Au QG même du Satoru par cette nuit tiède d’été. Je repensais à toute cette agitation récente autour de mon ex élève Kadoria Sho. Dans ma tête, le film des derniers évènements. D’abord ce dernier échange avec Sho. Les mots qu’il avait employé, son attitude, ce pressentiment au fond de moi qu’il ne changerait pas au fond. Ce pressentiment qu’il resterait ce même Sho potentiellement apte à s’opposer à Kumo, au système entier établi depuis l’ère du Shodaime Raikage. Je me souvins de cette lettre du Yondaime Raikage. Cette mise en garde…

*L’ennemi provient de l’intérieur... Moi qui pensais avoir confiné le risque en interne… Non. Il en reste encore. Des hommes et des femmes au visage plus familier.*

Adossé à une poutre non loin de la cellule où se trouvait le Kadoria, j’écoutais, bras croisés sur mon buste, la respiration de cet homme qui fut mon ancien élève. Je ressens la colère qu’il ressent au fond de lui. Cette sourde frustration. Il ne comprendra pas. Probablement jamais. Je compare sa respiration à la mienne. Plus calme. Je bous en moi, mais je reste zen. En réalité, je suis fracassé de l’intérieur, mais je reste maître de mes émotions. J’entends des pas. Des pas provenant de directions différentes. Deux shinobis ne m’étant pas inconnus. À cette heure-ci et dans ce contexte particulier, qui d’autre qu’un ou plusieurs Satorus pourraient se pointer en ce lieu, dans cette zone reculée du Satoru, zone que j’avais rejoint discrètement par un passage secret liant le Palais et le QG du Satoru ? Je me redresse. Ma tenue, en ce jour, celle du Satoru. Allez chercher là-dedans un quelconque signe en lien avec les évènements actuels.

Je vois la silhouette des deux personnages se découper dans la pénombre. Nous allons tenir une réunion de crise. Car tel est la situation dans laquelle nous serons plongés dans les jours, les semaines, les mois à venir. Pour ce faire, un comité restreint suffira. Je me rapproche d’eux et tous trois, nous nous en allons vers l’étage supérieur. Une pièce bien située dont l’unique accès est un escalier donnant directement sur la porte grande ouverte. Un escalier à partir duquel n’importe qui tenterait de l’emprunter serait visible. Une table plusieurs chaises. En réalité, le nombre de chaises égal au nombre de membres du Satoru +1 : le siège du du Raikage. Je prends place sur ce siège qui m’est réservé et demande aux deux shinobis de s’asseoir. Un troisième nous rejoint quelques secondes après. Nous commençons sans protocole.

« Messieurs. Nous aurons un cas important à gérer dans les jours et semaines qui viennent. Celui de Kadoria Sho emprisonné pour l’instant pour un mois pour cause d’indiscipline caractérisée et menaces portées sur ma personne. » Une pause un regard vers l’un des shinobis, puis d’un ton neutre je poursuis : « Quel est l’état des forces du Satoru Atsu ? »

_ Seki Aya est aujourd’hui affecté à la protection du Sandaime
_ Honoka est en repos
_ Taiyo est affecté à la surveillance du Chef Kadoria
_ Takagi Shinusuke est en faction
_ Monjara Shinji est à Mizu no Kuni

« Très bien. Il faut que vous soyez deux au minimum près de la cellule du Kadoria. Il a été démis de ses fonctions de Chef du Kazai. Je veux éviter toute réaction épidermique du clan Kadoria. On sait combien ils peuvent se montrer rebelles et j’avoue ne plus avoir aucune confiance en Sho. Il tentera par moyens détournés d’agiter le clan à la moindre occasion. Il me l’a fait comprendre de manière on ne peut plus explicite. »

Je pose à ce moment un regard sur l’unique représentant de ce clan. L’allusion est toute faîte, la dernière révolte ayant fait vaciller le Sandaime Raikage. Nous étions alors proches de la guerre civile. Le contexte est différent cependant. Bien différent.

« Hasaki a déjà vu cette lettre, mais, en ces circonstances, je suis bien obligé de vous la partager. J’attends vos avis après ceci, mais surtout le tien. »

Mon regard est posé sur Kouga. Et je pousse cette fameuse lettre vers lui. Il doit deviner l’importance qu’il peut avoir en cette situation précise. S’il choisit de se ranger derrière ce Chef sans carrure, Kumo plongera dans un chaos innommable. Car autant Sho dispose de partisans, autant Kouga dispose des siens et pas des moindres, si tous deux se réunissent, le nombre de Kadoria à prendre en charge sera pas mal important.

« Tu as une décision à prendre Kouga. Jusqu’ici notre compagnonnage n’a connu aucune ombre. Jusqu'ici tu as été un parfait membre du Satoru. J’aimerai que les choses continuent ainsi à l’avenir, mais tu es le seul capitaine de ton destin tout comme je suis le seul maître de la destinée de Kumo. Ce village vaut plus que tout à mes yeux. Plus que ma propre vie, plus que celle d’un élève en qui trop de confiance a été placée… par erreur. »

Tout risque doit être confiné. De la même manière que j’ai eu à gérer l’affaire des serviteurs et le projet S, de la même manière je devrais gérer ce cas précis. Dans mon esprit, plusieurs plans se proposaient. Et quel que soit celui qui serait appliqué, ce serait Kumo qui devrait en sortir vainqueur.

Le poids de la lettre du Yondaime pèse à présent sur mes décisions. J’avais voulu donner une seconde chance, à la place ce n’est qu’une succession de déception que j’ai eu. Il est temps d’assumer pleinement mes erreurs et de les réparer.

