. Il devait voler Tali. Incrédule, alors qu'il allait pour s'y opposer, la nuage de sable était déjà trop loin.
Ne pas le décevoir et prendre le risque de s'introduire chez la jeune femme ? Le décevoir et éviter de la mettre en colère ? Qui était le plus à craindre dans les deux ? Sans doute les deux étaient-ils aussi violent l'un que l'autre. Devait-il fuir ?

- Innovons un peu...

Murmura Amano pour lui-même avant de partir se laver et changer ses vêtements. Il passa une main dans ses mèches blondes et sourit.

- Je ne sais pas lequel de vous deux serez le plus content à me voir comme ça... Père... Mère...

Il flâna jusqu'aux appartements de la blonde et regarda tout autour. Comment se l'était-il imaginé ? Grandiose, avec une armée pour la protéger. C'était plus normal à dire vrai, mais il ne doutait pas que la surveillance était aussi forte que s'il y avait eu une armée entière.
Il regarda tout naturellement, puis passa son chemin. Il était vraiment hors de question qu'il fasse quelque chose de ce genre, non pas pour le principe de voler, mais simplement car c'était une Kawaguchi.

Haussant les épaules, il retourna vers la chambre où il avait laissé Tayaka et l'appela à le suivre. Il n'avait eu envie de la mettre en laisse et avait couru un peu dans la ville avec elle, l'avait nourrit, puis était partit dans le désert pour retourner aux ruines, point de rendez-vous pour le soir.
Il marcha à un bon rythme, veillant à ce que la féline ne s'éloigne pas ou ne donne pas de signe de déshydratation. Il s'arrêta souvent pour elle, la laissant profiter, et alors que le soleil plongeait pour se cacher derrière l'horizon, les ruines apparurent devant eux.
Le guépard couru à toute allure pour aller retrouver Kira. Elle n'était pas mécontente d'être auprès d'Amano, mais elle aimait aussi Kira à sa manière.

De son côté, l'élève avançait doucement puis annonça sa présence.

- Me voici à l'heure, maître !

Il était emplie d'une assurance sans nom et se tenait droit et fier, les bras le long de son corps, rien de visible appartenant à Tali sur lui. Il continua.

- Je n'ai pas remplie ma mission...

Son regard se ferma, il invoqua son armure et se mis en garde en une fraction de seconde avant de continuer.

- Car je ne volerais jamais un membre de mon clan !

Ses yeux se rouvrirent ferment. Il était prêt, quoi que décide son maître. Avait-il eu raison ou tord d'agir de la sorte ? Toujours est-il que le clan était prioritaire pour lui sur bien des choses, et le vol en faisait partit. D'aussi loin qu'il se souvienne, Tali était une femme importante, même bien plus qu'importante. Mais surtout, elle était une cousine, elle était une fille du sable.

- Maintenant, si cette pensée te déçoit, maître... c'est que ta personne est plus importante que ton propre sang.

Oui, il le provoquait, en fait, il aimait qu'il lui donne des défis physique, c'était un peu son exutoire et une façon de sentir plus à l'aise avec lui, une façon de se rapprocher un peu plus de son objectif. Et puis, tant qu'il le respecterait, il n'avait rien à craindre, et pour l'instant, Amano avait bien plus que du respect pour Kira, il avait de l'admiration. Combien de temps durera cette sensation, il ne savait pas trop, le plus longtemps possible, c'était ce qu'il espérait. Maintenant... rien n'est impossible.

Il y avait quelque chose de louche sous ce sourire et pourtant il le prenait comme il venait. Amano avait l'impression que se serait une chose rare de le voir sourire ainsi, presque de bon cœur s'il était possible que le maître du désert en ai un. Mais il attend, le regardant s'approcher, et s'il est vrai que de se tenir si proche de son Sensei le terrifiait, la main sur son épaule relâcha sa vigilance et le coup de poing, malgré l'armure, lui coupa le souffle.
Serrant les dents, le temps de sentir de nouveau l'air courir dans son corps, le murmure à son oreille le surpris et le conforta dans son idée. Il était bien celui qu'il voulait suivre, peu importe ce qu'il endurerait à ses côtés. C'était son ombre qui l'avait tiré d'une mort peu glorieuse et certaine dans le désert, c'était son ombre qu'il dépasserait pour la couvrir et ne plus jamais la laisser seule.
Il se fit remettre d'aplomb par une série de claque. Son regard se redressa, lentement, et son souffle revint, calme. La déclaration qui s'en suivit ne manqua pas d'étirer les lèvres du jeune homme en un large sourire mêlant l'amusement et le défis. Qu'il aimait ce genre de chose.
Jetant un œil sur la féline, qui ne tarda pas à montrer son envie de goûter au sang des Kawaguchi, Amano attendit jusqu'à la complète disparition du clone de sable pour observer la table. Manger ? Et puis quoi encore, lui n'avait pas faim, mais il devait avouer manquer cruellement de repos, pas spécialement de sommeil, mais de repos.

