Journée entre soeurs [ft. La]

Je l'avais promis à La : j'allais lui apprendre à connaître le village et le monde qui nous entourait. J'allais également passer plus de temps avec elle et en prendrais pour faire des sorties en sa compagnie.

C'était ainsi que nous nous dirigeons vers le centre ville. La semblait presque souffrir de la lueur du soleil tant elle n'était pas sortie hors du manoir en pleine journée depuis des lustres. J'avais prévu plusieurs activités avec elle mais je ne savais pas si c'était le genre de choses qu'elle apprécierait ou si au contraire cela l'ennuierait au plus haut point...

Nous marchions côté a côte mais la main qui se trouvait de son côté était ouverte : des fois qu'elle veuille la prendre pour se rassurer.
Les rues étaient animées : les enfants jouaient et s'exclamaient vivement alors que les divers marchands clamaient les vertus de leurs produits. Les boutiques étaient ouvertes. Il faisait chaud et l'air était sec : comme d'habitude.

Nos pas nous menèrent dans des ruelles plus à l'abri du soleil, l'ombre donnant gaiement et rafraîchissant l'atmosphère: c'était là que ce trouvait un glacier. Je n'étais jamais venue manger une glace ici alors je m'installais à une table, trouvant que cela me ferait un point commun avec La.
Je choisissais une glace à l'italienne à la fraise et à la vanille, me retrouvant avec une crème glacée torsadée couleur rouge et blanc et commençais à la déguster.

« Alors La. Tu es contente d'être ici ? »

Nous avions parlé de divers choses sur le trajet mais j'avouais ne pas vraiment savoir comment engager la discussion. J'observais alors son accoutrement et eu une idée :

« Et si on allait faire les boutiques ?! J'aimerais bien m'acheter une nouvelle robe et toi aussi tu devrais te faire plaisir : ton dressing n'est pas très fourni... Qu'en penses-tu ? »

Je lui adressais un sourire avant de reprendre :

« A moins que tu ais une autre idée ? Ça sera sans doute amusant de jouer les mannequins ! Il faut savoir prendre soin de soi parfois... »

Plutôt que de se laisser aller ou se soucier des autres... C'était peut-être futile comme activité mais cela remettait du baume au cœur alors pourquoi s'en priver ?

Je remarquais que certaines personnes nous portaient un regard insistant tandis que La en baissait presque la tête, timide. J'observais la scène du coin de l'oeil sans vraiment l'avoir remarqué de prime abord : il fallait dire que j'avais toujours vécu avec ce genre de regard à mon encontre alors je n'y prêtais plus attention.

« Les Ketsueki ne sont pas très appréciés. Nous effrayons. Soit fière de l'héritage de ton clan et de celle que tu es : ne baisse pas la tête et ignore les. »

Le teint blafard, les yeux rubis et la chevelure d'ébène, il était vrai que nous ne passions pas inaperçu. Lorsque les regards étaient trop intimidants, il fallait savoir jouer avec... Puisque le groupe nous observait toujours dans un semblant de discrétion avec mépris, tout en continuant de manger ma glace, je laissais apparaître mes crocs en leur adressant un sourire provocateur et hautain. Ils se retournèrent aussitôt.

« Tu vois. Ils nous pensent effrayants et nous regarde comme tel : pourquoi prétendrions-nous le contraire ? »

C'était la leçon numéro un. J'avais toujours fait des efforts pour m'acclimater mais je ne pouvais pas non plus m'abaisser à courber l'échine pour leur faire plaisir : ce n'était franchement pas mon genre...