Spoiler:

Après ma prise de parole, je me contente d’écouter et d’observer Kadoria Kouga. Sur lui pèse un poids bien lourd. Un poids qu’il n’est peut-être pas apte à supporter. De sa décision finale, résultera un chaos plus ou moins capable de mener le village voire le pays à l’éclatement. Cet épineux problème n’est pas à prendre à la légère, pas plus que ma décision d’envoyer cet élève, devenu trop important, dans les geôles du Satoru. Prison sécurisée et peu fréquentée il faut le dire. Non. Si Sho est ici, c’est pour une bonne raison et je ne vais pas tarder à le rappeler à Kouga.

« Tu aurais fait un bien piètre Jonin si tu t’étais opposé à son arrestation. J’aimerai juste te rappeler une chose que je n’aurais pas dû rappeler : Quelle que soit sa qualité, Sho reste un shinobi de Kumo avant tout. Et comme tout shinobi de Kumo, il est soumis à l’autorité du Raikage à qui il doit soumission absolue. »

Les règles du monde shinobi. Il n’y a pas autre chose que l’on ait enseigné aux shinobis de Kumo. Pourtant, dans leurs comportements ils semblent régulièrement oublier cet état de fait. En mon sens, évoquer cet aspect est inutile surtout devant des Satoru. Mais, Kouga, par son étonnante hésitation m’oblige à rappeler cette règle du monde ninja. Sans cette soumission, c’est toute la hiérarchie, tous les liens entre les différents corps de Kumo qui sont nuls et sans effets. Dès lors, autant tout de suite changer de régime. La réalité est dure, mais telle est la réalité et les shinobis devraient l’apprendre, à leurs dépens au besoin.

« Il faut que tu saches une chose Kouga. Malgré la méfiance du Yondaime envers Sho, j’ai voulu, moi, lui donner une seconde chance, lui faire confiance et lui permettre de se racheter. Mais autant certains perdent la tête dès qu’ils disposent de la moindre once de pouvoir, autant d’autres en vont jusqu’à oublier qui ils sont réellement et d’où ils viennent. Hormis la chance qu’il a eu d’être Chef du clan du Shodaime Raikage, fondateur de Kumo, Sho au fond, n’a jamais su se hausser pleinement à hauteur des attentes placées en lui. C'est un échec. »

Je me renfrogne et d’un ton sans appel je décide :

« Considères le comme un shinobi de Kumo et ne vois pas, en ce qui concerne cette sanction que je fais peser sur lui, une volonté de nuire aux Kadoria. Quel Raikage digne de ce nom oserait s’en prendre à ce que représentent les Kadoria ? Non… Ce n’est que le subordonné que je sanctionne. Rien d’autre. Pour le reste, je déciderai seul de la suite, tout comme j’ai décidé seul de l’enfermer. »

Il y a du mouvement. À grande vitesse. Je l’entends bien avant que mes collaborateurs ne puissent l’entendre. Je me tourne vers cette source et je m’attends à voir d’une minute à l’autre une kunoichi sensée être en repos : Yui Honoka. J’ai reconnu son pas martelant le sol. Quelques secondes après la voici en train de débouler sur les escaliers menant à cette salle. Elle y entre, nous salue brièvement et essoufflée lâche des propos auxquels je ne m’attends pas :

_ Aux portes. Un shinobi est apparu. Une attaque sur Kumo !!!

Yeux exorbités, pupilles dilatées, essoufflée. C’est étonnant, tout ceci semble sorti de nulle part, mais je sais qu’elle dit vrai. Honoka est la plus free de tout le Satoru, mais elle est très professionnelle. En ce qui me concerne je suis déjà debout. Un bref regard sur Kouga, puis sur Hasaki avant de demander plus de précisions à Honoka :

« Un seul ? Es-tu sûre ? »

Elle acquiesce. Il n’y a pas une minute à perdre. Dans mon esprit plusieurs options me sont proposées. Et déjà je mets en lien cet assaut avec l’emprisonnement du Kadoria. Hypothèse peu plausible car seul le Satoru est pour l’instant au courant de l’emprisonnement de Sho. Il faut penser vite et bien ! Les points névralgiques de Kumo doivent être protégés. Tout en marchant vers la sortie de donne mes ordres.

« Atsu’ comme d’habitude tu coordonnes les actions en lien avec Hasaki, Kouga et moi. Informe les différents chefs de clan ou leurs seconds. Il faut une préparation discrète. Je ne veux pas que tout le village s’alarme. Je vais me rendre aux portes. Hasaki, protège la tour du Chokkatsu et avec eux et le Kazai, surveille les différents points névralgiques du village. Kouga, l’hypothèse est peu crédible, mais tu es chargé de protéger exclusivement le QG Satoru et ses secrets. Rien ne doit filtrer. Tu as Taiyo avec toi. Chaque Satoru reste affecté à ses tâches spécifiques. Takagi à Dee Saigo. »

Je suis presque à la sortie du QG à présent. J’entrevois le village au dehors. Je me retourne. Le dernier ordre.

« Le prisonnier restera ici jusqu’à nouvel ordre. »

La donne a changé. Kumo se doit de faire face à un test spécifique face à une menace encore inconnue. A chaque membre de prouver à nouveau sa loyauté face au système. A Kouga de décider à présent pleinement de sa loyauté ou non au village. Sauras-t’il me faire confiance ou préféreras-t ’il jouer la carte de la prudence et de l’affiliation par le sang ? Les perspectives restent nombreuses, tout autant que les voies à emprunter possiblement. Tout n’est pas uniquement blanc ou noir.

Explications: