La peur commençait petit à petit à s’estomper. Je commençais petit à petit à accepter ma condition d’Aburame. Bien sûr, j’aurais préféré être une Hayashi, une Hyûga ou même une Akimichi (non, bon, faut pas abuser, pas une Akimichi) mais la nature était ainsi faite : j’abritais ce dont j’avais peur. Mais on finit par s’y habituer, surtout lorsque notre senseï, elle aussi, utilise des insectes. Et ce à foison. Et ce n’est pas tout : Miko possédait un laboratoire secret où les manipulations sur les insectes allaient bon train, et où toutes les données concernant son parasitage étaient regroupées. Et, à mon grand désarroi, j’y avais accès et je devais souvent y aller, faisant face à tout un tas de trucs plus dégueulasses les uns que les autres. Même une troisième jambe dans une fleur, à côté, c’était poétique.
J’avais aussi appris la Médecine, entre temps, un art fabuleux et prenant. Après mes premiers tâtonnements, je passais mes soirées à étudier des bouquins sur les différents systèmes. Telle veine passe au-dessus de telle artère, tel organe est relié à tel vaisseau, telle liquide se déverse dans tel tuyau… En plusieurs jours, j’avais avalé plus de livres sur le corps humain que de nourriture. Et pourtant, des domaines restaient encore abstraits, comme cette histoire de réseau chakratique. Pourquoi est-ce que c’était si mystérieux ? Pourquoi les gens n’avaient-ils pas les mêmes capacités, alors qu’on a tous le même système digestif ? Pourquoi certains n’en ont pas, et d’autres oui ? Pourquoi mes insectes ne vivent qu’en présence de mon chakra ? Tellement de questions, et pourtant… Aucune réponse.
Ma curiosité prit le pas sur ma raison, et je passais le plus clair de mon temps libre dans les laboratoires Aburame. J’avais eu une idée, peut-être un peu stupide, mais qui valait le coup d’être essayée. Ce dont on était sûrs, c’était que les insectes de mon clan vivaient dans les réseaux chakratiques. Puisqu’à mon niveau, étudier des cadavres était proscrit, d’autant que le chakra s’évapore à la mort d’un être, j’allais travailler sur des êtres vivants, en infiltrant les réseaux chakratiques, que mes insectes connaissent bien. J’allais créer et élever des insectes que je ferais entrer en moi, et contrôler.
Les jours passèrent, et j’avais réussi à convaincre Miko du bien fondé de me donner un bout de son laboratoire. J’élevais plusieurs insectes, tous issus de mon propre corps, et manipulait leurs comportements pour qu’ils puissent communiquer ce qu’ils verront concrètement. Les premières tentatives furent des échecs cuisants : une fois de retour dans mon organisme, ils reprirent leurs places originelles sans changer de comportement. Ça me dégoûtait, mais je devais créer et introduire en moi de nouveaux insectes, qui n’avaient jamais goûté mon chakra et qui seraient peut-être de meilleurs outils. De même, les premiers essais furent des échecs : les insectes n’entraient soit pas dans mon organisme, soit mourrait. Il fallut attendre un petit moment avant que les premiers résultats « concluants » ne se fassent ressentir.
Mes bras étaient en sang, couverts de piqûres et d’écorchures. La pénétration de l’insecte dans l’organisme était douloureuse et contraignante, et je songeais sérieusement à arrêter ces expériences ridicules qui ne me ressemblaient même pas. Pourtant, l’un des derniers essais que je fis fut… spécial. Toujours pas concluant, hein, faut pas pousser, mais il se passa quelque chose d’étrange. Lorsque mon insecte entra dans mon organisme, je ressentis comme un lien quand il se nourrit de mon chakra. C’est ce que je cherchais, après tout : mais le lien n’était pas celui auquel je m’attendais. L’insecte, unique, ressentait mes pensées, et était contrôlé par ce que je demandais. Et plus que tout : il survivait.
J’élevai d’autres insectes dans le même but, dans l’espoir d’en apprendre un peu plus sur cette race étrange que je venais de découvrir. Des insectes qui se faufilaient sous la peau de l’adversaire, je savais déjà faire : et si cet insecte était possiblement contrôlable dans le corps de l’autre, une fois incrusté sous l’épiderme ? Il fallait que je teste. Alors, je me rendis à la morgue. Je n’en avais absolument pas le droit, surtout pour faire de telles expériences, mais je ne me voyais pas faire ce que je voulais faire sur des êtres vivants.
Les premiers insectes fusèrent de sous ma manche et se dirigèrent vers les cadavres. Le lien que j’avais créé dans mon corps se maintint, et l’insecte se faufila sous la peau du mort. Une bosse se créa d’abord à l’endroit où l’insecte s’était faufilé, puis disparut, ne laissant derrière lui qu’une piqûre par laquelle il s’était faufilé. Avais-je toujours le lien avec l’insecte ? Oui. Et ce que j’en fis fut incroyable. Mon entreprise me mena à faire des tests ensuite sur des êtres vivants : est-ce que si ça marche sur des morts, l'activité du vivant garderait le lien que j'avais créé ? Est-ce que l'insecte resterait vivant malgré toutes les contraintes que le vivant lui apporterait, avec les circulations sanguines et autres systèmes ? Il fallait que je m'en assure. Un oiseau fut ma première proie. Et comble du bonheur, l'insecte resta vivant, et le lien ne fut pas rompu. Je venais de créer des insectes capables de s'introduire et de vivre dans les corps étrangers... et je pouvais les contrôler.