Contente? Ce n'était pas l'adjectif qui venait tout de suite à l'esprit de La. Tremblante comme une feuille, les yeux plissés à cause de la lumière et le corps lourd à cause de la chaleur elle suivait aussi bien que possible les grandes enjambées de Yami qui semblait être beaucoup apte que la version mini des Ketsueki à affronter le soleil de Suna. Son T-Shirt version XL flottait tandis que l'enfant agrippait la main de la soeur aînée, rassurée? Pas du tout, elle hésitait à chaque fois qu'elle faisait un pas vers l'avant à rentrer dans le manoir et à se blottir sous sa couette mais elle ne pouvait pas faire faux pas et défaut, elle avait jurée et avait demandée à Yami de prendre une journée avec elle.

-Je...heu...

Elle bafouillait tandis qu'elle regardait ses pieds, sa glace couleur carmin et ocre avait un drôle gout, ce n'était pas du sang. C'était la première fois qu'elle mangeait quelque chose d'autre que les liquides et fluides humains depuis son arrivée à Suna. La nourriture avait un drôle gout acre et amère, elle tira la langue en soupirant et en croisant les jambes tandis que Yami continuait d'élaborer le plan de la journée. Pour une fois La ne faisait pas de crises, ne s'énervait pas son comportement était à l'opposé de celui qu'elle empruntait au manoir. Timide au possible elle n'osait même pas regarder plus haut que ses mains, sans compter que se balader en plein jour avec sa protection l'embêtait au plus haut point. Si jamais quelqu'un venait à s'en rendre compte...Elle ne préférait pas songer à cette option désastreuse.

-Comme...comme tu veux.

Sa voix fluette, presque lointaine et douce donnait plein pouvoir à Yami, elle pouvait faire ce qu'elle voulait de la cadette il n'y aurait aucun opposition! La ne faisait qu'obéir, peur des passants, peur de la foule agoraphobe et pas du tout habituée à une vaste population tout ceci lui donnait mal à la tête. Presque autant que sa glace lorsqu'elle en avala un trop gros morceau lui causant un coup de froid soudain tandis qu'il faisait plus que chaud en réalité.

La scène qui se passa ensuite obligea La à regarder le comportement de Yami, presque bestiale alors qu'elle prônait à la maison l'entente et l'acclimatation. Tout ça pour rien? L'enfant se rapprocha murmura à Yami que finalement elle disait tout et son inverse quand au comportement à adopter et que faire le monstre en public ne lui plaisait pas. Pas du tout même, honteuse et effrayée par les gens elle cacha son visage contre le torse de Yami pour ignorer la population. Elle se mit sur les genoux de l'aînée en faisant abastraction au maximum des gens qui la regardaient et d'une voix hésitante mais pleine de suppliques lui demanda si elle pouvait la prendre dans les bras jusqu'au prochain arrêt. La tête contre l'épaule de Yami la petite peste habituelle laissait place à un enfant, un bébé presque ne demandant qu'à être uniquement et seule au monde avec Yami. Elle ferma les yeux tandis que ses joues prirent une teinte plus que rouge. Le soleil tapait fort et elle avait chopée une bouffée de chaleur trop dense, non vraiment elle ne voyait pas du tout pourquoi elle devrait sortir. Les gens étaient moches, méchants et dédaigneux tout était mieux à la maison. Elle esquissa un sourire pour feindre la brusque monté en température de son corps mais se recrovilla encore plus contre Yami, la chaleur était insupportable.

-Tout..tout mais pas devant eux...

Craintive désormais du regard des gens, elle apprenait avec difficulté la vie en société.

La était totalement une nouvelle personne... Timide, le regard fuyant, terrifiée, elle se rattachait à son seul point de repère : moi. Elle n'émettait aucune protestation contrairement à d'habitude, quant au programme que je lui proposais et se tenait sage... C'était étonnant et plaisant de la voir ainsi mais au fond je savais qu'elle agissait de la sorte car elle n'était pas à son aise et cela me plaisait beaucoup moins... Je voulais qu'elle profite ! Qu'elle s'amuse !

Elle n'appréciait pas à son tour la manière dont j'agissais avec ces gens qui nous regardait de travers, me rappelant que je lui dictais suffisamment les bonnes conduites pour ne pas les respecter ensuite.

