Les missions n'ont pas que des mauvais côtés. Bon d'accord, il faut composer avec des gens qu'on ne côtoierait pas normalement. Des Yamada, des Saibogu et autres inférieurs qui n'ont même pas eu la décence - ou plutôt la chance - de voir le jour dans l'un des principaux clans de Kaze. Quoique la question demeure entière: vaut-il mieux être un représentant d'une famille mineure ou naître chez les manieurs de chaleur? Ça se discute! Toujours est-il que malgré ces inconvénients il y a tout de même quelques avantages pour venir égayer les choses. Notamment un petit détail - et pas des moindres - qui fait toute la différence: on peut observer ses collègues en action, se faire une idée plus précise de leurs capacités et de temps à autre les utiliser pour son propre profit. C'est ce qui m'amène aujourd'hui sur l'un des terrains d'entraînement du village...

Il y a quelques temps j'ai accompli une mission en compagnie de notre clochard de Kazekage et d'un homme dont j'avais parfois entendu le nom mais que je n'avais jamais eu la malchance de rencontrer: Toshiro Ogami! Et plus nous progression dans la tâche qui nous était confiée et plus j'ai pu me rendre compte que sa maîtrise du taïjutsu était évidente. Voir même supérieur à la mienne. Croyez-moi, je ne reconnais pas volontiers les qualités des autres! C'est le genre d'exercice qui se révèle extrêmement difficile pour le fier Kawaguchi que je suis. Mais il faut rendre au Daimio ce qui appartient au Daimio!

J'ai longuement hésité avant de lui adresser une lettre pour demander son... aide. Là encore un concept auquel je ne suis guère habitué. Requérir l'assistance d'une personne plus bas que vous sur ce qui devrait être l'échelle sociale à Kaze no Kuni n'est que peu plaisant. Voir carrément désagréable! Mais je me suis fixé des objectifs élevés et je suis obligé de me donner les moyens de les atteindre. Les manieurs de sable n'étant que peu versé dans l'art du corps à corps j'ai bien été forcé de chercher ailleurs une personne capable de m'enseigner le taïjutsu. Et mon choix s'est donc porté sur le membre du Kakumeigun. À supposer qu'on puisse parler de choix tant ma liste de connaissance est réduite en dehors des membres de mon clan...

J'ai attendu quelques jours avant d'obtenir une réponse. Et c'est précisément quand j'en venais à me dire qu'il avait purement et simplement ignoré ma requête qu'une missive m'est parvenue en retour. Une lettre contenant une date, une heure et un lieu de rendez-vous. Je suppose que j'aurais du me sentir honoré qu'un représentant de l'unité spéciale du village - enfin, de l'une des unités spéciales mais ça c'est une autre histoire! - veuille bien m'apporter son aide. Mais je fus au contraire irrité qu'il prenne autant de temps à me répondre alors que je suis un Kawaguchi. Et donc par extension quelqu'un à qui il devrait respect, soumission et obéissance si nous vivions dans un monde parfait!

Me voici donc à l'attendre sur le terrain qui sera témoin de mon entraînement tandis que le soleil étend lentement mais sûrement son emprise sur les demeures - ou les tentes des clochards Yamada - et que la chaleur devient déjà suffocante. On a beau être habitués à ce climat, on ne s'y fait jamais vraiment. Tout au plus peut-on apprendre à composer avec... Mais fort heureusement j'ai apporté avec moi une bonne quantité d'eau ainsi que galettes de riz qui devraient suffire à contenter ma soif et ma faim tout au long d'une journée qui s'annonce méritante.

- "Bonjour Ogami!" je lui adresse un signe de tête alors qu'il s'approche enfin. "Merci d'avoir accepté de partager tes connaissances et ton expérience avec moi! Je tâcherai de me montrer digne de ton enseignement voir même de te surprendre par mes aptitudes si j'en ai l'occasion..."

Par contre je ne lui tends pas la main. Nous sommes des militaires, pas des civils qui sociabilisent à tout bout de champ. Notre travail et notre but est de devenir plus fort pour la défense de Kaze no Kuni - certains diront de Suna! - et non de se faire de nouveaux amis dans le but d'aller se saouler dans un quelconque bar du village à la moindre occasion. Je laisse ce loisir aux Akuzu et autres dégénérés. Je garde les bras croisés et mon regard posé sur lui en attendant qu'il m'expose les projets qu'il me réserve. J'espère que je ne me suis pas trompé et qu'il est aussi efficace que je l'espère. C'est déjà bien assez humiliant de devoir le remercier pour un truc qui me semble aller de soi...

Musique:

Une enquête ? Encore une enquête. Oui c'était une enquête qu'on m'avait attribué. Le Kakumeigun avait beau être l'unité spéciale du village, elle était considérée comme une autorité compétente pour répondre aux besoins de la population. Autrement dit, les affaires concernant les assassinats nous étaient envoyées. J'appréciais honnêtement ces affaires pour diverses raisons. Un meurtre oblige les enquêteurs à être à l'écoute des autres pour recueillir un bon nombre des informations. Cela oblige aussi à analyser correctement les pièces à convictions, la scène de crime pour en émettre des hypothèses et choisir celle avec le taux de probabilité le plus élevé. Reste alors l'intuition, il faut en avoir pour faire avancer les affaires. À mon entrée au Kakumeigun, je n'avais presque rien de tout ça. Du moins ce n'était pas assez développé pour répondre aux exigences de l'institution. Dans un sens, cela voulait dire que j'étais faible dans ce domaine et ça, je ne pouvais l'accepter.

S'il y avait bien quelque chose qu'on ne pouvait retirer, c'était mon envie de combler mes faiblesses, mon envie de m'améliorer. Je détestais cela dit une chose, rédiger le rapport ; C'était bien trop long à mes yeux, on déléguait normalement ces tâches à ses coéquipiers. Malheureusement étant « le nouveau » je n'avais pas ce luxe. Pour autant, on ne me demandait pas de rédiger ceux des autres, mon caractère bien marqué empêchait à certains de franchir « le mur ». Une seule personne était parvenue à se lier d'amitié avec moi et elle se nommait Saibogu Renka. Un agent de l'unité spéciale ayant un don pour tout détruire, mes missions avec lui se terminaient souvent par la détérioration de biens publics, la destruction de bâtiments entiers. Ce phénomène avait réussi à nous attirer des ennuies à diverses reprises. Il me rappelait étrangement un ancien ami que Suna avait oublié, pour ma part malgré ses méfaits je ne l'avais pas oublié.

Pour en revenir à l'affaire, elle avait eu une conclusion assez rapidement. Nous étions rapidement venu à une conclusion. Un homme en avait tué un autre pour une histoire de jeu d'argent, le poker faisait des ravages. Allié à ça, il y avait une histoire de femme entre les deux, cela n'avait que précipité la chose. Les hommes étaient gouvernés par l'argent et les femmes, en principe. Je ne faisais pas parti de ce genre, je me fichais éperdument d'être aux côtés d'une femme ; Je n'en avais même pas envie. Je trouvais ça dérangeant d'être dérangé par une compagne. C'était même encombrant à mes yeux, pour atteindre ses objectifs il fallait penser à écarter les choses pouvant nous amener à changer de route. Non pas que j'en avais peur mais je n'y voyais aucun intérêt actuellement.

Après trois jours, je rentrais finalement à mon domicile. L'affaire devait être résolue rapidement et dans cette optique, nous n'avions pu rejoindre notre domicile. Épuisé, je pénétrai dans ma demeure en déposant le courrier sur le piano. Je feuilletais celui-ci à la recherche de quelque chose d'intéressant-.. En plus d'être intéressant, c'était même intriguant. Kawaguchi Kira était l'émetteur de cette missive. Il souhaitait d'après ses dires s'entraîner à mes côtés ; Je pouvais en effet l'aider en Taïjutsu et c'était explicite, il souhaitait acquérir de nouvelles compétences. J'esquissais un sourire en pensant à cet homme. Je me rappelais de notre mission, il était pour moi « Le défenseur de la faune et la flore de Kaze no Kuni ». C'était ironique bien sûr, je pensais aussi à ce jour où il avait préféré sauver une créature et me mettre en danger.

Je ne lui en voulais pas, il avait ses propres convictions et j'étais encore vivant. Si son action était idiote, lui il l'était loin de l'être. J'étais fatigué mais par respect pour son envie d'évoluer à mes côtés, j'écrivais le contenu de la lettre avant de la mettre de côté. Quelques instant plus tard après m'être débarbouillé, je m'étais dirigé à un centre pour lui faire parvenir. Le rendez-vous était fixé au lendemain, j'avais pris du retard pour lui répondre mais ce n'était pas de mon fait. J’espérai honnêtement qu'il soit présent, je lui offrais un créneau sur mon emploi du temps. Mon travail au Kakumeigun était très prenant, je ne disposais que de très peu de créneau. C'était à mon sens, le moment ou jamais pour s'entraîner avec lui.

Le lendemain, je m'étais dirigé vers le terrain d'entraînement en espérant le voir. C'était une bonne chose finalement de le voir à m'attendre, je m'approchai doucement de lui. Je m'étais vêtu d'un survêtement noir. Un tissu blanc entourait mon cou et Azura -mon Katana- était toujours à mes côtés. J'affichai l'esquisse d'un sourire avant d'abaisser légèrement le haut de mon corps pour le saluer avec respect.

«  Bonjour Kira, tu es un Sunajin et si tu m'as demandé mon aide, je me dois d'y répondre. En quelque sorte, tu es une force pour Suna, alors si je peux contribuer à te faire évoluer, je contribue à Suna. »

C'était quelque chose de plutôt logique en y réfléchissant. Le Kazekage m'avait déjà convoqué aux côtés de Saibogu Kanpeki pour évaluer notre niveau. Connaître le niveau de ses troupes est important pour Suna. Le faire évoluer l'était tout autant, tout bon tacticien devait avoir connaissances de ces variables -et plein d'autre- pour élaborer une stratégie. Je ôtai ma veste noire doucement pour la mettre au sol, sur le côté. Je posai Azura au-dessus d'elle.

« J'ai appris ça encore récemment, en te voyant je peux dire que ce n'est pas ton corps qui est à forger mais plutôt ton esprit. Je pense qu'à ton niveau, c'est ça qu'il faut améliorer.  Je veux que tu te mettes au bout du terrain et je vais aller à l'autre bout. À chaque fois que je baisserai le bras, tu me rejoins aussi vite que possible. Tu dois évidemment malaxer du chakra au préalable pour décupler tes capacités physiques. »

Je marquai une pause avant de marcher doucement vers le bout du terrain.

«  Tu recommenceras tant que ça ne me plaira pas, je te donnerai bien sûr des conseils pour t'améliorer. N'y vois pas qu'une question de physique, de vitesse, cherche autre chose-.. »

J'étais finalement en place et j'abaissai une première fois mon bras.

Ainsi donc à ses yeux m'entraîner est dans l'intérêt de Suna. Il aurait sans doute raison s'il enseignait à une autre personne. Mais en l’occurrence il ne fait qu'augmenter les risques qui pèsent sur le village. Il affûte l'arme qui contribuera à la chute de cette utopie qu'il est si prompte à protéger. Et je ne peux que savourer la situation à sa juste valeur. Un sourire se dessine sur mon visage tandis que j'incline une nouvelle fois la tête pour le remercier.

