Notre bien aimée Hokage a écrit:

« Nozomi, je te confie Yamanaka Inaho, qui effectuera sous ta tutelle, dix heures d'intérêts généraux. C'est le Yamanaka qui avait fait croire à un patient dont tu t'étais occupée, que ton traitement l'avait rendu daltonien. Je compte sur toi pour l'occuper au maximum et le tuer au travail. Tente de lui inculquer les bonnes manières au passage, et préviens le que les problèmes qu'il cause commencent à me fatiguer. Bonne chance.

Miko »

Ce bas monde est synonyme de calamité. L’injustice y règne d’une poignée de fer. Infortuné soit l’humanité pour avoir évolué sur cette Terre, là où les malheureux sont nombreux. Est-ce dû à une chaîne de causes naturelles ou bien tout simplement le résultat de l’idiotie humaine au cours des nombreuses générations qui se sont succédées ? Prenons notre héros comme exemple : jeune, il est subitement devenu orphelin via les feux de la guerre, désormais assujetti au sort de voler pour survivre. Ensuite, devant payer pour ses moindres crimes, il est devenu un esclave pour la majorité de son enfance. Est-ce la nature humaine qui est à blâmer pour ce dénouement misérable ou bien sa stupidité, sa soif de sang ainsi que son désir irrépressible de causer le désastre ? Et le destin ne semble pas prêt de laisser au Lutin de reprendre son souffle car le voici de nouveau au sein d’un événement funeste. Et suite à cette péripétie totalement hors sujet qui prend une tournure philosophique mais qui semble bien vous occupez alors que vous lisez ce pavé, peut-on enfin se concentrer sur ce qui est important ?

Il y a néanmoins un lien avec toute cette absurdité : la vie semble prendre un malin plaisir pour faire subir à certains une série de pénibles événements. Et Inaho se doute qu’il est certainement une victime favorite aux yeux de Mère Nature. Voici un petit résumé de ce qui s’est produit lors des derniers jours : alors que le Genin vagabondait dans les ruelles de la cité de la Feuille. Aucune raison particulière pourquoi il a décidé d’accorder la plèbe sa divine présence en cette grâce matinée, il avait simplement envie de prendre l’air un peu au lieu de rester pieuté dans son plumard – une décision qui est plutôt rare pour la créature elfique et qu’il regrettera d’ici peu. Il s’approcha involontairement de l’hôpital puis tomba sur un patient en chaise roulante. Cet individu – que nous appellerons, avec justification, l’enculé ou autre insulte au hasard – remarqua les oreilles de notre protagoniste et commença à faire des remarques à voix haute à son intention. Inaho jura sur la tête du bon Dieu qu’il ait tenté d’ignorer le connard et de passer son chemin sans lui adresser le moindre regard, mais l’enfoiré poursuivit sa lancée et le jouvenceau perdit finalement son sang-froid. Une petite manipulation dans le cortex du bâtard et ce dernier cru que son traitement l’ait rendu daltonien – une bien maigre punition pour un si grand affront envers sa personne.

Les autorités rallièrent rapidement l’incident à lui. Comme quoi il est le seul Yamanaka au sein du village possédant la capacité de modifier les perceptions cérébrales d’un quelconque être humanoïde ! Quoi qu’il en soit, le voilà condamné à faire une dizaine d’heures de travaux communautaires. Et la police a dit que c’est un miracle qu’il ne soit pas en train de pourrir au fond des geôles suite à cet « assaut ». C’est lui qu’on fait chier et c’est lui qui en prend plein la gueule. Le respect en cette ère n’existe plus. Enfin arriva le jour fatidique. Il devait être présent à l’hôpital à dix heures pour débuter sa sentence. Néanmoins, Morphée le libéra dix minutes avant l’heure et le Lutin n’était pas spécialement pressé. Il arriva finalement à l’hôpital avec trente minutes de retard – seulement ! C’est déjà un miracle en soit qu’il n’ait pas décidé de rester chez lui dans son plumard. En vérité, il se disait que si réellement il ne se pointait pas au lieu de rendez-vous, on allait véritablement le foutre en prison – ou lui fait subir bien pire, au choix. C’est avec une attitude lassée qu’il se présenta au comptoir et expliqua la situation à la secrétaire, visiblement débordée par le travail.

• Nhh. J’suis Inaho. On m’a dit de me présenter ici à 10h, mais j’ai rencontré une pauvre vieille femme en chemin et je l’ai aidé à traverser la rue, d’où mon retard.

Mains dans les poches de son jogging gris, le sommeil encore affiché sur son faciès, le Lutin n’essaya même pas de paraître convainquant. Il dissimula un bâillement à l’aide de la manche de son t-shirt d’ébène. Visiblement, la journée sera longue. On va certainement lui ordonner de sortir les ordures… Ou bien serait-ce ce qu’il y a de moins pire ?! Devra-t-il changer les couches des vieilles personnes ? Nettoyer les chiottes ? Insérer un quelconque dispositif dans l’anus d’un malade ?! Uniquement à y penser, le brun à des frissons de dégoût et un début de nausée. Il espère uniquement que tout se passera… relativement bien.

Évidemment, le mensonge peu élaboré ne fut pas suffisant pour convaincre les infirmières qui le toisaient d’un regard désespéré. Certes, ce canular n’est rien d’autre qu’une pauvre idée qu’il a énoncé sur le moment, sans même prendre la peine de raffiner cette excuse quelques minutes avant d’arriver sur les lieux. Néanmoins, qui sont ces femmes pour dire que c’est absolument faux ? Peut-être que cette vieille dame a un problème de dos et doit marcher très lentement pour arriver à destination. De sa grande bonté, Inaho ne pouvait laisser à elle-même cette pauvre vieille madame. Bien sûr, l’on entre dans le domaine de la spéculation, voire même de la fiction à cette étendue, mais tout est possible dans ce triste monde. L’on a qu’à observer ce qui se produit dans le monde extérieur : d’un claquement de doigt, un nouveau groupuscule détenant une puissance inimaginable émerge de l’ombre pour assouvir un quelconque objectif. C’est louche et très merdique, cette histoire. Mais ça, le jouvenceau ne le sait pas. Ne pas confondre le narrateur et le personnage. Rejoignez la cause « je dis non au méta-rp ! Et à Kumo par la même occasion ». Shots fired!!