« Il faut respecter notre ligne de bonne conduite mais lorsqu'en face elle n'est pas respectée, je n'ai aucune envie de gentiment me taire. C'est la loi du plus fort si on te cherche le conflit ! Impose toi ! Marche sur les autres ou fais toi marcher dessus. Lorsque l'on me provoque, je ne peux pas simplement l'ignorer : je les remets à leur place. Rien de méchant, juste ce qu'il faut. Au moins ils savent maintenant qu'ils ne devront plus nous adresser ce genre de regards sans quoi cela pourrait mal se terminer... »

Je m'étais grandement améliorée pour m'adapter à la vie en société mais je ne pouvais simplement pas nier ma nature. J'étais fière et je détestais quiconque voulait me rabaisser. J'étais aujourd'hui Chef du Kakumeigun, je me devais d'imposer le respect sans quoi mon autorité serait remise en question.

Je la cajolais en lui expliquant tout cela alors qu'elle était assise sur mes genoux comme l'enfant apeurée qu'elle était, cherchant à lui faire reprendre confiance.

« Certains sont impitoyables. Quand ils se comportent de cette façon tu n'as d'autres choix que de leur prouver que tu l'es bien plus encore. C'est la seule manière de te faire respecter auprès de ces individus qui n'en valent pas la peine. »

Voyant qu'elle peinait à supporter la chaleur, je lui proposais de quitter cette endroit et de poursuivre notre journée. Cette ainsi que nous arrivâmes dans une boutique de vêtement.

« Prend ce qu'il te plaît pour aller les essayer. »

Lui proposais-je sous le regard attendri de la gérante.

J'en faisais de même, fouinant sur les portants pour voir les différentes tenues proposées. Pas grand chose ne m'intéressais... Il fallait dire que ma garde robe était composée de tenues assez similaires dans le style ou les coloris...
Tant pis, puisque je ne trouvais rien pour moi je cherchais des choses qui pourraient bien aller à La. Je trouvais une petite robe bleue ciel, sertie d'une rose de même couleur sur l'une des bretelles : une tenue plus adaptée lui ferait aussi supporter bien mieux la chaleur ! Je lui apportais ensuite à travers le rideau de la cabine.

« Essaye ça. »

Je m'asseyais ensuite devant la cabine, attendant que le rideau s'ouvre pour dévoiler une toute nouvelle La...

Yami marquait des points, de toute manière La était tellement impressionnée par la vie hors de sa chambre qu'on aurait pu lui faire croire que Suna était une démocratie! Son coeur battait la chamade et pourtant l'enfant ne se sentait pas mal, au contraire dans les bras de Yami elle observait le monde qui se séparait lorsque la chef du Kakumeigun passait dans les rues. Force était de constater que le respect émanait en la personne de la vampire. Et ce fut probablement à cet instant que La se rendit compte de l'effet qu'on pouvait avoir sur les gens, que le charisme finalement n'avait rien avoir avec la prestance. La peur était un élément que maniait à la perfection sa grande soeur, elle observa du coin de l'oeil tandis qu'elle somnolait sur l'épaule de Yami, les rues et la foule.

Finalement elle sortit de son état végétatif lorsque Yami entra dans un magasin de vêtements. Elle était donc sérieuse, instinctivement La se positionna derrière le corps de Yami en tirant un peu sur ses vêtements pour cacher son visage. Le visage attendrissant de la gérante n'arrangeait rien non franchement on dirait un ogre lorgnant vers son futur repas. Les pas de Yami furent donc suivis d'une petite course que La s'imposait pour ne pas être seule. Des vêtements? Mais elle avait tout chez elle de bien, elle souffla longuement comme si le début de journée l'avait déjà épuisé entièrement. Elle se laissa tomber dans une cabine et s'observa dans la glace de la cabine, elle avait encore un semblant d'indépendance et elle se trouvait même impressionnante à part les traces de glaces sur sa frimousse et son pouce dans la bouche. Elle détourna le regard du miroir et se concentra sur la tenue qu'on lui tendait.