- "Alors contribuons ensemble à augmenter la force de Suna!"

Cette ironie rend plus agréable le pénible devoir de me montrer poli envers une personne qui sacrifie de son temps à mon profit. Mais ravaler sa fierté en présence d'un inférieur n'est pas cher payé si je peux quitter le terrain d'entraînement plus fort que je n'y suis entré pas vrai? J'écoute donc ses commentaires en faisant de mon mieux pour garder mon calme. D'après lui c'est surtout mon esprit que je dois forger. Tiens donc...

- "Ton analyse me semble pertinente..."

Il me manque en effet de l'expérience. Même si c'est un fait avéré j'ai de la difficulté à encaisser ce que je perçois comme une critique venant d'un subalterne naturel. Je hoche donc la tête pour confirmer ce que je dis tout en gardant prudemment pour moi ce que je pense. Je vais ensuite me positionner à l'opposé du terrain et retire mon haut avant de prendre une gorgée d'eau. Je sais que je ne suis pas aussi rapide qu'Ogami mais j'ambitionne de vite l'égaler. Mais pour ça il va falloir en suer le prix...

Je fléchis mes jambes et bondit vers le chûnin aussi vite que je le peux. Mon champ de vision se contracte tandis que je m'emploi à rétrécir la distance qui me sépare de lui en courant. Je dérape ensuite en arrivant à son niveau et attend le verdict. Je sais qu'il sera négatif et que je suis bon pour recommencer. Sans quoi ma présence ici ne serait plus du moindre intérêt. Et me voilà donc à recommencer! Prévisible mais acceptable...

Cette fois-ci j'effectue des mudras qui précèdent l'apparition de deux clones. Je suis ici pour développer mes connaissances en Taïjutsu mais également mon esprit d'après Ogami. Et un esprit se caractérise par sa capacité à s'adapter non? Il ne m'a pas donné d'instructions bien précises quant à la façon d'atteindre l'objectif qu'il m'a fixé. Alors je vais partir du principe que je peux user de tous les moyens à ma disposition. Au pire qu'est-ce que je risque? Je serai bon pour recommencer et voila!

Je prends donc mon élan une seconde fois et une vague de sable ne tarde pas à se former sous mes pieds pour m'offrir une impulsion bienvenue. Je traverse le terrain et me retrouve à nouveau devant mon professeur avec le souffle court et un petit sourire malicieux au coin des lèvres. Là encore j'ai une petite idée du verdict. Mais j'ai au moins battu mon précédent record. Se montrer optimiste... n'est-ce pas la une vertu quand on est obligé de se coltiner des avortons?

- "Alors?" je glisse mes mains dans mes poches. "J'imagine qu'il y a des choses à améliorer?"

Garder un ton neutre et non pas teinté d'insolence se révèle un exercice plutôt compliqué. Je le réussis néanmoins plutôt bien je crois. J'adresse un signe de la tête à mes clones qui traversent à leur tour le terrain pour nous rejoindre. En profitant de leur expérience à eux aussi j'obtiendrai des résultats plus rapidement. Je ne compte pas passer plus de temps que nécessaire en compagnie de ce Toshiro...

« Alors contribuons ensemble à augmenter la force de Suna! » disait-il. Nous étions donc d'accord sur ce point, cet entraînement allait peut-être servir à mon village et j'en étais honoré. Dans le cas contraire, je n'aurais sûrement pas pris la peine de répondre à la requête du Kawaguchi. Nous n'étions que de petits Shinobi dans cette si grande organisation qu'est le village du Sable et pourtant nous aspirions à mettre nos capacités au profit de la force de cette même institution. Cette volonté nous était transmise de génération en génération, certains s'y accrochaient alors que d'autre la reniaient ou la remodeler. Pour ma part, j'étais prêt à mettre ma vie en jeu pour les habitants de ce village.

En ce qui concerne l'entraînement de Kira, je lui avais proposé de s'élancer d'un point à un autre pour expérimenter sa vitesse. Le physique n'étant pas la seule composante pour parvenir à ses fins, il fallait faire travailler son esprit. J'avais appris cela du Kazekage lors d'un entraînement ; Il m'avait appris à mieux anticiper les attaques adverses et ce, même si le niveau de celles-ci pouvaient me dépasser. On ne pouvait nier qu'un aspirant ne pouvait être en mesure d'affronter un Shinobi accompli mais d'une façon plus réaliste, si l'écart de performance n'était pas si grand entre les deux adversaires, le mental jouait énormément. Il ne fallait pas se mettre des barrières mentales, dépasser telle ou telle personne se trouvait être possible.

Pour ma part, j'avais beau être impressionné par le Kazekage, par Kibo, je ne voulais pas avoir leur niveau. Il me semblait encore bien trop bas, je souhaitais bien plus que cela. Les surpasser sera ma première épreuve, devenir le plus fort en ce monde sera la deuxième ; Tout ceci pour Suna et seulement pour Suna. Je n'étais pas formaté, on m'avait proposé des chemins et j'avais choisi de prendre celui qui me convenait le plus-.. Pour en revenir à l'entraînement, Kira semblait d'accord avec mon analyse. Ce qui pouvait faciliter cet entraînement s'il s'en rendait compte dés le commencement.

Son premier essai n'était bien sûr pas concluant, ça ne pouvait pas l'être, c'était presque impossible d'y parvenir. Sa position était plutôt correcte, son chakra me semblait aussi être bien réparti pour réussir à se mouvoir de la sorte. Je croisai les bras en fermant les yeux quelques secondes, cela voulait évidemment dire que ce n'était pas suffisant. D'un signe de la main, j'indiquai à mon ancien partenaire et élève de ce jour de recommencer.