On ignora complètement la remarque du Genin, comme si elle n’a eu aucun effet – ou bien tout le contraire. Une femme se leva et se retrouva face à lui. Sans gêne, le premier réflexe de l’adolescent fut de l’examiner de la tête aux pieds. Une silhouette élancée pouvant faire tourner la tête plus d’un homme – heureusement que le sort machiavélique des femelles ne fonctionne pas sur les Lutins ! Des perles possédant le teint de l’océan et… une coiffure de même couleur que la dèche ? Si ce n’est que ça : son visage est recouvert de divers tatouages. Encore heureux qu’elle ait décroché cet emploi. Se retenant pour ne pas lâcher un quelconque commentaire, le Yamanaka accepta la main tendue de la dénommée Myouga Nozomi sous un mutisme forcé. Pas simple méfiance avant tout, il a bel et bien observé si la paume de la demoiselle n’est pas piégée, à savoir un dispositif électrique qui choque la victime. Un simple gag qui fait toujours fureur chez les délinquants et qu’Inaho chérissait particulièrement plus jeune.

Il suivit de près sa camarade du jour jusqu’à l’étage suivant. Au cours du parcours, l’atmosphère stérile donna la nausée à notre héros qui grimaça en traversant les différents couloirs de l’édifice. Il ne pouvait pointer avec précision ce qui lui donnait ce dégoût. Une odeur quelconque dans l’air ou simplement la couleur des murs. Ou bien l’écrasante majorité des malades dans un seul et même endroit. Pendant une dizaine d’heures, le Lutin devra braver ces disgrâces afin de sortir vivant et en un seul morceau de sa sentence. Définitivement plus facile à dire qu’à faire.

Immédiatement après avoir enfilé la blouse qu’elle lui prêta, la prénommée Nozomi expliqua l’ordre de l’heure tout en n’oubliant pas la petite remarque sur les personnes âgées en faisant référence au mensonge du garçon plus tôt. À cette rétorque, Inaho roula les yeux vers le ciel, décidemment las à son tour. Vivement que le temps passe rapidement. Si seulement il était né avec l’Œil Doré. Il aurait créé une manipulation du temps précisément pour éviter ce genre de connerie. Tu en as marre de passer ton temps avec un individu en particulier mais tu souhaites tout de même tenir ta promesse de le rencontrer à telle heure en face du cinéma ? N’ai crainte, car avec ce jutsu, tu fais passer le temps sans même avoir le temps de le dire. Le rendez-vous fini, tu peux retourner chez toi sans le moindre regret. Certes, les Jisetsu ne peuvent manier le temps ainsi et Dieu merci pour cette limite. Néanmoins, l’on peut toujours rêver.

La tournée débuta. Son boulot ? Demander aux patients la nourriture qu’ils souhaitent consommer au déjeuner. Rien de bien palpitant, mais mille fois mieux que de nettoyer les cuvettes. Toujours enfoui sous un océan de silence, il ne protesta pas. D’un point de vue totalement impartial, la journée commence de façon plutôt aisée et calme. Autant préserver cette quiétude pour un long moment avant qu’elle se métamorphose subitement en tempête. Le duo pénétra la première salle où un vieil homme est allongé sur un lit d’hôpital – qui deviendra probablement son lit de mort d’ici les prochains mois. Humour noir, si, mais réaliste ! L’infirmière le présenta brièvement, il enchaîna par un simple bonjour, son faciès dénué d’émotion. Encore heureux qu’il ait effacé cette expression épuisée. Il laissa la femme effectuer les étapes de son travail et le grincheux s’exprimer. Il peut difficilement blâmer le vieillard pour être ainsi. Ce serait un cauchemar pour le jeune homme d’être coincé dans un lit au sein d’un hôpital jusqu’à sa dernière heure. Une réalité macabre. Après une minute, Inaho s’avança d’un pas et toussota légèrement pour attirer l’attention du mourant sur lui.

• Monsieur Ikeda, voici les différents plats que l’hôpital offre ce midi. Sachez que tous les choix sont accompagnés d’un petit pain et de deux oranges. Tout d’abord, il y a… le ragoût aux légumes ? Oulah. Ensuite, nous offrons une lasagne. Puis, il y a le macaroni à l’ail…

Son regard de charbon lisant les mots sur la carte fixe, le délinquant ne put s’empêcher d’être sidéré face à ces plateaux-repas offerts par l’établissement. Le seul choix potable dans cette atroce liste est la lasagne. Et encore, il est connu que la qualité de la nourriture dans les centres hospitaliers est loin d’être merveilleuse. Même le vieil homme confirma ses soupçons en grommelant une plainte inaudible. Pendant un bref moment, Inaho fut empli de sympathie pour le malade. Ses prunelles ténébreuses rivèrent sur sa partenaire, un sourcil arqué. Il espérait sincèrement – pour lui et le patient – que tout ceci n’est qu’une mauvaise blague. Encore une fois, il faisait preuve d'un effort draconien pour ne pas exprimer le fond de sa pensée.

Sérieusement, il est à deux doigts d’aller chercher une pizza à partager avec ce Ikeda… Principalement parce qu’il a soudainement envie d’une pizza toute garnie.