Et elle manqua l'arrêt cardiaque en dévisageant complètement estomaqué la robe que Yami avait choisit. Indépendante hein? C'était une blague! Elle allait plus ressembler à une écolière sortant du jardin d'enfant qu'autre chose, et elle allait faire comment pour prouver qu'elle était une vraie ninja et pas une petite fille ayant volée le bandeau de sa maman? Non sérieux même les adversaires allaient être prit de pitié pour elle. Et elle fixa la robe pendant de longues secondes avant de frapper le moins fort possible le mur et de laisser tomber sa tenue actuel contre le sol. Nue elle s'observa, la couche ridicule lui donnait encore plus le sentiments de nullité que tout le reste. Pourquoi faisait-elle ça au juste? Ah oui pour passer du temps avec Yami. La prochaine fois elle ne serait pas autant passive, c'était elle qui allait prendre les initiatives se jurait elle en enfilant la robe.

Et fièrement elle sortie de la cabine et tout ceci s'arrêta lorsqu'elle aperçu Yami, elle courut dans la cabine de nouveau et se regarda de nouveau dans le miroir. Elle n'y voyait que le reflet d'une petite fille innocente et semblant souffrante, malade et très blafarde comme si même les pouvoirs de son clan n'étaient plus visible avec cette tenue. Elle devait faire quelque chose, sa tête afficha la colère et la rébellion oui c'était ça l'ancienne La était de retour elle allait dire deux mots à Yami. Elle sortit de nouveau mais observant la gérante d'un coin de l'oeil se précipita dans les bras de Yami et se blottit contre elle.

-Je...c'est...

Et elle ne parvint qu'à balbutier ces quelques mots ne formant même pas un semblant de phrase avant que ses joues ne prennent une couleur pivoine. Saloperie de village! C'était comme si on lui avait jeté une malédiction!

-J'aime...pas..?

Elle avait presque murmuré cette phrase et c'était pas sur que Yami l'ait entendu. Elle avait sommeil aussi, d'habitude à cette heure ci elle dormait. Elle ne ferma les yeux que l'espace d'un instant. Elle ne se réveilla qu'à la prochaine destination, reposée. Aujourd'hui vraiment Yami était celle qui dirigeait et ordonnait. Que penserait elle de La? Agirait elle en conséquence pour en abuser et changer en profondeur La au cours de cette journée? Vulnérable en apparence à l'extérieur La n'attendait qu'un retour au manoir pour mettre les choses au clairs. Mais elle n'en fit rien jugeant que ce comportement aurait été hypocrite et elle effaça cette dernière option de son cerveau. Elle allait se laisser entraîner par Yami après tout l'aînée méritait de voir sa cadette lui obéir un peu et faire preuve de respect.

Elle allait se forcer. Comme d'habitude.

Je ne savais pas vraiment à quelle réaction m'attendre de la part de La. Détesterait-elle ? Si oui comment le manifesterait-elle ? Je la voyais déjà déchirer la robe de mécontentement alors même que nous nous trouvions dans une boutique... Lorsque le rideau se tira pour la dévoiler dans cette tenue, mon visage s'illuminait d'un sourire : cela lui allait bien. Ça la changeait. C'était comme ci une tout autre La se tenait devant moi.

Pourtant son air renfrogné me faisait dire qu'elle allait bientôt me dire le fond de sa pensée. Toutefois, elle n'en fit rien puisqu'au contraire, elle se rua dans mes bras pour se cacher de la gérante. Elle était si gênée qu'elle ne parvenait même pas à s'exprimer correctement pour finalement lâcher dans un murmure à peine audible qu'elle n'aimait pas.