- Tayaka...

Murmura-t-il doucement en invitant le guépard à s'approcher de lui et ainsi de la table.
Il lui tendit quelque mets comestibles pour elle qu'elle renifla et dédaigna. Sans chercher à en savoir plus, il lui offrit cependant de l'eau de sa gourde au creux de ses mains, dont elle ne laissa que quelques gouttes abreuver le sable des ruines. En guise de remerciement, elle vint croquer avidement l'avant bras de l'élève qui réprima un hoquet de surprise.

- Jouer à cache cache dans les ruines, quelle drôle d'idée tu ne trouve pas ?

Il l'avait dit plus pour lui-même que pour vraiment tenter d'avoir une quelconque conversation avec Tayaka, mais cette dernière lui lâcha le bras à la suite de ses mots, venant se coucher paresseusement sur le sable, la queue battante, comme si elle attendait de pouvoir bondir sur le premier des deux blonds.

- Si tu veux jouer à chat, je suis ton obligé.

Son regard pétilla de malice alors que le bond que lui montra le guépard l'impressionna. D'un jeu de jambe agile, il esquiva l'attaque et pénétra dans les ruines. Elle se hâta de le suivre, de le poursuivre. Il s'obligeait à être en mouvement en l'ayant provoqué, en ayant croisé son regard sans le lâcher. Elle voulait manger du Kawaguchi, il fallait le mériter.
Leurs gestes, courses, sauts, esquives, ressemblaient plus à une danse qu'à une réelle chasse. Chaque mouvement du manieur de sable était calculé pour esquiver les gardiens, chaque tentative de Tayaka était destinée à trouver sous ses crocs ou ses griffes la peau tendre de l'humain.
Il parcouru ainsi de long en large les ruines, découvrant un peu plus les secrets de leur histoire, se passionnant à prendre le temps de comprendre ce qu'il voyait, puis il pensa à la grotte où il l'avait emmené. Sa sœur... son père...
De justesse, la féline passa à quelques millimètres d'Amano, l'obligeant de nouveau à repartir dans un ballet étrange. Pas une seule fois les gardiens ne parvinrent à le voir, se faufilant comme deux ombres dans les dédales.

Quelques heures plus tard, alors que la nuit s'éveillera bientôt, il arriva devant la salle des lucioles. Sa main frôla le sable, ses yeux admiraient les statues. Etait-il ici, non, sans doute était-il à l'extérieur, sans doute était-il en train de se gausser de lui, dégustant les aliments disposés sur la table. Il en sourit.
S'avançant avec le plus grand respect dans cette salle, Amano s'inclina devant la statue de son père et effleura du bout des doigts le socle avant de repartir et sortir aussi sec de l'intérieur des ruines. Le soleil donnerait bientôt ses premiers rayons.

Toujours derrière lui, Tayaka commença à grogner et se jeta à vive allure derrière un pilier. De là, elle poussa un long cri de désapprobation et sa queue au sol fouettait l'air et le sable.

- Il me semble mon maître, que tu es à la limite de sortir des ruines. Mais je dois bien reconnaître, que je me suis laissé emporter.

Levant ses yeux vers le ciel, le cadet souriait. C'était à la fois frustrant et grisant de s'adonner à ce genre de recherche.
S'étirant le plus possible, Amano s'avança vers le pilier où Tayaka continuait de grogner. A sa surprise, il ne trouva pas Kira mais un homme desséché depuis longtemps par le soleil. Fermant les yeux, il vint s'asseoir sur le sable pour réfléchir patiemment.
Ecouter, percevoir et comprendre. C'était là ce qu'il cherchait à accomplir mais, avec Tayaka à ses côtés qui était tout sauf d'humeur patiente, ça ne serait pas une chose aisé. Fronçant les sourcils, bien vite, sa patience atteignit ses limites et son regard s'ouvrit sur l'horizon.
Reportant son attention sur l'homme desséché, il remarqua quelque chose de bien particulier. Sa main était tendu vers le nord, et au nord il se trouvait qu'une grande dune masquait bien l'horizon.