Je fus étonné de le voir utiliser des clones, néanmoins c'était bien pensé. Cela me fit même esquisser un sourire, c'était une bonne solution pour augmenter ses chances. Malheureusement, le chakra allait s'épuiser rapidement à cette allure. Je ne donnais pas plus d'une vingtaine de minutes à Kira pour être à court de chakra. Un clone partage indirectement la réserve de chakra du véritable, dans ce cas il peut être facilement en manque d'énergie. Y avait-il seulement penser ? Certainement mais ce qu'il souhaitait, c'était surtout d'acquérir de l'expérience rapidement et récupérer le fruit de son travail à la fin de notre entrevue.

Il recommença alors, je voyais que sa vitesse avait augmenté et de façon significative. Kira était à mes côtés et me demandait des conseils, ses clones vinrent nous rejoindre.

«  C'est très bien si tu veux mon avis, mais pas encore parfait. Je ne suis pas le plus expérimenté en ce village mais j'ai profité des entraînements des meilleurs Shinobi de ce village. Je peux donc te transmettre quelques conseils.  »

Je marquai une pause, tout en créant dans chacune de mes mains des Senbons de Shôton. J'envoyai finalement ceux-ci sur les clones à mon interlocuteur.

«  Je pense que tu ne pourras passer au niveau supérieur en seulement un jour, c'est impossible. Je pense cela dit, qu'on peut provoquer ton esprit à nous montrer de quoi il est capable. Je te propose pour le moment de fatiguer encore ton corps, recommence l'exercice jusqu'à que je te demande d'arrêter.  »

Je pensais à faire évoluer d'un cran cet exercice, c'était pour moi évident que Kira disposait d'un potentiel inexploité. Je voulais donc le faire surgir même pour une seule seconde, peut-être il allait donc se rendre compte de ses possibilités et parvenir à s'améliorer.

« Allons-y, recommence. »

Une fois fait, je redemandais à Kira de reprendre l'exercice encore et encore-.. Une quinzaine de minutes plus tard, je pouvais voir son corps se fatiguer. L'exercice était simple mais utilisait du chakra en même temps qu'un effort physique considérable. Les deux choses alliés me permettaient de voir que mon interlocuteur était épuisé.

« Voilà ! Tu peux arrêter je pense. À la vue de ton état, je pense qu'il te reste peu de chakra et donc peut-être une seule utilisation de la technique de rapidité ? Dans ce cas.. »

Je joignis mes mains pour composer des mudras. Une dizaine de signe plus tard, j'invoquai un cerisier géant derrière moi. Celui-ci était composé de Shôton et était ponctué de deux couleurs. Le bleu et le jaune. D'un geste de la main, l'arbre éclata en des centaines de milliers de projectiles que je pouvais contrôler à ma guise. Un nuage scintillant, imposant se trouvait au-dessus de ma tête.

«  Cette technique est à mon sens, classifiée comme une technique de rang S. Elle a déjà fait ses preuves sur quelques ennemis. Devant toi. »

Dis-je avant de diriger ma technique devant lui, je l'avais prévenu pour qu'il l'esquive, la contrer me semblait pour l'instant pas envisageable avec sa réserve de chakra. Une fois fait, je repris la parole.

«  Je vais te pousser à améliorer ta vitesse sans avoir peur de te blesser. Ton objectif est de me toucher avec ta main mais tu devras tout d'abord anticiper ma technique, mes attaques et malheureusement tu n'es pas en état de réaliser plusieurs charges. Choisis bien le moment, tu n'as qu'une chance. »

Je m'écartai en un bond pour me retrouver de l'autre côté du terrain. C'était à lui de jouer maintenant, je souhaitais pousser son esprit et son corps à réagir rapidement, à accomplir ses envies.

Je regarde mes deux clones exploser en nuages de sable. La pluie dorée retombe sur le sol et efface toute trace de l'existence de mes bunshins. À l'entendre, mon professeur souhaite que je me fatigue. Pourquoi? Je serai alors moins performant et ça prolongera l'entraînement plus que je le souhaite. Travailler avec Ogami reste pour moi une nécessité. Mais certainement pas un moment agréable! C'est déjà assez dur de recevoir les conseils d'un inférieur mais si en plus il se permet de me vider de mes forces...

- "Recommençons, donc!"

Je suis ses instructions et vais me repositionner à l'autre bout du terrain tout en réfléchissant aux remarques de mon interlocuteur. Je ne vois pas vraiment où il veut en venir avec ses exercices ni comment il compte affûter mon esprit. Mais je vais me fier à lui pour l'instant. N'a-t'il pas reçu l'entraînement des meilleurs shinobis du village d'après ses dires? J'espère qu'il ne fait pas référence à Kioshi... Quoi qu'il en soit l'effort ne me fait pas peur. Et je compte bien le prouver...

Je recommence mes charges pendant encore une quinzaine de minutes qui se déroulent dans le silence. La sueur se mélange au sable tandis que je répète inlassablement l'exercice et que le soleil de Kaze nous enveloppe peu à peu de sa puissante chaleur. Mes réserves de chakra s'épuisent tout comme mes muscles. Mais je ne compte sûrement pas demander une pause. Je suis un Kawaguchi! Et un Kawaguchi ne se plaint pas! Un concept que Mizuki n'a toujours pas intégré malheureusement...