« Ce n'est pas grave si tu n'aimes pas ! Choisis autre chose qui te plaît »

Il devait bien y avoir quelque chose parmi tout le choix de cette boutique qui lui conviendrait.
Toutefois, a voir sa moue, je comprenais qu'elle en avait déjà marre... Il était vrai que j'aurais pu abuser de sa timidité extrême en cette sortie à l'extérieur mais je ne voulais pas non plus la forcer. Si elle ne voulait pas et bien autant s'arrêter là.... Nous avions encore pleins de choses à nous dire ou a découvrir mais si elle ne pouvait pas en profiter à cause d'un état d'anxiété poussée, cela n'était pas la peine.

« Tu veux rentrer ? »

Lui demandais-je simplement.
Si tel était le cas alors nous rentrerons et nous discuterons ensemble de cette première sortie entre sœurs pour savoir ce qu'elle en a pensé et si elle aimerait le refaire ultérieurement ou au contraire ne plus jamais avoir à vivre cela...

Si elle voulait tout de même se forcer et faire l'effort de poursuivre cette sortie, alors nous irions nous balader au sein du village et nous remonterions peut-être même jusqu'au Kakumeigun pour que je lui montre mon bureau et là où je travaillais afin qu'elle comprenne mieux la raison de mon absence. Sans parler du fait que je passais aussi beaucoup de temps à l'hôpital que ce soit en tant que médecin qu'en tant que patiente pour recevoir les transfusions sanguines nécessaires à ma survie.

« Tu sais nous ne sommes pas là pour que cette journée soit pénible... Si ça l'est pour toi alors rentrons. Nous recommencerons une autre fois. »

Il valait mieux être progressif. Cela faisait plusieurs mois maintenant que La ne voyait que sa chambre et le manoir durant ces journées, il était normal, je suppose, qu'elle panique un peu une fois qu'elle en était sortie. Notre relation tenait à un fil, il était inutile de la forcer et de risquer de le briser.

Non elles n'allaient pas rentrer, pourquoi faire chemin en si bon chemin? Non, l'enfant refusait cette idée et d'un geste de la tête confirmait son intention de poursuivre cette journée avec son aînée après tout n'était ce pas elle qui avait ces caprices pour obliger Yami à libérer du temps pour elle? Dans sa tête germa pourtant une idée, toujours aussi maligne et ne perdant pas de temps dans les futilités La arrangea la robe à sa façon sous le regard effaré de la vendeuse. Coupant les manches et le bas de la robe pour faire ressortir les bretelles à la manière d'un équipement militaire, puis elle s'inclina en direction de la marchande avant de reporter son intention sur Yami.

-Jouons! Je sais pas comment on appelle ça mais je vais me cacher dans les environs et tu vas tenter de me retrouver tu disposes de dix minutes...parce que t'es grande et pis c'tout! Si tu rates alors j'ai le droit à une glace de plus! Si tu réussis...on verra en temps voulu!

Et sans même laisser le temps à Yami de rétorquer elle sortit à la manière d'une furie, et pour la première fois depuis la sortie elle souriait comme une enfant normale, les passants s'écartaient sur son passage pour observer une enfant au teint maladif riant avec une robe particulièrement voyante et pas pour autant moche. Et en se mordillant le pouce elle créa des lianes de sang pour lui permettre de monter plus facilement sur les bâtiments sunajin. Elle prenait de la hauteur et les risques s'intensifiaient pour autant elle adorait cette sensation, des défis à sa hauteur et une étrange poussée d'adrénaline.

Lorsque son pied manqua de déraper sur une brique pas stable elle se décala légèrement attrapant du mieux que possible la brique avant de la reposer au même endroit. Puis elle se souvint qu'elle avait pas donnée de timer à Yami pour commencer, et elle ne voulait pas laisser l'adulte la vaincre à son propre jeu. Elle s'appliqua alors à se trouver une cachette à sa mesure et le grand bâtiment qui devait probablement abriter le Kakumeigun qui ressemblait étrangement à celui des Ketsueki l'intrigua.