Qui ne tente rien à rien après tout.
S'avançant discrètement, c'est en trouvant la silhouette qu'il recherchait depuis plusieurs heures maintenant qu'il se campa sur ses jambes et l'observa. Le guépard voulu bondir sur lui mais Amano l'attrapa par le collier et la serra contre lui, ce qui lui valu une morsure sur son épaule.

- Avant que le soleil ne dispense ses premiers rayons.

Il ne fallait pas plus longtemps. Seulement quelques dizaines de minutes plus tard, le ciel s'éclaircissait et l'atmosphère se réchauffait. Repoussant avec douceur Tayaka de son épaule, l'élève s'avança, laissant les grains de sable glisser tout autour de lui pour arriver aux côtés de son maître. Etait-il en train de se la couler douce ? Qu'importe, il pouvait bien faire ce qu'il voulait, tant qu'il lui promettait de faire de lui un ninja puissant, le reste lui importait pas plus que cela, du moins pour le moment.

- Maître ? Je me dis qu'en fait... je ne connais pas grand chose de toi, à part que, tu es un dieu vivant ?

Son ton devint légèrement ironique sur la fin. Bien qu'il reconnaisse volontiers la valeur de Kira, sa force, et bien que son admiration pour lui soit sans faille, son ego le dépassait. Sans savoir si c'était réellement le meilleur moment et endroit pour lui parler de ça, c'était une chose qui lui avait traversé la tête lors de sa balade avec Tayaka qui se préparait à bondir sur les deux hommes.

Toute son attitude était nonchalante, à la limite du respect. Il l'amusait à être ainsi. Détournant ses yeux vers le fauve, Amano eu un petit regret à la voir se heurter au mur de sable et prendre son mal en patience en se résignant pour le moment.
Au moment où il eu l'intérêt léger de son maître, ce dernier exigea de lui qu'il travail son endurance à tenir sur une main, mais surtout son équilibre. Qu'avait-il à y perdre de toute manière ? Si ça lui donnait l'envie de répondre aux questions qui lui brûlait les lèvres depuis un moment déjà et qu'il s'était juré de lui poser.
Mais alors qu'il comptait l'ensevelir sous une tonne de questions, le voilà qui posait sa première condition, trois questions uniquement... et la suite ne tarda pas à faire cogiter le cadet. Kira avait en effet émis l'hypothèse qu'ils ne reparleraient probablement plus jamais du passé de ce dernier.
Laissant un souffle contrarié passer outre ses lèvres, son exaspération augmenta à mesure que les grains de raisin se heurtaient contre son visage.
Il était joueur, bien, s'il n'avait droit qu'à trois questions, il prendrait son temps. Après tout, lui n'était pas pressé, il n'avait aucune obligation à remplir pour le moment et il comptait bien tenir le plus possible sur sa main gauche.

Laissant de longues secondes passer, il afficha un petit sourire et parla calmement.

- J'aurais alors un souhait à émettre avant de commencer à poser mes trois questions. Ne me répond pas simplement avec des phrases du genre : parce que c'est comme ça.

Prenant une seconde de pause après sa petite intervention, sa première question fusa.

- J'aimerais savoir la raison qui t'empêche de dormir. Ho eh... moi aussi, je suis friand des détails...

Un sourire moqueur se figea sur son visage. Il lui laisserait le temps de tout lui raconter, même s'il ne désirait pas lui donner des détails gênants, il avait besoin de savoir ce qui tourmentait l'âme même de son maître, car il ne pouvait pas en être autrement.
C'est donc en écoutant le son de sa voix et les mouvements de son récit qu'il prit patience. Son bras ne tremblait pas encore.

Après avoir eu, en partie ou en totalité ce qu'il désirait, Amano poursuivit sa petite enquête.

- Quel est ton rêve ?

Il savait que celle-ci pouvait se résumer à quelques mots, voir un seul, mais c'était une chose qu'il voulait savoir de lui, après tout, en qualité d'élève, il pourrait peut-être l'aider un jour à l'atteindre, qui sait ?
Une nouvelle fois, il prêta l'oreille et dans un geste assez souple se souleva du sol et changea sa main d'appui, reprenant son équilibre de justesse. La dernière question les concernait tous les deux. Et celle-ci aussi, il portait une grande importance.

- Pourquoi m'as-tu accepté comme ton élève ?

Car, même si la demande avait été formulé par le cadet des manieurs de sable, il n'en était pas moins que Kira n'avait pas longtemps tourné autour du pot et avait dit oui, sous une avalanche de conditions, mais c'était un oui tout de même.