C'est donc Ogami qui reprend la parole pour m'indiquer le déroulement de la suite de l'exercice. Je l'écoute tout en jetant des regards sceptiques aux éclats de cristal qui flottent autour de lui. Ainsi donc c'est pour ça qu'il voulait me vider de mon chakra? Pour me laisser l'esquive comme seule parade à ses attaques. Il a raison: j'ai assez d'énergie pour une seule charge. Peut-être deux... Mais je ne vais pas pouvoir compter sur mes techniques pour bloquer les tirs du Toshiro. Et s'il en profitait?

Je fais un premier bond en arrière pour éviter les premiers projectiles. Mon professeur m'explique alors les règles de notre nouveau jeu. Je dois le toucher avec la main en usant de ma charge au bon moment. C'est plutôt simple en théorie. En pratique... Néanmoins j'ai envie de modifier un peu les règles et d'en proposer une alternative à Ogami. Je n'ai jamais aimé la facilité! Si ça avait le cas je ne me serais pas fixé des objectifs tels que la mort de Kioshi, l'asservissement des autres clans et - à défaut - la destruction de Suna...

- "J'améliorerai ma vitesse bien plus efficacement si j'ai au contraire peur d'être touché." mon ton est parfaitement sérieux. "En combat les erreurs ont leurs conséquences. Je veux m'y préparer dès maintenant et m'habituer à composer avec la douleur. Un jour viendra où je devrai faire face à un adversaire qui voudra réellement me tuer. Et je compte bien être prêt quand ça arrivera..."

Je donne un coup de pied dans le sable pour en asperger mon professeur et déjà tenter de mettre fin à l'exercice. Mais je ne le touche pas et suis forcé de battre en retraite pour éviter la riposte. Je plonge ensuite sur le côté pour éviter une autre salve de shôton. Ogami me harcèle de ses tirs et je suis cantonné à la défensive. Hors pour réussir à le toucher il faudra bien que je passe à l'offensive à un moment ou à un autre. Je ne peux pas me limiter à éviter des tirs qui me toucheront tôt ou tard pour peu que mon professeur ait décidé d'accéder à ma requête.

Je n'ai pratiquement plus de chakra et je dois faire face à une technique classifiée S. Mon adversaire, de son côté, est en pleine forme. Il faut que j'équilibre les chances. Combien de temps Ogami arrivera-t'il à user avec efficacité d'un jutsu qui demande tant d'énergie? Il faut que je le pousse à se fatiguer avant de l'attaquer pour le toucher. Et pour ça il faut que je serve de cible encore quelques temps. C'est dangereux mais c'est la seule solution. Et quand mon professeur montrera des signes de faiblesse alors je l'attaquerai.

*Ne reste plus qu'à savoir s'il aura épuisé sa réserve de chakra avant que je tombe de fatigue...*

C'est un pari dangereux. Je vais devoir éviter les attaques de mon adversaire sans avoir la moindre chance de riposter avant de longues minutes. Je me jette hors de ma cachette et évite les projectiles suivants. L'un d'eux me lacère l'avant-bras et la douleur se mêle à l'adrénaline. Cette dernière est une sorte de drogue que j'apprécie particulièrement. Je ne m'autorise pas le moindre regard à ma plaie et garde les yeux rivés sur le nuage de shôton afin d'évaluer la trajectoire de ses salves successives. Je bloque net l'un de mes mouvements pour éviter une attaque puis me jette au sol pour esquiver la suivante.

De temps à autre je retourne prendre mon souffle derrière l'un des rares rochers du terrain d'entrainement. De longues minutes s'écoulent ainsi et ma jambe en fait les frais. Une coupure au-dessus du genoux répand mon sang sur le sable qui l'absorbe rapidement et se teint de noir. Ha si j'avais assez d'énergie pour user du Sunaton à mon aise... Mais il me reste à peine de quoi faire un jutsu. Et il s'agit de le choisir avec précaution!

*Allez, on y va!*

Fini d'attendre! Mon choix fait, j'effectue je jette un fumigène entre Ogami et moi et effectue quelques mudras. Ce n'est pas au Taijutsu que je vais me fier pour le moment mais bien au Ninjutsu. Cinq nouveaux clones apparaissent sur le terrain avant de se disperser dans toutes les directions. Mon adversaire arrivera-t'il à deviner lequel est le vrai? En tout cas il va devoir se concentrer sur six cibles différentes. Des cibles qui s'emploient à éviter les attaques de mon professeur tout comme moi.

Je tente de les rapprocher peu à peu de mon adversaire alors que leur nombre se réduit rapidement. De mon côté je me rue finalement à l'assaut au moment-même où il détruit mon avant-dernier clone. Je puise dans mes réserves pour courir aussi vite que je le peux encore. Mais avec une jambe blessée couplée à la fatigue, l'exercice n'est guère aisé. Je tends la main devant moi alors que je me rapproche du Toshiro sur son flanc. L'instant de vérité...

La consigne était posée, j’espérais que cela convenait à Kira. Dans le cas contraire, je n'aurais tout de même pas changé mes dires. Il devait faire en fonction de moi car moi je faisais en fonction de lui, c'était un échange qu'il devait respecter. Mon interlocuteur se sentait capable de s'améliorer efficacement sous la pression de mes attaques, la douleur ne le faisait donc pas peur ? J'esquissai un sourire, n'étant pas habitué à entendre des choses de la sorte. Ses paroles étaient loin d'être insensées, un homme en voudra à sa vie tôt ou tard, que ça soit dans sa vie ou lors des missions. Il fallait être prêt, c'était même une obligation s'il tenait à sa propre vie. Je hochai la tête de haut en bas comme pour acquiescer ses dires, je ne pouvais que être d'accord avec lui. J'avais beau avoir en face de moi quelqu'un d'inexpérimenté, il n'était pas bête, loin de la et me semblait même être quelqu'un de réfléchi. Chacun de ses mots semblaient être disposés de façon à laisser apparaître son souhait, certaines de ses paroles semblaient même ne pas être de lui. Cette sensation, je la connaissais, autrefois j'avais été comme lui.