Elle entendit des bruits se rapprocher et déduisit que l'autre la traquait avec ses capacités de shinobi, elle trîchait! En même temps La n'avait qu'à fixer ses propres limites.

Ni une ni deux la voilà qui saute pour s'abriter dans une office étrange sans même regarder l'intérieur et la vitrine. C'est con parce que La aurait pu tomber sur des vendeurs d'esclaves ou pire mais après tout sa nouvelle innocence la fit tomber à la place dans une boutique de jouets pour enfants en bas âge et visiblement aucune des vendeuses ni des clientes ne s'inquiéta de sa présence. Elle rampa à quatre pattes entre deux allées et signala de ne pas faire de bruits aux clients qui pour une fois souriaient à la vue de cette enfant étrange certes mais 'mignonne'. Et puis elles remarquèrent rapidement son popotin et l'une manqua de s'esclaffer de rire.

La se demanda à cet instant si cette cachette était vraiment hasardeuse ou si le destin lui jouait des tours.

Lorsque La commença a déchirer la robe qu'elle essayait pour la rendre plus à sa convenance j'aurais sans doute dû m'offusquer comme la propriétaire de la boutique mais au contraire, je souriais. Il fallait que cela lui plaise, autant qu'elle l'arrange à sa façon en se moquant des coutumes et de l'éthique. Ce n'était qu'une adolescente impétueuse et mal élevée sans doute pour la vendeuse mais pour moi elle avait l'audace d'imposer ses propres convictions.

Toutefois elle n'en démordait pas de politesse puisqu'elle s'inclina même devant la responsable, me laissant éclater d'un petit rire cristallin tant elle ne semblait pas comprendre que son geste renforcerait l'idée qu'elle se moquait de la vendeuse.

Soudain, La eu une idée. A l'entendre elle souhaitait jouer à cache cache dans Suna. Cette proposition me faisait retrouver mes propres sensations d'enfants malgré la maladie qui me tiraillait. Si bien que je comptais en restant dans la boutique tandis qu'elle partait précipitamment pour se dissimuler. J'en profitais pour régler la robe à la propriétaire des lieux et une fois le décompte écoulé je m'aventurais à mon tour dans les ruelles.

Elle m'avait laissé dix minutes pour la retrouver. Pour autant je ne courais pas. Il faisait bien trop chaud pour accélérer la cadence : au contraire je marchais tranquillement. J'aurais pu appeler l'une de mes invocations et utiliser leur talent de senseur pour la retrouver mais je n'en avais pas besoin. Notre lien de sang et la connexion qui nous unissait suffisait à elle seule. En effet, mon sang bouillonnait alors que je percevais la présence de ma sœur, non loin. Je ne savais pas précisément où elle se trouvait mais au moins dans quelle direction tout en sachant que la distance qui nous séparait n'était pas non plus des plus élevée.

A force de marcher je me rendais compte qu'elle ne semblait plus vraiment loin d'après mes sens Ketsueki mais je ne parvenais pas vraiment à savoir où... Sur les toits ? Derrière une ruelle ? Dans une échoppe ? Toutefois, lorsque parmi ces propositions je vis un magasin de jouet j’esquissai un sourire. La avait beau jouer les dures et consommait des substances illégales, elle restait une enfant. La peluche qu'elle gardait souvent auprès d'elle en témoignait. Je rentrais donc à l'intérieur, scrutant les rayons de gauche à droite pour la trouver.

L'une des vendeuses vint à moi pour me demander si je souhaitais des renseignements et j'en profitais pour simplement lui dire que je cherchais ma petite sœur. Lorsqu'elle me toisa un instant, elle rétorqua que cela devait être la petite fille à la couche et machinalement j’acquiesçais. Nul doute que nos cheveux noirs, nos yeux rouges et notre peau pâle avait aidé la jeune femme a faire le rapprochement.

Je m'approchais donc de La qui tentait de se camoufler vainement.