A la fin de la petite séance, Amano se laissa couler contre le sable, le dos sur ce dernier, réchauffé lentement par le Soleil, ses yeux plantés dans le ciel. Ils ne rentreraient peut-être pas en même temps, comme ils étaient arrivés ici. L'ex Platine avait du grain à moudre pour un bon moment maintenant. Toutes ses questions étaient très indiscrète. Il aurait bien pu lui demander son type de femme et lui en chercher une, il aurait pu lui demander qui avait été son maître, s'il en avait eu un, comment été leur cousine, ce que représentait Tali pour lui, comment Tayaka en été venue à vouloir le mordre à chaque fois... tant de questions sans grande importance mais qui construisait une personnalité. Les grains de raisin l'avait énervé, juste pas au point de lui faire perdre l'essentiel. Il était désireux de le connaître, pas pour le poignarder, mais bien pour le relever lorsqu'il en aurait besoin. Tout homme a ses faiblesses. Personne n'y faisait exception. Pas même ceux se prenant pour des dieux.

Le ronronnement de la féline qui s'était assoupi, le calme du désert et le soleil levant donnait une impression étrange au jeune Kawaguchi qui passa ses bras sous sa nuque, détendant son corps.
Son maître, il savait que depuis ce sang versé, quoi qu'il advienne, de bon ou de mauvais, il le suivrait jusqu'au bout du monde, car il était l'homme qui lui avait permis d'avancer. Il lui en était reconnaissant pour l'éternité.

Il lui mentionna des choses, et d'autres, lui reprocha de savoir certaines choses et de perdre son temps à lui demander. Mais dans l'histoire, il avait retenu plusieurs informations importantes. Sa tête écoutait, son corps subissait, encore et toujours. A la fin, alors qu'il s'était laissé aller contre le sable pour reprendre son souffle, son regard se posa sur son maître qui se leva. Il parla encore et finalement les yeux de l'élève se levèrent vers le ciel. Kira avait le don de banaliser les choses les plus importantes ou les plus dangereuses.
C'est en haussant les épaules qu'il se leva à son tour. Il ferait comme bon lui semblait non ? Ou peut-être lui obéirait-il, toujours est-il qu'Amano avait l'intention de participer activement aux missions de Suna, et qu'il ne serait peut-être pas présent le lendemain, ni le surlendemain.

Il finit par se mettre en position après avoir chauffer ses poignets et souffla un peu de sable sur Tayaka pour que cette dernière les suivent.
Il alla à un rythme normal jusqu'à la capitale.

Dès que les murs furent franchit, il alla se poser, réfléchir et observer les étoiles.

Amano vint se poster sur un toit d'une maison endormie et s'assit en tailleur, gaina son dos et ferma les yeux. Il garda cette position, réfléchissant à son avenir. Mais au lieu de voir son avenir dans ses rêves, il vit son passé, son père et sa mère, sa sœur et les ombres des autres membre de sa famille directe. Une larme perla malgré lui le long de sa joue alors qu'il se laissa tombé les bras écartés et les yeux rivés sur un ciel parfait et sans nuage, dans la fraîcheur saisissante de la nuit.

Dans quelle voie voulait le conduire Kira ? Qu'est-ce qu'il entendait par le fait qu'il le considérait comme un diamant brut qu'il pouvait tailler à sa guise loin des préjugés de Suna ?
Le jeune homme respira longuement pour calmer ses interrogations mais à mesure qu'il cherchait à se calmer d'autres questions fusaient.
Venant se prendre la tête dans ses mains, il se leva d'un bon et se dirigea vers le camp d'entraînement le plus proche de sa position pour frapper des mannequins de bois, pour détendre sa tête, la vider et ne penser à rien d'autre que l'endroit où devait atterrir chaque coup. Il comptait courir aussi, il ne pensait pas dormir cette nuit et pourtant, à mesure qu'il terminait ses acharnements physique, son corps devenait fébrile, sa volonté vacilla et il s'écroula sur le sol, venant dormir à poing fermé contre le sable.
C'est quelques heures après, lorsque l'atmosphère se réchauffait lentement qu'il ouvrit les yeux et se rappela des mots. Shukaku, le clan et en faire une parfaite arme selon sa volonté.

- Haaa... Kira, dans quelle aventure je me suis embarqué à tes côtés ? Qui es-tu réellement, tout au fond de toi ?

S'étirant lentement contre le sol, le fils du désert se redressa et passa dans les rues, flânant jusqu'à ce qu'on ai besoin de lui, d'une manière ou d'une autre. Il comptait occuper utilement son temps libre, pas juste devenir paresseux et ne rien faire. Après tout, n'est pas Kawaguchi qui veut.