Même si ça me laissait perplexe, je ne faisais pas dans le social et je me fichais finalement -pour le moment- qui il pouvait bien être. Aussitôt, il s'essaya à me toucher en tapant le sable avec ses pieds de façon à me « paralyser ». J'avais déjà usé de cette technique fourbe lors d'un entraînement, je plaçai mon bras devant mes yeux tout en préparant ma technique. Aussitôt, j'élançai celle-ci en sa direction pour le toucher. Il évitait encore et encore, je faisais même exprès seulement le blesser pour le pousser dans ses derniers retranchements.

Je voulais qu'il utilise le fait d'être traqué, d'être au bord de la défaite pour se déployer réellement. Pour cela, il fallait être stratège et réussir à assimiler le fait que son corps pouvait agir selon ses souhaits. J'imaginais que son souhait était de faire durer afin de m'épuiser, maintenir une technique de rang S ne se trouvait pas être quelque chose de facile. La fatigue se faisait d'autant plus sentir, je pouvais le lire à travers son corps. Quelques parties de son corps étaient éraflées et à ce rythme, sa défaite était assurée. Kira utilisait le décor afin de se protéger de mes attaques, c'était une bonne chose pour pouvoir reprendre son souffle et réfléchir à ses prochaines offensives. Il jeta un fumigène en ma direction pour dissimuler ses actions. Je vis alors surgir cinq clones, prenant chacun une direction différente. Au final ils étaient six, qui était le bon, qui était le mauvais ? J'allais rapidement le savoir. J'ouvris mon poing afin de scinder en deux ma technique et la diriger sur ses clones, je les explosai un à un.

Je vis alors un Kira se rapprocher de moi, il utilisait du chakra pour avoir cette vitesse et au vu de sa réserve actuelle c'était sûrement lui. Je l'observai alors arriver à ses fins et me toucher le corps. C'était mérité, j'avais vu son mouvement, je n'y avais pas répondu pour certaines raisons. Comme dit, la première raison étant son stratège intéressant même si classique, la deuxième résidait en sa vitesse. Il ne s'en était peut-être pas rendu compte mais il s'était encore amélioré. D'un geste, mon nuage de Shôton disparût en poussière et je me plaçai face à Kira. Je pouvais entendre sa respiration saccadée, il était épuisé.

« Tu as réussi Kira, félicitation. »

Je marquai une pause de quelques secondes en observant brièvement le terrain parsemés de trou, nous avions causé quelques dégâts ici.

«  Je te conseille de d'entraîner au moins un jour sur deux pour pouvoir réussir à maîtriser correctement les déplacements rapide et l'anticipation. Un jour d'entraînement, tu laisses ton corps et ton esprit se reposer et tu reprends l'entraînement. Au bout d'un moment, cela va payer. N'hésite pas à me quémander un entraînement et selon mes disponibilités, je peux te rejoindre.  »

Je récupérai ma veste et mon Katana avant de me tourner vers mon partenaire de ce jour, il avait réussi sous la pression. Maintenant il fallait réussir à utiliser cette expérience pour reproduire encore et encore.

«  Tu as été rapide et tu as à la fois anticipé mes attaques, ton niveau de Taïjutsu se verra améliorer si tu continues sur cette lancée. »

Il était maintenant sur la bonne voie, je restais tout de même face à lui, peut-être voulait-il autre chose ? Une question ? Des remarques ?

Je l'ai touché! Pourtant il n'y a pas vraiment de quoi crier victoire. Je suis à cours de chakra, vidé de mes forces. Mes vertiges s'accentuent et je suis forcé de me pencher en avant pour les canaliser tout en reprenant mon souffle. L'entraînement n'aura pas duré très longtemps. Mais il a été aussi exigeant qu'instructif. Et dans la foulée je suis bien obligé de reconnaître qu'Ogami est un professeur efficace. Et d'autres sont arrivés à la même conclusion sans quoi il n'aurait pas été autorisé à fonder sa propre équipe, à former des jeunes qui seront un jour appelés à remplacer les anciens.

Un mince sourire assombrit mon visage tandis que des perles de sueur coulent le long de l’arête de mon nez ou sur mon menton avant de s'écraser en silence sur le sable granuleux. Mes cheveux d'un blond doré sont trempés et masquent en partie mon champ de vision. J'imagine que je devrais me montrer reconnaissant pour le temps qu'il a sacrifié pour moi et les perspectives qu'il m'a ouvertes. Mais pourquoi remercier quelqu'un qui n'a fait que ce qu'on attend de lui? C'est à dire respecter la volonté d'un jeune homme qui lui est supérieur de par sa naissance et le sang qui coule dans ses veines? Il n'a fait qu'agir en adéquation avec les lois fixées par la nature. Doit-on féliciter un insecte parce qu'il se comporte comme tel?

Il me faut encore quelques instants pour reprendre mon souffle et finalement me redresser et lever les yeux vers le ciel. Ma respiration stabilisée, je reporte mon attention sur mon professeur tandis qu'il me gratifie de ses conseils. Un jour d'entraînement, un jour de repos... Oui, ça me semble raisonnable. Je pourrai ainsi profiter des journées de calme pour épauler Tsukiko, travailler à la mise en place d'un plan pour tuer Kioshi et remplir mes fonctions au sein du Shin Sekaï. Tout en développant en parallèle mon talent pour le corps à corps. Un compromis tout à fait acceptable.