« Trouvée. »

Me contentais-je de lui dire en souriant.

« Alors ? On avait dit une glace si tu gagnais et moi ? J'ai le droit a quoi puisque j'ai remporté la victoire ? »

Une glace aussi ? Le droit a une nouvelle journée de ce type avec elle ? Souhaiterait-elle rentrer ? Mon prix était entre ces mains.

-De répondre à mes questions.

Et elle en avait des questions, maintenant tout lui revenait et sa joie de vivre s'estompait tandis que froidement elle sortait du magasin sans un regard vers les jouets. Elle se dirigeait d'un pas décidé dans les faubourgs mal famé de Suna, elle courait maintenant à se casser les jambes de fatigue, elle poussait la foule. Si elle avait pu se déchirer la peau à cet instant elle l'aurait fait. Elle grimpait sur les échoppes, elle utilisait son sang pour prendre de la hauteur. Elle soufflait longuement tandis que sa vision devenait floue, partout elle ne voyait qu'impasses et gardes. Elle ne voyait que restriction et interdictions, elle manqua de tomber d'un immeuble et expira. Elle sauta et contempla la ville, elle contempla Suna la ville que chérissait chaque habitant et ne voyait que remparts et murs.

-Je suis prisonnière.

Elle était prisonnière, enfermée derrière des murs à moitié tangibles, elle souffrait et maintenant tout était limpide. Elle avait l'explication à tout ce qu'elle avait en elle. A sa haine, à sa rancœur, elle pleura un instant puis explosa de ressentiment. Sur le toit elle se rendait compte de ce qu'était sa vie jusqu'à présent.

-Voilà donc Suna.

Et elle s'alluma une clope avant de regarder d'un air méchant ce village de malheur.

-J'emmerde Suna.

Et la colère dansa dans les yeux de l'adolescente.

-TU MENTENDS VILLAGE JE TE DETESTE, TOI ET TOUT TES HABITANTS

Et la folie germa dans un coin de son esprit, et elle pleura de nouveau se rendant compte de sa misérable existence. Au diable la bonne conduit, au diable les robes et activités conviviales. Ce n'était qu'illusion, on l'enfermait contre son gré sans qu'elle s'en rende compte. Son poing cassa en deux une brique et sa main saigna.

-Je te hais, je vous déteste tous. Rendez moi ma vie, rendez moi mon existence.

Le manoir en comparaison était encore meilleur environnement, elle préférait être ignorante que de le savoir, elle en voulait à chacun. Si sa puissance avait été autrement ridicule que celle actuelle elle aurait sans doute fait un carnage, elle ne pouvait pas se résigner à vivre ainsi condamné derrière des murs. A ne rien savoir du monde, à ne vivre que dans un endroit confiné et qui semblait pourtant accueillant. C'était pire l’hypocrisie était pire encore que la finalité de ce qu'elle apprenait.

-Je te détruirais. Je ferais exploser ces murs de malheur et les gens seront libre de nouveau.

Car la liberté l'enfant ne l'avait jamais connue, la drogue ne servait à rien. L'enfermement dans sa chambre ne servait à rien, elle préférait crever que de continuer à se voiler la face ainsi.

Car elle avait en face d'elle l'origine de ses douleurs.

Suna.

Lorsqu'elle me dit que puisque j'avais gagné j'avais le droit de répondre à ses questions je faillis protester pour la taquiner. C'était elle qui aurait dû répondre à mes questions plutôt non ?

Toutefois son air semblait quelque peu grave si bien que je me taisais et me contentais d'attendre la suite en la suivant alors qu'elle déambulait dans le village. Elle se disait prisonnière alors mon regard suivait le sien autour des remparts et des gardes qui protégeaient Suna. Il était vrai que cela pouvait faire résonner ainsi mais ce n'était pas le cas, néanmoins je la laissais poursuivre, jugeant bon de la laisser déverser ses tourments.