- "Quémander un entraînement?" cette phrase me gêne. "Je ne... quémande pas! Ce n'est pas mon genre!"

J'ordonne... Mais Ogami est mon supérieur hiérarchique pour l'instant. Alors je me contente de lui demander des conseils et de son temps avec l'espoir qu'il accède à ma requête. Jamais je ne lui courrai après pour obtenir quelque chose qui m'est normalement due. Il pourra me rétorquer que je joue sur les mots. Mais si le japonais est aussi prolifique en matière d'expressions, c'est qu'il y a une raison...

- "Tu as été un bon professeur Ogami!" ce n'est que la vérité. "La prochaine fois que nous nous reverrons à l'entraînement je compte bien te prouver à quel point tes conseils m'auront été utiles. Et qui sait... Peut-être que ce sera alors à ton tour de te cacher derrière un rocher..."

Je lui décoche un sourire furtif pour lui montrer que je plaisante... à moitié. Il m'a montré le chemin à suivre pour progresser. Mais c'est uniquement avec le temps et des efforts soutenus que je deviendrai un maître en taïjutsu. Il n'y a pas de raccourcis pour atteindre un but comme celui. Et le prix a payer est celui de la sueur et du sang. Des conditions qui ne m'effraient pas. L'adversité m'a toujours motivée. Sans quoi je ne me serais pas fixé des objectifs aussi compliqués à atteindre. Il n'y a aucun mérite à triompher facilement. Et la victoire a bien moins de saveur lorsqu'elle est aisément acquise...

- "Je te propose quelque chose: donnons-nous rendez-vous dans un an! Même jour, même heure, même place! Et nous pourrons alors voir quel genre d'arbre sera devenue la graine que tu as plantée aujourd'hui..."

Un puissant chêne ou un frêle arbrisseau? J'ai une petite idée sur la réponse mais seul le temps me donnera raison. Ou tort... Il n'est pas sage d'envisager la victoire sans tenir compte d'une éventuelle défaite. On ne peut pas se contenter de tenir compte d'une seule facette d'une pièce. C'est aussi stupide que dangereux. C'est bien en envisageant chaque possibilité qu'on peut se préparer au mieux aux dangers qui se dressent sur votre chemin. Un
principe que mes parents puis plus tard mon grand-père se sont acharnés à m'inculquer depuis ma plus tendre enfance. Et que je respecte aujourd'hui encore. Néanmoins...

- "Tu as eu un aperçu de la vitesse maximale que je peux atteindre. C'est à ton tour de me montrer de quoi tu es capable!" un senbon de sable solidifié se forme entre deux de mes doigts. "C'est la moindre des choses non?"

Je le lui lance dessus à bout portant d'un mouvement fluide. La simple création de cette arme ridicule m'a rapproché un peu plus de la limite que je peux atteindre. Le projectile décoché, je pose un genoux à terre tandis que la fatigue m'étreint avec une violence rare. J'ai trop forcé, flirté avec l'imprudence. Mais je ne regrette absolument pas...

Quémander ? Peut-être en effet que ce n'était pas le mot approprié à la situation. J'esquissais un sourire à son encontre sans donner une réponse à ses mots. De toute façon, il n'y avait pas besoin d'ajouter quelque chose à cela. Kira me complimentait d'avoir été un bon professeur, j'étais content de l'entendre. J'avais été mené à prendre une équipe sous mon aile mais je n'en étais pas pour autant le plus pédagogue, j'avais d'ailleurs du mal à comprendre Takanashi-.. Son esprit pervers me dépassait complètement, je ne savais comment aborder le problème avec elle. Enfin, mon élève de ce jour comptait me prouver que cet entraînement avait été fructueux. Tant mieux si c'était le cas, je ne demandais que ça. Si quelqu'un pouvait devenir plus fort grâce à moi, c'était une bonne chose. Je ne faisais que transmettre les enseignements qui m'avaient été transmis eux aussi. Une chaîne qui ne se finirait peut-être jamais, j’espérai que mes élèves en fassent de même dans les prochaines années. Je comptais apporter mon aide à la nouvelle génération-..

J'avais des fois l'impression d'être plus âgé, je n’avoisinais pourtant pas les vingt ans. Un Shinobi grandissait plus vite selon moi, les missions, les entraînements, la guerre-.. Tout ceci contribuait efficacement à faire grandir une personne plus rapidement. Pour ma part c'était le cas, les épreuves que la vie avait décidé de mettre face à moi, je les avais affronté, devenant de plus en plus mature. Pour en revenir à mon interlocuteur, il me fit légèrement rire à ses dernières paroles. Quelques expériences nous séparaient, mon niveau, mon grade, mes missions-.. Ce n'était pas pour aujourd'hui mais demain peut-être ? S'il pouvait être plus fort que moi, ça ne me dérangerait pas. Ça serait une personne de plus à battre dans ce village avant de passer à l'étape supérieure. Mais je n'y croyais pas, il y avait encore beaucoup de choses à accomplir pour pouvoir m'égaler.

J'enfilai ma veste précédemment récupérée avant de prendre la parole.

«  Je l’espère pour toi, sincèrement... Mais viser trop haut, trop rapidement peut mener à ta perte. Fais attention à cela, il serait dommage de te voir rejoindre le cimetière Shinobi de Suna.  »

Un peu morbide, je pouvais le concevoir mais c'était tout de même à souligner. Une erreur, un faux pas pouvait mener à la mort. Affronter un adversaire ayant plus de capacités, vouloir acquérir trop de puissance rapidement.. des choses plutôt banales mais destructrices qui m'avaient amené à plusieurs pertes de contrôle. Je ne faisais que transmettre mon expérience au genin, il pouvait prendre ces conseils ou bien les oublier. J'avais déjà perdu des personnes chères à mes yeux, peut-être pensera-t-il à utiliser ces indications le moment venu ? Enfin, cela dit, sa proposition était très intéressante. Se retrouver dans un an, jour pour jour, même heure en cet endroit. Je souriais alors à sa proposition avant de jeter un bref coup d’œil autour de nous. Je venais de planter une graine selon lui, une graine qui sera amener à fleurir bien sûr.