Elle devint vite plus virulente en clamant haut et fort qu'elle détestait le village et ses habitants. Je savais éperdument qu'elle n'en avait rien à faire mais de la bouche d'une Ketsueki... nulle doute que ceux qui l'avaient entendu penserait encore au clan à problème qu'ils jugeaient que nous étions.

La sanglota, brisant une brique tout en se faisant saigner. Elle hurlait qu'elle détruirait les murs et qu'elle rendrait les gens de nouveau libre. Je m'approchais d'elle, posant ma main sur sa blessure pour la recouvrir d'un halo verdâtre chaleureux qui la soignait. Mon regard se voulait protecteur et compatissant.

« Tu sais La, je comprends que tu perçois les choses ainsi mais détrompe toi. Les remparts ne sont pas là pour nous rendre prisonniers mais bel et bien pour nous protéger. Sans eux, ce serait la porte d'entrée à tous les contestataires et Suna ne parviendrait pas à s'en relever. »

Je marquais une pause avant de reprendre.

« Tu te souviens lorsque Kyoshi Rei à débarquer ? A partir du moment où il a réussi à entrer dans l'enceinte du village les choses se sont accélérées et les civils se sont retrouvés à sa merci. Nous ne pourrions pas garantir la sécurité de tous sans les remparts. Et même si tu as la sensation d'étouffer à cause de leur présence dis toi que sans eux les civils n'auraient guère confiance en nous, déjà que celle ci est remis en question. Nous ne pourrions pas protéger tout le monde, ni la famille de Yoko, ni tous les autres. Pourtant c'est la tâche des shinobis que de garantir la sécurité des habitants de Kaze. »

La ne semblait pas se rendre compte. Elle ne voulait pas s'investir plus que cela dans sa vie de shinobi mais elle devait pourtant comprendre que ces restrictions étaient nécessaires pour garantir notre sécurité.

« Quant au village a proprement parlé... N'oublie pas qu'il a accueilli les nôtres alors qu'il aurait très bien pu nous exterminer, nous enfermer ou nous refuser l'accès. Si la volonté de bons nombres des Ketsueki étaient de rejoindre un village c'est qu'ils ne se sentaient pas bien justement et pas en sécurité en dehors de celui ci. »

Je levais les yeux vers le ciel, pensant à mon père qui avait toujours refusé d'y mettre un pied et adressais un sourire à La en dégageant quelques mèches de cheveux devant son visage tout en séchant ses larmes avec mes doigts.

« Pourtant, il y en a qui ont décidé de mener leur vie comme ils l'entendaient. Sans la protection que leur garantis un village pour demeurer libre. C'est le cas de mon père notamment. Toutefois, mon père est puissant et ancien. Tu es bien plus âgée que moi La mais ta puissance à décliné, à l'heure actuelle, tu ne parviendrais pas à tenir longtemps dans le désert, seule. Tu dois retrouver ta puissance si tu veux mener à bien ton objectif. »

Je soupirais.

« Toutefois, n'oublie pas qu'en nous accueillant, Suna à fait de nous ses enfants. Si tu t'enfuis, tu seras traquée et considérée comme une déserteuse. La vie de routine et d'insouciance sera bel et bien terminée. Tu auras la sensations d'être libre mais la solitude te poursuivra et tu n'en seras pas plus heureuse puisque tu devras passer ton temps à fuir pour survivre. C'est vraiment la vie que tu veux ? »

La questionnais-je.

« Ne crois pas que la vie est mieux de l'autre côté de la barrière La... Les shinobis et les gens mal intentionnés rôdent partout à l'extérieur. »

C'était une mise en garde. Si elle voulait partir, je ne pouvais la retenir mais elle devait s'assurer d'y être bien préparée, ce qui n'était actuellement pas le cas. Si elle devait prendre une telle décision, elle devait être consciente que ma position m'obligerait à la voir en ennemie et à la retrouver. Était-ce vraiment ce que tu voulais La ?

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