«  C'est d'accord, je prends au sérieux cette proposition. Dans ce cas nous nous retrouverons ici, j'en prends note. Tu vas t'entraîner, tu vas devenir plus fort, j'en conviens. Mais moi aussi, ce niveau ne me convient pas. Je vais commencer par surpasser mon maître, viendra ensuite son maître et tous les Shinobis de ce village.  »

Je marquai une pause de quelques secondes, pensif. Peut-être visais-je trop haut ? Je lui donnais des conseils pour finalement m'exprimer de la sorte. Seulement, je faisais les choses progressivement pour ma part. À mes débuts j'avais opté pour la mauvaise méthode et finalement, sous les conseils de mes proches et du fait de mon expérience, j'avais choisi de faire les choses plus intelligemment.

«  Enfin, tout cela pour dire que je me battrai sérieusement. »

Notre entraînement ne semblait par être terminé. Mon interlocuteur voulait savoir de quoi j'étais capable à mon tour. C'était en effet quelque chose de normal, je lui avais enseigné sans vraiment pouvoir montrer mes capacités. Aussitôt, il créa alors un projectile pour l'envoyer rapidement dans ma direction. Un instant avant l'impact, je disparaissais pour apparaître derrière Kira. Cette technique je l'appelais modestement « Kami no Sabaki » ou déplacement instantané pour faire plus simple. Je pouvais à une vitesse ahurissante me déplacer jusqu'à ma cible, je posai alors un doigt sur sa tête pour ensuite m'exprimer.

«  Voilà de quoi je suis capable mais ce n'est pas très amusant, je t'ai épuisé auparavant. Cela ne prouve absolument rien si ce n'est ma rapidité. »

Le voyant presque à terre, je plaçai ma main sur son bras avant de l'aider à se relever.

«  J'ai parlé de Suna au début de notre entraînement mais ça va finalement bien au-delà de ça. Je suis une voie bien précise, tu dois en faire de même n'est-ce pas ? Puisse cet entraînement t'être favorable dans ce cas, si j'ai pu t'aider, alors ça me convient. Si nous sommes préservant, peut-être verra-t-on le bout de cette voie ? »

Oui, il est rapide. Bien plus que moi. Me hisser à son niveau ne sera pas un exercice aisé. Alors le dépasser... Une année ne sera en effet pas de trop pour me permettre d'atteindre cet objectif. En attendant il va falloir que je m'entraîne très sérieusement. Je courtise la vitesse qu'il a déployée. Et un jour cette dernière sera mienne. C'est juste que je ne mesure sans doute pas entièrement les sacrifices qu'un tel but m'imposera. Mais quand on veut quelque chose il faut se donner les moyens de l'obtenir. Rien ne tombe du ciel...

*Quoique... Kioshi doit encore être en train de se demander comment il a obtenu la fonction suprême...*

Je pourrais sûrement en rire jaune s'il me restait des forces. Mais je me sens aussi faible qu'au premier jour et le flot de paroles d'Ogami me submergent. Je perds pied et ne l'écoute plus que d'une oreille distraite. Ses mots me semblent parois lointain, prononcés en sourdine. Je ferme les yeux et les vestiges s'atténuent tandis que les sons se précisent. Je me verse ensuite de l'eau dans la nuque et sa fraîcheur bienvenue m'arrache un frisson qui se répercute le long de mon échine.

- "La persévérance ne fait pas tout malheureusement..." je laisse le Toshiro m'aider à me relever, trop faible pour protester ou le faire moi-même. "Il faut aussi compter sur le hasard pour nous compliquer la tâche. Et on a pas choisi une profession qui nous autorise à rêver de nos vieux jours. L'un dans l'autre..."

Je me stabilise grâce à son aide puis parviens à me redresser de toute ma taille sous le soleil de Kaze. Si un jour je venais à atteindre mes objectifs alors Ogami se souviendra sans doute des mots qu'il a prononcés aujourd'hui et aura peut-être le temps de les regretter. Mais pour l'instant j'ai bien peur de devoir rester aussi muet qu'une tombe à leur sujet.

- "Parfois je me dis que les buts et les rêves ne sont rien d'autre que appâts qu'on dépose soi-même pour se forcer à avancer. Un peu comme l'histoire des carottes et des ânes. Sauf que pour le coup nous sommes à la fois les artisans et les victimes de notre propre ruse..."

Il m'arrive de douter, oui. Je suis toujours aussi résigné à changer Suna ou à la détruire le cas échéant. Mais je me demande si c'est un objectif atteignable ou un simple mirage... Avancer envers et contre tout? Ça ne me fait pas peur. Ce qui m'effraie, en revanche, c'est de découvrir que j'ai sacrifié autant de temps et d'énergie pour une illusion. La vie ne vous rend que rarement les années qu'elle vous subtilise...

- "Ça ira, merci!" je me dégage. "Bon... Et bien à dans une année!"

Ou peut-être avant si le destin nous amène à nous recroiser.. Je titube encore en quittant le terrain d'entraînement. J'ai la démarche d'un homme saoul ou blessé. Voir les deux. Pour l'instant mon seul but est de retrouver mon lit et de jouir d'un repos aussi mérité que réparateur...